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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 14

  • Le sondage et le sondé

     

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    Dans les pays avancés où l'opinion publique compte, les sondages se font régulièrement sur des questions essentielles liées au destin commun ou sur d'autres plus superflues. Dans les autres pays, par contre, ces sondages sont inexistants, les régimes contrôlant les élections et les électeurs tout comme les pensées et les penseurs, sur une idée forte d'isolation : «Si tout le monde sait ce que tout le monde pense, il sera difficile de vendre n'importe quoi à tout le monde.» C'est cette logique de la fragmentation permanente, conduisant chacun à naviguer sans savoir ce que pense l'autre, qui permet à un régime autocratique de durer.

    Sauf que dans d'autres pays, encore, le sondage est plus complexe à mettre en œuvre car les sondés ne sont pas tous égaux. Dans le cas du pays que l'on connaît le mieux, que pourrait-on y sonder si on en avait l'occasion ? On pourrait commencer par une question classique : «Pensez-vous que la prochaine élection sera honnête ?» Ou équivalente : «Souhaitez-vous que Bouteflika se présente à la prochaine élection ?» On pourrait ici ajouter une question spécialement dédiée aux Algériens : «Voulez-vous que votre réponse au sondage apparaisse ?» Plus pernicieuse encore, une question qui ne se pose pas en démocratie : «Pensez-vous que ceux qui réalisent ce sondage sont des gens sérieux ?» Ou : «Pensez-vous que ce sondage sera publié et que ses résultats seront vrais ?» Mieux : «Pensez-vous que le résultat de ce sondage, s'il est vrai, influera de quelque manière que ce soit sur quelque chose ?» Sauf qu'à partir de là, étant entendu que le régime ne veut pas de sondages, on peut se demander si les sondés en veulent. Question subsidiaire tout aussi perverse : «Pensez-vous que votre voisin donnera la même réponse que vous à ce sondage ?» Oui, le jour où les sondages seront tout à fait banals en Algérie, il faudra que le statisticien soit aidé par un psychiatre.

     

    Chawki Amari

     

     
  • MARADONA EN ALGERIE

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  • Santé de Bouteflika : Les interrogations

    zoom | © photo : afp
     

    La convalescence du président Bouteflika, entamée il y a six mois, se prolonge et inquiète l’opinion publique à trois mois de la présidentielle. Des spécialistes indiquent à ce propos que «la récupération totale de ses facultés est quasiment impossible» et que le centre du langage serait sévèrement atteint.

    La convalescence du président de la République, entamée depuis six mois et qui se prolonge indéfiniment, inquiète et suscite rumeurs et interrogations. Ses courtes apparitions à la télévision, en train de recevoir des personnalités politiques algériennes et étrangères, restent insuffisantes pour rassurer le grand public.

    Son incapacité à tenir des réunions de plusieurs heures et effectuer le travail intense d’un chef d’Etat montre bien qu’il n’a pas vraiment récupéré toutes ses facultés motrices altérées par l’accident vasculaire cérébral ischémique (AVC)», commente un spécialiste en neurologie.
    Certains médecins supposent que l’état du président s’est peut-être amélioré, mais personne n’est en mesure de dire avec exactitude le niveau de cette amélioration tant son bilan de santé est un secret impénétrable. «Nous ignorons encore quel est le territoire atteint au plan neurologique par cet AVC. Tant que nous n’avons pas de données du dossier médical, nous ne pouvons pas nous prononcer sur ses aptitudes futures. Car il faut d’abord déterminer les causes de cet accident et voir aussi comment est l’état de son cœur, de ses reins, etc. Ce qui est sûr, c’est qu’un sujet âgé reprend difficilement après un AVC», nous confie un autre spécialiste, en précisant que le premier geste, à savoir la thrombolyse, n’a pas été fait. Un professeur de médecine estime que si l’on ne récupère pas dans le premier mois qui suit l’AVC, il est très difficile de retrouver toutes ses capacités motrices.

    La rééducation pourra lui permettre de recouvrer l’usage partiel de certaines fonctionnalités affectées. Cela d’autant plus, insiste ce professeur, qu’«on ne sait pas dans quel état il a été évacué». Le risque de récidive est toujours pesant, estiment les spécialistes. Car «on ne revient pas à l’intégrité des territoires atteints par l’AVC», signale-t-on, tout en précisant que «lorsqu’une cellule est morte dans le cerveau, surtout chez les personnes âgées, elle ne peut se régénérer, et c’est le même cas pour les neurones».

    Les séquelles de l’AVC ne se limitent pas au déficit partiel de la force musculaire, commente-t-on dans le milieu médical, «il y a aussi une atteinte du centre du langage. Nous ne l’avons pas entendu parler et il ne s’est pas adressé à son peuple pour le rassurer», relèvent des spécialistes en neurologie, pour lesquels il est clair que le temps de récupération sera très lent, car cela dépend de plusieurs facteurs.

    L’âge et la nature des lésions de la surface de la zone ischémique constituent pour ces médecins spécialistes un facteur aggravant. Il est à rappeler que le dernier bulletin de santé du président de la République, signé par ses «médecins accompagnateurs», avait été rendu public le 11 juin dernier, pour affirmer que Abdelaziz Bouteflika avait eu un AVC le 27 avril et non pas un accident ischémique transitoire comme cela avait été annoncé le jour de son attaque «sans retentissement sur ses fonctions vitales».  Son transfert à Paris, justifient ses médecins, avait été décidé pour «un complément d’exploration à l’issue de laquelle ses médecins lui ont recommandé d’observer, à l’institution nationale des Invalides, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l’évolution favorable de son état de santé».

    Djamila Kourta
  • #Ãlgerie Une pente douce mais sûre

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    L'enfoncement. Descendre, toujours, s'enfoncer encore. Jusqu'au point où la situation perd son aspect dramatique pour devenir risible. Une affaire Guerrara où les Mozabites accusent la police d'apartheid ; deux procès, un trafic de cocaïne jugé à Alger et un autre relatif à l’assassinat d’un militant politique à Oran, où des accusations de torture sont avancées. Avec, pour la dernière affaire, un tribunal qui refuse d’autoriser la défense à faire citer des témoins, à examiner les preuves avancées par l'accusation et à procéder au contre-interrogatoire de ses témoins, y compris le légiste qui a réalisé l’autopsie du professeur Kerroumi.

    Dans le même temps, un refus de visa pour Amnesty international, une interdiction de célébration pour la Journée contre la corruption, la dispersion par la police d'une manifestation devant le Palais du gouvernement, une conférence sur les droits de l'homme interdite à Constantine et le ministre de la Justice qui refuse de répondre à la question que tout le monde se pose au sujet du mandat d'arrêt algérien contre Chakib Khelil. Rien d'anormal, sauf qu'en cette Journée internationale des droits de l'homme et devant ces refus délibérés, Farouk Ksentini n'a rien trouvé de mieux que de décerner, au même moment, à Bouteflika, le prix national des droits de l'homme. Sur les 39 millions d'Algérien(ne)s, l'imprononçable CNCPPDH n'a pu trouver aucun militant harcelé ou figure de la lutte pour les droits de l'homme.

    Ayant cherché sans succès dans son répertoire téléphonique, Ksentini a donc décerné le prix à son Président, qui n'a d'ailleurs pas daigné assister à la cérémonie. Dans la foulée, on aurait aimé que le ministre des Sports remette aussi à Bouteflika la coupe d'Algérie de football. Ou, mieux, décerner à Ksentini le prix du meilleur cireur de l'année. Mandela, ne reviens pas à Alger. Ils sont capables de te mettre en prison. Juste pour rire.

