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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 75

  • Belkhadem sur les plates-bandes d’Ould Kablia

    Le chef de la daïra de Sougueur vient de geler la décision d’attribution de 309 logements sociaux sur, dit-on, instruction de… Abdelaziz Belkhadem.
    Se trouvant dans cette localité, dans la matinée de lundi, pour une visite familiale, le SG du FLN a été, en effet, saisi par des contestataires de ladite liste à qui il a promis d’intervenir auprès du wali. Promesse tenue, puisque la décision du gel leur a été signifiée peu de temps après, au grand dam des bénéficiaires. Reste à savoir si ces interférences sont du goût de Daho Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur qu’on dit pointilleux sur le respect de ses prérogatives.

  • le monstre de ben- aknoun alias bachir

    Le général Toufik impose Athmane Tartag à la Sécurité intérieure

     

    Par |

     

    Le rapt des trois humanitaires a été un camouflet pour le DRS.

    Au Département renseignement et sécurité, les changements se font souvent en douce, presque dans le secret. Mais tout remplacement ou limogeage est synonyme de glissement stratégique dans les strates du pouvoir.

    Un changement important est survenu au sein du Département Renseignement et Sécurité (DRS), tout-puissant service de renseignement qui constitue le vrai Centre de décision de l'Algérie. Le général Abdelkader Kherfi alias Ahmed qui dirigeait la Direction de la Sécurité Intérieure (DSI) a été limogé et remplacé par la général Athmane Tartag alias Bachir.

    Loin des commentaires erronés et fantaisistes, ce remplacement est une sanction directement liée à l'affaire de kidnapping de 3 humanitaires européens survenue le 23 octobre au sein des camps de réfugiés du Polisario à Tindouf. Ce qui est en soi une gifle retentissante pour le Front Polisario, l'Algérie et ses services de sécurité.

    Selon des connaisseurs, "il est pratiquement impossible d’accéder avec des véhicules étrangers aux camps de Tindouf, hautement surveillés de nuit comme de jour par les milices armées du Polisario et des unités de l’armée algérienne. En plus, l’idée de parcourir des centaines de kilomètres dans une portion de désert surveillée sans être aperçu, pour ensuite franchir les frontières très bien gardées, cela relève de l’imaginaire. Tout comme il est impensable de s’introduire sans une complicité interne, dans le camp de Hassi Rabouni où est installé le Quartier Général du Polisario, forteresse implantée dans une zone de haute sécurité, et en sortir tranquillement avec trois étrangers ni vu ni connu."

    Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, en compagnie du patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, ont effectué une visite éclair le 4 décembre à Alger. Le lendemain, lundi 5 décembre, deux Sahraouis actifs au sein du Polisario, Maminna Alaaguir Ahmed Baba et Aghdafna Ould Hamoudy Ould Ahmed Baba, âgés respectivement de 29 et 32 ans, sont appréhendés dans une chambre d’hôtel au centre-ville de Nouadhibou (Mauritanie) qu’ils occupaient depuis une dizaine de jours (?).

    Selon un "scénario" révélé par certaines sources, "après avoir réussi leur enlèvement, les deux ravisseurs avaient fui à bord d’un véhicule tout-terrain avec les trois otages à bord. Ils ont pris la direction d’une petite localité située près de la frontière entre le sud algérien et le nord du Mali. Une fois sur place, les deux ravisseurs ont livré leurs otages aux djihadistes, d’une katiba "dissidente" d’Al Qaïda au Maghreb islamique, contre une forte somme d'argent. Ils sont ensuite entrés en territoire mauritanien pour se rendre dans une première étape à Nouadhibou avant de se rendre ensuite aux Iles Canaries. C’est à ce moment là qu’ils auraient été repérés puis pris en filature par des agents des services de renseignements extérieur français (la DGSE), dépêchés en Mauritanie pour enquêter avec leurs homologues mauritaniens" (?).

    En fait, il s'agit là d'une histoire bien étrange de barbouzerie qui dépasse de loin la personnalité de deux jeunes Sahraouis, et qui a coûté sa place au discret général Ahmed, proche du clan présidentiel.

    Rappelons que la DSI était promise depuis longtemps au général Tartag par le général Toufik, patron du DRS. Déjà en 2005, le site bien informé/manipulé Maghreb Confidentiel annonçait un "changement majeur au sein du puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS) : le général Smaïn Lamari, numéro deux, serait remplacé par le général Bachir Tartag." (n°695 du 19/05/2005). Cette information préfigurait une purge des officiers loyaux à l'ex-chef d'état-major le général Mohamed Lamari.

    Après la mort de Smaïn Lamari, le 27 août 2007, Toufik avait voulu imposer M'henna Djebbar ou Athmane Tartag mais Bouteflika avait refusé de signer le decret.

    Entre-temps, Mhenna Djebbar avait été nommé à la tête de la DCSA en 2005, et Tartag a fait valoir ses droits à la retraite.

    M'henna Djebbar (ex-chef du CTRI stratégique de Blida (1990-2003) dépendant de la DSI), Athmane Tartag (ex-chef du CPMI (1990-2001) dépendant de la DCSA), le général Farid Ghobrini (ex-chef du Centre Principal d'Opérations (CPO) d'Hydra dit Antar, dépendant de la DDSE) et un certain général Kamel (actuel chef du CPO), sont les quatre "Mousquetaires" qui composent le commandement opérationnel de choc du DRS et sont restés fidèles au général Toufik Mediene. Ils détiennent à eux cinq des secrets que même le président et le chef d'état-major Gaïd Salah ignorent.

    Dans ce contexte, la position du général Rachid Lallali, alias Attafi, patron de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE), paraît ambigüe par rapport à ce quinté de choc. Au point où les événements au Sahel sont devenus une affaire de sécurité intérieure dont va s'occuper le général Tartag.

    Ce changement stratégique à la tête de la DSI peut en annoncer d'autres au sein du DRS, de l'ANP et du gouvernement.

    Saâd Lounès

  • Les comptes de l’Etat toujours dans le flou

     

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	Cour des comptes.

    zoom | © Salim. M.

     

    Cour des comptes.

     

     

    La commission des finances de l’APN a rejoint le constat de la Cour des comptes qui a déjà mis en cause la transparence budgétaire concernant de nombreux points. L’efficience de l’administration fiscale a notamment été montrée du doigt quant à son volet relatif au suivi et au recouvrement de la fiscalité pétrolière.

     

    Le nombre effarant des comptes spéciaux du Trésor pose toute la difficulté du contrôle et de l’audit du système budgétaire.
    Les réactions du ministre des Finances concernant les observations de la Cour des comptes sur l’exécution du budget reflètent une gêne profonde. Hier, Karim Djoudi a saisi l’occasion des questions de la presse en marge de l’examen et du vote de la loi de règlement budgétaire 2009, pour réitérer que les comptes de l’Etat sont soumis à certaines règles. Il s’est défendu quant à l’opacité de la gestion des comptes spéciaux du Trésor, répétant pour la deuxième fois consécutive que celle-ci obéit aux mêmes impératifs de gestion que le budget général de l’Etat.

    Estimant que la Cour des comptes a le pouvoir de vérification et de sanctions, il a écarté de facto que celle-ci ait des observations sur les données comptables contenues dans le projet de LRB 2009. Réduisant par la même occasion l’intervention de l’instance de contrôle a posteriori à quelques remarques sur «des insuffisances qu’il faudra prendre en compte». Toutefois, les arguments du ministre ont du mal à convaincre. D’ailleurs, la gêne de K. Djoudi est justifiée aussi par le nombre d’observations émises hier au sein de l’hémicycle et qui mettent en doute la transparence de la pratique budgétaire. Plusieurs éléments sont en cause. Le première observation consignée dans le rapport de la commission des finances et du budget de l’APN concerne l’exécution des recettes du budget de l’Etat, particulièrement les recettes fiscales.

    La commission rejoint en ce sens la Cour des comptes qui a déjà mis en cause l’efficience de l’administration fiscale, notamment pour ce qui est du volet relatif au suivi et recouvrement de la fiscalité pétrolière. Au-delà de la nécessité de présenter le détail des recouvrements et de l’affectation du produit de la fiscalité pétrolière, les parlementaires insistent sur l’importance de la coordination entre Alnaft, les Douanes et l’administration fiscale afin de faciliter l’analyse et le suivi des recouvrement fiscaux ainsi que de l’activité exploration et exploitation. L’autre reproche asséné par la commission concerne l’état des recouvrements fiscaux ordinaires, notamment des restes à recouvrer représentant les créances du Trésor auprès des contribuables.  Le rapport de la commission se penche aussi et longuement sur les dépenses. Le fait est le rapprochement entre les ressources allouées et l’absence des résultats obtenus.

    Les observations à ce sujet sont édifiantes, d’autant plus qu’elles mettent en cause la rationalité et le réalisme du gouvernement à l’engagement d’une dépense. Les parlementaires exhortent, à ce propos, les ordonnateurs publics (administrations ou entreprises) à prendre en compte les recommandations de la Cour des comptes. De même que les observations émises par celle-ci devront à l’avenir faire l’objet de réponses de la part des départements ministériels concernés. Ils devront aussi expliquer les raisons du dépassement des crédits votés.

    Aussi, et avant d’engager toute nouvelle dépense, les ordonnateurs publics devront motiver celle-ci par la satisfaction d’un besoin réel. De même qu’avant de prétendre à de nouveaux crédits, ils devront consommer les allocations votées. En ce sens, le rapport est explicite considérant qu’«il convient d’améliorer l’efficience des processus d’exécution du budget de telle sorte à garantir la transparence de la dépense publique». 

    Changer de philosophie

    L’autre sujet de discorde demeure encore et toujours le nombre effarant des comptes spéciaux du Trésor. Si la Cour des comptes y a fait allusion dans son rapport d’évaluation, les parlementaires sont revenus à la charge afin de dénoncer les difficultés de contrôle que pose le recours systématique à ce genre de comptes. Le rapport de la commission de l’APN précise que «la multiplication des comptes d’affectation spéciale est devenue la caractéristique principale de la pratique budgétaire, ce qui est contraire au caractère exceptionnel de ces comptes». Et d’ajouter que «le recours excessif aux comptes spéciaux en tant que mécanismes budgétaires indépendants au budget général de l’Etat a induit des difficultés pour le contrôle et la transparence de l’exécution des dépenses publiques», sans oublier le fait que ces comptes «sont en contradiction avec le concept d’autorisation budgétaire soumis aux dispositions de la loi 84-17 relative aux lois de finances et aux règles de la comptabilité publique».

    Pour M’hamed Hamidouche, économiste auprès de la Banque mondiale, le recours à ces comptes est souvent justifié par les procédures allégées d’engagement de la dépense, permettant ainsi d’échapper à certaines contraintes réglementaires. Cependant, la gestion de ces nombreux fonds induit tellement de détails et la publication de tant de décrets, qu’il devient pratiquement impossible de les auditer et de garantir la transparence de leur gestion.

    Il a également estimé que la LRB telle que présentée pose un réel problème de transparence du fait qu’il faut disposer de hautes qualifications techniques pour la déchiffrer. Il estime qu’il faut changer de philosophie pour passer d’une logique de plus-value ayant présidé à la rédaction de la loi 84-17 des lois de finances sous le système socialiste à une logique plus actuelle basée sur les excédents d’exploitation.

     

     

    Melissa Roumadi
  • L’UGTA… “en un combat douteux”

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Depuis qu’une certaine effervescence secoue le complexe SNVI Rouiba, les revendications de l’UGTA restent difficiles à identifier. Pourtant ce n’est pas faute de discours.
    Le rassemblement d’hier devant le siège de la Centrale du syndicat “officiel” n’a pas beaucoup avancé vers la clarté des exigences ouvrières. Malgré nos efforts, nous n’avons pu préciser que quelques maigres griefs : ceux faits aux “dirigeants”, eux-mêmes personnalisés par les “Sociétés de gestion des participations”, qui recruteraient des cadres à la retraite et ceux concernant “les droits syndicaux” qui renvoient au droit de créer des sections syndicales dans les unités de production et aux pressions subies par les travailleurs qui, dans la zone industrielle, tentent de se syndiquer.
    On ignore le nombre de retraités qui occupent des fonctions de cadre dans les SGP et entreprises publiques, mais on peut subodorer que ce n’est pas là la principale hypothèque dans l’emploi des jeunes. Y compris des jeunes cadres. L’état du système de formation, en général, et de l’université, en particulier, justifie largement le recours aux anciens cadres dans un premier temps mis au repos.
    Mais, puisque dans ce curieux soulèvement qui a tout l’air d’une théâtrale agitation, il faut une cible, allons-y pour les SGP qui, pourtant et comme chacun le sait, ne gèrent pas les entreprises et ne recrutent pas pour elles.
    Restent les droits syndicaux que certaines entreprises privées ne respectent pas, ce qui n’est donc pas le cas de la SNVI : est-ce à dire que l’UGTA inaugure une pratique inédite, celle du mouvement de revendication par procuration ? Si c’est le cas, les adjoints d’éducation en ont grandement besoin et c’est vers eux que la solidarité syndicale aurait dû regarder.
    “Le rassemblement d’aujourd’hui ne vise pas des revendications salariales mais l’application des lois, notamment celle relative au droit syndical”, disait hier un responsable syndical. C’est justement la raison pour laquelle ce mouvement est suspect : il n’a pas de revendications concrètes.
    Le souci de la réussite “des réformes du Président” jette le doute sur la nature syndicale de cette bruyante mobilisation. En outre, si la loi ou le simple bon sens étaient appliqués, la SNVI aurait été plus d’une fois mise en liquidation.
    Reste l’usage subitement inconsidéré de la menace de la part d’une “organisation de masse” qui n’est pas connue pour son penchant subversif. Elle veut faire peur à qui ? Aux SGP ? Elles n’ont pas la prérogative de l’application du droit syndical. Au ministre de l’Industrie ? Alors pourquoi le désolidariser avec son Président, chef de l’Exécutif, pour demander à ce dernier : “Bouteflika, débarrasse-nous des vieux pour que les jeunes travaillent” ?
    Et puis cet étrange et ultime avertissement lancé par Messaoudi : “Nous allons rencontrer le ministre de l'Industrie ; s’il y a des tergiversations, on leur donnera rendez-vous dans dix jours à Rouiba pour un match retour. L’arbitre sera de notre côté. Ce match, on va le gagner…”
    C’est qui l’arbitre dans un “match” opposant un syndicat à… un ministre ? Et d’où le syndicaliste tire-t-il cette assurance sur les faveurs de “l’arbitre” ? On se disait bien que, dans cette histoire, il y a anguille sous roche. Prochaine séance dans dix jours, donc. À suivre.
    M. H.

    musthammouche@yahoo.fr

  • no moment

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    Dilem du 27 Decembre  2011

  • Routes barrées et pneus brûlés à Boumerdès, Bouira, Tipasa, Mila et Béjaïa

     

    L’émeute sociale refait surface

    Par : Correspondants source: liberte' dz

    Plusieurs wilayas du pays ont connu cette semaine des mouvements de protestation liés au chômage, à l’aménagement urbain, au manque de gaz et d’eau potable et, surtout, au problème de logement. Ces protestations ont pris toutes les formes d’expression : APC occupées, routes coupées, marches, rassemblements et même la chasse aux élus ! Le climat de tension, qui règne ces derniers jours dans la daïra Ifri-Ouzellaguen, suite à la distribution de 64 logements socioparticipatifs (LSP), a fini par dégénérer.
    En effet, dans la soirée de dimanche à lundi derniers, plusieurs citoyens parmi les non-bénéficiaires de ces logements ont procédé à la fermeture de la RN26 dans la localité de Hellouane, située à la sortie ouest du chef-lieu de daïra, provoquant d’importants bouchons dans les deux sens de cette route à grande circulation. Même l’ancien axe routier reliant la ville d’Ighzer-Amokrane à Lazib, dans la commune d’Akbou, a été bloqué par un autre groupe de manifestants au niveau de la même cité de Hellouane. Le chef de daïra d’Ifri-Ouzellaguen, accompagné du P/APC, s’est déplacé dans la soirée sur les lieux de la protestation pour tenter de dissuader les manifestants.
    Ces derniers protestent contre la manière avec laquelle ces 64 logements ont été distribués par les autorités locales. Ils ont tenu également à “dénoncer les pratiques malsaines auxquelles se sont livrés les responsables locaux qui ont fait appel à un pseudo représentant de la société civile pour cautionner leur démarche malintentionnée”. De leur côté, les habitants des quartiers Kerrouh et Chebilia, situés dans la commune de Hammam-Dalaâ, 30 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de M’sila, ont bloqué, dans la matinée de jeudi dernier, la RN6 reliant le chef-lieu de la commune à celui de la wilaya. Les protestataires réclament l’aménagement urbain et contestent l’opération de relogement lancée dernièrement. Dans la wilaya de Tipasa, les citoyens du village Halloula-Essahilia sont descendus dans la rue jeudi dernier et ont bloqué la RN67 en signe de protestation, réagissant ainsi à l'annulation de la visite programmée du wali de Tipasa, au cours de laquelle ils espéraient présenter leurs nombreuses doléances au premier responsable de la wilaya. Ils ont utilisés des pneus enflammés et divers objets hétéroclites pour dénoncer l'absence d'eau potable dans les conduites des habitations depuis cinq jours, la chute de l'un des enfants dans un canal du réseau d'assainissement et pour des revendications d'ordre social.
    La wilaya de Boumerdès n’a pas échappé au vent des protestations. Les habitants de Bogssiaâ, l’un des quartiers les plus populaires de Baghlia, commune située à l’est de la wilaya de Boumerdès, ont procédé carrément, avant-hier, à la fermeture du siège de l’APC, pour réclamer la rénovation du réseau d’assainissement dans les plus brefs délais. Pour ces citoyens, leur quartier est devenu invivable tant les odeurs qui s’en dégagent sont nauséabondes. “Nous avons adressé de multiples réclamations aux autorités locales afin qu'elles mettent fin à notre calvaire. Si nous avons décidé aujourd’hui de fermer le siège de l’Apc, c’est dans le seul et unique but de pousser les responsables à agir pour résoudre définitivement notre problème. Dans le cas contraire, nous radicaliserons notre mouvement de protestation, et ce, jusqu’à satisfaction de notre revendication”, avertit un citoyen.
    Après avoir procédé à la fermeture de la RN33, du siège de la commune et celui de la daïra, les citoyens de Haïzer, dans la wilaya de Bouira, ont chassé le chef de daïra. Pour eux, il a failli à sa mission, qui est le développement de la ville, en général, et celui du chef-lieu, en particulier. Les protestataires menacent de durcir leur mouvement si ce dernier reprenait son poste. C’est à l’aide de pierres et de troncs d’arbre qu’ils avaient fermé tous les axes menant vers Haïzer. Les citoyens exigent une prise en charge de leurs revendications : la remise en état des routes et trouver une solution au manque d’eau potable, d’équipements publics et le relogement dans des sites éloignés.
    Pour ces contestataires, il est question de la dissolution de l’Assemblée populaire communale et du départ du chef de daïra. Par ailleurs, à Oued Athmania, au sud de Mila, le plus important axe routier (RN5) en matière de trafic automobile sur le territoire de la wilaya a été bloqué lundi matin. Des barricades ont été dressées sur la voie carrossable par des dizaines d'habitants. Les contestataires revendiquent l'eau potable, l'habitat rural et la déviation de la flotte de camions qui traversent quotidiennement la mechta.
    Synthèse
    correspondants

  • Tizi Ouzou : hommage aux 4 pères blancs

     

     

    Il y a 17 ans, quatre pères blancs, Christian Chessel (France) et Alain Dieu Langard (France), Jean Chevillard (Italie) et Charlie Deckers (Belgique), étaient assassinés à Tizi Ouzou.

     

     

     

    Pour rendre hommage à ces religieux, une cérémonie de recueillement a eu lieu ce mardi 27 décembre 2011 à Tizi Ouzou en présence des ambassadeurs de France, d’Allemagne et de l’archevêque d’Alger ainsi que  de nombreux anonymes venus témoigner leur sympathie aux membres de la communauté chrétienne.

