LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 46
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Le cauchemar de Darwin
Quand l’économie ne fonctionne pas, régie par des règles obscures et une bureaucratie paralysante, l’économie parallèle apparaît. Quand les paliers de l’édifice de la représentativité sont faussés, les bulletins de vote détournés et que l’Etat ne répond pas au téléphone, les citoyens s’expriment parallèlement par l’émeute. Quand la monnaie officielle est un jeu d’écritures factice, le change parallèle apparaît. Enfin, quand l’information officielle est déficiente ou mensongère, la rumeur et les théories du complot apparaissent. Par ces quatre parallèles, quatre points cardinaux qui définissent l’organisation de l’espace, un nouvel Etat se met en place, concurrençant le premier, à tel point qu’un Premier ministre du premier Etat peut avouer publiquement ne pas pouvoir le combattre avec tous les moyens juridiques, financiers et sécuritaires à sa disposition. Car le nouvel Etat parallèle n’est pas un tigre en papier, un cauchemar officiel ou un simple grossiste en huile.
Le nouvel Etat possède ses propres lois et règles, ses juges et ses alliés aux impôts, à la Cour des comptes et dans les services de sécurité. Ses généraux, tapis dans l’ombre et souvent avec un pied dans l’Etat légal, son budget national et ses millions de soldats, occupant les rues et les trottoirs, vendeurs illégaux de produits, gardiens de parking, changeurs de devises ou simples agents d’observation. Pendant que l’ancien état se replie dans ses bunkers, à Club des Pins, dans ses ministères ou à Hydra, le nouvel Etat occupe l’espace public et le contrôle. Rapide à réagir, présent sur tout le territoire, il possède des ressources illimitées, une stratégie et une vision claire, travaille par téléphone sans aucune bureaucratie et n’a pas besoin de réunions pour savoir ce qu’il doit faire. L’équilibre entre les deux puissances n’est pourtant pas stable. Quand le premier dort, le second est insomniaque et, comme en Syrie, il ne se passe pas un jour sans qu’un haut responsable du premier Etat passe la frontière, basculant vers le deuxième. Car le nouvel Etat est plus joyeux et a même des fêtes nationales ; comme l’Aïd, où tous les stocks de produits illégalement commercialisés sont écoulés dans les rues illégalement occupées.
Saha aïdkoum.Chawki Amari
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Renforcement de la production d’électricité Quand Youcef Yousfi oublie ses propres projets
Mehdi Boutaleb
Les nombreux délestages que connaît une partie de l’Algérie depuis plusieurs semaines ont conduit le gouvernement, via son ministre de l’Énergie Youcef Yousfi, à annoncer un programme d’investissement destiné à augmenter fortement la production d’électricité à l’horizon 2016. Ce plan, qui va coûter 2 000 milliards de dinars (25 milliards de dollars), prévoit en particulier la construction de neuf centrales électriques pour une puissance totale de 8 050 mégawatts et la réalisation de 500 kilomètres de réseau de transport de gaz destiné à leur alimentation.
Selon les spécialistes, cet investissement colossal va permettre de couvrir les besoins du pays pendant 30 ans ! Les neuf centrales qui seront réalisées dans le cadre de ce programme d’urgence seront "classiques", c’est à dire utilisant les énergies conventionnelles. En annonçant ces nouveaux investissements, Youcef Yousfi n’a fait aucune allusion aux énergies renouvelables, notamment le solaire.
Pourtant, le même ministre est à l’origine d’un autre programme de renforcement de la capacité de production déjà en cours. Le Programme des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, dévoilé en mars 2011, a pour ambition ni plus ni moins que d’installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW d’ici 2030. 12 000 MW seraient réservés à la demande nationale et 10 000 MW pourraient, en fonction des conditions financières du marché, être produits pour l’exportation.
Dans le document du ministère de l’Énergie et des Mines publié en mars 2011, on peut en effet lire qu’« à la faveur de ce programme, les énergies renouvelables (en particulier le solaire) se placent au cœur des politiques énergétique et économique menées par l’Algérie : d’ici 2030, environ 40 % de la production d’électricité destinée à la consommation nationale sera d’origine renouvelable ». Et pourtant, l’annonce récente du ministre Youcef Yousfi semble occulter un projet qui partait d’une analyse pleine de bon sens.
« À long terme, la reconduction du modèle national de consommation énergétique peut rendre problématique l’équilibre offre-demande pour cette source d’énergie [le gaz, NDLR]. » Le plan des 2 000 milliards fait de l’ombre au soleil en remettant en avant le gaz, une énergie carbone non renouvelable. La tension sociale provoquée par les coupures d’électricité de l’été a peut-être précipité les déclarations du ministre de l'Énergie et des Mines. Mais ces contradictions illustrent une nouvelle fois le manque de sérieux dans la gestion d’un secteur aussi stratégique que celui de l’énergie. -
Politique et sous-développement socio-économique
Par : Mustapha Hammouche
La crise de l’électricité qui sévit en ce caniculaire mois d’août rappelle le caractère dilettant de la gestion nationale. C’est un cas flagrant d’imprévoyance politique. Rassuré par l’augmentation soutenue des recettes pétrolières depuis plus de dix ans, le pouvoir se sait protégé par une caisse qu’il a transformée en trésor de guerre politique. Le souci de la paix civile s’exprime, ces dernières années, sous forme d’indemnités sans cesse revalorisées des cadres et hauts cadres de l’administration, d’augmentations de salaires des catégories de fonctionnaires les plus bruyantes, d’importation massive des produits alimentaires et de soutien d’une gamme élargie de produits de première nécessité. Ce fut d’abord les terroristes “repentis” qui eurent droit à ces gâteries financières, à effet supposé calmant. Un peu d’électricité dans l’air à cause de délestages que la panne d’investissements productifs a rendu nécessaires et de projets de centrales qui sortent du chapeau. L’un d’eux, celui de l’extension de Cap Djinet, s’avère même déjà confié au principal intervenant chargé de sa réalisation. Et à un prix qui veut dire que la technologie, même si elle est ancienne, a renchéri. Les effets du discours sur l’après-pétrole et sur les énergies nouvelles ne sont, apparemment, pas venus atténuer les conséquences de l’essoufflement du développement des capacités énergétiques traditionnelles. Pourtant le ministère dispose d’un plan pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique à l’horizon 2020. Mais il semble que dans ce domaine, comme dans d’autres (voir les réformes de l’État, de l’École, de la justice, etc. Et dont les “manuels” ont été confectionnés par des commissions qui ont siégé entre fin 1999 et début 2000 ! Voir la réforme constitutionnelle annoncée le 15 avril 2011), le passage à la mise en œuvre n’est pas obligé. On se souvient que le gouvernement a réagi au projet Desertec conformément à la doctrine du patriotisme économique verbal : on ne peut laisser des étrangers exploiter le soleil national. Ce qui est bon pour le pétrole, le gaz, l’or et l’uranium de notre sous-sol ne l’est pas pour la ressource solaire. On ne peut en être réduit à gérer sa survie immédiate à coups d’indemnisations, de subventions et en abandonnant l’espace public au commerce informel, d’un côté, et se permettre en même temps une gestion prévisionnelle du développement et des besoins nationaux, de l’autre. L’État a établi un dialogue mercantile avec les différentes composantes de la société. Les grèves et les manifestations sont toujours à finalité matérielle et les réponses consistent toujours en une succession de concessions en avantages. Même le gel de l’augmentation des tarifs des carburants et de l’électricité procède de considérations politiques. Ce qui concourt à l’emballement consommateur de ces ressources. À quoi servirait un plan intégrant la notion d’efficacité énergétique, si la notion de coût, premier déterminant de cette efficacité, est méprisée ? Entre désinvolture prospective et concessions politiciennes, le développement technologique, économique et social est piégé : l’État finance un modèle de consommation au-dessus de ses capacités productives. Si ses capacités financières baissent, c’est l’équilibre social qui rompra. Et l’État qui s’affaissera avec. À trop vouloir se maintenir à court terme, il se condamne à plus long terme.
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324 algériens ont obtenu l’asile politique en suisse en six mois
Au moins 324 algériens ont obtenu l’asile politique en Suisse de janvier à juin 2012, contre 1500 tunisiens et 363 marocains, avons-nous appris auprès de Fabienne Vuilleumier de l’Office Fédéral des Migration (ODM).
S’agissant des requérants sortis du processus d’asile après soutien à l’exécution du renvoi, la même source situe le nombre d’algériens autour de 249 contre 767 pour les tunisiens et 140 marocains. Respectivement 103, 370 et 75 ont été recensées par le Département fédéral de justice et police (DFJP) relevant de l’ODM courant le 2ème trimestre de l’année sous revue.