     

    Chawki Amari
  • Un magistrat américain enquête sur Chakib Khelil

    Corruption

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    le 12.12.13 | 10h00

     

    L’étau commence à se resserrer autour de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, accusé de détournement de deniers publics. «Le dossier Chakib Khelil est toujours ouvert, nous sommes en contact avec des ONG américaines, notamment Transparency International, qui nous ont révélé qu’un magistrat américain est en charge d’enquêter sur l’ancien ministre de l’Energie et des Mines», a indiqué, hier, lors d’une conférence de presse à Alger, Atoui Mustapha, président de l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC).
                      

    Atoui Mustapha qui a préféré taire le nom de ce magistrat, n’a pas voulu s’étaler plus sur ce sujet au risque, a-t-il précisé, de gêner les investigations de la justice américaine concernant cette affaire. Il a toutefois tenu à assurer que «c’est un magistrat qui a déjà eu, par le passé, à gérer des affaires de corruption en Amérique latine et qui a donné des résultats».

    Cette information corrobore ainsi les révélations faites il y a quelques jours par l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, qui avait déclaré que la justice américaine divulguera bientôt des informations sur l’affaire Khelil.  «Ce n’est pas tout à fait un scoop», déclare, pour sa part, non sans une pointe d’ironie Djillali Hadjadj, président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AALC). Contacté par téléphone, celui-ci a considéré qu’il y a lieu d’ajouter des éléments d’information par rapport à cette affaire. «Le FBI était déjà au fait de l’affaire Chakib Khelil dans toute sa dimension. Le ministère de la Justice américain, patron du FBI, transmettait régulièrement au département d’Etat et à la Maison-Blanche des données sur cette affaire.

    Le FBI avait dressé un inventaire chiffré des biens immobiliers, des avoirs bancaires de Chakib Khelil, son épouse et ses enfants majeurs, aussi bien aux USA qu’en dehors», a-t-il indiqué. Selon Djillali Hadjadj, outre Chakib Khelil, sur instruction des magistrats américains, le FBI enquête aussi sur Farid Bedjaoui, également au cœur de l’enquête sur le scandale Sonatrach, et ce, en coopération avec les magistrats français, italiens et canadiens. A ce titre, le FBI et la Gendarmerie royale canadienne (GRC), qui est dotée d’une unité anticorruption, coopéraient, selon notre interlocuteur, à propos des deux mis en cause, Farid Bedjaoui et Chakib Khelil. Et dans cette affaire, précise Djillali Hadjadj, «les entreprises italiennes ENI et Saipem (filiale du groupe ENI) cotées à New York, avaient montré leurs dispositions à travailler avec le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, afin de reconnaître qu’elles avaient versé des pots-de-vin à des dirigeants de la société Sonatrach, à Farid Bedjaoui et Chakib Khelil». Ce qui permettra à ces deux entreprises, a-t-il ajouté, «de s’en sortir avec une très forte amende de plusieurs dizaines, voire des centaines de millions de dollars».

    Par ailleurs, affirme notre interlocuteur, qui regrette que «la justice algérienne traîne la patte sur cette affaire», les magistrats américains travaillent avec leurs homologues français sur les avoirs en France de Chakib Khelil et Farid Bejaoui.
    Selon Djillali Hadjadj, le gouvernement américain a fait voter en 2010 un dispositif législatif (loi Dodd Frank) visant à garantir la transparence dans les industries extractives. En vertu de cette loi, il est fait obligation à toute les multinationales qui exercent dans les ressources minières et gazières, qui sont cotées à la Bourse de New York, de déclarer et d’afficher publiquement tout ce qu’elles versent financièrement dans les pays où elles ont des marchés, ce qui permettra, en termes de lutte anticorruption, d’avoir des instruments complémentaires. «Ce qui explique pourquoi Saipem avait montré sa disposition à travailler avec la SEC», selon Hadjadj.

    Le refus d’agrément, une décision politique :

    Le président de l’ANLC est revenu hier sur la décision du ministère de l’Intérieur portant rejet de la demande d’agrément de son organisation, créée voilà une année et demie. «En tenant compte des arguments fournis par le ministère de l’Intérieur, qui sont dénués de tout fondement, nous estimons que le rejet de notre demande d’agrément est une décision politique», a déclaré Atoui Mustapha.

    Les membres de cette association, qui affirment que «ce refus implique qu’il n’y a pas de volonté de lutter contre la corruption dans notre pays», comptent à ce titre saisir le Conseil d’Etat à l’effet de revoir leur dossier d’agrément.  «Nous allons saisir le Conseil d’Etat, nous espérons dans ce cas avoir un magistrat qui fasse preuve de sagesse et statuera en notre faveur», a indiqué Halim Feddel, secrétaire général adjoint de cette association, non sans avertir que «si la justice refuse de nous donner l’agrément, nous avons la possibilité de saisir les instances internationales et d’écrire aux chefs d’Etat étrangers».

    En dépit du refus d’agrément de leur association, ces militants ne sont pas restés les bras croisés, ils ont décidé de peaufiner une stratégie de lutte contre la corruption en recourant à des actions de sensibilisation, de dénonciation des cas de corruption et en prenant attache avec des ONG étrangères.

    Ainsi, pour Atoui Mustapha, «le problème de la corruption en Algérie est un problème de mainmise du pouvoir exécutif sur tous les pouvoirs». «Il y a des magistrats honnêtes, mais ils sont victimes du système car la justice n’est pas indépendante. Elle est impuissante», estime de son côté Halim Feddel, qui fait part de certains cas de corruption, dont une affaire de dilapidation du foncier à Alger par un ex-ministre dont il a refusé de divulguer le nom. «Ce ministre a acheté un grand hôtel au Canada», s’est-il contenté de dire.    

    R. B.

  • L'envers de l’envers

     

    Sans avoir réellement vérifié, il semble que l'Algérie soit le seul pays au monde où les comités de soutien apparaissent avant l'annonce d'une candidature. Bouteflika, bien sûr, dont les comités de soutien fleurissent alors que lui-même ne s'est toujours pas défini par rapport à la présidentielle de 2014. Mais il n'est pas seul, des comités de soutien à Hamrouche ont récemment apparu alors que l'ex-chef de gouvernement, le plus audacieux sur les réformes, ne s'est officiellement pas présenté. Là où ailleurs, l'annonce d'une candidature est suivie de la mise en place d'un bureau de campagne, de la levée de fonds et de la structuration de groupes de soutien, tout se passe à l'envers en Algérie, en commençant par la fin.

    Cette loi empirique des contraires amène une question : et si l'on était sur la bonne voie, mais que l'on se trompait simplement de sens ? Bouteflika était président avant l’élection, ce qui est un contresens, mais il a été réélu avant de se représenter. Les exemples sont nombreux. On dépense l'argent avant la loi de finances, on dilapide avant de générer, on enquête sur les corrompus après qu'ils se soient enfuis et les dénonciateurs de la corruption sont suspects avant d'être écoutés.

    Les gouvernants utilisent des promesses futures comme bilans réalisés, on vote avant de connaître les programmes, on parle avant de réfléchir, on revend une voiture avant de l'avoir achetée et la majorité des Algériens(nes) rajoutent du sel dans le plat avant même d’y goûter. On torture des suspects après qu'ils aient avoué, mais on les juge avant qu'ils ne passent devant un tribunal. On épouse des femmes avant de les connaître et on les frappe avant qu'elles ne vous trompent, tout comme on parle d'héritage de la maison avant de la construire. Comment remettre tout cela à l'endroit ? C'est simple : il suffit de tout faire à l'envers. En quelques semaines, tout sera à l'endroit.

