LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 43
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Au bout de la dérive, le choc
Par : Mustapha Hammouche
On ne change pas une équipe qui gagne. Ou légèrement, si cela s’impose. Partant de cette règle, on peut déduire que le président de la République est globalement satisfait des performances de son gouvernement. On ne sait pas lesquelles, mais lui le sait sûrement. Mais son attachement à l’équipe reste le premier message de ce remaniement. Sur une trentaine de ministres et Premier ministre, on compte quelque six nouveaux noms. C’est donc du neuf avec 80% de vieux, ou du changement à 20%, pour les optimistes.
Le changement de coordinateur n’altère en rien le contenu du message : dans le type de fonctionnement adopté depuis le début du troisième mandat, la qualité du coordinateur est sans effet sur le mode de gestion des affaires publiques. Ouyahia et Belkhadem ne sont pas à leur premier départ, ni à leur premier… retour. Les réjouissances qu’on observe à ce sujet ne se justifient point : en Algérie, les changements d’hommes ne correspondent jamais à des changements politiques, parce que le système s’arrange pour tenir les hommes de changement bien loin des instruments de pouvoir.
Les alternances maison puisent dans le panier géré par le système de clans.
Les deux seules fois où le changement aurait pu se faire, c’était en 1992, avec la victoire du FIS ou l’arrivée de Boudiaf. Dans les deux cas, il en a été décidé autrement.
Le départ de quelques “permanents” de l’Exécutif, même dans des secteurs où l’échec s’était durablement installé, n’a pas de signification politique. La longévité de Benbouzid à la tête d’une éducation bâclée tournait à l’insoutenable aberration, et on n’aurait pas trouvé meilleure doublure à Ould-Abbès que Ziari, par exemple. Et pour colmater les petits vides, on n’a pas été cherché bien loin : parmi les conseillers du Président, par exemple, ou parmi le staff de ministres en vue. Et devant la menace de retrait de la caution islamiste du MSP, on a appelé en renfort un islamiste avéré pour la Communication et maintenu, en plus du désormais chef de parti Ghoul, un ministre du… MSP.
Sur la base de ce faux changement de gouvernement, on peut d’ores et déjà entrevoir que le seul horizon qui préoccupe le sérail est celui des élections présidentielles de 2014. Comme depuis l’Indépendance, et même comme depuis avant l’Indépendance, la question centrale pour le pouvoir est la question du pouvoir. On ne demande donc pas plus à un gouvernement que de contribuer au contrôle de la société pour éviter tout dérapage en termes de paix civile jusqu’à l’échéance prochaine. Pendant ce temps-là, derrière les murs feutrés des états-majors de clans, se concoctent les conspirations et se négocient les alliances. Toutes les convictions sont les bienvenues puisqu’il n’est pas question de projections de l’Algérie dans le futur. Ne pas en avoir — de convictions — constitue même, dans ce contexte, un gage de promotion politique. Il n’y a que des stratégies de pouvoir et nul besoin de stratégies pour l’Algérie. Le pétrole est là pour l’entretien du pouvoir au quotidien.
Dans cette situation, où la gestion du quotidien est au service de l’immobilité politique, il n’y a point de place ni pour la projection, ni pour la prévision. Avec tant d’intérêts claniques à son bord, tout en la regardant dériver, l’Algérie ne relève plus que de la seule théorie du chaos. -
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Algerie: parti tawain triste
AU LENDEMAIN DU DÉPART D’OUYAHIA DU GOUVERNEMENT
Le siège du RND tristement vide10h54. Siège national du RND. Ben Aknoun. C’est le calme plat. Seul le préposé à la réception, deux ou trois employés, un militant de la base à Alger-Centre et un membre du bureau national se trouvaient à l’intérieur. L’onde de choc du remplacement d’Ahmed Ouyahia par Sellal à la tête du gouvernement est fortement ressentie.
Abder Bettache (Alger – Le Soir) - Contrairement aux autres jours de la semaine, où une présence militante est remarquée, hier, quarante-huit heures après le départ d’Ahmed Ouyahia du gouvernement, le siège national du RND était désert. Autre signe qui ne trompe pas : dans le parking du siège, d’habitude occupé par les véhicules des «hauts» responsables du parti et qui, dans d’autres circonstances, grouillait de monde, où seulement trois véhicules étaient garés. Même décor au niveau de la réception qui se trouve au premier étage. Un calme olympique y régnait. Le va et vient, d’il y a quelques jours voire quelques semaines a vite laissé place aux claquements de portes. Ce jour, un vent frais soufflait sur Ben Aknoun. Signe de changement de saison, tant attendu. Le «réceptionniste» passe en revue les commentaires de la presse de ce mercredi. En attendant qu’on lui donne le feu vert, pour qu’on soit reçu par un responsable du parti, il lit attentivement un article de presse ayant trait au devenir de l’ex-Premier ministre. Les conséquences du départ d’Ahmed Ouyahia de la tête du gouvernement se ressentent à tous les niveaux. Moins de cinq minutes après notre demande d’audience, l’accord est donné. «Ça sera M. Bouzeghoub qui va vous recevoir», nous dit-on. Le chargé des élus au sein du bureau national et non moins président de la Commission nationale de préparation des élections locales est le seul responsable national à être ce jour-là au siège du parti.«Ouyahia nous a manqué»
Chargé par le secrétaire général du parti pour préparer les locales de novembre prochain, M. Bouzeghoub est en contact permanent avec les cadres du parti. «Le retour d’Ouyahia redonnera du souffle à notre parti et aux militants», nous dira d’emblée cet ancien officier supérieur de l’ANP. Sexagénaire, Mohand Tahar Bouzeghoub s’attelle depuis juin dernier à réunir les conditions à même de «permettre au parti de retrouver son lustre d’antan». L’enjeu est de taille. La bataille électorale de novembre déterminera, selon lui, les «contours des échéances politiques prochaines ». Pour notre interlocuteur, «c’est à ce niveau que tout se jouera». Bouzeghoub refuse l’idée de défaite du parti après le changement opéré à la tête du pays. Le retour d’Ouyahia à la gestion des affaires du parti, aux yeux de ce responsable, dont on dit qu’il est très proche d’Ahmed Ouyahia, «sera d’un apport considérable». «Il a servi son pays. Aujourd’hui, le temps est venu pour qu’il serve son parti qui à son tour servira le pays», dira-t-il, avant d’ajouter : «La seule période où M. Ouyahia était avec nous, c’était en mai 2006 et juin 2008. Durant ces deux années, nous avons démontré de quoi nous étions capables et la preuve a été donnée. Nous avons sensiblement amélioré le niveau de notre représentation locale. Mais Ouyahia nous a manqué ces dernières années.» Une absence que ce responsable n’a pas voulu expliciter. Il ressort nettement des propos de Bouzeghoub que les résultats enregistrés par le RND lors des dernières législatives et qualifiés de «mitigés» ne sont toujours pas oubliés. Bref, ce cadre du parti rejette l’idée, selon laquelle, son parti accuse les conséquences du remplacement de son secrétaire général à la tête du gouvernement. Selon lui, «l’enjeu est ailleurs» et «l’apparence ne reflète pas la réalité». Notre interlocuteur réitère ses propos : «Ouyahia nous a manqué. C’est un monsieur qui se donne entièrement à son travail.»
A. B. -
Réactions corrosives sur les réseaux sociaux
REMANIEMENT DU GOUVERNEMENT Les réseaux sociaux, plus spécialement Facebook, ont collé à l’actualité encore une fois, en commentant largement la désignation d’un nouveau Premier ministre en la personne de Abdelmalek Sellal et la nomination d’un nouveau gouvernement. Insultes, commentaires acerbes, caricatures et blagues, visant aussi bien l’ancienne que la nouvelle équipe, alimentent ainsi la toile depuis deux jours.
F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - «Bon débarras», «dégagez», «enfin débarrassés de vous» et autres commentaires corrosifs alimentent la toile depuis deux jours après le changement du gouvernement. Nouveau moyen de s’exprimer et de commenter les événements pour les internautes et plus spécialement les jeunes, les réseaux sociaux. Ainsi et juste après l’annonce de la nomination de Abdelmalek Sellal comme Premier ministre, la toile a explosé de commentaires de tous bords. Ce fut par la suite au tour des spéculations et de l’annonce de «rumeurs» ou d’informations «bien tuyautées», pour annoncer que tel ou tel personnalité allait être nommée à la tête de tel ou tel département. Certains, suivant en direct les chaînes nationales privées «briefaient» en direct leurs amis sur les nouvelles nominations avant d’être corrigés tout de suite après ou bien confirmés dans leurs suppositions. Ce sont toutefois Khalida Toumi, Boubekeur Benbouzid et Djamel Ould Abbès qui ont été les vedettes sur Facebook puisqu’ils ont monopolisé la plupart des statuts et des commentaires. Ces membres de l’équipe Ouyahia ont récolté les pires réactions des internautes qui ont multiplié les commentaires hostiles à leur égard à l’annonce de leur départ de l’équipe gouvernementale. «Les facebookistes» ont toutefois déchanté en apprenant que Khalida Toumi était maintenue à son poste de ministre de la Culture. Sur internet, le nom de sa remplaçante a même circulé pendant toute la journée de mardi. Benbouzid, désormais ex-ministre de l’Education, n’a pas été épargné par les commentaires dont le plus utilisé hier était «bon débarras». «Benbouzid quitte le gouvernement combien j’ai aimé cela ?», dira un groupe sur Facebook. L’on a aussi affublé le désormais ex-ministre de la Santé du même commentaire. Au premier, aussi bien les jeunes que les moins jeunes et les parents d’élèves lui imputent le malaise de l’école algérienne. Certains jeunes ont même expliqué leur échec au bac par l’incompétence des responsables. Insultes, commentaires acerbes, caricatures et blagues de toutes sortes, les amateurs de réseaux sociaux ont redoublé d’imagination pour exprimer un ras-le-bol et un malaise social par rapport à une équipe qu’ils considèrent comme perdante. Ils n’y sont pas allés de main morte pour critiquer les nouveaux membres du gouvernement puisqu’ils parlent déjà de reconduction des mêmes responsables et commentent en évoquant le «statut quo». D’autres parodient la nouvelle équipe gouvernementale en assurant qu’elle «promet plus de coupures d’électricité et d’eau, une nouvelle crise alimentaire et un autre fiasco diplomatique».
F.-Z. B. -
on prend les memes et recommence:rien à changer
Le reste sans changement ?
Par : Mustapha Hammouche
Des confrères plus qualifiés ont trouvé et trouveront encore des raisons à la pertinence du choix du nouveau Premier ministre. Il est vrai que, dans le contexte d’une tendance générale à la prévarication dans les secteurs à hauts investissements, celui qui sort indemne de scandales de corruption mérite d’être signalé. Mais ni cela, ni les réels progrès dans l’approvisionnement en eau potable, ni la bonhomie de la personne ne suffisent à résumer le sens politique d’une nomination.
Sur ce plan, on observe d’emblée que le “raz-de-marée” organisé du FLN aux dernières législatives n’a pas influencé la décision du Président. Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le pouvoir est organisé de sorte que l’Exécutif soit totalement “indépendant” du législatif, dont le rôle est de parapher les décisions du premier. Dans ce mécanisme, le gouvernement, à son tour, ne constitue une entité institutionnelle que lorsqu’il est réuni en Conseil des ministres et le Premier ministre servant de coordinateur pour les seules opérations interministérielles.