Au total, sur les 14 430 demandeurs d’asile issus d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Europe de l’Est et du Maghreb, 13 526 ont pu bénéficier du règlement de leurs conditions de séjour en Helvétie. Les demandes en suspens se sont, quant à elles, établies à 15 927 pour 1584 décisions positives et 2554 décisions négatives, détaille notre source. Et de renchérir que la confédération et les différents cantons la composant commencent à s’inquiéter sérieusement des conséquences des flux migratoires consécutifs au printemps arabe.
Fuyant les conflits et les guerres dans leur pays d’origine, la précarité sociale et les persécutions aux frontières de l’Europe, leur première destination, des milliers de migrants semblent avoir trouvé en la Suisse un point de chute idéal. En témoigne : Durant le deuxième trimestre 2012, 7250 demandes d’asile ont été enregistrés par l’ODM, soit 130 de plus (+ 1,8 %) qu’au trimestre précédent et 1856 de plus (+ 34,2 %) qu’au deuxième trimestre 2011, qui avait recensé 5424 demandes. «Le nombre de demandes d’asile n’a pas cessé d’augmenter depuis cinq trimestres. Le mois de juin a enregistré, avec 2525 demandes, la croissance la plus forte. Le principal pays de provenance pendant le deuxième trimestre 2012 a, de nouveau, été l’Erythrée avec 1275 demandes d’asile (une hausse de 10,8 %). Suivaient le Nigéria (674 demandes, baisse de 0,4 %) et la Tunisie (611 demandes, baisse de 8,0 %)», tient à souligner Mme Vuilleumier, précisant au passage que la migration en provenance de l’Italie a été pour beaucoup dans la hausse du nombre de requérants d’asile dans son pays. « le nombre élevé de requérants d’asile nigérians et tunisiens est, avant tout, dû au fait que nombre d’entre eux ont préalablement séjourné dans des Etats de l’Europe du Sud, comme en Italie notamment. Cette évolution des événements s’explique principalement par la précarité de la situation économique qui règne dans ces pays et par la baisse de la demande de main-d’œuvre bon marché qui en découle ».
Interrogée sur le nombre de sans papiers algériens en quête de statut de réfugié dans son pays, Fabienne Vuilleumier, a préféré ne pas s’étaler sur la question, se limitant à dire « tout d’abord, les personnes sans-papiers sont majoritairement inconnues de nos services. Peu de cas d’Algériens sans-papiers sont connus de l’office des migrations. Nous avons connaissance de quelques Algériens qui ont reçu une décision négative à leur demande d’asile et qui n’ont pas quitté le territoire suisse dans le délai imparti. Ce ne sont pas des sans-papiers au sens strict, étant donné qu’ils ont des papiers et que leur origine est connue de nos autorités ». Elle indiquera, en revanche, queparmi les 3543 cas où une décision de non-entrée en matière (NEM) a été rendue, figurent nombre d’algériens, marocains, tunisiens et de syriens. Et la représentante de l’ODM de souligner « la plupart des décisions de NEM sont souvent prononcées dans le cadre de la procédure Dublin. En quoi consiste celle-ci ? Il s’agit de la possibilité de transférer le requérant dans un autre Etat, jugé compétent pour mener la procédure d’asile et de renvoi. Les demandes d’asile sur lesquelles il n’est pas entré en matière en raison d’un éventuel transfert dans un autre Etat Dublin sont traitées en priorité par nos services (ODM) ».
Les modalités d’application de la procédure en question sont définies dans l’Accord de Dublin lequel accord réglemente la compétence de chaque Etat membre en matière de procédure d’asile. Un requérant d’asile ayant reçu une décision négative ne doit plus avoir la possibilité de lancer une nouvelle procédure dans un autre Etat Dublin.
Naima Benouaret
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Bouteflika absent, gouvernement invisible, désordre social : L’Algérie bloquée
Depuis les dernières élections législatives, le gouvernement s’est rarement réuni. Aucun Conseil des ministres n’a été tenu. L’opinion publique s’interroge sur les raisons de la léthargie qui frappe le pays et de l’absence prolongée et surtout inexpliquée du chef de l’Etat.
Un pays qui fonctionne avec un gouvernement bricoleur ne peut visiblement pas aller bien. Près de quatre mois après les élections législatives du 10 mai dernier, le pays navigue à vue. Le Premier ministre est toujours en place, son staff fonctionne avec six ministères vacants assurés par des intérimaires. Le chef de l’Etat, qui n’a pas fait d’apparition publique depuis un mois, n’a pas encore jugé bon de renouveler l’équipe gouvernementale, ne serait-ce que pour la forme et donner un semblant de vie à des institutions qui agonisent et ne fonctionnent plus.
On ne sait toujours pas pourquoi le président Abdelaziz Bouteflika n’a pas jugé utile de changer de gouvernement à l’issue des législatives, ou du moins annoncer le maintien de celui qui est déjà en place ? L’opinion publique s’interroge sur les raisons de la léthargie qui frappe le pays, et l’absence prolongée et surtout inexpliquée du chef de l’Etat. Où est-il passé ? Est-il malade, ou coule-t-il des vacances paisibles dans un pays européen, comme cela a été annoncé sur la Toile, laissant ses compatriotes livrés à l’informel, à l’angoisse de la flambée des prix, des coupures d’électricité et dans l’enfer de la violence urbaine. Douze ans après l’arrivée de Abdelaziz Bouteflika au palais d’El Mouradia, l’Algérie, qui a nourri tant d’espoir après avoir vaincu le terrorisme à la fin des années 1990, dérive dangereusement vers l’impasse. Certains parlent déjà de «vacance» du pouvoir. Il est inconcevable qu’un pays qui organise une élection, replonge juste après dans un terrible et inquiétant vide politique.D’autres soutiennent que c’est la manière de faire du Président. Ce sont autant de sources d’inquiétude. Depuis les dernières élections législatives, le gouvernement s’est rarement réuni. Aucun Conseil des ministres n’a été tenu. L’activité présidentielle de ces deux derniers mois se résume en fait au très onéreux faste organisé en l’honneur du chef de l’Etat, qui n’a pas vu la nécessité de s’adresser à ses concitoyens à l’occasion de la timide célébration du 50e anniversaire de l’indépendance. Jamais l’Algérie n’a connu un tel échec. La manne pétrolière ne lui a finalement pas servi à grand-chose. Ses dépenses à l’importation ont été presque multipliées par dix. Et le niveau des exportations hors hydrocarbures ne dépasse toujours pas le seuil de deux milliards de dollars. En pareille situation, le bon sens aurait recommandé de remettre les clés de la responsabilité.
Mais la démission n’est pas dans les mœurs du pouvoir. Face à l’échec de la gouvernance, à la panne généralisée du pays, l’Exécutif semble avoir fait le choix de la fuite en avant. Plus que de la mauvaise gestion, c’est de l’irresponsabilité. Tentative a été faite de meubler le vide politique sidéral par les routinières auditions que le président Abdelaziz Bouteflika a l’habitude d’organiser à chaque mois de Ramadhan. Annoncées à plusieurs reprises, des ministres ont même confirmé avoir reçu des instructions, ces rencontres n’ont finalement pas eu lieu. Devant une opinion désabusée par tant d’incohérences et d’anomalies dans le fonctionnement des institutions, c’est le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, qui, à l’occasion du forum du quotidien Liberté, est venu en pompier, en essayant de donner l’impression que tout marche bien. Il a fait d’ailleurs de grandes annonces : un changement complet du gouvernement et la création de grands ministères. A comprendre bien sûr qu’un énorme travail est en train d’être fait.
Mais la nomination d’un nouvel Exécutif et quand bien même la mise en place de grands départements ministériels nécessiteront-elles autant de temps et de lenteurs ? Certainement pas. Certaines sorties médiatiques pourraient avoir d’autres fonctions que celles d’informer. C’est le cas de la rumeur qui, pour calmer les esprits, a colporté qu’un nouveau staff gouvernemental devait être mis en place avant l’Aïd. Des noms ont été même avancés. Devant tant de spéculations, il y a une seule réalité implacable celle-là : le pays est à l’arrêt avec tout ce que cela comporte comme risques.
Said Rabia
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Le “printemps”, l’Algérie et la ligue
Par : Mustapha Hammouche
Qu’est-ce qui peut unir les “Arabes” ?
Depuis qu’ils se sont “ligués”, d’abord à six, pour arriver à vingt-deux en 1993, les États dits “arabes” n’ont jamais eu en commun qu’un discours identitaire.
La première conséquence de ce postulat communautaire à base linguistique est que l’arabe doit s’imposer comme langue officielle unique, que les langues historiques des régions et peuples auxquels s’est étendue “l’arabité” et celles de minorités doivent être étouffées, ignorées, marginalisées et réprimées. Et comme la langue arabe détient un statut de sacralité en ce qu’elle est la langue du Coran, les religions autres que l’Islam subissent à leur tour le même étouffement : elles entretiennent des langues concurrentes et leurs adeptes sont suspects de liens avec des intérêts extra-arabes.