     

    Chawki Amari
  • logement en algerie =essence

    DILEM DU 12 DECEMBRE 2013

  • Le secteur de la justice entre en léthargie

     

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    Programmé pour le 14 octobre prochain, le renouvellement partiel des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a été renvoyé au 24.

     

    Six membres de cette haute institution viennent d’achever leur mandat de quatre ans ; deux devront être désignés par le président de la République, alors que quatre autres – représentant les juges du siège, les procureurs, le Conseil d’Etat et la Cour suprême – doivent être élus par leurs pairs. Toutes les conditions de préparation étaient réunies et les candidats avaient même entamé leur campagne électorale avant que la décision de reporter le scrutin de dix jours ne soit annoncée.

    Certaines sources judiciaires expliquent cet ajournement par le fait que la date du 14 octobre coïncide avec la veille de la fête de l’Aïd El Adha. En outre, nos interlocuteurs se demandent quel sort connaîtra le mouvement dans les rangs de la magistrature préparé par l’ex-ministre Mohamed Charfi, resté sur le bureau de son successeur, Tayeb Louh. On sait déjà, nous dit-on, que «la mouture» n’est plus la même. «Elle a été travaillée pour réduire considérablement le nombre de magistrats concernés par les changements», expliquent nos sources. Mais «le devenir de ce travail reste inconnu», disent-elles.  

    Aucun mouvement des magistrats

    En effet, si l’on se réfère aux déclarations du ministre de la Justice, Tayeb Louh, le mouvement des magistrats n’est vraiment pas à l’ordre du jour. Intervenant en marge des travaux du Conseil de la nation, M. Louh avait clairement affirmé : «Pour le moment, aucun mouvement dans le corps de la magistrature n’est à l’ordre du jour.» Pour de nombreux juges, en cette période précise, il ne peut y avoir un quelconque changement.

    «Le ministre ne peut opérer de changement dans les rangs pour deux raisons. La première est liée à la révision de la liste électorale en cours. Il est pratiquement impossible de faire bouger les magistrats qui président les commissions chargées de revoir le fichier électoral. Sinon, cela pourrait être interprété comme une volonté délibérée de perturber l’opération de révision. La seconde raison relève du fait que nous sommes déjà en pleine année sociale, judiciaire et scolaire. Faire bouger un magistrat sans prendre en considération les contraintes liées à la scolarisation des enfants, à l’éloignement familial, etc., va avoir de lourdes incidences sur le fonctionnement judiciaire», notent nos sources, qui précisent que cette situation est le résultat du retard enregistré dans l’examen du dossier par le président de la République en juin/juillet.

    De ce fait, toutes les décisions relatives aux fonctions judiciaires ont, elles aussi, été remises aux calendes grecques. Cette année, toujours en raison de la maladie du Président, le coup d’envoi pour l’ouverture de l’année judiciaire s’est fait en coulisses et, dans de nombreux cas, sans respecter le décret présidentiel (n°66-172 du 13 juin 1996 relatif aux vacances judiciaires annuelles et au service de vacation des juridictions) qui fixe la date d’ouverture au 20 septembre de chaque année.

    à quand l'ouverture de l'année judiciaire ?

    Ce décret, faut-il le préciser, arrête les vacances judiciaires de la Cour suprême du 15 juillet au 15 septembre et stipule dans son article 6 que «l’audience solennelle de la rentrée de la Cour suprême est fixée au 20 septembre. Dans le cas où le 20 septembre est un jour de repos hebdomadaire ou un jour férié, elle est tenue, le premier jour ouvrable qui suit». Dans son chapitre II, il est précisé que pour les tribunaux et les cours, la date d’ouverture de l’année judiciaire est fixée au 22 septembre, soit deux jours ouvrables après celle de la Cour suprême. Et c’est au ministre de la Justice de veiller à l’exécution de ces dispositions qui, depuis plus d’une dizaine d’années, sont totalement ignorées. La tradition qui veut que ce soit le président de la République, en tant que premier magistrat du pays, qui préside la cérémonie a fini par prendre le dessus sur la loi.

    L’année dernière, magistrats et avocats avaient attendu des mois l’invitation de la Présidence à la Cour suprême, en vain, suscitant ainsi un retard considérable dans la répartition des tâches et la programmation des audiences au niveau des juridictions. Une situation que déplorent de nombreux magistrats avec lesquels nous nous sommes entretenus. Pour eux, «depuis la maladie du Président, l’appareil judiciaire est au point mort». Piètre image que donne le secteur et qui reflète celle de tout le pays…
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  • Chroniques Point Zéro

     


     

     

    L'homme qui parlait à sa chaise

     

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    Dans la luxueuse résidence gardée à l'extérieur par un conglomérat d'hommes surarmés, très peu de bruits sont audibles. Domestiques ou jardiniers, agents triples ou officiers cuisiniers, tout le monde le sait, le vieil homme qui est à l'intérieur a besoin de repos après une longue et dure vie bien remplie. Mais le soir, quand les rares visiteurs autorisés à venir sont repartis avec des promesses, quelques chèques ou des promesses de chèques, la maison retrouve le calme de la grande mer des solitudes.

    Pourtant, la nuit, si l'on tend bien l'oreille, on entend des chuchotements. Que dit-il ? A qui s'adresse-t-il ? Ne parlant avec personne depuis longtemps et surtout pas avec la population qui s'agite vainement à l'extérieur, le vieil homme murmure si bas que personne ne sait ce qu'il se dit dans cette grande demeure isolée, pas même le journal officiel, pas même le DRS. Mais l'on sait que ces longs dialogues s'éternisent tard dans la nuit, jusqu'à parfois le lever d'un nouveau jour sur ce pays desséché. Mais que dit-il ? Je t'aime et veux mourir avec toi ? Une chaise peut-elle mourir ? En théorie non, elle est faite de bois ou de métal et finit à la casse ou chez les récupérateurs de meubles quand elle est hors d'usage. Mais même vivante, une chaise est en général immobile et attend que l'on vienne s'asseoir sur elle.

    Certes, il y a en qui roulent et peuvent porter leur occupant relativement assez loin. Mais, invention majeure pour l'humanité condamnée avant elle à errer debout ou à s'asseoir sur des pierres, on ne peut imaginer un pays ou un pouvoir sans chaise. Une chaise est carrée, tenue au sol par quatre pieds qui lui assurent la stabilité. Seul inconvénient, la chaise ne peut accueillir qu'une seule personne à la fois et il faut attendre que l'occupant se lève pour qu'un autre puisse s'asseoir à son tour. C'est certainement pour cette raison que le vieil homme ne se lèvera pas.