Le ministre de la Santé a eu à le rappeler à Ouyahia quand, en octobre 2011, celui-ci l’interpellait très officiellement sur ses responsabilités dans le marasme du secteur : “Je suis le premier et l’unique responsable du secteur de la Santé. Il n’y a aucun différend entre le Premier ministre et moi. Il est désigné par le président de la République et moi aussi. Lui est chargé de la coordination entre les différents ministères. Et chaque ministre travaille selon une feuille de route définie par le président de la République”, répliquait Ould-Abbès.
Tout le système, formellement finalisé avec la révision constitutionnelle de 2008, est basé sur ce faisceau d’obédience directe des institutions envers le Président. Il n’y a plus de fonctions politiques à prérogatives propres. Ni même de commis de l’État, puisque les instances d’arbitrage constitutionnel, monétaire, etc. sont réduites à un rôle d’exécution. Les organes-relais n’ont plus de prérogatives d’interprétation ou d’adaptation du “programme du Président” et, eux comme leurs subdivisions opérationnelles, attendent les instructions détaillées sur leurs tâches. Qui ne viennent pas toujours. Ce qui peut expliquer la paralysie de la machine État et ce que le tout nouveau président de l’Assemblée nationale, lui-même, appelle un “état d’hibernation”.
Peut-être que son efficacité exécutive servira à Sellal pour “mettre du mouvement dans le statu quo”, comme dirait l’autre, mais ce n’est pas là qu’il faut chercher les raisons de sa promotion. Pas plus que dans la configuration politique de la nouvelle Assemblée, dont la composante est, indépendamment des appartenances partisanes, formatée dans le moule qui fait des élus des exécutants. Elles se trouveraient plutôt dans sa pratique de la relation directe au Président, à l’occasion des campagnes électorales qu’il a dirigées.
Comme un message d’un autoritarisme résolu, la première APN de “la réforme” doit cohabiter avec un Premier ministre qui n’a eu, ni à dévoiler ses convictions politiques ni à se soumettre au vote populaire. “L’objectif principal” de Sellal est, dit-il, “de poursuivre l’application du programme du président de la République sur le terrain”. Ce que faisait son prédécesseur. Un nouveau gouvernement donc, et le reste… sans changement ? -
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Ce que pense la Banque mondiale de l’économie algérienne
DÉCODAGES
Par Abdelmadjid Bouzidi
abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr
L’économie algérienne attend toujours la définition de la voie qu’elle doit suivre pour être en mesure de prendre en charge les énormes besoins des Algériens, et singulièrement l’emploi pour les plus jeunes d’entre eux et dont l’avenir se prépare maintenant. Nous avions déjà eu l’occasion de souligner l’absence de projet économique dont souffre notre pays et surtout de rappeler que ce problème se pose depuis trop longtemps sans trouver à ce jour de réponse. Quelles en sont les causes ? Aucune explication à cette tare ne peut convaincre, le pays dispose de ressources financières, de ressources humaines qualifiées, d’expérience dans le développement économique... Tout se passe actuellement chez nous comme si de mauvais esprits bloquent, en ne sait pourquoi, toute la machinerie de l’Etat et découragent les volontés les plus tenaces de nos meilleurs entrepreneurs. Le diagnostic de la situation économique a été fait maintes et maintes fois. Les remèdes et le schéma thérapeutique peuvent effectivement différer d’une «école» à une autre, mais ce que l’on n’arrive pas à expliquer, c’est cette absence de volonté de mettre tout sur la table, de délibérer, de trancher et décider, et se mettre au travail ! Le diagnostic établi par la Banque mondiale peut constituer une base de réflexion et de débat sur ce qu’il y a lieu de faire et surtout de ne pas faire. Nous pouvons, en effet, à partir de ce diagnostic, dont on connaît les options idéologiques qu’il faut «déflater », évaluer les perspectives économiques de notre pays et définir une démarche de reconstruction réaliste et concrète.
Quelle évaluation fait la Banque mondiale de l’économie algérienne ?
L’institution financière mondiale commence par identifier ce qu’elle considère comme les principaux handicaps de l’économie algérienne. Elle en dénombre cinq :
1/ Les secteurs hors hydrocarbures manquent de dynamisme et certains d’entre eux sont en déperdition.
2/ La productivité globale des facteurs est faible (y compris en comparaison à celle des pays voisins).
3/ La performance de l’économie algérienne dépend fortement de celle du secteur des hydrocarbures, secteur instable et volatile.
4/ La poursuite incessante de financement budgétaire d’entreprises publiques structurellement déficitaires réduit considérablement les ressources disponibles pour les entreprises privées et pour les autres secteurs (effet d'éviction).
5/ L’économie algérienne souffre d’un mauvais climat des affaires. Cette évaluation est juste. Elle est incontestable et a été maintes fois établie. La Banque mondiale en tire une première conclusion : la gestion macro-économique à moyen terme est bien difficile en Algérie.
Dans ce sens, il y a lieu de signaler le plus gros problème auquel doit faire face l’Algérie et qui est celui de la «soutenabilité budgétaire à long terme» : d’énormes dépenses d’investissements publics ont été engagés. Ces investissements vont générer des coûts de maintenance, d’entretien et de fonctionnement récurrents ; la masse des salaires de la Fonction publique est appelée à augmenter sous l’effet des recrutements et de la création de nombreux nouveaux postes de travail. Comment gérer la nature épuisable des hydrocarbures et conséquemment la non-pérennité des ressources financières de l’Etat face à la forte pression qu’exercera sur la dépense publique, une demande sociale explosive. Dans un tel contexte, les politiques macro-économiques préconisées par la Banque mondiale sont connues. Elles ont pour principal objectif de gérer la volatilité des recettes des hydrocarbures en surveillant les dépenses publiques et en faisant fructifier les excédents des recettes d’exportation des hydrocarbures dégagés en période favorable. On retrouve là le Fonds de stabilisation des recettes et les placements financiers des excédents que l’Algérie pratique ces dernières années. Ces instruments sont censés permettre à l’Algérie d’assurer à long terme et de manière régulière un niveau de dépenses défini rigoureusement. Pour la Banque mondiale, la politique de «stop and go», suivie jusqu’à présent par l’Algérie et qui consiste pour l’Etat à investir en période faste et à contrôler rigoureusement la dépense en période défavorable, n’est pas la bonne démarche. Pour la Banque mondiale, la «règle d’or» est d’assurer la stabilité budgétaire. La politique économique à suivre doit impérativement respecter la contrainte budgétaire et «une saine gestion budgétaire consiste à épargner une partie des flux épuisables des revenus afin de préserver la consommation des générations futures après l’épuisement des recettes d'hydrocarbures». Ce passage extrait du document de la Banque mondiale est tout à fait significatif de la logique orthodoxe de cette institution : l’avenir des générations futures est assuré non pas par l’investissement mais par l’épargne thésaurisée ! Cette politique macro-économique prudente doit être accompagnée, selon la Banque mondiale, par une forte impulsion des secteurs hors hydrocarbures à qui il revient de tirer la croissance pour les années à venir. Cela exige un bon climat d’investissement, une meilleure compétitivité internationale. C’est le secteur privé qui doit jouer le rôle central et l’Etat doit le stimuler par des réformes structurelles rendues aujourd’hui possibles grâce aux ressources financières disponibles. Compétitivité, diversification et croissance économique sont les mots-clés de la stratégie à moyen terme que préconise la Banque mondiale pour notre pays. Il s’agit de travailler à faire de l’économie algérienne une économie exportatrice de biens manufacturés et de services. Seul le secteur privé soutenu par l’Etat peut gagner cette bataille. Est-ce que la politique économique actuelle du gouvernement algérien va dans ce sens ? Et est-ce qu’elle doit aller dans ce sens ? Question on ne peut plus cruciale aujourd'hui plus qu’hier. Les économistes orthodoxes de notre pays, et il y en a, sont pour le respect de la «règle d’or» de l’équilibre budgétaire, et les mots austérité et rigueur ne leur font pas peur. Au contraire, c’est là que résident les conditions des succès à venir. Le gouvernement, pour sa part, a aussi à gérer les mouvements de rue, la recherche de légitimité. Il cherche à concilier efficacité économique et solidarité sociale, investissements productifs et transferts sociaux, croissance économique et politique sociale. Il n’y arrive pas encore, avance puis recule, tâtonne, hésite et tout cela a un coût qui risque de devenir ingérable.
A. B. -
ouyahia
Le départ d’Ouyahia du Premier ministère constitue-t-il, à vos yeux, un changement d’orientation politique ? -
La fin d’un clan et naissance d'un autre!!!!!
Arrivés aux premières heures de l’élection de Abdelaziz Bouteflika en 1999, ceux qui furent désignés sous de multiples appellations quittent un à un le navire.
Le départ du gouvernement de Noureddine Yazid Zerhouni, Abdelhamid Temmar et à un autre degré de Abdelaziz Belkhadem semble signifier la fin d’une époque. Souvent désignés comme membres du «clan présidentiel», ils ont, avec Chakib Khelil, constitué l’ossature du système Bouteflika. C’est en effet à travers des membres du premier cercle que Bouteflika a posé les bases de son pouvoir. En verrouillant l’un des plus importants corps de sécurité (la police) et l’administration locale à travers Yazid Zerhouni, le président s’est immédiatement mis en situation de construire un maillage efficace lui permettant d’accéder à l’Algérie profonde qui le lui rendra bien lors de ses différentes réélections. La bonne parole économique sera, quant à elle, portée par Abdelhamid Temmar dont les décisions à l’emporte-pièce dans les secteurs industriels et des services auront finalement eu raison de sa carrière. Relégué à un poste de «chef prospectiviste», il quitte le gouvernement sans gloire. C’est à Chakib Khelil que sera dévolu le rôle de patron du pipe à pétrole et ce qui en découle. Celui qui avait fini par mettre en place un système de prédation à grande échelle, et sur lequel Bouteflika s’appuyait, dans ses rapports avec les Américains, sera le premier à affaiblir le clan présidentiel à travers un limogeage précipité, consécutif à des scandales sur des affaires de corruption touchant l’énergie, unique ressource du pays. L’absence de Belkhadem dans le gouvernement Sellal relève, quant à elle, d’une autre problématique. Réputé proche de Bouteflika, il fait probablement les frais d’une volonté de donner au nouveau gouvernement une dimension plus technique que politique. C’est aussi, peut-être, une manière de lui délier les mains et de lui permettre d’être plus critique à l’égard d’un Exécutif dans lequel le FLN n’est partie prenante que dans de très faibles proportions. En quittant l’Exécutif les uns après les autres, les fidèles de Bouteflika ont-ils terminé leur mission ? Le clan présidentiel qui a été dans ses meilleurs jours un instrument politique, économique et électoral redoutable ne paraît plus avoir une feuille de route conséquente. Le Président lui-même, ne donnant pas l’impression de se donner de nouvelles ambitions, a fini par mettre fin à l’existence d’un groupe devenu, sous nombre d’aspects, particulièrement encombrant.