    Outre le dépôt de couronnes de fleurs au cimetière chrétien de Tizi Ouzou sur les tombes des quatre pères blancs,  assassinés par un commando du groupe islamique armé (GIA) le 27 décembre 1994 à l'intérieur de leur chapelle, une prise de paroles a eu lieu dans la bibliothèque de cet édifice.

    Cette bibliothèque a été réalisée, a-t-on rappelé, pour concrétiser le rêve cher à Charles Deckers. Le recueillement a eu lieu en présence de vieux amis et  anciens élèves du regretté père blanc.

    M. Deckers, qui avait enseigné à Tizi ouzou, à Tadmait et à Alger, était très apprécié par la population, ont témoigné ses anciens élèves et amis. Comme les trois autres victimes, Charles Deckers, a été une cible facile des fanatiques islamistes, qui les ont ciblés en plein jour en ce 27 décembre 1994, à l’intérieur de leur monastère.

     

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    Ahcène Tahraoui
  • l'algerie est une dictature, vous vouliez ou pas, celui qui traite avec :est complice du genocide du peuple algerien

    Classée 130e et régime autoritaire par l’indice de démocratie dans le monde

    Un autre blâme pour l’Algérie de 2011

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    Le rapport, fraîchement rendu public, présente une mesure de l’état de la démocratie dans le monde au début décembre 2011.

    La fin de l’année est propice aux bilans, c’est aussi cette période que choisissent les organismes internationaux de réflexion et d’analyse pour rendre publics leurs rapports et classements des pays sous différents indices. Année après année, l’Algérie n’en finit pas de recevoir des blâmes de ces organismes et pourtant elle semble se complaire dans les inconfortables derniers rangs. The Economist Intelligence Unit (EIU), un think tank britannique, lui donne ainsi une place de 130e mondiale sur 167 pays dans son classement des pays par indice de démocratie. Le rapport, fraîchement rendu public, présente une mesure de l’état de la démocratie dans le monde au début décembre 2011.

    L’indice de démocratie, selon ce rapport, repose sur 5 catégories de mesures, à savoir le processus électoral et le pluralisme, les libertés, le fonctionnement du gouvernement, la participation à la vie politique et la culture politique. Quatre types de régime sont recensés par The Economist Intelligence Unit pour catégoriser les pays, à savoir le plein de démocratie, les démocraties imparfaites, les régimes hybrides et enfin les régimes autoritaires. L’Algérie avec sa médiocre 130e place est classée parmi la catégorie des régimes autoritaires. Elle perd ainsi 5 places par rapport au même classement établi l’année dernière tout en gardant sa piètre catégorie. Une preuve que malgré les bouleversements qu’a connus la région, le régime d’Alger est loin de vouloir changer ou de s’ouvrir.

    Dans le même classement, et eu égard aux effets des révoltes ayant débuté durant l’année en cours, la Tunisie est classée 92e cette année au lieu de 145e en 2010. L’Egypte est 115e contre 138 en 2010, le Maroc est classé à la 116e place au lieu de 119, et la Mauritanie est 109e contre la place de 115e en 2010.
    Ces pays sont passés du classement de régime autoritaire à régime hybride. Même la Libye est classée 125e cette année, alors que l’Algérie vient juste avant la Syrie et l’Arabie Saoudite. Les «réformes politiques» qu’on a voulu vendre comme la preuve d’une tendance vers plus d’ouverture et de liberté n’ont été d’aucun effet réel sur la vie politique. Bien au contraire, elles ont confirmé et codifié le rétrécissement des espaces de liberté.

    Le bulletin de l’élève Algérie est peu flatteur, pour ne pas dire insultant. En termes de processus électoral et de pluralisme, le classement accorde la note de 2,17 sur 10 à l’Algérie, contre 2,21 pour le fonctionnement du gouvernement, 2,78 pour la participation politique, 5,63 pour la culture politique et 4,41 pour les libertés. «Des élections libres et équitables, et la garantie des libertés sont des conditions nécessaires pour l’établissement d’une démocratie, et risquent même d’être insuffisantes pour une démocratie pleine et consolidée si elles ne s’accompagnent pas de transparence et de gouvernance efficace. Une participation politique efficiente et le soutien à la démocratisation de la culture politique sont nécessaires pour nourrir et protéger la démocratie», souligne le rapport de l’EIU. Notons que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord compte 15 régimes autoritaires sur 20.

    «Les régimes autoritaires dans la région MENA partagent des caractéristiques similaires : atteintes aux droits humains et absence de libertés fondamentales, corruption endémique et népotisme ; petites élites qui contrôlent la majeure partie des richesses de la nation, gouvernance et prestations sociales pauvres. Autres caractéristiques : difficultés économiques et baisse du pouvoir d’achat, chômage élevé et grande inflation. Des régimes établis depuis de très longues années», indique le même rapport.
    Ce dernier souligne que si le Printemps arabe s’est accompagné de changements significatifs dans certains pays, dans de nombreux autres de la région, il y a eu un effet de régression en matière d’ouverture et continuent d’asseoir leur pouvoir en s’appuyant sur la rente pétrolière.

     

    Nadjia Bouaricha
  • L’Algérie en Décembre 2011 : une panne générale du pouvoir

     

     

    Par |

    Il sera allé jusqu'au bout de l'année 2011. Mais à quel prix ? Le régime algérien en a-t-il pour encore longtemps ? Débat ouvert.

    Il y a quelques jours, le politologue algérien Rachid Tlemçani, interrogé par un confrère à propos des perspectives de réformes dans notre pays, faisait ce constat terrible suivant : » Le véritable problème, c’est que la nature du pouvoir politique en Algérie est foncièrement conservatrice et liberticide ».
    C’est, à peu de nuances près, l’analyse qui s’impose à tous les observateurs attentifs qui relèvent que l’attentisme, les improvisations algériennes et les provocations-régressions contre les libertés publiques peuvent enfanter à tout moment un cauchemar semblable à celui des années 90.
    Abdelaziz Rahabi résume lucidement la posture actuelle de ceux qui nous tiennent lieu de gouvernants : »Le régime a toujours une lecture sécuritaire des mouvements sociaux. Nous n’avons pas compris qu’il y a une accélération de l’histoire".
    L’aspect le plus dramatique est dans le fait que l’Algérie de Décembre 2011 semble frappée simultanément de deux pannes : sur le plan interne les seules réponses sont la carotte ou le bâton et sur le plan externe la honte n’a d’égale que le ridicule.

     

    Bachir DAHAK
    Docteur en Droit
    Présidentd de Somis

    Lire la suite sur http://www.freealgerie.com/debat-du-jour/216-lalgerie-en-decembre-2011-une-panne-generale-du-pouvoir.html

  • GIA-DRS-TARTAG

    un monstre nommé TARTAG

    Un officier des services secrets algériens révèle l’implication de l’armée dans les crimes des islamistes

    Ce qui m’a poussé la première fois à abandonner ma position privilégiée de Capitaine et de déserter, ce sont les événements de Badjarah. Dans cette banlieue d’Alger, les habitants découvrirent, horrifiés, un matin du mois de Mai 1994, une douzaine de cadavres sur les trottoirs, tous des pauvres petites gens du quartier.

    J’étais là, lorsqu’un lieutenant de Badjarah, choqué, annonça ce meurtre collectif à son supérieur du ministère de la défense. La première question de ce dernier fut: “Que disent les gens dans la rue à ce sujet?” – “Ils soupçonnent la sécurité militaire”, répondit le lieutenant. Le chef lecalma: “Mais non, c’est pas sérieux, dis leurs que c’était un règlement de compte entre terroristes”. A peine le soldat avait il quitté la pièce que l’officier éclata de rire et exprima sa satisfaction: “Bachir et ses hommes ont fait du bon travail. Je dois tout de suite lui téléphoner et le féliciter.” Bachir, c’est le pseudonyme d’un officier des services secrets, Othmane Tartag, un colonel. Son quartier général se trouvait dans une caserne sur les hauteurs d’Alger. Sa spécialité c’était l’application d’une sorte de meurtre collectif – il faisait exécuter la famille d’islamistes passés dans la clandestinité. Ses hommes se déployaient la nuit, vêtus non pas d’uniformes mais de “Kachabias”, le long habit des pieux. Ils frappaient à la porte de la famille qu’ils voulaient admonester et murmuraient: “Ouvrez, nous sommes les frères des Moudjahidines”, puis ils pénétraient dans l’appartement et exécutaient leur crime. Peu après le massacre de Badjarah le commando de Bachir continuait de tuer dans le quartier d’Eucalyptus. Il y eut encore beaucoup de ce genre d’attaques; moi même j’ai vu ces groupes de tueurs en action et je suis prêt à témoigner devant chaque comité d’enquête international. Les derniers massacres atroces, comme ceux de la région de Rélizane, la torture, les mutilations, les enlèvements de jeunes femmes, tout ça a soulevé de nouveau la question, si mis à part de fanatiques islamistes, des soldats, sur ordre du gouvernement, ne seraient pas responsables de la dérive de l’Algérie vers la barbarie. Ma réponse est: indirectement, c’est certain. Le président Liamine Zeroual, élu en novembre 1995 avec 61 % des voix parce que le peuple, désespéré, lui fit confiance, est en réalité l’homme de paille de généraux qui ne sont presque pas connus du public. Zéroual, lui-même un ancien général, a peur de ces véritables potentats. Il est leur camarade mais aussi leur otage; après tout, son prédécesseur Mohammed Boudiaf qui voulait se libérer de l’emprise de l’armée, a été tué par un lieutenant, sous des conditions jusqu’à ce jour non élucidées. L’armée a besoin de la haine et de la peur des islamistes pour garantir son pouvoir. En même temps les massacres lui permettent de semer la discorde entre les rivaux fondamentalistes. Aussi inimaginable que cela semble: Le GIA (Groupe Islamique Armé) est en partie une création des militaires, mais sur lequel entre temps les apprentis sorciers ont perdu tout contrôle. Au début du conflit 1992 les islamistes étaient représentés par trois groupes armés: Le Mouvement Islamique Armé (MIA), le Mouvement pour un État Islamique (MEI) et l’Armée Islamique du Salut (AIS), le bras armé du FIS, à qui on venait juste d’avoir fait perdre la victoire aux élections parlementaires. Pour infiltrer ces groupes et les monter les uns contre les autres, les militaires ont aidé à la création d’un nouveau groupe – de ce même GIA, où se retrouvèrent les plus durs et les plus nuisibles du pays: d’anciens volontaires d’Afghanistan mais surtout des grands criminels, dont certains étaient des meurtriers condamnés à mort, se rallièrent aux unités du GIA sous le commandement d’émirs” autoproclamés. Que ce soit intentionnellement ou par imprudence, les services de sécurité laissèrent s’évader en 1994 et 1995 des bandes entières de criminels des prisons les mieux surveillées d’Algérie. Plus de mille ont disparu de la prison de Tazoult à l’est du pays, au moins autant de Berrouaghia et de Serkadji. La plupart avaient été condamné à mort ou á une réclusion à perpétuité, et presque tous se retrouvèrent dans le GIA.
    De même, l’extrême brutalité des tueurs du GIA qui égorgent les hommes, coupent à la hache les femmes, brûlent les enfants dans des fours, indique que ces prétendus combattants ne sont pas des guerriers religieux mais des grands criminels sadiques. Ils s’acharnent surtout au moment du Ramadan, qui devrait être, pour le musulman pieux, la période de méditation.
    Souvent, les massacres nocturnes, qui suppriment des villages entiers, ont lieu tout près de postes militaires, sans que les soldats n’accourent à l’aide des victimes. Ceci est un indice que l’armée tolère le GIA. L’armée trouve ainsi la justification pour les actions de représailles sanglantes et profite de l’ambiance de panique généralisée. Au début, les attentats des fondamentalistes visaient essentiellement les membres de services de sécurité et les représentants de l’État – ceci correspondait à la logique d’une guerre clandestine classique contre les détenteurs du pouvoir. Les militaires voulaient que la terreur touche tout le peuple – cela leur donnait une certaine légitimité et augmentait les chances de survie du régime.
    C’est la raison pour laquelle les forces de l’ordre ont décidé de prendre leur revanche sur une famille d’islamiste pour chaque mort dans leurs rangs. Les services de renseignements militaires ont exprimé d’abord une certaine réticence: une telle tactique ouvrirait la porte à la guerre civile. On ne les a pas écoutés, les dirigeants voulaient à tout prix être sûrs qu’ils ne seraient pas les seuls cibles de la terreur.
    Ainsi ils ont entraîné le peuple entier dans leur sale guerre, et il ne devrait plus y avoir de personnes non concernées, les algériens étant des otages du régime – et ils votèrent fidèlement les adeptes du parti du président au parlement, au sénat et dans les mairies.
    Tout ceci n’est possible que parce qu’au sein de cette caste mafieuse, composée de politiciens et généraux, auxquels chaque importateur doit payer un pot de vin, l’armée, démoralisée, est elle-même glissée dans la criminalité.
    La revendication de l’ex-premier ministre, – “la peur doit changer de camp”– s’est accomplie de façon terrible. Les militaires et la police tuent dans les quartiers “chauds” les proches des suspects pour que le voisinage ne permette pas au frère ou fils fuyard de se cacher. C’est de cette façon que la base des terroristes doit être détruite et le peuple séparé des partisans islamistes.
    Finalement le pouvoir gratifie les meurtriers en uniforme pour cet acte de “rétablissement de la paix”. Un commissaire de police me racontait que ses hommes seraient depuis longtemps contaminés par la barbarie; eux aussi éprouveraient une certaine satisfaction à égorger leurs victimes, comme s’ils abattaient des moutons ou des chèvres. Comme les poursuites judiciaires leur paraissent trop compliquées et pas très consciencieuses, la police et les militaires préfèrent rendre justice eux-mêmes. Ils arrêtent des civils suspects, les interrogent, les torturent et en cas de doute les exécutent. Les exécutions sont quotidiennes. Des hordes de soldats et de policiers organisent de véritables expéditions de pillage sans risquer de punitions: ils rackettent, installent des barrages pour dévaliser les citoyens. Ou bien ils massacrent des prétendus terroristes, uniquement afin de s’emparer des bijoux et de l’argent liquide des tués.
    La tentation est grande: un inspecteur de police gagne entre 8 000 et 12000 Dinar (250 et 370 Mark) par mois; le kilogramme de viande coûte 560 Dinar, un kg de banane 360…
    Des remords, la honte de la corruption et des crimes au nom de l’État ont provoqué une véritable saignée au sein de l’armée: des milliers de soldats, environ 400 officiers ayant faits des études supérieures ont abandonné le service. Mais aujourd’hui il n’est plus permis de démissionner. Celui qui est mal vu est muté dans les unités anti-terroristes qui combattent en première ligne et sont en état d’alerte permanent.
    D’autres ont déserté et sont passés aux islamistes parce qu’il ne voyaient pas d’autre moyen de lutter contre le pouvoir criminel. Il est arrivé que des unités entières se soient révoltées, par exemple à Boughazal, à 200 km au sud d’Alger, où se trouve un grand dépôt de munitions et d’armes. De nombreux camions chargés d’armes sont passés aux islamistes.
    Des actes de sabotage se produisent sans cesse: Ainsi le capitaine Zemani  attaqua le 5 juillet 1994 avec un hélicoptère la base militaire de Ain-Arnat, située à 300 km à l’est d’Alger; il détruisit quatre hélicoptères et un dépôt d’armes. Sa machine fut retrouvée près de Skikda dans une ferme; l’officier a depuis disparu.

    Source : Der Spiegel, 12 janvier 1998  Traduction de l’allemand algeria-watch

  • Des plaintes sans suite, la justice corrupue!!!

    source :le soir dz

    Le directeur des œuvres universitaires semble être gâté par la chance. En effet, toutes les plaintes déposées contre lui, et ce, pour plusieurs motifs sont classées sans suite par la justice.
    Au point où les mauvaises langues vont jusqu’à lui trouver un appui auprès d’un ministre de l’actuel gouvernement.

  • Pourquoi et comment Bouteflika maintient Bessaïeh

    CONSEIL CONSTITUTIONNEL

    Le Conseil constitutionnel est-il en situation d’illégalité ? Le mandat de son président, Boualem Bessaïeh, a expiré officiellement le 17 septembre 2011. Pourtant, l’homme est toujours à son poste. «Et il y demeurera pour quelque temps encore», nous révèle même une source très bien informée.
    Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Comment ? «Le président a eu recours à la jurisprudence pour contourner la contrainte de l’article 164 de la Constitution et, partant, maintenir Boualem Bessaïeh à la tête du Conseil constitutionnel jusqu’en mai 2014.» Explication : en vertu de cet article de la Constitution, le président du Conseil constitutionnel est désigné par le président de la République pour un mandat unique de six ans. Officiellement, Boualem Bessaïeh occupe ce poste depuis le 17 septembre 2005, date à laquelle il remplaçait Mohamed Bejaoui désigné, lui, au poste de ministre des Affaires étrangères. Lequel Bejaoui quittait, là, le poste à mi-mandat. Il n’avait, en effet, remplacé à son tour Saïd Bouchaïr qu’en mai 2002. Et c’est sur ce décalage entre mandats que Bouteflika insère sa jurisprudence. «Bessaïeh n’avait, selon cette lecture, que continué le mandat inachevé de Bejaoui, ce dernier n’expirant officiellement qu’en mai 2008. Dès lors, le mandat de Bessaïeh n’est comptabilisé qu’à partir de cette date.» A en croire toujours la même source, tout sera «légalisé» à travers un décret présidentiel dont on ignore, cependant, la forme. A savoir publiable ou non publiable. Pourquoi toute cette gymnastique juridique pour faire dire aux lois ce qu’elles ne prévoient pas forcément ? Tout réside dans la méfiance légendaire de Abdelaziz Bouteflika. Le prolongement du mandat de Boualem Bessaïeh est une nécessité de survie pour Bouteflika. Ce poste névralgique lui permet, en fait, de se prémunir de toute mauvaise surprise. L’homme, décrit comme ayant la hantise des coups d’Etat, n’ignore, par exemple, pas le rôle prépondérant joué par le Conseil constitutionnel en janvier 1992 lorsqu’il avait fallu «légaliser» le départ de Chadli Bendjedid et l’arrêt du processus électoral. Bouteflika, chez qui la loyauté est le premier critère à prendre en compte, aura, là, verrouillé tout à la veille d’échéances cruciales. Boualem Bessaïeh, qui était déjà son directeur de cabinet du temps où il était ministre des Affaires étrangères, est l’un des rares hauts responsables à avoir la confiance et l’accès au locataire du palais d’El Mouradia. Tout comme le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. Soit deux hommes du premier cercle en termes de proximité mis là où il faut. En cas d’événements majeurs, tout passe et même rien ne se fait sans ces deux institutions- clés. Si l’on y ajoute le ministère de la Défense, détenu par Bouteflika en personne et qu’il gère par une délégation bicéphale, pour s’assurer le privilège de l’arbitrage permanent, on peut dire que le puzzle est vraiment complété : ni coup de force à redouter, ni putsch «à la Bourguiba», à savoir la proclamation officielle de l’incapacité de poursuivre la fonction de chef d’Etat pour cause de maladie, par exemple.
    K. A.

  • Le voile sera-t-il levé sur l’argent des dirigeants algériens en Suisse ?



    Par Le Matin DZ/Elwatan | Les comptes numérotés suisses doivent contenir bien des secrets.

    Les fonds entreposés par les dirigeants arabes dans les paradis fiscaux sont au centre d’une attention particulière depuis le début du Printemps arabe.

    Le gel des avoirs de dictateurs arabes déchus a surtout permis de lever une partie du voile sur l’ampleur de la saignée. Les organes des Nations unies ont pu aboutir au gel de 186 milliards de dollars d’avoirs libyens appartenant au clan Kadhafi.

    En Egypte, on évoque entre 40 et 70 milliards de dollars détournés par les Moubarak. Quant au clan Ben Ali-Trabelsi en Tunisie, même si aucun chiffre n’a été avancé pour le moment, les nouvelles autorités de Tunisie ont émis pas moins de 57 commissions rogatoires internationales pour récupérer les fonds détournés. D’ailleurs, la Suisse et son inaltérable secret bancaire sont en première ligne des accusations. Une pression qui persiste même si les responsables de la Confédération helvétique s’engagent à restituer les biens mal acquis.