     

    Chawki Amari
  • On saura tout… en temps voulu

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Saïdani fait des déclarations. Peut-être pour montrer à ses contestataires organiques qu’il a bien pris place dans le dispositif du pouvoir. II vient d’annoncer, loin de ses prérogatives, la tenue d’un Conseil des ministres. Obligeant, du coup, le Premier ministre à confirmer, mais en précisant qu’il ne sait pas quand... Depuis décembre 2012, date du dernier conseil, n’importe quel quidam aurait pu le dire : “Il y aura un Conseil des ministres, mais je ne sais pas quand.”
    Mais franchement, au point où nous en sommes en termes de fonctionnement institutionnel, et comme nous l’a expliqué Sellal, un Conseil des ministres est-il bien nécessaire ? Même la Constitution n’a rien de contraignant, à voir l’aisance avec laquelle les mandats de président du Conseil constitutionnel sont abrégés pour que soient commodément redistribués les rôles dans le dispositif de contrôle total du pouvoir et de perpétuation du régime. N’est-ce pas un comble que la Constitution soit enfreinte dans la décision de nommer et de démettre des membres du Conseil constitutionnel ? Les décisions de nomination, en général, traditionnellement prises en Conseil des ministres, sont portées à la connaissance du public par des dépêches d’une agence qui, pour être elle-même officielle, doit se résoudre à s’appuyer l’improbable formule : “A-t-on appris auprès d’une source officielle.”
    Nous n’en sommes donc plus à un Conseil des ministres près. Et si la Constitution doit être révisée, ce n’est certainement pas pour qu’elle soit enrichie des leçons de l’expérience politique des nations qui évoluent autour de nous, ou encore pour permettre à la pratique du pouvoir de connaître quelque amélioration à la lumière de notre expérience spécifique.
    Au demeurant, le projet de révision semble avoir fini par devenir une affaire privée. Au vu des dernières déclarations officielles, nous sommes en plein principe d’incertitude d’Heisenberg (un principe de physique qui stipule que l’on ne peut pas connaître simultanément la position et la vitesse d'une particule). Déjà que l’on ignorait dans quel sens politique allait cette révision, voici qu’en haut lieu, l’on nous donne des informations contradictoires sur l’étape du processus de confection du document. Après que Fouzia Benbadis, membre de la Commission de rédaction de l’avant-projet, eut annoncé, dimanche dernier, que “la commission travaille toujours” et qu’elle remettrait sa mouture au Président quand il le demanderait, Sellal déclarait hier que le document en question était déjà entre les mains de Bouteflika. Aux dernières nouvelles, la juriste s’étonnait de cette information et persistait à soutenir que le rapport n’était pas parvenu au Président !
    Il n’y a cependant rien d’étonnant à ce que le document soit parti sans que tous les membres — ­­­ou une partie d’entre eux — aient été informés. Après tout, puisqu’il est convenu que le dernier mot revienne au Président, il n’y a qu’à attendre la phase finale de formulation de sa Constitution. Elle-même attend que le Président se décide : pour un quatrième mandat ou pour la solution d’un mandat court, mais sans élection — ­ scénario prévu par Rahabi —, et qui dispenserait le Président des formalités de campagne électorale.
    Le pouvoir s’étant déjà exempté des contraintes du fonctionnement institutionnel nous dira tout cela, le moment venu.

  • Du goudron et de l'eau, à défaut de plumes

     

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    Titre d'un rapport repris par la presse : «Un Algérien sur quatre n'a de l'eau potable qu'un jour sur deux.» Ce qui ne veut pas dire qu'un Algérien sur deux a de l'eau potable un jour et demi par jour, mais que trois Algériens sur quatre sont heureux tous les jours en plus du quatrième tous les deux jours. Mais que peut bien faire l'Algérien sur quatre le jour où il n'a pas d'eau ? Comment gérer un peuple ? Les Romains y avaient déjà répondu : du pain et des jeux, avec vente de panini pendant l'entracte. Et à la question «Quel est le bilan de Bouteflika ?», ses partisans répondent en chœur : «De l'eau et des routes.»

    En 14 ans de pouvoir, il aura dessalé l'eau de mer et construit des routes, ce qui est déjà mieux que dessaler du goudron et construire de l'eau. Mathématiquement donc, si un Algérien sur quatre n'a de l'eau qu'un jour sur deux, combien sont-ils quotidiennement à applaudir au bilan de Bouteflika ? En gros, combien seront-ils à voter pour son quatrième mandat, ou plus probablement pour la révision de la Constitution qui porterait le mandat présidentiel à 7 ans ? En théorie, 3 sur 4, 75% de oui, peut-être même 4 sur 4 (100%), si le vote se déroule le jour où il y a de l'eau pour le quatrième. Sauf que, selon un autre rapport de l'ONU sur le bonheur (oui, l'ONU s'ennuie parfois), les Algériens ne seraient ni heureux ni malheureux, à la 73e place dans le classement mondial, soit une position médiane.

    En gros, un Algérien sur deux serait donc heureux et le malheureux des deux doit être celui qui n'a de l'eau qu'un jour sur deux. Il en manque un ? C'est l'Algérien qui a de l'eau tous les jours et qui est malheureux. Mais vont-ils encore voter pour Bouteflika ? Tout dépend. Selon un dernier sondage, trois élections algériennes sur quatre sont truquées et une élection sur quatre n'est pas propre, avec ou sans eau. Ouf, c'est réglé. Il est temps de prendre un verre. Boire ou gouverner, il faut choisir.

     

    Chawki Amari
  • Match barrage et politique


    Par Maâmar Farah
    Que c’est difficile de le faire parler ! Azzouz Gazzouz Kalb Louz est le conseiller du Clan. Toutes les bonnes idées viennent de lui. Les mauvaises venaient de M. dit le Maudit. Ce dernier, par exemple, était à l’origine de la décoration douteuse d’un salon de l’hôpital des Invalides, le jour où Tab Djenanou reçut le général octogénaire et le Premier ministre «Pas de problème !» On dit que le chef du protocole cassa tous les vases sur la tête du pauvre M. le Maudit qui fut renvoyé illico presto.
    M. F. : Monsieur Azzouz, quels seront vos prochains conseils au Clan ?
    Azzouz Gazzouz Kalb Louz : Ne rien faire dans les prochaines semaines. Juste un petit toilettage au RND puis le silence total. Il faudra se réveiller au match retour Algérie-Burkina. Ce jour-là, si les Verts gagnent, il faudra organiser une grande fête sous le «maqam» de Riad-El-Feth et une partie de la foule sortira les portraits du grand boss et des banderoles appelant à l’instauration du septennat !
    M. F. : Et si nous perdons ?
    AGKL : C’est le pire des scenarii. L’entraîneur bosniaque sera envoyé à Reggane pour y entraîner les gardiens de but et Raouraoua sera désigné directeur du stade de Morsott. Tab Djenanou renoncera à son idée et Ali Benflis aura le vent en poupe !
    M. F. : Y a-t-il un autre scénario ?
    AGKL : Oui, si vous voyez Saïd à la tribune d’honneur du stade et que nous gagnons, le peuple de Riad-El-Feth portera le portrait du frère ! Et c’est Rocky Derbouka, invité à jouer «Au clair de la lune», qui annoncera la grande nouvelle !
    maamarfarah20yahoo.fr

  • Et encore, ce ne sont là que des extraits !

     

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    FLN. De Belkhadem à Saïdani. De la pastille au…

    … Pastis !

    Les grandes lignes de la nouvelle Constitution sont enfin connues. Texte très moderne. Très clair. Très pragmatique. Et sans fioritures qui pourraient en affecter l’efficacité et l’application. En gros, un document qui fera date. Qu’on en juge par ces extraits :
    - Article 1 : Je suis le Maître.
    - Article 2 : Toute personne qui s’avisera d’enlever la majuscule au mot «Maître» sera fusillée sur-le-champ. Pétrolier, bien sûr !
    - Article 3 : Il y a une vie après la mort et une carrière olympique après un AVC.
    - Article 4 : Tous les Algériens sont frères et sœurs, sauf le mien qui sera appelé à devenir votre père à tous, et moi, le Grand Père éternel de la Nation, en vertu de l’article 3 qui, je le rappelle, stipule qu’il y a une vie après la mort.
    - Article 5 : Je participerai tous les 4 ans aux Jeux olympiques jusqu’à extinction totale de la flamme à Hassi-Messaoud.
    - Article 6 : Pour se tenir, le Conseil des ministres doit impérativement atteindre le quorum de chaises roulantes.
    -Article 7 : Les blagues du Premier ministre doivent absolument avoir été avalisées par le Conseil constitutionnel avant diffusion, l’ISBN délivré par la daïra de M’cira faisant foi.
    - Article 8 : La Grande Mosquée sera dotée de la 4G dès 2014.
    - Article 9 : L’accès à la 3G pour l’ensemble de la population sera supervisé par l’ambassade de Chine à Alger.
    -Article 10 : Je rédigerai moi-même tous les ans le sujet de philo au bac.
    - Article 11 : Désormais, la rentrée judiciaire se fera par derrière.
    -Article 12 : La rentrée sociale est purement et simplement supprimée.
    - Article 13 : «Dorénaprésent», le 24 Février sera consacré journée nationale hommage à Chakib Khelil.
    - Article 14 : Le traditionnel discours du 24 Février sera prononcé tous les ans à partir de Dubaï par Farid Bédjaoui, que Dieu lui prête longue vie, et seulement longue vie. Pour les sous, pas la peine de lui en prêter, il a déjà tout ce qu’il nous faut.
    - Article 15 : La consommation de thé sous toutes ses formes est prohibée. Toute entorse à cet article peut s’avérer fatale aux contrevenants et transformer leur vie en cauchemar.
    H. L.