Mokhtar Benzaki -
Benbouzid, Djiar, Khaldi, Djaâfar, Barkat, Ould Abbès remerciés
Ils quittent l'exécutif
C’est sur un simple coup de téléphone que les ministres El Hachemi Djiar, Boubekeur Benbouzid, El Hadi Khaldi, Nouara Saâdia Djaâfar, Saïd Barkat, Djamel Ould Abbès, Noureddine Moussa, Abdellah Khanafou, Nacer Mehal et Halim Benatallah ont été remerciés hier.
Le poste de vice-Premier ministre a été supprimé. Yazid Zerhouni et Abdelaziz Belkhadem ne figurent pas dans la nouvelle équipe gouvernementale. De nouveaux et revenants ministres font leur apparition au sein de ce gouvernement, il s’agit de Mohamed Charfi au poste de ministre de la Justice, de Abdelmadjid Tebboune à l’Habitat. Dans le changement, opéré sur la composante de l’Exécutif, le ministère de la Santé aura un nouveau locataire, Abdelaziz Ziari. Amara Benyounès sera désigné au poste de l’Environnement et l’Aménagement du territoire, alors que Mohamed Saïd Belaïd a été désigné pour s’occuper de la Communication. Mohamed Mebarki, chef de cabinet du président du Conseil de la nation, a été désigné à la Formation professionnelle.
Musptapha Benbada, du MSP, est revenu au Commerce en dépit de la décision de son parti de se retirer du gouvernement. Baba Ahmed Abdellatif, recteur de l’université de Blida, gèrera le secteur de l’Education. Amar Ghoul le «très médiatique» et ne faisant pas consensus sera reconduit au poste de ministre des Travaux publics, et Mohamed Taâmi est désigné ministre de la Jeunesse et des Sports. Mohamed Benmeradi est chargé du Tourisme. Ce n’est pas le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui a pris la peine d’appeler les membres de l’Exécutif pour leur signifier leur départ du gouvernement, mais Abdelmalek Sellal, le nouveau Premier ministre, désigné lundi à la tête de l’Exécutif en remplacement d’Ahmed Ouyahia, qui a eu à s’en charger. «M. Sellal ne nous a pas convoqués dans son bureau. Il nous a appelés par téléphone pour nous annoncer de la manière la plus correcte, la décision de notre limogeage», explique un des ministres remerciés qui a voulu garder l’anonymat.
M. Sellal a transmis aux ministres partants le message du président Bouteflika les remerciant pour le travail fourni et les efforts déployés dans leurs secteurs respectifs, tout en leur demandant de rester à la disposition de la République pour toute autre éventuelle mission. «M. Sellal m’a demandé d’assister le nouveau ministre dans ses fonctions. J’ai répondu favorablement et j’ai expliqué que j’étais et je serai toujours au service de mon pays», a affirmé l’un des ministres qui ignorait lundi dans la soirée s’il était maintenu ou pas au sein de l’équipe gouvernementale. «Ce n’est que dans l’après-midi de lundi que nous avons appris le départ d’Ouyahia, nous avons été informés de bouche à oreille.
Le président de la République avait préparé la composante du nouveau gouvernement dans la discrétion», explique un ministre sortant, précisant qu’après l’annonce d’un remaniement, aucun ministre ne disposait de la liste comportant le nouveau gouvernement. Dans le changement opéré sur la composante de l’Exécutif, Boubekeur Benbouzid, le ministre ayant la plus grande longévité dans un poste ministériel, quitte ainsi l’Exécutif et sera remplacé par Baba Ahmed Abdellatif, recteur de l’université Saâd Dahleb de Blida. Autre nouveauté, la suppression du poste de ministre délégué chargé de la Condition féminine qu’occupait Mme Nouara Djaâfar. «M. Sellal m’a appelée, m’a d’abord remerciée pour le travail effectué au niveau de mon département et m’a informée que le département que j’occupe a été supprimé.
Personnellement, je pense que j’ai donné le meilleur de moi-même et je souhaite du courage au ministre qui sera désigné au poste de la Solidarité et de la Famille», a affirmé Mme Djaâfar, précisant au passage qu’elle n’a aucune information sur la nouvelle équipe gouvernementale issue du remaniement. Mellah Belkacem, conseiller auprès du ministre de l’Education nationale, est désigné comme secrétaire d’Etat chargé de la Jeunesse, Rachid Harraoubia revient au ministère de l’Enseignement supérieur, alors que Mme Souad Bendjaballah, qui était ministre déléguée auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chargée de la recherche scientifique s’est vu accorder le département de la Solidarité et de Famille. Tayeb Louh revient aussi à l’Exécutif pour occuper le poste de ministre du Travail, alors que Cherif Rahmani s’est vu attribuer le poste de ministre de l’Industrie. Le secrétaire général du ministre des Travaux publics, Hocine Necib, est désigné pour remplacer Abdelmalek Sellal au département des Ressources en eau.
Liste du nouveau gouvernement :
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a nommé hier, après consultation du Premier ministre, les membres du nouveau gouvernement que dirige le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, a annoncé un communiqué de la présidence de la République. «Conformément aux dispositions de l’article 79 de la Constitution, Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a pris, ce jour, après consultation du Premier ministre, un décret présidentiel portant nomination des membres du gouvernement», a indiqué le communiqué de la présidence de la République. Sont nommés Mesdames et Messieurs :
- Abdelmalek SELLAL,
Premier ministre
- Abdelmalek GUENAÏZIA, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale
- Daho OULD KABLIA, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales
- Mourad MEDELCI, ministre des Affaires étrangères
- Mohamed CHARFI, ministre de la Justice, garde des Sceaux
- Karim DJOUDI, ministre des Finances
- Youcef YOUSFI, ministre de l’Energie et des Mines
- Hocine NECIB, ministre des Ressources en eau
- Bouabdallah GHLAMALLAH, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs
- Mohamed Cherif ABBAS, ministre des Moudjahidine
- Amara BENYOUNES,
ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville
- Amar TOU, ministre des Transports
- Abdelatif BABA AHMED, ministre de l’Education nationale
- Rachid BENAÏSSA, ministre de l’Agriculture et du Développement rural
- Amar GHOUL, ministre des Travaux publics
- Souad BENDJABALLAH, ministre de la Solidarité nationale et de la Famille
- Khalida TOUMI,
ministre de la Culture
- Mustapha BENBADA, ministre du Commerce
- Rachid HARAOUBIA, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
- Mahmoud KHEDRI,
ministre des Relations avec le Parlement
- Mohamed MEBARKI, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels
- Abdelmadjid TEBBOUNE, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme
- Tayeb LOUH,
ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale
- Abdelaziz ZIARI,
ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière
- Mohamed BENMERADI, ministre du Tourisme et de l’Artisanat
- Mohamed TAHMI, ministre de la Jeunesse et des Sports
Chérif RAHMANI, ministre de l’Industrie, de la Petite et Moyenne Entreprises et de la Promotion de l’investissement
- Moussa BENHAMADI, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication
- Sid Ahmed FERROUKHI, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques
- Mohand Oussaïd BELAÏD, ministre de la Communication
- Abdelkader MESSAHEL, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Affaires maghrébines et africaines
- Bachir MESSAÏTFA, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective et des Statistiques
- Belkacem SAHLI, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger
- Dalila BOUDJEMAÂ, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville, chargée de l’Environnement
- Mohamed Amine HADJ SAÏD, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, chargé du Tourisme
- Belkacem MELLAH, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de la Jeunesse
Par ailleurs, et en application de l’article 78 de la Constitution, Monsieur le Président de la République, a nommé Ahmed NOUI, ministre secrétaire général du gouvernement. (APS) -
L’association ADRA répond au PDG d’air Algérie
Par : Samira BOUABDELLAH
Comme chaque année, dés que la fin de la saison estivale pointe son nez à l’horizon et la rentrée approche, les prix des billets d’avion Algérie / France montent en flèche. En effet, les tarifs exagérés pratiqués par les compagnies aériennes sur les vols internationaux suscitent ces dernières années colère et indignation auprès des Algériens vivant à l’étranger. Après le mouvement citoyen algérien en France (Mcaf), une autre association des Algériens établis en France, en l’occurrence, l’association des algériens des deux rives (ADRA) se mobilise pour dénoncer « les prix excessifs pratiqués par les compagnies aériennes » dans un communiqué rendu public ce samedi 1er septembre. Les membres de l’association ADRA s’interrogent « comment peut on rationnellement justifier de tels prix, parfois allant jusqu’ à 1000 € pour un aller retour PARIS-ALGER, alors que sur une distance comparable dans les autres pays du Maghreb, un aller-retour peut être proposé pour la modique somme de 60 euros ! ». Il précise qu’ « il n’est pas exagéré d’affirmer que pour l’équivalent du prix d’un billet en partance de Paris à destination de l’Algérie, le citoyen pourrait voyager deux fois vers les Etats Unis ou la Chine ». L’association ne reste pas tendre envers le PDG d’air Algérie et affirme que « l’amour que porte la communauté algérienne de France pour son pays, l’Algérie, n’est pas à prouver et ce n’est pas à Monsieur le PDG de la compagnie nationale AIR ALGERIE de donner des leçons de patriotisme. En revanche les questions se posent s’agissant de l’estime que cette compagnie financée par les deniers publics porte aux citoyens algériens ». Par ailleurs, les membres d’ADRA constatent que « cette situation où quelques compagnies oligarchiques se partagent le marché aérien algérien au détriment du consommateur citoyen algérien est insupportable et s’apparente à une véritable prise d’otage. Les algériens immigrés par contraintes économiques depuis près d’un siècle n’ont qu’une terre, l’Algérie. Il est inacceptable que certains de nos concitoyens se privent par contrainte tarifaire d’aller voir leurs familles, leurs défunts et leur terre ! ». Les rédacteurs de la déclaration assurent qu’ils ne peuvent plus « accepter cet état de fait et devons exiger des réponses sur ces pratiques condamnables » et exigent « des responsables de cette compagnie et des compagnies concurrentes de nous expliquer et de justifier cette politique tarifaire ».
Enfin, l’association ADRA conclut son document en dénonçant « fermement cette situation sidérante et invite chacune et chacun d’entre vous à la rejoindre afin d’élaborer une stratégie citoyenne et intelligente afin d’exiger du respect et un traitement auquel l’algérien doit prétendre comme tous les citoyens du monde au nom de la dignité du citoyen et de la transparence dont disposer une grande compagnie comme AIR ALGERIE »
S.B
source :liberte dz
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Western Union en perte de vitesse à Oran
Transfert de devises
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Les devises sont envoyées depuis l’étranger. Le correspondant établi en Algérie reçoit son argent en dinars et la valeur est déterminée en fonction du cours officiel des devises en vigueur le jour même.
Parce qu’il permet un transfert d’argent rapide, presque instantané, le service «Western Union», assuré par la poste mais aussi par quelques banques, a eu un véritable succès auprès des utilisateurs. Pendant longtemps, les guichets ouverts à cet effet ont été pris d’assaut. C’est grâce à cette rapidité qu’une partie des transferts en devises vers l’Algérie, aussi minime soit-elle, échappe au circuit parallèle informel. «De manière générale, la tendance est à la baisse», confie M. Elagag, directeur d’Algérie Poste qui dispose localement de sept centres dont deux à Oran et les autres à Oued Tlelat, Aïn El Turck, Bousfer, Mers El Hadjadj et Bethioua.