    La conjoncture est-elle donc favorable pour amener la Confédération helvétique à se défaire d’une partie de son secret bancaire lorsqu’il s’agit de questions liées au respect des droits de l’homme et des droits des peuples ? Si cela semble encore irréalisable, certains veulent y croire. C’est le cas du Syndicat suisse des services publics qui, inquiet de l’état des libertés syndicales en Algérie et dans un élan de solidarité avec le Snapap, a récemment exigé, dans un communiqué, des autorités fédérales helvètes, de veiller "à empêcher le dépôt de fonds de dirigeants algériens dans les banques suisses ou de faire en sorte de pouvoir bloquer ces fonds".

    Une telle exigence et l’atteinte d’un tel objectif exigent une tâche qui s’apparenterait au nettoyage des écuries d’Augias. L’existence ou non de comptes numérotés où seraient entreposés des fonds détournés par des dirigeants algériens est frappée du sceau de l’omerta. Un silence justifié par les impératifs de respect du secret bancaire suisse. D’ailleurs, le secrétaire général du Syndicat suisse des services publics, Stefan Giger, nous a confié que ce même secret bancaire ferme l’accès aux données nécessaires. Il s’est indigné du fait que le gouvernement suisse "pourrait bloquer les comptes des dictateurs. Mais souvent ceci a été fait trop tard".

    Cependant, les seules données accessibles actuellement relèvent des statistiques annuelles établies par la Banque nationale suisse. On y apprend par exemple que les avoirs algériens en Suisse ont été estimés, en 2010, à 97 millions de francs suisses (80 millions d’euros) pour 574 millions de francs suisses (470 millions d’euros) d’engagements. Toutefois, ces chiffres ne concernent, selon nos interlocuteurs de la BNS, que "les avoirs et les engagements des banques en Suisse" et ne constituent donc pas de données globales. Et de préciser que "les données sur des titres dans les dépôts de la clientèle auprès des banques ne sont pas publiées en répartition géographique", et ce, dans le strict respect du secret bancaire. On aura donc fait chou blanc auprès de la BNS.

    Des milliards qui s’évaporent dans la nature

    Des chiffres et des listes avaient bien circulé concernant l’existence de ce genre de comptes et les montants qui y seraient déposés. Toutefois, les informations ayant circulé jusqu’à présent demeurent difficiles à vérifier, notamment à l’image de la liste publiée par la Swiss Bank Control (SBC), où figuraient d’ailleurs les noms de bon nombre de dirigeants algériens. L’institution, en elle-même, est blacklistée par l’autorité fédérale suisse de surveillance des marchés financiers, car ne disposant pas de registre du commerce ni de présence physique en Confédération helvétique. La chaîne helvète germanophone Arena y est allée aussi de son estimation, annonçant plus de 700 millions d’euros d’avoirs algériens entreposés dans des banques suisses.

     Un chiffre qui contraste lourde ment avec les 25,7 milliards de dollars recensés par le Global Finance Integrity (GFI) pour évaluer les fonds ayant quitté l’Algérie entre 1970 et 2008. Des fonds issus non seulement de la corruption, mais aussi du blanchiment d’argent. Aussi, est-il difficile d’imaginer que l’estimation des avoirs détournés par des responsables algériens s’arrête là. Depuis le détournement du trésor du FLN du temps de la Banque commerciale arabe dissoute depuis, les fonds entreposés en Suisse stimulent la curiosité. Le vice-président du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Jean Ziegler, avait dénoncé depuis des décennies l’existence de réseaux discrets de financement transitant en Suisse. Aussi, les modes de gestion de l’économie opaque favorisant les comportements rentiers et la corruption n’ont fait qu’installer des certitudes sur les fortunes amassées par de hauts responsables et transférées à l’étranger.

    Briser l’omerta

    Cependant, il est difficile de faire la part des choses dans un tel fouillis, d’autant plus que les fonds mal acquis finissent systématiquement dans des comptes numérotés préservant l’anonymat des bénéficiaires et rendant difficile toute tentative de recoupement. Il y a aussi le fait que depuis l’instauration en Suisse de règles de surveillance concernant les "personnes politiquement exposées" pousse les indélicats à maquiller leurs transferts dans une pléthore de sociétés-écran gérées par des pantins qui, à leur tour, multiplient les acquisitions mobilières et immobilières. Certaines pistes commencent toutefois à apparaître, empruntant dans la plupart des cas les circuits fiscaux. Il faut savoir dans ce sens que la Confédération helvétique s’est engagée, sous la pression constante de l’OCDE, à revoir d’ici à février 2012 sa législation concernant le secret bancaire, particulièrement pour les détenteurs de comptes bancaires non résidents en Suisse.

    La Confédération s’engage à ne plus opposer son secret bancaire lors des enquêtes pour évasion fiscale. Toutefois, cette piste pose le préalable de l’ouverture d’une enquête pour évasion fiscale avant tout échange d’information avec les instances judiciaires. Une autre piste s’ouvre. Celle de l’instauration du système Rubik. Mis en place par l’Association des banques étrangères en Suisse (AFBS), Rubik prévoit l’instauration d’un impôt anticipé libératoire sur les fortunes dissimulées et fournir des informations "au cas par cas" à un pays désireux de rapatrier le produit de la fraude de ressortissants "convaincus" d’évasion fiscale.

    Là encore, l’instrument proposé fait face non seulement à l’opposition de la toute puissante Union des banques suisses, et récemment de la Commission européenne, mais demeure aussi très limité en termes de possibilités. Celui-ci ne permet en fait que de récupérer le produit de l’évasion fiscale. Il est également tributaire de la signature d’un accord bilatéral. Il y a aussi la possibilité pour le gouvernement algérien de déposer une moindre requête en entraide judiciaire internationale comme ce fut proposé il y a quelques années par Jean Ziegler, mais rien n’en a été.

    Il faut comprendre en conclusion que toutes les possibilités offertes en ce sens sont liées à la volonté des gouvernants à lever le voile même partiellement sur les fortunes détournées. En attendant, pour ceux qui trouveraient que les cieux européens sont moins cléments depuis le gel des avoirs des dictateurs arabes déchus, il suffit de regarder vers de nouveaux paradis fiscaux, lesquels ne seraient forcément pas dans l’ornière occidentale. Il y a Hong-Kong, Beyrouth ou encore ce qu’on appelle aujourd’hui la Dubaï Connection, laquelle bénéficie depuis quelques années d’un attrait particulier !

    Une pétition pour recouvrer les biens et les avoirs financiers détournés

    Une pétition publique circule depuis le printemps dernier sur la Toile afin de geler les fonds algériens déposés en Suisse. Hébergée par le site www.petitionpublique.fr, la pétition, initiée par de nombreux Algériens expatriés, appelle le Conseil fédéral suisse à "geler les avoirs financiers que les dirigeants indélicats détiennent dans des comptes bancaires suisses". Et d’ajouter : "Ce précédent contribuera non seulement à préserver un patrimoine financier subtilisé au peuple, parfois au prix du sang, mais aussi, et surtout, à dissuader d’autres régimes prédateurs de piller leur peuple."

    Roumadi Melissa

  • Démocratie en Algérie : la marche arrière


    Par : Mustapha Hammouche

    Encore un classement qui accable l’Algérie en matière de démocratie : 130e sur 167, selon le rapport pour décembre 2011 d’un think tank britannique ! Dernière du Maghreb, Libye comprise, elle ne dépasse plus que la Syrie et l’Arabie Saoudite dans le monde dit “arabe”.
    Dans ce cas au moins, les “réformes” n’ont pas fait illusion. Les huit mois passés, depuis la déclaration présidentielle du 15 avril, entre “larges consultations” et “débats parlementaires”, ont accouché de lois aggravant le verrouillage de la vie publique. Les partis, les associations et la presse voient leurs champs d’intervention réduits à d’insignifiantes niches et sont soumis à une surveillance administrative comme jamais ils ne l’ont été depuis la promulgation de la Constitution de 1989. Toutes les notions successivement invoquées par les régimes pour mettre la société sous surveillance policière ont été convoquées, collectivement, pour traquer la moindre parcelle de liberté politique ou civique résiduelle : souveraineté, ingérence, sécurité, éthique, valeurs nationales, constantes nationales, intérêt économique et même la démocratie… dans les partis.
    La diffusion de la peur, la dévitalisation clientéliste et financière, l’affermissement du contrôle de la société, l’assujettissement politique de la justice ont contribué à opérer, en dix ans, une régression spectaculaire des libertés publiques en Algérie.
    La manière dont le Président a entériné, dans ses deux récentes interventions, les dernières “lois de réformes” confirme que la marche arrière démocratique a été délibérément enclenchée par un régime homogène et cohérent dans son option antidémocratique.
    Il fut, par endroits, question d’une intervention du Président pour user de ses prérogatives constitutionnelles contre des “dérives” liberticides du Parlement ; il a fini par confirmer la symbiose des pouvoirs dans ce processus. Le balisage est tel que, pour se frayer un chemin, le parti, l’association ou l’organe de presse doit se renier dans sa mission et sa vocation : à quoi serviraient-ils si l’administration est seule dépositaire des valeurs intouchables de la société, de l’intérêt du pays, y compris économique, de l’histoire et qu’à ce titre, elle a droit de vie et de mort légale sur tout individu ou organisation qui lui conteste le monopole de l’intérêt national ?
    Le régime court allègrement vers de nouvelles élections législatives, forcément mieux maîtrisées que les précédentes, puisqu’il a pris soin de s’apprêter de lois plus coercitives que jamais. Des lois tellement attendues que les élections législatives — enfin “démocratiques” — qu’elles serviront à encadrer ont été annoncées avant même que ces lois ne soient votées !
    Il n’y a même pas le souci de prévenir le fléau qui disqualifie régulièrement les élections nationales : l’abstention, mode ultime d’expression du rejet du système de notre scrutin préfabriqué. Même Cuba, quand il fait une avancée, c’est une avancée : désormais, les Cubains ont le droit de sortir du pays et de… revenir. Étrange comme notre fonctionnement politique qui, longtemps, a mimé le modèle soviétique, ressemble aujourd’hui au modèle “démocratique” russe !
    C’est déplorable comme au fil des classements internationaux, notre pays s’entête à faire partie des dernières citadelles de l’autoritarisme !
    M. H.

  • Attentats de Paris: On pouvait les empêcher


    Enquête de JB Rivoire et Romain Icard.
    Montage: Laurent Caujat.
    Image: Jean-Claude Fontan.
    Son: Jean-Marc Blanzat.
    Documentaliste: Emanuelle Charles,
    stagiaire : Guillaume Barathon, Aurélie Badel

    DIFFUSIONS
    Lundi 4 Novembre 2002 à 23h 15 (Canal +)
    Jeudi 7 Novembre à 11h 10 (Canal +)
    Vendredi 8 novembre à 5h 20 (Canal +)
    Vendredi 9 novembreà 17h10, le 13 novembre à 17h50 et le 15 novembre à 19h37 sur "canal + bleu"
    .

    INTRODUCTION

    Pont St Michel, 25 juillet 1995
    Juillet 1995 : C'est la troisième fois en un an que le " GIA ", Groupe Islamique armé, frappe la France de façon spectaculaire, cette fois au cœur de Paris.

    Premier attentat le 3 août 1994, avec cinq français mitraillés à Alger.

    Le 24 décembre de la même année, un airbus d'Air France est détourné en Algérie avant d'être pris d'assaut à Marseille.

    En Juillet 1995, ce sont les bombes dans le RER, puis, en 1996, l'assassinat des moines de Tibhirine.

    Point commun à tous ces attentats: ils sont attribuées à un certain Djamel Zitouni, chef du "GIA".

    Mais aujourd'hui, d'anciens officiers des services secrets algériens affirment que derrière le terroriste Zitouni, se cachait en fait des intérêts beaucoup plus importants.

    Voici l'histoire d'une incroyable manipulation.

    LA CREATION D'UN MONSTRE

    Il y a cinq ans, un ex-officier des services algériens écoeuré par la sale guerre qu'on lui a fait mener se confie à la presse britannique.

    Synthé : L'Observer 8/11/97
    Ce que dit cet officier est d'abord politique : il révèle que les militaires algériens, effrayés par la victoire électorale des islamistes en 1992 ont mis en place une stratégie radicale pour les empêcher d'arriver au pouvoir. Une stratégie meurtrière dont Djamel Zitouni était l'instrument.

    Quelques semaines après les révélations de l'Observer, nous retrouvons l'officier. Réfugié en Angleterre, il est méfiant et nous soupçonne de renseigner les services français.

    Puis au fil des rencontres, la confiance s'installe. Dans un hotel de Londres, il nous explique dans un français mal maitrisé comment son service a recruté Zitouni.

    Capitaine Hocine Ouguenoune
    Ancien des services secrets (DCSA)
    " Djamel Zitouni a été recruté dans un camp au Sahara, où les islamistes avaient été envoyés. Il a été surpris dans des conditions très très gênantes, avec des mœurs homosexuelles. Le chef de la sécurité du centre lui a dit : soit tu travailles avec nous, soit on te balance au niveau du centre , au niveau du camp de concentration. C'est sûr qu'il aurait eu de très très graves problèmes .Dans un centre où il y a des milliers d'islamistes , entendre parler d'un truc comme ça … "

    Les services secrets algériens auraient donc forcé Zitouni à collaborer avec eux. Et le jeune islamiste n'aurait pas été choisi par hasard.

    Capitaine Hocine Ouguenoune
    Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
    " Parmi les islamistes , il y avait des médecins , il y avait des docteurs, des universitaires. Pourquoi ne pas prendre un universitaire et faire ça ? Pourquoi prendre un vendeur de poulets qui a à peine le niveau de 6ème ou de 5ème ?C'est uniquement pour pouvoir le manipuler , pour pouvoir faire de lui ce qu'on veut . "

    Après l'Observer, Le Monde publie le témoignage d'un autre officier. Il confirme que les services secrets algériens manipulaient Zitouni et qu'ils sont impliqués dans les attentats de Paris.

    Synthé : Le Monde 11/11/97
    Il nous faudra un an et demi pour convaincre cet officier menacé de mort de nous parler, même à visage masqué. Pour lui, il y a une vraie guérilla islamiste en Algérie, mais elle est parfois manipulée.

    Colonel Ali
    Ex-officier au ministère de la défense
    Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
    " Celui qui nie l'existence des groupes islamiques armés, il est de mauvaise foi , mal informé ou c'est quelqu'un qui est manipulé. Mais le noyau central, les groupes de la région centre et ouest étaient dès le départ infiltrés et manipulés. Zitouni, c'était ce qu'on appelle un mouton noir. C'était un islamiste convaincu, mais il donnait des informations stratégiques aux services . "

    Zitouni, futur chef du GIA, aurait donc commencé sa carrière en renseignant les services secrets algériens. à la publication de ces révélations, l'ambassade d'Algérie à Paris monte au créneau.

    Mohamed Ghoualmi
    Ambassadeur d'Algérie en France
    Synthé " le vrai journal " de Karl Zero Canal plus , 1997
    " C'est quelque chose de tout à fait fantaisiste et tout à fait farfelu et je suis indigné par le fait qu'on utilise de telles méthodes pour porter atteinte à l'intérêt du pays que je représente et aussi de mon point vue à ses intérêts diplomatiques et dans une certaine mesure aux relations entre la France et l'Algérie. "

    Mais derrière les civils, ce sont en fait les militaires qui dirigent l'Algérie. En 1992, l'homme fort du pays, c'est le général Nezzar. Un homme de l'ombre qui n'avait pas hésité à faire tirer sur la foule lors d'émeutes en 1988.

    Il y a quelques semaines, Nezzar était à Paris pour un procès en diffamation. L'occasion de le rencontrer est exceptionnelle.

    Colère Nezzar :

    JB Rivoire : " Bonjour, c'est Canal + ! Est ce qu'on peut vous demander une interview pour Canal + par écrit , c'est très important …vous ne souhaitez pas nous répondre ? "

    Devant notre caméra, un jeune algérien tente de nous empêcher de poser des questions.

    JB Rivoire : " Est ce que les attentats de Paris de 1995 ,c'est grave ? "

    Le jeune algérien appelle les agents de sécurité .

    Nezzar: " …Que vous sautiez sur une étincelle comme ça et que vous portiez des jugements sur les gens, ça je vous l'interdis. Je vous l'interdis".

    En 10 ans de guerre, Nezzar et ses généraux n'ont jamais apprécié qu'on questionne leurs méthodes. Voici l'organigramme secret des vrais patrons de l'Algérie.

    A droite, les forces militaires proprement dites. A gauche, les services secrets du DRS, la redoutable sécurité militaire, avec le capitaine Ouguenoune.

    Au cours de notre enquête, un troisième officier a accepté de nous parler.

    Longtemps bras droit du patron du contre-espionnage, il a déserté l'armée en 1996. A l'époque, ses chefs lui demandent d'organiser en Allemagne l'assassinat de Rabah Kebir, porte parole du FIS pour l'Europe.

    L'affaire Zitouni, notre officier connaît, un de ses lieutenants la lui a confirmé en 1994.

    Colonel M. Samraoui
    Ancien des services secrets (DCE)
    " On m'avait dit - et je connais le lieutenant parce qu'il a été sous mes ordres- ' il y a Djamel Zitouni qui rôde à la caserne . Qu'est ce qu'il se passe ? Il rôde , il est convoqué …' "

    JB Rivoire : " qu'est ce que ça veut dire ça ? "

    Colonel Samraoui : " ca veut dire que c'est un agent , qu'il recevait ses instructions de la part de nos chefs. "

    Zitouni circule librement, en effet. En juillet 1994, il est même aperçu au siège des services secrets, dans la banlieue d'Alger.

    Abbas Aroua est universitaire. Il a coordonné l'une des meilleures enquêtes sur le " GIA ". Selon lui, les services algériens cherchaient à l'époque à renforcer la crédibilité de l'islamiste Zitouni, pour le placer ensuite au sommet du " GIA ".

    Synthé : " An inquiry into the Algerian massacres " ed. Hoggar

    Abbas Aroua
    universitaire (éditions Hoggar)
    " Il fallait d'abord le valider comme un insurgé islamiste aux yeux de l'opposition armée et aux yeux de la population . Les médias algériens contrôlés par le pouvoir militaire ont tout fait pour gonfler le personnage "

    Capitaine Hocine Ouguenoune
    Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
    " Ce qu'on a toujours fait c'est entretenir une image , une image d'un Zitouni sanguinaire que les médias malheureusement ont amplifié à l'époque … "

    JB Rivoire " ça vous aidait ? "

    Capitaine Ouguenoune : " ca nous aidait en tant que services secrets ? Oui ça nous aidait en tant que services secrets "

    Le 3 aout 1994, cinq français sont donc tués à Alger. En France, l'émotion est considérable. Les services algériens mettent alors l'attentat sur le dos de Zitouni. Relayée par l'Agence France Presse, l'un des seuls médias étrangers autorisés en Algérie, cette version officielle est reprise par tous les Journaux Télévisés.

    Capitaine Hocine Ouguenoune
    Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
    " C'est vrai que la version officielle c'est ' Zitouni , un islamiste pur et dur a tué cinq Français' . En fait c'est tout à fait autre que ça puisque Zitouni était déjà manipulé , recruté par un des chefs des services opérationnels de la sécurité militaire , enfin ce qu'on appelait la sécurité militaire mais c'est en fait la DRS . Ce chef là s'appelle le colonel Tartag Bachir . Et donc c'est ce colonel Tartag Bachir qui avait en fait monté toute cette opération où des gendarmes ont été tués ."

    Il s'agit désormais de crédibiliser Zitouni sur la scène internationale, renforcer son image d'islamiste sanguinaire et hostile à la France.

    Abbas Aroua :
    "Après avoir validé sa loyauté islamiste , après en avoir fait un chef médiatiquement , la phase suivante ou l'étape suivante consistait à lui faciliter un coup d'Etat sur le GIA "

    L'armée tend donc une embuscade au chef du GIA et à ses principaux lieutenants. Ils sont tous tués, sauf Zitouni. Numéro trois du groupe islamique armé, il est épargné par les militaires.