  • Québec : Le gouvernement québécois en croisade contre le voile …

     

    Fini l’image du groupe d’immigrants regroupant blancs, noirs, femmes en foulard pour promouvoir la diversité au Québec.

  • no moment

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  • Quand le vice fait dans la vertu

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Des “militants” de la sobriété courent les rues de certains quartiers pour rassembler des pétitions appelant à la fermeture de débit de boissons. On a la cause qu’on peut.
    La tenue des femmes et la consommation d’alcool constituent, selon le moment et l’endroit, les grandes questions qui préoccupent une société largement dressée à des réflexes de secte.
    On peut se demander, cependant, pourquoi ces rédempteurs de quartier s’excitent aussi nerveusement autour des boutiques d’alcool et des bars résiduels : l’État va plus vite dans son œuvre prohibitive. Depuis une dizaine d’années, l’on a appris l’existence de toutes sortes de raisons “légales” de fermer un restaurant. Et, étrangement, les cafés aux tables crasseuses et tasses sales, les gargotes aux effluves écœurantes, les usines à graisse dégoulinant sur les trottoirs qui ne succombent jamais à la rigueur de la réglementation. Celle-ci est réservée aux établissements dont l’effort d’investissement et d’hygiène autorise leur classification à une catégorie qui leur permet de servir de l’alcool !
    Si la prohibition avait quelque vertu de sevrage, l’Amérique l’aurait prouvé et le monde l’aurait adoptée. Et si notre pouvoir avait un réel souci de santé publique, cela se verrait dans l’état de nos hôpitaux. Non. Effarouché par l’islamisme violent, nos dirigeants qui, un temps, ont fui le pouvoir, et même le pays, pour certains, sont revenus composer avec des islamistes militairement affaiblis : on abandonne les villages et quartiers à votre code “moral” et à votre business informel mais hallal ; vous nous laissez à notre rente et à nos espaces sociaux offshore ! Ainsi se décline, au plan de la gestion morale de la société, le compromis qui fonde la stratégie politiquement dévastatrice et culturellement régressive de la réconciliation nationale.
    La manière dont Sellal, dans une démarche antiéconomique, a cédé le dernier “pour cent” d’intérêt sur les crédits à la création d’entreprises, aux pourfendeurs intéressés du “riba” illustre cette démarche de renoncement à la rationalité pour gagner la reconnaissance de piété. Ce n’est ni le Sheraton ni Riad El-Fath qui ont à redouter les pétitions : ils n’ont pas de voisins. Et comme la jet-set rentière se déniaise plus volontiers dans les bars de Palma ou les boîtes des “Champs”, comme disent ces familiers de la plus belle avenue du monde, les “neveux” de la caste pourront encore longtemps s’éclater en toute sécurité.
    Les enfants du peuple, embrigadés comme vigiles anti-boissons pour beaucoup d’entre eux, une fois le devoir d’assainir le quartier de ses bars accompli, pourront, le soir venu, s’anesthésier à coups de “zetla” et de “cachets” dans les buanderies désaffectées et dans les rues désertes.
    Paradoxalement, la “morale” pieuse, qui traque l’alcool, sert directement la corruption, ce vice national qui, lui, se porte si bien : la pression conjuguée des forces islamistes et de l’État, tous services confondus, met en effet les gérants de restaurant, bar et autres débits de boissons dans un état de précarité intenable qui les met à la merci de fonctionnaires véreux.
    Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir : il n’est pas sûr que ce soit dans les bars qu’il faille chercher les pires des vices de notre société !


    M. H.
    musthammouche@yahoo.f

  • no moment

    DIlem du 27 Aout 2013

  • L’Algérie, un pays «stable» à éviter

    ALERTES SÉCURITAIRES AUX VOYAGEURS ÉTRANGERS

    Vue de l’étranger, l’Algérie reste un pays dangereux. Pour nombre d’Etats, la menace terroriste est bien réelle. Petit tour du monde des alertes aux voyageurs.