L’équivalent de 120 millions de dinars a été transféré durant le premier semestre de cette année contre 196 millions pour la même période de l’année 2011. Il faut savoir que le correspondant algérien reçoit son argent en dinars et la valeur est déterminée en fonction du cours officiel des devises en vigueur le jour même. La monnaie nationale n’étant pas convertible, l’opération est à sens unique. «En général, c’est un membre de la famille installé à l’étranger qui, en fonction des besoins exprimés, préfère utiliser ce procédé pour gagner du temps», indique-t-on au service monétique de la poste. Un même montant transféré par le biais du marché parallèle ferait gagner au correspondant près de 50% de plus en dinars.
Passés le ramadhan et l’aïd (périodes de grandes tensions), les guichets sont momentanément vides.
La poste a enregistré un transfert de l’équivalent de 34, 9 millions de DA en juillet 2011 alors que la moyenne mensuelle du 1er semestre de la même année est de 32 millions, une -
ALGERIE:Informel
Impuissant devant les grands, l’Etat s’attaque «aux petits»
Les pouvoirs publics combattent le commerce informel.
C’est du moins ce qu’ils tentent de faire croire à travers une grande opération coup-de-poing contre les marchés illégaux de la capitale, lancée mercredi dernier après des mois de laxisme. Le ton est donné : désormais c’est la police qui est chargée de la lutte contre l’informel. Au lendemain des émeutes de janvier 2011, qui ont fait 5 morts et des centaines de blessés, services de sécurité et services de l’administration publique ont été instruits de laisser faire dans ce qui est appelé des «mesures d’apaisement». Dans le même sillage, ministres, walis, chefs de daïra et présidents d’APC se sont empressés de multiplier les déclarations dans les médias quant à l’aménagement d’espaces pour la création de marchés de proximité, et ce, pour la réinsertion du «marché informel» dans le circuit légal du commerce.
«Ils nous promettent (les pouvoirs publics) depuis des mois des espaces dans des marchés qui n’ont toujours pas vu le jour et aujourd’hui, ils nous chassent ?», s’interroge Sid Ali, 28 ans, père d’une fillette, vendeur à Belcourt. Même son de cloche chez son désormais ex-voisin d’étal. «Ils ont bien fait leur campagne électorale dans les marchés informels et nous ont promis des tables dans les marchés… Où sont donc ces députés ? Ces responsables qui nous ont appelés à voter massivement le 10 mai dernier pour améliorer notre situation. Aujourd’hui, ils nous envoient la police pour nous chasser. Je leur dis nous n’allons pas nous taire jusqu’à ce que vous nous réinstallez dans un marché proche de notre quartier», prévient Mouloud, 26 ans, de Bab El Oued.
A la DGSN, on affiche plutôt un satisfecit «L’opération d’assainissement du marché informel s’est déroulée dans de bonnes conditions. Aucune altercation n’a été enregistrée avec ces vendeurs», a déclaré le lieutenant Abdelghani Khelil Charef à l’APS. A la télévision d’Etat, la police a agi en réponse aux doléances des citoyens, et les habitants des quartiers ciblés triés sur le volet sont soulagés, voire «heureux d’être enfin débarrassés de ces jeunes voyous». La DGSN a engagé plusieurs unités des forces antiémeute, en tout 1500 agents pour mener à bien cette opération dès les premières heures de la matinée de ce mercredi et ce jeudi.
Mauvaise cible
Pour les jeunes vendeurs, pas le temps de protester. «Tout a été fait tôt dans la matinée. Au réveil, nous avons trouvé nos étals détruits et un dispositif policier gigantesque», indique Samir, 24 ans, de Belouizdad. Samir, Mustapha et Nassim avaient déjà passé commande pour la rentrée scolaire. «Les fournitures scolaires, des tabliers et cartables, cela nous a coûté 100 000 DA, comment nous allons les écouler maintenant ?», s’interrogent-ils. Dans les marchés illégaux algérois, la même question : «Où vendre sa marchandise ?» Pour les familles, «où s’approvisionner ?»Il serait facile de croire que les jeunes vendeurs à la sauvette vont se laisser faire. «Nous allons reprendre nos étals et nos espaces, il s’agit de notre gagne-pain, s’ils veulent nous renvoyer en prison, qu’ils le fassent!», avertissent certains jeunes. Pour les parents, l’Etat se trompe de cible. «Ils n’ont pas de travail, pas de formation, donc aucun débouché professionnel. En ce moment, ils peuvent se taire, car avec les profits engrangés durant le mois de Ramadhan, ils peuvent subvenir à leurs besoins. Mais après ?», explique Ali Meziane, 62 ans, père de 5 enfants.
En effet, l’Etat est impuissant devant «l’alliance de la mafia financière et des barons du commerce», selon les termes du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Pour lui, il est difficile de combattre l’informel, car ce combat pourrait affaiblir la stabilité du pays. Il y a comme un cafouillage dans cette opération médiatico-policière intitulé «Opération coup-de-poing contre l’informel» Les autorités livrent une chasse sans merci aux petits vendeurs à la petite pochette, pendant que les gros barons liés aux sphères de l’Etat continuent en toute quiétude à remplir les gros sacs.
Zouheir Aït Mouhoub
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Education : 10 raisons pour lesquelles l’année va cafouiller
L’année dernière, plusieurs mois de grève ont paralysé le système public, ce qui a poussé les autorités à accorder le bac avec une moyenne de 9,5/20. Si le ministère de l’Education, qui a rencontré les syndicats hier, a promis des améliorations, des défaillances structurelles persistent. A moins d’un miracle, l’année 2012-2013 est vouée à l’échec.
Les classes seront surchargées
La réforme du primaire continue de perturber l’ensemble du système scolaire. En septembre 2008, deux promotions entraient en même temps au moyen. Quatre ans plus tard, elles entrent au lycée. On attend 150 000 élèves de plus que l’année dernière. La conséquence est que les classes de seconde pourraient dépasser 50 élèves par manque d’enseignants, selon les syndicats. «Pour le concours de recrutement, le ministère de l’Education a ouvert 15 000 postes, explique Nouar Larbi, coordinateur national du Cnapest. Ce nombre laisse le taux d’encadrement tel qu’il était l’année dernière !» Ce sureffectif va se répercuter sur le volume horaire des enseignants. «Les professeurs auront un emploi du temps plus chargé pour assurer des cours à tout le monde, ce qui ne va pas améliorer le rendement scolaire», explique Meziane Meriane, secrétaire général du Snapest.
Les infrastructures sont insuffisantes
Le nombre de bâtiments scolaires est inférieur aux effectifs. C’est aussi l’une des raisons de la surcharge des classes. «Le manque de planification de l’Etat est flagrant, interpelle Nouar Larbi du Cnapest. A Birtouta, dans la banlieue d’Alger, on a construit des dizaines de milliers de logements, mais il n’y a qu’un seul lycée !» Ce bâtiment, qui a une capacité d’accueil de 800 élèves, en accueille 2400. «C’est comme si les ministères de l’Habitat et de l’Education ne vivaient pas dans le même pays», s’emporte Nouar Larbi. Le matériel mis à la disposition des élèves lui non plus ne suffit pas. «Alors qu’il faudrait 4 ou 5 laboratoires informatiques dans certains établissements, dans le meilleur des cas, les lycées en possèdent un seul», déplore Idir Archour du CLA.
Les enseignants ne sont pas compétents
Le secteur de l’éducation recrute des diplômés de l’université, titulaires d’une licence, soit trois années d’études supérieures. Un concours plus tard, ces jeunes se retrouvent devant une classe. «Ils ne sont pas formés pour enseigner, regrette Idir Archour du CLA. Pour être enseignant, les connaissances scientifiques ne suffisent pas. Il faut maîtriser la pédagogie et avoir de bonnes notions de psychologie.» Parfois, un professeur n’a plus les capacités d’assurer son cours. Mais comme il ne peut pas être transféré à un autre poste, dans une bibliothèque ou une administration par exemple, il reste responsable de l’enseignement aux élèves. «Nous étions parvenus à un accord sur ces postes spécifiques avec le ministère, mais il n’est pas appliqué sur le terrain», explique Meziane Meriane du Snapest.
Les programmes sont inadaptés
Conçus dans les ministères, les programmes scolaires sont en décalage par rapport à la réalité du quotidien des élèves. «Pour étudier les langues étrangères, les textes proposés ne répondent pas à l’actualité», critique Idir Archour du CLA. Les textes choisis pour les épreuves du baccalauréat en sont la preuve. La politique actuelle n’est pas, en effet, de veiller au bon apprentissage de l’élève, mais de remplir des objectifs bureaucratiques. «Dans toutes les filières, on veut enseigner toutes les matières au détriment des matières principales», ajoute encore Idir Archour du CLA.
La pédagogie n’est pas la priorité du système
Depuis la fin des années 1970, l’école algérienne s’est fermée au débat publique, selon les spécialistes. «Le bourrage de crâne est devenu, à quelques exceptions près, la méthode d’enseignement par excellence, dénonce le pédagogue Mustapha Benkhemou. Il s’agit d’apprendre par cœur et de réciter sans faire de commentaire, au risque d’être taxé de perturbateur. On ne forme pas des futurs citoyens, on produit des sujets de l’autorité.» Selon lui, la plupart des bons élèves auront beaucoup de mal à réussir un sujet de synthèse, alors qu’ils ont des notes supérieures à 15/20.
La violence augmente
La surcharge des classes, les locaux exigus et les difficultés d’apprentissage dans ces conditions vont créer des comportements violents chez les élèves. D’autant que la violence est déjà en augmentation dans la société. «On ne peut pas être seul à enseigner face à 50 élèves sans incident», explique Nouar Larbi. «Ce phénomène (de violence, ndlr) existe, mais on ne fait rien pour le réduire, regrette Idir Archour. Nous avons besoin d’une rencontre nationale avec des spécialistes du secteur. Si on ne fait rien, on court à la catastrophe.» Une augmentation des comportements violents induirait également un malaise dans le corps enseignant, voire une augmentation des cas de dépression, selon les syndicats. Les effectifs de professeurs affaiblis rencontreraient alors encore plus de difficultés.
L’arabisation pose toujours problème
Instaurée dans les années 1970, l’arabisation est toujours la principale source de faiblesse du système éducatif. D’un point de vue pédagogique, l’enfant doit suivre un enseignement dans une langue proche de celle qu’il parle. «Le choix de l’arabe classique comme langue d’enseignement bafoue tous les fondamentaux», constate Mustapha Benkhemou, qui souligne que dire à un enfant que le langage qu’il parle, l’algérien, n’est pas une langue, ne facilite pas l’estime de soi et donc l’envie d’apprendre. Une fois à l’université, le problème s’amplifie. Dans les filières francophones, les étudiants ont de graves problèmes de langue. Dans les filières arabophones, les ouvrages scientifiques nécessaires sont rarement traduits. «Une étudiante en sciences économiques m’a avoué qu’elle n’a jamais pu lire Keynes ou Adam Smith dans le texte», raconte Mustapha Benkhemou.