Pas plus qu’ils ne sont parvenus à quelque unité arabe, les régimes battent en brèche les unités nationales construites, à l’origine, par opposition et réaction de populations au phénomène colonial et par la volonté de stratèges politiques, de négociateurs et de cartographes de puissances de protectorat. Les rivalités politiques et les appétits économiques ont fait échouer les éphémères expériences d’ensembles plurinationaux (Grande-Syrie, République arabe unie, Union des États arabes…). Plus grave, faute de légitimité pour la consolider comme unité nationale de consensus, tous les pouvoirs postindépendance ont opté pour l’unité du plus fort. Après la Somalie et le Soudan, la question de l’unité nationale se pose dans la plupart des pays “arabes” dès que la chape de plomb autoritaire est soulevée (Irak, Libye…)
Les États dits arabes se sont voulu des répliques institutionnelles de leurs colonisateurs : républiques, pour les anciens protectorats ou colonies françaises, royaumes pour les anciens protectorats et colonies britanniques). Tout en prenant argument dans la menace sioniste et impérialiste, ils ont aussi été ce que la guerre froide a voulu qu’ils soient. Aujourd’hui que la Russie a décidé de reprendre son rôle de contrepoids à la puissance occidentale, la Ligue arabe vient d’exploser silencieusement à Riyad. Et la “réunion de la Ligue arabe” s’est transformée en conclave d’émirats du Golfe et de pays acquis à la position interventionniste. Mais pas de quoi s’inquiéter : c’est une ligue qui se dissout et se reconstitue au gré des circonstances ; n’ayant de finalité que la somme des finalités des régimes qui la composent, elle survivra dans sa géométrie variable et adaptable.
L’idéologie arabiste suffit à donner motif aux sectarismes nationaux qui, à leur tour, justifient les autoritarismes locaux et leur répression des remises en causes identitaires et des minorités religieuses et ethniques !
Même si les soulèvements populaires contre les despotes arabes sont prioritairement soutenus par les dictatures du Golfe, l’Algérie fait figure de fer de lance dans la résistance au changement. Le Maghreb n’ayant pas d’existence politique, ses pouvoirs, eux-mêmes politiquement précarisés par le printemps… maghrébin avant d’être arabe, ont perdu de leur influence.
Du fait de son attitude ambiguë face aux révolutions, l’Algérie perd, auprès des opinions “arabes”, une considération qu’elle avait chèrement acquise par le passé. -
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JO : le sport échoue, le pouvoir marque
Par : Mustapha Hammouche
La participation algérienne aux JO de Londres s’est achevée par l’abandon, à mi-course, du marathonien national. Il clôt ainsi une succession d’échecs retentissants : la plupart de nos représentants n’ont pas opposé le minimum de résistance à leurs adversaires ou fait montre de la moindre endurance dans les épreuves.Dans ce vide sportif, un athlète s’est distingué en arrachant, de fort belle manière, la médaille d’or des 1 500 mètres. ...
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INSÉCURITÉ, STATU QUO POLITIQUE, INFLATION RECORD, DÉLESTAGES...
Silence, on navigue à vue
ParL'Algérie qui vient d'échapper aux «révolutions arabes» est pourtant tenue de retenir les leçons et de mesurer le danger de tout dérapage.
A moins d'un mois de la rentrée sociale, tous les indices plaident pour une reprise difficile. Statu quo politique, dépréciation du dinar, inflation, érosion du pouvoir d'achat, délestages, insécurité et laisser-aller à tous les niveaux... sont autant d'ingrédients qui font mener la vie dure aux Algériens.
Qui a, donc intérêt à nourrir le pourrissement, au moment où le pays a le plus besoin de consolider sa stabilité? L'Algérie qui vient d'échapper aux «révolutions arabes» est pourtant tenue de retenir les leçons et de mesurer le danger de tout dérapage. La sonnette d'alarme est tirée par la classe politique qui met en garde contre l'absence manifeste d'autorité. C'est le cas du MPA d'Amara Benyounès qui, dans un communiqué rendu public, hier, relève l'insécurité grandissante et la dégradation généralisée de la qualité des services publics qu'il juge «révélatrices de l'indigence de la gestion des affaires publiques». Sur le plan politique, le changement annoncé tambour battant lors des dernières législatives semble avoir fondu comme neige au soleil. On a même oublié, qu'en ce 10 mai «historique», on avait élu la première Assemblée censée opérer une rupture avec toutes celles issues de processus électoraux à la «Naegelen».
L'annonce d'un nouveau gouvernement qui devait intervenir, en principe, au lendemain du scrutin, est renvoyée aux calendes grecques. On préfère opter pour la «continuité» que de faire dans la précipitation, sachant que le consensus n'est pas réuni quant à la nature du nouvel Exécutif. Il est difficile de satisfaire les partisans d'un gouvernement d'union nationale et ceux qui demandent à ce que la nouvelle équipe émane de la majorité, et donc du FLN et du RND. Le gouvernement, dont six ministères sont gérés par intérim, poursuit sa mission. Au chapitre économique, et contrairement au chiffre avancé par le très officiel Office National des Statistiques, le taux d'inflation risquerait d'atteindre le seuil des deux chiffres.
Dans le document conjoint adressé il y a quelques jours par la Centrale syndicale Ugta et le Conseil national économique et social (Cnes) au chef de l'Etat, il est fait état d'un taux d'inflation à 9% et non de 7, selon la version de l'ONS. Ce qui ne manquera pas d'avoir un impact sur le pouvoir d'achat, déjà sévèrement érodé par la spéculation et le secteur informel. Le quotidien des Algériens en ce mois sacré est révélateur de la manière avec laquelle les pouvoirs publics appréhendent les préoccupations des citoyens. Livrés à eux-mêmes, et face à l'incurie des responsables, les Algériens ne trouvent que la rue pour exprimer leur colère.
L'«étincelle» des délestages, devenus le feuilleton de l'été par excellence, risque de tout emporter sur son passage, si aucune solution n'est trouvée. A part les quelques solutions à l'emporte-pièce annoncées par les responsables du groupe Sonelgaz, comme le recours aux stations mobiles, la situation demeure des plus préoccupantes.
Les citoyens sont pris en otage des délestages récurrents et improvisés des services de la Sonelgaz, ce qui, à leurs yeux, est synonyme de mépris et d'arbitraire, des comportements qui, de surcroît, émanent d'une «entreprise citoyenne». En termes de sécurité publique, un net relâchement a été constaté ces derniers temps.
Des agressions s'opèrent à tout moment et en plein jour, sans que leurs auteurs n'en soient inquiétés.
Le personnel médical est agressé au quotidien, en plein exercice de ses fonctions, sans que les services de sécurité n'interviennent. Chose, somme toute anormale dans un pays où les effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationale sont revus chaque année à la hausse. Sans compter les moyens dont elles disposent et qui n'ont rien à envier à leurs collègues des pays de la rive Nord. En somme, elles est légitime de s'interroger sur l'attitude des institutions à tous les niveaux, qui ont tendance à attendre que la situation échappe à tout contrôle pour daigner intervenir. -
L’âge de fer 2
Si l’on tue tous les médecins, qui soignera les malades ? La question peut sembler stupide, mais les cas d’agression de médecins se succèdent à la vitesse des accidents de voiture, comme si les Algériens voulaient en finir par l’élimination des seuls qui pourraient les soigner. On ne cite plus ces cas, ou peut-être juste ce dernier, un médecin blessé au sabre et trois infirmières tabassées dans un hôpital de Frenda. Cette inextricable violence ne vient pas du néant, tout comme les sabres ne naissent pas dans le sable, mais proviennent bien des forges des forgerons.
Pendant que Makhloufi passait brillamment l’âge d’or, le reste du pays revenait à l’âge de fer après un long tour de piste, redécouvrant la métallurgie. Encouragé à tout régler par la loi du plus fort et à accaparer les pouvoirs à la main, il aura été aidé par l’échec de l’école, de la télévision et de la mosquée. Avec, au sommet, des grâces amnistiantes inconscientes et la démission des autorités, à commencer par la police, pourtant nombreuse et bien payée, mais qui préfère traquer les non-jeûneurs et les filles en short, à l’image de l’Etat, absent et craintif. Avec votre argent, ils auront tous deux contribué à créer un sentiment d’insécurité pour une fois équitablement réparti ; nul n’est à l’abri dans les rues, les villes et campagnes, à l’école, sur les routes, dans les hôpitaux et les stades, dans les maisons, les parcs publics, les forêts et les cages d’immeuble.
Fin 2011, l’Algérie était classée 37e pays le plus violent par le Global Peace Index et l’on attend avec patience le classement pour 2012. La réponse à la question du début est peut-être celle-ci : si l’on tue tous les malades au lieu de les soigner, nous n’aurons plus besoin de médecins. Et s’il n’y a plus de médecins, il n’y aura pas de malades pour les agresser. Plus besoin donc de police, de ministère de la Santé et même d’Etat. A méditer.
Chawki Amari
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Le black-out politique
Absence du président de la scène, paralysie des institutions et colère des citoyens
Par : Djilali BENYOUB
Les coupures d’électricité récurrentes, conjuguées à une indécision politique, confortent le sentiment général que le pays se trouve dans un black-out politique total, propice à toutes les rumeurs.
Depuis les législatives du 10 mai, le sommet de l’État est à l’arrêt temporaire. D’aucuns s’interrogent sur l’éclipse des responsables, l’absence du président de la République et, bien entendu, la toile qui fourmille d’informations, de rumeurs, de supputations et, surtout, un flot de questions que le silence officiel contribue savamment à amplifier sans apporter la moindre réponse.
Black-out également devant les préoccupations de la population exprimées désormais exclusivement par l’émeute. Ni les ministres ni les walis ne peuvent convaincre avec leur “théorie” et leurs chiffres des citoyens excédés par la gestion des affaires et surtout les services publics. En cette période de Ramadhan et de grandes chaleurs, l’État est quasiment out, alors que le citoyen est soumis à des coupures récurrentes d’électricité, d’eau, et justification, au bas de l’échelle des responsabilités, les ministres et le Président étant hors champ, l’incivisme qui s’est érigé ces dernières années en mode national.
C’est cependant oublier trop rapidement les chiffres et les promesses de régler ces problèmes de délestage et de coupure d’eau. En l’absence d’un responsable, un ministre capable de s’adresser à la population, d’expliquer ces ruptures intempestives que les justifications du P-DG de la Sonelgaz n’ont convaincu personne, le citoyen est réduit à un état “élémentaire” usant de tous les moyens pour dire son mécontentement.
Domestication du gouvernement
Cela dure depuis des mois, et même les ministres n’arrivent pas à se défaire du blocage que leur ont provoqué les sermons et les critiques du Président qui, avec le temps, a accaparé de larges pans de leurs prérogatives. Jusqu’au droit de regard sur tous les secteurs. Ils ne sont, après tout, que des exécutants de son programme.
Il est devenu le seul maître de la décision, le donneur d’ordre à tel point que même les citoyens ayant saisi ce schéma ont compris que le Président constitue l’ultime et unique recours devant les dépassements de l’administration, le recours pour reprendre un droit. En concentrant tous les pouvoirs, le Président a réussi une sorte de domestication du gouvernement et à focaliser toute l’attention sur lui. Et chacune de ses absences devient un sujet de débat, d’interrogation et, surtout, compte tenu de son état de santé, un motif de suspicion, de doutes et de spéculations. On évoque depuis le début du Ramadhan le rituel des auditions, mais il n’en fut rien. En revanche, le secteur de l’énergie fait bien l’actualité avec la fragilisation de l’économie depuis la dégringolade des prix du brut qui poussa d’ailleurs le ministre à parler. Et cette histoire d’électricité qui touche directement le citoyen que le premier responsable du secteur, M. Youcef Yousfi, évitera comme un black-out.
M. Bouterfa ne pourra rien devant la colère de plusieurs régions qui se sont mises à attaquer les symboles de la compagnie d’énergie. Ne reste alors, comme pour les contractuels de l’éducation, les gardes communaux ou les médecins, que la saisine on live du président de la République.
Des questions et des hypothèses
Mais où est-il exactement ? Il n’apparaît plus. Ni à la télévision ni en public. Ce qui a engendré un immobilisme institutionnel, une léthargie politique et donne l’impression que l’État est totalement absent. Là, la voie est ouverte à toutes les hypothèses, les rumeurs les plus fantaisistes, les plus pessimistes, le Net aidant, à toutes les lectures et projections que le silence accrédite dans un certain sens.
Ce qui donne, sans doute, une atmosphère d’opacité dans la gestion du pays. Bien plus, une sorte d’État sans dirigeants dont les clés sont entre les mains d’une seule personne qui trouve un malin plaisir, par ce procédé, à rappeler qu’elle est la seule et unique maîtresse des lieux et dont dépendent tout mouvement et geste dans le pays. Faudra-t-il alors attendre la réapparition du président de la République pour trouver une réponse aux délestages et éventuellement une solution ? Même attente pour la régulation du marché, pour booster l’investissement privé, pour secouer l’administration, pour débloquer les crédits, pour améliorer Internet, pour rendre justice, pour parler diplomatie et prendre position… tout un programme. Aussi lourd qu’un fardeau.
À quoi sert alors le gouvernement ? Où est le Président ? Des questions qui doivent faire partie de la spécificité algérienne.
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Près de Tizi Ouzou, les oliveraies d’Aït Yahia Moussa en proie aux incendies
Imene Brahimi
La tension était encore vive ce samedi à Aït Yahia Moussa, une commune située à une vingtaine de kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou. La veille, les habitants de plusieurs villages de cette commune déshéritée étaient, selon des sources locales, sortis dans la rue pour crier leur colère suite aux incendies qui ne cessent de ravager leurs oliveraies depuis quelques semaines.
Tout comme en 2008, les habitants, rassemblés sur la place publique, ont pris pour cible le siège du détachement de l'ANP situé dans le chef-lieu de la commune. Lors de l'été 2008, la tension née dans un contexte similaire avait mené à des escarmouches qui ont dégénéré en un vaste mouvement de protestation qui n’avait pris fin qu'après l'indemnisation des propriétaires des oliviers incendiés.
Les protestataires n'ont pas hésité à mettre le feu à des pneus placés au milieu de la chaussée avant de s'attaquer au cantonnement en question à l’aide de pierres et de projectiles en tout genre. Une vive tension était perceptible tout au long cet après-midi mais, précisent les mêmes sources, les militaires n'ont pas réagi. Des sages de plusieurs villages de la commune ont tenté de calmer les esprits mais sans grand succès. La foule, composée essentiellement de jeunes, accuse les militaires d'être à l'origine de ces feux de forêt dévastateurs pour leurs oliveraies qui constituent la source de revenus d’une bonne partie de la population locale. -
Les enfants de la mort
En ces temps confus et confucéens, on peut s’interroger sur le sens d’un Boudiaf mort. Et sur cette question d’héritage, au centre de tous les conflits algériens, qui déchire familles, tribus, clans et partis, civils et militaires. Qu’auront laissé les morts ? Ben Bella, pas grand chose de son règne chaotique et mégalomaniaque, à part cette belle image du drapeau algérien hissé à l’ONU, image censurée d’ailleurs par tous ses successeurs, l’actuel compris. Boumediène, une dictature patriarcale et une sécurité militaire qui, jusqu’à aujourd’hui, met plus d’énergie à traquer les opposants qu’à en finir avec la corruption d’Etat. Que laissera Chadli, dont on dit qu’il est proche de la fin ? Le souvenir d’un pays ruiné, mais revivifié par de nouvelles libertés médiatiques, politiques et syndicales. Zeroual n’est pas mort, mais aura laissé un pays en guerre, tout en laissant l’image d’un homme droit.
Quant au président Boudiaf, il n’aura pas eu le temps de déposer un héritage, tout juste une fugace image, vision furtive de l’entrebâillement d’une fenêtre sur ce qu’est un Président. Quelqu’un qui parle à son peuple et l’écoute, sans mépris ni égocentrisme, en restant au centre de principes fondamentaux et oublieux des équilibres et des compositions. Quant à l’actuel président, on ne sait pas trop ce qu’il laissera, lui qui n’a jamais dit un mot sur Boudiaf ou les morts algériens. Une justice féodale, un pays figé, gangrené par la corruption et l’informel, aux mains d’un régime de vieillards régionalistes ? Certes, il aura remboursé la dette extérieure du pays, mais avec 200 milliards de dollars de réserves de change, c’était la moindre des choses. Oui, il aura aussi construit des routes. Il laissera donc l’héritage d’un voyageur solitaire sans attache, prêt à embarquer avec n’importe qui. Triste héritage pour quelqu’un qui a assisté à la naissance de l’Algérie et grandi avec.
Chawki Amari
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La télé à la télé
On pourra toujours débattre de l’origine de l’homme, mais Al Djazaïria, Echourouk TV et Ennahar TV sont plus proches des Algériens et de la modernité que ne l’est l’ENTV, gelée dans les années 50 du siècle dernier, donnant une image artificielle d’une société qui n’existe pas. Pourtant, ces nouvelles chaînes activent en dehors de la légalité algérienne, ce qui n’empêche pas les dirigeants d’y passer et de commenter l’actualité, alors qu’elles sont interdites dans leur pays.
Autre absurdité : les autorités ont donné l’ordre de laisser filmer en Algérie les équipes de ces trois chaînes, même si elles n’ont pas d’agrément. En gros, les dirigeants algériens veulent des télévisions privées algériennes mais pas chez eux, du développement économique mais ailleurs, la libération des mœurs mais dans un autre pays, de la démocratie et des élections libres mais à l’étranger. Après le voyeurisme institutionnalisé où des millions d’Algériens contemplaient leur classe politique débattre sur d’autres chaînes, françaises ou qataries, voici venu le nouveau temps des débats d’Algériens en Algérie sur des chaînes algériennes, mais pas en Algérie.
L’immobilisme national aura ainsi été résumé, conforté par cette anecdote qu’a rapportée Benkirane, le Premier ministre marocain, de sa visite en Algérie.Ayant rencontré le président Bouteflika, Benkirane avait transmis (à la télévision marocaine) les intimes désirs de son hôte : aller à Oujda voir la maison où il est né. Aveu d’impuissance, le président du plus grand pays d’Afrique aura parlé comme un jeune harrag, la tête pleine de barques, de rêves et de destinations. Qui peut ouvrir la frontière et aller à Oujda à part le Président ? Si même un fakhamet ne peut rien faire, qui peut alors faire quelque chose ?
Prochaine étape cathodique du contre-développement : un discours explicatif de Ouyahia à la nation sur les actuels blocages, sur une chaîne privée mauritanienne.
Chawki Amari
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Protestations contre les coupures d'électricité à El Oued : Des édifices publics saccagés et brûlés
Des dizaines d'habitants de la commune de Djamaâ, dans la wilaya d'El Oued s'en sont pris, dans la nuit de mercredi à jeudi à une agence de Sonelgaz, en signe de protestation contre les coupures récurrentes du courant électrique.
Selon des sources bien informées, les contestataires ont, après la prière des tarawih, attaqué le siège de l'agence et l'ont complètement saccagé, puis ils ont mis le feu aux bureaux.
D'importants dégâts matériels ont été signalés par les services de la Sonelgaz, dont plusieurs équipements informatiques, électroniques et électroménagers, ainsi que des documents et ont été détruits par le feu.
Des manifestants ont justifié leur réaction par les coupures répétitives de l’électricité et les chutes de tension. Ce problème a causé d'importants dégâts à leurs matériels (climatiseurs et réfrigérateurs), selon leurs propos.
Il est utile de rappeler que des violentes manifestations avaient eu lieu, il y a trois jours, dans certaines régions de la wilaya pour dénoncer les coupures de courant et les chutes de tension.
Dans la commune de Mih Ouensa, des dizaines de manifestants ont fermé la route à la circulation à l'aide de pneus brûlés, de troncs d'arbre et de blocs de pierre,puis ils se sont dirigés versle siège de la daïraqui a étésaccagé.
Des actes de vandalisme ont ciblé des édifices publics dans la commune de Bayadha où le siège de la mairie a été mis à sac par des protestataires.
Rezzag Salem Youcef
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no moment
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Les squatteurs font la loi à Oran
Espaces publics et trottoirs
Par : Noureddine BENABBOU
Pour avoir laissé faire pendant longtemps, l’autorité a du mal à faire accepter l’ordre à ces indus occupants qui croient être dans leur bon droit.
La modernisation de la ville passe d’abord par le respect des règles qui la régissent puis par le civisme. Depuis une dizaine d’années, les pouvoirs publics n’arrivent plus à faire respecter la loi sur l’espace public. Plus grave encore, le citoyen est racketté quotidiennement au vu et au su des élus locaux censés défendre les droits de leurs administrés. Outre les petites villes limitrophes telles que Arzew, Aïn El-Turck, Es-Sénia, Sidi-Chahmi, Gdyel, Béthioua, Misserghin… dont les espaces publics sont squattés au détriment du citoyen, à Oran, c’est l’anarchie. Les marchands de l’informel squattent plusieurs ruelles mitoyennes sans que les services concernés n’interviennent. Au marché de Petit-Lac, à la rue de la Bastille, à El-Hamri, à la Ville nouvelle, c’est le même constat. Ruelles, trottoirs et places publiques sont occupés illégalement par des vendeurs de tous bords. Fruits et légumes, vêtements, appareils électroménagers, téléphones portables, meubles et divers produits et objets sont étalés sur des espaces publics. “Oui ! La police intervient de temps en temps mais à chaque fois les revendeurs de l’informel reviennent car ils savent qu’ils ne risquent pas gros”, déclare un riverain de la place Nadjah située près du musée Ahmed-Zabana, avant de poursuivre : “Nous vivons le calvaire. Escroqueries, vols et agressions sont le lot quotidien subi par les riverains qui n’arrivent plus à quel saint se vouer.”
Outre l’informel qui squatte la ville tout entière, les commerçants légaux ne facilitent pas la tâche aux autorités compétentes. “Regardez ce magasin qui étale ses produits et ce patron de crémerie, ses chaises, sur le trottoir, c’est légal ?” s’interroge un habitant de l’avenue Choupot. Plus grave encore, des rues entières sont squattées par des pseudos gardiens qui obligent les conducteurs à payer le droit de stationnement sous la menace d’un gourdin ou d’une arme blanche en cas de refus. “Oui, les autorités de la ville sont au courant. Il m’arrive de payer cinq fois dans la journée le droit de stationnement sans broncher. Il (le gardien) risque de vous casser le pare-brise de votre véhicule. L’État est absent”, peste un jeune cadre. Cette situation est devenue intenable.
Les Oranais sont lassés de subir le diktat des squatteurs. “Même les ronds-points n’ont pas été épargnés durant ce mois sacré du Ramadhan”, confie Amine, un chauffeur de taxi. Mais pourquoi cette tolérance des pouvoirs publics ? “La raison est politique. Le chômage, l’exclusion et les différentes crises sociales ont poussé les autorités publiques à plus de tolérance. Non, ce n’est pas une solution, c’est l’anarchie. Il faut imposer le respect de l’espace public. Des cafetiers qui squattent le trottoir et bloquent le passage aux piétons est une infraction. Alors, il ne faut pas reprocher au piéton de circuler sur la chaussée. Les femmes sont les plus pénalisées”, fait savoir un sociologue.
D’autre part, l’espace public semble livré à lui-même. Des baraques de fortune, des tentes pour la vente des fruits et légumes sont dressées sur les trottoirs. “Cette année, l’APC a interdit la vente des fruits sur le trottoir de l’axe routier principal mais ailleurs c’est le désordre”, avoue un habitant de Fellaoucène. Et comme le squat de l’espace public est devenu tolérable, des automobilistes n’hésitent plus à garer leurs voitures sur le trottoir.
Certains, plus audacieux, ont procédé à des extensions de leurs commerces sur l’espace public sans être inquiétés. De leur côté, les élus locaux semblent s’y faire avec cette nouvelle donne en tentant des campagnes de récupération de l’espace sans résultat. -
Un peu bien cuit
Il fait très chaud, et ce n’est pas une paranoïaque exagération d’opposants systémiques. Comme annoncé par les experts, le réchauffement poursuit son avancée. Pas celui de la planète uniquement, mais celui de tout le système solaire, le diamètre du soleil ne cessant en effet d’augmenter et les températures inexorablement de monter. Il n’y aura donc pas de chute d’une météorite géante, d’explosion nucléaire planétaire, d’épidémie de maladie inconnue à transmission mentale ou d’apocalyptique fin du monde, comme décrit dans les films d’horreur des monothéismes. L’humanité va cuire, tout simplement, à petit feu, jusqu’à griller et disparaître de l’univers dans une épaisse fumée acide. C’est pour cette raison que dans une ultime résolution, le Conseil de sécurité de l’ONU demanda en 2025 aux citoyens de toute la planète d’allumer les climatiseurs pour tenter de refroidir l’atmosphère.
L’Inde a grillé la première, explosant son forfait électricité, faisant sauter tous les disjoncteurs pour finir dans un nuage de feu. Puis l’Argentine, puis d’autres pays, puis l’Algérie, qui sauta la 13e. N’eurent momentanément repoussé le massacre thermique que les pays trop pauvres pour se payer des climatiseurs et déjà habitués à la chaleur, et les pays riches où chacun possède son climatiseur. Pour l’Algérie, pays de l’entre deux, le seul rescapé de la catastrophe a été retrouvé, fumé mais vivant, caché dans un congélateur Eniem. Le PDG de Sonelgaz a survécu quelques jours de plus que ses concitoyens et a fini par s’éteindre, comme un portable qui n’a plus ni batterie ni chargeur. D’après des témoins morts, il aurait demandé, avant de s’évaporer, une chorba cuite au feu de bois et un jus pressé, mais avec un mixeur à piles. Tout le monde ayant disparu, personne n’aura réussi à percer le dernier mystère du siècle ; le fameux été 2012, le PDG de Sonelgaz avait-il et utilisait-il un climatiseur ?
Chawki Amari
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Les graciés du Président récidivent
El Watan, 10 août 2012
Chaque année, ils sont nombreux à bénéficier de la grâce présidentielle. Mais le retour en prison est parfois une affaire de quelques jours, le temps d’un délit. Victimes, citoyens, agents des forces de sécurité réclament la fin des grâces répétitives.
Chaque année, ils sont des centaines, voire des milliers à être libérés à l’occasion de chaque fête nationale ou religieuse. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fait des grâces présidentielles un «propulseur» de sa popularité, selon de nombreux observateurs. «Bouteflika comprend les jeunes, surtout les détenus, il est le seul vrai homme dans ce pays», témoigne un repris de justice. Depuis le début du mois de Ramadhan, les statistiques de la délinquance ont grimpé, selon des déclarations de responsables sécuritaires.Pas moins de 1200 personnes ont été envoyées en prison, il s’agit pour la plupart d’hommes récemment graciés. Des faits qui mettent à mal le principe de la grâce présidentielle. Cependant, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale pour la promotion des droits de l’homme, a, dans une déclaration au quotidien Ennahar, démenti les informations incriminant les graciés du président, allant jusqu’à affirmer que la grâce n’a pas touché les personnes condamnées pour des actes de délinquance ou de violence.
Accommodé
Pourtant, la grâce présidentielle est bel et bien un facteur motivant la récidive. Hakim, 22 ans, de Bab Ezzouar, vient de bénéficier du pardon présidentiel, il n’a purgé que 8 mois de sa peine. «J’ai été condamné à une année de prison ferme pour agression», informe-t-il. A priori, les conditions socioéconomiques de sa famille sont la cause de sa violence. «Avant, j’étais au chômage, je suis issu d’une famille pauvre et nous vivons dans une cave, comment voulez-vous que je ne devienne pas délinquant ?», s’interroge Hakim. Il n’en est pas à sa première peine. En 2010, il a été condamné à deux ans de prison ferme pour agression à l’arme blanche. «J’ai attaqué quelqu’un sur le pont de Bab Ezzouar tard dans la nuit. Il discutait au téléphone, je lui avais demandé gentiment de me donner son portable, face à sa résistance, j’ai sorti mon couteau, raconte-t-il sans remords. Vous savez, quand vous passez plus d’une année en prison et que vous vous êtes accommodé à votre nouvelle vie d’entre quatre murs, il est difficile de vous en séparer. Une fois sorti, vous ne pensez qu’à y revenir.»
Pour Nassim, 21 ans, de Bachedjerrah, la prison est une échappatoire. «Il n’y a pas de travail, à la maison toujours des problèmes. La seule solution est de commettre un délit et d’entrer en prison», confie-t-il. Il a été emprisonné pour agression à l’arme blanche. Il a passé 16 mois derrière les barreaux avant de sortir le 16 juillet dernier. En ce troisième jour du Ramadhan, Nassim a récidivé et est recherché par la police. Dans les milieux de la délinquance algéroise, commettre un délit relève du calcul. «Pour un jugement d’une année, vous passez de 8 à 10 mois tout au plus, pour une condamnation de 2 ans de prison ferme, 16 à 18 mois. Ça dépend du mois de votre jugement, c’est pour cela que nous calculons la date avant de passer à l’acte, à moins que l’un de vos amis soit en prison, là, la donne change, vous le rejoignez le plus tôt possible», explique Mourad, 26 ans, un habitué de la maison d’arrêt d’El Harrach.
Vengeance
A Bab El Oued, un autre fief de la délinquance de la capitale, Salim, Mourad et Samir forment un gang des plus troublants. Agés de 24 à 26 ans, ils sont sortis de la prison de Serkadji la veille du mois de Ramadhan. «Nous avons passé, depuis l’âge de 18 ans, plus de temps en prison que dehors», attestent-ils. Salim est celui qui a connu le plus de condamnations parmi eux. «J’ai cinq jugements, j’ai passé en tout plus de cinq ans en prison, à chaque fois je suis libéré avant la fin de ma peine. J’ai toujours bénéficié de la grâce.» Cette fois-ci, la grâce revêt un caractère particulier. «Je vais venger mon frère, j’attendais la grâce avec impatience, un maffia (un délinquant, ndlr) a agressé mon frère en usant d’un couteau, il en aura pour son compte bientôt», promet-il. Après cela, Salim n’y pense même pas. «Je vais retrouver ma salle et mes amis.»
La «grâce présidentielle» devient ainsi ce sursis accordé aux délinquants afin de solder leurs comptes une fois sortis de prison. Fouad est content de retrouver ces ruelles lugubres de Bab El Oued. «Je suis à la recherche d’un maffia qui s’en est pris à moi en prison deux jours avant sa sortie, avec sa bande, ils ont failli m’agresser dans la cour», raconte-t-il. Fouad est passé à l’acte, il est sous mandat de dépôt et sa victime est à l’hôpital dans un état critique, selon ses proches. Si pour certains, la grâce présidentielle est ce geste de bonté du premier magistrat du pays, pour d’autres, ce n’est qu’un sursis de toutes les forfaitures. Les citoyens n’en peuvent plus
«C’est intolérable, chaque année, le même scénario avec les mêmes personnages, c’est à l’image des feuilletons du Ramadhan», raconte ammi Mustapha, 60 ans, retraité. «Les mêmes délinquants perturbent nos journées comme nos soirées ramadanesques, ils sont à chaque condamnation graciés quelques mois plus tard, ça ne peut plus durer», tonne-t-il.Au marché Clauzel, comme aux alentours des autres marchés de la capitale, chaque jour est ponctué de scènes de violence, d’agression ou de vols, une situation que les riverains ne supportent plus. Pour Dalila, 40 ans, mère de 2 enfants, «le président Bouteflika devrait cesser de leur accorder sa grâce, nous sommes pour le durcissement des peines». Même constat pour Boualem, 48 ans, instituteur, habitant de Bachedjerrah.
«Les autorités savent pertinemment que la période n’est pas propice, les difficultés du jeûne conjuguées à la situation socioéconomique pas facile des familles ne peuvent que les pousser à récidiver et à la violence», explique un sociologue. La frustration est à chercher du côté des victimes des délinquants graciés. «J’ai été agressé il y a tout juste une année et voilà mon agresseur qui circule en toute liberté, se promène avec un couteau et se permet même de me provoquer de temps à autre, je ne vous cache pas, j’ai peur de lui», confie Mehdi, 23 ans, étudiant à Bab Ezzouar.
Son seul souhait «qu’il retourne en prison, même s’il faut une autre victime, je sais que c’est égoïste de ma part, l’essentiel, qu’il ne s’en prenne pas à moi», poursuit-il.
L’embarras des services de sécurité
Loin des déclarations des porte-parole officiels de la DGSN ou de la Gendarmerie nationale minimisant les faits, le constat est le même. «A chaque mois de Ramadhan, les détenus graciés récidivent», révèlent de nombreux policiers et gendarmes en faction à Alger. Une situation que les agents de l’ordre public ne supportent plus.
«Nous consentons beaucoup d’efforts pour réduire la criminalité et la délinquance, nous luttons chaque jour contre ces malfrats, pour qu’en fin de compte, nous les voyions quelques mois plus tard en liberté et ils trouvent le moyen de nous provoquer de temps à autre», confie un inspecteur de la banlieue est d’Alger. Un état de fait démotivant.«Déjà nous avons remarqué que les jeunes de moins de 20 ans sont de plus en plus tentés par la délinquance et sont violents. Derrière chaque agression se cache un adolescent dans la plupart des cas, de nouveaux arrivants en quelque sorte, le mois de Ramadhan est le point culminant, les anciens tentent de récupérer le terrain, les nouveaux s’affirment et cherchent un titre que seule la prison peut apporter, cela s’appelle «zenda», la suite vous la connaissez», analyse un gendarme de Rouiba.
Dans la capitale, les forces de sécurité arrêtent chaque jour au moins une dizaine de récidivistes. «Nous les connaissons, la plupart sont récemment graciés. On joue presque au chat et à la souris, que voulez-vous qu’on fasse», s’exclame un policier de Bachedjerrah.
Zouheir Aït Mouhoub
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Coupures d’électricité : 6 millions d’Algériens affectés
Constantine, Tizi Ouzou, Alger…, la grande majorité des wilayas sont touchées par les coupures d’électricité. Sonelgaz met en cause l’utilisation abusive de climatiseurs. Mais en réalité, c’est tout le système qui est en panne, de l’absence de décision de l’Etat au manque de civisme des consommateurs en passant par la vétusté du réseau.
Le prix de l’électricité est trop bas
«L’augmentation du prix des tarifs de l’électricité est inévitable, mais l’Etat tarde à prendre la décision par peur de provoquer des troubles au sein de la population, explique un cadre de Sonelgaz qui a requis l’anonymat. En retardant cette décision, c’est l’avenir de l’entreprise qui est hypothéqué.» Plombé par une dette qui avait atteint 380 millions de dinars en 2010, l’entreprise continue de fonctionner grâce à l’aide financière que lui accorde l’Etat. Cette situation a poussé Noureddine Boutarfa, PDG de l’entreprise, à monter en première ligne pour demander aux pouvoirs publics une révision des tarifs de l’électricité d’autant qu’à l’horizon 2017, l’Algérie aura besoin d’investir 18 milliards d’euros pour doubler ses capacités actuelles de production, de transport et de distribution de l’électricité. M. Bouterfa considère à ce propos que la rationalisation de la consommation de l’électricité ne peut se concrétiser sans une augmentation des tarifs, surtout que ces derniers, qui n’ont pas bougé depuis 2005, doivent être revalorisés de 11% chaque année pour pouvoir financer les investissements liés à l’augmentation de la capacité de production. «Il n’y a pas de politique d’économie d’énergie sans politique des prix. Nous aurons un rendez-vous avec les augmentations», a-t-il averti.
«Cette solution permettra d’inciter à plus d’économie d’énergie. Et l’économie d’énergie est le meilleur gisement d’énergie», confirme Abdelmadjid Attar, ancien ministre des Ressources en eau. Pour autant, une augmentation des prix ne doit pas se faire au détriment de tous les consommateurs, selon l’économiste Abderrahmane Mebtoul. «Il faut créer une chambre de compensation pour redistribuer l’aide aux foyers qui en ont besoin pour payer cette énergie», estime l’économiste. Cette aide doit se faire en fonction des revenus, selon lui. Mais elle nécessite une mobilisation gouvernementale. «Il faut enquêter pour connaître les besoins réels de la population. Or, le gouvernement n’a pas de système d’information. Il ne régule rien et distribue des subventions à tout le monde», déplore Abderrahmane Mebtoul.
L’état a réduit ses investissements (vers Sonelgaz)
Compte tenu des prix réduits de l’électricité, Sonelgaz n’obtient les crédits nécessaires à son développement que grâce à l’Etat. «De gros investissements auraient dû être faits il y a dix ans, en matière d’accroissement des capacités de production en fonction d’une projection des besoins», regrette Abdelmadjid Attar, ancien ministre des Ressources en eau. «Il est difficile de rattraper 5 à 10 ans de retard dans ce domaine», ajoute-t-il. En rendant publics les besoins en financement de Sonelgaz pour les prochaines années, le PDG de Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, prend à témoin les Algériens sur les besoins d’investissements auxquels son entreprise est tenue de faire face pour assurer un été sans délestage. Dans une déclaration faite à un média public, le PDG a estimé que son groupe aura besoin de 3000 milliards (mds) de dinars d’ici à 2020 (40,5 mds de dollars) pour mener à terme ses investissements. «D’ici à 2020, nous avons besoin de 3000 mds de dinars, soit 300 mds de dinars annuellement», a-t-il indiqué. C’est le prix à payer pour éviter l’embrasement de la contestation lors des coupures d’électricité.
La consommation d’électricité estivale bat des records
Pendant la saison estivale, la consommation électrique en Algérie augmente très fortement. Cette hausse est principalement due à l’utilisation des climatiseurs, selon la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG). Le taux de climatisation est passé de 13,8% en 2008 à 32% en 2010. La consommation augmente de manière spectaculaire en cas de fortes chaleurs. «A titre d’exemple, explique un cadre de la CREG, la consommation a diminué de 1600 MW entre le 10 et le 24 juillet 2012, après une baisse sensible des températures.»
Cette importante différence s’explique par trois facteurs, selon la CREG. D’abord, la «culture du confort» a changé et un lieu climatisé est synonyme de meilleure productivité. Ensuite, la plupart des appareils vendus sur le marché à bas prix sont inefficaces et consomment beaucoup. Enfin, le citoyen ne prend pas en compte l’augmentation de la consommation énergétique dans son utilisation du climatiseur. Dans ces conditions, les experts affirment qu’il est difficile de gérer une augmentation brutale de la demande en électricité. «Même dans les pays développés, une augmentation de 30% de la consommation provoque des délestages», affirme l’économiste Abderrahmane Mebtoul.
Sonelgaz est toujours en situation de monopoleEn économie, l’absence de concurrence est considérée comme un frein au développement. Pourtant dès sa nomination, en 2004, à la tête de l’entreprise par Chakib Khelil, Noureddine Boutarfa a pour mission de restructurer l’entreprise pour la rendre plus attractive. Pour cela, il peut s’appuyer sur la loi de février 2002 relative à l’électricité et à la distribution du gaz, qui prévoit la fin du monopole réservé à Sonelgaz afin de mieux préparer l’Algérie à ses obligations internationales. Malgré cela, les investisseurs étrangers de l’énergie rechignent à investir dans un secteur qui demande énormément d’investissements et dont les dividendes ne peuvent être escomptés qu’à long terme. Le PDG de Sonelgaz doit aussi accepter des tarifs bloqués depuis 2005, par un pouvoir qui a peur d’une explosion sociale, alors qu’il milite depuis son arrivée pour une augmentation du prix de l’électricité, considérant que les ménages payent à peine 75% du coût du kilowattheure, et que pour les industriels, le prix du gaz représente le dixième de ce qu’il devrait être.
En réalité, cette ouverture, décidée et voulue par l’ancien ministre Chakib Khelil, va provoquer un tollé dans certains cercles du pouvoir qui voyaient en cette loi les prémices d’une privatisation de l’entreprise. Après le limogeage de Chakib Khelil, le président de la République décide de verrouiller le capital de Sonelgaz en dotant l’entreprise d’un nouveau statut qui ferme la voie définitivement à toute possibilité de privatisation, même partielle de l’entreprise. Celle-ci est toujours en situation de monopole sur le marché de l’électricité. Mais certains ne considèrent pas cette situation comme handicapante. «Il y a 10 ans, on a cru qu’on pouvait développer le secteur de l’électricité à travers le partenariat avec des producteurs-investisseurs étrangers. On voit le résultat aujourd’hui», explique Abdelmajid Attar, ancien ministre des Ressources en eau.
Des vols, des destructions et des branchements sauvages
La direction de Gué de Constantine de la SDA aurait enregistré à elle seule, durant le premier semestre 2012, 14 vols d’équipements d’une valeur de 5 millions de dinars, et qui ont causé 8 heures de coupure pour chaque vol. Les différents opérateurs de l’électricité affirment tous que les travaux en sous-sol, réalisés par Seal notamment, dégradent régulièrement le réseau électrique souterrain. Sonelgaz enregistre chaque année 400 cas de dégradation de ses équipements. Ajoutez à cela la fraude à l’énergie qui pénalise l’entreprise. «A Bologhine, il y a une centaine de sites de bidonvilles répertoriés dans la localité qui échappent à tout contrôle, reconnaît un cadre de l’entreprise. Tous ces bidonvilles s’alimentent frauduleusement par des branchements sur les compteurs. Cette situation est la cause de nombreuses pannes auxquelles l’entreprise doit faire face. Ce qui est le plus révoltant, c’est la passivité des autorités face à ce problème. Lorsque nous demandons la présence des forces de l’ordre pour effectuer les travaux de réparation, elle nous est refusée sous prétexte que cela ne fait pas partie de leurs missions. En réalité, les autorités ne veulent pas intervenir de peur de devoir affronter la population de ces bidonvilles.»
Le réseau de transport de l’électricité est trop fragile
«La production électrique en Algérie est suffisante, affirme Aziz Ameyoud, directeur au sein de l’Opérateur système électrique. Mais le réseau de transport de l’électricité peut être affecté par une ligne qui se décroche, du fait d’une défaillance ou d’un phénomène naturel.» Dans le sud du pays notamment, les lignes à haute tension ne sont pas suffisantes. Sonelgaz devrait par conséquent construire deux nouvelles centrales électriques, à Biskra et à El Oued. «Le problème sera éradiqué», affirme Aziz Ameyoud. Sauf que ces problèmes se multiplient dans le pays. A Constantine, 80 000 foyers ont été privés d’électricité dimanche dernier à cause d’une panne. A Alger, c’est une défaillance au niveau d’un poste d’alimentation de haute tension qui a plongé 2 millions d’habitants dans le noir. Le réseau semble craquer de toute part.
Les plans d’investissement ne sont pas appliquésLe plan d’investissement 2012 n’a pas encore atteint la moitié de ses objectifs, selon le PDG de la Société de distribution de l’électricité et du gaz d’Alger (SDA). Abdelkader Boussourdi met en cause «la lourdeur administrative liée à l’obtention des autorisations de travaux de sous-sol et des assiettes foncières nécessaires pour la création de nouveaux postes électriques».
Des projets impossibles à réaliser
A défaut de régler les problèmes de délestage que subissent les Algériens, le PDG de Sonelgaz préfère élaborer de grands projets pour le long terme. Dernièrement, l’entreprise a annoncé des projets de développement pour les vingt prochaines années, pour un coût total de 74 milliards de dollars. Ces projets devraient permettre à Sonelgaz de produire, à l’horizon 2030, 40% de l’énergie consommée à partir de l’énergie solaire. «Noureddine Boutarfa est un PDG compétent et avisé, mais qui ne décide rien. En Algérie, un gestionnaire est là pour appliquer les décisions qui lui sont imposées par l’Etat, le plus souvent en dehors de toute logique économique. L’entreprise n’arrive même pas à se faire rembourser les créances qu’elle détient auprès des administrations et qui creusent son déficit depuis des années. En 2011, ce défit a atteint 55 milliards de dinars. C’est pour cela que je doute de la viabilité de ses projets», constate un ancien cadre de l’entreprise. Les commerçants réclament 12 mois d’électricité gratuite
Le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar demande Un an d’électricité gratuite pour les commerçants. Plus de 400 000 commerçants ont été touchés par les coupures de courant occasionnant une perte sèche de 3 milliards de dinars sur leurs bénéfices, selon les estimations établies par UGCAA. «Les commerçants savent qu’il leur sera difficile de se voir remboursés rapidement leurs pertes. Ils demandent à être exonérés de facture électrique pendant une année. Il y a des risques que certains écoulent sur le marché informel leurs produits périmés pour compenser leurs pertes», avertit Boulenouar Hadj Tahar.
Par ailleurs, le porte-parole de l’UGCAA condamne les lenteurs administratives auxquelles les 13 000 boulangers sont confrontés pour l’acquisition de groupes électrogènes. «Certains boulangers attendent depuis une année que leur indemnisation soit effective. Cette indemnisation devrait se faire sous la forme d’une aide pour l’acquisition de groupes électrogènes», constate M. Boulenouar.Dernière minute :
La plus grande partie d’Alger a été plongée dans le noir, mercredi aux environs de 22h. 350 000 foyers sont restés sans électricité pendant deux heures. La pollution, l’humidité et le brouillard seraient à l’origine de la coupure, selon le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité(GRTE), filiale de Sonelgaz. «Ce manque de tension partiel a été causé par l’accumulation de pollution naturelle et celle due à la fumée dégagée par les feux de forêt, aggravées par des conditions atmosphériques exceptionnelles observées hier dans les régions traversées par les lignes très haute tension», a indiqué hier le GRTE.
Salim Mesbah / Yasmine Saïd -
350 000 foyers privés d’électricité à Alger mercredi soir pendant deux heures Les explications de Sonelgaz
Sonia Lyes
La pollution, l’humidité et le brouillard sont à l'origine de la chute de tension ayant affecté la moitié de la capitale dans la nuit de mercredi à jeudi (lire), selon le Gestionnaire du réseau de transport d'électricité (GRTE), filiale de la Sonelgaz. « Ce manque de tension partiel a été causé par l'accumulation de pollution naturelle et de pollutions dues à la fumée dégagée par les feux de forêts aggravées par des conditions atmosphériques exceptionnelles (taux d’humidité et un brouillard très dense) observées hier dans les régions traversées par les lignes très haute tension », a indiqué ce jeudi le GRTE dans un communiqué repris par l’APS.
Près de 350 000 foyers (soit la moitié de la consommation de la capitale) ont été privés d'électricité hier mercredi à 22 h 39 dans la région d'Alger suite au déclenchement successif de plusieurs lignes très haute tension alimentant la capitale, a précisé le GRTE. « En moins de deux heures, l'ensemble des foyers ont été progressivement rétablis. Le dernier foyer coupé a été repris à 0 h 30 », a-t-il ajouté.
Selon cette société, un programme de dépollution sous tension a été mis en œuvre pour éviter les risques de déclenchement dans des conditions atmosphériques similaires à celles observées dans la soirée de mercredi. Toutefois, elle a déploré l’insuffisance de moyens face à « l’ampleur du phénomène et l’importance des réseaux affectés ». Le recours au lavage sous tension par hélicoptère, mis en place par le GRTE, tarde à être opérationnel en raison du retard dans l’acquisition de l’appareil (prévu pour le 18 juillet, il a été réceptionné mardi dernier) et des autorisations nécessaires pour le survol, selon le GRTE.
Par ailleurs, la fourniture d’électricité, interrompue depuis lundi dernier dans de nombreuses zones de Constantine, a été rétablie dans la soirée de mercredi à jeudi dans la plupart des quartiers et des cités de la ville, selon l’APS. Le rétablissement total de l’énergie électrique dans toute la ville est prévu dans le courant de la journée de jeudi. Après les coupures de courant enregistrées depuis lundi, des habitants de plusieurs quartiers de Constantine avaient exprimé leur mécontentement, notamment en bloquant des routes. -
Sécurité et mouvements de populations
Par : Mustapha Hammouche
L’Algérien vit dans la peur, du moins dès qu’il quitte sa zone sécurisée, c’est-à-dire sa maison, son lieu de travail ou leur proche périphérie. Il a du mal à s’en éloigner et quand il doit s’en éloigner, il s’assure préalablement de la sûreté des voies qu’il doit emprunter.
L’automobiliste conçoit, désormais, son véhicule autant comme un abri personnel mobile que comme un moyen de déplacement. Ce qui explique l’engouement féminin jamais égalé pour la voiture.
L’Algérien se fixe, à lui et à sa famille, ses propres horaires de “couvre-feu” et ses “zones interdites”, selon la terminologie léguée par l’épreuve coloniale. Il les délimite dans le temps et dans l’espace en fonction de sa perception de l’évolution horaire et de la géographie et de l’insécurité. Il répond ainsi à la structuration de la vie quotidienne telle qu’elle découle de l’organisation sécuritaire de l’Etat. Il emprunte les itinéraires qui passent par les avenues et les sièges d’institutions bénéficiant de surveillance aux heures où cette surveillance est en cours.
Ces stratégies individuelles finissent par converger ; confluent souvent en même temps aux mêmes endroits. Jusqu’à provoquer des situations ahurissantes du genre de celle qu’on observe rue Didouche Mourad à Alger, chaque soir de Ramadhan : ils affluent en grand nombre qu’ils forment une chaîne de véhicules qui roulent pare-choc contre pare-choc à une vitesse de limaces dans un flot si lent qu’il s’immobilise plus souvent qu’il avance. Et cet étrange manège se réédite chaque nuit. Sur les côtés, des piétons, par groupes se suivent et se croisent dans la même densité que les véhiculent qui occupent la chaussée. Des parents traînent leurs suites familiales ; des couples font semblant de se balader, des bandes de garçons et de jeunes arpentent les trottoirs avec l’insouciance et la gaîté qui sied au bon promeneur ; des badauds tiennent leur quart habituel aux angles de rues et aux entrées d’immeubles ; des escouades de gamins s’agitent au milieu de tous ces passants qui circulent sur un trottoir dallé et dont la crasse est levée par la pisse des climatiseurs avant d’être malaxée par les semelles de marcheurs.
Il paraît que les boutiques d’habits, achalandées en prévision de l’Aïd, attirent les gens sortis faire leurs emplettes en prévision de la fête. Mais la convergence de ces masses de flâneurs en quelques espaces identifiés ne s’explique probablement pas par la seule densité de magasins ; ils semblent aussi poussés par un instinct de conservation : le nombre rassure.
Récemment, le ministre de l’Intérieur évoquant la question terroriste, a affirmé que les villes sont aujourd’hui hors de portée de la nuisance des groupes armés. Contrairement aux villages et la campagne, donc. Dans son mouvement de repli sécuritaire, l’Etat a dessiné une carte sécurité que le citoyen à intégrée. En commençant par s’assurer la protection du personnel politique, des institutions, puis du personnel de sécurité, il a délimité des priorités sécuritaires. Ces priorités se sont étendues à des espaces sociaux dans un ordre que le citoyen a intégré. Et le même schéma qui préserve de la menace terroriste en fonction de la situation géographique s’applique à la carte de la menace délinquante.
Et enfin aux mouvements quotidiens, à moyen et à long terme, des populations. -
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