    Plutôt content de l'opération, le patron du contre espionnage algérien la raconte à ses homologues des services secrets français.

    Témoignage d'un haut fonctionnaire du ministère de la défense qui préfère garder l'anonymat mais qui s'en souvient parfaitement.

    Synthé : par téléphone: haut fonctionnaire du ministère de la défense.
    "Cette anecdote m'avait quand même frappé . C'est effectivement qu'il l'ont épargné . Qu'ils l'ont épargné volontairement . Alors que tout avait été fait pour l'embuscade et qu'ils tuaient tout le monde s'ils voulaient . Et celui là n'avait pas été tué exprès. Mais moi quand on m'a raconté ça , ça ne m'a pas paru surprenant . Qu'on ait épargné un type parce que soit on avait déjà des contacts avec lui et qu'on pensait qu'après il prendrait la relève , ce qui s'est apparemment passé , et qu'il serait plus accommodant , cela me paraissait dans l'ordre des choses ,franchement … "

    JB Rivoire : " ce type d'anecdotes , c'est susceptible d'être raconté ? "

    Haut fonctionnaire : " ah non ne me citez pas , parce que là je serai emmerdé … "

    Protégé par l'armée, Zitouni va prendre la tête des GIA. Pour cet ancien numéro 2 de l'ambassade d'Algérie en Lybie, les services secrets algériens ont réussi ce jour là un coup de maitre.

    Mohamed Larbi Zitout
    Ancien diplomate algérien
    " Avant Zitouni c'était l'infiltration. A partir de l'arrivée de Zitouni c'est la main mise totale des généraux sur le GIA "

    A partir de cette date, le " GIA ", qui est censé combattre le régime, retourne sa violence contre la population. Les algériens ne comprennent plus ce qui se passe.

    Colonel Ali
    Ex-officier au ministère de la défense
    Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
    " Vous ne pouvez pas expliquer pourquoi on tue une religieuse de quatre vingt quinze ans. Vous ne pouvez pas comprendre pourquoi on tue au couteau un bébé de quatre ans , de deux ans. Vous ne pouvez pas en tant que musulman , en tant qu'être humain et je dirais en tant qu'individu tout simplement , pourquoi on éventre une femme enceinte. C'est de la barbarie pure .Il n'y a pas autre chose , c'est pour frapper l'imaginaire , c'est pas autre chose . Donc il y avait une stratégie : il fallait frapper les gens dans leurs émotions , il fallait les choquer . Vous voulez le FIS , voilà ce qu'ils sont en train de faire . L'effet escompté , c'était que la population divorce totalement avec l'idéologie islamiste. "

    LE " GIA " AU SERVICE DES GENERAUX

    Abbas Aroua.
    " Quand Zitouni s'autoproclame chef du GIA, la 1ère chose qu'il fait c'est qu'il fait exécuter tous les chefs de maquis et pour les remplacer par ses complices des services de la DRS. Donc il met à la tête des maquis des gens qui lui sont fidèles et qui collaborent avec lui "

    Après avoir placé ses hommes, Zitouni commence à éliminer les vrais islamistes. Les chefs du FIS étant en prison, il se contente de les exclure symboliquement. Mais d'autres dirigeants, comme Rabah Kebir, le porte parole du FIS en Europe, ou le Cheikh Sahraoui, qui dirige la mosquée de la rue Myrha, à Paris, sont inscrits sur une liste d'opposants à assassiner. Une liste qui n'aurait pas été établie par Zitouni.

    Colonel Ali
    Ex-officier au ministère de la défense
    Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
    " Lorsqu'il y a eu cette fameuse liste des dirigeants du FIS à exécuter à l'étranger et en Algérie , elle a été faite à Ben Haknoun dans les locaux de la DRS parce que tout simplement il fallait éliminer ce qu'on appelle 'les intellectuels du FIS' "

    Synthé : DRS : services secrets

    Mostafa Brahami :
    Djamel Zitouni a fait la besogne que n'ont pas pu faire directement les services secrets algériens à savoir s'attaquer à ces cadres du Front Islamique du Salut et de les assassiner "

    Zitouni et ses lieutenants font le travail, puis des communiqués portant le tampon du GIA sont publiés à Londres.

    Capitaine Hocine Ouguenoune
    Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
    " Faire un tampon avec un signe du GIA ou l'envoyer à Al Hayat ou à n'importe quel agent , ça ne veut rien dire "

    El Hayat : le plus grand quotidien en langue arabe de Londres. Depuis 10 ans, ce journal publie régulièrement les communiqués du GIA en affirmant qu'ils émanent des islamistes. En fait, le journaliste chargé de l'Algérie reçevait les communiqués par Fax, il n'a jamais pu en vérifier la provenance.

    Kamil Tawil
    journaliste " El Hayat " à Londres
    "à l'époque, le GIA sortait deux ou trois communiqués par semaine. Comment vouliez vous qu'on en vérifie l'authenticité? c'était impossible ".

    Pendant 10 ans, le monde entier a donc cru à des revendications du GIA dont aucun journaliste n'a jamais vérifié l'authenticité. Et les services secrets algériens ne se seraient pas contentée de rédiger eux mêmes certains de ces communiqués.

    Capitaine Ouguenoune
    Ex-officier de la sécurité militaire (DCSA)
    " Ce monsieur est le capitaine Chouchane. C'est la dernière preuve vivanteque le GIA est une pure invention des services secrets puisqu'on lui a donné l'ordre d'aller seconder Zitouni en 1995 . "

    Synthé : www.anp.org

    JB Rivoire : " c'est à dire qu'on a demandé à un militaire d'aider Zitouni ? "

    Capitaine Ouguenoune
    " Oui. On a demandé cet officier , qui est un officier des services spéciaux , de partir pour devenir le bras droit de Djamel Zitouni dans le maquis "

    Depuis que le capitaine Chouchane a confirmé publiquement son incroyable histoire, le général Nezzar a trouvé un argument imparable pour le discréditer.

    Général Nezzar :
    " Chouchane est un islamiste convaincu et je respecte parce que c'est un islamiste convaincu … "

    JB Rivoire : " c'est un officier des forces spéciales algériennes à qui on a demandé , à qui le commandant Abderahmane a demandé en 1995 de devenir le numéro 2 de Djamel Zitouni à la tête du GIA "

    Nezzar : " ça c'est faux "

    Soldat d'élite, instructeur des forces spéciales de l'armée, le capitaine Chouchane fut longtemps un officier modèle.
    Mais dans les années 90, comme beaucoup de jeunes algériens, il devient sympathisant du FIS.
    En janvier 1992, les islamistes gagnent les élections mais l'armée interrompt le processus électoral.
    Choqué par le coup d'état, Chouchane refuse de tirer sur la foule, il est jeté en prison. En 1995, la direction de l'armée vient le chercher dans sa cellule et lui propose une mission très spéciale.
    Au cours de notre enquête, nous l'avons retrouvé dans le nord de l'angleterre. Pour la première fois devant une caméra, il a accepté de nous raconter ce qui lui était arrivé.

    Capitaine Ahmed Chouchene :
    "ils m'ont emmené au centre de torture de Ben Haknoun et là le général … m'a proposé de travailler avec lui . Le colonel Tartag était avec lui . Au début ils m'ont proposé de liquider les chefs du FIS qui avaient pris le maquis . Je leur ai dit que je croyais qu'ils allaient me proposer de liquider Zitouni ou des gens qui ont reconnus les crimes contre les enfants , les femmes et ainsi de suite . Là Bachir Tartag était énervé , il m'a dit laisse Zitouni tranquille , c'est notre homme et c'est avec nous que tu vas travailler "

    Le colonel Bachir Tartag et le général Abderahmane, deux des plus hauts responsables des services secrets algériens qui ont refusé notre demande d'interview, auraient donc ordonné au capitaine Chouchane d'encadrer Djamel Zitouni.

    C'est mettre l'un des meilleurs instructeurs de l'armée au service du chef du " GIA ".

    Chouchane :
    " là, je savais que si j'hésitais je ne sortirais pas du bureau . C'est pour ça que j'ai dit: ' je vais essayer de le contacter à ma façon' . Ils m'ont dit: 'non , on va arranger ta rencontre avec lui'".

    Chouchane accepte, il cherche à gagner du temps. Quelques semaines plus tard, l'armée lui fixe un rendez vous dans un hotel d'Alger. Il se rends sur place, aperçoit l'émissaire de Zitouni, puis s'éclipse et parvient finalement à rallier l'Angleterre. Six ans d'exil.

    Synthé : www.anp.org

    Capitaine Hocine Ouguenoune
    Ex-officier des servies secrets (DCSA):
    " Quelle honte… les vrais terroristes , c'est ceux là ; Le général Kamel Abderahmane, c'était mon chef. C'est lui qui décidait pour la majorité de ce qu'il fallait faire avec Djamel Zitouni. "

    Et les généraux vont bientôt confier à Zitouni une nouvelle mission: frapper l'Europe.

    Fin 1994, le régime est de plus en plus contesté sur la scène internationale: à Rome, des opposants algériens convoquent une conférence de presse.
    Du FLN au Front Islamique du Salut, tous les partis envisagent un processus de paix prévoyant le retour à la démocratie et le départ des militaires.
    Le monde entier comprend alors que l'Algérie peut fonctionner sans que l'armée soit au pouvoir: les généraux s'inquiètent…

    Colonel M. Samraoui
    Ancien de la direction du contre espionnage
    " Ils ont bati tout leur combat sur la lutte contre les intégristes , sur la lutte contre les islamistes .Mais une fois que les islamistes sont acceptés par la société démocratique, tout ce qu'ils ont construit tombe comme un château de cartes . Ces gens là, à chaque grande occasion, il faut que les attentats , que le terrorisme resurgisse pour crédibiliser leur théorie , leur discours . "

    synthé
    24 decembre 1994
    Aéroport d'Alger

    Abderahmane Meziane Cherif
    Ministre de l'intérieur
    " A partir de 14h30 , des terroristes -ce que nous croyons être- ont pu s'infiltrer , passer les différents barrages de contrôle et ils prennent depuis cette heure là en otage 232 passagers "

    Nous sommes un mois seulement après la réunion des opposants algériens à Rome. Sur l'aéroport d'Alger, les hommes de Djamel Zitouni viennent de prendre en otage un airbus d'Air France.

    Ce jour là, les services de sécurité de l'aéroport n'ont pas fait leur travail: certains bagages n'ont pas été fouillés et 63 passagers sont montés dans l'avion sans que leurs billets ne soient contrôlés, une négligence impensable dans un pays soumis à une guerre terroriste. Pendant ce temps, les hommes de Zitouni introduisent tranquillement dans l'Airbus des armes et des explosifs.

    Colonel M. Samraoui
    Ancien de la direction du contre espionnage
    " Il était impensable de faire passer même une arme de poing . Or ces gens là sont passés …Il y avait même des explosifs . C'est louche."

    Abderahmane Meziane Cherif
    Ministre de l'intérieur
    Journaliste : " est ce que les terroristes revendiquent d'une organisation ? "
    Cherif: " Ce sont des terroristes . "
    Journaliste : " des islamistes vous voulez dire "
    Cherif: " des terroristes "

    A Paris, on commence à s'interroger sur l'attitude des autorités algériennes. Après l'assassinat de deux passagers, Edouard Balladur propose que des gendarmes français interviennent.

    Alger refuse.

    Au bout d'une trentaine d'heures d'angoisse, les preneurs d'otages abattent un troisième passager d'une balle dans la tête. Il a 23 ans, il est cuisinier à l'ambassade de France.

    Edouard Balladur téléphone alors au président Zéroual.

    Colère Balladur (M6):
    " Je dis notamment au président Zeroual que je le tenais pour responsable de la vie des Français qui étaient dans cet avion et que faute de quoi , je prendrais la Communauté internationale à témoin du comportement du gouvernement algérien qui aurait empêché la France de sauvegarder la vie de ses ressortissants . Ca a été difficile et peu diplomatique comme conversation "

    Après ce coup de téléphone, l'Airbus décolle enfin pour Marseille, le GIGN intervient.

    Huit ans après ce détournement, l'Algérie n'a toujours pas répondu aux questions du juge antiterroriste Bruguière sur les circonstances exactes de l'affaire.

    Pour la veuve du jeune cuisinier abattu, ce silence est difficile à comprendre.

    Catherine Beugnet
    veuve de Yannick Beugnet
    " Je ne vois pas l'intérêt du gouvernement algérien de faire obstruction à la justice . Pourquoi ils le font , pourquoi ils n'ont pas laisser accéder aux bandes enregistrées de la tour de contrôle , pourquoi le juge Bruguière n'arrive pas à avancer plus dans l'affaire. Il nous a réuni une fois ou deux depuis , c'est tout . Moi je veux autre chose , je veux des résultats. Parce que les personnes qui ont vraiment commandité cet attentat , elles sont vivantes elles, elles sont quelque part . "

    Malgré le détournement de l'Airbus, la paix progresse.
    Début 1995, réunis à nouveau à Rome, les partis algériens signent enfin un accord historique: ils s'entendent pour gouverner l'Algérie ensembles, sans les militaires.

    Maitre Ali Yahia
    Ligue algérienne des droits de l'Homme
    " Seul le peuple peut désigner l'autorité et toutes les institutions qui doivent désigner le pays. "

    A Paris, des hommes politiques comme Valéry Giscard d'Estaing ou François Léotard se déclarent favorables aux accords de Rome. François Mitterrand lui même tente de rallier Helmut Kohl au processus de paix. En mars 1995, même l'administration Clinton considère que le régime militaire algérien a échoué.
    Les généraux se sentent lâchés par la communauté internationale, Le GIA va frapper Paris.

    A leur arrivée au pouvoir, Jacques Chirac et Alain Juppé seront salués par l'une des plus importantes campagnes d'attentats terroristes jamais organisée en France.

    Le 15 juin, un quotidien algérien proche des services de sécurité annonce l'arrivée en France d'un commando chargé de commettre des attentats.

    Le 11 juillet, le cheikh Sahraoui, un des dirigeants du FIS qui figurait sur la liste des hommes à abattre par Zitouni est mitraillé à Paris.

    Le 25, c'est la bombe de St Michel.

    L'affaire sent la manip, d'autant que les vrais islamistes, eux, condamnent ces attentats qui les discréditent auprès de la communauté internationale.

    Mostafa Brahami :
    " Stratégiquement, le FIS n'avait aucun intérêt à se priver de la base islamiste , s'il y a base islamiste en France . Il n'avait aucun à intérêt à se couper des pseudo aides financières qu'il pouvait recevoir de la France "

    En août, comble de la provocation, un communiqué signé Zitouni ordonne au président Chirac de se convertir à l'islam.

    Infantilisme, ou coup monté des services algériens pour discréditer les islamistes ? la question se pose d'autant plus que l'organisateur des attentats de Paris, un certain Ali Touchent, est un personnage bien étrange.

    Depuis le début des années 90, ce lieutenant de Djamel Zitouni recrute des jeunes dans les banlieues françaises et les pousse à commettre des attentats au nom du " GIA ". Exemple : Khaled Kelkal, recruté par Touchent, puis abattu par les gendarmes en septembre 1995.

    Quand ils ne se font pas tuer par balle, les jeunes recrutés par Touchent sont tous interpellés.

    Les arrestations sont spectaculaires, mais quand les policiers interrogent les jeunes, ils sont souvent déçus.

    Confidence d'un policier des renseignements généraux qui était en fonction au moment des attentats et qui a été mis au placard après avoir dénoncé certains dysfonctionnements dans son service.

    Jean Lebeschu
    Ex officier aux renseignements généraux
    " Ce qui était étonnant c'est que quand on voyait ces jeunes passer alors qu'ils venaient d'être arrêtés par la DNAT ou par la brigade criminelle , pour avoir fait un peu de PJ avant , je m'étonnais du comportement de ces jeunes "

    Journaliste : " c'est à dire ? "

    Jean Lebeschu " c'était un comportement assez enfantin . On n'aurait jamais cru que c'était des gens qui faisaient partie d'un réseau dur du GIA . Je pense qu 'au sein du GIA y a certainement des gens plus durs . "

    synthé DNAT : Division nationale antiterroriste

    Ces gens plus durs, c'est notamment Ali Touchent mais il n'est jamais inquiété par la police: En 1993, lors de l'opération chrysanthème, puis en 1994 en Belgique et enfin en 1995, après les attentats de Paris, les réseaux montés par Touchent tombent les uns après les autres, mais lui échappe aux arrestations. systématiquement.

    Benoit Dietsch
    Avocat de Boualem Bensaid:
    "Quelqu'un qui une fois , deux fois , trois fois parvient à passer au travers des amilles du filet , soit il est extrêmement habile , soit il est prévenu avant et il est prévenu avant par des gens qui savent qu'il y a des interpellations qui vont avoir lieu, que des opérations de police et de justice vont être montées. Pour échapper trois fois, il faut peut être être prévenu avant."

    Lors des procès des attentats de Paris, en octobre, Jean Francois Clair, numéro 2 de la DST, a du venir démentir que ses services aient pu entretenir des contacts avec Ali Touchent. Mais pour beaucoup de spécialistes du terrorisme, Touchent était au minimum un agent secret algérien.

    Jean Lebeschu
    Ancien officier aux renseignements généraux:
    " C'était fatalement un agent. En France, on a connu aussi des agents comme cela qui montaient un réseau et puis ils sont toujours sortis, ils ont remonté un réseau après. Pour moi, c'est un agent, c'est difficile de comprendre autrement…"

    Touchent, agent des services secrets algériens ? Après les attentats de Paris en tout cas, il part se réfugier à Alger.

    Trois ans plus tard, les autorités algériennes déclarent qu'il est mort et qu'il ne peut donc pas être jugé. Une affirmation que la justice française n'a jamais pu vérifier.

    En fait, la DST aurait compris dès 1995 que Touchent travaillait pour les services secrets algériens. Témoignage du juge Alain Marsaud, ancien patron de la lutte antiterroriste.

    Alain Marsaud
    Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89)
    "C'est vrai qu'une des reflexions de la DST, cela a été de constater que dès qu'on remontait les réseaux Kelkal, on tombait sur des gens des services officiels algériens. On avait tous de bonnes raisons d'être extremement prudents."

    Un an après les attentats, notre colonel Samraoui, que l'on aperçoit ici avec le général Nezzar, évoque l'affaire Touchent avec l'un de ses collègues et ami, responsable de la sécurité militaire à l'ambassade d'Algérie à Paris.

    Colonel M. Samraoui
    Ancien de la direction du contre espionnage:
    " il m'avait dit que Touchent leur appartenait. C'était grosso modo un agent des services qui activait en France."

    Reste la question centrale: pourquoi l'Algérie aurait décidé d'organiser des attentats en France ?

    Samraoui :
    "En faisant des attentats en France, on mobilise l'opinion publique française, les gens se disent : oh, l'islamisme est un danger, voilà, c'est ce qui a été fait en Algérie, déjà : oh, les islamistes sont des terroristes, ils vont nous couper la tête… cette peur a obligé les gouvernements français à agir et à expulser tous les supports des islamistes…"

    Alain Marsaud
    Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89):
    "Quand on a vécu les années 83 à 90, on se rend compte que le terrorisme d'état est quelques chose d'assez particulier, cela utilise des organisations écran. En l'espèce, on peut considérer qu'à un moment ou à un autre, le GIA a été une organisation ecran pour porter le feu en France"

    JB Rivoire : Pour prendre la France en otage ?

    Alain Marsaud : Pour prendre la France en otage…

    LA FRANCE
    OTAGE OU COMPLICE ?

    Les attentats de Paris n'auraient donc pas été du terrorisme aveugle, mais des messages envoyés par l'Algérie à la France.

    En 1995, le gouvernement Juppé comprend-il que notre pays est probablement victime d'un terrorisme d'état ?

    D'après notre enquête, la DST en avait averti Jean-Louis Debré, alors ministre de l'intérieur, dès le mois d'aout, soit un mois après la bombe de St Michel.

    Alain Marsaud
    Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89):
    "La DST a eu l'occasion de faire savoir au gouvernement qu'elle avait des soupçons. Il n'y avait pas les bons algériens qui gouvernent et les méchants qui commettent des attentats en France, c'était plus compliqué."

