Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com |
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Education. Face à la surcharge des écoles, le ministre de l’Education a promis de tout faire pour revenir à des classes de… … 45 élèves ! Ils parlent, ils parlent ! Ils parlent d’enfin lutter contre la corruption. Moi, je veux évoquer ici les droits de l’Homme. Oui m’sieur, les droits de l’Homme ! Ceux de ces femmes et hommes installés un jour en commission de lutte contre la corruption et qui ont été, depuis, oubliés. Qui se souvient de cette instance fabriquée par Abdekka, lancée en grande pompe et dont plus personne ne s’est inquiété depuis ? Pas grand monde, bien sûr ! S’est-on au moins demandé ce que devenaient les membres de cette commission ? Non, bien évidemment ! Quelques âmes charitables ont-elles fait l’effort de se déplacer au siège de ladite commission pour avoir des nouvelles ? Rien ! Peut-être est-il arrivé malheur à ces gens-là, placés dans une bâtisse, puis ignorés de tous. Et s’il y avait eu une fuite de gaz au siège de la commission ? J’en frissonne rien qu’à l’évocation de cette perspective terrible. La porte de l’immeuble est-elle ouverte, fermée, entrebâillée ou littéralement coincée ? Attention, ce n’est pas pareil, selon. Il est fort possible qu’il faille faire appel aux pompiers pour entrer là, allez savoir ! De toutes les façons, il y a toute une foule d’indices pouvant aider à tirer cette affaire au clair. D’abord, vérifier avec les compteurs de gaz, d’électricité et d’eau. S’ils ont été coupés pour défaut de paiement et qu’il n’y a eu aucune réclamation de la part des membres de la commission de lutte contre la corruption pour leur rétablissement, là, il faudra commencer à s’inquiéter. Autre indice, la boîte aux lettres. Au nombre de lettres coincées dans la fente de la boîte, l’on saura si elle a été ouverte récemment et le courrier consulté. Si elle déborde, il faut agir vite, car, là, assurément, un malheur sera arrivé à l’intérieur du bâtiment. Quoi qu’on puisse en dire et en penser, il s’agit là d’un cas flagrant de violation des droits de l’Homme sur notre sol. Car on ne peut impunément fourrer des êtres humains dans un immeuble, fermer la porte sur eux, s’en aller benoîtement et ne plus demander de leurs nouvelles. En attendant qu’une commission d’inquiétude quant au sort de ces gens-là soit mise sur pied, installée officiellement par Tab Djnanou et qu’elle siège quelque part, j’implore le personnel de l’autre commission, celle en charge de la lutte contre la corruption, de nous aider à les retrouver, à les localiser. Si vous êtes à l’intérieur du bâtiment, sortez au balcon, faites-nous signe, agitez un mouchoir ou faites tout simplement du bruit en tapant sur des casseroles. C’est pas ça qui manque, les casseroles, n’est-ce pas ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. |
LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 41
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Si vous êtes encore en vie, faites un signe !
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Mokrane Aït Larbi :
«Le pouvoir actuel n’acceptera jamais
- Dans son discours à l’ouverture des travaux de la session ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature, le ministre de la Justice a insisté sur la lutte contre la corruption qui gangrène le pays. Pensez-vous qu’il a les moyens de le faire ou que c’est juste un discours ?
La lutte contre la corruption ne se fait pas par des discours, mais par des actes concrets. Les pouvoirs publics ont tous les moyens juridiques et humains pour lutter contre la corruption, mais nous constatons l’absence de volonté politique. On peut citer, à titre d’exemple, la Cour des comptes chargée de contrôler les finances publiques, cependant on ne la laisse pas accomplir sa tâche en toute indépendance. Les plus corrompus sont parmi les agents de l’Etat et parmi les «intouchables». Dans ce cas, que peut faire un officier de police judiciaire, un procureur ou un juge d’instruction ? Ils sont tous soumis à une surveillance stricte de leur hiérarchie.
La volonté dont je parle doit se manifester par l’autonomie de la police judiciaire et l’indépendance de la justice, la réhabilitation de la Cour des comptes, l’obligation de paiement par chèque, une législation stricte sur les marchés publics. L’arme la plus efficace, à mon avis, est la résistance du citoyen qui doit refuser «de glisser» même un dinar pour obtenir un droit. Mais comment parler de lutte contre la corruption dans un pays où la première position sur une liste électorale se vend à plusieurs millions de dinars ! Ces pratiques sont connues des pouvoirs publics, mais aucune enquête n’a été faite après le scandale des législatives du 10 mai dernier.
- Le premier magistrat du pays, le président Bouteflika, peut-il réellement déclarer la guerre à ce phénomène, autrement dit réaliser en une année et demie ce qu’il n’a pu faire en 12 ans d’exercice du pouvoir ?
Le rôle du président de la République en la matière est de définir les grands axes de la politique pénale et la lutte contre la corruption. Le reste est l’affaire de toutes les institutions, mais encore une fois y a-t-il une volonté politique d’appliquer le principe constitutionnel qui dit : «Nul n’est au-dessus de la loi.»
- L’affaire Khalifa, les scandales Sonatrach et de l’autoroute Est-Ouest ne sont-ils pas des exemples et des preuves que la justice obéit beaucoup plus aux ordres qu’elle ne se fie à sa propre conscience ?
Il n’y a pas que la justice, aucune institution n’est indépendante. Il est vrai que dans les affaires médiatisées, la justice n’est qu’un instrument de règlement de comptes entre différents clans du pouvoir et groupes d’intérêt. Mais que dire du Parlement qui se contente d’adopter les ordonnances sans débat, qui n’exerce pas ses pouvoirs constitutionnels pour contrôler le gouvernement, créer des commissions d’enquête, interpeller les ministres sur les grandes questions d’actualité…
- Quel est, selon vous, le plus court chemin pour que la justice s’émancipe du pouvoir politique ? L’actuel ministre peut-il le réaliser ?
Ce n’est pas une question de personnes. Le pouvoir actuel n’acceptera jamais l’indépendance de la justice. Cette indépendance, accompagnée de l’intégrité des magistrats, représente un «danger». Car dans ce cas, tous les responsables doivent rendre compte devant la justice qui doit sanctionner au nom du peuple selon le principe que «nul n’est au-dessus de la loi».
Said Rabia
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Liberté d’expression et d’association, lutte antiterroriste et disparitions forcées
Les préoccupations de la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU
J’ai des préoccupations par rapport aux questions de la liberté d’expression et d’association ; je suis également venue m’enquérir sur la question de la lutte antiterroriste et le respect des droits de l’homme, et je m’intéresse aussi à la question des personnes disparues.»
C’est en ces termes que la haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Navi Pillay, a exposé l’objet de sa visite de trois jours en Algérie. Lors d’un point de presse conjoint animé lundi soir, au jour de son arrivée, avec le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, Mme Pillay s’est dite surprise de constater que sa visite est la première du genre d’un haut-commissaire aux droits de l’homme en Algérie. «Je suis surprise, d’autant que l’Algérie est membre de l’ONU depuis 50 ans», dit-elle sur un ton d’étonnement qui ne cache pas une mise au point aux autorités algériennes.
Interrogée sur la demande onusienne souffrant de refus par les autorités algériennes d’accepter la venue de rapporteurs spéciaux sur les disparitions forcées et la torture, Mme Pillay a souligné qu’elle a bien «suggéré au ministre des Affaires étrangères de satisfaire la demande de ces deux rapporteurs spéciaux sur les disparitions forcées et sur la torture, de même que celui chargé de la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste». Et d’annoncer avoir été ravie d’apprendre du même ministre qu’un groupe de travail sur les disparitions forcées sera autorisé à venir en Algérie afin d’examiner ce dossier qui, faut-il rappeler, souffre d’oubli, d’impunité et d’absence de vérité et de justice.
Le rapporteur spécial sur les droits de réunion et d’association attend, lui aussi, une réponse des autorités algériennes à sa demande pour pouvoir venir en Algérie et voir de plus près les conditions difficiles dans lesquelles activent des ONG. Au mois de mai dernier, il avait exprimé ses craintes quant aux nouvelles dispositions comprises dans la loi sur les associations, leur imposant de nombreux contrôles et restrictions. Des préoccupations exprimées par la haut-commissaire elle-même, qui est appelée à en discuter avec les représentants d’associations aujourd’hui.
Contre toute attente du ministre des Affaires étrangères, la haut-commissaire annonce qu’elle ne partira pas sans avoir rendu compte à la presse de ses impressions et de ses premières conclusions sur son actuelle visite. Rendez-vous est donc pris pour aujourd’hui, par la responsable onusienne afin de s’exprimer sur ses entrevues avec les hauts responsables de l’Etat et ses rencontres avec les représentants de la société civile.
Mme Pillay, qui a été reçue hier par le Premier ministre et le président de l’Assemblée populaire nationale, a prévu aussi des rencontres avec les premiers responsables de la Cour suprême, du Conseil d’Etat, de la justice et de la Commission consultative pour la promotion des droits de l’homme. La haut-commissaire, qui avait affirmé vouloir discuter avec le maximum de personnes sur la situation des droits de l’homme en Algérie, s’entretiendra en outre, aujourd’hui, avant d’achever sa visite, avec les représentants de la société civile.
Quiproquo sur le sort de l’otage Tahar Touati
Evoquant, lors de son premier point de presse, la situation au Nord-Mali et en Syrie, Navi Pillay a estimé que seule une solution politique est à même de résoudre les conflits qui s’y déroulent. «Je profite de cette occasion et suite à l’assassinat de l’otage algérien au Mali, pour présenter ma solidarité à la famille de la victime», dit-elle avant d’être coupée net par Mourad Medelci. Ce dernier, visiblement très gêné, la regarde en disant : «Mais Madame, nous n’avons pas reçu toutes les informations qui nous permettent de confirmer cela. Nous sommes regardés par les familles…» Un moment de flottement suivra cette précision qui laissera perplexe l’assistance. A noter que les condoléances présentées par Mme Pillay ont quelque peu mis en doute les propos du ministre algérien, puisqu’elles suivaient la réponse de celui-ci à une question sur le sort de l’otage Tahar Touati dans laquelle il expliquait que les autorités algériennes ne sont toujours pas en mesure d’affirmer ou non l’information de son exécution.Dans sa réponse précédant les propos de compassion de Mme Pillay à la famille Touati, le chef de la diplomatie algérienne avait souligné qu’il n’y avait pas de preuves matérielles de la mort de l’otage algérien. Et de préciser : «Nous n’avons pas encore réuni toutes les informations qui nous permettent de confirmer cela», ajoutant : «Nous avons des informations régulières sur nos frères diplomates qui sont aujourd’hui détenus dans des conditions qui n’ont pas évolué depuis la prise d’otages… Nous continuons à nourrir l’espoir que notre collègue est en vie, mais nous n’excluons aucune hypothèse.»
Nadjia Bouaricha
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Réformes à rebours
Par : Mustapha Hammouche
Le Conseil des ministres du “nouveau” gouvernement, le second de l’année, s’est enfin tenu. Et le plan d’action de l’Exécutif a été adopté.
Pourquoi un plan d’action et non un programme de gouvernement (.) ? Parce que cet Exécutif, dont la quasi-totalité des membres a été désignée sur des critères politiques, est réputé pour être un gouvernement de “technocrates” et d’action. Le programme du gouvernement, c’est le programme du Président.
Dans notre contexte, il n’y a pas plus politique que la désignation d’un ministre. Mais pas politique au sens républicain du terme. Si le gouvernement est là pour l’action qui met en œuvre le programme du Président, et les ministres sont auditionnés pour rendre compte de leurs performances exécutives, à quoi sert donc l’Assemblée nationale ? Du point de vue du programme du gouvernement et des modalités de sa mise en œuvre, à rien. Ou plutôt si ! À la formalité exécutive qui consiste à voter les lois qui soutiennent l’action du gouvernement. Le programme étant celui du Président élu en 2009, il n’y a pas de raison d’attendre des “surprises” de ce côté-là. À moins que le changement ne se décline ici en termes d’efficacité, ce qui signifierait qu’il suffit de rebaptiser un gouvernement de “politique”, de “gouvernement de technocrates”, pour que l’équipe améliore son rendement exécutif.
Que le Président soit seul responsable de l’Exécutif est, depuis 2008, constitutionnel. Mais la Constitution révisée n’a pas clairement exclu le Parlement de l’inspiration du programme de gouvernement et de son contrôle. Mais nous sommes dans une situation de fait de désarmement politique du législatif qui a le choix entre l’approbation machinale ou la crise.
Dans le gouvernement actuel, “coordonné” par un Premier ministre “non partisan”, mais au demeurant très politique, il n’y a pas de rapport entre l’assortiment politique — au sens partisan — de l’Assemblée nationale et le mixage gouvernemental. Le message est clair : si les partis majoritaires soutiennent le Président, ils doivent soutenir son programme sans revendiquer le droit d’être aux commandes des instruments de sa mise en œuvre.
Tout cela est concevable en tant que situation politique de fait. Mais le problème se pose lorsqu’on se rappelle que le pays est supposé avoir entamé, depuis le 15 avril 2011, un processus de réformes. Ce tacite principe qui fait de l’Exécutif l’unique pouvoir formel devient alors incompatible avec le couplet sur les réformes “approfondies”, reproduit depuis un an et demi.
Dans le contexte actuel, les “réformes”, cela ne peut s’entendre que dans le sens d’un surplus de démocratie, c’est-à-dire d’une réhabilitation de la fonction législative et, par conséquent, de la voix du peuple. Or, une conception “technocratique”, ou plutôt une labellisation “technocratique” du gouvernement qui vise à supplanter sa nécessaire légitimité parlementaire, c’est le contraire de la démocratie, et donc le contraire de “réformes”.
Certes, les lois dites “de réformes” ont déjà montré que les réformes en question empruntaient le sens inverse de celui qu’on prête, de nos jours, à la notion de réforme. Ce sont justement ces lois qui ont permis “l’élection” d’une APN dont le président reprenait avant-hier le fameux couplet sur la pertinence démocratique de nos “réformes”. Il saluait, en fait, du haut du perchoir, une réforme à rebours. -
no moment
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Le cercle de feu
Que pouvait bien dire, hier, l’émissaire international de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie au secrétaire général de cette organisation ? Très peu de choses certainement, si ce n’est, encore une fois, la difficulté de sa mission. Lakhdar Brahimi en est parfaitement conscient et il a tenu à partager ce sentiment dès que son nom a circulé en tant que successeur de Kofi Annan qui venait alors de renoncer à sa mission en raison, faisait-il valoir, de divisions au sein du Conseil et de la militarisation du conflit syrien. On ne sait pas si l’instance onusienne est parvenue à surmonter ses divisions, par contre, la guerre s’installe dans ce pays. A Damas, M. Brahimi a été encore plus loin en soulignant, cette fois, que ce conflit «s’aggrave et représente une menace pour le monde». Avant lui, Kofi Annan disait que non seulement la Syrie risquait d’imploser, mais que toute la région est menacée d’explosion.
Voilà à quoi fait face l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, qui fait part d’un terrible pessimisme. Ce qui ne l’a pas pour autant forcé à jouer les perdants et ne pas s’engager dans un échec annoncé. Sauf, bien entendu, s’il s’agit d’un échec programmé, ce qui reste tout de même bien différent. Car la rébellion syrienne se montre foncièrement pessimiste sur la démarche, mais pas sur la possibilité de remporter une victoire militaire.
Selon toute vraisemblance et si l’on ignore la teneur des entretiens de Lakhdar Brahimi avec ses différents interlocuteurs, on sait au moins qui sont ces derniers. Il s’agit en premier lieu du président Bachar Al Assad, des représentants de ce qu’on appelle communément «l’opposition de l’intérieur» et des chefs militaires de la rébellion, à l’exclusion donc – sauf bien entendu si des rencontres ont bien eu lieu mais sans être annoncées – de l’opposition qui active en dehors du pays. Un communiqué de la Ligue arabe a, quant à lui, parlé de «membres de l’opposition» sans en distinguer les interlocuteurs, les factions ou les tendances aussi nombreuses que parfois opposées, d’où certainement l’autre difficulté pour M. Brahimi de trouver le bon chemin quand bien même celui de la paix n’est pas difficile à identifier. L’emprunter est tout autre chose.