    Tarek Hafid - Alger (Le Soir)
    L’Algérie attire mais continue de susciter des craintes. Il suffit de lire les rubriques «conseils aux voyageurs» des ministères des Affaires étrangères pour le confirmer.
    Le Quai d’Orsay divise le territoire algérien en deux zones colorées : orange au Nord et rouge au Sud. «Les menaces renouvelées d’Al Qaïda au Maghreb islamique contre les intérêts français, la persistance d’attaques menées par les groupes terroristes, principalement contre les forces de l’ordre dans le quart nord-est du pays, mais susceptibles de concerner aussi bien les étrangers et d’autres régions, et la dangerosité accrue de la zone sahélienne, limitrophe de l’Algérie, aboutissent à ce que le risque terroriste reste élevé en Algérie. Ce risque concerne toutes les régions en Algérie, aussi bien les régions du Nord que le Grand Sud».
    Pour ce qui est des centres urbains, le ministère français exige de ses ressortissants de «faire preuve de prudence». «Le risque terroriste est contenu par le dispositif sécuritaire déployé mais il reste nécessaire de faire preuve de prudence. Les villes (dont Alger et Oran) ont pu connaître des mouvements sociaux importants qui dégénèrent parfois en émeutes urbaines.
    Il convient donc d’adopter un comportement aussi peu ostentatoire que possible et d’entourer ses déplacements, notamment dans les quartiers sensibles, de mesures de précaution et d’une attitude de vigilance. Les autorités algériennes ont constaté une recrudescence de la délinquance et de la petite criminalité, ce qui doit amener chacun à adopter les consignes de prudence habituelles dans les villes exposées à ce type de danger. Compte tenu d’une circulation automobile intense, la plus grande prudence est recommandée en ville et sur les routes». Mais les spécialistes des alertes restent les Américains avec leur «travel warning» que le Département d’Etat relance chaque saison.
    La dernière date du 23 août et fait état d’une «menace persistante du terrorisme». «Le Département d'Etat continue de mettre en garde les citoyens américains des risques de voyage en Algérie. Cet avertissement pour l'Algérie remplace celui publié en date du 19 février 2013 suite à une mise à jour des informations sur la situation sécuritaire actuelle en Algérie, la menace persistante posée par le terrorisme, et les informations sur les incidents de sécurité et les recommandations sur la sensibilisation à la sécurité».
    Cette alerte intervient après la décision du gouvernement américain de fermer ses ambassades dans la quasi-totalité des pays arabes. A Alger, cette mesure exceptionnelle n’avait duré qu’une seule journée, soit le 4 août. Mais il semble que certains Etats aient décidé de changer leur perception de la situation sécuritaire en Algérie depuis la prise d’otages de Tiguentourine.
    C’est notamment le cas du Japon, pays qui a perdu dix ressortissants dans cette violente attaque terroriste. Kidnappings, attentats, vols, cambriolages, émeutes… le site du ministère des Affaires étrangères japonais foisonne d’informations sur les risques et les menaces encourues en Algérie. Rien qui ne donnerait envie à un groupe de touristes nippons de venir passer quelques jours en terre d’Algérie.
    La Grande-Bretagne semble avoir une toute autre approche. Le Foreign Office dresse une liste détaillée des régions à éviter (Bouira, Tizi-Ouzou, Boumerdès, Tébessa, Skikda, Illizi et Tamanrasset) tout en précisant qu’il est généralement «sûr de se déplacer dans les grandes villes». Le gouvernement du Canada fait plus dans la logique «à vos risques et périls». Voici comment est présentée la politique d’Ottawa en matière de prise en charge des Canadiens en zone dangereuse : «La décision de voyager relève de vous seul. C’est également à vous seul qu’il incombe de veiller à votre sécurité personnelle à l’étranger. Le gouvernement du Canada prend très au sérieux la sécurité des Canadiens à l’étranger et diffuse des renseignements fiables et à jour dans ses conseils aux voyageurs. Dans l’éventualité où une situation de crise nécessiterait une évacuation, la politique du gouvernement du Canada consiste à assurer le transport sécuritaire des ressortissants canadiens jusqu’au lieu sûr le plus proche. Le gouvernement du Canada ne vous aidera à quitter un pays ou une région qu’en dernier recours, lorsque tous les moyens de transport commerciaux et personnels auront été épuisés. Ce service est offert contre recouvrement des coûts, et vous devrez assumer les frais associés à la poursuite de votre voyage. Les situations varient d’un pays à l’autre et les ressources du gouvernement pourraient, dans certains cas, être soumises à des contraintes susceptibles de limiter son aptitude à offrir de l’aide, notamment dans un pays ou une région où le risque de conflit violent ou d’instabilité politique est élevé.»
    Certains pays ne montrent aucun signe d’inquiétude, l’Algérie n’étant concernée par aucune alerte voyage. La Corée du Sud, la Chine ou encore la Fédération de Russie font partie de ce groupe restreint. Maintenant, posons la problématique autrement : quelles sont les menaces et les risques auxquels pourraient être confrontés les Algériens à l’étranger ? Impossible de le savoir, le ministère algérien des Affaires étrangères ne s’est pas encore intéressé à cette question.
    T. H.

  • Résultats des négligences dans le secteur de l’énergie Sonatrach et le gaz israélien

     

    A l’insu de ses responsables et surtout ceux de sa tutelle, Sonatrach est, désormais, impliquée dans l’achat de gaz en provenance d’Israël. L’information est confirmée à la fois par les médias égyptiens et israéliens qui font état de l’accord conclu entre la société Union Fenosa Gas SA et des fournisseurs israéliens pour la vente de gaz produit dans l’offshore de l’état hébreux.
    Union Fenosa Gas SA est une société espagnole, dans laquelle Sonatrach est actionnaire à hauteur de 4%, et qui dispose d’une unité de GNL en Égypte. Celle-ci vient de conclure l’accord en question avec la partie israélienne.
    Cette action est justifiée, côté espagnol, par le fait que le marché égyptien ne dispose plus des ressources énergétiques nécessaires au fonctionnement de ses installations de liquéfaction du gaz. Selon la presse égyptienne, en 2012, Union Fenosa Gas SA n’a pu exploiter son unité de Damiette, dans la périphérie de la capitale, qu’au tiers de sa capacité et se trouve dans l’obligation de recourir au gaz israélien pour couvrir ses besoins. Sonatrach se trouve, ainsi, impliquée dans une opération lourde de sens en termes de relations avec l’Etat hébreux.

    Négligence ou complicité ?
    Tous les experts affirment que la Sonatrach et le ministère de l’Energie ne peuvent être complices dans ces transactions entre la société espagnole Union Fenosa Gas SA et les fournisseurs du gaz israéliens. Ils justifient ces jugements par le fait que les investissements de Sonatrach à l’étranger sont délaissés et ne font pas l’objet d’un suivi rigoureux. Les représentants du groupe public à l’étranger sont, quant à eux, sélectionnés dans la plupart des cas sur la base de recommandation et non sur des critères de compétence.
    La Sonatrach aurait pu fournir l’unité de Damiette en gaz si le responsable du suivi des activités de Gas Natural Fenosa avait signalé ce fait. Mais, tel n’est pas le cas.
    Le groupe Sonatrach dispose d’une participation de l’ordre de 4,007% dans le capital du groupe espagnol Gas Natural Fenosa. Fin 2012, il a acquis 2 millions d’actions supplémentaires, pour porter à 40 millions le nombre de titres qu’il détient dans ce groupe énergétique.
    Depuis 2011, Sonatrach est le troisième investisseur dans le groupe espagnol, après la banque Caixa et le groupe pétrolier Repsol. Aujourd’hui, la valeur de la participation du groupe algérien au sein de la compagnie espagnole est estimée à quelque 720 millions d’euros.
    Il convient de rappeler que le différend sur la révision des prix du gaz fourni par Sonatrach en Algérie entre 2005 et 2008 a conduit à une décision d'un tribunal international qui a condamné la partie espagnole à verser à Sonatrach la somme de 1,897 million de dollars.
    L’accord conclu en 2011 portait également sur la prise de participations de Sonatrach dans le capital de GNF et sur une cession de l’ordre de 10% des actions détenues par Sonatrach dans le gazoduc Medgaz, qui relie l’Algérie à l’Espagne.
    Cette opération a été conclue au début du mois de janvier dernier quand Gas Natural Fenosa a acheté, auprès de Sonatrach, 10% du capital de Medgaz pour la somme de 61,9 millions d'euros.
    La filiale Union Fenosa Gas (UFG) a été fondée en 1998 par le groupe Gas Natural Fenosa pour activer dans la liquéfaction, le transport du gaz et la production de l’électricité. En 2003, UFG a conclu un partenariat stratégique avec l’italien ENI qui a pris 50% de participations dans le capital du groupe.
    A travers ce partenariat, le groupe espagnol s’est lancé à l’international, notamment en Égypte et à Oman.
    Entre ces espagnols et ces italiens, la Sonatrach a perdu le Nord à tel point qu’elle se trouve mêlée à du business avec les exportateurs de gaz israélien.
    Mokhtar Benzaki

  • FLN à détruit l'algerie

     


     