    Le 15 septembre 1995, Jean-Louis Debré invite des journalistes à déjeuner au ministère de l'intérieur. Très rapidement, il se met à parler des attentats. Il a manifestement un message à faire passer.

    Dominique Gerbaud
    Journaliste à " La Croix "
    Ex-pdt de l'association de la presse présidentielle:
    " Il nous a dit une chose qui nous a surpris et notamment qu'il avait des doutes sur la responsabilité des auteurs des attentats et qu'ils se demandait si une manipulation des autorités algériennes était possible. Cela nous a semblé être une information de toute première importance, en tout cas une information nouvelle."

    Le lendemain, à la " Une du Monde ", ces propos de Jean Louis Debré selon lesquels " la sécurité militaire algérienne voulait que l'on parte sur de fausses pistes pour qu'on élimine des gens qui les gênent " vont provoquer la colère d'Alger.

    Le ministre de l'intérieur va alors faire semblant de ne pas avoir dit ce qu'il a dit. Dans son entourage, on " dément formellement l'existence de l'interview " et on se " réserve d'examiner toutes les suites judiciaires que mérite cette affaire ".

    Mais quelque temps plus tard, Debré confirme ses propos à un journaliste préparant un livre sur Chirac.

    Hubert Coudurier
    Directeur de la rédaction du " LeTélégramme de Brest ":
    "Dans une rencontre avec lui quelques semaines plus tard, il m'avoue qu'il l'a fait sciemment."

    JB Rivoire : quel est son but ?

    Son but, c'est d'envoyer un signal au régime algérien : on a pas la preuve qu'il y ait eu orchestration, manipulation des attentats de Paris, officiellement, on attribue cela aux islamistes, mais il y a des doutes un peu partout, dans toutes les sphères du pouvoir. Donc on va pas balancer une bombe atomique sur Alger, mais on va faire passer des messages par des canaux discrets, par les services, et là, officiellement par la presse. Tout en disant qu'on ne l'a pas fait. Mais le message est passé.

    Synthé : Jean Louis Debré
    Président de l'Assemblée nationale
    JB Rivoire : "Monsieur Debré, bonsoir, peut on vous poser une question pour Canal + ?
    C'est à propos des attentats de Paris en 1995, vous avez déclaré à l'époque que la sécurité militaire voulait emmener les services français sur de fausses pistes…
    Vous ne voulez pas nous répondre ? On ne peut pas parler des attentats de Paris, monsieur Debré ?"

    Jean Louis Debré ne préfère pas nous parler et pourtant, à l'époque, même Alain Juppé se méfiait des services secrets algériens. Selon le Canard enchaîné, il aurait ordonné aux enquêteurs français de " limiter à l'extrème, voire de cesser tout contact avec les services algériens de renseignement "

    A l'époque, notre policier des renseignements généraux apprend qu'un algérien qui informe un de ses collègues semble bien au courant des attentats qui vont avoir lieu…

    Jean Lebeschu
    Ancien inspecteur des renseignements généraux:
    "Cet algérien, avant chaque attentat, appelait le collègue des RG pour lui dire qu'il allait se passer quelque chose. A la fin, on trouvait cela un peu particulier car dès que cet individu appelait, il se disait que cela allait péter. On se disait que c'était étonnant. J'ai appris par la suite que cet individu qui était venu tamponner l'officier des RG au 5e étage des RG était un officier algérien. Il en avait la méthodologie et la volonté, il n'a jamais été arrêté, on n'en a jamais parlé, donc c'est fatalement un type couvert par notre hiérarchie, il faisait partie de l'entente entre les services algériens et nous mêmes."

    Un officier algérien aurait donc prévenu Paris la veille de chaque attentat. Le scénario est à peine croyable, mais il ne surprend pas le juge Marsaud. Une pratique qui ne surprend pas le juge Marsaud.

    Alain Marsaud
    Ex-chef du service central de lutte antiterroriste (1986-89)
    " Cela ne sert à rien de commettre des attentats si vous ne faites pas passer le message et si vous ne forcez pas la victime à céder. Donc après, se met en place une diplomatie parallèle : il faut bien faire comprendre d'ou vient la menace et comment on peut y mettre fin en contrepartie de certains avantages…"

    Le régime algérien se serait donc servi du terrorisme pour forcer la France à le soutenir. Et l'affaire serait un secret de polichinelle.

    Nezzar :
    "Allez voir vos services, ils connaissent très bien le problème, je m'excuse…"

    JB Rivoire : vous voulez dire que les services secrets français sont au courant ?

    "Ils doivent être au courant"

    JB Rivoire : C'est ce qui se confirme dans notre enquête, effectivement…

    "Alors allez les voir, confirmez et condamnez nous…"

    Et le général Nezzar n'est pas le seul à dire que Paris avait compris la manip. Quelques temps après les attentats, l'ancien premier ministre algérien Abdelhamid Brahimi, que l'on aperçoit ici quand il était au pouvoir recueille les confidences d'un proche de Chirac.

    Abdelhamid Brahimi :
    "Il m'a dit qu'en 1995, après que Zéroual ait été élu président algérien, en novembre 1995, le président Chirac lui avait envoyé un message disant notamment que la France n'accepterait jamais à l'avenir que la sécurité militaire n'organise des attentats en France.
    Alors j'ai dit : vous le savez, pourquoi ne le dites vous pas ?
    Donc les autorités françaises savent que c'est la sécurité militaire qui a fait ces attentats…"

    Après 1995, en tout cas, plus aucun responsable politique français ne prendra la risque de critiquer le pouvoir algérien. Même Lionel Jospin, pourtant peu favorable au régime des généraux, se retrouve coincé une fois devenu premier ministre.

    Synthé : TF1 20h 29/9/97

    Lionel Jospin
    Ancien premier ministre
    " Dans le cas de l'Algérie, la très grande difficulté, c'est que nous ne savons pas comprendre ce qui se passe véritablement en Algérie (…) nous sommes contre une opposition fanatique et violente qui lutte contre un pouvoir qui lui même utilise, d'une certaine façon, la violence et la force de l'état. Alors nous sommes obligés d'être assez prudents (…) je dois aussi penser aux français : nous avons déjà été frappés. Je dois veiller à ces questions. Je suis pour que nous prenions nos responsabilités, mais en pensant que la population française doit aussi être préservée. C'est lourd de dire cela mais vous comprendrez aussi pourquoi il est de ma responsabilité de le dire "

    Alain Chenal
    Chargé de l'Algérie au Parti socialiste
    JB Rivoire : "ça veut dire que les politiques francais ne peuvent pas dire ce qu'ils ont à dire sur le pouvoir algérien parce qu'ils ont peur des bombes."

    Chenal : "C'est ce que j'ai compris et c'est ce que tous les observateurs ont compris"

    Quand Zitouni est tué dans le maquis, en juillet 1996, il a rempli sa mission : forcer la France à soutenir le régime, assassiner une bonne partie des intellectuels islamistes, et terroriser la population algérienne. Aujourd'hui, les massacres de civils continuent et la plupart des généraux sont toujours au pouvoir.

    Colonel Ali
    Ex-officier au ministère de la défense
    Mouvement Algérien des Officiers Libres (MAOL)
    " Ils ont besoin de la violence pour gérer l'Algérie . Un minimum de violence comme ça les Algériens pensent à une seule chose : leur vie et leur sécurité ils demandent pas où est partie la recette du pétrole ni ce qu'on fait avec l'argent des Algériens ou quoi que ce soit .C'est un pays qui fait 2 millions de kilomètres carrés. Qu'est ce qu'ils ont fait de plus par rapport à ce qu'à fait la France ? Est ce qu'ils ont construit une ville nouvelle ? Y en a pas .Est ce qu'ils ont construit des routes , des autoroutes ? Y en a pas ."

    JB Rivoire : " mais on se révolte pas parce que c'est dangereux. "

    Ali : " c'est très dangereux "

    Colonel M. Samraoui
    Ancien de la direction du contre espionnage:
    " Qui soutient ces gens là à part la France ? La France est leur principal soutien. Certains services français , certains services spéciaux français , certaines sphères politiques françaises bien connues aident ces gens là . La vente de matériel militaire c'est une aide supplémentaire pour permettre la survie de ces gens là , de ces généraux là "

    Ce régime que la France soutient depuis 1992 pour des raisons commerciales, stratégiques et par peur du terrorisme a aujourd'hui du plomb dans l'aile.

    Depuis les massacres de 1997, beaucoup d'Algériens ont compris que le " GIA " avait souvent servi de couverture aux services secrets pour commettre massacres et attentats.

    Le gouvernement français, lui, fait comme s'il n'avait rien vu: en 2003, notre pays s'apprête à célébrer " l'Année de l'Algérie en France ".

     

  • no moment

     

    Dilem du 25 Decembre  2011

  • L'algerie n'applique pas les lois , pas de justice, une république bananiere

    Noureddine Benissad. Juriste, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme

     

    "La loi sur les associations est anticonstitutionnelle?"

     

    El Watan,

     

    En dépit de l’opposition de la majorité des partis politiques et des organismes de la société civile, la nouvelle loi sur les associations a été adoptée dans le cadre des réformes politiques. Noureddine Benissad, juriste et vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, met le doigt sur les atteintes à la liberté de l’association régies par cette loi tant décriée.

     

    - En tant que vice-président de la Laddh, quelle lecture faites-vous des dernières lois adoptées dans le cadre des réformes politiques ?

     

    Tout d’abord, le problème réside en ces réformes politiques annoncées de toutes parts. Dire que les réformes sont venues de manière spontanées, ça ne correspond pas à la réalité. En revanche, le pouvoir en place a commencé à parler de réformes lorsque les pays de la région ont vécu des événements exogènes, à savoir le Printemps arabe. Cependant, le gouvernement a distillé un discours pour annoncer les réformes politiques répressives dans la forme et dans le fond. Est-ce que le toilettage des textes juridiques implique des réformes politiques ? Ces dernières exigent la dissolution de l’Assemblée, mettre en place un gouvernement provisoire, préparer des élections libres, chose qui n’a pas vu le jour. Autre anomalie, on élabore des lois et on parle de réformes sans préciser de timing. Tout est fait dans la hâte et dans l’anarchie. D’ailleurs, entre les avant- projets de loi et les projets de loi, il y a de flagrantes modifications. Ceci ne reflète que les divergences et le dysfonctionnement dans la vision globale au niveau du pouvoir. En plus de la différence des tendances politiques au sein du gouvernement, je citerai le rôle de l’armée. Il existe un pouvoir occulte que la Constitution n’a pas prévu, mais qui interfère dans tout le fonctionnement du système. D’ailleurs nous ne savons même pas quelle nature veut-on donner au régime politique ? Parlementaire, présidentiel, semi-présidentiel ? Après le Printemps arabe, tous les systèmes présidentiels ont abouti à ce qu’on a vu maintenant. Pas de séparation entre les pouvoirs exécutif et législatif, concentration des pouvoirs, absence de contre-pouvoir : cela engendre tout simplement une catastrophe.

     

    - Quels sont les articles de la loi nouvellement adoptée, contestés et considérés comme une atteinte à la liberté des associations ?

     

    La loi a été mise en place dans l’objectif de contrôler l’activité des organismes de la société civile, déjà muselée, et freiner l’émergence d’une société civile dynamique. La loi en question impose l’agrément pour tout individu désireux de créer une association. On est passé du système déclaratif à un système d’agrément. Le premier consistait en le dépôt de dossier pour ,récupérer un récépissé qui autorise la création de l’association, ce qui était plus simple. Avec l’avènement de la nouvelle loi, un agrément est exigé pour commencer à activer. De prime abord, on ne constate aucune volonté de faciliter les choses en ayant recours à une administration qui contrôle avec une série d’enquêtes et des procédures bureaucratiques. Deuxième anomalie : le nombre d’éléments exigé est revu à la hausse. Il est passé de 15 membres à 25 pour pouvoir créer une association. Alors que l’association est un contrat régi par le code civil qui stipule qu’il faut au moins deux personnes. Ceci est une violation de la loi civile algérienne. C’est anticonstitutionnel.

     

    - Que réserve la loi pour le financement des associations ?

     

    Toutes les associations sont assujetties au contrôle d’un commissaire aux comptes. En règle générale, il doit être exigé pour les associations qui bénéficient d’une aide publique importante, afin de justifier les dépenses. Mais une petite association de quartier n’a pas les moyens de payer un commissaire aux comptes ! Même le financement étranger est interdit, car auparavant, il fallait seulement obtenir une autorisation du ministère de l’Intérieur. Le problème est que les institutions de l’Etat perçoivent des financements extérieurs ! Autre violation de la loi : la coopération et l’adhésion à des réseaux internationaux sont tributaires d’une autorisation du ministère de l’Intérieur. Dorénavant, les associations algériennes ne pourront être affiliées aux associations étrangères qu’à condition que l’Etat algérien ait un accord intergouvernemental avec le pays de l’association étrangère. Si cette dernière n’est pas régie par la loi de son pays, les associations algériennes ne peuvent collaborer avec elle. Ceci est une atteinte aux principes de l’indépendance de l’association. Dans les pays voisins, la société civile est très active et représente son pays à l’échelle internationale. Dans notre cas, on va se retrouver sur le plan international avec une société civile désignée par le gouvernement. Ce que j’appelle «l’opposition choisie» ou la politique de la chaise vide. Par conséquent, les organismes de la société civile ne pourront faire un vrai travail de lobbying à l’étranger.

     

    - Tout le monde décrie l’article 40…

     

    Ils ont introduit un article dangereux (article 40) qui stipule que toute association peut être suspendue ou dissoute dès lors qu’on s’ingère dans les affaires internes du pays et porte atteinte à la souveraineté nationale. C’est aberrant !

     

    - Ces affaires internes sont-elles bien définies ?

     

    Non. En droit, ceci est une notion très vague. Par exemple, parler des droits de l’enfant, du chômage, de la corruption, pourrait être interprété comme ingérence dans les affaires internes du pays. Ceci ouvre la voie à l’arbitraire. Le gouvernement doit comprendre que l’association peut-être un contre-pouvoir et, à la fois, une passerelle de régulation entre le gouvernement et le citoyen. Dans une démocratie, il faut qu’il y ait un pouvoir et un contre-pouvoir qui activent dans le cadre de la loi et de la Constitution.

     

    - Quel est le sort des associations existantes ?

     

    Selon la nouvelle loi, les associations qui existent doivent se mettre en conformité avec la loi, c’est-à-dire refaire leur dossier, alors que c’est un droit acquis.

     

    - L’argument retenu par les auteurs de cette loi est le risque d’ingérence sur les plans politique et religieux…

     

    C’est un argument qui ne tient pas la route. Ceci est un prétexte pour justifier la limitation de l’exercice des libertés. Le droit à l’association est un droit fondamental consacré par la Constitution algérienne. De plus, l’Algérie a ratifié toutes les conventions internationales, nous sommes donc tenus d’appliquer ces lois et de se soumettre à des mécanismes du contrôle de l’ONU. Et puis, il n’y a pas eu d’association en Algérie traduite en justice pour financement extérieur ou activité contre les intérêts du pays.

     

    - Que pensez-vous du régime spécial consacré aux associations religieuses ?

     

    Dans le monde entier, les associations religieuses sont régies par un dispositif spécifique pour faire la part des choses entre les activités caritatives et celles ayant trait aux partis politiques, notamment ceux à caractère religieux.

     

    Bio express :

     

    Né le 1er avril 1957 à Bouira, Me Noureddine Benissad effectua ses études primaires et secondaires dans sa ville natale. Il poursuivit ses études universitaires à Alger puis à Paris 7. Il a obtenu un magistère en criminologie à l’université d’Alger. Père de trois enfants, Me Noureddine Benissad est membre de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’homme (aile Bouchachi), depuis 20 ans, et son vice-président depuis trois ans. Avocat depuis 1989, il fait partie du Conseil de l’ordre des avocats d’Alger. Son père est Mohand Amokrane, instituteur connu à Bouira, qui a contribué à la formation de plusieurs centaines de cadres.

    Lamia Tagzout

  • il sert à rien le DRS alors effacer le.

    Changement au DRS : la dernière carte de Toufik

    Par Yahia Bounouar, KalimaDZ,

    Le général Abdelkader Kherfi, allias « général Ahmed », patron de la DSI ( Direction de la Sécurité Intérieur) au sein du DRS ( Département du renseignement et de la Sécurité) a été démis et remplacé par le général Bachir Tartag, allias, Athman. Contrairement à certaines informations, Abdelkader Kherfi, n’a pas été remplacé pour son implication dans des affaires de corruption,- en Algérie, on ne limoge pas un général pour quelques milliards- mais pour des raisons de changement stratégique.

    Conscients de la situation géopolitique avec les changements radicaux en Afrique du Nord, Tunisie, Egypte, Libye, et Maroc, l’Algérie se retrouve « au milieu » et les généraux savent pertinemment que les lignes vont bouger. En Algérie, contrairement aux autres pays d’Afrique du Nord, où les dictateurs en poste étaient connus, le pouvoir est une chose invisible. Difficile, donc pour l’opposition mais également pour l’ensemble de la société de cibler le vide. Là ou les dictateurs étaient clairement identifiés, la contestation les a chassé, d’une manière ou d’une autre. En Algérie, les choses sont autrement plus compliquées. Une contestation d’ampleur, une révolte, une révolution et les généraux utiliseront Bouteflika comme un fusible. Un scénario à l’Égyptienne. Cela sera t-il suffisant ? Pas si sur ! Et si, « la rue » ne se contente pas du « symbole » du régime mais pousse pour un changement radical, comme c’est justement le cas actuellement en Egypte ? La leçon semble avoir été retenue à Alger ou, de plus, la majorité des officiers supérieurs du DRS, sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans la décennie sanglante et risqueraient en cas de changement de régime de se retrouver, au mieux à La Haye, sinon, dans une prison algérienne, « Ad vitam æternam » . Ce qui n’est pas le cas des officiers égyptiens qui au pire, retourneront dans leurs casernes.

    Le sécuritaire plutôt que le militaire

    Dès lors, après de multiples consultations, y compris des occidentaux, le DRS envisage plusieurs scénarios. Selon des indiscrétions occidentales, confirmées par des sources algériennes, les généraux qui détiennent la réalité du pouvoir en Algérie, ne font plus confiance en l’armée classique en cas de « troubles sérieux ». Ils ne prendront donc pas le risque que l’armée nationale puisse sympathiser avec la population, comme cela a été le cas en Egypte et en Tunisie, ou rejoindre l’opposition comme cela a été le cas en Libye et actuellement en Syrie avec la création de « l’armée Libre » constituée par les déserteurs.
    Considérant que la menace pour le régime n’est pas militaire mais sécuritaire, des plans ont été élaborés avec l’appui de « boites de conseils » américaines et européennes. Il s’agit, selon nos sources de renforcer l’orientation « sécuritaire » de l’armée. En d’autres termes, réduire les effectifs de l’armée « classique » pléthorique et budgétivore et renforcer en parallèle le coté sécuritaire, c’est à dire le DRS pour mieux contrôler et l’appareil étatique et la société. Un rééquilibrage en faveur du DRS et au détriment de l’état-major.

    Bouteflika amuse la galerie

    Sur le plan international, le régime a « acheté » la bienveillance des puissances occidentales en « liquidant » tous les contrats « en instance » au profit des USA, de la France, de la Grande Bretagne, sans oublier les alliés traditionnels que sont La Chine et la Russie.
    A l’intérieur, pendant que Bouteflika « amuse » la galerie avec des « reformes » qui n’en sont pas- dans bien des cas, il s’agit de net recul en matière de liberté- les généraux tentent de reprendre la main et de se réorganiser.
    C’est dans ce cadre qu’intervient le limogeage du général Abdelkader Kherfi, qui n’a pas su, ou pas pu, empêcher la multiplication des émeutes, des grèves, des rassemblements et le retour médiatique et sur le terrain de l’opposition radicale. Il n’y a plus une semaine sans que des jeunes militants manifestent pour les droits de l’homme ou pour dénoncer des violations et des injustices. Le discours de l’opposition est de plus en plus audible auprès de la population, soit à travers les médias locaux, soit à travers les chaînes satellitaires. Deux chaines de télévisions algériennes considérées comme « opposantes » émettent désormais à partir de l’Europe et leurs discours entrent dans les foyer algérien. Des sites internet d’information qui échappent totalement au contrôle du régime diffusent librement des informations.
    Sur le plan diplomatique, et c’est une première, des opposants, des représentants du mouvement Rachad, ont été reçus avec honneur, en Libye et en Tunisie notamment, damant le pion à une diplomatie moribonde qui a fait le choix des dictatures contre celui des peuples en révolte.

    Tertag pour fermer la brèche

    La nomination du général Bachir Tertag, allias Athmane, qui aime lui même à se faire appeler « Bombardier », un dur parmi les durs, annonce clairement un retour à la répression et aux méthodes barbouzardes. Là où son prédécesseur avait tenté de ralentir le flux de la contestation qui s’est engouffré dans la brèche ouverte par les émeutes de janvier 2011 et les révoltes arabes, le général Tertag, va s’atteler à fermer cette brèche, rapidement et brutalement si cela est nécessaire.
    Alors que partout à travers le monde, des « sages » tentent d’accompagner les changements et les bouleversements aussi pacifiquement que possible, les généraux algériens ont décidé d’élever une digue contre le sens de l’histoire. En agissant ainsi, le DRS et son chef tout puissant, le général major, Mohamed Mediene, allias Toufik, semble jouer sa dernière carte, celle du « TOUT OU RIEN ». Il prend le risque, dans ce cas, qu’une vague beaucoup plus haute, ne brise sa digue en morceaux et n’emporte tout dans son sillage.

    Y.B

  • le président qu'on aurait pu avoir !!!

    Révolution de novembre et indépendance nationale

    LE COMMENCEMENT

    Par : Mohamed Boudiaf

    Ce texte inédit de cet acteur de la guerre d’indépendance, Si Tayeb El-Watani, écrit en 1961, nous a été envoyé par Nacer Boudiaf. Nous le publions dans son intégralité.

    De tous les travaux qui ont à ce jour traité de ladite Révolution, aucun n’est arrivé à éclairer valablement et d’une façon objective la phase historique, riche en enseignements, qui a préparé ce que certains ont appelé “la Nuit de la Toussaint”. Ici, une précision s’impose pour éviter tout rapprochement avec la fête des morts ou toute autre invention de plumitifs prompts à expliquer l’histoire par des arrangements malveillants qui, dans le fond, n’honorent pas leurs auteurs.
    En réalité, le départ aurait dû avoir lieu le 18 octobre, et son report au 1er novembre n’a tenu qu’à des considérations d’ordre interne qu’il serait trop long d’exposer ici. La vérité est que le choix de cette date n’a été motivé par aucune intention de faire coïncider le déclenchement avec le culte des morts qui, certainement depuis qu’ils appartenaient à l’autre monde, devaient se désintéresser totalement des choses d’ici-bas entre Algériens colonisés et Français impérialistes. D’ailleurs, si l’on tient, malgré tout, à affubler la décision historique du 1er novembre de ce masque infâmant, nous serons bien aisés de notre côté d’aligner une longue liste de dates marquées par des hécatombes au compte du colonialisme français qui, depuis le jour où il à foulé la terre algérienne, et durant un siècle et trente et un ans, n’a respecté ni notre religion, ni nos fêtes, ni notre tradition pour perpétrer les pires crimes et exactions que l’histoire ait enregistrés depuis les âges les plus reculés de l’humanité. Un jour viendra où tous les crimes seront connus et, à ce moment, on oubliera volontiers de parler aussi légèrement du 1er novembre 1954 qui, pour nous, restera à jamais sacré et sera fêté pour avoir été l’avènement d’une marche historique qui a bouleversé un continent et qui n’a pas fini d’étonner le monde par sa puissance et sa vitalité face à un adversaire désorienté et complètement déréglé au point d’avoir dangereusement mis en cause ses valeurs, son équilibre psychologique et jusqu’à sa cohésion nationale.
    Pour comprendre ce faisceau d’interactions et de réactions découlant de la Révolution algérienne, soumettons à l’analyse les raisons profondes qui ont donné vie à ce 1er novembre et à ses suites.
    Déjà, en 1945, les prémices d’un tel bouleversement étaient clairement prévisibles à l’observateur lucide et impartial, car le lien entre les évènements de mai 1945 et le départ de la Révolution en novembre 1954 est tellement étroit qu’il mérite d’être souligné ici sous peine de nous voir tomber dans l’erreur commise par la plupart de nos dirigeants politiques d’avant le 1er Novembre. En effet, les uns comme les autres ont ou sous-estimé les répercussions du drame de mai 1945 ou tout simplement gardé une obsession d’une éventuelle répétition de cette sauvage répression qui, tout en les marquant, les a éloignés d’une analyse courageuse qui les aurait mieux inspirés dans la recherche d’une politique beaucoup plus réaliste et beaucoup plus hardie.
    Nous avons parlé plus haut d’un lien entre les deux évènements : lequel ? Effectivement, le 8 mai 1945, était la manifestation d’un même état d’esprit d’un peuple épris de liberté avec cette différence qu’en 1945, il croyait encore en la possibilité de recouvrer ses droits par des moyens pacifiques, alors qu’en novembre 1954 il était décidé, instruit par son premier échec, à ne plus commettre d’erreurs et à utiliser les moyens adéquats capables de faire face à la force qu’on lui a toujours opposée. C’est cette évolution lente, quelquefois incertaine et latente, que nous nous proposons de refléter dans ce qui va suivre...
    En premier lieu, quelles ont été les suites des nombreux évènements de mai 1945 sur, d’une part, le peuple et, d’autre part, les partis politiques qui le représentaient ? Contrairement à ce qu’on attendait, au lieu que ce coup de force renforça l’union nationale, il produisit la dislocation malheureuse des AML, qui avaient, en mars 1945, réussi, pour la première fois, à réunir, à l’exception du PCA, toutes les tendances de l’opinion algérienne. En effet, sitôt les prisons ouvertes en mars 1946, sitôt la concrétisation de cette coupure en deux courants : le PPA - MTLD, ou tendance révolutionnaire et l’UDMA, ou tendance réformiste. Je ne parle pas ici du PCA qui reste, jusqu’en 1954, minoritaire et sans influence sur la suite des évènements, ni d’ailleurs de l’association des oulémas dont le programme se voulait beaucoup plus orienté vers l’instruction et l’éducation en dépit de leur sympathie non déguisée pour le réformisme de l’UDMA. Il est inutile également de faire cas de ceux qu’on appelait les indépendants, les exécutifs zélés de la colonisation, ce qui, à juste titre, leur avait valu l’appellation pittoresque de “béni-oui-oui”.
    À retenir donc que les évènements de 1945, tout en donnant au peuple une leçon chèrement acquise sur ce que devrait être une véritable lutte pour l’indépendance nationale, provoquèrent, du coup, la coupure des forces militantes algériennes et leur regroupement en deux principaux courants dont les luttes dominèrent la scène politique jusqu’en 1950. Avec le recul, on réalise nettement le rôle joué par les sanglantes journées qui ont suivi le 8 mai 1945 sur le plan de la classification politique en Algérie et de ce qu’il va en sortir.
    Abandonnons, pour plus de clarté, l’aspect événementiel de cet affrontement pour nous consacrer uniquement à ses effets sur le schéma des forces en présence. Effectivement, il n’a pas fallu attendre longtemps pour constater la fin de cette étape qui a prouvé, s’il en était besoin, que la voie du salut était ailleurs.
    Comment alors se présentait le schéma né de cette période de 1945 à 1950 ? Sans conteste, les partis, d’un bord comme d’un autre, avaient beaucoup perdu de leur audience ; quand aux masses, gavées de mots d’ordre contradictoires, d’où rien n’était sorti, elles donnaient l’impression, après cette bagarre de slogans et de palabres, d’une lassitude indéniable et d’une conviction non moins solide de l’inefficacité des uns et des autres. Il n’était pas rare, en ces temps, d’entendre des propos du genre : “À quoi bon s’exprimer pour rien ? Ils sont tous les mêmes : beaucoup de palabres mais de résultat, point. Qu’ils s’entendent et se préparent s’ils veulent parvenir à un résultat. Sans armes on ne parviendra à rien etc. etc.”
    On sentait confusément dans ces remarques désabusées et pertinentes le besoin ardent de sortir du labyrinthe des escarmouches platoniques et inopérantes des luttes politiques. La recherche d’une issue susceptible de répondre à ce besoin se lisait sur tous les visages et émergeait de la moindre discussion avec l’homme de la rue, pour ne pas parler du militant plus impatient. Toutefois, une parenthèse mérite d’être ouverte, à ce point de nôtre développement, en vue d’éviter toute interprétation tendancieuse qu’on serait tenté de tirer de ces constatations. À signaler dans cet esprit que, mis à part son côté négatif et quelquefois pénible, la lutte politique dont il vient d’être question n’a pas été complètement inutile, en ce sens qu’elle a renforcé, dans une grande mesure, la prise de conscience populaire et a surtout aidé à la promotion d’un bon nombre de cadres.
    Autre remarque : la déconfiture de ces partis politiques, avant d’être le fait de tel ou de tel homme, ou groupe d’hommes, est, en dernière analyse, le résultat de tout un ensemble de causes dont les principales reviennent à une méconnaissance ou, pour le moins, une incapacité de s’inspirer du peuple, aux oppositions entre les hommes élevées au-dessus des idées et des principes, et en dernier lieu au vieillissement très rapide, inhérent spécialement aux partis politiques des pays jeunes, trop vigoureux et pleins de bouillonnement révolutionnaire pour s’accommoder facilement de tout ce qui est immobilisme.
    En résumé, l’année 1950, si elle ne mit pas totalement fin aux luttes politiques, n’en marqua pas moins leur dépassement et leur faiblesse manifeste face à une politique répressive de l’administration coloniale. Cette dernière, après la répression de 1948, à l’occasion des fameuses élections à l’Assemblée algérienne où les truquages et les falsifications les plus éhontés furent enregistrés, après ce qui fut appelé le “complot” de 1950 et qui était en réalité la destruction partielle de l’organisation paramilitaire formée sous l’égide du PPA-MTLD, s’était enhardie, devant le manque de réaction, au point de ne plus tenir compte de sa propre légalité pour accentuer son travail de dislocation des appareils politiques. Cela était tellement vrai que, pendant ces temps sombres, on avait assisté aux premiers rapprochements de ces mêmes partis politiques, hier ennemis ; d’où la naissance du Front démocratique réalisée par le MTLD, l’UDMA, les Oulémas et le PCA pour lutter conjointement contre la répression. L’explication la plus valable à donner à ce phénomène, impossible deux ans auparavant, est sans doute la manifestation de l’instinct de conservation par la recherche obscure d’un renouveau souffle dans une union même limitée.

    Rien ne se fit pour sauver les uns et les autres
    La marche inexorable de l’évolution ne tarda pas à accélérer le processus de désagrégation déjà entamé.
    Je ne connais pas avec certitude ce qui se passait en ce temps à l’intérieur de l’UDMA, des Oulémas et du PCA, mais je reste convaincu que leur situation n’était pas plus brillante ni plus enviable que ce qui se préparait dans le MTLD, en voie de dislocation malgré tous les efforts tentés pour éviter la fin malheureuse et définitive qui fut la sienne en 1950.
    Que nous fût-il donné de retenir de cette première partie ? La faillite des partis politiques, complètement déphasés par rapport au peuple dont ils n’ont pas su ou pu s’inspirer à temps pour saisir sa réalité et comprendre ses aspirations profondes. Il faut noter, à cette occasion, que notre peuple, à l’instar de tous les peuples qui montent, possède une bonne mémoire et une acuité instructive de ce qui se fait dans son intérêt. S’il lui est arrivé de se désintéresser, à un certain moment, de presque tous les partis politiques qui se disputaient ses faveurs, cela revenait avant tout à ce sens infaillible de l’histoire et à cette sensibilité forgée dans les dures épreuves dont les évènements de Mai 1945 ont été une des plus marquantes.
    Compte tenu de cette défection populaire vis-à-vis des partis, comment se présentait alors l’éventail des forces profondément remaniées par cette sorte de reflux ? Mis à part, les directions politiques moribondes s’accrochant vainement à leurs appareils organiques, fortement éprouvés et réticents, il faut signaler : à la base, le peuple d’où s’effaçaient progressivement les oppositions politiques et qui semblait dans son recul préparer le grand saut et, dans une position intermédiaire, le volume des militants abusés, quelquefois aigris mais restant vigilants parce que plus au fait des réalités quotidiennes et du mécontentement des masses accablées qu’elles étaient par une exploitation de plus en plus pesante.
    C’est d’ailleurs de cet échelon que partit en 1954 la première étincelle qui a mis le feu à la poudrière. La question qui vient immédiatement à l’esprit consiste, à mon sens, à déterminer exactement comment a pu s’opérer cette sorte de reconversion rapide et cette prise de responsabilité étonnante à un moment où les plus avertis s’attendaient à toute autre chose qu’à un départ aussi décisif d’une révolution qui bouleversera tous les pronostics de ses sympathisants comme de ses adversaires. La réponse est qu’en novembre 1954, toutes les conditions, malgré la confusion de façade qui régnait alors, étaient réunies, concrétisées en deux forces aussi décidées l’une que l’autre : d’une part, un peuple disponible, ayant gardé intact son énorme potentiel révolutionnaire légendaire instruit par ce qu’il a subi durant une longue occupation et plus récemment à l’occasion du 8 mai 1945, exacerbé par ce qui se passait à ses frontières et n’ayant enfin plus confiance dans tout ce qui n’est pas lutte directe de la force à opposer à la force et, d’autre part, une avant-garde militante, issue de ce peuple dont elle partageait les expériences quotidiennes, les peines et les déboires pour se tromper, le peu qu’il soit, sur cette force colossale dans sa détermination d’en finir avec une domination qui a fait son temps.
    C’est de cette conjonction intime que naquit la Révolution algérienne qui, dans un temps restreint, de juin à novembre 1954, aligna sur tout le territoire les têtes de pont du bouleversement que nous vivons depuis bientôt sept ans.
    En conclusion, que faut-il retenir de toute cette suite d’évènements et particulièrement de ce commencement qui, vu son caractère spécial, marquera pour longtemps la Révolution algérienne et explique déjà ses principales caractéristiques originales ?
    1- À la différence d’autres révolutions, la nôtre est née à un moment crucial qui lui confèrera son caractère particulier d’autonomie et son indépendance vis-à-vis de toutes les tendances politiques l’ayant précédée : le premier appel au peuple algérien a bien précisé que le FLN, dès sa naissance, se dégageait nettement de tous les partis politiques, auxquels il faisait en même temps appel pour rejoindre ses rangs sans condition ni préalable d’aucune nature. Cette position en clair signifie que le 1er Novembre ouvrait une ère nouvelle d’union nationale et condamnait implicitement toutes les divisions et oppositions partisanes incompatibles avec la révolution naissante, comme elles le seront plus tard quand il s’agira de construire l’Algérie nouvelle.
    De cette position de principe, il faut retenir également le souci des premiers hommes de la révolution d’introduire un autre esprit, d’autres méthodes et surtout une conception neuve tant en ce qui concerne les idées que l’organisation ou les hommes.
    2- Née du peuple, la Révolution algérienne, à son départ, s’inscrit en faux contre toutes les manoeuvres de tendances ou concepts d’exportation quels qu’ils soient, plaçant la lutte sous le signe de l’union du peuple algérien en guerre, union solidement soudée par des siècles d’histoire, de civilisation, de souffrances et d’espoir.
    3- Issue d’une période où les luttes des coteries et des personnes avaient failli tout emporter dans leur obstination aveugle et criminelle, la Révolution du 1er Novembre décréta le principe de la collégialité, condamnant à jamais le culte de la personnalité, générateur de discorde et nuisible, quelle qu’en soit la forme, à l’avenir d’un jeune peuple qui a besoin de tous ses hommes, de toutes ses ressources et d’une politique claire et franchement engagée qui ne peut être l’affaire d’un homme, aussi prestigieux soit-il, mais de toute une équipe d’hommes décidés, vigoureusement articulés en une organisation bien définie, disposés à donner le meilleur d’eux-mêmes avant de se faire prévaloir de tout titre, de toute légitimité et encore moins de droits acquis ou de prééminence de tout genre.
    En un mot, l’Algérie, après ce qu’elle a enduré, a besoin de militants intègres, désintéressés opiniâtres et décidés, véritables pionniers au service d’un idéal de justice et de liberté, que de “zaïms” en mal de gloriole, cette gangrène purulente de beaucoup de jeunes pays en voie d’émancipation.
    4- Partie intégrante et motrice de la formidable vague de fond qui secoue l’Afrique et l’Asie et continue de se propager en Amérique du Sud et partout ou persistent les germes de la domination politique ou économique, la Révolution algérienne, dès son début, s’est classée par rapport aux lignes de force de l’échiquier mondial.
    Nos alliés naturels sont avant tout ceux-là mêmes qui, comme nous, ont eu à souffrir des mêmes maux et qui rencontrent sur la voie de leur libération les mêmes oppositions, les mêmes barrières, voire les mêmes menaces.
    5- Enfin, son caractère populaire et patriotique, sa coloration anticolonialiste, son orientation démocratique et sociale, sa position dans le Maghreb et son appartenance à la sphère de civilisation arabo-islamique sont autant de traits marquants que porte la Révolution algérienne dès sa naissance et qui détermineront son évolution et conditionneront son devenir.

    Mohamed Boudiaf
    Turquant, le 22 août 1961

  • Un jeune s'immole par le feu à Aokas

     

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    Une tentative d'immolation empêchée à Alger. Archives.

    Un jeune chômeur s'est immolé mercredi soir en plein centre d'Aokas, dans la wilaya de Béjaïa, a rapporté jeudi le quotidien El-Khabar.

    Le jeune homme, âgé de 23 ans, mais dont l'identité n'a pas été révélée par le journal, "s'est aspergé de cinq litres d'essence sur le corps et y a mis le feu", sans que plusieurs personnes accourues à son secours aient pu éteindre les flammes. Transporté d'urgence au service des grands brûlés de l'hôpital de Sétif, à une cinquantaine de kilomètres de là, il est décédé peu après, a ajouté le quotidien arabophone.

    Sa famille a affirmé qu'il ne souffrait d'aucun trouble mental et ses amis ont indiqué que le chômage était la cause de son suicide. ll s'agit là de la première immolation à Bejaïa. La Kabylie avait connu en 2008 le plus fort nombre de suicides en Algérie, selon une étude de la Protection civile. Elle avait alors enregistré 30 cas de suicides, devant Alger  sur un total de 267 dans le pays.

    A Arzew, une femme de 32 ans a tenté de s'immoler par le feu devant le siège de la daira à Arzew lundi dernier. Le jeune frère de cette dernièrenavait succombé à ses blessures après s'être immolé par le feu en novembre dernier devant le siège de la sûreté de la daïra d'Arzew. Avant de passer à l’acte, la jeune femme s'était rapprochée de l'APC d'Arzew où elle a demandé à rencontrer le maire pour lui demander que sa famille soit dédommagée après l'incident qui a coûté la vie à son frère. Mais le président de l'APC lui a refusé toute aide. Ce n'est pas à la commune de traiter ton cas, lui aurait répondu l'édile, la renvoyant à d'autres strcutures. En désespoir de cause,  la jeune femme s'est rendue à la daïra d'Arzew où elle s'est placée en face pour tenter l'irréparable. Heureusement qu’elle a été empêchée par les services de la sûreté de daïra qui sont venus pour éviter un autre drame. Une enquête a été ouverte. Rappelons que le jeune homme de 28 ans est décédé cinq jours après son hospitalisation à l'hôpital d'El-Mohgoun. 

    El Khabar/M. H.

  • La parade de "l’apprentissage démocratique" de Bouteflika

     

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    Abdelaziz Bouteflika

    Le président Abdelaziz Bouteflika a estimé mercredi que l’Algérie était encore à l'étape de l'"apprentissage" de la démocratie. On a quelque doute à lui accorder crédit.

    Vingt ans après l’ouverture démocratique, le président estime que nous sommes encore loin. "Je ne dis pas que nous avons franchi toutes les étapes et il n'y a pas lieu de faire des comparaisons entre ce qui se passe chez nous et ce qui se passe en Grande-Bretagne ou même en France (qui) nous ont devancés en démocratie depuis des siècles déjà", a-t-il déclaré à l'ouverture de l'année judiciaire.

    Pourtant arrivé au pouvoir il y a douze ans, à l’issue d’un scrutin verrouillé par le système pour lui ouvrir grand le chemin du plébiscite, le président estime aujourd’hui que l’Algérie doit aller à son rythme, celui-là même qu’il imprime. 

    "Nous faisons notre apprentissage en la matière, en conséquence aucun reproche ne doit être fait à notre encontre ou à l'encontre de ceux qui nous critiquent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur", avertit-il comme pour conjurer de probable levée de boucliers sur ses projets. D’apprentissage, on ne peut pas dire que la décennie du président actuelle soit la plus exemplaire. C’est le moins que l’on puisse dire. Contrairement à ce qu’avance Bouteflika, il n’y a point d’avancée en matière de libertés depuis son arrivée au pouvoir. Et ses réformes n’ont manifestement pour objectif que le verrouillage de l’espace politique pour baliser les échéances électorales prochaines pour ses soutiens politiques. A ce titre on doute fort bien que les leçons données sur le fonctionnement démocratiques par le président soient les meilleures. Le viol de la Constitution qu’il a mené avec la complicité des partis de la majorité marquera à jamais son passage à la présidence. Il sera pour l’histoire celui qui a tripatouillé la loi fondamentale pour son propre destin politique.

    Quand Abdelaziz Bouteflika déclare qu’"il est possible qu'il y ait des lacunes ou des étapes (dans l’apprentissage démocratique, Ndlr) non encore franchies. Celles-ci interviendront progressivement et émaneront de notre peuple qui n'a confiance qu'en ses propres réalisations", il faut comprendre le contraire. Pourquoi ? Pour la simple raison que le peuple n’a pas été véritablement consulté par le président. Bien au contraire. Les deux consultations fondamentales de ses trois mandats ont été caractérisées par la fraude doublée d’une abstention historique qu'une administration aux ordres du ministère de l'Intérieur (sous Nordine Yazid Zerhouni) a dû combler par le bourrage des urnes. M. Bouteflika a promis que l’Algérie se dirigeait vers "d'importantes échéances politiques qui laissent transparaître des horizons où régnera une démocratie qui réunit tous les éléments nécessaires". Cette démocratie, déclare-t-il, "permettra de rétablir la confiance entre le citoyen et les institutions parlementaires à tous les niveaux", a-t-il souligné. Quel aveu d’échec ! Le président reconnaît en filigrane ici le fossé entre élus et électeurs. Mais comment rétablir une confiance en un seul scrutin quand on n'a pas su le faire en 12 ans de règne. Difficile à croire donc.

    Une dernière chose. Il est de bon temps d’ergoter sur les vertus de la  démocratie devant des magistrats qui attendaient de lui qu’il leur parle de la corruption qui règne à tous les étages du gouvernement. De la justice complètement inféodée à l’exécutif. Le président ne craint pas d’être démenti, mais encore faut-il qu’il écoute la  contradiction.

    Ainsi, il a déclaré aux magistrats : "Notre ambition a toujours consisté à faire régner la justice au sein de la société et à promouvoir la qualité des rapports entre la justice et les justiciables de manière à rétablir la confiance entre le peuple et ses institutions afin de réunir toutes les conditions garantissant un retour à une vie normale et paisible et une poursuite de la progression du pays vers le parachèvement des réformes sur des bases solides répondant aux critères bien établis pour l’édification d’un Etat moderne". Le retour de la confiance envers la justice devrait être donné d’abord par les tenants du pouvoir. Autrement dit, du président himself qui a fait des magistrats de simples courroies de transmission d’un semblant de justice. La confiance en les magistrats c’est comme celle envers les élus. L’une comme l’autre ne tiennent qu’à la volonté du régime que dirige le président de changer les choses. Là encore, les 12 ans de règne ont montré les limites des promesses maintes fois réitérées par Bouteflika.  

    Quand celui-ci évoque "l’importance accrue de poursuivre le processus d’amélioration de la performance de la justice dans le traitement des affaires qui lui sont soumises", aucun des magistrats présents n’ignore que le seul processus en marche est celui  de la mise au pas de la justice au service du pouvoir. 

    Mais non le président a préféré botter en touche pendant plusieurs minutes. La justice attendra, comme attendent les véritables politiques. Le président avance à son rythme. Il a manifestement le temps. Mais pas les Algériens.

    Yacine K.

  • Le dossier du maire de Zeralda embarrasse le système

     

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    Mouhib Khatir, le maire de Zéralda victime d'un complot.

    La convocation du maire de Zeralda à la cour de Blida pour juger le dossier de l‘une de ses plaintes relative à la dilapidation du centre des affaires de cette commune reste unique dans les annales judiciaires en Algérie.

    En effet, ce jeune maire, accusé d’escroquerie et jeté en prison à la manière terroriste, va rencontrer menotté ses accusateurs alors que la logique et le bon sens voudrait que c’est le contraire qui devrait se passer. Tout porte à croire que tout le monde panique face aux affaires invraisemblables qui lui sont reprochées. Cette situation comique est explicitée dans une lettre que sa sœur adresse au premier magistrat du pays.

    Rabah Reghis

    Monsieur le Président,

    Je vous écris cette lettre au sujet de mon frère de Khatir Mouhib, maire de Zeralda. Je ne vais pas rentrer dans les détails de cette déroutante affaire médiatisée sur le net, dans la presse écrite et relayée par des tas de lettres adressées à qui de droit. A la présidence et aux ministères : de l’intérieur, de la justice, etc. Il a été kidnappé par une brigade antiterroriste dans une impasse sur le chemin de sa maison alors qu’il n’est ni un terroriste ni un dangereux malfaiteur au point où on a été incapable de lui concocter un dossier qui tienne la route. Son seul grief, son originalité, faire le contraire de ce que font les autres. Il a émigré en sens contraire et s’est engagé dans la politique en électron libre alors que personne même feu Boudiaf n’a réussi un tel exploit chez nous. Il a cru corps et âme en vos discours surtout quand vous affirmez : " … conforter l’équilibre entre pouvoirs, garantir les libertés individuelles et collectives et les droits de l’Homme…"

    A Paris, au début il s’était retrouvé un jour dans la rue grelottant de fièvre et de froid. Recueilli par un curé, méfiant, il avait jugé utile de préciser à l’homme d’église qu’il était musulman à la vie et à la mort. Ce dernier a répliqué en souriant : "Qu’importe ta religion, je t’aide pour qu’un jour tu puisses me remercier en aidant un autre..." Il a fini par remonter la pente, créer une entreprise, se faire des amis, avec son physique, son éloquence, son aisance financière, il aurait pu comme d’autres Algériens faire de la politique "beur" et profiter de la coloration du champ visuel français. Non, il a préféré déscolariser ses enfants de l’école de Molière à celle de Ben Badis tellement il aimait son pays et avait confiance en ses institutions même la décennie noire ne l’a pas découragé. Comme il était fier d’apporter son savoir-faire pour rénover l’Assemblée nationale, le Théâtre national, l'hôtel Hilton etc. Il aurait pu s’arrêter là, quand on évolue dans les hautes sphères on ne risque pas de tomber mais son cœur d’artichaut tendait vers les bas, là où végètent les malchanceux ceux qui n’ont pas eu sa baraka. La main toujours dans la poche à la vider avec soulagement pour aider les nécessiteux, les jeunes sportifs, embellir les mosquées etc. Comme une drogue, il avait besoin des sourires et des bénédictions de ceux qui ne "comptent pas".

    Le proverbe dit que celui qui donne, reçoit et voyez-vous Monsieur le président, quand il est "tombé" ceux qui lui ont tendu la main ont été les démunis, ded femmes de ménage, dde gardiens, ded chômeurs, des repris de justice… Son malheur est d’avoir voulu redonner à Zeralda son prestige d’antan avec le soutien de ses électeurs. Cette ville en accueillant le premier magistrat du pays aurait dû être un havre d’équité, de paix, de joie pour ses habitants, se retrouve frappée d’aphasie, de gâchis, de désespérance. Depuis 1962, elle se laisse dépecer en toute quiétude par une razzia qui avale herbe et cailloux. Tout est passé, des plus belles villas coloniales  au complexe touristique  et ses bungalows, la forêt choisie par le président Boumediene. Même les sables dorées avec leurs dunes ont été balayés, on dit qu’ils ont fait la fortune du gendre de Chadli. Je m’arrête là pour évoquer la mémoire de cet adolescent, élève prometteur, mort dans les années 1980 pendant le mois sacré du ramadan enseveli par des tonnes de sable à cause d’une maladresse des "voleurs". Son vieux père, un pauvre paysan dont il était l’unique fils a été terrassé par le chagrin en l’enterrant... Zeralda, ce fleuron touristique de la côte, connue mondialement a fini par perdre tous ses attraits que Dieu lui a donnés et porter la poisse à ses enfants fatalistes. D’exportatrice de fruits et légumes vers  l’Europe, elle n’a plus de terre arable pour nourrir sa propre population  ni assez de terrain pour loger ses autochtones. Tout a été squatté par ces envahisseurs qui deviennent milliardaires du jour au lendemain. Dans ce désastre, il y a eu deux derniers espoirs : le centre des affaires et la gare routière. Ils ont été construits par la commune qui s’était endettée pour des décennies afin d’assurer l’avenir de ses administrés. Mais voilà que même là, les requins veillaient. Mon frère a été élu pour qu’il fasse quelque chose, surtout au sujet du centre des affaires transformé en lieu de "jouissance" pour une certaine faune. Situé au cœur de la ville entre deux mosquées, il enrichissait ses gérants en ruinant les caisses de la mairie qui se saignait pour payer la banque.

    Depuis son élection en 2007, mon frère a déposé à ce sujet plus de 27 plaintes, aucune n’a abouti, il passait tout son temps à défendre les intérêts de sa ville d’un commissariat à un autre d’une convocation à une autre, d’un tribunal à un autre délaissant sa famille. Sa femme a été opérée du cœur en urgence, tous ses enfants ont décroché à l’école et son entreprise en faillite. Monsieur le Président, ce dimanche 18 décembre, il devait comparaître au tribunal de Blida, non comme accusé mais comme plaignant. Le procès a été renvoyé aux calendes grecques. Imaginez Monsieur le Président la fierté d’un accusé venant à la barre libre se défendre face à son accusateur extirpé de derrière les barreaux amené dans un fourgon blindé, menotté et encerclé par des agents armés jusqu’aux dents. A ce stade là, Monsieur le Président, quel corps fait de chair et de sang peut  résister à cette boite de Pandore cinglée ? Aujourd’hui, il est plus seul que jamais, on n’en parle plus, tous les "zaoualias" qui ont eu le courage de le soutenir ont fini par jeter l’épongepour diverses raisons.

    Tout au début, on avais reproché aux gens qui l’avaient élu leur manque d’enthousiasme, l’un d’eux nous a répliqué : "Ma sœur, je jure sur le Coran et la tête de mes enfants que j’ai fait maison par maison trou par trou, je me suis adressé aux vieux, jeunes, femmes et hommes quelle que soit leur condition pour leur dire : "Honte à vous mes frères, cet homme c’est nous qui l’avons sollicité pour venir sauver notre ville des mains de ces rapaces. Il n’avait besoin ni d’argent ni de villa ni de voiture de luxe…, il vivait tranquille avec sa famille. Maintenant qu’il est en prison à cause de nous, on doit l’aider c’est hchouma harr de l’abandonner…" Tous nous ont répondu : "Allah qui voit à l’intérieur de nos cœurs sait que nous prions pour lui tous les jours pour qu’il revienne sain et sauf à ses enfants mais doit-on le faire au risque de sacrifier les nôtres ?! Oui nous avons peur d’eux, on a déjà goûté à leur rancune. Ils ont l’argent et le pouvoir, ils ne feront qu’une bouchée de nous. Regarde ce qu’ils ont réussi à faire de notre maire issu de la famille la plus ancienne de la ville et qui nous a promis de les vaincre…" 

    J’écris cette lettre en espérant la libération de Mouhib Khatir, maire de Zéralda, kidnappé et mis en prison depuis plusieurs mois pour avoir voulu sauver sa ville des griffes de la  maffia locale. J’écris cette lettre surtout parce que j’ai peur que cette injustice finisse par lui empoisonner le sang plus sûrement qu’un poison violent, qu’une grève de la faim illimitée… C’est sans doute ce qu’espère ses adversaires, je ne dirai pas ennemis car on ne peut en avoir quand on défend le droit de ses concitoyens à vivre dignement chez eux. Monsieur le président, en définitive, j’irais même copier cette mère qui a préféré abandonner son bébé que de le voir découpé en deux par le roi Salomon : expulsez-le de Hadjout à l’aéroport mais ne le laissez pas crever derrière les barreaux.

    Qu’il reparte rejoindre ces millions de harragas officiels déracinés refusant de revenir comme lui, exemple ce fils de Zeralda, grand cardiologue qui a opéré dans un hôpital français Madame Khatir, née à Paris. Ses six enfants ont besoin d’un père vivant pas d’un héros mort qui s’est trompé de bled et d’époque. Seul Allah peut savoir le sort qui l’attend. Monsieur le président, on dit que vous êtes malade et la mort a dû vous frôler de près alors vous devez connaître le prix de la santé d’un être humain, de surcroît enchainé et humilié pour avoir dit : non à la corruption et à la hogra ! Car rien de bon ne peut découler de ces deux maux qui menacent l'Algérie et vous être bien placé pour le savoir…               

    Mme Fatiha Khatir, sœur de Mouhib Khati

  • L'ALGERIE N'EST PAS INDEPENDANTE

     

    La commémoration de quel cinquantenaire ?

    Par : Mustapha Hammouche

    Une rencontre a réuni, dimanche dernier, à Paris, des personnalités françaises et algériennes pour une mise en perspective des relations algéro-françaises au XXIe siècle. Comme toujours, quand des Français et des Algériens se rencontrent en colloque, l’atmosphère était chaleureuse, l’échange policé et la vision prometteuse.
    Les obstacles qui, pour l’heure, hypothèquent la définition même de la relation envisagée ne sont pas évoqués, sinon pour les appeler à ne pas perturber la volonté d’un appariement qui changerait, dit-on, la face de la Méditerranée.
    L’évènement donne un avant-goût de la commémoration du cinquantenaire de l’Indépendance : des manifestations culturelles et sportives et de mondaines rencontres pour des échanges d’optimistes recommandations ponctués de soupirs. Les budgets sont prêts et les candidats à l’animation de cette année de jubilé sont nombreux. Et tout indiqués, puisqu’ils sont chez eux sur chacune des deux rives.
    Peut-être que le contentieux colonial, en attendant qu’il soit apuré, ne devrait pas parasiter le dessein d’une relation apaisée et refondée. Mais n’y a-t-il pas aussi un contentieux postcolonial, entre le pouvoir et le peuple, celui-là ? En Algérie, en tout cas, il y a un cinquantenaire national qui ne devrait pas être éludé par cette espèce de mariage de raison d’historiographes qui, en cinquante ans, n’ont cédé sur rien.
    Le cinquantenaire, survenu en cette année 2012, est mal tombé, aussi bien pour le régime algérien que pour les “amis français”, des amis du régime qui, contexte oblige, se convertissent en amis de l’Algérie. Ainsi, Jean-Pierre El-Kabbach, pour qui la porte d’El-Mouradia a toujours été ouverte, qui s’y engouffrait sans regarder les aberrations qui bordaient son chemin entre l’aéroport et la Palais et qui, dimanche, appelait les dirigeants : “Ouvrez-vous !”
    Ce n’est pas crédible, vis-à-vis des Algériens, de revendiquer l’ouverture d’un régime quand on y a longtemps eu ses entrées. Ce genre de rapports à l’Algérie avait servi de substance à un postulat de l’époque qui voulait qu’un ami français de l’Algérie ne pouvait être que l’ami personnel de ses maîtres.
    Le sentiment ne manque peut-être pas de sincérité. Le problème, c’est qu’il a été gâché et ne peut plus être d’utilité politique. Pas plus que le capital sympathie d’un Raffarin ou d’un Chevènement usé dans des missions de VRP.
    Les intellectuels et hommes d’opinion algériens qui, au cours de cette causerie, leur faisaient la réplique personnalisant les démissions de francophones exilés dans des fonctions de coopération technique. Concrètement, l’Algérie se faisait par eux ; stratégiquement, elle se faisait contre eux.
    Rien de nouveau, en fait, dans ce fait que l’Algérie et la France se parlent à la marge. Mais aussi dans le fait que leur histoire commune continue à servir de fonds de commerce politique. À des régimes qui n’ont pas de légitimité de rechange, ici, et un peu le péril migratoire, là-bas.
    Avant le cinquantenaire algéro-français, demandons-nous donc : quel cinquantenaire pour nous ? S’il s’agit de fêter les cinquante ans du 5 Juillet, pavoisons ! S’il s’agit d’interroger les cinquante ans de gestion indépendante, parlons-en ? S’il s’agit d’un budget de plus à justifier…
    M. H.

    musthammouche@yahoo.fr

  • HEURTS ET MALHEURS DU PETROLE ALGERIEN



    par Hocine Malti, Algeria-Watch, 10 novembre 2011

    Depuis son installation à la tête du secteur de l’énergie et des mines, le nouveau ministre Youcef Yousfi ne cesse de constater combien est catastrophique l’héritage que lui a légué son prédécesseur Chakib Khelil. Il vient de se rendre compte encore récemment, en septembre et octobre derniers que l’Algérie avait pris un énorme retard en matière de formation et dans le domaine de la recherche et du développement. Il a pris aussi conscience que le secteur des hydrocarbures algériens avait cessé d’être attractif aux yeux des investisseurs potentiels, après que trois appels d’offres lancés par l’agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) se soient avérés négatifs. Il n’est malheureusement pas au bout de ses désillusions.

    Il sera encore beaucoup plus choqué quand il découvrira l’état de délabrement dans lequel se trouvent certaines unités industrielles, les usines de liquéfaction en particulier, ou la dégradation avancée de certains gisements, dont Hassi Messaoud notamment. Pour peu qu’il examine de près les contrats de vente de pétrole et de gaz passés durant la dernière décennie, ceux portant sur la réalisation de certains projets ou encore ceux concernant les achats de matériels ou prestations, il sera certainement ahuri par le niveau de corruption atteint, sachant que quasiment toutes ces affaires ont fait l’objet de versements de pots-de-vin. Je suis enfin certain qu’il a déjà dû se rendre compte de la situation de découragement, voire de désespoir du personnel de la compagnie nationale, une situation causée par la politique de gestion des ressources humaines menée depuis le début des années 2000. Une politique fondée sur le népotisme, l’instabilité au poste, la précarité de la fonction, qui a favorisé l’ascension vers les sommets de la hiérarchie des arrivistes, des médiocres et des yes man au détriment des compétents.

    Youcef Yousfi est particulièrement bien placé pour constater l’état de décrépitude du secteur pétrolier et de l’énormité des dégâts qui y ont été causés depuis l’avènement d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir et la nomination de son compère Chakib Khelil au poste de ministre de l’énergie, vu qu’il avait déjà occupé le poste durant la présidence de Liamine Zeroual. Il lui suffit de comparer la situation d’alors avec celle d’aujourd’hui. Pourra-t-il nettoyer les écuries d’Augias et remettre de l’ordre dans la maison ? J’en doute, car la tâche est immense. Le laissera-t-on même entreprendre une telle action ? J’en doute aussi, car le laisser faire signifierait permettre de dévoiler un degré insoupçonnable d’incurie, de la corruption à tous les étages, voire de la traîtrise de la part de membres du sérail, y compris parmi les plus éminents d’entre eux. Toutes choses que le pouvoir ne souhaite pas voir étalées sur la place publique : tout le monde sait qu’en Algérie on mettra en prison pour plusieurs mois, voire années, celui qui aura volé un téléphone portable, mais qu’on ne demandera jamais des comptes à un ministre ou un général qui aura détourné plusieurs millions de dollars.