Pourquoi donc parler d’échec à ce stade qui ne peut être qu’exploratoire même s’il y a urgence ? Un chef militaire l’a bien fait, même s’il impute ce risque au manque de volonté de la communauté internationale, et tout en refusant d’en être tenus pour responsables. En quoi par ailleurs y a-t-il manque de volonté et comment l’appréhender ? Jusqu’à présent, il est encore et toujours question de solution politique et nul doute que là, la vérité du terrain sera déterminante. Et jusqu’à présent, les autorités syriennes semblent en tenir compte tout en sachant que la marge de manœuvre dont elles disposent n’autorise plus grand-chose, sauf à se lancer dans la politique du pire. Beaucoup pensent que la Syrie y est déjà, avec des milliers de morts.
Mohammed Larbi
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Monsieur 51 et Madame 49
Encerclés, c’est le terme qui convient. A l’Est, des islamistes démocratoïdes et des vengeurs masqués. A l’Ouest, des monarchistes réformistes adeptes prudents du containment. Au Nord, des républicains modernistes en campagne électorale permanente, et enfin au Sud, des chaotistes attentistes, défenseurs de la fin du monde, mais par référendum. Que faire quand on se situe historiquement et géographiquement au milieu de tout ce beau monde ? Rien justement. Attendre, résister, oublier, louvoyer, invoquer les erreurs d’arbitrage au lieu de jouer le match. Prendre du recul ou des réservations sur des places d’avion.
Faire le dos rond ou le nez haut, jeter quelques miettes aux revendeurs de libertés et aux grossistes de l’espoir. Ni centraliste, ni libérale, ni atlantiste, ni islamiste et pas même alarmiste, l’Algérie reste un mystère aux yeux des puissances internationales et de sa propre opinion interne. A cheval entre 51 et 49% et sur un dos d’âne entre le bon sens et l’archaïsme, elle ne sait toujours pas s’il faut pencher ou se balancer, ouvrir ou fermer, libérer ou contrôler, élire ou nommer, décentraliser la décision ou la rassembler dans les doigts de quelques mains. Comme prévu, M. Ould Khelifa, le nouveau patron de l’Assemblée, vient d’invoquer la «spécificité algérienne» pour se dire, avec de fausses larmes, «inquiet pour les pays du Printemps arabe».
Mais dans quelle saison vit l’Algérie ? Automne ou hiver ? Mange-t-elle avec les loups en pleurant avec les bergers ou a-t-elle déjà mangé les bergers à cause d’un élevage intensif de loups ? L’Algérie n’est ni concernée par le Printemps arabe ni par les manifestations anti-américaines, et là réside toute sa grandeur. Elle n’est concernée par rien. Espérons qu’avec son nouveau gouvernement, elle pourra trouver sa voie. N’importe laquelle, mais une voie, une. Car l’Algérie a peut-être raison. Ou pas. C’est tout le problème.
Chawki Amari
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france: qui sème la merde recolte les égouts
France : La nouvelle provocation de Charlie hebdo
L'hebdomadaire satirique français, Charlie Hebdo publie dans son nouveau numéro (daté du mercredi 19 septembre) de nouvelles caricatures du prohète Mahomet, au moment ou le monde musulman continue à se soulever contre la vidéo américaine offensant l'islam.
La publication de ces dessins inquiète les autorités et la police française, qui a renfotcé ses mesures de sécurité autour du siège de l'hebdo, qui n'est pas à sa première provocation. Il y'a une année environ ses locaux ont été saccagés après la publication de caricatures offensant le prophète.
Le premier ministre français Jean-Marc Ayrault a immédiatement affirmé qu'il désapprouvait « tout excès » et en appelant à la « responsabilité ».De son coté le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui se trouvait au Caire s'est dit « contre toute provocation », tout en rappelant l'existence en France de la liberté d'expression.
Ces dessins "choqueraient ceux qui vont vouloir être choqués en lisant un journal qu'il ne lisent jamais", a estimé son directeur, Charb, interrogé par la chaîne de télévision iTélé.
Le responsable de l'hebdomadaire se cache derrière la liberté de la presse pour justifier la publication de ces caricatures, qui est plus une opération commérciale, qu'un acte de liberté d'expression.
Elwatan.com
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Au lieu de Renault, pourquoi pas Peugeot ?
par Dr Mahdi B., Le Quotidien d'Oran, 18 septembre 2012
La naissance d'une joint-venture avec Renault devrait lancer enfin l'industrie automobile en Algérie. Mais dans le contexte dépressif actuel de la filière en Europe, Alger a peut-être joué petit bras. Il y avait mieux à faire avec Peugeot, la marque favorite des Algériens, à la capitalisation boursière descendue à un historique plus bas. Opinion et explications.
La dernière annonce de signature de la création d'une société mixte avec Renault ne doit pas leurrer sur les intentions réelles de ce dernier. Il est évident que Renault ne rentre dans ce partenariat qu'à reculons certainement pour ne pas froisser les Algériens et essayer tant que se peut en tergiversant de garder sa part de marché. Au ministère de l'industrie, on a de tout le temps pris la production d'une voiture ‘'made in Algeria'' comme le nirvana de l'industrie industrialisante croyant par là qu'elle nous introduirait d'un seul coup dans le concert de nations industrialisées. Partant de là, ils ont fait la cour à Renault jusqu'à l'aveuglement sur les simples principes économiques de base. Mais en y allant par là, pourquoi forcement Renault, pourquoi pas son concurrent Peugeot dont il faut, peut être, profiter de ses difficultés actuelles ?
UN TRAVAIL LOW-COST POUR DES VOITURES LOW-COST
La stratégie globale de Renault mise à fond sur les pays émergents et développe ainsi toute une gamme de voitures low cost adaptées à ces marchés. Pour cela, il lui faut naturellement des coûts du travail low-cost et son usine de 400.000 unités qu'il a réalisée au Maroc voisin s'intègre parfaitement dans cette optique. Il serait illusoire alors d'espérer que Renault fasse quelque chose de significatif en Algérie à cause des handicaps bien connus du pays dont le manque de compétitivité, l'absence de sous-traitance et l'instabilité juridique ne sont pas les moindres. En fait, l'Algérie n'offre rien à part son marché. Sans être important, ce marché n'est pas négligeable non plus mais il n'est certainement pas de nature à faire changer à Renault sa stratégie, ni à entrer en concurrence frontale avec son usine de Tanger. Le fait que Renault insiste beaucoup sur la destination purement locale de la future production montre que l'usine sera très lointaine de ce que les Algériens imaginent en termes de production. Et peut être pire, en termes de qualité, à moins que ce ne soit qu'un autre subterfuge pour gagner du temps en attendant de vendre encore quelques milliers de voitures en plus. Le simple bon sens aurait commandé aux Algériens de faire une croix sur Renault dès l'annonce de la construction de l'usine de Tanger.
LE LION NE SORT PLUS SES GRIFFES…
D'un autre coté, le groupe PSA (Peugeot et Citroën) souffre d'être trop Français et Européen. Il construit presque une voiture sur deux en France et trois sur quatre en Europe. Les marchés Français et Européen sont en pleine déprime et les perspectives futures ne sont guère plus réjouissantes. Il ne profite pas assez de la demande des pays émergents car son offre low cost n'est pas très développée. En fait, il a raté sa tentative de montée en gamme (voitures plus luxueuses à plus forte marge) et se retrouve avec des coûts de travail comparables aux constructeurs Allemands, sauf qu'eux produisent des BMW et des Mercedes. La société est en pleine crise de stratégie industrielle. Elle a annoncé des plans sociaux mais doit affronter l'hostilité politique du gouvernement de gauche, la famille Peugeot étant suspectée d'avoir différé sciemment les annonces de ces plans pour ne pas gêner la réélection de Sarkozy.
Peugeot a été particulièrement malmené dernièrement en bourse et a été même sorti de l'indice du CAC40. Il ne pèse plus que 2,2 Mds Euros et la société est tellement bon marché qu'elle ne vaut qu'à peine 5% de son chiffre d'affaire annuel! La majorité des parts est entre les mains d'investisseurs institutionnels étrangers (32%) et Français (18%) mais la famille Peugeot verrouille le capital avec 25% des parts mais plus de 38% des droits de vote.
ENTREE DANS LE CAPITAL MAIS SURTOUT PAS LA GESTION…
Pour influer réellement sur les décisions de Peugeot, une entrée dans le capital est nécessaire. Cela peut passer par l'acquisition de blocs détenus par les investisseurs institutionnels moyennant une belle prime quitte plus tard à lancer une OPA s'il le fallait. Ces investisseurs sont d'autant plus enclins à se délester de leurs titres car suite à la sortie de l'indice, le titre va devenir moins liquide ne serait-ce que pour des raisons réglementaires. Plusieurs fonds de placement exigent en effet dans leurs portefeuilles des sociétés de l'indice. Par contre, la famille Peugeot peut poser des problèmes. Elle a déjà fait obstacle par le passé à de plusieurs tentatives de rapprochement avec d'autres constructeurs. Mais l'action est tellement peu chère qu'on peut envisager un passage en force sans réel risque d'être contré, le secteur automobile étant sinistré et fuit comme la peste en bourse. Un à deux Milliards d'Euros devrait suffire. C'est à peu près le prix de l'usine que Renault projette de réaliser en Algérie mais là on a en contrepartie le contrôle d'un constructeur qui fabrique quand même plus de 3 millions de voitures. Le cas PSA est intéressant à plus d'un titre car ce dernier possède quelques pépites comme l'équipementier Faurecia, dans lequel rien que sa participation de 60% est déjà évaluée à 1 Md d'Euros, ou la banque PSA Finances qui a dégagé 400 millions d'Euros de bénéfices en 2010. L'instrument financier d'intervention existe, c'est le FNI (Fonds national d'investissement) dont les statuts et les missions devraient être toilettés et les ressources sérieusement gonflées. Bien entendu, ce dernier ne devrait pas se mêler de la gestion car c'est le meilleur moyen de couler la société…
LES VOITURES PEUGEOT ONT TOUJOURS EU LA COTE CHEZ LES ALGERIENS
La société qui perd de l'argent doit réduire ses capacités de production avec la fermeture de plusieurs usines. Peugeot a arrêté sous la pression des USA et de son partenaire GM ses opérations en Iran où il vendait quand même presque 500.000 voitures en kit. Il serait intéressant de réorienter cette production vers l'Algérie dans un 1er temps avant de maitriser le processus de production et de monter progressivement dans l'intégration notamment par le développement des équipementiers locaux. C'est un temps nécessaire aussi pour développer le réseau de distribution et surtout le service après-vente. En fait, tous les pays qui ont développé une industrie automobile à l'instar de la Corée ou de la Chine ont dû commencer par le montage pour ‘'apprendre le métier''. Ce qui est considéré ici comme presque honteux par les décideurs locaux déconnectés des réalités économiques et industrielles du pays et ne tirant aucune leçon des nombreux échecs industriels qui se suivent depuis l'indépendance. Cette délocalisation en Algérie d'une partie de la production qui de toutes manière est condamnée en France, ne plaira certainement pas au gouvernement Français. Il faudrait y mettre les formes et mobiliser les réseaux commerciaux et diplomatiques et faire passer cela comme un exemple de coopération avec les pays du Maghreb. Après tout, nos représentations diplomatiques ne sont pas là que pour les réceptions et les petits fours...
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Algerie:Remak,du surplace
Exécutif et législatif : les présentations
Par : Mustapha Hammouche
À la veille de l’officialisation de sa nomination à la “coordination” du gouvernement, Sellal se faisait connaître à travers ses interventions opportunément improvisées. L’image qu’il semblait vouloir nous communiquer était celle d’un responsable affable, ouvert et entreprenant. Pour la première qualité, la réputation avait précédé le “show”. En voulant la confirmer, il a forcé sur la dose de termes puisés dans les débats de café du commerce. Déjà en campagne, le Premier ministre semblait vouloir faire passer l’intempérance verbale pour une preuve d’ouverture d’esprit.
Une ouverture théâtrale donc. Et qu’en est-il de “l’entreprise” ? La composition du gouvernement, faite de quatre-vingt pour cent de ministres reconduits, de dix pour cent de ministres rappelés et de dix autres pour cent de ministres nouveaux, suffirait à désespérer les plus optimistes d’une volonté de faire évoluer l’action gouvernementale.
Par ce “changement”, l’on a remplacé le discours dépouillé et suffisant, à l’occasion marqué d’avanies sarcastiques, par le propos improvisé où le badinage tient lieu de signe de modernité et de message de proximité. À l’approche de l’échéance 2014, le Président a installé un gouvernement de campagne.
Hier, c’était au tour des présentations publiques du nouveau président de l’Assemblée nationale.
Il ne nous a pas fait regretter les performances de ses plus illustres prédécesseurs en matière de langue de bois. Le coup des “cercles” de “l’outre-mer” (qui) n’ont pas le droit de se proclamer professeurs jaloux de la démocratie et des droits de l’Homme dans notre pays, parce que leur passé ne les habilite pas à le faire, Ziari nous l’a déjà fait quand il justifiait le troisième mandat par le fait que la limitation des mandats était une invention coloniale imposée à l’Afrique !
La journée parlementaire qui devait pompeusement nous éclairer sur le rapport entre “la démocratie et le Printemps arabe” s’est transformée, dans le discours du président de l’APN, et dans le plus pur style Belkhadem, en procès de “la main de l’étranger”. Et c’est dans les élections du 10 mai et dans l’Assemblée qui en est issue, “fruits des réformes politiques initiées par le président de la République”, que Larbi Ould Khelifa puise l’expression de la démocratie algérienne aux origines séculaires qui nous viennent des tadjmaât ou azzaba ! Nous le fûmes, donc nous le sommes.
Pour ne rien perdre des bénéfices du populisme verbal, le président de l’APN trouve dans “les derniers évènements dans la région”, “la démonstration de la maturité du peuple algérien ainsi que de sa capacité à distinguer entre le métal précieux, qu’il a choisi en toute liberté et qui est le nationalisme algérien renouvelé, et le métal brillant mais sans intérêt”. Après cet effort de préciosité minéralogique où il est question de métal précieux dont est fait notre système et de “printemps arabe de toc”, Ould Khelifa ne s’est pas arrêté en si bon chemin : “Le printemps s’est transformé en tempête” et il craint que la situation “ne soit pas meilleure que celle qui l’a précédée. Si ce n’est pire”.
Entre un discours qui, ici, devait nous fait sourire et, là, nous émouvoir, il en manquait un troisième pour nous faire pleurer. Mais, maintenant que la parole n’est plus qu’un simple ustensile, qui l’écouterait ? -
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Souveraineté confisquée, liberté surveillée…
Hocine MAHDI
En Europe et en Amérique la liberté d’expression et la souveraineté citoyenne sont à l’origine du foisonnement de la production scientifique, technologique et culturelle. C’est un acquis irréversible que les gouvernants occidendaux tentent parfois de brider sans succès. Même Franco, Mussolini et Hitler ont fini par baisser les bras et mordre la poussière. Que d’écrivains, de poètes, d’artistes, de journalistes avaient-ils liquidés sans parvenir à imposer complètement le silence à des hommes nés libres dans un pays libre où le livre et trois ou quatre journaux sont intégrés dans le budget quotidien des dépenses alimentaires.
En Orient les hommes naissent théoriquement avec les mêmes droits et les mêmes devoirs citoyens que les occidendaux. C’est du moins ce que disent la constitution et la loi.
En réalité ils naissent et grandissent privés du droit de jouir de leurs droits citoyens. Mais ils se taisent, se laissent faire, se soumettent, aliènent leur liberté constitutionnelle de revendiquer leurs droits.
C’est la différence entre l’Occidental et l’Oriental.
Cette différence vient du mode de gouvernance dans les deux sphères.
Les gouvernants occidentaux sont choisis par les citoyens et respectent la Constitution et la loi.
Les gouvernants orientaux s’imposent aux citoyens par les armes et ne se sentent tenus de respecter ni la constitution ni la loi.