    Le destin injuste du sigle FLN

    Par : Mustapha Hammouche

    Il y a quelque chose de triste dans ce qu’il est advenu du prestigieux sigle Front de libération nationale.
    Les clans, pourvus d’ambitions mafieuses manifestées avant même l’Indépendance, ont flairé, en pleine guerre de Libération, l’avantage tactique à tirer de l’appropriation exclusive du sigle FLN. Ils firent du Front qui associait tous les partis et toutes les sensibilités, un parti… unique qui commandait l’intolérance de toute autre vision que celle de ses propriétaires. Ils firent du libellé de la solidarité nationale l’instrument de l’exclusion autoritaire.
    Des manœuvres et affrontements ont marqué l’été 1962, du lendemain des accords d’Évian à l’élection de l’Assemblée constituante, une ratification de liste unique de ses membres plus précisément, en septembre, aboutissant à la confirmation du coup de force de Tripoli. Ben Bella, entré à Alger avec l’état-major quelques jours plus tôt, est désigné président de l’Exécutif et adopte la “charte” du congrès inachevé de Tripoli, instituant le socialisme et le parti unique, comme programme. Il proclame ce qui sera le véritable programme du FLN-appareil jusqu’à aujourd’hui : “La démocratie est un luxe que l’Algérie ne peut pas se permettre.”
    Mal lui en prit. Son règne durera moins de trois ans. Parce qu’en matière de dictature, ce n’est pas le parti qui contrôle le pouvoir ; c’est le pouvoir qui contrôle le parti.
    Après le coup d’État du 19 juin 1965, comme pour se mettre en conformité avec sa fonction réelle, le FLN adopta ce statut d’appareil jusque dans sa structure : c’est l’appareil du parti qui organise l’activité “politique” : il sert surtout à empêcher l’intrusion dans les institutions de citoyens qui n’ont pas fait la preuve de leur adhésion au système de pouvoir. Une fonction de police politique sans arme.
    Depuis, le sigle n’a pas connu d’autre destin que celui-là : servir de lieu de transposition de légitimation “politique” des choix d’un pouvoir qui sait devoir son autorité à sa seule force et en rien à une “volonté populaire” que le FLN est censé concentrer, soit comme parti unique soit comme parti “majoritaire”. La nécessité d’adapter les hommes et le mode d’action aux nécessités conjoncturelles de maintien du système installé par le couple Ben Bella-Boumediene et entretenu par leurs successeurs, toutes sortes de subterfuges ont été testés pour l’adaptation du personnel et du mode d’action de l’appareil. Et cet appareil, qu’on affuble de l’abréviation sacrée de FLN a été dans toutes sortes de combines qu’illustrent les péripéties du “coup d’État scientifique”, de “la justice de la nuit”, jusqu’à l’actuel feuilleton animé par le BP, le CC et autres “clans des milliardaires”…
    Paradoxalement, c’est sous le régime qui a introduit une réforme constitutionnelle protégeant les symboles de la Révolution, que la dispute autour de l’instrumentalisation de l’un de ces signes connaît une grossière et irrépressible surenchère.
    On ne dira pas qu’il est temps de cesser de compromettre le sigle FLN dans les affrontements autour de la rente : il peut encore rendre trop de services au clan pour que l’appel soit écouté. On pourrait nous répondre par un ricanement à la Chakib Khelil.


    M. H.
    musthammouche@yahoo.f

  • Bosses


    Par Maâmar Farah
    Un lecteur me reproche de ne pas avoir réagi à la profanation de tombes musulmanes dans un cimetière français. Outre le fait que je ne suis pas obligé de réagir à toutes les bêtises, je trouve que beaucoup de journaux le font si bien.
    Mais moi, j’aurais pu réagir si je n’avais pas honte. Honte d’appartenir à un pays où l’on a détruit les croix dans les cimetières chrétiens ; pas seulement les croix, mais également les sépultures et les caveaux ! Honte de faire partie de la communauté où se trouvent ces profanateurs qui ont déterré des cercueils pour sortir des squelettes qu’ils ont dépouillés des bijoux que leurs familles croyaient en lieu sûr !
    Voilà pourquoi je suis incapable de réagir car je ne veux pas être comme le chameau, à ne voir que les petites bosses des autres, alors que les miennes sont énormes !
    maamarfarah20@yahoo.fr

    «A propos de ton billet de jeudi, voici un programme, chanté par Gérard Lenormand, que j'adopterai volontiers : Si j'étais Président de la République, jamais plus un enfant n'aurait de pensée triste.»
    Tata Aldjia

  • ÉGYPE Le ratage des frères musulmans et les mensonges d’Al Jazeera

     

    Du Caire, Hassane Zerrouky
    Vendredi, l’appel de «l’Alliance contre le coup d’Etat», regroupement de 33 mouvements islamistes dont les Frères musulmans et leur bras politique, le Parti de justice et de la liberté, lors de la mobilisation contre le pouvoir égyptien a été un ratage monumental. Les Égyptiens appelés à «manifester par millions» n’étaient pas au rendez-vous. Le «vendredi des chouhada» n’a pas eu lieu. Même la libération surprise de Hosni Moubarak, intervenue à la veille de ce vendredi des martyrs, et dénoncée par les «Ikhouane», n’a pas eu l’effet escompté. Elle est passée presqu’inaperçue.
    Au Caire, ville qui compte près de 19 millions d’habitants, entre trois et quatre mille personnes ont répondu à l’appel de l’Alliance.
    Sur les 28 marches de protestation programmées, il n’y en eu que cinq.
    Et ce, contrairement aux images mensongères d’Al Jazeera, qui a diffusé des vidéos amateurs dont on se demande si elles n’avaient pas été prises avant ce «vendredi des martyrs». Anticipant l’échec des islamistes, les autorités égyptiennes ont même allégé le dispositif sécuritaire. Seuls quelques axes stratégiques, dont la place Tahrir afin d’éviter des heurts entre pro et anti-Morsi, étaient gardés.

    Place Ramsès, pas l’ombre d’un policier. La mosquée El Feth, théâtre de violents affrontements, où des snipers islamistes étaient embusqués sur le haut du minaret la semaine précédant ce «vendredi des martyrs», évacuée samedi dernier après un siège de 24 heures, est fermée ce vendredi officiellement «pour travaux», indique un petit écriteau sur la grille de l’édifice.
    Dans ce quartier, les traces des violences sont visibles. Voitures calcinées dans les ruelles adjacentes, quelques habitations endommagées par un début d’incendie, les trottoirs, dont le carrelage a été arraché pour servir de projectiles, n’ont pas été réparés. Derrière son étal, Omar, appelons-le ainsi, vend des lunettes de soleil mais aussi des posters de Nasser et du général Al Sissi ainsi que l’emblème égyptien. «C’est de là que les terroristes tiraient sur les militaires» en indiquant le sommet du minaret.
    Ailleurs dans la ville, des prières ont été annulées sans explication.
    Place Rabaa al Adwiya, à Nasr City, là où des dizaines de milliers de militants islamistes campaient avec femmes et enfants dont une partie de gamins drapés de linceuls de martyrs, la mosquée était également fermée pour «réparation» ! Sur cette place, qui a été le principal lieu de contestation des «Frères», avant d’être évacuée par la force au prix de centaines de victimes, il n’y avait qu’un camion des forces de sécurité. Ce vendredi, brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit «ma mort est le prix de ma liberté» — il n’y a pas eu de morts bien sûr — ils étaient au plus près de 200 islamistes à fustiger le «coup d’Etat», déchirant sous l’œil des caméras étrangères les portraits du général Al Sissi, et exigeant la libération et le retour de Mohamed Morsi au pouvoir.
    Dans le quartier des Mohandissine, ils étaient près d’un millier à défiler. A Gizeh, quelques centaines ainsi qu’à Helouan. Autrement dans le reste de la ville, comme sur l’île de Zamalek, ce fut un vendredi calme. A Alexandrie, théâtre de heurts violents durant le mois de Ramadhan, il n’y a pratiquement pas eu de manifestations.
    A l’intérieur du pays, excepté peut-être Tanta dans le delta du Nil où les affrontements entre pro et anti-Morsi ont fait deux morts, le «vendredi des chouhada» n’a pas eu plus de succès, sauf sur El Jazeera ! De fait, on assiste à un retour à la normale. La tension a sensiblement baissé.