La question du salaire des enseignants n’est pas réglée
Si le statut particulier des enseignants a été promulgué en juin, les syndicats ne le jugent pas satisfaisant, ni sur les critères de promotion, ni sur les retraites, ni sur les salaires. «L’augmentation n’est pas la question, il faut annexer les salaires sur l’inflation», précise le CLA. Même son de cloche du côté du Snapest : «Vous pensez qu’on peut nourrir ses enfants aujourd’hui avec le SNMG ?», s’emporte M. Meriane. «Les conditions de rémunération et d’existence des personnels de l’éducation sont effectivement désavantageuses», constate M. Benkhemou. «Un statut au moins égal à celui des enseignants maghrébins serait la moindre des choses», ajoute-t-il.
Les syndicats autonomes attendent toujours d’être reconnus par le ministère
Lors des réunions bipartites et tripartites, le ministère de l’Education ne s’assoit que face à l’UGTA et au patronat. Les syndicats autonomes tels que le CLA ou le Snapest ne sont pas reconnus. En l’absence de possibilité de dialogue, les syndicats autonomes choisissent la grève. «C’est notre seule arme pacifique», explique M. Meriane.
Le niveau général des élèves est trop bas pour réussir à l’université
«L’école est restée publique et gratuite, mais elle est médiocre», déplore Idir Archour du CLA qui accuse les autorités de vouloir privatiser l’éducation, en poussant les parents à avoir recours aux cours particuliers privés. Mustapha Benkhemou affirme qu’un jeune Algérien issu du système public arrive «très handicapé» à l’université. D’autant que le secteur du supérieur est lui aussi défaillant. «Aujourd’hui, les étudiants sont abandonnés dès le départ, affirme Yasmina, une étudiante d’Alger. Le nouveau cursus (LMD, ndlr) demande beaucoup de travail et de moyens comme un ordinateur portable et une connexion internet. On laisse les bacheliers se débrouiller tout seul, alors qu’ils n’y sont pas préparés».Yasmine Saïd
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laisser l'accord jusqua extinction du peuple algerien, vous aurez le petrole pour rien
Accord Algérie-UE : échec économique, succès politique !
Par : Mustapha Hammouche
Faudrait-il donc considérer la remise en cause de l’accord d’association avec l’Union européenne en 2002 et entré en application en 2005 comme une victoire nationale ?
Sans être certains de bien traduire les termes des accords, nous pourrions résumer les effets attendus de cette convention à ceci : assurer, par le principe de réciprocité, des avantages tarifaires aux entreprises nationales capables d’exporter vers l’Europe ; inciter les entreprises européennes intéressées par le marché algérien à investir en Algérie et à s’impliquer dans des initiatives de partenariat avec les opérateurs locaux.
En déclarant, avant-hier, que “nous considérons que l’objectif assigné à ces négociations a été atteint et qu’il restait maintenant à valoriser cet acquis dans les politiques sectorielles, et particulièrement dans la stratégie de développement de l’entreprise algérienne”, Mustapha Benbada insinue que ce répit de trois ans pourrait suffire à la mise à niveau des entreprises algériennes et à porter la structure des échanges algéro-européens (hors hydrocarbures) à un niveau plus équilibré. Ce qui n’aurait pas pu se faire en quinze ans (2002-2017) pourrait donc se réaliser en dix-huit ans (en y ajoutant les trois années de sursis) !
Seraient-ce les “politiques sectorielles” et “les stratégies de développement d’entreprises, ou leurs défauts”, qui seraient en cause dans le sous-développement industriel ? Non, il paraît plutôt clair que c’est le rapport de l’État au marché qui piège le décollage industriel et managérial de l’entreprise. Un État qui ne sait pas s’il est régulateur ou opérateur, si l’entreprise est un instrument de développement ou un acteur politique, a fini par livrer le marché à l’informel et à l’invasion des produits de contrefaçon… et l’entreprise à la fantaisie de la bureaucratie.
S’agissant du second objectif de l’accord, là, non plus, le compte n’y est pas. Avec trois milliards et demi de dollars (dont un milliard dans les hydrocarbures) en cinq ans (2005-2009), on ne peut pas dire que ce fut la ruée des investissements européens en Algérie. Ensuite, la loi de finances complémentaire pour 2009 est venue définitivement décourager les velléités d’investissements étrangers, s’il en existait. De ce point de vue, l’accord est un échec en ce qu’il est contredit par l’état de l’environnement de l’investissement et le climat des affaires qui règne dans le pays. On peut toujours invoquer la mauvaise volonté des dirigeants et entrepreneurs européens, mais il faudrait alors croire que les affaires sont l’expression d’états d’âme de décideurs. Ou on a signé un mauvais accord ou on a signé un accord qui ne peut s’appliquer dans l’état de notre développement et dans l’état de la politique et de l’organisation de notre économie. En clair, l’échec était prévisible pour ceux qui pouvaient anticiper la politique économique nationale.
À moins que ce ne fût point sa contribution au développement économique qui, à l’époque, avait motivé la recherche d’un tel accord. Et que cet accord fut voué à des objectifs strictement “politiques”. Ce qui nous éloigne des préoccupations de développement économique du pays. Certains régimes prospèrent en organisant l’échec du pays. -
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Ministre ici, l’expatrié de là-bas
Mohammed Beghdad
El Watan 29 08 2012En lisant un billet sur les colonnes du quotidien Le Soir d’Algérie de la semaine dernière, suivi d’une chronique le lendemain dans le journal El Khabar, je suis resté dubitatif et méditatif pendant plusieurs jours pour essayer de comprendre comment 500 ministres, sur les 700 qui se sont succédé durant ces 50 années, depuis l’indépendance dans les gouvernements successifs de la République algérienne, ont choisi librement de vivre à l’étranger pour ne pas dire dans la majorité des cas chez l’ancienne puissance coloniale qu’est la France.
Quel exemple, quel espoir et quel message donnent-ils à ces milliers de jeunes qui veulent regagner, eux aussi, les côtes espagnoles à la nage, puisque c’est la tendance actuelle ? Aussitôt leur mandat de ministre achevé, ils prennent la direction d’un pays étranger pour aller quémander un quelconque poste d’enseignant, lorsqu’ils possèdent les diplômes requis, ou aller gérer un éventuel commerce derrière un comptoir, comme si l’Algérie ne leur a pas permis de vivre une retraite à l’abri du besoin et des regards. Peut-être n’aiment-ils pas croiser leurs compatriotes dans la rue ou bien sont-ils alors allergiques à leur vue, ou encore ont-ils la nausée dès qu’on leur évoque leur antécédent bilan ? On fuit donc son pays comme la peste sans réfléchir un moment sur les conséquences morales que cela entraînerait par leur décision irréfléchie.
Ils sentent l’homme pressé qui voudrait quitter ce pays dès qu’on a plus les commandes du volant. Pourtant, cette Algérie leur a permis d’accéder à tous les honneurs dus à leur rang, de vivre un rêve où nulle part ailleurs ils ne l’espéraient. Je ne crois pas qu’il existe un pays au monde où l’on rencontre ce type de chroniques, des ministres qui ont le mal de vivre du pays dès qu’ils descendent du sommet de leur pyramide. Des ministres qui sont coopérants dans leur propre pays, ça ne se retrouve nulle part. Si ces ministres fuyards ne font pas confiance en leur pays, en allant construire leur avenir sous d’autres cieux, comment pourrait l’être alors pour le simple citoyen lambda qui est confronté tous les jours que Dieu fait à tous les innombrables problèmes quotidiens, dus justement à une mauvaise gouvernance de ces premiers responsables ? Un ancien ministre devrait être la dernière personne à quitter la demeure, comme un commandant dans son navire, surtout lorsqu’il chavire. S’il coule, il doit couler avec et non se sauver comme un fugitif, fuyant la maison qu’il a lui-même conçue et en traçant ses plans. Un ministre, c’est un général de brigade devant ses soldats. Si un soldat prend la clé des champs, c’est un moindre mal, mais quand c’est un général qui en fait autant, c’est un délit grave susceptible d’entraîner l’accusé vers la peine de mort, et son passé sali devant l’histoire et la nation. Un général coupable ayant le sens de l’honneur se suicide dans un pays comme le Japon pour ne pas affronter la honte et la dérision.
Un ex-ministre doit demeurer parmi les citoyens qu’il a dirigés durant son mandat. Il doit être présent à tout moment pour défendre sa précédente gouvernance. Il doit rester à la disposition du peuple, et son nom pourrait être rappelé à tout moment pour donner une éventuelle explication sur la politique suivie durant son passage au sein du département ministériel en question. Il a quand même un passif à assumer et à plaider. On ne prend pas comme ça ses valises en s’engouffrantr dans le premier avion pour ne plus regarder derrière soi comme si de rien n’était. Ce n’est pas un personnage ordinaire, bon sang ! C’est un ministre de la République ! Chez nous, on a vu des ministres aller et revenir pour se faire oublier complètement, et ce, jusqu’à leur nom. Pourtant, ils perçoivent toujours, jusqu’à preuve du contraire, le salaire d’ancien ministre certainement revalorisée, périodiquement, à la hausse. Par conséquent, ils doivent être présents sur le territoire pour mériter une telle considération. Ils sont donc absents corps et âme, sauf pour percevoir la rente. L’unique condition qui pourrait les faire revenir en haletant c’est d’être rappelés comme ministres, alors qu’ils ne vivent qu’occasionnellement parmi ce peuple. Qu’ont-ils donc de si particulier pour mériter de telles considérations ? Un ancien ministre doit être dans son bled pour constater sur le terrain et de visu la politique qu’il a optée pour le pays.
Il doit enseigner dans l’université algérienne s’il possède les bagages nécessaires afin de faire bénéficier les siens de son expérience. Il doit théoriser toutes les pratiques de son passage ministériel pour les mettre en adéquation. Il doit fréquenter cette université pour laquelle il croyait lorsqu’il était ministre, mais plus maintenant, dès la fin de ses fonctions. Ses enfants, bacheliers, doivent aussi connaître ces résidences universitaires que le père a construites pour les autres enfants du pays et ressassées inlassablement à la Une de l’ENTV à l’ouverture des journaux télévisés. Sa progéniture doit goûter un peu ce qu’endurent nos étudiants à longueur d’année et doivent construire leur avenir ici, comme tous les autres enfants du pays. Notre pays est-il devenu si invivable et si insupportable que tous cherchent la voie de l’étranger ? Ses enfants, les plus jeunes, doivent aussi aller à l’école algérienne comme la majorité des jeunes écoliers, sans compter sur des cours et des écoles privées.