Mais à qui est la faute si l’Oriental risque la prison, l’exil et la mort quand il revendique ses droits citoyens dans son propre pays prétendu indépendant ?
Pendant des décennies nous avons constaté que les dictateurs du monde arabe qui sont imposés par l’armée et les fraudes électorales massives reçoivent immédiatement l’onction de Washington, Berlin, Londres, Paris.
Ils ne reçoivent pas seulement l’onction.
Ils reçoivent aussi l’argent, les armes, des conseillers militaires, des gardes du corps.
N’est-ce pas le cas de Zinedine Ben Ali et d’El Guedhafi avec Chirac et Sarkozy ?
N’est-ce pas le cas de Moubarak avec Bill Clinton et les Bush père et fils ?
N’est-ce pas ce qui explique la récupération des révoltes populaires arabes par les compagnons des dictateurs déchus ?
Voyez-vous ?
Les choses sont vraiment compliquées pour le citoyen oriental ?
Il ne comprend pas pourquoi les gouvernants des grandes démocraties du monde aiment-ils les dictateurs et les rois sanguinaires qui étouffent les libertés citoyennes dans le monde arabe ?
Il ne rêve que d’une chose : jouir de ses droits citoyens sans descendre dans la rue et se faire massacrer par des gouvernants qui ne respectent ni la Constitution ni les lois.
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Hocine Mahdi
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El HOGRA dans toute sa laideur !
Expulsé de son motel qu’il gère depuis 1989, Baâli Haribèche erre dans les rues de Laghouat
Hassi R’mel : Quand un hôtelier se retrouve sdf
El watan le 15.09.12
Dans les allées du jardin public de Laghouat, communément appelé Jardin Beylek, une splendide oasis verte aux grands arbres plantureux nichée en plein centre-ville, les gens viennent volontiers trouver refuge à l’ombre de ses immenses feuillages.
Parmi eux un homme de 68 ans, grand échalas au corps ascétique, la moustache fine et d’un naturel élégant. Il est là du matin au soir. Depuis le 9 juillet dernier, il y passe, oui, la majeure partie de son temps au point de se lier d’amitié avec Abdelkader, le paysagiste autodidacte qui a eu le mérite de faire de «J’nane el Baylek» assurément l’un des plus beaux jardins du pays. L’homme en question s’appelle Baali Habirèche. Et tout le monde l’appelle ammi Ali. Vêtu de la même tenue, un t-shirt bleu et un vieux jean, M. Habirèche est réduit à une condition de SDF après avoir connu un train de vie plutôt faste. Un comble pour un hébergeur de métier. Un coup il dort au pied du mausolée de Sidi Abdelkader qui trône dans la vieille Casbah de Laghouat ; un coup il crèche sur un bout de carton dans un coin de la gare routière. Sa femme et ses enfants se sont dénichés un squat dans la médina en ruine, une maison abandonnée où une pauvre femme a eu la bienveillance de les accueillir. Comment ammi Ali s’est-il retrouvé à la rue avec sa famille ? A quel diable a-t-il bien pu tirer la queue pour subir un tel sort ? Le moins que l’on puisse dire est que son histoire est édifiante à plus d’un titre tant elle concentre tous les travers de la gouvernance locale.
«J’étais à mon 7e mois de grossesse»
Pour faire simple et ne pas se perdre en circonvolutions narratives, disons en gros que c’est l’histoire d’un hôtelier qui a pris en gérance un motel abandonné près de Hassi R’mel, au lieudit Tilghemt. Entré en conflit avec l’APC, propriétaire du bien, un feuilleton judiciaire commencé il y a plus de dix ans finit par contraindre l’hôtelier à céder son commerce. Sauf que, comme on le verra, les choses ne sont pas aussi simples et la procédure d’expulsion n’est pas exempte de tout reproche. Il suffit de savoir que l’exécution a été effectuée alors que Mme Habirèche était enceinte et que la famille logeait dans une aile de l’hôtel. Le coup de force a provoqué dans la foulée l’expulsion du bébé. «J’étais à mon septième mois de grossesse et j’ai fait une fausse couche», nous confie Mme Habirèche en sanglots. Mais reprenons l’affaire depuis le début. D’abord un mot sur le parcours de notre homme. Personnage haut en couleurs, cultivé, polyglotte, d’une gouaille et d’une verve exceptionnelles, Baali Habirèche est pour ainsi dire né hôtelier : «Je suis symboliquement né dans un hôtel puisque quand je suis venu au monde, mon père possédait déjà un hôtel, le Beauséjour.»C’était à Skikda, ville où ammi Ali a vu le jour un certain 5 novembre 1946. «Je suis Mozabite. Je préfère dire plutôt ibadite. Je suis originaire de Ghardaïa. Mais ma famille s’est installée très tôt à Skikda. Mon grand-père y était vers 1913», raconte-t-il. Après l’indépendance, le jeune Baali devient foreur à la Compagnie française du pétrole. A la nationalisation des hydrocarbures, il intègre naturellement Sonatrach. Après quelques années passées à forer les puits de pétrole de Hassi Messaoud et autre Gassi Touil, il finit par quitter Sonatrach. Il décide alors de revenir à ses premières amours : l’hôtellerie. «En 1979, j’ai pris en gérance l’hôtel Royal de Skikda», reprend-il. En s’engageant dans ce créneau, M. Habirèche découvre de plein fouet le monde cruel de la corruption, de la bureaucratie, des petits trafics entre amis et autres magouilles des notabilités adossées à l’administration. La pression des potentats locaux l’oblige à mettre les voiles. «Je ne pouvais plus lutter» soupire-t-il.
Un motel fermé pour crime
Il fonce plein sud au volant de sa 504 GL, déterminé à quitter le pays à destination de l’Afrique continentale. «J’avais un ami qui m’avait proposé de venir travailler au Congo-Brazaville. Comme je parle allemand et hollandais (en plus de l’anglais, de l’italien, entre autres, ndlr), je me suis dit que je n’aurais pas de mal à trouver du travail.» Lors de sa traversée du désert (au propre et au figuré) et en parcourant la RN1, M. Habirèche fait une halte devant un relais routier situé au PK495, en plein no man’s land saharien, quelque part entre Laghouat et Ghardaïa. Il tombe amoureux du coin. Renseignement pris, il s’avère que l’établissement en question, un motel construit en pierre de taille, était fermé depuis trois ou quatre années. «Il y avait eu un meurtre dans cet hôtel, depuis, il était fermé», indique ammi Ali. Nous avons visité le relais en question. Actuellement sous le coup d’une fermeture judiciaire, il est protégé par un simple grillage. Le motel est bordé par une école de construction récente. Quelques maisons de campagne meublent le paysage. Sur l’autre rive se dresse une caserne militaire et, au loin, on peut apercevoir la centrale hybride de Tilghemt, la première du genre. M. Habirèche montre d’emblée un vif intérêt pour ce motel saharien d’une dizaine de chambres perdu au milieu du désert, à quelques 500 km d’Alger et à 26 km de Hassi R’mel.Ammi Ali prend aussitôt attache avec la wilaya et lui fait part de son ardent désir de prendre l’établissement en gérance. Un avis d’adjudication est lancé dans la foulée par voie de presse. Baali Habirèche remporte l’adjudication haut la main. Notre globe-trotter prend ainsi un nouveau départ. Il se rend assez vite à l’évidence que sa nouvelle vie n’est pas aussi paisible que le paysage qui l’entoure. M. Habirèche use d’une métaphore très imagée pour résumer son calvaire : «Tu es en plein désert. Il n’y a pas âme qui vive. Tu sors une poignée de dattes, une nuée de mouches se rue aussitôt sur toi. C’est un peu cela, mon histoire.» Et d’ajouter, plus explicite : «L’emplacement de l’hôtel, au bord d’une route fréquentée, ajouté au fait que ce soit l’unique établissement hôtelier de la région, a très vite suscité toutes les convoitises.» Ce qui mine M. Habirèche, c’est que c’est lui qui a redonné vie à un lieu qui était totalement en déshérence, et voilà qu’il se voit éjecté comme un malpropre. «C’est moi qui ai régularisé la situation de cet hôtel. Avant, il n’avait ni origine de propriété, ni registre de commerce, ni même un livre d’hôtel. C’est moi qui ai tout fait», peste-t-il. «A l’origine, il a été construit par la DNC/ANP en 1973 pour héberger ses travailleurs. Quand elle a fini ses chantiers, la DNC en a fait donation à l’APC de Hassi R’mel mais sans papiers», explique-t-il.
Un interminable bras de fer judiciaire
Baali Habirèche réussit tant bien que mal à lancer son affaire : un hôtel, un restaurant, un café et un bar. Des activités qu’il exerce, insiste-t-il, dans la légalité la plus parfaite en exhibant une copie de son registre de commerce (référence : A/89/763 établi le 15 avril 1989). Le bail est signé avec l’APC de Hassi R’mel le 1er avril 1989. Ses premiers vrais clients sont des expat’ italiens. Quand le pays s’enlise dans la violence, la wilaya de Laghouat est l’une des plus touchées par le terrorisme. M. Habirèche aura son lot de frayeurs. D’ailleurs, il se considère comme un miraculé. Eté 1994 : l’hôtel connaît une grave détérioration de son réseau d’assainissement. Les toilettes et les douches sont bouchées. Une équipe de l’APC engage une intervention lourde qui ne fera qu’empirer les choses. «Contractuellement, c’est au bailleur de faire les travaux de gros œuvre», indique l’exploitant en ajoutant que l’APC «a abandonné les travaux faute de budget». Cette intervention ratée aura des conséquences fatales sur la bonne marche de l’établissement. C’est simple : de juillet 1994 à ce jour, la partie hébergement du relais routier est restée inopérante.Le 22 août 1996, Baali Habirèche ouvre les hostilités en engageant une action en justice à l’encontre de l’APC des suites du préjudice subi. Le 26 mars 1997, le tribunal de Laghouat désigne un expert pour faire un état des lieux et évaluer les dédommagements. L’APC riposte en lançant une procédure d’expulsion du gérant. La commune de Hassi R’mel estime que le bail de location a pris automatiquement fin au 31 mars 1998. Ce que nie l’exploitant : «Je n’ai jamais reçu de notification quant à l’intention de l’APC de mettre fin au bail. Donc la reconduction tacite du bail était toujours la règle.» En fin connaisseur des arcanes du droit, M. Habirèche convoque un autre argument. Document à l’appui, il cite un extrait du PV de délibération de l’APC de Hassi R’mel (document n°03/99 du 18 septembre 1999) en vertu duquel la commune s’est désistée de son bien et le soumettait à privatisation. «Moi, dès le début, ce qui m’intéressait, c’était l’acquisition de l’hôtel et c’est ce qui était annoncé dans l’avis d’adjudication où il est clairement dit : «il est possible de céder ultérieurement l’établissement conformément à la réglementation en vigueur». A partir du moment où l’établissement était devenu cessible, il avait un droit de préemption sur l’hôtel, insiste-t-il : «Les dispositions de la loi de finances 2001 (articles 40 et 41) stipulent clairement que les demandes présentées avant le 31/12/2000 étaient recevables. Or, dès le 5 juin 1989, j’avais présenté une demande d’achat du motel.»
Le 30 juin 2002, une procédure d’expulsion est lancée avant d’être suspendue en raison d’un différend sur l’indemnité d’éviction. Le 28 mars 2005, la justice désigne un expert pour évaluer le bien et déterminer le montant de cette indemnité. L’expert l’évalue à 20 000 DA, ce qui fait sourire M. Habirèche : «Le jugement prononcé stipule que le propriétaire du fonds de commerce doit bénéficier d’une indemnité conséquente à un établissement du même type et de la même valeur. Et on me donne 20 000 DA ! Est-ce que vous connaissez un hôtel à 2 millions de centimes ?»
Le 8 mars 2008, un autre expert est nommé. Signe particulier : l’expert en question est aveugle ! Une infirmité qui contraint la justice à diligenter une nouvelle expertise. Dans l’intervalle, la Cour suprême tranche en faveur de l’APC. La mesure d’expulsion devient exécutoire. L’hôtelier réussit encore à gagner du temps. Mais le 9 juillet 2012, un huissier de justice de Laghouat finit par exécuter la sentence en recourant à la force publique. M. Habirèche aurait pu stopper la procédure car, estime-t-il, «l’huissier aurait du tenir compte du fait qu’il y avait une nouvelle expertise en cours».
«Les bijoux de ma femme et une somme de 2,5 milliards confisqués»
Si l’ensemble du conflit qui oppose l’APC de Hassi R’mel à M. Habirèche prête à des appréciations diverses, la procédure d’exécution de l’expulsion appelle quelques clarifications que nous aurions souhaité entendre de la bouche de l’huissier.
Malheureusement, nos tentatives d’entrer en contact avec lui ont été vaines. Sans doute le plus grave dans l’affaire est le maintien de l’expulsion sachant que la co-gérante de l’établissement était enceinte. Madame Habirèche se trouvait d’ailleurs dans un cabinet d’obstétrique au moment du débarquement de l’huissier, accompagné de gendarmes de Laghouat. Peu après, il y a eu la fausse couche. Pour M. Habirèche, il ne fait aucun doute que «c’est le choc émotionnel qui a provoqué la fausse couche». Selon lui, «l’huissier était au courant. Il a appelé en personne le procureur et lui a dit je ne peux pas le sortir, sa femme est enceinte. Elle m’a montré le livret de grossesse». M. Habirèche ajoute que «le chef de brigade (de Hassi R’mel) a parlé aussi au procureur et lui a dit : ‘Mme Dalila est enceinte. On ne peut pas intervenir, s’il lui arrive quelque chose, rahi t’bassina’».Autre fait avéré : la confusion entre l’expulsion du bien et la saisie des affaires personnelles du gérant et de sa famille qui logeaient au sein même de l’hôtel. Les Habirèche ont vu, en effet, tous leurs biens qui se trouvaient dans l’établissement séquestrés. Officiellement, ils seraient soigneusement conservés au parc communal. M. Habirèche, lui, soutient mordicus qu’elles sont toujours à l’hôtel. Ce dernier est censé être placé sous la surveillance de deux gardiens. A notre passage, ils n’y étaient pas. Aujourd’hui, M. Habirèche et sa famille n’ont pas même de quoi se changer. «Je peux comprendre qu’ils me chassent de l’hôtel. Mais pourquoi confisquer mes biens ? Nous sommes sortis une main devant une main derrière. Ces vêtements que je porte, je les ai achetés à la friperie. Je suis obligé de les laver à la fontaine publique. Nos papiers, nos meubles, nos économies, les clés de ma voiture, tout est à l’hôtel. Et on n’a pas le droit d’y accéder», se plaint M. Habirèche. Il affirme dans la foulée que des objets précieux sont au nombre des effets confisqués : «Dans le lot, il y a les bijoux de ma femme ainsi qu’une forte somme d’argent d’une valeur de 2,5 milliards de centimes destinés à financer mes projets d’investissement. Il y a aussi les affaires scolaires de nos enfants qui sont bloqués sachant que c’est la rentrée des classes.»
Baali Habirèche ajoute que «l’expulsion aurait dû se faire en présence de témoins assermentés», précisant que «l’huissier est tenu de me restituer mes biens au bout de 48 heures». «Or, depuis le 9 juillet, nous ignorons totalement ce qu’il est advenu de nos affaires. L’huissier m’a dit qu’il n’avait pas de camion. Je lui ai répondu que j’étais prêt à louer des camions à ma charge pour les récupérer.» Et de s’écrier «Mais bon sang, je ne suis pas propriétaire du Hilton ou d’El Aurassi ! Je gère juste un petit hôtel minable en plein désert. Alors, si j’étais Djillali Mehri qui a des projets avec la chaîne Accor, qu’est-ce qu’ils m’auraient fait ! La seule chose que je désire maintenant, c’est de récupérer mes biens et quitter cette wilaya qui ne m’a jamais accepté, moi qui suis resté un éternel ‘barrani’ !»