    Le Caire retrouve des couleurs
    L’échec du «vendredi des martyrs», une semaine après le «vendredi de la colère» qui avait peu mobilisé, est-il l’indice d’ un essoufflement de la mobilisation que d’aucuns en Égypte qualifient de tournant ? Il est sans doute trop tôt pour l’affirmer. Les Frères musulmans sortent affaiblis mais ils sont loin d’être morts politiquement. En fait cet échec s’explique par plusieurs facteurs.
    A commencer, on ne le dit jamais assez, par les deux années de pouvoir des Frères musulmans, qui n’ont pas servi la confrérie. Arrivés au pouvoir sous le slogan «l’Islam est la solution», les Frères n’ont tenu aucun de leurs engagements d’amélioration des conditions sociales d’existence du plus grand nombre, et ce, en dépit des milliards de dollars versés par le Qatar et des pays du Golfe.
    En deux ans, ils se sont retrouvés face à la société et la colère des gens qui ont voté pour eux. L’entêtement de Morsi, qui s’est comporté comme un chef de secte et non comme un homme d’Etat responsable devant tous les Égyptiens sans exception, à prendre la mesure des réalités, refusant d’appeler à des élections anticipées, a fait le reste.
    Qui plus est, en privilégiant l’affrontement face à un pouvoir auréolé par le soutien de millions d’Égyptiens – 67% des Égyptiens ont approuvé l’intervention de l’armée contre les frères selon un récent sondage – les Frères musulmans ont fait une erreur stratégique.
    D’abord, il n’y a pas eu de scénario syrien : en médiatisant à outrance via les réseaux sociaux et El Jazeera, des cadavres de militants tués par l’armée, les Frères croyaient dur comme fer, qu’ils pouvaient rééditer le scénario syrien, et inciter par l’image tout ou partie de l’armée à basculer dans l’opposition. L’armée est restée unie.
    Ensuite, l’ampleur de la répression – 1 200 morts dont près de 200 militaires et policiers – ne s’est pas traduite par la division des forces progressistes et libérales, et ce, à la seule exception de Mohamed El Baradei, qui a démissionné en signe de protestation contre le recours à la force. Les policiers égorgés dans le Sinaï ont choqué et nui à l’image des Frères qui n’ont pas condamné cet acte.
    Enfin, les autorités égyptiennes ne sont pas tombées dans le piège tendu par les islamistes, à savoir l’interdiction de leur mouvement, pour les pousser à la clandestinité. Et plus que la répression et les arrestations ciblées des responsables et cadres de la confrérie, sur fond de couvre-feu empêchant l’utilisation des mosquées dès la nuit tombée comme ils le faisaient avant (même sous l’ère de Moubarak), les Frères musulmans ont surtout perdu la légitimé morale, le statut de musulmans intègres et l’image de «martyrs» et la posture de «victimes», qu’ils ont de tout temps cultivés.
    Enfin, autre erreur des Frères, c’est le fait d’avoir sous-estimé le retour du Nassérisme au sein de la société et de l’armée. Le mouvement Tamarod, à l’origine de cette formidable mobilisation qui a fait chuter le pouvoir de Mohamed Morsi, s’en réclame ouvertement.
    Les portraits de Nasser, le «raïs», sont partout. Les Égyptiens, notamment les jeunes, redécouvrent les discours du raïs prononcés dans les années 1950 et 1960, notamment ceux tournant en dérision les Frères musulmans et les Etats-Unis, lesquels sont diffusés en boucle sur les télés et les réseaux sociaux.
    On rappelle que Nasser, aussi autoritaire soit-il, était un homme intègre. «Il n’avait que 80 livres égyptiennes sur son compte, pas de biens privés, et ses enfants, aujourd’hui enseignants, n’ont pas bénéficié de passe-droits comme ce fut le cas des enfants de Moubarak», explique ce marchand de journaux.
    Aussi les Égyptiens voient-ils en le général Al Sissi, un héritier du nationalisme progressiste prôné par Nasser. Et le fait qu’Al Sissi, actuel ministre de la Défense, ait refusé de décrocher le téléphone pour répondre à Obama puis à John Kerry, en a fait un héros national aux yeux du petit peuple du Caire.
    Cela étant, bien que sortis fragilisés politiquement, les Frères musulmans escomptent bien retrouver à terme la scène politique. La question sera alors de savoir s’ils vont tirer les leçons de cet échec et quelle sera alors leur stratégie.
    A Istanbul, al-Tanzim Dawli, à savoir l’Organisation internationale des Frères musulmans, basée à Londres, a tenu une première réunion pour discuter de l’échec égyptien et ses conséquences dans les pays arabes et islamiques où existent des branches de la confrérie.
    H. Z.

  • La Syrie, le monde et le monde “arabe”

     

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Alors que des Syriens s’entretuent allègrement, les “communautés” — internationales, européennes, islamiques, arabes et autres — constatent leur impuissance à ne serait-ce que réduire les souffrances des innocents.
    Le Conseil de sécurité confirme, une fois de plus, qu’il n’est pas exactement conçu pour servir sa finalité statutaire : la paix. Entre les puissances qui “menacent” d’intervenir pour le compte d’une partie du conflit et celles qui menacent d’intervenir pour le compte de l’autre, il semble servir de lieu de confrontation géopolitique sans armes. Et pour cause : il est lui-même le fruit de l’issue d’une guerre mondiale.
    Dans le cas syrien, les attributs des forces en présence — une dictature sanguinaire, d’un côté, et une rébellion phagocytée par le terrorisme islamiste, de l’autre — permettent à chacune des positions de se prétendre agir pour “la bonne cause”. En s’illustrant dans le détournement totalitariste des “révolutions arabes”, l’opportunisme islamiste a donné des arguments à l’option du statu quo : faut-il soutenir des révolutions qui font marchepied au fascisme vert ?
    Le principe de légitimité de fait des régimes en place, la sacralité de la souveraineté des États et la menace intégriste font que les Russes et les Chinois ne soient pas sans arguments dans leur opposition à une intervention internationale en Syrie. Les résultats d’expériences récentes d’intervention directe finissent par faire hésiter les puissances occidentales. Alors, place aux opérations clandestines et semi-clandestines ! Si bien qu’on ne sait plus qui fait quoi dans cette région.
    Déjà que son organisation a été passablement disqualifiée par les “printemps” inachevés, le monde dit arabe a été politiquement pulvérisé par la tragédie syrienne. Partagée entre pouvoirs pro-révolution et pouvoirs attachés au principe de solidarité conservatrice des régimes, la Ligue arabe a simplement disparu, prouvant enfin la vacuité politique de la notion de “monde arabe”. La question palestinienne connaît étrangement un de ces cycles favorables au moment où le monde dit arabe s’évapore comme entité géopolitique et comme acteur politique international. Son statut utilitaire de “cause arabe” l’a paradoxalement sanctionnée dans son statut de cause nationale. À quelque chose malheur est bon, peut-être que la fin de l’entité artificielle “arabe” permettrait-elle quelque progrès à une cause restituée à son peuple.
    Par la connivence de dirigeants “arabes” installés au lendemain des indépendances a emprisonné des peuples dans un monopole autoritaire réducteur : l’entité arabo-islamique magique. Des États sectaires devaient entretenir l’illusion d’une unité pour cause d’uniformité. Pour se libérer de ces camisoles solidaires, les populations sont allées chercher ce qu’il y a de plus atavique dans ce qui les différencie. De durables dictatures les ont condamnées à se déchirer avant de se reconnaître ! Et avant que ces dictatures ne disparaissent. Au prix que l’on voit.
    Les ex-colonies et les puissances paient le prix-moral de leur historique collaboration avec ces dictatures et contre ces peuples. Si, comme elles le crient, elles ont quelques remords. Mais ce n’est pas sûr : la géopolitique continue à primer sur le droit international.

     


    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr