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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 78

  • Pour qui roule ce bougre

    Assassinats de Krim, Khider, Mecili et le DRS, dans une enquête de Mohamed Sifaoui

     

    Par |

     

    Mohamed Sifaoui

    Mohamed Sifaoui récidive, il vient de mettre la dernière main sur un livre fort intéressant à paraitre le 19 janvier.

    Journaliste, écrivain, pamphlétaire, Mohamed Sifaoui fait partie de ceux  qui produisent beaucoup ces dernières années. Après son livre Bouteflika le roitelet, le mégalomane, le chef de clan, l’intrigant…, paru chez Encre d'Orient, le voilà reparti  sur une enquête particulièrement brûlante. 

    En cette période de "révolutions" arabes et au moment du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, écrit Mohamed Sifaoui dans sa quatrième de couverture, ce pays continue d’être contrôlé par des services secrets omniprésents qui suscitent fantasmes et interrogations.

    Cette enquête raconte pour la première fois l’histoire tumultueuse de la Sécurité militaire algérienne, (devenue en 1990 le Département du renseignement et de la sécurité - DRS), en mettant à nu certaines de ses pratiques : liens entretenus un temps par les services algériens avec des organisations terroristes (l’ETA) et avec des milieux du grand banditisme (le gang des Lyonnais), assassinats d’opposants (Khider, Krim, etc.), implication dans l’élimination du président Mohamed Boudiaf, tué le 29 juin 1992, dans la mort des moines de Tibhirine, etc.

    Tout en rappelant les crimes des islamistes, l’auteur apporte, sans manichéisme, un regard nouveau sur la guerre civile ayant ensanglanté l’Algérie durant les années 1990.

    Ce livre permet également de découvrir les dessous de la guerre que se livrent l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental, les détails sur l’assassinat, en 1987 à Paris d’André Ali Mecili, un avocat franco-algérien. Il revient sur la personnalité et le rôle des différents patrons de ces services : de Abdelhafid Boussouf, leur fondateur à Mohamed Mediène alias Toufik, qui les dirige depuis 1990.

    Riche en révélations et témoignages inédits, cet ouvrage relate l’histoire des cinquante années d’une Algérie indépendante, sous l’emprise d’une police politique aussi opaque qu’omniprésente, qualifiée par beaucoup d’Algériens de "premier parti politique du pays". Résultat de plusieurs entretiens avec des responsables civils ou militaires, de rencontres avec d’anciens officiers des "services", cette enquête décrit le rôle joué par le renseignement militaire dans l’histoire du mouvement national algérien, et sur son utilisation par les hauts gradés comme instrument de pouvoir d’un régime autocratique qui a beaucoup de mal à s’ouvrir à la démocratie (*). 

    Ce livre comme le précédent d'ailleurs ne sera pas en librairie en Algérie. Les lecteurs auxquels ces livres-enquêtes sont destinés en sont privés par la faute d'un interdit vertical du régime. 

     

    Y. K.

    (*) Quatrième de couverture

  • Y a-t-il un pilote dans l’avion Algérie ?

     

    Par |
    Abdelaziz Bouteflika

    Y a-t-il un observateur aussi averti soit-il qui puisse expliquer ou lire l'avenir proche de notre pays ?

    La dernière sortie du président à Laghouat laisse songeur. Que faut-il comprendre au lendemain de cette sortie présentée comme un événement qui a fini en flop avec en prime une séquence télé sur l’intervention du président digne des années de plomb ? La standing-ovation offerte au président par l’assistance résonnait comme un message d’adieu. Certains observateurs subodorent une fin de règne prochaine et le début de l’après-Bouteflika. Celui-ci distant est depuis des semaines comme en lévitation politique. Loin des tumultes et des polémiques qui agitent ses soutiens inconditionnels. 

    Etrangement, ou logiquement si l’on entend ceux qui connaissent la rouerie du chef de l’Etat, celui-ci laisse faire, comme désormais indifférent aux appels de ses soutiens patentés mais aussi des critiques qui montent concernant notamment ses "réformes". 

    Alliance et mésalliances 

    Le centre de gravité du pouvoir connaît des remous. Feutrés cependant, car ses clients de l’alliance présidentielle notamment connaissent les limites à ne pas franchir. Ils ont le fil à la patte. Les autres, situés à la périphérie, comme le PT, servent de  contre-voix pour crédibiliser des débats politiques largement tchernobylisés par le manque de clarté, les valse-hésitations et les manœuvres dilatoires du président. 

    Alors que la population demeure indifférente au remue-ménage politicien, les turbulences commencent à se faire entendre au sein même de l’alliance. Les loups sortent du bois pour braconner. Après avoir avalisé le statu-quo, la paralysie politique, les soutiens du chef de l’Etat semblent se réveiller pour animer une scène politique qui tient beaucoup plus d’un théâtre des ombres.

    Les partis de l’alliance présidentielle se tirent dans les pattes depuis quelques semaines déjà. Mais ont-ils encore quelque crédit quand on sait que leurs dirigeant sont comme l’eau, ils épousent la forme du récipient. Autrement dit, si jusqu’à aujourd’hui ils ont soutenu Bouteflika, ils pourront demain supporter un autre sans avoir froid aux yeux. Ni d’ailleurs se dédire. 

    Les députés du MSP boudent les « réformes » décidées par le président. Il les qualifie même d’administrative, leur enlevant toute portée politique. Pour Bouguerra Soltani, Bouteflika n’a pas retenu la leçon du printemps arabe.

    Isolé dans le gouvernement, Ahmed Ouyahia tire sur le FLN. Belkhadem, déjà aux prises à une dissidence intérieure, revendique le premier ministère et appelle à réduire les prérogatives du président à la faveur de la prochaine réforme de la Constitution en 2012. On ne peut pas croire que le SG du FLN soit doté d’un courage politique pour se dresser sur le chemin du président. Digne enfant du FLN, il avait pris part à l’opération de viol collectif de la Constitution pour permettre à Bouteflika de briguer à souhait ses mandats. Conservateur à souhait et héraut de l’arabo-islamisme, il souligne la "sacralité des constantes nationales". Que sont l’islam religion de l’Etat, l’arabe langue nationale et l’unité territoriale. Il a rajouté comme pour être dans l’ère du temps, le régime républicain. Mais passe à la trappe l’amazighité. Rien d’étonnant cependant, quand on connaît l’aversion qu’il porte à la cause amazighe.

    Pendant ce temps, alors que le camp démocratique est traversé par des fractures et des egos de chefs manifestement insurmontables, les islamistes se positionnent en vue des prochaines échéances. Ragaillardis par les résultats des élections dans les pays voisins et surtout couvés par un président dont le calendrier contient quelques mystères, les islamistes comptent profiter de la nouvelle situation pour s’imposer. Avec le soutien calculé d’Abdelaziz Bouteflika.

    Sofiane Ayache

  • Monsieur le maire, pourquoi n'êtes vous pas un corrompu ?


    Maire de Zéralda : Le flou total
    Par Le Matin DZ |
    Mouhib Khatir, le maire de Zéralda victime d'un complot.
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    Le maire de Zéralda ne fêtera pas l’Aid El Kebir avec sa famille. Ainsi en a décidé la juge en charge de l’instruction de ses dossiers.

    Pourtant de nombreux observateurs parmi eux des juristes s’attendaient à un non-lieu sur son affaire dite des "portables" à peine 5 jours avant l’Aid. Un chroniqueur du quotidien L’Expression dans sa livraison du 17 octobre dernier, citant une source sûre, déclarait tout confiant que son dossier allait trouver une issue procédurale dans la semaine qui suit. L’accusé qui entame son 34ème jours de grève de la faim se meure à la différence générale des autorités compétentes.

    Mouhib Khatir aurait écrit au président de la cour de Blida qui lui a répondu favorablement sans pour autant réussir à raisonner cette juge. Les objectifs de l’instruction restent opaques même pour les avocats, complètement écartés pour vérifier les éléments à charge conformément à la loi. Qui peut voir le maire pour s’enquérir de son état de santé puisque son statut de détenu à titre préventif ne donne droit qu’à une seule visite par semaine pour 3 personnes (sa femme et 2 de ses 6 enfants) pendant 15 minutes. Il refuse toute libération par la petite porte et il demande une audience publique pour affronter ses accusateurs et prouver son innocence.

    Il existe vraiment un bras de fer entre la juge d’instruction et le collectif des avocats. En effet, selon son épouse, après avoir délaissé le dossier de son mari depuis près de deux mois, ce magistrat décide subitement de le convoquer pour le 31 octobre dernier afin de le confronter à ses accusateurs alors que le dossier a été clôturé avec la décision, le 8 septembre, de l’accusé de ne plus s’exprimer sur ce sujet que devant un juge en audience publique. On peut supposer que l’intéressé a dû constater une partialité dans le déroulement de l’instruction. Le hic est que cette convocation lui parvient à son domicile alors que c’est la même juge qui l’a mis en prison. Toujours selon cette source, la juge qui a cumulé un retard énorme dans le traitement des dossiers dont elle a la charge pour des raisons personnelles (maladie de sa mère), a fait venir en même temps que le maire une vingtaine de personnes. S’agissant des affaires pénales et donc sensibles, un minimum d’une heure est nécessaire pour l’instruction de chacune des affaires. Soit au total au moins 20 heures. Or, une journée de travail pleine dépasse rarement 10 heures y compris les heures supplémentaires. Alors on est en droit de se demander pourquoi jouer avec les procédures judiciaires de cette manière et que cachent ces manœuvres dilatoires et pour le compte de qui ?

    Cette convocation est délibérément établie pour justifier une prolongation de la détention préventive dont les accusés emprisonnés n’ont en aucune responsabilité sinon d’être en permanence à la disposition de la justice et souvent au détriment de leur liberté et leur santé pour dans la majorité des cas des dossiers vides et qui ne nécessitent aucune instruction. La première session de la détention préventive du maire expire le 6 novembre 2011, soit le même jour que la fête religieuse et, ce conformément à l’article 125 de la loi 86-05 du 4 mars 1986. Normalement, s’agissant d’un accusé emprisonné, la juge si elle estime nécessaire une prolongation devra faire une demande avant cette date et non après. La présomption d’innocence devra jouer au bénéfice de l’accusé et non en fonction de l’agenda du magistrat. Or, cette juge reconvoque le maire pour le 10 novembre 2011, quatre jours après l’expiration de sa détention préventive réglementaire.

    La théorie du complot

    De nombreux observateurs, qui n’épousaient pas au départ la thèse du complot politique, commencent à l’envisager sérieusement. Comment expliquer le silence des autorités judiciaires et politiques devant cette forme d’arrestation spectaculaire par la brigade antiterroriste pour une simple présentation comme témoin devant un juge d’instruction. Le maintien en détention préventive de Mouhib Khatir, sans donner, ni indiquer à ses avocats l’origine et l’existence matérielle de la plainte. La multiplication des dossiers au nombre de cinq sans fournir d’arguments juridiques. La preuve ? Mouhib en sort à chaque fois acquitté. On apprend qu’à ce jour et en dépit de son état de santé à l’intérieur de la prison, des forces occultes cherchent à le nuire en lui collant d’autres affaires. La dernière en date et après celle de d’outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et pour laquelle il a été innocenté le 29 août 2011, est une tentative pour l’inculper d’une organisation d’émeute dans la prison de Hadjout sous prétexte d’avoir été surpris en train de lire et de prendre des notes sur deux ouvrages disponibles dans la bibliothèque de la prison. En somme, tous les prétextes sont bons pour trouver un motif afin de le condamner et de l’empêcher de sortir par crainte qu’il puisse réactiver les plaintes contre ses détracteurs.

    Il n’est pas normal qu’on s’en prenne à son épouse en l’inculpant de diffamation pour avoir externaliser le dossier de son mari à travers la chaîne de télévision de France 24. Il est aussi plus qu’anormal qu’un collectif de 5 avocats constitué pour sa défense n’arrive pas à dénoncer tout haut la dérive de cette affaire qui dévie de son cadre juridique. Comment une équipe soudée de juristes n’ont pas réussi à porter le problème de leur client à la hiérarchie judiciaire et mettre fin à son arbitraire. Comment des lettres ouvertes au Président de la République par sa famille, et une organisation internationale comme Transparency International n’ont pas fait bouger les choses, voire au moins faire parler les officiels de cette affaire.

    Au-delà donc du 6 novembre 2011, date de l’expiration de la détention préventive, il n’y a aucune raison valable pour justifier le maintien en prison du maire de Zéralda. Ceci confirme encore une fois les propos graves tenus par Mokhtar Lakhdari, directeur central au ministère de la Justice et rapportés par www.dna-algerie.com. On est en train incontestablement de pousser les gens à transgresser la loi pour obtenir leur droit. Toute la question est : à qui profite une telle situation ?...

    Rabah Reghis, consultant/chercheur

  • DE GRANDS RÉSEAUX SE TISSENT EN ALGÉRIE

     

    Les véhicules Ansej, les BMW et les Golf VI

    Par : Farid Belgacem

    Au moins dix véhicules sont récupérés par jour sur les routes et les bandes frontalières.

    Le trafic et le vol de véhicules dominent actuellement la donne criminelle en Algérie, avec en aval des voitures désossées et subtilisées de force, et en amont une lutte implacable pour démanteler ces nouveaux réseaux qui se tissent à travers toutes les wilayas du pays. Détournés à des fins inavouées, les véhicules acquis dans le cadre de l’emploi des jeunes, notamment via le dispositif de l’Ansej pour la création d’agences de location, sont utilisés dans les braquages, les vols, les agressions et les simulations de vol de voitures.
    À défaut d’un plan de charge pour amortir l’investissement, des jeunes louent ces voitures à des gangs, généralement des connaissances pour commettre leurs forfaits. Les récentes arrestations et saisies opérées sur l’autoroute Est-Ouest renseignent où sont versées ces voitures chèrement acquises avec l’argent du contribuable.
    D’ailleurs, des enquêtes réalisées par les services de la Gendarmerie nationale ont démontré que plusieurs voitures récupérées dans le cadre de la lutte contre la criminalité (agressions, prostitution), mais aussi contre le crime organisé (drogue, faux billets…etc.), appartiennent à des agences de location de véhicules récemment créées dans le cadre du dispositif de l’Ansej. Il est vrai que cette donne ne touche pas toutes ces microentreprises dont l’honnêteté est irréprochable, mais les chiffres avancés par les services de sécurité sont là pour démontrer que des jeunes indélicats planifient leurs entreprises en fonction des orientations des milieux qu’ils fréquentent. Depuis janvier à fin novembre dernier, au moins une centaine de véhicules, inscrits dans ce créneau d’emploi, ont été récupérés à Chlef, Blida, Oran et Alger.
    D’autres véhicules, dont les sociétés venaient de voir le jour, sont carrément déclarés “volés” et détournés dans les casses automobiles. Ces voitures de basse gamme et dont la pièce de rechange est très demandée, font alors l’objet d’enquêtes et viennent gonfler le chiffre déjà effarant des voitures volées en Algérie et estimées actuellement à plus de 55 000 unités recherchées. Pis encore, des véhicules utilitaires (pick-up et camions frigorifiques) sont également versés dans ces réseaux de transport de marchandises sans factures et destinés à la contrebande.
    Il faut dire que les fourrières communales accueillent quotidiennement ces petites camionnettes saisies pour avoir acheminer du cuivre ou des matières non inscrites dans le registre du commerce ou encore de ces véhicules utilitaires loués à des trafiquants. À ce créneau juteux se greffe un autre phénomène en vogue : celui du vol et du trafic des voitures haut de gamme, comme les BMW et les Golf VI. En une semaine seulement, les services de la GN ont réussi à démanteler trois réseaux basés à Oran, Zéralda (Alger) et dans l’Est algérien. Selon les donnes communiquées par les mêmes services, ces vols sont généralement opérés avec la complicité de jeunes femmes mises à contribution par des malfrats qui usent d’une rare violence pour arriver à leur fin. Des Golf série VI sont très convoitées par le réseau basé à Zéralda où des prostituées participent à flouer leurs clients.  
    les gendarmes ont réussi à démanteler un autre réseau à Oran spécialisé dans la falsification des numéros de châssis des BMW. Des documents falsifiés, dont des cartes grises, des permis, des certificats de résidence et des sommes d’argent colossales ont été saisis. Ce réseau est tissé dans trois principales wilayas, à savoir Batna, Blida et Oran.
    L’intrigue réside dans le fait que ces voitures ne sont même pas répertoriées à la maison mère. Autrement dit, elles sont déclarées avec des documents d’autres véhicules au niveau des administrations où des fonctionnaires indélicats jouent le jeu des malfrats. Versées dans le marché d’occasion, mais surtout dans l’acheminement de la drogue aux côtés des Mercedes et des Golf, ces voitures finissent, elles aussi, dans la casse ou la contrebande. C’est que les trafiquants trouvent à chaque fois des palliatifs pour tenter de tromper la vigilance des points de contrôle.
    En guide de vigilance, il est conseillé de vérifier l’authenticité des documents et des numéros de châssis de tout véhicule acquis sur le marché d’occasion, mais aussi d’éviter de céder à des tierces un véhicule sous un quelconque prétexte… au rythme où va la grande criminalité.
    FARID BELGACEM

  • Les «vifs regrets du Quai d’Orsay»


    La déclaration du porte-parole du Quai d’Orsay au point de presse de Jeudi Est est on ne peut plus claire : «La France regrette vivement que le Parlement européen se soit opposé, hier, le 14 décembre, à la proposition de prorogation de l’accord de partenariat entre l’UE et le Maroc dans le domaine de la pêche.»
    L’UE, pour rappel, a mis fin à l’accord de pêche avec le Maroc dont les dispositions excluaient du bénéfice de cette pêche les populations sahraouies. Tout en regrettant la fin de cet accord «le plus important conclu par les 27 avec un pays tiers en matière de pêche» et «l’attachement profond que porte la France aux relations très étroites entre l’UE et le Maroc», le porte-parole du ministère des Affaires étrangères souligne que la France veillera à ce que soit négocié et signé rapidement un nouveau protocole d’accord de pêche «prenant en compte les intérêts européens et marocains». Quant au peuple sahraoui, pour le pouvoir français, il n’existe toujours pas !

  • Dérobade à Laghouat : le président tel qu’en lui-même

    LETTRE DE PROVINCE

    Par Boubakeur Hamidechi
    hamidechiboubakeur@yahoo.fr

    Il n’était pas donc allé à Laghouat pour discourir devant la représentation de l’élite universitaire et, à travers cet auditoire trié sur le volet, faire passer un message au reste du pays. Cependant les journalistes accrédités pour la couverture du voyage étaient étonnamment surpris d’être destinataires de la copie officielle d’une allocution longue de sept pages. Mais alors que s’était-il passé entre-temps ?
    Ce moment entre lequel les services du chef de l’Etat faisaient leur «job» de communicants en distribuant la copie de ce qu’il allait dire et sa «solitaire» décision de s’en abstenir au dernier instant ? Avant longtemps nul ne le saura avec certitude si ce n’est que pareil cafouillage alimentera dans les semaines prochaines toutes les rumeurs. De celles qui spéculeront sur sa santé jusqu’au décodage des caprices du président en personne, dont il a d’ailleurs habitué son entourage. Le voilà, par conséquent, cet Etat qui prend eau de toutes parts jusqu’au vaisseau amiral qui tangue, dérive et ne peut plus donner le cap. A l’exception de la presse officielle, qui s’est empressée de mettre un embargo sur un discours non lu et d’évidence non assumé, de nombreux confrères de «l’autre» presse feront sûrement de l’exégèse journalistique à partir d’un document à l’origine d’un tel désordre. Mais pour l’instant, il reste que l’énigmatique dérobade du président de la République repose et réactualise la question de la crédibilité de notre magistrature suprême. En clair, celui qui l’incarne depuis plus de douze années, est-il encore en mesure de se faire entendre par les Algériens lorsqu’il daigne s’adresser à eux ou, au contraire, préfère-t-il régenter un territoire abstrait ? Reproduisant les postures autocratiques, notre président s’exonère depuis quelques années des devoirs d’écoute et notamment de celle qui concerne la pulsation du pays réel. En effet, après s’être arrogé par trois fois de confortables plébiscites, Bouteflika s’est lui-même fourvoyé, par sa frénésie d’omnipuissance, dans un autisme politique que seuls entretiennent ses courtisans. Passant de «trois quarts» de président à un «président et demi», n’a-t-il pas été condamné de fait à tenir parole sur tout ? Sans fusible, grâce auquel il pouvait se défausser dans la difficulté, ne se retrouve-t-il pas aujourd’hui démuni des subterfuges classiques ? Dès l’instant où il avait commencé à «triturer» la Constitution, voire à la violer et faire un usage excessif de certaines modalités constitutionnelles, il se révélera sous les traits que nous connaissons désormais. Reconduit par deux fois, non pas sur des bilans – que d’ailleurs lui-même s’était accordé à nuancer – mais uniquement sur la légende de l’homme providentiel, il s’est progressivement détaché de la contrainte qu’induit la fonction présidentielle pour se poser en petit monarque sans couronne mais surtout «sans compte» à rendre. Installé dans un absolutisme dont il a fait son vaccin contre les contingences de l’administration du pays, n’a-t-il pas fini par rendre ce dernier ingouvernable ? Autrement dit, à chacune de ses réélections, la même interrogation revient dans les cercles politiques. Qu’a-t-il l’intention de faire de son nouveau mandat, disait-on ? En effet, c’est de l’orientation de sa présidence que devaient se dessiner les horizons de la nation, or l’opacité qu’il a toujours entretenue a engendré la paralysie dans tous les domaines. Illisible politiquement, le chef de l’Etat a fini par inculquer à l’Etat le virus de l’immobilisme par lequel pas une seule institution ne fonctionne comme il se doit, jusqu’à permettre au système dérogatoire, celui des passe-droits, de devenir la règle. Après douze années au sommet de l’Etat et malgré les récurrentes interrogations au sujet même de son style de présidence, il ne semble pas avoir changé en mieux. Ou plutôt si, il a changé en accentuant sa morgue et en faisant table rase du formalisme lié à sa charge. Lui qui à son arrivée au pouvoir prétendait être porteur d’une adhésion populaire peut-il de nos jours en dire autant ? Rappeler, par conséquent, qu’il ne fût jamais un homme de conviction mais seulement une personnalité avide de pouvoir autorise, d’une certaine manière, l’échafaudage des pires hypothèses expliquant son «coup fumant» de Laghouat.
    B. H.

  • Députés de mauvaise qualité,trafiqué,made in china,ou taiwan comme RND

    RÉFORMES POLITIQUES
    Vers une Assemblée de plus de 400 députés

    Le gouvernement prépare activement les futures élections législatives qui auront lieu probablement fin février ou début mars prochain. Selon certaines indiscrétions, le gouvernement travaille sur plusieurs dates proposées par les services concernés par l’organisation de cette échéance.
    Mourad Aït Oufella - Alger (Le Soir) - Toutefois, rien de définitif n’a été décidé puisque le dossier sera transmis au président qui tranchera plusieurs aspects, dont celui relatif à la date de la tenue du scrutin. Ce dernier sera l’un des points inscrits à l’ordre du jour du Conseil des ministres qui se tiendra ce dimanche. Au cours de cette réunion, une communication sera présentée par le ministre de l’Intérieur sur l’état d’avancement des préparatifs de cette élection. C’est à l’issue d’un débat autour de cette question que des décisions seront annoncées et des orientations seront données au gouvernement. En attendant la réunion de dimanche, le ministère de l’Intérieur s’attelle à élaborer rapidement les textes d’application des lois adoptées par les deux chambres du Parlement pour les rendre opérationnelles et applicables juste après leur publication au Journal officiel. Bien que le texte portant régime électoral ne soit pas encore promulgué, en attente certainement du visa du Conseil constitutionnel, certaines sources informées avancent d’ores et déjà que d’importants changements seront introduits par le biais des décrets d’application qui devront être prêts d’ici le début de l’année prochaine. Parmi les changements attendus figure l’augmentation du nombre de sièges à l’Assemblée nationale. Il passerait ainsi de 389 à 420 ou 430 sièges et peut-être même à 450, selon les mêmes sources. Même si cette démarche pourrait être expliquée par le paramètre démographique — le nombre d’habitants n'étant plus celui de l’année 2002 —, il n’en demeure pas moins que ce sont des raisons politiques qui motivent cette augmentation. D’autres changements relatifs aux conditions de candidature, à la surveillance des élections, au fonctionnement de la commission de surveillance sont prévus dans les prochains jours. Le gouvernement veut s’entourer d’un maximum de garanties pour parer à toute éventualité qui viendrait fausser une élection déterminante pour l’avenir immédiat du pays mais aussi du régime en place. L’opération électorale sera totalement codifiée par la loi portant régime électoral et les textes d’application qui viendront la compléter. L’importance du futur scrutin tient au fait que c’est la représentation nationale qui émanera de ces élections qui aura, comme promis par le pouvoir, à débattre et à adopter la future Constitution. Une réflexion est déjà engagée au niveau des sphères influentes du pouvoir pour étudier tous les scénarios possibles. L’éventualité d’une majorité parlementaire islamiste n’étant pas exclue, le partage du pouvoir s’imposera comme voie inévitable pour les tenants du régime en place, et ce, au moins jusqu’à 2014, année de la tenue de la présidentielle. Une forme de cohabitation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif est l’une des options envisagées. Compromis qui débouchera sur une configuration d’un pouvoir exécutif partagé entre le président de la République qui appartient au FLN et le gouvernement qui sera l’émanation de la majorité parlementaire, qui ne sera pas forcément du même courant que le premier magistrat du pays. Le législatif et l’exécutif seront condamnés à travailler ensemble sur la base de compromis et d’arrangements en tenant compte des équilibres politiques et des forces en présence au Parlement. La mouture de la future Constitution, qui sera adoptée probablement avant l’automne prochain, consacrera la redistribution des pouvoirs entre le président et le Premier ministre. Ce dernier verra ses prérogatives redéfinies et récupérera certaines attributions supprimées par la révision constitutionnelle de 2008. Ainsi donc, le futur Premier ministre, qui sera issu de la majorité parlementaire ou d’une coalition politique, aura plus de pouvoirs et de prérogatives, à l’exception de ceux qui relèvent du domaine exclusif — pouvoir régalien — du président de la République, comme la défense et les affaires étrangères. Le Premier ministre, qui aura à sa charge la gestion des affaires publiques, sera comptable devant le Parlement qui aura à assurer totalement ses missions de contrôle de l’action du gouvernement. Les attributions du Parlement et notamment de la Chambre basse - émanation directe de la volonté populaire - seront renforcées à la faveur de la nouvelle Constitution et pour s’adapter aux changements imposés par le contexte national et régional. Le Parlement est appelé donc à jouer pleinement son rôle constitutionnel comme il est d’usage dans les pays étrangers. Il s’agit donc d’un régime à la fois semi-présidentiel et semi-parlementaire qui sera institué à travers la future Constitution. Une sorte de retour à la situation constitutionnelle d’avant novembre 2008. C’est la perspective d’une victoire même relative du courant islamistes en Algérie, conséquence logique de la reconfiguration imposée par les révoltes qui continuent à secouer les pays arabes, qui suscite tous les débats et discussions à tous les niveaux de la société mais aussi dans les arcanes du pouvoir.
    M. A. O.

    le soir dz

  • La censure de Matoub Lounès,une héresie politique!!!!

    Matoub Lounès interdit à la chaîne 4 amazighe ?

    Par |

     
    images.la censure.jpeg
      images.jpeg matoub.jpegLe chanteur Matoub Lounès

    Treize ans après son assassinat, l'icône de la chanson kabyle engagée, Matoub Lounès, subit-elle la même censure que celle qui a frappé le grand Slimane Azem interdit par l'ex-RTA de 1965 à 1988.

     

    A la chaîne 4 amazighe, depuis son lancement en 2009, les chansons et galas de Matoub Lounès n'ont fait l'objet d'aucune diffusion... Le 13ème anniversaire de la mort de l’icône de la chanson kabyle engagée, Matoub Lounès, au-delà de la quête de vérité sur l’identité de ses tueurs, sera marqué comme les précédents par un silence sidérant de la production artistique du chanteur interdite d’antenne à la chaîne 4 amazighe depuis son lancement en 2009.

    Le chantre de l’amazighité, le chanteur engagé dans le combat de liberté d’expression, est-il interdit à la chaîne 4 amazigh ? En effet, depuis son lancement en 2009, concomitamment avec la chaîne coranique, la télévision de langue amazighe qui diffuse ses programmes  en kabyle, chaouie, targuie, chenouie et mozabite, regroupées sous "langue nationale tamazight" de 17 h à 23 h, n’a consacré à ce jour aucune émission ni diffusé la moindre chanson du riche répertoire engagé de Matoub Lounès. 

    Gênant pour la télévision amazighe ? Pourtant, d’aucuns admirateurs de Matoub Lounès s’enorgueillissent d’avoir enfin une chaîne amazighe, aboutissement logique des luttes et des revendications amazighes ? La chaîne amazighe, lancée dans la plus complète indifférence par le pouvoir qui entend en faire, un outil à sa propagande politique en langue nationale amazighe. Dans les communiqués ayant annoncé son lancement, on y lit : "Le lancement de ces nouvelles chaînes entre dans le cadre du développement du secteur audiovisuel national tel que décidé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika". 

    Lisez l'article dans : http://www.freealgerie.com/debat-du-jour/200-matoub-lounes-interdit-a-la-chaine-4-amazighe.html

  • Liberté d’association : de l’espoir à l’étouffement

     

    Par
    Les députés ont dit oui à la nouvelle loi sur les associations par ailleurs très contestée par les premières concernées.

    Les associations continuent de monter au créneau contre la nouvelle loi régissant les associations qui vient d'être voté par les députés de la majorité à l'APN.

    Neuf associations nous ont fait parvenir un communiqué pour dénoncer le projet de loi voté mardi par les députés. "Nous, associations, activistes culturels, acteurs et militants associatifs… dénonçons  notre marginalisation dans le processus d’élaboration du nouveau projet de loi, et rejetons ce dernier dans sa mouture actuelle, que nous considérons comme une régression ouvrant la voie à la mort assurée de toute vie associative en Algérie." Les signataires constitués de Amusnaw, Maison des Droits de l’Homme et du citoyen de Tizi-Ouzou, Aghbalu, Centre de cocumentation en Droits de l’Homme de Béjaïa, Timant, Numidia d’Oran, ArtWatch Kabylia et Observatoire ArtWatch Algeria, Congrès mondial amazigh reconnaissent toutefois "les limites de la loi 90/31, dont certains articles méritent d’être reconsidérés pour garantir plus de liberté à la société civile et de renforcer ses bases", car observent les cinq associations : "Le mouvement associatif en Algérie a acquis un niveau d’expérience, de maturité et de professionnalisme qui lui confère le droit d’être associé à toute réforme qui le concerne en premier lieu".

    Dans ce communiqué, les associations reviennent sur les différentes étapes qu'a connues le mouvement associatif :

    "Durant plus d’un quart de siècle (1962-1990), à l’exception des "organisations satellites" du FLN, très peu d’associations ont vu le jour, si bien qu’il est difficile de parler de vie associative en Algérie. Cependant l’adoption de la  Constitution du 23 février 1989 a consacré et le multipartisme et la libre création d’associations. Cette liberté se trouve confirmée par  la loi 90-31 du 04 décembre 1990, portant création et gestion des associations, bouleversant ainsi le paysage de la société civile et rompant, par la même occasion, avec les pratiques antérieures."

    La décennie Bouteflika synonyme d'étouffement

    Seulement observent les signataires de cette déclaration, depuis la promulgation de cette loi, "l’on peut retenir trois grandes périodes dans la vie associative : la première, de 1990 à 1993 :peut être qualifiée de "période d’espoir" et est caractérisée par un foisonnement d’associations. La deuxième, de 1993 à 1999 est une "grande période de méfiance" entre les associations et les pouvoirs publics, qui ont souvent manœuvré pour récupérer et instrumentaliser ces  associations. La troisième, de 1999 à nos jours, est une "période d’étouffement" puisque, malgré la signature, par l’Algérie, de plusieurs accords internationaux, celle-ci reste, de loin, celle qui a vu la reconnaissance d’un nombre très réduit d’associations." 

    Les neuf organisations voient derrière cette nouvelle loi "la volonté des pouvoirs publics de museler le champ associatif". Aussi, "en signe de protestation et de deuil suite au vote de la nouvelle loi sur les associations algériennes par les députés FLN et RND qui, à notre sens, étouffe la société civile et l’assassine, nous, les associations Amusnaw, Maison des Droits de l’Homme et du citoyen de Tizi-Ouzou, Aghbalu, Centre de cocumentation en Droits de l’Homme de Béjaia, Timant, Numidia d’Oran, ArtWatch Kabylia et Observatoire ArtWatch Algeria, Congrès Mondial Amazigh, invitons les militantes et militants, les cadres associatifs et les citoyennes et citoyens à considérer la journée du 14 décembre 2011 comme «journée de deuil» du mouvement associatif en Algérie".

    Yacine K.

  • Bouteflika rivalise avec le dictateur nord-coréen Kim II-Sung

     

    Par

     
     
      images.jpeg kim.jpeg4p343u8x.jpgAbdelaziz Bouteflika

    Il est parfois intéressant de revoir les séquences de l'Entv. Surtout quand elles traitent d'une couverture présidentielle.

    Le discours de cinq minutes prononcé par Bouteflika mercredi à Laghouat a tourné à une rafale d’applaudissements de la part d’une assistance triée sur le volet. C’était carrément le délire ! Hallucinant ! Chaque phrase a été suivie d’une salve. A croire que l’assistance buvait les mots du chef de l'Etat. Jamais discours d’un président algérien n’a autant été applaudi en si peu de temps. Il faudra chercher dans le catalogue des dictateurs de triste réputation et regarder du côté de la très hermétique autocratie nord-coréenne pour trouver un exemple pareil. Avec cette séquence de Laghouat, le dictateur nord-coréen a désormais un sérieux concurrent. C'est triste qu'une assistance en arrive à autant de dévotion aveugle.

    Le seul mérite de ce discours ampoulé, plein d’autosatisfaction, c’est qu’il détient le record d’applaudissements : 18 fois en cinq minutes. 

    Pour visionner la vidéo du discours cliquez ici :  http://www.entv.dz/tvar/video/index.php?t=JT20H_14-12-2011

  • no moment

    Dilem du 15 Decembre  2011

  • Les étranges notes de la DGSE sur la mort des moines de Tibehirine

     

     

     

    Par |

     


     

     

    Les moines du monastère de Tibehirine

    Pour la quatrième fois depuis le début de l'enquête ouverte en 2003 sur l'assassinat des moines de Tibehirine en Algérie - sept ans après leur mort -, des documents déclassifiés viennent d'être portés à la connaissance du juge antiterroriste Marc Trévidic.

    Or, dans le lot, le contenu de deux notes communiquées par le ministère français de la défense, a de quoi soulever de fortes interrogations. Classée "confidentiel défense", la première de ces notes est un court télex de la Direction générale des services extérieurs (DGSE, française), datée du 25 mai 1996, et qui a pour "objet : enlèvement des moines". Il informe Paris que, "selon une information dont la première main n'est pas connue, et qui n'a pas pu être confirmée, les corps décapités des sept religieux auraient été découverts dans la région de Ksar El Boukhari", à environ 150 km d'Alger près de Médea.

    Puis : "L'hypothèse avancée à l'ambassade est que les têtes des moines seront vraisemblablement "livrées" à proximité de l'ambassade, de l'évêché, ou de la maison diocésaine."

    Qu'avait découvert la DGSE ?

    Stupéfiant quand on sait que le communiqué des autorités algériennes sur la découverte des "cadavres" des sept moines trappistes enlevés deux mois plus tôt par un commando du Groupement islamiste armé (GIA) dans leur monastère de Tibehirine, date du 30 mai 1996, soit cinq jours plus tard. Certes, dans un message du 21 mai, le GIA avait revendiqué la mort des religieux mais personne, alors, n'était supposé connaître la macabre vérité : seules les têtes des moines avaient été retrouvées. Les corps, eux, ne le seront jamais. Il aura fallu d'ailleurs toute l'insistance du père Armand Veilleux, l'ancien procureur général des moines cisterciens, pour que les cercueils soient ouverts, le 31 mai à Alger, et que la vérité soit connue de tous. Embarrassées, les autorités algériennes avaient préféré dissimuler l'information.

    Le deuxième document du ministère français de la défense daté du 4 juin 1996 fait le point sur les "rumeurs" concernant les circonstances de l'assassinat des moines, et les "doutes" sur la date exacte de leur mort. Toutes les sources ont été effacées.

    Dossier sensible

    Mais dans le "commentaire" qui accompagne cet inventaire, les services français écrivent à propos du mystère qui entoure le dossier : "Il pourrait s'expliquer tant par le fait que le GIA n'a pas pris la peine de transporter les corps entiers depuis leur refuge que par une tentative des services algériens de dissimuler la cause réelle de la mort des religieux". "De plus, poursuit la note, selon (un blanc), l'aviation algérienne aurait bombardé le lieu où les moines ont été assassinés, le lendemain de leur exécution. En conséquence, la présence de traces de blessures par balles ou par éclats sur les corps, s'ils étaient retrouvés, ne serait pas significative de la cause du décès des moines." Etrange assertion qui exonère l'armée algérienne. En 2009, l'ancien attaché de défense à l'ambassade de France, François Buchwalter, avait, lui, avancé la thèse d'une bavure de l'armée qui aurait mitraillé le camp par hélicoptère. Dans ce dossier sensible, suivi avec obstination par le juge Trevidic et l'avocat de la partie civile, Patrick Baudouin, aucune version ne peut être avancée avec certitude.

    Mais le magistrat du pôle antiterrorisme ne perd pas espoir de pouvoir lancer une commission rogatoire internationale qui lui permettrait de se rendre en Algérie, et, pourquoi pas, de faire pratiquer une autopsie sur les têtes des sept moines, enterrées à Tibehirine - ce qui n'a jamais été fait. Le 10 octobre, il a réuni discrètement au tribunal à Paris, les familles des religieux, dont deux se sont portées parties civiles jusqu'ici, pour faire le point sur l'enquête.

    Les moines de Tibehirine furent enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère, au sud d'Alger.

    Isabelle Mandraud

     


  • Agression d'Algériens au consulat de Montpellier

     

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     Halim Benatallah, secrétaire d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger.

    On savait que certains de nos consuls sont des serviteurs zélés du pouvoir, hermétiques au débat, nostalgique de l’Amicale des Algériens en France, mais de là à organiser des agressions d’Algériens, le pas est de trop.

    Dans un communiqué qui nous est parvenu, le président de l’Association des Algériens du Languedoc-Rousillon (ALR), Boudjemaâ Laliam et le vice-président Rachid Lemoudaa ainsi que le président d’honneur, Youcef Aït Tahar dénoncent "le comportement scandaleux de Khaled Mouaki-Benani, le consul d’Algérie à Montpellier". La raison ? Selon les signataires ce consul, comme pour plaire à son supérieur, a "de façon discriminatoire et anti-démocratique, écarté des compétences réelles de la conférence-débat tenue le 10 décembre au siège du consulat d’Algérie sous l’égide de Halim Benatallah, secrétaire d’Etat chargé de la communauté algérienne à l’étranger".

    Voilà comment les débats censés rapprocher la communauté émigrée des autorités sérieusement écornés et entachés par l’excès de zèle de quelques fonctionnaires. Halim Benatallah qui argue vouloir ramener l’élite à la maison aura du pain sur la planche si tous ses subalternes agissent de la sorte.

    Les faits ne s’arrêtent pas là malheureusement. Selon l’ALR, "plusieurs citoyens, dont les signataires du communiqué, se sont vus refuser l’accès au consulat, sans aucun motif légal ou fondé".

    Les signataires du communiqué "dénoncent cette gestion personnelle du Consul d’Algérie à Montpellier, qui  s’est distingué depuis son arrivée par un comportement entaché d’une subjectivité flagrante et néfaste aux intérêts de la communauté algérienne et de l’Algérie".

    Par ailleurs, ils s’élèvent également avec vigueur, contre "l’agression physique menée par plusieurs agents du consulat, parmi lesquels M. Smaïl Dahmane, consul adjoint ainsi que le régisseur, dont ont été victimes les personnes présentes parmi lesquelles une femme enceinte, évacuée par les services du Samu".

    Y. K.

  • Libertés, et maintenant, qui reste en face du pouvoir ?

     

    Par

     
    "Dix années de Zerhouni au ministère de l’Intérieur ont fait plus de dégâts que le GIA et le FIS réunis."

    Mardi et mercredi, les lois sur les associations et sur l’information sont passées à l’APN dans une indifférence presque générale. Opposition atomisée, élite silencieuse, société civile dépassée… que reste-t-il aujourd’hui des contre-pouvoirs ?

    Ihsane El Kadi (journaliste, directeur de www.maghrebemergent.com) : Les élites n’ont pas pu transmettre l’expérience des luttes démocratiques

     

    "Je suis un peu étonné que l’on découvre subitement la faiblesse des contre-pouvoirs en Algérie. Dix années de Noureddine Zerhouni au ministère de l’Intérieur ont fait plus de dégâts que le GIA et le FIS réunis. Les élites militantes atomisées, en exil pour partie, n’ont pas pu transmettre l’expérience des luttes démocratiques. Les années Bouteflika ont laminé les derniers espaces survivants à la guerre civile. Conséquence : pas d’association de femmes pour protester contre les scandaleux amendements qui les maintiennent en marge de la politique. Pas de mouvement de journalistes, comme en 1988, pour défendre les libertés de la presse.

    Attention le recul touche tout le monde ! Ali Benhadj est embarqué dans l’anonymat lorsqu’il cherche à protester contre la loi sur les partis. La dynamique contestataire n’a pourtant pas quitté le pays. Elle est dans l’émeute permanente et lorsqu’elle s’institutionnalise, elle prend la forme de syndicats indépendants. Cela ne donne pas encore une force d’opposition civique au pouvoir, comme l’a montré l’échec de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie au printemps dernier. Mais tout peut changer très vite avec l’émergence de nouveaux acteurs. Les étudiants ont été très actifs dans la rue en 2011. Le renouveau pour la représentation de la société civile autonome passe par là."

    Hocine Zehouane (avocat et président de la Ligue algérienne des droits de l’homme) : Les gens sont résignés

    "Comme dit le grand théoricien politique italien Gramsci, la société civile est ‘‘par définition gélatineuse’’. En Algérie, la société civile n’est pas formée. Elle est en gestation. Face à un Etat plombant tout de sa toute-puissance, la société civile reste balbutiante. Les gens n’ont plus la force de protester. Ils sont dans une attitude de résignation. C’est pour cela que des projets de loi qui empiètent sur leurs libertés ne provoquent pas plus de réactions de leur part. Paradoxalement, cette absence de réaction est dangereuse pour l’Etat. Regardez comment la contestation se manifeste dans ce pays. Elle se caractérise par un déferlement d’émeutes. Cette attitude est due à l’absence d’une société civile solide qui peut permettre d’autres formes d’expression. C’est pour cela que l’Etat a tout intérêt à permettre l’émergence d’un contre-pouvoir, mais malheureusement les gens qui nous gouvernent ne sont pas dans ce cas de figure."

    Ammar Belhimer (Docteur en droit, maître de conférences à l’université d’Alger et journaliste) : Tout le monde est responsable et coupable

    "Le drame de ce pays, c’est que les projets de loi votés en 2011 sont bien en deçà de ceux des années 1990. C’est un saut en arrière que les dirigeants de ce pays ont décidé de faire faire aux Algériens. Face à la gravité de la situation, le pouvoir a décidé de tout verrouiller. Au lieu d’agir pour le renforcement du front intérieur en prenant des mesures conséquentes, le pouvoir reproduit les mêmes méthodes qu’il a toujours appliquées. Quant à l’absence de réaction de la part de la société civile face au rétrécissement de ses libertés, il est symptomatique d’une situation où tout le monde est responsable et en même temps coupable. Cette situation est due à l’absence de véritables partis politiques, car à part le FFS, toutes les autres formations politiques sont des créations du pouvoir."

    Redouane Boudjemâa (enseignant en sciences de l’information et de la communication) : La presse a perdu le pouvoir

    "Pour parler de contre-pouvoir, il faudrait d’abord avoir une vie politique. Or, en Algérie, il n’y a plus ni politique ni scène politique. Je pense qu’aujourd’hui, à travers les lois, le pouvoir algérien s’inscrit encore à la marge de l’histoire. On ne réfléchit pas aux intérêts de l’Etat mais aux intérêts des personnes au pouvoir. Je pense que la corporation des journalistes est, par exemple, complètement affaiblie. Elle a été utilisée durant les années du terrorisme pour la sauvegarde de la République. Les plus intelligents, induits en erreur, découvrent aujourd’hui qu’en réalité, il s’agissait d’une sauvegarde du pouvoir.

    La presse a été utilisée et consommée par des opérations de propagande sur tout ce qui touche à la gestion sécuritaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Aujourd’hui, le résultat est là : un métier clochardisé, des médias très affaiblis et une presse qui a perdu toute sa crédibilité. Je pense qu’elle a perdu le pouvoir sur la suite des évènements dans la mesure où elle ne «fait» pas l’information. J’estime que le moment est venu pour les éditeurs de presse, dont la majorité fait partie du système politique, d’ouvrir un sérieux débat sur l’exercice de ce métier depuis vingt ans."

    Brahim Brahimi (irecteur de l’Ecole supérieure de journalisme d’Alger) : Nous sommes en train de nous isoler

    "L’adoption des deux textes va à contre-courant de ce qui se passe dans le monde et particulièrement dans le Monde arabe. A mon avis, cette loi ne va pas tenir, car nous sommes obligés de changer et de travailler dans le cadre de l’alternative Maghreb-Europe. Or, avec ce texte, nous sommes en train de nous isoler. Par ailleurs, le projet de loi va à l’encontre des réformes. En 1990, nous avons insisté sur le droit à l’information et aujourd’hui, il faut mettre l’accent, avec l’ouverture à l’audiovisuel, sur le droit à la communication.

    Malheureusement, dans l’article 2, il y a des interdictions et des notions floues. On fait réellement marche arrière pour revenir enfin au texte de 1982. La presse aura à prouver qu’elle est le deuxième pouvoir en Algérie. Un effort supplémentaire est demandé à la corporation des journalistes. Le pouvoir a réussi à déstabiliser les partis politiques sans que la justice ose réagir. La presse est aujourd’hui appelée à continuer à lutter pour que la société civile finisse par trouver sa place dans un Etat moderne."

    Kamel Daoud (journaliste, écrivain) : Le régime clientélise ce qui reste de libre

    "Les contre-pouvoirs ont été exécutés. Les réformes sont pires que les dictatures dénoncées. Avant les nouveaux textes, on souffrait de manque de démocratie. Les réformes ont servi de prétexte pour faire pire. Nous ne pouvons pas faire des réformes avec des gens qui sont à réformer eux-mêmes. Le Parlement est en train de défendre ses intérêts et ceux de ses tuteurs. Pour moi, le régime clientélise ce qui reste de libre dans la société algérienne, à savoir la presse et les associations qui vont se retrouver obligées de se ranger derrière lui ou de disparaître. Il n’y aura plus de contre-pouvoir."

    Nassima Oulebsir

    In El Watan week-end

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  • «Casses-toi, pauv’con.»

    La dernière sortie de Guéant

    Le ministre français de l’Intérieur n’en finit pas de lancer des attaques frontales contre les immigrés, sa cible unique. Sa dernière sortie est tout simplement surréaliste :
    «Ceux qui viennent chez nous doivent adopter l’art de vivre français : la civilité, la politesse, la gentillesse des uns envers les autres.» Guéant a juste oublié d’ajouter que ces immigrés – affreux, sales et méchants — ne devraient pas imiter dans leur art de vivre français, celui qui, du haut de son perchoir présidentiel, avait vociféré : «Casses-toi, pauv’con.»

  • le GIA =drs =toufik= france neo OAS


    Le GIA y a perpétré en 1997 un horrible massacre collectif
    Bentalha, 11 ans après

    Par : SALIM KOUDIL, Liberté, 23 septembre 2008

    Pour la première fois depuis 1997, la date du massacre du 23 septembre, qu’avait subi la localité de Bentalha, coïncide avec le mois sacré du Ramadhan.

    Onze ans déjà et rien n’a changé depuis. Ou presque. Il suffit de relire les comptes-rendus de la presse, algérienne ou étrangère, réalisés les jours d’après le massacre pour se retrouver dans ce Bentalha-là. Une localité qui, de l’avis même de ses habitants, est en “arrêt sur image” depuis la macabre soirée.
    La plupart des survivants du massacre ont quitté les lieux. Les onze ans qui se sont écoulés semblent insuffisants pour livrer tout ce qui s’était passé durant cette nuit d’horreur avec 500 personnes tuées et autant de blessés. Un bilan qui avait suscité des polémiques encore inachevées qui donneront lieu au fameux “qui tue qui ?”. C’est Bentalha qui avait fait sortir de l’anonymat un certain Yous Nesroulah, auteur de Qui a tué à Bentalha ? Et c’est encore Bentalha qui avait permis au photographe algérien Hocine Zaourar de remporter le prix du World Press avec sa célèbre madone. Onze ans après, Bentalha croule toujours sous la poussière et le béton.
    À 23h sur les lieux du massacre

    Onze ans après la sanglante nuit, nous nous retrouvons ainsi sur les lieux mêmes du crime à vingt-trois heures. C’est l’heure à laquelle, en cette nuit du 23 septembre 1997, le carnage avait commencé. H. M. a 32 ans et il habite à Sidi-Moussa, à quelques encablures des lieux. C’est un jeune cadre dans une entreprise nationale. Son frère a été assassiné. “Par les terroristes islamistes”, a-t-il souvent tenu à préciser tout au long de la soirée. Dès qu’il a eu vent qu’on avait l’intention de faire une “chose” en vue de la 11e année du massacre de Bentalha, il s’est immédiatement enthousiasmé en insistant à se déplacer avec nous. “J’ai des amis là-bas et je connais assez bien l’endroit.” Il nous proposa même d’aller voir une de ses connaissances qui était sur place lors la fameuse soirée du 23 au 24 septembre 1997. La rue principale de Bentalha, longue de plus d’un kilomètre, est toujours en très mauvais état et entre deux gros trous évités en surfant avec sa voiture, H. M. se retournait vers nous avec un sourire nerveux : “Finalement, ce n’est pas la peine d’éviter ces trous, il faut tout simplement choisir le moins profond.” Ayant oublié où habitait sa connaissance et n’arrivant pas à l’avoir au téléphone, H. M. suppose que son ami “a sûrement changé son numéro de téléphone, il en a l’habitude”. Il demande à un jeune adossé à un mur l’adresse de la personne qu’on cherchait. Après nous avoir bien dévisagés, il indiqua la maison du doigt, sans nous quitter des yeux. Elle se trouve à la fin de Haï Djilali, l’un des deux quartiers (l’autre c’est Haï Boudoumi) qui ont subi le massacre de 1997. Devant la porte, H. M. sort de la voiture et commence à appeler : “Rabah ! Rabah !” Quelques instants après, un jeune d’une vingtaine d’années sort de la maison, l’air surpris. H. M. discute avec lui et revient. “C’est le frère de Rabah. Il dit qu’il est absent, mais il m’a donné son nouveau numéro.” Il l’appelle et ils se donnent rendez-vous une demi-heure après à l’entrée de Bentalha. “On va l’attendre dans la cafétéria”, propose H. M.
    À la cafétéria, l’ambiance était bien morose. Deux clients seulement y étaient attablés. Arrive enfin Rabah. La trentaine, un gabarit impressionnant, il entre dans la cafétéria avec une autre personne. Il interpelle directement H. M. “J’espère qu’il n’y a rien de grave !” H. M. le tranquillise et après avoir demandé des cafés, il dit à Rabah : “C’est notre ami. Il est en train de préparer une thèse de doctorat sur le massacre qui s’était déroulé ici et veut que tu lui racontes le maximum.”
    Le témoin qui n’a “rien vu”

    Le visage de Rabah devient subitement rouge et la bonhomie qu’il avait affichée depuis le début disparaît subitement. “Makane hata mouchkil (pas de problèmes). Mais vous devez savoir que je n’ai pas vécu le massacre. On n’habitait pas encore ici. Ce n’est que quelque années après qu’on a acheté ici et donc, je n’ai rien vu.” H. M. semblait désabusé : “Mais tu m’as toujours dis que tu as vécu le drame !” Rabah lui coupa la parole : “Je t’ai dit que je n’y étais pas et donc je ne peux rien dire sur ce qui s’est passé cette nuit-là !” H. M. essaya alors de calmer Rabah qui devenait de plus en plus nerveux. “Mais wache bik ? Hada ni houkouma ni DRS. Si tu ne veux rien raconter, pas de problème.” L’atmosphère devenue lourde, H. M. change de sujet et commence à parler de football à un Rabah qui ne semble pas du tout intéressé par le sujet. Plusieurs minutes après, il interrompt H. M. : “Chouf kho, dit-il en me regardant dans les yeux, tu dois savoir que c’est très difficile de trouver ici des gens qui vont te parler de ce qui s’est passé. Soit ils ne veulent plus s’en rappeler, soit ils ont toujours peur des conséquences. D’ailleurs la plupart ont quitté Bentalha depuis longtemps.” Excité et nerveux, il était évident qu’il voulait quitter la table par n’importe quel moyen. “Avant de vous laisser, je vais vous dire une chose”, lâcha-t-il. “Il y a ici quelqu’un qui est devenu carrément fou depuis cette nuit-là. Ses sept filles et ses trois garçons ont été égorgés. Il a reçu en contrepartie un capital décès, mais la vie ne veut rien dire pour lui. Il est mort lui aussi cette nuit-là, même s’il est encore debout actuellement.” Il nous salue et sort presque en courant pour rejoindre sa voiture et démarrer en trombe en direction de la sortie de Bentalha.
    “Je sais qui a tué mon frère”

    Après un silence de quelques instants, H. M. lâche : “Je m’excuse vraiment. J’étais sûr qu’il allait nous donner le maximum d’informations surtout que tout le monde savait qu’il était là cette nuit-là.” Et d’ajouter après une gorgée de café : “J’avais pourtant pris soin de ne pas lui dire qu’il s’agissait de la presse. Je ne comprends pas pourquoi il a eu autant peur que ça.”
    On quitte Bentalha, H. M. campe le rôle d’un guide de la région. Il nous emmène vers Ouled Allel. “Voilà l’un des plus grands gâchis de la période du terrorisme. C’était un paradis avant la période du terrorisme et tous ceux qui habitaient la Mitidja savaient qu’il y avait tout ici. Le terrorisme l’a transformé et depuis c’est devenu un véritable enfer ici. Personne n’ose plus s’en approcher.” À la fin de cette soirée ramadhanesque, il nous montre sa maison qui se trouve au centre de Sidi-Moussa. “C’est à quelques dizaines de mètres d’ici qu’on a tué mon frère. Je venais d’avoir mon bac. Il avait 31 ans et il est mort dans mes bras. C’était quelqu’un qui aimait la vie et il avait beaucoup de projets.” Les larmes aux yeux, il continue : “Nous avons quitté la maison juste après son assassinat et nous ne sommes revenus que plusieurs années après. Ceux qui l’ont tué sont connus de tout le monde, que ce soit à Sidi-Moussa ou dans les alentours. Ce sont des terroristes notoires et sur lesquels je n’ai aucun doute.”
    Une rescapée se souvient

    Elle avait 24 ans au moment de la tragédie. Ce soir-là elle était chez elle à Bentalha, à Haï Boudoumi. Avec sa mère. “Plusieurs jours avant le massacre, ma mère était déjà dans tous ses états. Depuis exactement le 28 août d’avant, soit la nuit du massacre de Raïs. À la nuit tombée, elle était prise d’une angoisse inexplicable. Dans le quartier et tout au long de la semaine précédant l’attaque, des rumeurs persistantes sur la présence d’un groupe terroriste dans les alentours s’étaient répandues à Bentalha. D’ailleurs, la quasi-totalité des maisons étaient équipées de sirènes. On les déclenchait souvent lorsqu’il y avait une coupure d’électricité dans l’espoir d’alerter les militaires dont le cantonnement n’est pas loin. La nuit du 23 septembre, je l’avais déclenchée, comme tous les habitants, au moment de l’attaque. Et cela jusqu’à épuisement, mais hélas, personne n’est venu. J’habite actuellement à Alger-Centre en face d’une école primaire, et je fais tout mon possible pour sortir tôt de la maison pour éviter d’entendre la sirène dont le bruit me replonge dans cette nuit d’horreur. Aux environs de 23h, j’étais dans ma chambre à écouter Richard Clyderman et à jouer avec mon chat. Le raid terroriste avait commencé par une forte explosion qui avait provoqué une panique générale. On entendait, ma mère et moi, les cris des gens sortis de leurs maisons et courant dans tous les sens. J’ai su après que beaucoup de familles avaient pu fuir les deux quartiers, Haï Boudoumi et Haï Djilali, à bord des fourgons pour s’abriter dans un hammam qui se trouve à la sortie de Bentalha. Dans la partie du quartier où j’habitais, vivaient cinq autres familles. Trois avaient pu se sauver à bord des fourgons et les deux autres attendaient fatalement que leur “tour” vienne. On entendait des cris déchirants de tous les côtés, c’était épouvantable. Nos plus proches voisins ont été attaqués avant nous. Une fille de 17 ans avait été égorgée, sa sœur de 21 ans et sa mère ont été blessées. Elles ont pu échapper miraculeusement à la mort. Même chose pour leur père qui est encore vivant à ce jour alors qu’il avait reçu un coup de hache sur la tête. On criait de toutes nos forces lorsque l’on entendit des pas devant notre maison. On était monté au premier étage et on s’était mises à implorer Dieu et à crier “Allahou Akbar”. Du sang sortait de nos bouches. On a pris nos couvertures et on a allumé un feu avec avant de les jeter en bas dans l’espoir de les empêcher de monter jusqu’à nous. Ma mère m’avait pris dans ses bras et m’a crié dessus : “Ne les laisse pas te prendre.” J’avais cassé une vitre et avec un morceau j’avais décidé de me couper la gorge moi-même dès qu’ils parviendraient à nous. À aucun moment, je n’ai entendu les voix des terroristes, si ce n’est les jappements de chacals par lesquels ils communiquaient sans aucun doute. Cependant, à un certain moment, l’un d’eux avait blasphémé dès qu’il a vu notre chien et a lancé à ces acolytes : “Kayane kalb”… Il y a eu un long silence et dès qu’on a entendu adhan el-fedjr on avait compris qu’ils n’étaient plus là. Les survivants nous avaient alors demandé de descendre. On a eu un mal fou, tellement on avait peur. À la vue de la boue mélangée au sang, on avait alors pris la mesure de l’horreur vécue cette nuit. Ce qui s’est passé après et depuis est une autre histoire dont les aboutissants restent toujours flous pour moi.”

    S. K.
    Le policier qui voulait intervenir

    Par : Salim Koudil

    En plus des centaines de morts du massacre de 1997, un autre bilan semble avoir été occulté et passé sous silence. Il s’agit, comme nous l’ont rappelé plusieurs habitants de Bentalha, des femmes disparues. Il s’agit d’une dizaine de femmes qui ont été enlevées par les assaillants. L’une d’elles était une mère de deux enfants. Il y avait aussi trois sœurs kidnappées et à propos desquelles il n’y a eu aucune nouvelle depuis. On ne peut omettre le cas de Nouredine McGyver, l’enfant de Bab El-Oued, mort en service. Il s’agit du seul policier (de la BMPJ des Eucalyptus) tué lors du massacre et sur lequel beaucoup d’histoires ont été racontées. Parmi les habitants de Bentalha qu’on a rencontrés, beaucoup voulaient lui rendre hommage et se demandaient pourquoi il y a une véritable omerta sur son cas. Tous ceux qui nous ont parlé de lui ont relaté la même histoire : pendant le massacre, il a tenté d’entrer dans les deux quartiers. Pour y parvenir, il sautait de villa en villa à travers les terrasses, et c’est au moment où il avait décidé de sauter par terre qu’il aurait reçu une balle en pleine tête.

    S. K.

  • Bab El-Oued - Bentalha : l’impunité des grands nombres

               


    Par El-Kadi Ihsane,

    Les témoignages se multiplient et se précisent. Tous les signes avant-coureurs d’un péril majeur étaient en place sur les reliefs d’Alger-Ouest, samedi 10 Novembre au lever du jour. La crue qui a emporté plus de 800 personnes a duré 3 heures. Elle a été alimentée en automobiles jusqu’à la fin. L’accès à la mort n’a jamais été fermé par les services de sécurité. Il y a eu, une nouvelle fois, non-assistance à population en danger. La fois d’avant, c’était à Bentalha...

    L’Algérie détient quelques sinistres records des grands nombres. La crue la plus meurtrière en milieu urbain depuis le 10 novembre dernier, le massacre le plus sanglant en milieu semi-urbain, dans le contexte d’actes terroristes et non de guerre, depuis Bentalha en septembre 97, l’évasion la plus massive, dans un pays officiellement «non en situation de guerre», depuis la prison de Tazoult au printemps 94. Toutes ces «distinctions» sont contemporaines au même régime. Ce n’est pas un hasard. La responsabilité des autorités n’est jamais requise, lorsque la vie des Algériens est en danger. Surtout quand ils meurent en masse. C’est la règle de conduite. Canoniquement, depuis toujours. Plus cyniquement, depuis Octobre 88. Lorsque, brutalement l’échelle des pertes humaines a bondi vers de noirs sommets.

    Abdou B. avait bien, aux lendemains de la mort de centaines de jeunes Algériens, à un moment où la liberté de la presse était encore un combat militant, déploré qu’aucun ministre, aucun responsable n’ait eu suffisamment de sens de l’honneur pour songer à démissionner. Que faut-il écrire après la succession des hécatombes d’apocalypse de la dernière décennie ? Simplement, que les abattages homicidaires carburent à l’impunité. L’impunité des premiers alimente celles des suivants, la taille des pertes en vies humaines devenant une variable arithmétique à la marge.

    Pourquoi la hiérarchie de la gendarmerie, responsable directe de la mort de dizaines de jeunes en Kabylie, serait-elle plus inquiétée que celle de l’armée qui avait mâté la révolte d’Octobre 88 dans le sang ? Pourquoi les autorités politiques en place, durant «le printemps noir» songeraient-elles à démissionner, si personne avant elles ne l’a fait pour reconnaître une part de sa responsabilité ? Même le ministre de la Justice, en poste au moment du scandale sans normes de Tazoult en 1994, n’est parti qu’à la faveur d’un remaniement ministériel routinier, plusieurs mois après que les activistes islamistes évadés aient embrasé le Nord constantinois !

    L’impunité des responsables. Voilà donc, bien plus que les grosses indemnités, la villa en zone d’Etat et les autres avantages liés à la fonction, la clause non écrite qui tisse la première base sociale du régime. Une amnistie, a priori, qui couvre à l’avance, et pour toujours, tous les actes de gestion de ceux, en particulier, qui détiennent le pouvoir peu banal de prévenir ou d’empêcher la mort en grand nombre de leurs administrés. Ou d’en réduire l’amplitude.

    Dans les grands nombres, il y a une part d’infini qui échappe à la discrétion des hommes. Alors, pourquoi chercher des responsables ? Plus lourdes sont les grappes d’humains fauchés par la mort, plus l’événement porte en lui la marque du divin. Le signe de sa transcendante volonté... Le Président Bouteflika, n’a-t-il pas définitivement excommunié ceux qui auraient pu avoir la prétention de se dresser contre cette sentence «qui s’impose à nous tous» ? Bentalha n’était donc pas le dernier des grands nombres qui auraient pu être évité, si l’on veut concéder qu’à Had Chekala, un autre grand nombre, les massacres en zone isolée étaient eux imparables.

    Pourtant, du point de vue de «la non-assistance à population en danger», Bab El-Oued est en tout point une répétition de Bentalha. Et donc, cette similitude en tout point aurait dû conduire cette fois à l’assistance attendue de tous. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y avait un danger imminent, mais les mesures de prévention n’ont pas été prises. A Bentalha, dans le lotissement martyr de Haï Djillali, des pères de familles ont passé des semaines à harceler le chef de la sécurité militaire à Baraki pour obtenir des armes. Et pourtant, le sang de Raïs et de Beni-Messous n’avait pas encore séché. La Mitidja avait peur, Alger faisait le guet.

    A Bab El-Oued, comme pour Alger, un bulletin d’alerte météo avait donné le ton et le temps pour prévenir. La nuit de vendredi à samedi, avec ces centaines d’évacuations d’urgence, avait écrit la première page du scénario de ce cataclysme. Sans conséquences. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y avait suffisamment de temps pour une intervention de secours pendant la tragédie. Et rien ne s’est fait. A Bentalha, le massacre a duré cinq heures. A Bab El-Oued la crue a été mortelle durant ses 3 premières heures. A Bentalha, l’armée était en place aux abords du lotissement, trente minutes après le début de l’attaque terroriste. Il suffisait que l’ordre d’intervenir arrive. Il n’est jamais venu. A Bab El-Oued, il suffisait de diffuser d’urgence l’ordre de bloquer les accès au Frais Vallon par son amont, pour sauver de la mort sans doute une bonne moitié des victimes. Ce qui n’est pas rien...

    Les policiers en faction au Triolet auraient pu alerter leur réseau les premiers, avant que deux d’entre eux ne soient emportés par les eaux en furie. Peut-être même l’ont-ils fait dès les premiers signes menaçants, à 9 heures du matin ? Sans suites. D’El-Biar, de la route neuve de Bouzaréah, de Châteauneuf devant un commissariat de police, de Chevalley, des voitures par dizaines s’engageaient encore dans la descente vers Bab El-Oued, une heure et demie après que les premiers cadavres soient parvenus, charriés par les flots en contrebas. Ici, intervient une sinistre différence entre Bab El-Oued et Bentalha. Dans la nuit de ce 23 septembre 97, des barrages avaient été dressés devant les patriotes de Baraki et de Baba Ali qui voulaient courir au secours des suppliciés de Haï Djillali. Si l’armée n’avait pas encore reçu l’ordre d’intervenir, comment pouvait-elle laisser quelqu’un d’autre le faire ? Pas de barrages donc devant les automobilistes de «la seconde vague» du 10 Novembre dernier.

    Même les argumentaires, face à la non-assistance à population en danger, se ressemblent dans la bouche des militaires à Bab El-Oued comme à Bentalha. Le général Fodil Chérif, Commandant en chef de la 1ère Région Militaire, a affirmé, parlant sans doute en même temps au nom des autorités civiles, que les secours n’avaient pas pu se déployer à temps, en ce terrible samedi, à cause des immenses embouteillages pris sous le déluge. Le général Nezzar avait écrit, dans son premier livre, qu’à Bentalha, il était difficile d’intervenir de nuit, dans l’obscurité, dans des ruelles qui étaient minées par les terroristes. Bab El-Oued et Bentalha, c’est toujours la faute à la topographie des lieux.

    A Bab El-Oued comme à Bentalha, «la population en danger» s’est débrouillée seule. Dans «les rues minées» de Haï Djillali, un repenti devenu patriote avait tenu seul une position toute la nuit durant, avec son seul «klash» et ses deux chargeurs, et a pu sauver ainsi les dizaines de vies de tout un pâté de maisons. Les survivants sont tous des fruits de l’entraide entre voisins. Certains, prenant même le risque d’ouvrir la porte renforcée de leur maison à des familles pourchassées dans le noir, à quelques dizaines de mètres, par les assassins.

    Sur le parcours de la crue du samedi 10, des citoyens sont venus se poster partout où la terre ferme pouvait leur offrir un précaire abri, pour tendre une corde, une échelle, une planche et souvent même un téméraire bras aux naufragés du torrent. Seuls dans leurs grands nombres, démunis d’instruments, ils se sont battus des heures durant pour arracher aux eaux en furie des vies d’inconnus qui empruntaient la route en contrebas de leurs quartiers, ou qui attendaient perchés sur des récifs de fortune.

    A Bab El-Oued comme à Bentalha, «l’assistance officielle» a commencé lorsque tout péril de mort s’est trouvé écarté. Répétition en tout point. L’identité de l’assassin n’est pas la même, bien sûr. C’est sans doute ce qui permettra de mixer une nouvelle impunité. Une de plus. En Septembre 1997, les plus de 400 morts de Bentalha aux portes d’Alger avaient provoqué un esclandre dans le pouvoir. Le Président Zeroual, soutenu par le général Betchine, avait exigé une tête dans l’armée.

    La plus indiquée était celle du responsable militaire territorialement compétent, le Chef de la 1ère Région Militaire, le général Saïd Bey, un proche du Chef d’Etat-Major, le général Lamari. Ils ont pu arracher la promesse de son discret remplacement quelque temps plus tard. Jamais aucune enquête n’a révélé si le général Saïd Bey, territorialement compétent, avait donné ou pas l’ordre de porter secours aux habitants de Haï Djillali à Bentalha. Zeroual est parti, le général Saïd Bey, un honnête militaire par ailleurs, commande aujourd’hui la 5ème Région Militaire. Il n’y a officiellement aucun responsable de la non-assistance du peuple de Bentalha. Il n’y en aura officiellement sans doute aucun, pour la non-assistance du peuple de Bab El-Oued. Ainsi, le veut encore l’impunité des grands nombres.

  • CNCPPDH, dites-vous ?

     

    La commémoration de la Journée internationale des droits de l’homme, samedi dernier, a été, une fois de plus, pour la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH) et surtout pour son président, maître Farouk Ksentini, l’occasion d’une sortie médiatique pour rappeler à l’opinion l’existence de la structure qu’il préside. Car, tout au long de l’année, le profil bas, sinon la discrétion pour le moins adoptée par la CNCPPDH sur les cas de violation des droits de l’homme en Algérie, la confine dans l’oubli chez les citoyens, qui ont du mal à retenir ou à prononcer un sigle aussi rébarbatif. Etonnés qu’ils sont d’apprendre qu’il existe une commission pour la promotion et aussi la protection des droits de l’homme, présidée par un avocat toujours inscrit au barreau, curieux de savoir ce qu’elle pourrait avoir à l’actif de l’objet de sa création qui remonte à plusieurs années déjà.

    On retiendra malheureusement beaucoup plus les interventions de son président consacrées à la défense des «réalisations» du pouvoir, de la politique de Bouteflika ou encore prompt à louer les vertus de la réconciliation nationale que celles, conjoncturelles, faites le 10 décembre de chaque année où l’on s’attendait à entendre un réel état des lieux de la situation des droits de l’homme dans le pays et surtout l’énumération des actions en faveur de leur protection de la part de l’instance consultative. N’était-il pas, il y a plus d’un an, opposé à la levée de l’état d’urgence pour qu’une fois levé, il trouve à celui-ci des vertus cardinales et à son «initiateur», le président de la République, une clairvoyance insoupçonnée ?

    On s’attendait, le 10 décembre, pour le moins, à un cinglant réquisitoire de M. Ksentini contre les cas de torture ou de mauvais traitements dans les commissariats, par exemple, les abus d’autorité et les violations des libertés fondamentales du citoyen, d’expression, d’association de la part de l’administration de manière générale ou de l’Exécutif en particulier, comme on vient de le constater avec la batterie de lois soumises au pas de charge au Parlement. Bien au contraire, le reproche a été fait par Me Ksentini aux journalistes de «vouloir noircir le tableau» en s’attardant sur ces innombrables cas de violation des droits humains, comme l’arrestation et l’emprisonnement de citoyens de confession chrétienne soupçonnés à tort de prosélytisme parce qu’en possession d’un ou plusieurs exemplaires de la Bible ou de DVD consacrés à la foi chrétienne, ou ces malheureux «jeûneurs» surpris en «flagrant délit» ou dénoncés d’avoir rompu le jeûne avant le coucher du soleil. Pas un mot, par contre, sur le harcèlement judiciaire des journalistes, ces «empêcheurs de tourner en rond».

     La presse, en se faisant l’écho de pareilles violations par les services de sécurité et la justice, comme pour les «enlèvements» de citoyens en plein jour, de mise au secret en toute impunité, aurait, selon le président de la CNCPPDH, rendu un service considérable aux organisations internationales des droits de l’homme pour dénoncer de telles situations et pointer du doigt l’Etat algérien. En d’autres termes, il reproche à la presse indépendante son rôle qui, faut-il le rappeler, est normalement aussi celui de la commission qu’il préside, de «veille» et d’information en matière de respect des libertés, oubliant que celles-ci sont la raison même de l’existence de journaux indépendants et que ces derniers ne pourraient servir ni de faire-valoir ni «d’alibi démocratique» au pouvoir.

     

    Reda Bekkat
  • no moment

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  • Les «unes» des autres

    Livre. «L’Islam dans les médias» d’Édward W.Saïd

     

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    Comment la couverture médiatique de la presse occidentale et américaine en particulier a-t-elle représenté le monde musulman ? Quel sens prend le terme «Islam» sous la plume de certains journalistes, universitaires et «experts» en la matière ? Quelles sont les caractéristiques principales de la figure du musulman qui se dégagent des articles de journaux et des analyses sur l’Islam et le monde musulman ?

     

    Ces questionnements, au cœur de l’ouvrage d’Edward W. Saïd*, paru en 1997 et publié la première fois aux Editions Actes Sud qui viennent de le rééditer, interviennent dans un contexte bien particulier, celui des années 1970 et leur lot d’événements qui ont contribué à qualifier le monde musulman de «région stratégique et sensible» : la révolution iranienne de 1979, la réémergence du nationalisme radical dans les sociétés musulmanes...  En Occident, la pénurie de ressources énergétiques et la hausse des prix du pétrole dont deux événements majeurs qui ont engendré des perturbations dans de nombreux pays. Selon l’auteur, l’Islam et le monde musulman sont généralement couverts par les médias de manière caricaturale et stéréotypée.

    La grande majorité des journalistes pose sur cette religion un regard hostile, manichéen et réducteur, si bien que leurs discours sont «pétris d’approximations, d’ethnocentrisme, de haine culturelle, voire raciale, et d’une hostilité injustifiée», écrit E. W. Saïd. En effet, l’identification médiatique de l’Islam met en lumière l’existence d’un «savoir» qui véhicule une vision porteuse d’un «irrationalisme dangereux». De distorsions historiques et sociologiques. D’analyses très souvent erronées et dénuées d’objectivité et de généralités révélant un niveau de connaissances limité. Car la plupart de ces auteurs écrivent sur des sociétés dont ils ne connaissent ni les langues, ni l’histoire ni les réalités socio-économiques. A titre d’exemple, dans sa rubrique Week in Review, le New-York Times a publié un article intitulé «The red menace is gone. But here’s Islam» (La menace rouge n’est plus.

    Place à l’Islam, 21/01/1996) qui mettait l’accent sur la menace et le danger que cette religion représenterait pour les intérêts occidentaux. Dans un article publié dans The New Republic, journal d’opinion libérale, Martin Peretz assimile l’Arabe à un fou dont la folie est inhérente à sa culture. Il est représenté comme un être dénué de bon sens et de capacité à distinguer entre «le réel et l’imaginaire». La violence est le seul moyen par lequel il exprime ses douleurs, sa souffrance et ses frustrations. Dans son ouvrage, intitulé The Return of Islam (Gallimard, 1985), l’orientaliste britannique, Bernard Lewis, en se basant sur les problèmes d’ordre politique que connaît le monde arabe, imagine un scénario-catastrophe dans lequel il prévoit un retour à l’Islam du VIIe siècle.          
    L’objectif de ses affirmations dénigrantes à l’égard des pratiques culturelles propres aux sociétés musulmanes vise à persuader et à influencer l’opinion publique et à les alarmer du danger musulman et de la haine de cette religion et de ses adeptes envers l’Occident, en raison de l’appartenance de ce dernier au monde moderne. L’auteur met l’accent sur un préjugé, toujours d’actualité dans le monde occidental, en l’occurrence l’esprit arriéré et le caractère mauvais du musulman car il n’appartient pas à la culture occidentale. Et, selon E. W. Saïd, «le travail de B. Lewis se caractérise par des remarques dénigrantes, par un maniement frauduleux de l’étymologie qui lui permet d’élaborer de grandes théories culturelles sur une multitude de peuples». Ces positionnements, qui ont tendance à verser dans le sensationnalisme, sont également relayés par les partis politiques. Ainsi, pour la droite, cette religion incarne la barbarie. Pour la gauche, elle est représentative de la théocratie moyenâgeuse. Pour le centre, elle est assimilée à une «sorte d’exotisme déplacé».

    Par ailleurs, cette caractérisation simpliste, sinon cette caricature de l’Islam à des fins propagandistes est relayée par les gouvernements et les médias israéliens. En effet, ces derniers défendent l’idée selon laquelle Israël est «victime» de la violence des musulmans. Cependant, pour E. W. Saïd, cette thèse ne vise qu’à masquer la réalité des agissements d’Israël en Palestine et à l’égard des Palestiniens : annexions de Jérusalem-Est, du plateau du Golan, du Liban-Sud... Ces représentations déformées, méprisantes à l’égard de l’Islam et des musulmans, et véhiculées dans les médias, les discours des politiciens et les analyses d’experts, ont donné lieu à l’émergence de deux phénomènes. D’une part, l’expression d’un sentiment de nostalgie, hérité du temps de la colonisation, qui réactive des idées et des préjugés orientalistes.

    Et, d’autre part, la production d’un nouveau «savoir» sur l’Islam et les sociétés musulmanes dont l’un des points fondamentaux concerne notamment l’association systématique entre l’Islam et le fondamentalisme islamique. De ce fait, la figure du musulman émanant de ces visions revêt une dimension négative puisqu’elle apparaît principalement sous les traits d’un agresseur, d’un poseur de bombes, d’un être «violent, extrémiste, arriéré, barbare, primitif...». L’autre aspect, mis en lumière par E. W. Saïd dans cet ouvrage, concerne la tendance de ces auteurs à présenter le monde arabe comme une «entité monolithique (...), à l’identité fixe et immuable». Or, cette idée d’immuabilité n’est pas justifiée selon l’auteur.

    Car le monde musulman est constitué d’une multitude de sociétés qui se caractérisent par une variété et une diversité de traditions, de cultures, de langues, de références historiques et d’expériences sociologiques et autres. Bien que ces visions dénigrantes de l’Islam, qui le réduisent aux actions commises par les partisans d’un Islam radical soient dominantes, il existe néanmoins des analyses «rationnelles et documentées» produites par des chercheurs et des journalistes. Ces «visions alternatives» sont cependant minoritaires. A titre d’exemple, E. W. Saïd cite le politologue français, Olivier Roy, qui, dans son ouvrage L’Echec de l’Islam politique fait le constat de l’échec de l’Islam politique tout en mettant l’accent sur l’importance d’établir la distinction entre musulmans et islamistes.
    Dans son essai, Islam perceptions of US policy in the Near East (Perceptions islamistes de la politique américaine au Proche-Orient), Yvonne Yazbeck-Haddal répertorie cinq types d’islamismes. Elle utilise les termes «fondamentalistes» ou «radicaux» pour distinguer les islamistes des musulmans. De même, elle met en évidence les discours, les faits et les actes qui ont joué un rôle déterminant dans l’intensification des conflits entre le monde islamique et l’Occident.

    En guise de conclusion, il semble important de souligner que cet ouvrage politique n’est pas un «plaidoyer» de l’Islam. En effet, à travers L’Islam dans les médias, E. W. Saïd ne cherche pas à défendre cette religion, encore moins à la justifier. Son ambition principale est mettre en lumière l’usage subjectif et abusif de la notion d’Islam en Occident, en tant qu’ancien empire colonial. A la lumière de cette approche, il apparaît clairement que ces visions réductrices et déformées de cette religion issues des représentations orientalistes sont profondément ancrées dans l'imaginaire collectif occidental. De ce fait, les attentats du 11 novembre 2001 et bien d'autres événements n'ont fait que les activer et les mettre au goût du jour. Et, afin de déconstruire ces discours truffés de stéréotypes et produire un «véritable» savoir sur l'Islam, l'auteur propose une vision alternative préconisant le recours à des méthodes de recherche scientifiques élaborées.  

    Par ailleurs, l'une des critiques saïdiennes concerne également les sociétés musulmanes qui, généralement, se caractérisent par une absence de démocratie et de liberté et qui ont tendance à se servir de la religion pour justifier et légitimer leur régime dictatorial. Il est à noter que ce point particulier vient incontestablement faire écho à l'actualité dans les pays arabes. Et les événements politiques actuels, qui prennent la forme de mouvements de contestation et de révolte, soulignent la dimension anticipatrice, voire visionnaire, de l'auteur.
    L'Islam dans les médias s’inscrit dans une perspective humaniste. Car il tente de rétablir la vérité. Vise à éveiller les esprits. A prendre du recul avec les thèses dominantes en Occident relatives à l'Islam. Incite à la réflexion. A prendre de la distance avec le sens commun et les visions dominantes afin de se forger sa propre opinion. A transformer les mentalités et les consciences. Et à favoriser ainsi l’esprit critique et la liberté d’opinion et de jugement.
     

    *Edward W. Saïd, «L’Islam dans les médias». Traduit de l’anglais (américain) par Charlotte Woillez. Ed. Sindbad/Actes Sud, Paris, sept. 2011, 282 p.

     

    Nadia Agsous
  • Une délégation du Medef attendue lundi à Alger

     

     

    Les entreprises françaises continuent de se plaindre d’un climat défavorable en Algérie



     

     

    Une délégation de chefs d’entreprises français est attendue lundi 12 décembre à Alger. Au total, une soixantaine d’entreprises issues de plusieurs secteurs (banques, assurances, finance ; conseil et formation ; énergie ; transport terrestre, maritime et aérien ; nouvelles technologies ; ingénierie ; eau et environnement ; BTP et infrastructures ; industrie) seront du voyage. Mais dans cette délégation conduite par le Medef international ne figure aucun dirigeant d’un groupe français important. Aucun contrat ni projet d’investissement ne sera annoncé à l’occasion de la visite.

     

     

     Le but de ce voyage est surtout d’institutionnaliser les rencontres avec les ministres algériens », reconnaît une source française. Lors de son séjour à Alger, la délégation française va en effet rencontrer le ministre de l’Industrie et ceux des Finances et du Commerce. Les entreprises françaises continuent de se plaindre d’un climat des affaires qu’elles jugent défavorable en Algérie.  Selon des sources françaises, les projets français ne progressent pas au rythme souhaité. Jean‑Pierre Raffarin, en charge du dossier de coopération entre la France et l'Algérie, devait effectuer une visite à Alger durant ce mois de décembre. Mais elle a été reportée faute d’avancées concrètes dans les projets ou d’annonces à faire. Hormis le métro d’Alger, livré dans les délais annoncés au début de l’année, les autres dossiers patinent. « Nous avons même constaté un recul des Algériens sur certains dossiers économiques », explique notre source.

     

     

     

     

    Ainsi, quoique Mohamed Benmeradi multiplie les annonces sur le sujet, le dossier Renault ne progresse pas. Le ministre algérien avait annoncé le 10 novembre dernier un accord possible avec le constructeur français avant la fin de l’année en cours. Mais concrètement, les choses n’avancent pas, selon des sources françaises. L’implantation de Renault en Algérie telle qu’envisagée par le gouvernement algérien parait même désormais peu probable.

     

    Les autres dossiers n’ont pas connu d’avancées significatives depuis fin mai, date de la dernière visite de Jean‑Pierre Raffarin à Alger. Le projet Total reste bloqué et les récents changements intervenus à la tête de Sonatrach ne devraient guère contribuer à accélérer les négociations avec le groupe français. Le dossier Sanofi est toujours au même stade. Tout comme celui de l’armateur CMA CGM qui attend toujours des autorisations de la Douane algérienne pour le transfert de 100 millions de dollars représentant les frais de transport et les surestaries des containers déchargés dans les ports algériens. « Même le dossier Lafarge ne progresse plus », confie la même source. Un contexte global qui ne semble pas favorable à une relance des investissements français en Algérie.
  • Baisse des investissements économiques étrangers


    Le gouvernement persiste dans une mauvaise stratégie

    Samir Allam

    Le ministre des finances Karim Djoudi a beau chercher à rassurer en affirmant que la règle des 51/49 ne préoccupe plus les investisseurs étrangers, la réalité est cependant inquiétante. L’année 2011 s’achève sur un bilan médiocre en matière d’investissements étrangers. Les chiffres fournis récemment par l’Andi (Agence nationale de développement de l’investissement) sont trompeurs. En effet, ils comptabilisent les déclarations d’investissements non encore concrétisés – comme le projet Dounia Parc – et la conversion en capitaux des prêts consentis par les groupes étrangers à leurs filiales en Algérie.
     
    Mais dans les faits, l’Algérie a attiré très peu d’investissements étrangers en 2011. Une maigre moisson, tout comme celle de 2010. Le constat est là : depuis le virage rigoriste de la loi de finances complémentaire (LFC) 2010, les entreprises étrangères boudent le pays. Les groupes qui viennent prospecter chez nous sont à la recherche de contrats publics ou d’opportunités pour commercialiser leurs produits, mais ne passent pas par la case investissements. Seule l’armée a réussi à lancer des projets en partenariat avec des étrangers. D’ailleurs, Karim Djoudi et le responsable de l’Andi se gardent bien de publier le détail de ces investissements étrangers qu’ils évoquent pourtant à longueur de discours. Tout comme Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie et de l’investissement, multiplie les déclarations sur le dossier Renault alors que le projet peine à voir le jour. Au contraire, le groupe n’a toujours pas signé ni même annoncé un seul contrat d’envergure.
     
    Le gouvernement a certes raison de chercher à mieux contrôler les investissements étrangers. Mais la politique choisie est mauvaise. Elle a eu un impact négatif aussi bien sur l’afflux d’investissements que sur l’emploi et le transfert de compétences. Le gouvernement persiste pourtant dans la même stratégie, au lieu de reconnaître ses erreurs et de tenter de les corriger.

  • Le phénomène inquiète la Commission nationale des droits de l’homme Près de 8 000 harragas interceptés en cinq ans



    Sonia Lyes

    Des centaines de jeunes harragas continuent de trouver la mort durant leur tentative de traversée de la Méditerranée. Selon le rapport 2010 de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH), dont TSA a obtenu une copie, le nombre de corps repêchés augmente d’année en année : 29 en 2005, 73 en 2006, 83 en 2007, 102 en 2008 et 117 en 2009. Selon ce document, la cellule de communication du commandement des forces navales indique que près des deux tiers des corps retrouvés n’ont pas pu être identifiés, du fait de leur « état de décomposition très avancée ». La plupart des corps qui ont pu être identifiés sont de nationalité algérienne. Le rapport évoque encore « plusieurs centaines » de personnes portées disparues au regard des dossiers déposés par les familles auprès des services de rétablissement des liens familiaux (RLF), dépendant du Croissant rouge algérien (CRA).
     
    Depuis 2005, 7 779 émigrants clandestins ont été interceptés par les services de la gendarmerie nationale. Parmi les 337 personnes interpellées en 2010 – dont 196 ont été écrouées –, on dénombre 5 femmes et 15 mineurs. La plupart de ces personnes sont des célibataires. 68,84 % d’entre elles ont un niveau d’instruction moyen.
     
    Le phénomène de l’émigration clandestine continue de toucher les wilayas de Tlemcen, Mostaganem, Aïn Temouchent, Oran, Annaba, Skikda et El Tarf, compte tenu des faibles distances qui les séparent des côtes européennes : 94 km entre Aïn Temouchent et Almeria (Espagne) et 130 km entre Annaba et Cap-Rosa (Italie). « Cette situation interpelle de façon urgente autant les pouvoirs publics, la société civile que les victimes elles-mêmes », écrit le rapport. La CNCPPDH juge « inconcevable qu’un problème social reçoive pour seule réponse une action répressive privative de liberté ». Elle appele les pouvoirs publics à décriminaliser l’acte de harga et préconise le remplacement de la peine de prison par une amende symbolique ainsi que la focalisation sur « la consolidation des droits sociaux des citoyens ».

  • tant que la france ne joue pas à la démocratie en son pays et dans le monde colonisé dom -tom,il y'aura que des guerres.

    Je ne crois plus en la démocratie

    Par |
     

    Dans les pays du tiers-monde, on présente souvent sous le vocable de "démocrates" les oppositions aux régimes en place. Il est rare, voire impossible, de voir un régime démocratique avec une opposition dictatoriale.

     

    Or, rien n'est moins vrai. Les oppositions n'ont souvent de démocratiques que le nom ou les bonnes intentions. En Algérie, l'opposition, ultra-divisée, est inoffensive et souvent à la recherche d'avantages matériels.

    Le RCD de Saïd Sadi en est un exemple frappant. Vice-présidence de l'Assemblée nationale populaire, députés, nombres d'élus dans les administrations locales avec toutes les subventions et les avantages qui vont avec.

    Les "révolutions arabes" comme les décrivent des médias économiquement totalement sous contrôle, ont accouché de la seule chose dont elles pouvaient accoucher : l'émergence des islamistes. Modérés ou radicaux, ces gens ne plaisantent pas avec les principes et il va donc falloir que les gens qui pensent de travers se reprennent sous peine de vérifier immédiatement, par l'expérience, si Dieu existe vraiment.

    Et ces gens-là ont été choisis et portés par le peuple. Et vont donc prendre le contrôle des pays concernés par ces "révolutions", vocable dont j'ai toujours eu horreur.

    Une tyrannie remplacée par une autre, une oligarchie qui en remplace une autre, un système qui en remplace un autre, voilà ce qu'est l'alternance démocratique ou la "révolution", terme encore utilisé par des demeurés qui croient au père Noël.

    La majorité, travaillée au cerveau par le "système", choisira toujours celui que ce même "système" leur impose. Et cette majorité l'imposera à la minorité rétive. Je suis déçu par la démocratie. Mais je refuse la dictature. Anarcho moi ? Je pense que je vais finir par le devenir.

    Bakir Arezki

  • Démocratie, corruption : discours et réalité

     

    Par : Mustapha Hammouche



    Un an après la création de l’Office central de la répression de la corruption, le président de la République a signé, jeudi dernier, le décret portant composition, organisation et modalités de fonctionnement de cette instance. L’Algérie n’ayant jamais manqué d’instruments institutionnels de répression de la corruption, l’OCRC pourrait n’être qu’une structure de plus qui clôt, provisoirement, la longue succession d’instances dédiées, sans succès, à la moralisation de la vie économique et de la gestion budgétaire.
    La coïncidence du décret avec l’effet médiatique du classement Amnesty et la journée internationale contre la corruption renforce, au contraire, l’idée que ce genre de résolutions n’a pas plus d’ambition que leur effet d’annonce. D’ailleurs, le lendemain, vendredi, le ministre de la Justice intervient dans une conférence opportunément organisée à l’occasion de la journée internationale pour la lutte contre la corruption, pour assurer le monde qu’il existe, en Algérie “une volonté politique et une détermination de l’État pour lutter contre la corruption et assurer la stabilité et la sécurité du pays”.
    Entre-temps, l’Algérie caracole à la 112e place du classement de 183 pays par ordre de degré de banalisation des pratiques de malversation. Le pouvoir conteste ce classement, mais presque pour la forme, tant la chronique des “affaires” est significative de l’ampleur et de la durabilité du phénomène. La gestion de ces scandales semble conduite de sorte à limiter leur impact politique, la règle étant que l’instruction de ces affaires n’atteigne jamais le niveau politique de responsabilité. C’est contre cette limite politique à la lutte contre la corruption que le ministre de la Justice a choisi de se défendre en défiant “quiconque d’apporter des preuves tangibles qu’il y a un pouvoir ou des personnes qui interviendraient auprès d’un juge quelconque dans une affaire quelconque.”
    Mais c’est Belaïz lui-même qui porte la réplique à son défi en proclamant que “la condition primaire de la lutte contre la corruption est que la justice soit indépendante, intègre et dotée d’un haut niveau de compétence et de professionnalisme”.
    Il suffit de poursuivre le syllogisme : pourquoi y a-t-il tout de même corruption alors que la condition “primaire” de transparence est établie ?
    Le choix est entre un système qui fonde sa stabilité sur le clientélisme, et donc sur le mode de redistribution de la rente, forcément opaque, et un système basé sur la compétition entre les rentabilités et les compétences, sur le marché, la transparence. C’est le premier modèle qui, pour l’heure, s’impose à nous. Jusqu’à faire de la corruption un système de relation sociale.
    Mais, ce n’est pas aux Algériens que le pouvoir destine son actuelle entreprise qui consiste à démentir les faits par les discours. Belaïz s’adresse à une conférence… internationale pour démentir le fondement politique de l’endémie corruptrice, Youcef Yousfi s’efforce d’annoncer la fin de la gestion opaque des ressources d’hydrocarbures à Doha et Medelci tente de convaincre à Paris de la volonté démocratique du régime.
    Il n’y a donc pas lieu de répondre au défi qui, loin de s’adresser à nous, nous utilise comme point de ricochet à l’intention de l’étranger.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • Algerie dans la poubelle,on est arrive' à ça......la cause c'est le drs et boutef

    L'emblème national dans un camion poubelle

    Par : Salim KOUDIL

    Anecdotique ! C’est beaucoup plus que ça. La photo a été prise ce samedi 10 décembre, sur l’autoroute Birtouta – Kheraissia. Le « photographe » du jour raconte à Liberté la scène « Il était environ 10h30, alors que j’étais dans une voiture avec un ami, quand j’ai remarqué le drapeau à l’arrière d’un camion poubelle. J’étais tellement choqué que j’ai décidé de prendre une photo avec son téléphone portable ». Continuant son récit, il ajoutera  « au moment du clic, on était juste à côté  d’un barrage de gendarmerie et l’un des gendarmes arrêta les deux véhicules ». En discutant avec les gendarmes, il a su que le camion avait été déjà signalé « le gendarme nous a informé que plusieurs automobilistes, qui avaient dépassé le camion, l’avaient signalé déjà en arrivant au barrage ».  Le chauffeur, qui travaille à la commune des Eucalyptus, paraissait surpris par ce qu’il a découvert à l’arrière de son véhicule « il y avait à ses côtés deux autres travailleurs en tenue avec lui » a indiqué le « photographe ». Sur place les gendarmes ont procédé à la mobilisation du véhicule et au retrait du papier du chauffeur.