L’huissier Yahia Bellakhdar, par la voix de sa secrétaire : «Je n’ai fait qu’exécuter une décision de justice»
Nous nous sommes rendus par deux fois au cabinet de l’huissier Yahia Bellakhdar, à Laghouat, qui a eu à exécuter la procédure d’expulsion de l’hôtelier Baali Habirèche, afin de recueillir sa version des faits. En outre, nous avons tenté à maintes reprises de le joindre sur son portable. En vain.
Sa secrétaire nous dira : «L’huissier a essayé de vous rappeler mais vous étiez injoignable», avant de nous faire cette réponse : «Quoi qu’il en soit, il vous dit qu’il n’a fait qu’exécuter une décision de justice, et que cette affaire concerne exclusivement M. Habirèche et l’APC de Hassi R’mel. Il n’a rien à voir là-dedans.»
Mustapha Benfodil
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La haine en réseau
Par : Mustapha Hammouche
C’est une drôle de bouillabaisse où se mêlent une organisation caritative chrétienne, un réalisateur de films pornographiques en liberté conditionnelle, militant chrétien gourou d’une association, se disant “antimusulman” et consultant sur le film, de sombres acteurs qui ont tourné, ridiculement grimés, sur un faux scénario avant d’être doublés pour les besoins du produit final.
Le montage, qui court donc depuis des mois sur le Net, n’a rien d’une “œuvre” blasphématoire. Une basse besogne qui n’a “d’intérêt” qu’en ce qu’elle exprime de haine et de volonté de provoquer. Il n’en fallut pourtant pas plus pour allumer le monde arabo-musulman, dans une réaction étrangement différée au 11 septembre.
Subitement, le monde arabo-musulman s’enflamme. Point d’orgue de cette ardeur vengeresse, à retardement et visiblement incitée, un ambassadeur et trois fonctionnaires américains sont assassinés à Benghazi dans une ambiance où les foules électrisées rivalisent de sonorité et brutalité dans leurs danses de la haine autour des chancelleries occidentales, et surtout américaines.
Nous voici donc sommés de courir, sabre au clair, et si possible dans l’apparence hirsute qui sied à ce genre d’expéditions, à l’assaut des représentations de l’Amérique pour tuer les ressortissants, piétiner les symboles et brûler les locaux ! Cela par la grâce d’une collaboration d’illuminés californiens opportunément relayés par la légion de chœurs incendiaires et de groupes terroristes au service du projet islamiste liberticide. Une si haute cause pourra justifier notre impuissance à affronter les défis devant lesquels l’Histoire nous a mis depuis la fin de la colonisation : ceux du développement politique, économique et culturel, compensant notre impuissance à sortir de systèmes politiques rentiers et autoritaires, assujettissants et abêtissants. Comme dans une peur de la liberté qui responsabilise, même quand nous en sortons, c’est pour nous en remettre à un système plus aliénant.
Combien de “bacilles” incubent encore à travers l’insondable réseau virtuel et qui, à chaque fois qu’un prédicateur le décide, peuvent nous obliger à montrer que, faute d’être plus forts que nos “ennemis”, nous sommes plus furibonds qu’eux. Terrible destin à méditer du plus extraordinaire instrument de libre-échange que l’humanité se soit donné ! N’importe quel agitateur peut y déposer les ingrédients de l’explosion et n’importe quel pousse-au-crime peut aller y pêcher ses arguments au moment choisi.
Dans cet immense fonds de connaissances qu’est Internet, on peut se servir ses caniveaux où s’échangent les “bons procédés” criminels. Cette liberté autorise l’indignation sélective, expression la plus probante de l’indignité. Celle qui nous poussait à fermer les yeux sur les outrances commises par les terroristes au nom d’Allah et de son Prophète : on nous a bien, à propos, inventé le “qui-tue-qui” pour nous tirer d’affaire, puis la “réconciliation” pour nous faire croire qu’on pouvait sortir indemne de notre compromission.
Depuis avant-hier, circulent sur le Net les photos de jeunes musulmans maliens aux mains coupées. Ici, Internet n’aura pas servi à notre esprit de révolte. Non, c’est avec leurs bouchers, qui retiennent aussi des fonctionnaires algériens, qu’on attend de nous de partager l’expédition punitive contre les mécréants américains ! -
no moment
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Rumeurs sur le décès du président
Le mouvement de redressement du FLN rejette les accusations de Belkhadem
Achira Mammeri
Accusés par Abdelaziz Belkhadem d’être à l’origine de la rumeur sur le décès du président de la République, début septembre, les redresseurs du FLN démentent. Les opposants de Belkhadem, réunis ce samedi 15 septembre à Draria, à l’ouest d’Alger, ont rejeté les accusations du chef du FLN, l’accusant de vouloir nuire à leur action en propageant de fausses informations contre eux.
Dans son discours prononcé à l’ouverture de l’université d’été du FLN lundi dernier à Tipaza, Belkhadem a accusé les redresseurs de son parti d’avoir propagé la rumeur sur la mort du chef de l’État. « Qui a intérêt à faire circuler ce genre d’information sur le président ? La mort de Bouteflika servira à qui, si ce n’est à ceux qui nourrissent l’ambition de lui succéder ? » s’interroge le porte‑parole du mouvement, Mohamed Seghir Kara. Allusion à Belkhadem qui nourrit l’ambition de briguer la magistrature suprême en 2014. « C’est cette même personne [Belkhadem], rappelle M. Kara, qui s’est entourée durant l’université d’été de cadres qui ont affiché publiquement leurs divergences avec le président ».En tenant cette réunion en présence des coordinateurs du mouvement de 45 wilayas, les redresseurs veulent affirmer que le mouvement n’est pas fini ! Au contraire, « le nombre d’adhérents ne cesse d’augmenter depuis la dernière réunion du Comité central », affirme Abdelkrim Abada, président de ce mouvement. La dernière arrivée parmi les redresseurs est Mme Saliha Lardjam, membre de l’Assemblée populaire de la wilaya d’Alger, présente à la réunion de Draria. À deux mois des élections locales du 29 novembre prochain, le mouvement de redressement et d’authenticité du FLN, n’a voulu donner aucune instruction à ses militants : « nos militants sont libres de participer ou de ne pas prendre part à ces élections », explique M. Kara. Dans le premier cas, cette participation se fera avec des listes indépendantes, précise‑t‑il. Le mouvement de redressement du FLN compte organiser des réunions régionales qui seront sanctionnées par une conférence nationale qui devrait réunir plus de 1 500 militants. -
Des Ambassades américaines ciblées
Les pays musulmans en ébullition
Le film The Innocence of muslims, produit par un homme d’affaires israélo-américain, Sam Bacile, offensant l’islam et insultant le Prophète, enflamme le Monde arabe et l’Asie, et provoque des vagues de protestation et des émeutes.
Hier, après la prière du vendredi, des manifestations ont éclaté dans différents pays (Iran, Libye, Soudan, Jordanie, Bangladesh, Yémen, Egypte, Liban, Irak, Tunisie, Maroc…) La cible de certains mécontents : les ambassades des Etats-Unis, d’Allemagne et de Grande-Bretagne. Des morts ont été enregistrés parmi les manifestants.
Après l’attaque de l’ambassade US à Benghazi, mardi dernier, qui a provoqué la mort de l’ambassadeur et de trois autres Américains, hier, c’était au tour des ambassades d’Allemagne et de Grande-Bretagne à Khartoum de connaître le même sort. Des centaines de manifestants ont mis le feu à la chancellerie allemande, après avoir arraché le drapeau pour le remplacer par un étendard islamiste. Ils ont ensuite bloqué la route afin d’empêcher l’arrivée des pompiers, tandis que la police répliquait par des tirs de gaz lacrymogènes. Selon l’AFP, les manifestants qui dénonçaient le film – qui, pour rappel, est de piètre qualité cinématographique – s’en sont pris, par la suite, à l’ambassade britannique située à proximité.Non contents, ils ont utilisé tous les moyens pour atteindre la chancellerie américaine, mais les forces de l’ordre ont usé de leurs armes et de tirs de bombes lacrymogènes pour disperser les quelque 10 000 manifestants. Des heurts ont éclaté lorsque les agents ont bloqué la rue menant à l’ambassade. Les manifestants réclamaient «des excuses et le retrait immédiats de la vidéo du film sur YouTube». A Téhéran, alors que l’ayatollah Ali Khamenei demandait aux Etats-Unis de «punir» les auteurs du film, des milliers de personnes sont sorties dans la rue, hier, scandant «Mort à l’Amérique» et «Mort à Israël». Selon des images retransmises par la télévision d’Etat, la foule a manifesté après la prière du vendredi à l’université de Téhéran où un religieux, l’ayatollah Ahmad Janati, a ironisé sur le fait que les Etats-Unis puissent d’être à l’origine du film Innocence of muslims. «C’est extraordinaire que ceux qui dirigent un pays se considérant comme une superpuissance se rendent aussi stupides par de telles actions», a-t-il décrié.
Des manifestations importantes ont eu lieu dans toutes les villes du Pakistan et ce, à l’appel du parti islamiste Jamaat El Islami et de l’organisation radicale Jamaat Ud Dawa pour dénoncer le film hostile à l’islam, demander la mort de son réalisateur et l’expulsion des diplomates américains en poste dans ce pays. De crainte que la situation ne dégénère, les services de sécurité pakistanais ont renforcé la protection des missions diplomatiques. Chez nos voisins tunisiens, un important dispositif de sécurité a été déployé autour de l’ambassade des USA après l’appel des imams à un grand rassemblement devant la représentation américaine pour dénoncer le film. Le bâtiment a été entouré de barbelés ; des militaires et des policiers casqués ont été dépêchés sur les lieux afin d’empêcher une éventuelle attaque.
Des heurts ont toutefois éclaté entre manifestants et policiers, qui ont usé de gaz lacrymogènes.
Toujours dans le Maghreb, au Maroc, quelque 200 personnes ont manifesté à Salé, près de Rabat, après la prière du vendredi. Les manifestants ont piétiné et déchiré, avant de les brûler, des drapeaux américains tout en scandant des slogans contre le «Satan américain». Même scénario en Jordanie, où les manifestants ont brûlé la bannière étoilée et brandi des drapeaux noirs sur lesquels était écrit : «Il n’y a de Dieu que Dieu et Mohamed est son Prophète». Ils réclamaient la fermeture de la représentation diplomatique américaine en Jordanie.D’autres pays ont également formulé ce vœu. En Irak, des manifestations ont eu lieu pour la première fois dans des régions à majorité sunnite. Au nord du Liban, un manifestant a été tué et 25 autres blessés dans des heurts entre éléments des forces de sécurité et des islamistes qui avaient incendié un fast-food américain pour protester contre le film. Jeudi, quatre personnes ont été tuées lors de heurts entre la police et des manifestants protestant près de l’ambassade des Etats-Unis à Sanaa, au Yémen.
Un manifestant a été également tué, lors de la dispersion d’une manifestation à Khartoum, écrasé par un véhicule de police qui fonçait sur un groupe de qui lançaient des pierres sur les forces de l’ordre. En Indonésie, des manifestations ont eu lieu à Jakarta contre «la déclaration de guerre» que représente, selon les contestataires, le film américain.
Par ailleurs, plusieurs pays musulmans d’Asie ont renforcé, hier, la sécurité autour des missions diplomatiques américaines.
L’Inde, qui compte une importante communauté musulmane, a placé en alerte ses effectifs déployés autour des bâtiment américains. Le plus haut responsable religieux musulman de l’Etat indien du Cachemire a demandé aux citoyens américains de quitter immédiatement la région.Nabila Amir
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Les transferts des émigrés évitent les banques et préfèrent la «Western Union clandestine»
Ferhat Yazid, Maghreb Emergent,
Les transferts nets en devises vers l’Algérie ont atteint 1,5 milliard de dollars au premier semestre 2012, en augmentation de 50% par rapport à la même période de 2011, selon la Banque d’Algérie. Ce montant ne reflète pas la réalité de ces transferts. A cause des marges de profit importantes des banques et de la Western Union, mais aussi de la différence astronomique entre les taux de change officiel et parallèle, les voies informelles sont plus utilisées.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Leksaci, a indiqué lundi à Alger que les transferts nets en devises vers l’Algérie avaient atteint 1,5 milliard de dollars au premier semestre 2012.
Le premier responsable de la Banque d’Algérie qui s’exprimait lors de la présentation des tendances monétaires et financières au premier semestre 2012, a ajouté que ce montant était en augmentation de 50% par rapport à la même période de 2011, où il avait été enregistré un transfert de seulement 1 milliard de dollars.
Le chiffre de 1,5 milliard de dollars représente essentiellement les pensions de retraite des anciens travailleurs émigrés ayant choisi de finir leurs jours en Algérie après avoir travaillé pour 90% d’entre eux en France.
Cependant, les transferts des émigrés algériens sont plus importants que ce chiffre, qui ne se base que sur les sommes empruntant le canal bancaire. Quoique difficiles à quantifier, les montants en devises arrivant de France hors circuit bancaire sont estimés par certains au double des transferts formels. Selon le groupe de travail sur l’espace financier euro-méditerranéen, piloté par l’Institut de Prospective économique du monde méditerranéen, les transferts empruntant les voies informelles sont estimés au total à plus de 7 milliards d’euros.
Les raisons qui poussent les Algériens à emprunter les voies informelles ne se résument pas à la « culture du cash bien ancrée chez nous » comme tendent à l’affirmer plusieurs études. Elles sont aussi économiques. Les marges importantes (5 à 10%) que pratiquent les banques sur le transfert de compte à compte est une des plus importantes. Pour une somme de 1.000 euros, soit quelque 100.000 dinars, ces marges peuvent atteindre 10.000 DA, une somme très importante qui représente presque la moitié du Salaire national minimum garanti (18.000 DA).
Une Western Union parallèle
La Western Union est une de ces voies de transfert légal de devises qu’évitent nos expatriés. Ses locaux dans les bureaux de poste et certaines banques sont de plus en plus boudés au profit des bureaux de change clandestins.
A cause de la différence astronomique entre le taux de change officiel (100 dinars pour un euro) et le taux de change sur le marché parallèle (145 dinars pour un euro), la Western Union n’attire plus les émigrés comme au début de son implantation, lorsque l’écart entre les deux taux n’était pas aussi important. Pour une somme de 1.000 euros nets transférés, la différence peut ainsi atteindre 45.000 dinars, soit 2,5 le SNMG !
Pour ne pas perdre au change des sommes aussi importantes, les émigrés recourent aux services des bureaux de change clandestins. Flairant la bonne affaire, leurs propriétaires ont adopté le principe de fonctionnement de la Western Union, à un détail près : le transfert se fait selon le taux de change parallèle ! Des représentants en France, généralement bien connus de la communauté, reçoivent la somme à envoyer en euros et par un simple coup de fil à un associé en Algérie, ordonnent de donner au destinataire du transfert l’équivalent de la somme en dinars. Les sommes en devises ainsi amassées par ces cambistes prendront la destination de l’Algérie dans les bagages des compatriotes, sans passer par les voies officielles.
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Le marché algérien du médicament est sous le contrôle d’une dizaine de distributeurs (Snapo)
Lounes Ait Mohamed, Maghreb Emergent,
La pénurie de médicaments en Algérie est due à une situation de monopole imposée par un nombre réduit d’importateurs et de distributeurs, indique le président du syndicat nationale des pharmaciens d’officines (Snapo). Pour lui, il est impératif d’installer l’Agence nationale de produits pharmaceutique.
Les pénuries de médicaments persistent. Pas moins d’une centaine de marques de médicaments importés ou fabriqués localement sont concernés par la pénurie, a déclaré ce mercredi, le président du Syndicat national des pharmaciens d’officines, Messaoud Belambri. Le manque concerne toutes «les gammes de produits », dit-il, en citant les anti-inflammatoires, les antispasmodiques et les anti-bioéthiques injectables. « Il est absolument urgent d’en finir avec les situations de dominance et d’exclusivité qui entrainent des rétentions de stocks », a clamé le Dr Belambri qui s’exprimait ce matin sur les ondes de la radio chaine III. Selon lui, il existe théoriquement en Algérie 500 grossistes mais seul 200 exercent réellement dont une dizaine en situation de dominance. « Une dizaine de distributeurs détiennent 80 % du marché. Deux ou trois dominent réellement le marché», a déclaré le président du Snapo sans les nommer. A titre d’exemple, cite la livraison « de toute une production à un seul opérateur et des lots de médicament importés attribué à un seul distributeur ». Ces pratiques, a-t-il rappelé, sont illégales puisque les lois algériennes interdisent la détention par un seul opérateur, tout secteur confondu, de plus de 30 % de parts de marché. Ces pratiques dénoncées, à maintes reprises, par l‘ex-ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas, sans toutefois oser prendre le taureau par les cornes, sont désormais sur la table de son successeur, Abdelaziz Ziari. Le président du Snapo a indiqué avoir senti une « réelle volonté » de la part du nouveau ministre de s’attaquer à ce vieux problème de pénuries de médicament.