    Souvenons-nous de la déclaration de Belaïd Abdesselam, nommé premier ministre en juillet 1992 puis limogé en août 1993, qui dit « avoir signé l’arrêt de mort de son gouvernement à partir du moment où il avait fourré son nez dans le contrat de vente de gaz à l’Italie », un contrat dans lequel le président de l’ENI avait reconnu, devant un juge d’instruction milanais, avoir versé une commission de 32 millions de dollars à une très haute personnalité algérienne (1). Souvenons-nous également comment Abdelaziz Bouteflika s’était empressé d’enterrer le scandale BRC, en exigeant, contre toutes les règles de droit, la dissolution de l’entreprise. On ne peut, en tous cas, que souhaiter bon courage à Youcef Yousfi.

    Ceci étant, revenons aux constatations faites par le ministre. S’agissant de la formation, il a noté que la transformation par Chakib Khelil de l’Institut algérien du pétrole (IAP) en SPA a eu un impact négatif sur sa mission de recherche et formation et a estimé que l’Algérie ne disposait pas des compétences nécessaires, alors que le potentiel pétrolier de l’off-shore du pays était important. En effet, Khelil avait cherché à « américaniser » l’IAP en le faisant passer, en 2006, du statut d’établissement universitaire à celui d’entreprise industrielle destinée à réaliser des profits. Tout comme aux Etats-Unis où pratiquement toutes les universités sont payantes. Il poussa le souci du changement jusqu’à faire en sorte que cette nouvelle entreprise ait deux actionnaires : la Sonatrach pour 90% et Statoil pour 10%. Or – comble de l’ironie ou de l’irresponsabilité - Statoil, la compagnie nationale norvégienne des pétroles, est très spécialisée dans le forage et l’exploitation en off-shore, vu que tous les champs pétroliers norvégiens sont en mer. Comment expliquer alors que cinq ans après, l’IAP n’ait pas formé de spécialistes de l’off-shore ? Ceci démontre tout simplement, ce qui avait été constaté en son temps par de très nombreux observateurs, que le souci principal de l’ex-ministre n’était pas de veiller aux intérêts de l’Algérie, mais plutôt de mettre en application la politique édictée par les pétroliers texans qui trônaient alors à la Maison Blanche. Ceci est d’autant plus grave à constater que cet institut a formé, depuis sa création en 1965, des milliers d’ingénieurs et techniciens qui exercent leur métier un peu partout à travers le monde, notamment en Afrique et dans le Golfe où leurs compétences sont très appréciées.

    Youcef Yousfi a également estimé qu’il était inadmissible « qu’un demi-siècle après l’indépendance on ne soit pas en mesure de faire le design d’une unité de réinjection, d’un pipeline ou d’une installation ». A quoi a-t-il alors servi de créer une société mixte spécialisée en la matière, en association avec une filiale de la plus grande compagnie d’engineering et construction au monde, Halliburton ? A quoi ont servi les milliards de dollars engrangés par BRC à travers les différentes affaires qui lui ont été confiées par la Sonatrach, mais aussi par le ministère de la défense, si ce n’est à fournir des superprofits à l’associé américain et à engraisser encore un peu plus ceux qui, aussi bien du côté américain qu’algérien, ont perçu des commissions sur chacun des contrats passés avec cette entreprise ? Des commissions faramineuses, puisque que BRC surfacturait ses prestations jusqu’à concurrence de 600% et 700% du coût normal. N’oublions pas que Chakib Khelil était tout fier de dire que la Sonatrach traitait avec BRC même quand cette dernière était 15% plus chère que le moins disant, car c’était une société algérienne. Nous avons là aussi, encore une fois la confirmation de ce que nombre de spécialistes – dont l’auteur de ces lignes – avaient dénoncé, à savoir la supercherie qui avait consisté à faire croire à l’opinion publique que l’Algérie détenait au travers de BRC un outil formidable de réalisation de projets de très haute technicité. Alors que cette entreprise n’a servi, en réalité, qu’à acheter la protection étasunienne pour Abdelaziz Bouteflika et pour la nomenklatura militaire qui dirige le pays. Car souvenons-nous aussi qu’en dehors de son rôle de pompe à finances, BRC a permis à la CIA et autres services de sécurité américains de connaître tous les secrets de l’armée algérienne au travers des puces reliées au réseau Echelon ou autre installation de réception US, qu’ils avaient installées dans les fameuses mallettes de commandement achetées chez Raytheon et mises à disposition des plus hauts responsables militaires algériens. Il faut croire que ceux qui ont permis une telle félonie en avaient des crimes sur la conscience pour acheter à un tel prix la protection américaine.

    Venons-en maintenant à l’autre constatation faite par le ministre de l’énergie à savoir la non attractivité du secteur pétrolier algérien aux yeux des investisseurs étrangers. Afin de comprendre les enjeux, il y a lieu de revenir ici aussi quelques années en arrière et se pencher sur le feuilleton de la loi sur les hydrocarbures. A la demande de Bouteflika, son ami de longue date et ministre de l’énergie Chakib Khelil avait, on s’en souvient, mené un forcing effréné pour faire adopter cette loi (2) qui n’était rien d’autre qu’une véritable conspiration contre les intérêts du pays et qui aurait probablement abouti à une disparition pure et simple de l’OPEP. Elle répondait, par contre, en tous points aux vœux de l’administration américaine. Après l’avoir gelé en 2003, à la veille de sa réélection pour un second mandat, Bouteflika l’avait faite adopter par un vote de l’assemblée nationale qui avait entériné l’ordonnance présidentielle s’y rapportant, mais n’avait pas signé les décrets d’application qui auraient permis l’entrée en vigueur. Après une hésitation qui dura plus d’une année et face au tollé soulevé, tant en Algérie qu’au sein de l’OPEP, il fit marche arrière et demanda à son ministre de l’énergie de supprimer du texte de loi tous les articles controversés, ceux qui rétablissaient le système de concessions.

    C’est alors que Chakib Khelil mit au point de nouvelles dispositions qui venaient modifier et compléter ce texte et qui firent l’objet d’une autre ordonnance présidentielle, l’ordonnance n° 06-10 du 3 Rajab 1427 correspondant au 29 juillet 2006. La modification la plus importante était celle qui rétablissait le droit de la Sonatrach de détenir obligatoirement au minimum 51% d’intéressement sur chaque gisement exploité par une compagnie étrangère. L’autre ajout de taille était celui instaurant « une taxe, non déductible, sur les profits exceptionnels réalisés par les associés étrangers, applicable à la part de la production leur revenant lorsque la moyenne arithmétique mensuelle des prix du pétrole Brent est supérieure à 30 dollars par baril. Le taux de cette taxe est de 5% au minimum et de 50% au maximum. » Le reste du texte originel était maintenu en l’état, notamment dans ses dispositions fiscales qui devaient s’appliquer dans un contexte où la Sonatrach était redevenue majoritaire, alors même qu’elles avaient été conçues dans l’esprit d’une loi réinstaurant le régime des concessions. Cet amalgame avait entraîné une difficulté supplémentaire, celle d’adapter ces dispositions aux associations de la Sonatrach avec les compagnies étrangères régies par le système du partage de production (production sharing agreement, PSA). Vouloir ainsi faire fondre dans le même texte de loi des dispositions relevant de deux systèmes d’exploitation quasiment antinomiques a eu pour résultat de créer des incohérences qui ont fait de cette nouvelle législation un épouvantail pour les compagnies étrangères et un cauchemar pour les services fiscaux algériens.
    Notons au passage que le système de partage de production, en vigueur un peu partout dans le monde et qui a encore cours en Algérie, garantit à l’associé étranger un profit en nature, généralement de l’ordre de 18 à 20% de son investissement, et le met à l’abri de toute modification des règles fiscales du pays hôte, car l’impôt dont il est redevable est pris en charge par la compagnie nationale de ce pays ; ce qui explique pourquoi Anadarko, qui produit une vingtaine de millions de tonnes de pétrole par an, a introduit un recours en justice contre la Sonatrach pour violation de contrat, qu’elle lui réclame quelques 3 milliards de dollars de dommages et intérêts et avait même, un moment, envisagé de quitter l’Algérie où elle est présente depuis 1989.

    La question qui se pose alors est celle de savoir pour quelle raison Chakib Khelil est ainsi passé d’un extrême à l’autre ? Pourquoi, après avoir fait une loi extrêmement favorable aux intérêts étrangers l’a-t-il ensuite transformée en repoussoir ? Est-ce par incompétence qu’il y a créé un tel capharnaüm ? Si lui l’était, ses conseillers et amis américains – dont entre autres Spencer Abraham, secrétaire d’Etat à l’énergie de janvier 2001 à février 2005 dans le gouvernement de George W. Bush et William Richardson qui avait occupé le même poste d’août 1998 à janvier 2001 sous la présidence de Bill Clinton - qui l’ont assisté et soutenu lors de l’élaboration de la première mouture de la loi, ne l’étaient certainement pas. Pourquoi ont-ils laissé faire ? Ou est-ce plutôt par remords d’avoir entraîné l’Algérie sur la voie de l’asservissement aux Etats-Unis d’Amérique qu’il a voulu tout d’un coup être « plus royaliste que le roi» ? N’est-ce pas enfin, comme certains l’ont prétendu, par dépit d’avoir échoué dans sa tentative de mettre les richesses en hydrocarbures du pays entre des mains américaines, qu’il a voulu faire en sorte que plus aucun investisseur étranger ne s’intéresse au secteur pétrolier algérien et démontrer ainsi a contrario la justesse de ses idées ? Quoiqu’il en soit, qu’il ait agi par désir de nuire ou par inconscience, il n’en reste pas moins que l’état dans lequel il a laissé le secteur pétrolier, après près de dix ans de règne sans partage, est catastrophique et qu’il faudra énormément de temps et d’efforts à ceux qui en ont la charge pour le remettre en bon état de marche.

     

    1. Pour plus de détails sur le sujet, voir Pour rétablir certaines vérités sur treize mois à la tête du gouvernement (juillet 1992 – août 1993), visitez ce site trés intéressant>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> www.belaidabdesselam.com

    2. Loi n° 05-07 du 19 Rabie El Aouel 1426 correspondant au 28 avril 2005 relative aux hydrocarbures.

  • La dérive du régime algérien : le pourissement jusqu’à l’explosion.

     

     

    Yahia Bounouar

     

     

    In kalimadz

     

    « Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible rendront une révolution violente inévitable ».
    John Fitzgerald Kennedy

     

    Mais que fait donc le régime algérien ? Alors que de toute part le monde bouge, que les révoltes ( révolutions) arabes chamboulent la région, que le reste de la planète est confronté à une crise économique sans précédent, que les bouleversements géopolitiques sont entrain de modifier la face du monde, le régime à Alger, fait l’autruche et espère passer entre les gouttes de l’histoire.

     

    Partout sur la planète, dans les pays riches comme dans les autres, les dirigeants se creusent les neurones pour tenter de trouver une improbable solution. Partout, des scénarios sont élaborés, discutés, amendés. Partout sur la planète, des stratégies sont mises en place, même sans aucune garantie de succès. Partout des femmes et des hommes réfléchissent aux moyens de sortir d’une crise énorme. Partout des citoyens s’emparent de leur destin et pèsent sur les choix et tentent de trouver des solutions à cette phase historique de « transition globale ».

     

    Pendant ce temps, à Alger, poursuivant son petit bonhomme de chemin, à un rythme de septuagénaire, le régime algérien s’attèle à ce qu’il nomme des « réformes » qui lui permettront se succéder à lui même tout en faisant croire, tout à la fois, aux algériens et à la communauté internationale, qu’il y a eu «  une révolution » en Algérie.

     

    Pour faire comme les voisins, le pouvoir s’apprête à organiser des élections législatives sans dynamique politique citoyenne, ni libéralisation des médias, mais aussi et surtout sans changement de régime préalable.

     

    Après avoir été « socialistes » lorsque cela correspondait au contexte international dans les années 60 et 70, « capitalistes et libéraux », lors des décennies suivantes, ils seront « islamistes »  après le printemps arabe. L’essentiel pour eux, est de garder le pouvoir de manière exclusive, quelque soit l’orientation politique à adopter. Les dirigeants algériens actuels n’ont aucune conviction politique, ni vision stratégique. Leur seule ambition : demeurer au pouvoir et profiter des richesses du pays.

     

    De toute façon, cela fait maintenant plusieurs années que l’Algérie n’est plus gérée. Le chef de l’état, n’est pas en mesure d’assumer sa charge depuis le début de sa maladie en 2005. Ces déplacements se raréfie et il ne parle plus au peuple. Il arrive difficilement à organiser 4 à 6 conseils des ministres par an alors même qu’il a concentré la quasi totalité des pouvoirs. Lorsque la « rumeur » sur son état de santé prend de l’ampleur, il s’arrange pour apparaître à la télévision, aux coté d’un étranger de passage en Algérie. Le mandat du président du conseil constitutionnel a expiré depuis plusieurs mois sans qu’il ne soit remplacé. Le gouvernement, réduit à une équipe de collaborateurs est à la dérive et se donne en spectacle avec avec des « chamailleries » indécentes et indignes entre certains ministres et le premier ministre. La vie politique est au « congélateur ».

     

    Seul la manne financière et les appareils répressifs (police et DRS) tournent à plein régime. La première dilapidée sans retenue, ni réflexion a pour objectif d’acheter la paix sociale et d’inciter les algériens à renoncer à leurs droits et leur dignités en contre partie d’un argent qui leur appartient, de toute façon. Les seconds activent, également sans retenue, pour étouffer dans l’œuf toutes les tentatives d’organisation d’une quelconque contestation en utilisant les méthodes habituelles des régimes autoritaires comme la manipulation, le harcèlement, les arrestations arbitraires et les chantages en tous genres.

     

    Le régime algérien ne pourra pas, comme il l’espère, « tromper » l’histoire et le monde en jouant, dans le même temps, son propre rôle et celui de son alternative.

     

    A y regarder de plus près et si l’on enlevait seulement deux ou trois journaux, à bien des égards, l’Algérie de décembre 2011, ressemble étrangement à celle du début de l’année 1988. Combien de temps le pays peut-il encore tenir dans cette situation avant l’inévitable explosion?

  • L'assassinat du chef FLN Ben M'Hidi

     


     

    Le Monde

     

    Dans son "accablante confession" ("Le Monde"), le général Aussaresses reconnaît avoir assassiné le chef FLN (Front de libération nationale) algérois Larbi Ben M'Hidi aini que l'avocat Ali Boumendjel. Selon la version officielle, les deux hommes s'étaient "suicidés".

     

    Il relate en détail l'exécution de Ben M'Hidi, après son arrestation dans la nuit du 15 au 16 février 1957 par les parachutistes du colonel Marcel Bigeard et raconte la dernière phase de l'exécution du chef du FLN, dans une ferme, à une vingtaine de kilomètres au sud d'Alger: "Nous avons isolé le prisonnier dans une pièce déjà prête. Un de mes hommes se tenait en faction à l'entrée. Une fois dans la pièce, avec l'aide de mes gradés, nous avons empoigné Ben M'Hidi et nous l'avons pendu, d'une manière qui puisse laisser penser à un suicide".

     

    L'ancien militaire reconnaît également l'assassinat de l'avocat Ali Boumendjel qui, selon la version officielle, s'était "suicidé" le 23 mars 1957 en se jetant d'un immeuble

     

    Source : presse française dont le quotidien "Le Monde", Paris, mai 2001.

     

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    Paul Aussaresses, novembre 2000 : "On n'a pas à se repentir. Qu'on reconnaisse des faits précis et ponctuels, oui, mais en prenant garde à ne pas généraliser. Pour ma part, je ne me repens pas."

     

  • CRIME D'ETAT

     

    L’exécution de Fernand Yveton, un "crime d’Etat"

    Par |

     
     
    Fernand Iveton.

    Des moudjahidine, des compagnons d’armes et des historiens sont revenus longuement jeudi soir au Centre culturel algérien (CCA) de Paris, sur le parcours du combattant Fernand Yveton, militant de la cause nationale guillotiné le 11 février 1957 dans la prison de Serkadji à Alger.

    Les moudjahidine Mohamed Rebah, Abdelkader Djilali Guerroudj et Félix Colozy, aux côtés de l’historien Jean-Luc Einaudi, ont tous qualifié cette exécution de Fernand Yveton, de "crime d’Etat".

    Ouvrier communiste, Yveton considérait la cause algérienne comme la sienne. Il intégra les rangs du FLN durant l’été 1956 et en novembre, il décida de poser une bombe à l’usine de gaz à Alger, où il travaillait comme tourneur. Des précautions avaient été prises pour que l'explosion n'occasionne pas de victime mais uniquement des dégâts matériels.

    "Dans son esprit, il s’agissait de provoquer un sabotage matériel spectaculaire. Il voulait que tout soit prévu pour qu’il ne puisse pas y avoir de victimes", témoigne l’historien Jean-Luc Einaudi.

    Arrêté le 14 novembre 1956, avant même qu'il ait pu installer la bombe, il fut d'abord torturé pendant trois jours par des policiers, comme cela était alors la règle: décharges électriques sur le corps, supplice de l'eau. Il fut condamné par la suite à mort dix jours plus tard, soit le 24 novembre 1956, par le Tribunal militaire d’Alger, "en application de la procédure expéditive permise par "les pouvoirs spéciaux", accordés par les députés français au gouvernement de Guy Mollet", a relevé l’historien. 

    Soumis à de fortes pressions, aucun membre du collectif des avocats français ne voulait prendre sa défense. On lui désigna alors deux avocats commis d’office, qui n’ont cependant rien pu faire contre cette condamnation. Lorsque le recours en grâce fut examiné au Conseil de la magistrature, le Garde des sceaux de l’époque, François Mitterrand, vota en faveur de l’exécution de Fernand Yveton.

    Revenant sur le livre qu’il a écrit sur la fin tragique de Yveton, Pour l’exemple, l’affaire Fernand Yveton, Jean-Luc Einaudi, a affirmé que son seul souci était "la recherche de la vérité qui n’est jamais absolue mais il faut y tendre". "François Mitterrand, dit-il, a envoyé à la guillotine bien d’autres militants de la cause algérienne, encore avant et après Fernand Yveton et dont une grande partie de la gauche française continue à se réclamer", a-t-il déploré.

    "En ce qui me concerne et tant que je le pourrais, en tant que citoyen français, pas en tant qu’historien, je continuerais à faire tout ce que je peux pour que la vérité soit connue concernant Fernand Yveton et tous ceux qui ont été conduit à la guillotine au cours de ces années là", a-t-il affirmé.

    Apportant son témoignage, Albert Smadja, l’avocat commis d’office pour Fernand Yveton a affirmé que durant toute sa carrière au barreau, il n’avait "jamais vu un dossier d’inculpé aussi mince et comprenant peu de pièces facilitant l’instruction de l’affaire" car, à son avis, "on voulait précipiter l’exécution du militant et clore le dossier".

    L’exécution de Fernand Yveton est purement et simplement "un assassinat perpétré par Robert Lacoste, Guy Mollet et François Mitterrand", a lancé pour sa part Abdelkader Djilali Guerroudj, ancien condamné mort.

    Le moudjahid Mohamed Rebah a rappelé quant à lui que Yveton a été condamné par le tribunal militaire d’Alger "au motif qu’il avait voulu faire sauter Alger" selon les propos de Jacques Soustelle, ancien gouverneur d’Algérie.

    "Le procès s’est déroulé dans un climat de haine raciale, alimenté et dirigé par des groupes fascistes, partisans féroces de l’Algérie française qui avaient créé en janvier 1956 un comité de défense et d’action pour l’Algérie française et qui plus tard formèrent l’OAS", a-t-il dit.

    Dans le couloir qui le conduisait à l’échafaud, Fernand Yveton avait lancé un vibrant "L’Algérie libre vivra", a-t-il encore témoigné. Pour l’histoire, une erreur de transcription du patronyme de ce militant, le jour de sa condamnation à mort, le transformant en Yveton, a été continuellement reconduite depuis plus de 50 ans, alors qu’il s’agit en réalité de la famille Iveton.

    Avec APS