Monsieur le ministre doit aussi aller faire ses courses au marché, humer l’air du pays, marcher seul dans nos rues, prendre une boisson dans un café populaire, monter dans un bus ou prendre le train comme monsieur tout le monde, pour voir ce que l’on vit réellement dans ce pays. Il doit aussi aller, pourquoi pas, se soigner dans nos hôpitaux publics qu’il a réalisés pour la plèbe du pays et qu’il a encensés sur les ondes de la Radio nationale ainsi que sur les plateaux de la télévision publique, sans oublier les panneaux publicitaires dans les journaux. Cela se fait le plus normalement dans les démocraties avancées et lui-même le fera, mais pas dans son pays, mais dès qu’il mettra les pieds à l’étranger. Pourquoi change-t-on subitement dès que l’on traverse la Méditerranée ? Il doit aussi tenter sa chance dans un service public comme n’importe quel citoyen sans aucun avantage ni intervention. Il doit éprouver un peu, monsieur le ministre, comme il le fait lorsqu’il se trouve hors de son pays, quand il ne possède plus tous ses privilèges. Il doit sentir cette Algérie profonde lorsqu’on n’est plus ministre en devenant incognito. Je me demande quelles seront ses réponses si un étranger lui demande pourquoi il a choisi de vivre loin de son pays pourtant indépendant et pour lequel un million et demi de martyrs se sont sacrifiés pour les générations suivantes ? Comment alors se sentirait-il ? Va-t-il lui répondre qu’il ne fait pas bon vivre en Algérie ou va-t-il encaisser la mort dans l’âme, sans pouvoir trouver aucun argument valable à dire ? Va-t-il se soucier un peu que ses enfants n’apprennent plus la langue nationale, lui le ministre qui est censé donner le parfait exemple s’il se souciait vraiment de l’amour de son pays.
Le patriotisme et le nationalisme doivent subsister, que l’on soit en poste ou en-dehors, ou bien était-ce pour la galerie la langue de bois qu’il utilisait ? Une personne qui a été ministre est un bien public de la République. Il doit être à tout moment disponible, car on pourrait faire appel à ses services en toutes circonstances, comme un soldat de réserve. Il doit être exempt de tous reproches, lui qui a choisi d’être l’homme public sans hésitation aucune, quand il a été sollicité pour sauter sur le poste proposé. Il n’y a pas que les ministres qui prennent le chemin de l’exil. Il existe de hauts cadres qui ont quitté le navire et préfèrent exercer à l’étranger, comme s’ils voulaient cacher leur richesse, ou ont-ils beaucoup de choses à se reprocher ? Lorsqu’ils étaient en poste, ils se souciaient de la fuite des cerveaux et des compétences, mais ils n’ont pas l’air de l’appliquer d’abord à leur propre personne. N’ont-ils pas de remords lorsqu’ils plient bagages et partent, sans demander l’autorisation, vers Paris, Doha, Londres ou New York ? Le fait d’abord de faire ses démarches auprès des chancelleries étrangères donne une idée de l’abandon de son pays. Ils portent atteinte à l’image du gouvernement qu’ils ont servi et celle de l’Algérie tout entière. Ils ne prennent pas en compte le jugement de l’opinion publique, puisqu’ils ont choisi délibérément de ne pas rendre compte de leur mandat. Un ministre doit être aussi actif lorsqu’il n’occupe plus de fonctions. Il doit s’impliquer dans le débat public, donner au moins son avis dans son domaine de compétences.
Se taire, raser les murs n’honore guère sa réputation. Pendant ce temps, ce peuple dans sa quasi-majorité a choisi de vivre fièrement et dignement dans son pays, quelle que soit la situation, comme nos martyrs qui avaient choisi de mourir pour ce pays afin que les futurs ministres puissent disposer d’un pays libre et indépendant pour y habiter et non avoir un gouvernement en exil, comme c’était le cas d’avant 1962. 500 ministres, c’est presque l’équivalent de 20 gouvernements. Nous disons à ces ministres que l’Algérie ne peut être dirigée par procuration, elle a besoin de sentir leur présence et leur âme comme une mère voulant vivre avec ses enfants. Un seul être lui manque et c’est la souffrance et la douleur qui l’emporteraient. L’Algérie, ou on l’aime vraiment ou on la quitte définitivement. Bon débarras pour ceux qui ont détourné les yeux et qui ont opté pour un autre pays de rechange et de cœur. Elle ne veut pas de ceux qui lui préfèrent une autre mamelle, quand la vraie mère avait tant besoin de les toucher, de les embrasser et sentir leur odeur tout au long de l’année. Un amour ne peut se partager entre deux rivales. Il doit être ou pour l’une ou pour l’autre. Un dilemme en soi pour ceux qui doutent de leur choix. Nous leur disons qu’il est regrettable de de leur avoir fait endosser l’une des plus hautes et prestigieuses responsabilités du pays, dans une Algérie qui vous a tant donné et pour laquelle vous ne voulez rien offrir en échange. Avoir un pied ici durant tout un mandat et les deux pieds là-bas à la moindre occasion, c’est une situation impardonnable et injustifiable pour la haute fonction que vous avez exercée.
Mohammed Beghdad. Maître de conférences à l’université de Mostaganem
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Journée internationale des victimes des disparitions forcées. Afin que nul n’oublie !!
Témoignage dédié aux sieurs Rezag Bara et Farouk Ksentini.
Témoignage de la mère du citoyen B. Salim :
B. Salim, 26 ans a été arrêté pour la première fois, vers 1 heure du matin. Ceux qui l’ont arrêté la première fois avaient un peu de Rahma (miséricorde) dans leur cœur. Ils portaient des tenues militaires. Ils nous ont fait très peur. Ils nous ont ordonné de sortir à l’extérieur. J’ai essayé de protester en disant : « Pourquoi, mes enfants, nous faites-vous sortir à l’extérieur alors qu’il fait très froid et qu’il pleut. Qu’avons-nous fait pour sortir à l’extérieur, dites-nous d’abord ce qu’on a fait. Regardez ce nourrisson de 4 mois, comment le faire sortir sous cette pluie battante ? »
L’un des militaires nous dit alors de rester à l’intérieur de la maison. Les militaires montèrent à la chambre de notre fils. Ils lui intimèrent l’ordre de lever les mains en lui mettant le canon de leur arme sur son cœur.. Il n’a pas été frappé et on ne lui a pas passé les menottes. Les militaires avaient un minimum de Rahma, même si après, chez eux, ils lui ont passé de mauvais moments que seul Dieu sait. Pendant trois jours il a été torturé puis a été libéré. Il avait une fièvre de plus de 40°. Du sang coulait de sa gorge. On lui avait fait avaler de l’eau savonneuse.. Ses pieds avaient été troués par je ne sais quoi. Il cachait ses pieds de peur que je les vois.
Au bout de 20 jours, ils sont revenus. Il était minuit. Les militaires ont fait des choses abominables. Ils sont montés dans sa chambre où il dormait et l’ont frappé avec un objet métallique. Nous ne savons s’il s’agit de coups de crosse ou autre. J’ai accouru et j’ai vu mon fils alors ensanglanté. L’armoire et les vêtements étaient tâchés de sang. Ils l’ont descendu, menotté et l’ont jeté au sol en le frappant. Ils ont fouillé la maison et ont pris tout ce qui leur plaisait, sans retenue aucune. Ils lui ont couvert le visage et l’ont alors sorti, pieds nus.
Le matin, nous sommes allés le rechercher un peu partout Je me suis déplacé à deux reprises à Dely Ibrahim sans résultats. Là où on s’adressait, on nous disait qu’il n’était pas détenu chez eux.
Lorsque nous nous sommes adressé au procureur de la République, on nous fit savoir que notre fils était en fuite et que la police le recherchait ( ! ! ! !).
Comment pouvait-il être en fuite et recherché alors qu’ils sont venus eux-mêmes à la maison, l’on frappé, menotté, recouvert le visage et emmené ? C’est bizarre non ?
L’Etat ne devrait pas faire des choses pareilles. A-t-il fait quelque chose ? Il y a la justice et la prison, s’il a fait quelque chose. Pourquoi les faire disparaître ?
Ils avaient arrêté son ami intime, Benkhellil Rédha qu’ils ont incarcéré à El Harrach. Quant à mon fils il a été porté en fuite. Comment pouvait-il être en fuite, alors qu’il est sorti de la maison, menotté et le visage ensanglanté ? Tous les vêtements de l’armoire étaient tâchés de sang. Mes filles les ont lavés en cachette pour m’éviter de voir ce sang.
Mon fils n’a soufflé mot lors de son arrestation et de son tabassage, malgré les violents coups reçus. Les militaires, je le répète, ont pris ce qui leur plaisait comme vêtements et objets. L’un d’eux a pris le Kawai flambant neuf de mon plus jeune fils que son père venait de lui envoyer de France. Ils ont pris aussi des chaussettes, de l’argent. C’est ça le gouvernement algérien ? Un gouvernement par principe, défend ses citoyens de l’injustice et non l’inverse, n’est-ce pas ?
Ils ont frappé mon fils sur son lit alors qu’il dormait. Est-ce qu’il était en fuite ? Il était chez lui, il dormait. Pourquoi le frapper aussi sauvagement ? J’ai entendu les coups du rez-de-chaussée. Ils ont dévasté sa chambre. Ils l’ont pris dévêtu et pieds nus, la tête recouverte d’un survêtement. Il avait des difficultés à respirer.
Je suis allé à Dely Ibrahim pour le rechercher. Je suppliais comme une chienne les policiers pour me renseigner. Je leur demandais seulement de me dire si mon fils était encore en vie ou non. Ils me répondaient à chaque fois que mon fils n’était pas détenu dans leur centre. Comment peut-on qualifier cela ? Est-ce de l’injustice ou non ? Pourquoi le frapper chez lui ? A-t-il fait quelque chose, Il y a la justice et éventuellement la prison pour le punir. Pourquoi le faire disparaître ?
Je vous jure par Dieu l’Unique que les militaires avaient les yeux rouges, ils étaient saouls. Ils avaient bu. C’est ça le gouvernement algérien qui envoie des saoulards armés dans les maisons des citoyens ? C’est ça l’Algérie ? Où allons-nous comme cela ?
Du temps de la colonisation, les soldats français ont fait beaucoup de mal aux algériens mais pas comme cela. Quand ils arrêtaient quelqu’un pour ses activités, il était frappé, puis mis en prison. On pouvait au moins aller le voir en prison et lui emmener le couffin.
Ceux d’aujourd’hui enterrent nos enfants vivants. Quelle vie vivons-nous ? Il ne me reste plus qu’à mourir, en l’absence de mon fils que j’ai élevé durant tant d’années et qu’on m’enlève arbitrairement. J’ai souffert à élever et éduquer mes enfants, seule, en l’absence de leur père, émigré malgré lui, en l’absence de travail dans son pays. J’étais seule avec Dieu. Et on vient me l’enlever sans explications. De quel droit ? Quelle injustice de voir son fils se faire tabasser chez lui. A-t-il commis une faute ? Il y a la justice et la prison pour le punir. Mais le faire disparaître est une grande injustice commise contre les citoyens.
Et ils viennent la nuit nous terroriser, à deux reprises, sans respect pour les bébés, les femmes et les vieux. Mes filles se sont évanouies…….(Salah-Eddine SIDHOUM. Archives personnelles.)