Le nombre d’officine a doublé en 4 années
Pour endiguer ces « situation de dominance », Belambri a insisté sur l’urgence d’installer l’Agence nationale des produits pharmaceutiques ( Anpp), appelé communément agence du médicament, dont le décret avait été promulgué depuis 2008. Cet organisme devrait assumer toutes les taches en matière de suivi et de régulation et l’attribution des autorisations d’importation de médicaments. Il a suggéré par ailleurs de corriger certains textes de lois à l’exemple du code des marchés public et au mode de paiement par lettre de crédit pour les opérations d’importation. Le président du Snapo a dénoncé, sur un autre plan, « le détournement » de l’arrêté de 1997, fixant les modalités d’ouvertures d’officine, par les DCP (directeur de la santé et de la population) au niveau des wilayas. Il a indiqué à ce sujet que les DCP ont autorisé l’ouverture de nouvelles pharmacies dans des régions déjà suffisamment pourvues. Résultat, le nombre d’officine a doublé en passant de 4000 à 8500 officines aujourd’hui.
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Quand la rumeur fait trembler l’Algérie
Abed Charef, La Nation,
Depuis 1988, l’Algérie a appris à vivre avec la rumeur. Mais cette fois-ci, les choses sont allées trop loin.
L’affaire a choqué. Non parce qu’elle vise l’Algérie, ni parce qu’elle serait le fait de quelque ennemi interne ou externe. Elle était choquante parce qu’elle portait sur l’annonce de la mort d’un homme relativement âgé, et dont l’état de santé est fragile. C’est une affaire morbide, indigne.
Mais la rumeur sur la mort du président Abdelaziz Bouteflika, lancée par un site internet, a aussi confirmé les avatars de la vie politique algérienne, tout en reposant l’éternel problème de la rumeur dans des pays plus connus pour l’opacité de leur système politique plutôt que par la transparence de la gestion des affaires publiques. Elle a, de manière plus précise, montré que face à cette rumeur, il n’y a pas de parade que la transparence et le recours à des pratiques saines.
Comme toujours, on passera de longs mois à tenter de comprendre ce qui s’est passé réellement: s’agissait-il d’un coup de pub réussi par le gérant d’un site anonyme ? Ou, au contraire, était-ce une opération de manipulation, lancée par des « sources » sûres d’elles, et relayées par des apprentis journalistes, heureux de se retrouver sous le feu des projecteurs ?
Tenter de chercher la vérité, dans cette affaire, pose plus de problèmes qu’il n’en résout. Interviewer l’auteur du site, comme l’ont fait de nombreux médias, revient à aller à la quête de la vérité auprès de quelqu’un qui est soit un manipulateur, soit un manipulé ou, au mieux, quelqu’un qui n’a pas respecté les règles élémentaires du métier de journaliste ; un homme qui, en tous les cas, ne se soucie guère des implications de ce qu’il publie, et qui a continué à défendre la qualité de « ses » sources, même quand il était devenu évident que l’information était fausse. S’excuser, dans ce genre de situation, ne sert à rien. Il n’y a pas de réparation possible.
Mais au-delà de ces péripéties, on ne peut que s’interroger certains aspects de la vie publique algérienne, confirmés par cette rumeur de la fin des vacances. Avec une tradition qui s’est imposée en Algérie : chaque été apporte « sa » rumeur, depuis 1988. C’est devenu un rituel inévitable. Le Ramadhan, la longue absence du chef de l’Etat, la paralysie institutionnelle, en un mot, le fonctionnement « soviétique » de l’Algérie, offrent un terrain particulièrement favorable à ce genre de rumeur. On ne se demande plus si une rumeur va être lancée, on s’interroge sur sa nature, qui elle va viser, à quelle vitesse elle va se propager, quel degré d’adhésion elle va acquérir chez les Algériens et comment elle va être combattue.
On pourra aussi critiquer le pouvoir, mettre en cause son opacité et ses mœurs, et s’en prendre à ses bourdes répétées en matière de communication. Ce sont des faits établis depuis longtemps, depuis si longtemps qu’y revenir devient fatigant. Mais dans le même temps, on doit aussi se demander pourquoi la société algérienne est prête à tout accepter, à tout « gober », à admettre l’invraisemblable et le farfelu, qu’il s’agisse de solutions politiques miraculeuses véhiculées par des charlatans, ou de rumeurs les plus absurdes, en passant les miracles au quotidien véhiculés sur les réseaux sociaux et Internet de manière générale.
Certes, le pouvoir a réussi à brouiller les cartes et les concepts, il a créé la confusion dans tous les secteurs et dans les esprits. Mais il ne suffit pas d’insister sur le machiavélisme du pouvoir, sur sa capacité de manipulation, et sur son aptitude à organiser les coups tordus pour tout expliquer. Il y a aussi cette aptitude des Algériens, y compris dans les milieux politiques dits avertis, à avaler des couleuvres à chaque saison, et ériger des inepties en évidences ?
Sur ce terrain, l’Algérie a d’ailleurs réalisé de vrais miracles. Elle a longtemps considéré le Hamas comme un parti islamiste, Boudjerra Soltani comme un opposant, Abdelaziz Belkhadem comme un homme à conviction, Amar Ghoul comme un militant islamiste doublé d’un bon gestionnaire. Elle a même rangé le RND dans le rang des partis dits démocratiques, et considéré Ahmed Ouyahia comme un homme ferme, fidèle à ses principes.
Cette tendance à tout accepter révèle peut-être une grande fragilité au sein de la société. Mais la faiblesse inquiétante se trouve au sein des institutions. Comment, en effet, une simple rumeur, colportée par un site inconnu, a-t-elle pu prendre autant de consistance ? Comment a-t-elle pu prendre forme, se développer et devenir le sujet d’actualité de la semaine ? A-t-elle pris cette ampleur parce, d’une certaine manière, elle exprimerait un évènement auquel l’Algérie, dans une sorte de subconscient collectif, s’attend, un évènement qui est dans l’ordre du vraisemblable, ou bien parce qu’une société désespérée, qui attend son messie, son Mehdi, est disposée à être entrainée vers n’importe quelle issue ?
Voilà qu’on replonge dans le morbide. Pour l’éviter, et vaincre la rumeur, il y a une seule méthode : établir un pouvoir transparent, obéissant à des règles institutionnelles connues de tous et vénérées par chacun.
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Otages algériens au Mali : les faux-fuyants d'Alger
Par Le Matin DZ |Qu'est-ce qui retient Alger pour libérer les trois terroristes arrêtés à Ghardaia le 15 août dernier pour sauver la vie des trois fonctionnaires de l'Etat algérien, otages du Majao? La concorde civile de Bouteflika n'a-t-elle pas gracié des milliers de terroristes du GIA et du GSPC aussi sanguinaires que ceux arrêtés à Berriane?
Un article publié, ce jeudi, dans le site "maliweb" sur l'affaire des otages algériens du Mujao au nord du Mali se pose la question de savoir si l’Etat algérien libérera les terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique arrêtés le 15 août dernier à Ghardaïa, pour sauver la vie des trois autres otages ou au contraire, s'il laissera leur sort aux mains du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest. Une question pertinente sans doute mais qui prête aux autorités algériennes un pseudo-principe, celui de ne pas céder au chantage politique du Mujao. Alger aurait-elle laissé faire au lieu de se voir discréditée dans sa lutte antiterroriste qui a repris du regain cette fin d'été par plusieurs coups durs infligés aux groupes terroristes locaux d'Al Qaïda au Maghreb islamique, d’'autant que, parmi les trois terroristes arrêtés à Ghardaia, figure l'un des chefs d'Aqmi, l'algérien Necib Tayeb dit Abderrahmane Abou Ishak El Soufi, présenté comme le bras droit de l’émir d’Aqmi, Abdelmalek Droudkel. Pourtant, les risques de voir un nouveau revers de la diplomatie algérienne qui conduirait à l’exécution des autres fonctionnaires algériens, après celle du vice-consul Tahar Touati, n’ont jamais été aussi grands et inquiétants. Depuis son dernier communiqué évasif rendu public vingt quatre heures après celui du Mujao annonçant avoir tué le vice-consul, le département de Mourad Medelci est resté silencieux.
Que traduit ce silence au moment où les familles des otages interpellent le président de la République pour faire toute la lumière sur le sort de leurs proches ? Si le ministère des Affaires étrangères s'est voulu rassurant à leurs égards en affirmant que les contacts avec les ravisseurs n’ont pas été rompus, très peu de détails, en revanche, ont filtré sur les négociations. Dix jours après qu'il avait affirmé que l'"information (l’assassinat de Tahar Touati) fait actuellement l'objet de vérifications nécessaires pour s'assurer de son authenticité", les autorités algériennes n'ont plus rien dit alors que la situation sécuritaire et politique ne cesse de se détériorer au nord du Mali: l'intervention militaire de la Cedeao est au poids mort, Al Qaïda au Maghreb islamique conquiert d'autres territoires à la lisière du sud du pays, les groupes armés qui lui sont affiliés, Ansar Eddine et le Mujao, semblent se livrer une guerre de leadership sur les rançons d'otages et les réseaux des narcotrafiquants. La récente vidéo des quatre otages français détenus par Al Qaïda au Maghreb islamique dans la région du Sahel, une semaine environ après l'annonce par le Mujao de l'assassinat d'un des otages algériens, participe de cette logique d'un redéploiement des groupes terroristes d'Al Qaïda qui accentue les menaces sur Alger et Paris.
Alger qui, sous le prétexte de ne jamais céder au chantage des terroristes, est aujourd’hui dans l’embarras, prise dans ses propres contradictions qui se sont avérées mortelles pour les fonctionnaires consulaires, otages du Mujao. Car, faut-il encore le souligner, comment invoquer le refus de toute négociation avec les groupes terroristes quand le chef de l'Etat, lui-même, est le premier à céder au chantage politique d'Al Qaïda au Maghreb islamique en invitant à Alger des émissaires d'Ansar Eddine. Aveuglée par la politique de concorde civile, le pouvoir de Bouteflika a minimisé, dès les premiers jours de l'occupation du Nord du Mali par Al Qaïda au Maghreb islamique, la chute de la ville de Gao devant l'irruption du Mujao. Aucune disposition particulière ne semble avoir été prise par Alger pour protéger sa représentation diplomatique. Les terroristes du Mujao ont fait irruption dans le consulat d’Algérie à Gao le 5 avril dernier pour prendre en otage avec une facilité déconcertante sept diplomates dont la libération de trois d’entre eux a été annoncé dans un communiqué datant du 12 juillet par le porte parole du Mujao. Ainsi, ces trois otages ont été libérés grâce à des négociations intenses tant que celles-ci ne mettaient pas l'Algérie dans une situation similaire à celles exigées par le groupe terroriste avant l'exécution de Tahar Touati : à savoir la libération des trois terroristes arrêtés à Ghardaia par les services de sécurité algériens. Ainsi, l’arrestation de trois djihadistes le 15 Août par les forces de sécurité algériennes a été suivie quelques jours plus tard par une requête du Mujao menaçant Alger de représailles s’il ne les libère pas immédiatement.
Avant l’exécution de Tahar Touati, le Mujao avait accordé un délai de huit jours à Alger pour libérer les trois terroristes ; un délai au cours duquel les autorités algériennes, se congratulant suite à la "grosse" prise de Ghardaïa, n'avaient pas vu arriver la menace du Mujao qui a réclamé leur libération même si Necib Tayeb dit Abderrahmane Abou Ishak El Soufi, l'un des chefs d'Ami, n'appartient pas organiquement au Mujao. La rançon pécuniaire exigée pour la libération des trois otages n'est plus de mise. La rançon politique exigée par le Mujao, la libération des 4 otages contre celle des trois terroristes, met le Mujao en position de négociateur politique et non plus agissant dans les règles basiques des narcotrafiquants qu'il l’est aussi. Pour quelles raisons l'Algérie n'a-t-elle pas obtempéré aux revendications du groupe terroriste pour sauver la vie de ses fonctionnaires consulaires comme l'a fait, il y a plus de deux ans, l’Etat malien dans l’affaire de l’otage français Pierre Camatte libéré le 23 février 2010 contre la remise en liberté, par les autorités maliennes, de quatre islamistes réclamés par Al Qaïda. L'Algérie et la Mauritanie avaient alors, en signe de protestation, rappelé leurs ambassadeurs à Bamako.
Or, combien d'"émirs" sanguinaires du GIA et du GSPC ont bénéficié de la grâce amnistiante de Bouteflika depuis 2006 et qui sont plus "importants" que les trois terroristes réunis arrêtés à Ghardaia. En effet, si la lutte antiterroriste en Algérie n'avait pas été trahie par la concorde civile de Bouteflika, l'Algérie ne serait pas dans cet embarras politique qui révèle toutes les inconséquences politiques et idéologiques vis-à-vis d'Al Qaïda au Maghreb islamique dont les principaux chefs sont des "émirs" algériens de l'ex-GSPC, condamnés par la justice algérienne. Dans cette logique, l'assassinat de Tahar Touati, s'il relève physiquement du Mujao, tient, avant tout, de la responsabilité du chef de l'Etat qui refuse de libérer trois terroristes d'Al Qaïda pour sauver ses concitoyens fonctionnaires de l'Etat alors qu'il ne cesse d'ouvrir ses bras et de dérouler le tapis rouge à ses terroristes qui écument les maquis du pays. L'argument avancé par Alger sur son refus de toute négociation politique avec le Mujao est totalement fallacieux.
R.N
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Conférence antiterroriste à Alger : un camouflet pour Bouteflika
Par Le Matin DZ |Alors qu'elle se targue d'abriter depuis hier mercredi une conférence antiterroriste maghrébo-africaine, Alger n'a pas condamné l'attentat meurtrier contre le consulat américain à Benghazi, en Libye, mais elle a exprimé sa vive indignation contre le film "Innocence des musulmans".
Les travaux de la Conférence antiterroriste "Afrique du Nord et Sahel" du Centre d'excellence de sécurité chimique, biologique, radiologique et nucléaire (CBRN) se sont ouverts hier à Alger et se cloturent aujourd'hui jeudi dans un contexte international tendu, marqué par l'attentat terroriste ayant visé mardi soir le consulat américain à Benghazi, en Libye, dans lequel quatre Américains, dont l'ambassadeur, ont été tués et par les vives manifestations dans plusieurs capitales arabes dont le Caire et Tripoli contre la diffusion du film Innocence des musulmans, jugé insultant envers l'islam. Cette rencontre qui coïncide également avec la commémoration du 11ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 et dont l'objectif principal vise "le renforcement des capacités des pays du Sud pour lutter efficacement contre le trafic illicite des matières sensibles et atténuer les risques de terrorisme d'armes improvisées de destruction massive", ne peut ainsi faire l'impasse sur ces derniers événements d'autant que la Libye participe à cette rencontre au coté de l'Algérie, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Maroc, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Soudan, et le Tchad.
De toutes les réactions maghrébines à l'attentat contre le consulat américain, celle de l'Algérie est la plus tiède, la plus effacée; elle limitée à un message de "condoléances et de sympathie" du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à à son homologue américaine, Mme Hillary Clinton. En revanche, L’Algérie a réservé sa "forte indignation" contre l’"rresponsabilité" des auteurs du film "Innocence of muslims" : "Partant de son profond attachement à la concorde entre les différentes confessions et au respect de toutes les religions, l’Algérie déplore fortement l’irresponsabilité des auteurs du film Innocence of muslims qui offense l’islam et son prophète (…) Les outrages aux symboles religieux sacrés, quels qu’ils soient, ne peuvent que susciter réprobation et indignation, car ces provocations visent à attiser la haine et les tensions et à contrarier les efforts menés au niveau international dans le cadre du dialogue des civilisations et des religions» lit-on dans le même communiqué du département de Mourad Medelci.
Minimisant comme à son habitude l'alerte lancée ce mercredi par l'ambassade américaine à Alger enjoignant ses ressortissants d'éviter tout déplacement non urgent en Algérie, les autorités algériennes prises au dépourvu par ces derniers événements alors qu'elle abrite une conférence anditerroriste à laquelle participent les pays qui en sont concernés en premier chef, semblent mises au pied du mur par leurs flagrantes contradictions. Alors que le président tunisien Moncef Marzouki a dénoncé ce mercredi, à la télévision libyenne, au cours d’une visite éclair à Tripoli, l’attaque meurtrière perpétrée mardi soir contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi, la qualifiant de "sales actes terroristes" "une attaque ignoble qui ne peut, en aucun cas, être justifiée" et que, à son tour, le Maroc l'a qualifiée d'"agression ignoble", les autorités algériennes ont été promptes à condamner le film et à se faire les défenseurs invétérés de l'islam offensé, justifiant implicitement l'acte terroriste perpétré contre le consulat américain qu'elle n'a pas condamné officiellement; le département de Medelci l'ayant réduit à un "faire-part".
Comment l'Algérie qui se targue d'abriter une telle conférence antiterroriste maghrébo-africaine, peut-elle à ce point minimiser l'ampleur des répercussions sécuritaires, politiques, diplomatiques, d'un tel attentat perpétré, qui, plus est, à Benghazi, lieu emblématique d'où est partie la Révolution armée contre le régime de Kadhafi ? L'échec de cette initiative est d'ores et déjà prévisible pour Alger qui, en ne condamnant pas l'acte terroriste qui a tué l'ambassadeur américain et trois de ses collaborateurs et en se sentant visée par le film "anti islam" qu'elle a vivement dénoncé, se déjuge sur son rôle "moteur" dans la tenue de cette conférence. Loin d'être l'expression d'une volonté ferme dans la lutte antiterroriste, cette initiative d'Alger, rattrapée pour ainsi dire par ce qu'elle est censée "étudier" et contrer sur le long terme, s'avère être un camouflet de plus pour Abdelaziz Bouteflika qui continue d'observer une omerta sur l'assassinat par le Mujao du vice-consul Tahar Touati et sur le sort des trois autres otages toujours détenus par ce groupe terroriste au Mali.
R.N
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Algérie des finances : la plus grande épicerie du monde
matin dz|"La clémence ne se commande pas. Elle tombe du ciel comme une pluie douce sur le lieu qu'elle domine." William Shakespeare
L’Etat est en train de racheter Djezzy, il veut aussi racheter Nedjma, il pourrait racheter la filiale Danone ou que sait-on quoi encore ? Les concessions portuaires concédées aux Emiratis, la chaîne Sheraton, récupérer el Hadjar, et cetera, les caisses de la République sont pleines à craquer, "hetbark", "awidkan", y a à boire et à manger dans le fourre-tout financier national. Où pour chaque problème pris en considération, avant de discuter de quoi que ce soit, de management ou de méthode propice d’approche, on lève les mains au ciel et on dégrafe un gros chèque.
Sellal, sous le signe du statu quo financier
Jamais dans l’histoire du pognon algérien un ministre des Finances n’a eu autant de facilité de manipulation dans le Trésor de la nation que Karim Djoudi, maintenu dans la formulation gouvernementale de Abdelmalek Sellal - que déjà on se met à le désigner par le sobriquet du "Lion de Moka", le petit village de la Petite Kabylie, du côté d’Ighil Ali, dans la wilaya de Bejaïa qui l’ait vu naître, au lendemain de sa fameuse déclaration qui disait qu’il faille nettoyer le pays, comme si l’argent seul va suffire à la dératisation de la société algérienne. Parce que cette prolifération, au demeurant bien réelle, du rongeur souterrain malsain charriant les épidémies néfastes s’accompagne aujourd’hui à ciel ouvert d’une invasion tout aussi redoutable, porteuse d’un syndrome parmi les plus pernicieux que l’Algérie ait connu depuis la nuit des temps, même de l’époque glorieuse et richissime des passages par notre vaste pays vers el Andalous (Cordoue, l’Halambra), le syndrome du "débordement", la forme la plus avancée du réflexe de l’arriviste plein aux as mais déconnecté de la réalité sociale.
Le dépositaire du chéquier national fournit des fortunes aux entreprises qu’il sait bidon, qu’il sait qu’elles n’ont aucune chance de s’assainir, de se corriger, dans le but de passer immédiatement dans le marché de la concurrence compétitive. D’aucuns disent qu’il obéit à des ordres formels pour éviter les conflits sociaux que provoqueraient des licenciements en masse. Tiens, je me rappelle le très brave Abdelaziz Khelaf son correspondant alors dans les horribles années 1980 où l’Algérie était au fond de la bouteille, 45 milliards de dollars de dette, le pétrole à 20 dollars et les caisses de l’Etat anéanties. Il lui arrivait de se soucier avec hantise des petites fournitures de bureau de son département pour préserver des deniers pouvant servir à quelque chose d’utile. Les grandioses dépenses publiques finissent, en ce trop plein de réserve de change et de grosses marges annuelles dans les échanges hydrocarbures, par ressembler à une "rechqa" tous azimuts.
La gestion par le fonds de caisse
Aujourd’hui, l’ondée argentière, le typhon rentier, semble rendre les dirigeants, de la plus haute échelle jusqu’aux responsables anodins des affaires domestique – regardez par exemple les nouveaux putains d’abris bus qu’on installe dans les agglomérations du pays, en ville et en campagne, qui attirent la chaleur du soleil et les averses plus que de protéger les passagers des aléas climatiques – plus dépensiers que les pires des héritiers gâtés et mal élevés. Qui n’ont rien foutu de leur existence avant que la fortune de Crésus ne leur tombe sur la tête. Qu’est-ce qui se passe dans ce secteur-là des bras cassés qui s’échauffent pour débrayer ? Foutez-leur une bonne augmentation et qu’on n’en parle pas ! Et vogue la galère, la rente ferme le bec à tout le monde en épongeant toutes les conneries économiques. Toutes les incompétences démontrées dans les actifs aléatoires, entrepris dans des visions de calculs d’épicerie où c’est seulement les sommes faramineuses mises en œuvre qui font office de solution.
En dehors de foutre Moumen Rafik Khalifa et ses complices en taule, l’on se demanderait donc dans cette histoire-là du rachat à tire-larigot, pourquoi l’Etat ne s’est-il donc pas proposé de reprendre le groupe Khalifa qui, quoi que l’on dise, malgré les détournements et les fuites de la devise, les affaires du consortium roulaient convenablement et la dette envers les populations pouvaient se réglait le plus normalement du monde. D’aucuns expliquent que s’il y avait dans la retentissante roublardise des intérêts étrangers, sans aucun doute l’Etat aurait à coup sûr racheté dare-dare et les victimes algériennes se seraient ainsi tirées au moindre mauvais compte. A moins que, comme dirait la comique française, "on ne nous dit pas tout", maintenant, sur cette affaire.
Un alias de Benbouzid
C’est à l’avènement de Abdelaziz Bouteflika que l’empire Khalifa prend son envol et c’est sous l’empire de celui-ci qu’il a été décidé de mettre fin à l’empire du premier. Il se passe quelque chose d’extraordinairement biscornue en 13 ans d’exercice de pouvoir. Beaucoup de chose se passent en même temps que leurs contraires, c’est comme s’il gouverne dans le pays deux fractions idéologiques opposées, à la manière qu’il puisse régner à l’Elysée, par exemple, en même temps une politique UMP et une autre socialiste, la première libéralise à outrance, la seconde étatise dans la mesure du possible.Un reptile qui se mord la queue, devenu paranoïaque par les grosses quantités d’argent qui sommeillent dans son antre et dont il ne sait pas quoi faire.
Au rythme où vont les revenus hydrocarbures, et où s’hypertrophient les capacités nationales d’intégrations technologiques, l’Algérie est sur la voie de posséder un Benbouzid bien carburé à la tête de ses finances publiques. De même que l’ancien ministre de l’Eduction a fait de l’école algérienne, en une décennie, une giga-crèche qui a fait parvenir une génération entière complètement abrutie sur le marché du travail sans travail, de même le ministre des Finances actuel, de loi des finances en loi des finances, va finir par faire de l’Algérie la plus grande épicerie de la planète.
Nadir Bacha
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Algérie : secouer le système au lieu de se focaliser sur Bouteflika
Par Le Matin DZ |En remerciant les hommes-clés de ce qu’on appelle communément son clan, Bouteflika confirme les propos qu’il a tenu à Sétif le 8 mai dernier pour passer la main aux plus jeunes dés la fin de son mandat si Dieu le veut bien entendu, autrement ce sera bien avant.
C’est une évidence eu égard à son absence répétée de la gestion du pays durant pratiquement tout ce dernier quinquennat. C’est une spéculation intéressante à savoir mais en quoi elle peut constituer un souci pour la majorité des Algériens qui ont réellement des préoccupations beaucoup plus graves ? Pourquoi cette panique à la rumeur de son décès ? En effet, l’Algérie va très mal non pas pour les crises auxquelles les citoyens sont confrontés : celle du chômage, du logement, de l’envolée des prix et de tous les fléaux sociaux qui rendent leur quotidien extrêmement difficile mais parce qu’elle n’a aucune vision stratégique claire qui l’assure de son avenir. Après plus de 50 ans qui la sépare des premiers départs des colons, elle reste toujours dépendante économiquement de l’extérieur. Elle a donc raté son indépendance totale et reste néo-colonisée dans le sens qu’à voulu le général de Gaulle et, par l'entremise de son homme de l'ombre Jacques Foccart, de la Françafrique. Il s’agit là d’une double trahison des différents responsables qui ont à conduire le pays depuis pratiquement la mort du président Houari Boumedienne.
Nous montrerons plus loin qu’en dépit d’avoir favorisé inconsciemment la constitution du système au pouvoir à ce jour, ce président avait une démarche qui pouvait mener l’Algérie vers son indépendance économique. Cette trahison est l’une vis-à-vis de ceux qui se sont sacrifiés pour l’indépendance politique de ce pays et l’autre des générations futures qui ne voient pas encore le bout du tunnel. Ce serait une erreur grossière de tout mettre sur le dos de Bouteflika et surtout de croire qu’il est un parrain capable de maîtriser la maffia politico-financière. Il a une part de responsabilité comme tous ceux qui l’ont précédé mais compose avec le système qui l’a ramené aux commandes du pays. Qu’on dise qu’il est régionaliste, d’autres l’ont bien été avant lui. Qu’il aurait favorisé ses proches, c’est une pratique courante dans tous les pays du tiers monde. De nos jours et face à la confusion qui règne dans ce pays, c’est un discours politiquement rentable à tous les niveaux mais désormais ce n’est pas la réalité qu’on cherche à tout prix de cacher, pourquoi ? Le système pour se maintenir au pouvoir tente de surmonter ses contradictions en réduisant la situation actuelle de l’Algérie au seul départ de Bouteflika.
En général, trois possibilités s’offrent à un président en Algérie : soit il résiste et dénonce les agissements du système, il est automatiquement éliminé (cas de Boudiaf). Il refuse d’obéir mais se tait, il démissionne avant la fin de son mandat (cas de Chadli et Zeroual). Il compose avec le système et il termine son mandat. C’est le cas du président en cours d’exercice. Il mènera son mandat à terme et dira j’ai mis mon expertise au service de mon pays pour le réhabiliter à l’échelle mondiale. Il rappellera par ailleurs le rôle actif de l’Algérie dans le Nepal et l’Union africaine, le règlement des conflits de l’Ethiopie/Erythrée, la paix en Somalie, la réhabilitation de la Libye dans ses moments difficiles avec la communauté internationale, la médiation au Soudan et enfin la tentative de rapprochement entre l’Iran et les Etats-Unis etc. il vantera certainement les efforts considérables que l’Algérie a accompli en matière de lutte contre le terrorisme et son avancée pour comprendre ce fléau social qui s’étend d’année en année à travers le monde entier. Enfin il dira je suis le seul président qui partira en laissant les caisses pleines (plus de 200 milliards de dollars à l’horizon 2014 selon les prévisions de la Banque mondiale). Mais il reconnaîtra et il l’a fait à maintes reprises ses échecs, qu’il n’est pour rien pour la constitution de cette manne financière et qu’il n’a pas réussi à mettre en place une stratégie à même de faire sortir le pays de sa dépendance vis-à vis des hydrocarbures. Il reconnaitra que l’avenir des générations futures est sérieusement compromis. Il l’a déjà dit et il le dira certainement en partant. Après, il prendra sa petite retraite comme tous ceux avant lui. Alors ! Est-ce pour autant les problèmes de l’Algérie sont réglés ? Certainement pas car le système ramènera quelqu’un d’autre et quelques années plus tard, on dira que le précédent était moins pire que celui là, on perdra encore quelques années et ainsi de suite. Quand est né ce système qui favorise ses membres au détriment de l’existence même de la nation ? Comment fonctionne-t-il ? de quelle manière il s’est ancré dans la société algérienne et avec la complicité de qui ? Est-il détrônable si oui de quelle façon ?
Le processus de création de ce système est indissociable des étapes de développement de l’économie nationale depuis l’indépendance en 1962.Il s’est développé lui-même et s’est ancré à travers les incohérences de ces étapes historiques et surtout des événements qui les ont réorienté ou affaibli comme la mort subite du président Boumedienne. Pour bien comprendre le système, il faudrait passer en revue les différentes étapes de développement et mettre au point un certain nombre de principes qui ont servi de base au modèle de développement de l’économie Algérienne et qu’on tente sciemment aujourd’hui de pervertir pour justifier les échecs, quelques fois programmés.
I - De la mise au point de certains principes et concepts
1- La voie de l’option socialiste choisie par l’équipe au pouvoir au début de l’indépendance de l’Algérie figure bien dans les documents doctrinaux comme la charte d’Alger et entreprise juste par nécessité stricte de développement et non pas par mimétisme ou idéologie comme le prétendent certains écrits. (1). La vacance des moyens de production, suite au départ massif des colons et leur abandon au profit de la collectivité, n’offrait pas d’autres choix que la voie collectiviste qui permettait de contourner les difficultés de recherche des critères pour leur partage
2- A la veille de l’indépendance nationale, un rapport d’une équipe de sociologues sous la direction de Pierre Bourdieu, subdivisait la population algérienne en six classes essentiellement prolétaires et paysannes. Ceci prouve qu’il n’y avait pas une bourgeoisie puissante pour orienter le pays vers une autre voie. En conséquence, note le rapport, tous les Algériens étaient en majorité au même niveau de vie malgré que les quelques années d’indépendance ont favorisé l’émergence d’une bureaucratie dont les intérêts s’opposaient à ceux des masses populaires, (2) mais leur nombre était insuffisant pour influer sur le cours du développement national. Après l’indépendance les propriétaires terriens et ceux qui détiennent les moyens de production aussi bien tertiaires qu’industriels ne représentaient en fait que 5% de la population, (3) avec évidemment aucun secteur stratégique de l’industrie comme le note Pierre Bourdieu dans un autre ouvrage : (4) "cette stratification sociale formée de couches fortement pauvres et pour lesquelles l’Etat est apparu comme "l’image inversée" de l’Etat colonial et il doit de fournir tout ce que l’autre n’a pas fait et par voie de conséquence la projection d’un Etat à tout faire. Cet état de fait ne peut que confirmer l’objectivité de la voie choisie". En dépit des différentes contraintes qu’a connues "l’autogestion" durant les premières années d’indépendance aussi bien agricole qu’industrielle, son émergence a empêché la bourgeoisie bureaucratique de s’accaparer des biens collectifs (4) et s’est imposée comme le montre Koulitchizky "comme idée mobilisatrice des énergies en face d’une certaine carence du pouvoir politique, elle montre la faiblesse du pouvoir, illustre les mutations que connurent toutes les composantes de la société sous l’exclusive bannière du nationalisme". Il est apparu une relation "intime" entre la masse populaire et l’Etat considéré comme seul protecteur des moyens de production "commun" et en face des différentes difficultés rencontrées par les entreprises autogérées, nombreux sont les travailleurs qui souhaitaient leur passage sous le contrôle de l’Etat (5).
En bref, le statut d’un travailleur chez l’Etat est mieux vantée que celui d’une organisation privée. C’est la preuve par 9 que les nouveaux riches d’aujourd’hui qui brassent les milliards n’ont de justification que la triche, la fraude fiscale ou la spéculation qui reste le seul moyen de procurer en près de 30 ans de telles fortunes colossales qui menaceraient aujourd’hui l’existence même de l’Etat. Ce sont ces données que le plan test a rassemblé pour préparer les fondements de l’étape allant jusqu’au 1978 qui s’est fortement inspirée du programme de Tripoli, considéré comme conforme aux aspirations populaires. Ceci peut être facilement vérifié en parcourant les grandes lignes du plan quadriennal qui couvre la période 1970-1973 et dont l’objectif primordial est de créer les conditions qui permettraient de fournir un emploi durable à l’ensemble de la population masculine active d’icil’horizon 1980 (6). Quels que soit les moyens utilisés, ce plan vise essentiellement l’épanouissement des citoyens ce qui est effectivement une aspiration fortement populaire. Les principes retenus pour permettre sa réalisation sont :
• le renforcement de l’indépendance économique en diversifiant les échanges extérieurs et le recours des investissements étrangers comme apport aux moyens nationaux et jamais facteurs dominants,
• l’établissement de nouveaux rapports de production pour la construction d’une société socialiste,
• la mobilisation des travailleurs fondée sur leur adhésion et leur association à tous les aspects de la vie économique du pays,
• l’industrialisation qui doit engendrer un mouvement de croissance auto-entretenue (7). C’est en vrai projet de société que s’érige ce plan, il définit les règles de jeu et fait appel à l’adhésion de toutes les forces vives pour entamer une deuxième révolution cette fois industrielle et culturelle pour parachever le processus d’indépendance économique, moyennant bien entendu des sacrifices à l’instar de la révolution armée.
3 - Le modèle de l’industrie industrialisante largement développé et commenté par D. De Bernis (8) est basé sur la création de puissante sociétés nationales qui agissent pour le compte de l’Etat et capable d’acquérir, de capitaliser, de consolider et surtout de fertiliser le savoir et le savoir faire au profit de tous les secteurs pour permettre au pays dans un laps de temps raisonnable d’accéder à son indépendance économique. Les intérêts individuels doivent se dissoudre dans l’intérêt général ; c’est pour cela que le schéma des industries industrialisantes ne peut être mené que par l’Etat et ne peut aboutir sans une "Planification rigoureuse" (9). L’inefficacité de ce modèle n’a jamais été prouvée scientifiquement sinon qu’il gênait les capitaux étrangers qui ont tout fait pour l’étouffer dans les pays qui le pratiquaient entre autres l’Algérie.
II- Des justifications qui ont mené à la dislocation de ce modèle
A la mort du président Boumedienne, la bureaucratie naissante qui était jusqu’à cette événement en veille, a saisi l’occasion pour aider des technocrates d’accéder au pouvoir mais à sa solde. Ces derniers étaient fortement influencés par le modèle américain, certains y ont vécu même dans ce pays. Ils ont ramené dans leurs valises des consignes claires : celles de déstructurer le tissu industriel algérien qui commençait moyennant des sacrifices énormes à donner ses fruits. Ils ont commencé par un changement de discours dont les implications sur le terrain s’écartaient peu à peu de la ligne suivie pour atteindre les objectifs consensuels et qui est pour rappel celui de l’indépendance économique le gigantisme des sociétés nationales, l’efficacité selon le principe "Small is beautifful", la tentative d’abandon des hydrocarbures comme stratégie de développement, le désengagement progressif de l’état vis-à-vis des différentes institutions publiques, pour, selon le discours politique, une meilleure efficacité budgétaire.
Cette remise en cause a été en réalité (10) à l’origine des multiples formes de résistance des actions collectives (grèves) et aux pratiques individuelles : absentéisme, turn over, etc. Pour rappel, durant les années 1981-1982, l’absentéisme a tellement inquiété les autorités qu’elles ont impliqué les forces de sécurité et de l’ordre pour procéder à des contrôles en dehors de l’entreprise jusqu’à dans les lieux publics (cafés et autres). Mais ceci n’a pas empêché cette équipe de poursuivre cette destruction en optant pour une vraie réorientation de l’économie nationale. Le diagnostic semble léger et ne justifie en rien l’amorce d’un tel processus. Un ancien premier ministre rappelle que cette réorientation n’étant pas spécifiquement motivée (11) de part les meilleurs résultats enregistrés avec un secteur public en pleine croissance car selon le même auteur sa part dans le produit intérieur brut qui était de 34,4 % en 1969 est passé à 65,42 % en 1978. Enfin une rente pétrolière de plus en plus croissante et qui permettait de résoudre les différentes contradictions inhérentes au procès de travail (12).
A part donc le malaise général de l’été 1977 et qui sera analysé plus loin, rien ne justifiait un tel changement du moins scientifiquement. Les rumeurs colportées par la bureaucratie au pouvoir ce sont soldées pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie par une grève de portée nationale : Celle des cheminots en 1978.
En tout état de cause, aucune donnée particulière contraignante ne laisse présager une volonté quelconque de changement de ligne de conduite et du rythme de développement qui devait mener à l’indépendance économique, sinon un léger réajustement dans la marche à suivre. En dépit de l’année de réflexion qui a permis à l’équipe au pouvoir après la mort de Houari Boumediene une pause et une évaluation de la situation, le diagnostic n’a pas semble-t-il été quantitatif mais se basait sur des opinions et surtout se cachait derrière des décisions supposées collégiales car le décret 80-242 du 4 octobre 1980 portant sur la restructuration organique et financière des entreprises ne fait allusion à aucun rapport de diagnostic mais à la résolution du 4eme congrès extraordinaire du front de la libération national (FLN) et les décisions de son comité central dans ses 2eme et 3eme sessions. H. Temmar, qui traitait il n’y pas si longtemps les entreprise publiques de veilles quincaillerie soutenait avec M.E Benissad dans une évaluation des perspectives de développement décennal "qu’en 1980, tout changement brutal de stratégie de développement entraînerait un gaspillage des ressources humaines formées à l’industrie et signifierait que les sacrifices supportés par la population l’auront été vains" (13). Et pourtant ce changement a bien eu lieu. Cette nouvelle voie de développement a fragilisé l’économie nationale en la rendant fortement dépendante de facteurs exogènes. Il aurait fallu en 1985 une chute des prix du pétrole suivi juste après par la détérioration du cours de dollar pour que le pays se mette à genoux, mains liées au FMI. Normalement et en dépit de son caractère brusque, la chute des prix du pétrole ne devait pas surprendre les spécialistes car elle rentre dans le cadre de la stratégie de l’agence internationale de l’énergie (AIE) en réponse à l’embargo décrété par les pays arabes membres de l’OPEP en 1973. Il fallait s’y attendre et donc orienter les recettes des hydrocarbures pour renforcer les projets en cours afin de produire des biens d’équipements qui non seulement dynamiseraient l’activité économique mais lui assureraient son indépendance économique de l’extérieur et fera sans aucun doute face ou du moins amortira le choc d’une telle situation encore une fois dans le domaine du prévisible. Quand bien même l’on suivait la logique des initiateurs de ce projet de réorientation au nom de l’efficacité de gestion et de la politique d’ouverture ; il aurait donc fallu accepter un programme de réforme structurelle à partir du début des années 1980 puisque la balance des paiements algérienne a entamé son déficit depuis 1982 (14) et donc utiliser cette restructuration économique dans le cadre d’un programme avec le fond monétaire international et l’orienter ainsi au bénéfice du développement national au lieu peut être de donner une image fausse qui a dû contribuer à aggraver la situation, désormais aujourd’hui inextricable.
III - Des premières conséquences immédiates
En plus de ce qu’ont constaté les éminents économistes cités plus hauts, la désarticulation du processus intégré a affecté l’économie algérienne sur au moins un triple plan :
• Sur le plan économique
Le peu de savoir et savoir-faire capitalisé par les puissantes sociétés nationales dans les différents secteurs s’est effrité. Les Algériens ne savent plus travailler la terre. Elle est devenue un vaste champ artisanal. Le célèbre grenier Algérien connu bien avant la colonisation a été bétonné. On importe tout. Le ridicule a été poussé jusqu’au jour où un certain "Azzoug" se présente à la télévision nationale pour proposer d’importer la viande à 60 DA le kg. Si ce projet avait été concrétisé que serait devenu l’élevage des bovins en Algérie ? On ne sait plus construire des bâtiments, des routes et on fait appel au Chinois et aux européens pour le faire. Les catastrophes naturelle comme les différents séismes qu’à connu le pays, ont montré l’amère regret d’avoir éclaté la Sonatiba et la DNC. On ne sait plus produire et distribuer de l’énergie sans faire appel aux étrangers. Les techniques d’extraction des hydrocarbures ont été laissées aux américains sous les bons auspices de l’ancienne puissance coloniale (TFT, Hassi Berkine, Tiguentourine etc.).L’expertise parapétrolière a été abandonnée au profit des multinationales comme Schlumberger, Wetherford etc. et, ce avec la mort programmé de Alfluid, Aldia pour ne citer que cela. Le boosting des gisements fatigués a été confié aux Japonais sans aucune intervention des nationaux. La base logistique de Beni Mered à Blida était construite pour produire des pièces de rechanges grâce à ses puissants fours s’est limitée au moulage des statuts pour Riadh El Feth qu’on montre comme une fierté nationale. En somme, on est passé d’une économie en voie d’industrialisation à celle de bric à brac qui a permis aux fortunes indûment acquises de s’incruster pour justement former et consolider le système en vigueur à ce jour ;
• Sur le plan social
Le modèle de développement choisi n’a pas été gratuit, mais a demandé des sacrifices énormes mais aussi et surtout un coût humain.(15) qu’il ne convient pas de considérer comme une conséquence de l’échec du modèle de développement mais plutôt comme un fort tribu payé pour atteindre l’objectif visé. Ils auraient sans aucun doute été facilement dissipés si le rythme de développement n’aurait pas été rompu ou s’ils avaient donné un résultat. Ce coût humain consistait dans un changement radical des structures sociales anciennes :
La dislocation de la famille par migration, l’acquisition de nouvelles habitudes de consommation et de mode de vie, la contradiction entre vie au travail et hors travail, la lutte acharnée parfois humiliante contre le pouvoir bureaucratique, l’acculturation par un procès de travail installé par les sociétés capitalistes sensé fonctionné dans les conditions locales, un environnement international hostile à l’industrialisation dans le tiers monde en général et l’Algérie en particulier pour s’emparer de la matière première à des prix avantageux.
• Sur le plan politique
La notion de "bien commun" qui constituait le ciment de la cohésion sociale, est désormais passée sous silence par toutes les études faites sur le modèle de développement entre autres sociologiques. Alors qu’elle constitue la base de la démobilisation de part son lien aux valeurs culturelles de la société algérienne (16). L’un des partisans de la politique actuelle d’ouverture disait que "la réussite de cette période tient dans la cohérence de la politique suivie avec les objectifs visés" (17). Cette cohésion disparue, la manipulation est devenue très facile pour être utilisée à des fins partisanes très connue et qu’il est inutile de le rappeler ici.
IV-de l’émergence et du développement du système
Trois facteurs ont favorisé l’émergence et l’ancrage d’un système dans la société algérienne :
• Une population déroutée par un changement brusque de discours. L’Etat qui l’assistait depuis l’indépendance, se désengage subitement sans lui donner la moindre garantie. Cette nouvelle situation la rend facilement manipulable pour devenir une cible facile pour tous les corps étrangers ;
• Une bureaucratie fraîchement enrichie mais longtemps en berne a trouvé toutes les conditions favorables pour tisser sa toile d’araignée dans l’espace et dans le temps ;
• Un Etat affaibli par une crise qu'il n’avait pas prévu mais qui s’aggrave de jour en jour jusqu’à le pousser à faire appel au FMI.
Les carriéristes du parti unique se chargent de créer des entrées, brèches et des opportunités au sommet de l’Etat pour le compte des nouveaux riches issus de la bureaucratie et ses spires. Ils prennent leur part et arrosent la majorité de la population pour qu’elle se taise. Ainsi la loi portant cession des biens vacants de l’Etat a plus bénéficié aux bureaucrates qu’au peuple dans sa majorité. Lorsque le simple citoyen achète un appartement de 60 m2, un membre au sommet en prend une villa de 500 m2 pour une bouchée de pain. Ces carriéristes à travers leurs satellites dans les différentes franges de la société (jeunesse, femmes syndicats, corporations etc.) ont pris le contrôle total pour orienter le peuple là se trouvent leurs intérêts et ceux de leurs commanditaires. Ce cercle s’est agrandi et s’est développé dans l’espace pour fonctionner comme un système dans lequel chacun trouve son compte. Les services se rendent mutuellement par le biais d’un artifice d’encanaillement. L’Etat trouve son compte dans la paix sociale que les carriéristes lui assurent. Ces derniers s’incrustent et s’enrichissent sur le dos du peuple. La majorité des citoyens reçoivent des miettes mais s’en accommodent pendant que la minorité observe impuissante. C’est ainsi que s’est crée un ordre établi que toutes les parties essaient de maintenir au détriment de l’existence même de la nation entière et qui reste en vigueur à ce jour. Lorsque le président de la république a nommé un nouveau premier ministre en la personne de Sellal, la première question que les observateurs se sont posée c’était celle de savoir s’il était du système ou pas. Et lorsqu’ils ont appris qu’il y était, ils ont vite compris comment l’Algérie a pu fonctionner avec un gouvernement intérimaire pendant plus de 4 mois.
V- Des crises du système
Ceux qui continuent de penser que l’Algérie a passé son printemps arabe en octobre 88 se leurrent lourdement. La crise de l’été 77, celle d’octobre 88 et les émeutes de janvier 2011et bien d’autre qui n’étaient pas ostentatoires, ne sont en fait que des purges pour permettre au système de surmonter ses contradictions et retrouver son équilibre.
A chaque fois que l’exécutif tente mettre de l’ordre dans la gestion du pays pour plus de transparence, le système lui crée un soulèvement ou lance des rumeurs pour le dissuader et ainsi de suite. Il y a réussi à chaque fois.
Cette rentrée 2012/2013 a été selon toute vraisemblance réservée à l’éradication du marché informel de toutes les villes et villages en Algérie. Une telle opération de grande envergure touche directement les intérêts des barons de l’import/export qui utilisent ce circuit pour écouler leur marchandises. On verra d’ici janvier 2013 les conséquences qui en découlent.
VI - Conclusion
Contrairement au système russe ou chinois et plus particulièrement celui de la maffia italienne, celui de l’Algérie n’est pas du type "hard" mais relève de la délinquance. C’est surtout la complicité de l’administration qui lui a donné une importance. La Banque mondiale conseille l’Algérie d'aller vers les grands chantiers : la relance des investissements publics et l’ouverture des capitaux, d’éviter l’effet d’éviction du secteur privé etc., pour uniquement retrouver une croissance que les Occidentaux veulent partager avec elle. Ils s’en foutent royalement des difficultés internes que rencontrent les gouvernants. Or ces grands chantiers dans le cas Algérien constituent une niche pour le système. Plus nombreux sont les chantiers, plus importants sont les montants de la corruption, plus fort sera le système. C’est pour cela qu’il conviendra d’orienter sa politique vers des axes simples mais qui peuvent nettoyer ou assainir le système mais persévérer dans leur application quelqu’en soient les conséquences :
1- Réhabiliter l’administration pour la rendre au service du citoyen. Les fonctionnaires ripoux doivent sévèrement payer et ils sont visibles à l’œil nu. Peut-être faudra-t-il payer plus mais exiger de la qualité des services publics. C’est l’unique façon de stimuler la confiance et susciter l’adhésion du citoyen qui deviendra plus productif et pourquoi pas créateur ;
2- Assurer l’indépendance des juges pour limiter les passe-droits, devenus un phénomène de société.