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ils s'en foutent de l'algerie ,bien sur du peuple
Ahmed Ouyahia annule deux réunions ministérielles importantes
Katia Mehdi
Ce pourrait être le signe d’un changement imminent au gouvernement. Les ministres ont été destinataires, mardi 28 août, d’un télex urgent signé par El Mehdi Nouari, le chef de cabinet du Premier ministre, les informant du report de deux réunions : la 65e session du Conseil national de l’investissement (CNI) et le Conseil national des participations de l’État (CPE). La session du CNI est repoussée au 4 septembre et la tenue du CPE, sous la présidence du Premier ministre Ahmed Ouyahia, est reportée au 6 septembre
Aucune explication n’a été fournie aux membres du gouvernement sur les raisons de ces deux reports. Selon un membre de l’exécutif, des informations ont circulé dans les coulisses du Palais du gouvernement « sur un changement gouvernemental au courant de la première quinzaine du mois de septembre ». Une information difficile à confirmer car, souligne notre interlocuteur, « les ministres sont informés du changement à la dernière minute et souvent le jour même du remaniement ». Mais les suppositions vont bon train dans les bureaux ministériels, et pour certains, ces deux annonces pourraient aussi avoir un lien avec l’intention du président de la République de réunir un Conseil des ministres dimanche à la veille de l’ouverture de la session parlementaire. « M. Bouteflika a pris l’habitude de convoquer un Conseil des ministres avant l’ouverture de la session d’automne du Parlement et à la veille de chaque rentrée sociale. Pour le moment, nous n’avons reçu aucun fax de la Présidence. Mais cette thèse n’est pas écartée. »Les Algériens vivent au rythme des rumeurs sur un changement gouvernemental depuis les élections législatives. Ahmed Ouyahia a été donné partant une dizaine de fois cet été. Mais le changement attendu tarde à venir. Les citoyens n’ont eu le droit à aucune explication. Un mutisme officiel que le secrétaire général du FLN et représentant personnel du président de la République pourrait rompre dans les prochains jours.C’est en tous les cas ce qu’il avait laissé entendre à l'occasion de la présentation des vœux de l'Aïd el‑Fitr, le 23 août dernier, en promettant d’apporter des réponses sur des dossiers liés à l'amendement de la Constitution, la formation d'un nouveau gouvernement et la situation socio‑économique du pays. Une partie du voile sera peut être levée dès samedi, à l’occasion du déplacement du patron du FLN à Bordj Bou Arreridj, où il animera un meeting populaire. -
benbouzid est tjrs la!!!!
Education : 140 nouveaux lycées réceptionnés en décembre prochain
Mehdi Boutaleb
Le ministre de l’Éducation nationale, Boubkeur Benbouzid, a annoncé ce jeudi 30 août la réception de 140 nouveaux lycées en décembre prochain, sur le total de 500 établissements déjà prévus pour faire face au problème de surcharge dans les classes de première année du Secondaire, selon une dépêche de l’agence APS.
« La réalisation de ces nouveaux lycées répond au problème de surcharge qui devrait se poser en raison du passage des élèves ayant achevé le cycle moyen de l’ancien système et ceux du nouveau système », a souligné M. Benbouzid. Mais le ministre n’a pas manqué de rappeler la lenteur de la cadence de construction des lycées. « C’est pourquoi, a‑t‑il dit, nous avons recouru à des sociétés étrangères pour parachever ce qui reste à réaliser », citant à titre d’exemple le contrat conclu avec une société de construction chinoise pour la réalisation de 10 lycées à Alger, sur les 29 qui seront édifiés.Toujours pour résorber le problème de surcharge dans certaines wilayas, le ministre de l’Éducation nationale a précisé que les CEM nouvellement bâtis seront mis à contribution jusqu’à la finalisation des lycées. -
Les familles de disparus se rassemblent à Alger et tentent de mobiliser la
Hadjer Guenanfa
Plusieurs dizaines de membres de familles de disparus se sont rassemblés, ce jeudi 30 août, place du 1er Mai à Alger pour célébrer la journée internationale des victimes de disparitions forcées. Des militants des droits de l’Homme, dont ceux du Rassemblement action‑jeunesse (RAJ), du Mjic et de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh) étaient également présents pour soutenir les familles de disparus.
« Habitants de la capitale, c’est une affaire nationale ! Président Bouteflika, pourquoi avez‑vous peur de la vérité ? Rendez‑les à leurs familles pour qu’ils puissent oublier », ont scandé les manifestants pendant plus de deux heures, entourés par des dizaines de policiers et sous le regard des passants. Parmi ces derniers, certains ne semblaient pas partager les revendications des familles de disparus. « Regardez les portraits. C’étaient des terroristes », s’indigne Salima. Elle a perdu une sœur en 1996. « Elle est partie travailler à Sidi Moussa un matin et elle n’est plus revenue. Vous pensez que ces gens‑là ont vu leurs proches égorgés ? » lance‑t‑elle, les larmes aux yeux, avant de partir.Yasmina a elle aussi perdu son frère en 1994, tué par les terroristes, mais elle est venue quand même pour assister au rassemblement. « On ne peut pas être sûrs et dire que c’étaient tous des terroristes. Je pense que ces femmes méritent de savoir ce qui est arrivé à leurs enfants aujourd’hui », dit‑elle. -
Sans ministre de la Justice depuis cinq mois, l’Algérie veut lutter contre l’insécurité et l’informel
Samir Allam
Depuis quelques jours, à grands renforts de policiers déployés sur le terrain, d’images diffusées à la télévision et d’informations distillées dans la presse, l’État affiche sa volonté de se déployer sur le terrain. But : lutter contre le commerce informel et l’insécurité dans les villes du pays. Les responsables locaux auraient été instruits par le ministre de l’Intérieur pour accompagner les policiers sur le terrain. Selon Ennahar de ce jeudi 30 août, les policiers seront désormais équipés de matraques et de pistolets à impulsion électrique Taser. Le même journal rapporte que la lutte contre l’informel et l’insécurité va s’étendre aux parkings sauvages, souvent exploités illégalement par de jeunes délinquants.
Sur le terrain, la police a déjà démantelé des marchés informels, y compris dans des quartiers sensibles de la capitale, comme Bab El Oued et Belcourt. Mais rapidement, tout ce déploiement risque de se transformer en simple opération coup de poing, voire en opération médiatique. Il pourrait même se retourner contre la police. Cette dernière sera de nouveau accusée de laxisme quand les commerces informels se réinstalleront et que les bandes de voyous reprendront leurs activités dans les villes. Car même s’ils sont très nombreux – près de 200 000 –, les policiers ne peuvent pas être indéfiniment déployés sur le terrain.La volonté de Dahou Ould Kablia et du DGSN Hamel de lutter contre l’informel et l’insécurité va se heurter rapidement à un problème crucial : l’absence de textes juridiques adaptés. Les délinquants arrêtés seront relâchés très rapidement, après avoir été condamnés à de légères peines qui ont souvent pour effet de renforcer leur aura auprès des autres délinquants. En l’absence de textes qui répriment sérieusement leurs activités, les commerçants informels et les gardiens de parkings sauvages vont rapidement reprendre leurs activités. Ils savent que dans le pire des cas, ils ne risquent que d’être chassés par la police. Une sanction peu dissuasive pour euxMais depuis le 29 mars, l’Algérie n’a pas de ministre de la Justice de plein exercice. Le poste est actuellement assuré par un intérimaire qui n’a pas fait une seule déclaration ou sortie publique depuis sa désignation. Or, c’est au ministre de la Justice que doit revenir la charge d’adapter les textes à la nouvelle stratégie de lutte contre la criminalité et le commerce informel. Un arsenal de lois qui devra ensuite être validé par le Parlement puis appliqué par les juges. Sans cet arsenal, toute l’agitation actuelle sur le terrain restera inefficace. -
BNP Paribas Algérie refuse les pièces de monnaie algériennes
Samir Allam
En l’absence d’un État fort, les dérives se multiplient. Cette fois, c’est la monnaie, un symbole fort de souveraineté qui est concerné. Depuis quelques jours, BNP Paribas Algérie n’accepte plus les versements effectués en pièces de monnaie. Les agences de la filiale de la banque française ont été instruites via une instruction de la direction générale. Elles ont commencé à la mettre en application après l’Aïd. Des entreprises et des commerçants pourraient être fortement affectés par cette décision, surtout si BNP Paribas est suivie par d’autres banques. BNP Paribas est la première banque privée en Algérie.
La décision de la banque française intervient moins de deux mois après l’émission par la Banque d’Algérie d’une pièce de 200 dinars (environ 2 euros). Une émission initiée à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du pays. Cette pièce vient s’ajouter à celle de 100 DA. Des billets de 100 et 200 dinars existent mais ils sont de mauvaise qualité. Beaucoup de personnes préfèrent utiliser les pièces équivalentes.L’autre pratique courante dans les agences BNP Paribas concerne l’exigence de la présentation d’une facture pour tout dépôt de chèque. Plusieurs entreprises se sont vu refuser des chèques au motif qu’une « directive » exige la présentation de la facture correspondant au montant du chèque à déposer. Là encore, la pratique va à l’encontre du discours officiel des autorités sur l’encouragement à l’utilisation du chèque. -
Nouvelles révélations sur des avantages accordés à l’émirati EIIC
Katia Mehdi
Après avoir arraché aux autorités algériennes des concessions jamais obtenues par un investisseur étranger pour son projet Dounya Parc, le groupe Emirates International Investments Company (EIIC) veut de nouvelles faveurs pour son autre projet algérien, celui du complexe touristique comprenant notamment un hôtel de luxe. La convention pour le lancement de ce projet a été signée le 20 mars 2011 avec l’Andi, en même temps que celle portant sur le projet Dounya Parc.
Initialement, le complexe touristique devait être implanté à Moretti, en pleine résidence d’État. Un terrain de 15 hectares a été affecté à ce projet d’un montant de 196 millions de dollars, selon la convention signée avec l’Andi. Mais Ahmed Ouyahia, sur avis de Cherif Rahmani, a décidé de délocaliser le projet. Le ministère de l’environnement a en effet classé le terrain affecté au projet dans une zone naturelle protégée. Le groupe émirati s’est vu proposer un terrain à Akid Abbes, dans la wilaya de Tipaza. Mais EIIC refuse cette offre.Selon des documents consultés par TSA, Fuad Al Rifai, responsable de la société SPH Moretti agissant pour le compte du groupe EIIC, a officiellement demandé aux autorités algériennes de maintenir le projet à Moretti. Son argument : « les caractéristiques de la zone touristique d’Akid Abbes ne correspondent pas aux besoins et spécificités techniques du projet en question ». EIIC, qui compte « sur la disponibilité affichée par le gouvernement quant à la possibilité de négociation de toutes autre proposition de localisation », propose d’implanter son projet sur un terrain relevant du domaine privé de l’État, situé dans la zone touristique de Sidi Fredj, à proximité de l’hôtel El Riadh. Pour se montrer convaincant, Fuad Al Rifai rappelle dans sa correspondance que la délocalisation du projet conduira inéluctablement à la révision de la convention signée entre les deux parties. Comprendre : la concrétisation du projet sera reportée, voire gelée, jusqu'à nouvel ordreQuinze hectares pour un projet qui en nécessite quatre !Au‑delà de sa délocalisation, le projet présente d’autres zones d’ombre. Selon les documents obtenus par TSA, EIIC note que les besoins de son projet en matière de superficie ne sont que de 4 hectares. Pourquoi alors la convention signée avec l’Andi accorde‑t‑elle 15 hectares au promoteur, soit quatre fois la superficie nécessaire ? La question se pose surtout quand on connaît la difficulté que rencontrent les investisseurs fonciers et que plusieurs projets sont bloqués officiellement à cause du problème du foncierSelon une source proche du dossier, « il y a toujours une gestion politique lorsqu’il s’agit des projets émiratis. Souvent, l’on exécute les décisions sans se poser trop de questions ». Notre source a aussi été incapable d’expliquer la raison du réveil tardif du gouvernement algérien concernant l’assiette du projet. Il aura fallu quatre ans pour que l’Algérie se rende compte qu’elle était sur le point de construire un complexe touristique sur une zone naturelle protégée. -
La “réforme” et ses partis “choisis”
Par : Mustapha Hammouche
Si vous voulez vous servir à la source de l’État rentier, créez un parti. Seule condition : votre parti ne doit ni aspirer à prendre le pouvoir ni se placer en opposition au pouvoir. Le mieux, c’est encore de consulter le pouvoir avant de demander son agrément par le pouvoir.
Et si votre initiative sert à affaiblir une ambition qui commençait à agacer l’autorité absolue ou à se prendre pour une réelle force politique, vous êtes encore plus fortement encouragés à créer votre parti.
Vous n’aurez même pas besoin de vérifier vos capacités politiques, on vous les inventera. Et s’il y a des doutes sur vos qualités morales et de gestion, on les dissipera. Dans la campagne de promotion du nouveau produit, la presse oubliera les reproches dont elle vous accablait et les conjectures qu’elle tressait sur votre responsabilité dans des projets échoués ou des malversations ébruitées. Même l’opinion publique se rangera à l’avis en vogue et la vox populi fera de vous, ancien ministre contesté, un premier ministrable, voire un présidentiable. Et, la presse “indépendante”, toujours plus magistrale que la presse “dépendante”, du fait justement de son “indépendance” de papier, expliquera, par des démonstrations sans appel, que votre destin national n’est pas inéluctable.
Hier, sommé de s’expliquer de ne pas avoir vu les forfaitures qui se nouaient autour du plus grand investissement de l’Algérie indépendante, Ghoul est aujourd’hui voué aux plus grandes responsabilités. Mieux, on ose même demander sa couleur idéologique à celui qui parvint au gouvernement par la vertu de l’entente entre le nationalisme autocratique et l’islamisme hégémonique. Comme s’il n’y avait aucun rapport entre la stratégie de la réconciliation et la formule d’alliance de gouvernement !
Qu’importe que le régime veuille peut-être aujourd’hui intégrer un “islamisme choisi” : cela changerait-il quelque chose aux convictions de l’heureux… élu, d’ailleurs trop bien élu ? Nos analystes, d’habitude instruits de la filière turque et méfiants devant le péril turc, confirment que Taj n’est pas un parti islamiste. Parole de son fondateur islamiste ! Tous les “partis de la réforme”, créés pour les besoins de l’étape actuelle du pouvoir, sont patriotes, démocrates, républicains, n’aiment que l’Algérie, mais rien qui puisse se décliner en “isme”. Ils sont apolitiques, n’ont pas été créés pour des ambitions politiques, mais des ambitions tout court. Ils sont prêts à porter les habits qui seront de mode. Pour revenir aux parages de la rente, pour certains, et pour ne pas s’en éloigner, pour d’autres. Pas besoin d’idéologie pour ça, pas même besoin de militants ; juste le parrainage du régime et la disponibilité de la presse, “indépendante” surtout, c’est-à-dire disponible pour tous.
Maintenant, grâce à elle, tout le monde sait que le fondateur du dernier-né des partis “de la réforme” est “préparé” pour la présidentielle de 2014. Et pour être sûr que le chemin du Taj vers le couronnement ne souffrira aucune embûche, on nous atteste qu’Amar Ghoul a pris l’autorisation, ou peut-être l’encouragement, du président Bouteflika, avant de se lancer dans son projet partisan.
“La réforme” est en marche. Elle semble d’une telle efficacité conservatrice ! -
no moment
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Remaniement du gouvernement de Bouteflika : et après ?
Par Le Matin DZ |On annonce, imminente, la désignation d'un nouveau gouvernement par Abdelaziz Bouteflika suite aux résultats du scrutin législatif du 10 mai qui ont "consacré" le retour en force au sein de l'hémicycle de l'ex-parti unique, le FLN.
Le suspense entretenu sur la nomination d'une nouvelle équipe gouvernementale semble conforter l'idée que celle-ci mettrait enfin fin à l'absence du chef de l'Etat de la scène politique nationale et que cette "nouvelle" équipe sera la solution à la vacance du pouvoir. Abdelaziz Bouteflika qui reste le maître du jeu, a plusieurs options. Selon les observateurs, trois solutions s'offrent au chef de l'Etat :
1) Se permettre de reconduire l'essentiel de l'équipe gouvernementale avec à sa tête, l'actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, patron du RND qui, après le FLN, a raflé la mise sur les sièges de l'APN. Le FLN et le RND qui en détiennent plus de 62% seraient ainsi confortés par un statu quo de l'équipe gouvernementale avec quelques nominations pour combler des postes vacants ou sur des secteurs jugés non stratégiques comme la culture, le tourisme…
2) Maintenir l'actuel Premier ministre qui se chargera de nommer une nouvelle équipe en fonction de la nouvelle carte politique dessinée par les législatives. La nomination de ministres issus de la formation de Hocine Aït Ahmed, le FFS, qui s'est rallié en dernière minute, aux réformes et au scrutin législatif, n'est sûrement pas à écarter, et cela conforterait ses 21 sièges obtenus. C'est d'ailleurs ce qu'attend son secrétaire général, Ali Laskri, après la "purge" au sein de ses nombreux cadres entrés en rébellion. La nomination d’un ministre FFS serait une percée "notable" tant attendue par Bouteflika en Kabylie, région qui lui est fermée depuis le Printemps noir de 2001.
3) Accepter la démission formelle d'Ahmed Ouyahia. Bouteflika nommera ainsi son nouveau Premier ministre lequel pourra reconduire ou non des ministres en place en octroyant quelques postes de secrétariats d'Etat aux têtes de listes de partis créés par Daho Ould Kablia qui a permis la dispersion des voix et une saturation "partisane" au profit du couple FLN/RND. La multitude des partis agréés par le ministre de l’Intérieur a soutenu mordicus les réformes de Bouteflika et certaines de ses formations pourraient être "récompensées" pour services rendus.
Mais cette dernière option n'est qu'une variante des deux précédentes dans la mesure où quelle que soit la variante, il n'y aura pas de changement politique. Bien au contraire, le raz-de-marée du FLN dans une APN encore plus soumise à Abdelaziz Bouteflika, conduit à un gouvernement sous l'ornière du chef de l'Etat. D’autant que la constitution de ce "nouveau gouvernement" (qui n'aurait de "nouveau" que le badigeonnage de la façade) a en ligne de mire les élections communales qui approchent.
Que Ahmed Ouyahia soit maintenu avec l’ancienne ou une nouvelle équipe, que soit nommé un "nouveau" Premier ministre, ce ne serait qu’un déplacement mineur dans un espace clanique commun : celui de Bouteflika et de sa cour.
Le véritable changement n'est surtout pas dans les résultats de ces légistlatives et de tout scrutin législatif quel qu'il soit, encore moins dans la formation d'un gouvernement, mais dans l'éjection de tout le système politique qui en constitue le noyau dur. Dès lors, cette désignation d’un "nouveau" gouvernement n’est qu’une supercherie de plus, un "traquenard" tendu par un processus électoral corrompu et corrupteur.
R.N
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Algérie : cherche Etat désespérément
Par Le Matin DZ |Jamais sans doute les municipalités et daïras algériennes n’ont été autant au cœur de la protestation citoyenne. Jamais sans doute l’Algérien n’a ressenti autant l’absence de l’Etat.
Des dizaines de sièges de mairies et de daïras ont subi le courroux des contribuables en colère. Aux quatre coins du pays, ce sont des dizaines de rassemblements qui ont été organisés depuis le début de l’année pour dénoncer l’incurie des services de l’Etat. Coupures d'électricité, pénurie d'eau, cherté de la vie, chômage, insécurité, incendies, hôpitaux en manque de médicaments, etc. La cadastre des défaillances est long à évoquer.
Les Algériens ne sont pas dupes, ils en ont marre de l’incompétence dans les services publics, des chaînes à rallonge devant les guichets des mairies, des bureaux de poste, des banques, etc. De la tchipa à payer pour le moindre papier. Les prix flambent, à la veille de chaque ramadan sans qu’aucun responsable n’y trouve une réponse. L’insécurité gangrène la société sans que la police pourtant hyper-présente n’arrive à l’annihiler. Des quartiers entiers de villes importantes sont devenus des coupe-gorges au grand dam de leurs habitants. Le commerce informel est en train de tuer l'officiel. Les pertes financières de l’Etat du fait de la formidable prolifération du commerce informel, étaient estimées en 2011, selon l'APS, à plus de 10 milliards d’euros par an. Une enveloppe faramineuse qui part dans les circuits souterrains sans gêner personne en haut lieu. Et que fait le ministre du Commerce ? Rien.
L’établissement de n’importe quel papier d’état civil est un casse-tête. Il faut se lever aux aurores pour passer toute la journée dans une mairie pour se le faire établir. A l’heure d’internet et de l’informatique, ce triste état de fait est le signe de l’anachronisme qui règne dans les administrations et pourrit le quotidien des Algériens. La situation est connue, elle dure depuis des années, et aucune solution n’a été trouvée pour faciliter la vie des administrés. Le constat de "défaillance de l’Etat", notion onusienne pour désigner les Etats qui n’ont plus de prise sur le terrain, n’est pas loin.
Il y a néanmoins une évolution notable dans ces mouvements de protestation à retenir. Les protestataires ne brûlent presque plus les locaux, ils préfèrent les fermer. C’est certes symbolique, mais cette action en dit long sur l’évolution de la conscience citoyenne des Algériens.
Est-on, pour autant, assez pertinents en haut lieu pour saisir la perche tendue par les protestataires ? On en doute. Car, au lieu de couper les branches mortes, les décideurs préfèrent reconduire leurs vieilles recettes. Au lieu de lancer de vraies réformes, on se cabre dans un ombrageux déni de la réalité. Au département de l'Intérieur on affiche une placidité à toute épreuve. Pas un cil ne remue devant les protestations. On laisse faire, tout en évitant tout débordement.
Pour le moment, en effet, le seul souci du ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, c’est d’organiser les élections locales. Alors, après les dernières législatives et l’insignifiant taux de participation, le ministre de l’Intérieur est en train de réanimer toutes les formations politiques qu’il a agréées pour qu’elles occupent le terrain. Histoire de donner un improbable prolongement à la démocratie verticale mise en place depuis quelques années.
Le petit théâtre des ombres va commencer. La cinquantaine de partis, sans profondeur sociale, sans base militante, composés de fats et d’opportunistes pour qui le seul objectif est la perspective du partage de sièges et de prébendes, va meubler la scène politique pendant quelques semaines, le temps que le pouvoir siffle la fin de la récréation.
Un nouveau raout électoral se prépare, avec de "nouveaux élus" qui, nous le craignons, ne feront pas mieux que ceux qui sont actuellement contestés.
Hamid A.