3- Intervenir immédiatement pour mettre fin à l’anarchie dans la distribution du revenu national. Des entreprises payent quelquefois 10 fois plus que d’autres sans justification de productivité. Des entreprises étrangères offrent parfois jusqu’à 20 fois le SMIG pour vider le secteur public et refacturent tout cela pour le travail qu’elles réalisent sans perdre un centime Mais l’Algérie aura perdu des cadres qu’elle a formé à coup de devises sans compter l’impact négatif sur l’équité sociale.
4- Mettre de l’ordre dans les opérations d’import/export et surtout assainir et normaliser les circuits de distribution. C’est la seule façon de protéger le citoyen contre l’augmentation des prix et de l’alléger du poids de son couffin.
5- Il est scandaleux que les marchés parallèles s’établissent prés des banques nationales au vu et au su des autorités et dans lesquels des milliards s’échangent chaque jour. Rien ne justifie cela sinon la faiblesse et la complicité des administrations étatiques. Ce marché parallèle est en phase de menacer la nation dans son existence même donc une lutte sans merci doit être entreprise pour l’éradiquer ou éventuellement le normaliser pour mieux le contrôler et dans un délai très court. D’autres actions similaires peuvent compléter cette liste qui n’est pas exhaustive.
Cet assainissement est préalable pour retrouver l’efficacité des chantiers dont recommandent les organisations internationales. Il se peut que ces opérations ne soient pas faciles à mener et peuvent être sanguinaires. C’est pour cela que les différents responsables qui se sont succédé les évitent en les passant chacun à l’autre mais c’est un mal nécessaire qu’il faut absolument assumer si réellement on pense à l’intérêt de la nation. De toutes les manières, on ne peut pas faire une omelette sans casser des œufs
Rabah Reghis, consultant, économiste pétrolier
Renvois :
1. Discours du ministre de l’économie devant l’assemblée nationale le 30/12/63
2. P. Bourdieu Travail et travailleurs en Algérie, Édition Mouton Paris 1963 P.382.
3. J.C.Martens Le modèle algérien de développement : bilan d’une décennie, Édition SNED Alger 1973. P.277.
4. P. Bourdieu Question de sociologie, édition Minuit Paris 1973 P.251
5. S. Koulitchizk Y L’autogestion, l’homme et l’Etat : l’expérience Algérienne, Édition Mouton 1974 P.32
6. Préambule du premier plan quadriennal 1970-1973 Alger 1970
7. J.C Martens OP .Cit Page 53
8. D. De Bernis in Economie Maghrébine, collectif CRESM-CNRS 1971
9. D De Bernis Industrie lourde, industrie légère, in industrialisation du Maghreb édition Maspero 1963
10. B. Semmoud Contribution à l’étude de la structure et de la formation des conflits collectifs de travail dans l’industrie Algérienne, Annuaire de l’Afrique du Nord P.132.
11. Ahmed Benbitour L’expérience Algérienne développement 1962-91 leçons pour l’avenir, édition ISGP Alger 1992 P.23-24
12. A. Bouyacoub La gestion de l’entreprise industrielle en Algérie, édition OPU 1987 P.10-11
13. M.E Benissad, Economie de développement : sous-développement et socialisme, 2éme édition OPU Alger 1982 P.147
14. In Perspective n° 34 semaine du 5 au 11-12-91
15. M.E Benissad Op .cit.157-165
16. La conception socio-dynamique du bien commun met l’accent sur la sécurité, la culture, le niveau de vie, la liberté et le droit à plus de bien-être. Lire J.C Fauvet et Xavier Stefan La socio-dynamique un art de gouverner, édition organisation Paris 1983 page 123.
17. Ahmed Benbitour Op cit. P.41
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Algérie-qatar une relation d'amouret interet entre l' emir et boutef mais pas le peuple
Une relation et des interrogations
Par : Farid Belgacem
Le Qatar, un petit pays du Machrek, se déploie sur tous les fronts. Le Printemps arabe et les révolutions chaotiques qui s’ensuivent semblent conforter la position des Qataris qui multiplient sorties, démarches, présence, voire même interventionnisme dans les pays arabes sans exclusive. La visite éclair, voire l’escale du Premier ministre du Qatar, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al-Thani, en Algérie remet au goût du jour cette question : quelle relation voudrait développer le Qatar avec l’Algérie à l’ombre de ce qui se trame, au quotidien, en Libye, en Syrie, en Égypte, en Tunisie et autres foyers de tension, comme le Mali et le Niger où Al-Qaïda frappe, kidnappe et menace la sécurité et la stabilité de toute la région ? Reçu par Bouteflika à la résidence Djenane El-Mufti, le Cheikh, porteur d’un message, dont on ignore le contenu, s’est limité à dire que cette visite concerne “les relations bilatérales et les moyens de les consolider ainsi que les préparatifs d’une visite au cours de laquelle seront annoncés plusieurs projets entre les deux pays frères”. Seul sujet inhérent au monde arabe et évoqué par l’hôte du chef de l’État, la Syrie constitue, selon lui, “une des questions les plus importantes pour les deux pays et pour le monde arabe et dans le cadre des décisions de la Ligue arabe”. Les observateurs diront qu’il y aurait un semblant de tentative du Qatar de domestiquer l’Algérie. Ce qui n’est pas le cas, dans la mesure où l’Algérie a exprimé ses positions diplomatiques concernant le Printemps arabe et la place que voudrait occuper le Qatar qui a misé sur le démantèlement des régimes des Ben Ali, Kadhafi et autre Moubarak. D’autres pensent qu’il y aurait un pacte de non-agression entre les deux pays “amis” et “frères” et que Bouteflika jouirait de privilèges chez les monarchies du Golfe. Aujourd’hui, le Qatar semble limiter ses démarches au seul plan de la coopération économique, l’investissement et les échanges d’avis sur l’avenir du monde arabe. La nomination de Brahimi en qualité de médiateur dans la crise syrienne semble échapper au Qatar, un pays qui soutient la logique des Occidentaux et qui exprime clairement la vision des monarchies du Golfe. Du reste, l’Algérie demeure un pays qui a toujours basé sa stratégie sur la non-ingérence dans les affaires internes d’autres pays. En somme, un pays consultant et consulté. C’est selon… HB
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Le choc des civilisations… décadentes
Par : Mustapha Hammouche
La longue bande-annonce de ce navet provocateur traîne sur la Toile depuis deux mois sans retenir l’attention, même sous-titrée en arabe. Ce film d’horreur vient de se traduire dans la réalité par des manifestations de violence qui ont occasionné l’assassinat, qu’il ne peut justifier, d’un ambassadeur et de fonctionnaires américains en Libye.
Le pasteur incendiaire de Grenville, qui s’est déjà illustré en organisant un autodafé du Coran, en est le principal promoteur. Il ne s’agit point de simple opinion sur les effets culturels de l’islam ou sur la personnalité de son Prophète : l’intention du “réalisateur”, de ses sponsors et promoteurs de provoquer et d’insulter les musulmans ne fait aucun doute. L’agent immobilier qui s’est improvisé réalisateur “pour la cause” ne s’en cache pas, lui qui traite l’islam de “cancer” en revendiquant son statut de “juif israélien”.
Pendant tout ce temps, des puissances, dont les États-Unis, qui ont la capacité et le souci de surveiller les flux Internet à travers la planète, n’ont rien fait pour désamorcer une telle bombe.
La secrétaire d’État américaine, par courage ou par calcul politique, a dénoncé l’atteinte à une religion en même temps que l’assassinat de l’ambassadeur des États-Unis en Libye et de ses collaborateurs. Mais l’Amérique, qu’Israël soumet à ses desiderata, par son influence électorale décisive, a-t-elle latitude de concevoir sa politique autonome envers l’islam et le monde musulman ? Rien n’est moins sûr. Paradoxalement, la superpuissance qui tient en dépendance plus ou moins entière la majorité des États des pays dits arabes ou musulmans, subit, à travers sa sociologie électorale, la pression permanente d’Israël. Pendant que le “juif israélien” de Californie diffuse des images et des dialogues qui défient les musulmans dans leur foi, Netanyahou enchaîne Obama au téléphone une heure durant pour lui arracher une clarification sur les conditions d’intervention militaire américaine contre l’Iran.
L’Islam, comme institution, ne dispose pas d’autorité pour le défendre contre les affronts qu’il viendrait à subir ; la guerre des doctrines déchire les populations dans sa sphère de dominance. Et les États des pays musulmans sont affaiblis structurellement par les déchirements internes et politiquement par l’obsolescence de leurs régimes despotiques et stériles et par l’influence grandissante de l’islamisme belliqueux. Celui-ci constitue la seule manifestation politique perceptible du monde musulman par un monde libéral asservi à un Israël tout aussi hégémonique et belliqueux.
En renonçant à ses responsabilités devant la tragédie des Palestiniens, par parti pris et par calcul électoraliste, la démocratie occidentale, où la moindre récession économique se transforme en crise nationalo-identitaire, nourrit la régression politique dans le monde musulman. La guerre arrangeant plus que la paix les affaires d’Israël, ses apôtres ne cessent de souffler la haine qui, là-bas, porte au pouvoir les extrêmes droites racistes, les gauches pro-sionistes, les “T-party” xénophobes, et les islamophobes effarouchés.
La première victime de cette impasse violente, on la voit, encore une fois, dans les pays du Printemps arabe, c’est la perspective démocratique dans le monde musulman. Le “choc des civilisations” sera peut-être déclenché par leurs formes les plus dégradées. -
no moment
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Les chantiers keynésiens
Recul, ouverture, prise de conscience ou pas ? Il n’y aura pas de démenti de Amar Belani cette fois : Abdelkader Kherba, du Comité de défense des chômeurs, a bien été libéré à la grande joie de tous les militants et défenseurs des droits de l’homme. Mais cinq des prévenus qui avaient monté le fameux mur d’El Frine sur la RN44, près d’El Kala, ont été gardés en prison malgré leur âge et leur qualité d’anciens moudjahidine. Etant des sexagénaires, faut-il penser que les jeunes seront, à partir de ce nouveau gouvernement, mieux traités que les vieux ? Il est trop tôt pour le dire, mais l’on pourrait imaginer que pour donner un peu de sens à ce lifting et gagner l’adhésion d’une jeunesse blasée et déjà vieille, le gouvernement se mettra bientôt à financer l’immigration clandestine, légaliser le cannabis, subventionner les produits de première nécessité comme le gel et la mayonnaise et instaurer 7 journées de championnat national de football
par semaine.Sauf qu’en réalité, le gouvernement n’a pas vraiment rajeuni ; M. Sellal est plus vieux que son prédécesseur et, comme dans l’ancien staff, tous les ministres sont nés avant 1962 — plus vieux donc que leur propre pays —, à part une exception pour confirmer la règle, le nouveau ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, un jeune homme de 45 ans. Si c’est ce qui manque d’ailleurs au vieillissant — de la pêche, du punch, de la vigueur et de l’imagination — il faut pourtant bien remarquer que les vieux, quand ils ne sont pas au pouvoir et se mettent en colère comme dans le cas d’El Frine, construisent des murs. Les jeunes, dans la plupart des cas, préfèrent les détruire. C’est tout le paradoxe : les autorités détruisent en réaction les murs et mettent les vieux en prison, avant de construire d’autres murs et relâcher les jeunes qui vont détruire d’autres murs. Vaste chantier qui, paradoxalement, ne crée pas d’emplois. A part pour M. Sellal, qui va vraiment avoir du travail.
Chawki Amari
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israel seme la tempete et les usa recolte un embassadeur tué!! a cause de ces va-nu pieds,ces apatrides à qui leur prophete moise les a abadonner..r
L’ambassadeur et trois fonctionnaires US en Libye tués
Un film anti-Islam met le feu aux poudres
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Des centaines de personnes ont manifesté, hier, dans plusieurs pays arabes contre un film jugé insultant envers l’islam, qui a déjà provoqué une attaque contre l’ambassade américaine en Libye, faisant quatre morts, dont l’ambassadeur.
Ce dernier et trois fonctionnaires ont été tués, mardi soir, dans une attaque armée contre le consulat à Benghazi, en Libye. Ce film, réalisé par un Israélo-Américain, avait donné lieu également à une manifestation devant l’ambassade américaine au Caire, lors de laquelle des protestataires avaient remplacé le drapeau américain par un étendard islamique. La mort de l’ambassadeur illustre, une fois de plus, l’incapacité des autorités libyennes à assurer la sécurité dans le pays, où des milices armées font la loi, près d’un an après la chute du régime de Mouammar El Gueddafi. Elle intervient également alors que le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique du pays, devait élire hier le chef du gouvernement, dont la principale tâche sera justement de mettre en place une armée et une police professionnelles. Ce film a ainsi pu mettre le feu aux poudres en Libye, mais pas seulement, puisque la contestation, certes pacifique, s’est propagée dans plusieurs pays.
En Tunisie, une centaine de militants salafistes, hommes et femmes, portant les étendards noir et blanc de cette mouvance, se sont massés sur le bord d’une route, en face de l’ambassade des Etats-Unis, située sur les berges du Lac nord (10 km au nord de Tunis). Ils ont dénoncé le film américain Innocence of Muslims (L’innocence des musulmans), qui se veut une description de la vie du prophète Mahomet et évoque notamment les thèmes de l’homosexualité et de la pédophilie. Il est signé par un Israélo-Américain qui décrit l’islam comme un «cancer». Des renforts policiers étaient déployés, tandis qu’un véhicule militaire montait la garde et des motards patrouillaient autour de l’ambassade, un bâtiment casemate habituellement très sécurisé. Au Maroc, entre 300 et 400 personnes ont manifesté à proximité du consulat des Etats-Unis à Casablanca, la plus grande ville du pays, a constaté un photographe de l’AFP. Ces manifestants, des jeunes dans leur grande majorité, se sont regroupés à 200 m du consulat, sous forte présence policière, d’après la même source.
L’appel à manifester avait été lancé de manière spontanée, sans intervention d’une organisation, et s’est propagé via les réseaux sociaux, notamment. Virulents, les jeunes scandaient «Mort à Obama», mais aucun incident n’a été déploré, selon le photographe de l’AFP. Plusieurs centaines de personnes ont également manifesté devant l’ambassade des Etats-Unis à Khartoum, a indiqué un responsable à l’ambassade, en assurant que personne n’était entré dans l’enceinte du bâtiment. Les manifestants, rassemblés à l’initiative d’un groupe se présentant sous le nom de Jeunes Soudanais, «réclamaient des excuses immédiates et le retrait imminent de la vidéo de YouTube». Ils exprimaient également leur mécontentement à propos de la position du pasteur américain très controversé, Terry Jones, qui a défendu le film, selon ce responsable. Dans les Territoires palestiniens, des dizaines de personnes ont manifesté à Ghaza contre les Etats-Unis, brûlant des drapeaux américains.
Les participants ont incendié, devant le siège de l’ONU à Ghaza, des drapeaux américains et des photos du pasteur Terry Jones qui avait brûlé en public un exemplaire du Coran. «Ce film est la preuve manifeste qu’il y a une politique occidentalo-sioniste pour insulter l’islam de toutes les manières possibles», a déclaré à l’AFP un des organisateurs du rassemblement, Khaled Al Azzabat. Un porte-parole du Hamas, qui gouverne la bande de Ghaza, Fawzi Barhoum, a condamné sur sa page facebook «la diffusion d’un film contre notre prophète Mahomet, un acte honteux, raciste et offensant pour tous les musulmans du monde», y voyant «le produit de la culture de haine des musulmans incarnée par la politique américano-sioniste». Des extraits de Innocence of Muslims, un long métrage américain à petit budget, avec des costumes d’amateur, un scénario confus et des décors artificiels ont été diffusés sur internet ou des chaînes de télévision privées burs-feb/cco.
R. I.