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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 36

  • 36 millions de mouton algeriens

    L’économie expliquée aux moutons

     

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    Sa mission sur Terre semble d’une terrible simplicité, mais le mouton est une créature complexe, finalement plus rentable qu’un homme, même éleveur de moutons. Car une fois découpé et démonté, il reste dans le mouton une masse de pièces détachées qui peuvent être vendues à part.

    La viande évidemment, les abats et la cervelle, mais aussi les os ou les cornes, les boyaux et, bien sûr, sa peau pour le cuir et sa laine pour la laine. On a ainsi pu calculer qu’un mouton, même acheté à 50 000 DA, peut être revendu à 100 000 en pièces détachées, avec une bonne stratégie commerciale.

    L’inverse exact étant ce récent classement de l’Algérie pour ce qui est de la création d’entreprises et des lourdeurs étatiques, où elle a encore perdu plusieurs places, occupant la 152e position sur 183 pays étudiés. Ce triste classement a plusieurs raisons qu’il serait inutile de rappeler ici aux dépressifs. Mais surtout, il est établi dans ce rapport que pour les entreprises, les coûts à l’export sont égaux à ceux à l’import, là où tous les Etats donnent logiquement la priorité à l’export.

    Ainsi donc, depuis des années, le gouvernement fait semblant de s’intéresser à l’exportation, assure qu’il aide les producteurs et fait tout pour sortir l’Algérie de sa dépendance des hydrocarbures. Et depuis toutes ces années, il ne s’en est jamais donné les moyens, considérant l’exportation comme une simple importation à l’envers, consignée dans un cahier pour analphabètes avec deux colonnes.

    Qu’il soit Ouyahia ou son prédécesseur, on mesure toujours trop tard les dégâts occasionnés, la très faible croissance de 3% pour cette année n’étant que la conséquence d’une gestion d’amateurs. Donnez un mouton à un ministre de l’Economie, il importera une machine pour le découper, mangera sa viande et jettera le reste. En fin de digestion, il vous expliquera comment ne pas manger pour réduire
    la facture d’importation.

     

    Chawki Amari
  • la brune Monica Lewinsky à la base americaine du sud algerien

     

    Une blonde à Alger

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    Elle était venue en février, elle est revenue en octobre, ce qui est une première, ou plutôt une seconde. Mais comme à chaque fois, pour quelques heures seulement, le temps de régler des problèmes techniques, jamais le temps de dormir. Hillary Clinton, femme d’un ex-président américain saxophoniste, joue de la trompette mais ne dort pas n’importe où, une blonde n’étant pas forcément tranquille la nuit à Alger. Mais entre la pression de la France pour «libérer» le Mali et tirer sur tout ce qui n’est pas Noir et l’expérience des USA, enlisés un peu partout et hésitant à tirer sur tout ce qui n’est pas Américain, le président Bouteflika, placé par hasard au centre de l’histoire locale, doit jubiler.

    A être ainsi sollicité par Paris et New York, ayant là pour une fois la possibilité de jouer et sortir du jardinage tabjnanou pour retraités, ennuyeux à la longue. Quels sont les termes des pressions multiples ? Officiellement, il s’agit de négocier l’utilisation du sol algérien et/ou de son espace aérien. Officieusement, il s’agit de jouer des avantages ou l’Amérique contre la France, les deux ensembles pour ou contre soi et le dogme diplomatique contre l’interventionnisme au-delà des frontières. Mais il y a quand même matière à réflexion dans ce ballet de visiteurs ; la position algérienne est non seulement tenable, mais louable, juste et honnête.

    On n’attaque pas des Touareg même s’ils sont islamistes, on n’envahit pas un pays voisin même s’il est divisé, c’est à eux de régler leurs problèmes en dehors de tout interventionnisme.
    Toute la logique algérienne est ici résumée, cohérente à l’extérieur, juste avec ses voisins, mais injuste avec sa propre famille. On ne sait pas ce que va faire l’Algérie au Mali, probablement rien, et la blonde est déjà partie parce qu’elle ne veut pas dormir à Alger. Mais il y a des jours comme ça, où l’on aimerait être des Maliens pour Bouteflika.

     

    Chawki Amari
  • no moment

    20121031.jpg et ALGER AUSSI

  • Certains-Autres !

      par A3ami Sa3id

    Il n’y a ni Boutef ni un autre

    C’est du cinéma ! Ils jouent, ils aiment jouer, nous sommes leurs jouets.
    Il n’y a ni armée, ni Drs, ni police, ni soutiens étrangers, il y a que nous sommes divisés pour des détails, des futilités, des riens remplis de rien. Il y a que nous sommes divisés comme les figues sur une planche. Que nous sommes divisés par ce qui doit nous unir. Que nous passons notre à nous diviser pour continuer à oublier nos intérêts: l’intérêt fondamental d’un pays: ne pas devenir une proie pour le monde entier. Comment s’unir et rester soi et servir son propre pays ? Comment produire et prendre la part qui te revient dans ce que tu as produit ? Comment investir pour produire ? Comment former ceux qui vont défendre leurs intérêts en défendant leur pays ? Comment discuter sans s’entredéchirer ? Comment sortir de cette impasse où ils nous ont emmené ? Comment vivre libre et digne sans voler, tuer, violer, torturer…? Comment prendre conscience que ceux qui sont au pouvoir depuis cinquante ans n’ont plus à donner, à changer, à faire d’autres que ce qu’ils savent faire depuis toujours…?

    Certains bien payés
    D’autres totalement castrés
    Certains complètement soumis
    D’autres ne subissent que mépris
    Certains torturés d’autres poussés à s’exiler
    Certains assassinés d’autres chèrement achetés
    Certains irradiés et d’autres poussés à tout arrêter
    Certains corrompus d’autres sont utilisés
    Utilisés pour cacher leurs lâchetés
    Certains surveillés d’autres manipulés au point qu’ils sont devenus pire qu’ils l’auraient souhaités
    Certains vivent dans les trous
    D’autres sont devenus complètement fous
    Certains ont pour métier la courtisanerie
    D’autres jouissent par la masturbation de la flatterie
    Certains sont parfaitement formatés
    D’autres sont crées pour tuer sans pitié
    Certains possèdent ce que leurs imaginations ne peuvent imaginer
    D’autres vivent dans une misère qui les a gravement laminé
    Certains croient que tout leur est permis
    D’autres pour un rien ils sont sévèrement punis
    Certains disent que tout est perdu
    D’autres errent sans objectif dans les rues
    Certains confondent leurs intérêts avec l’intérêt de la majorité
    D’autres passent leurs temps à vouloir éliminer les minorités
    Certains sont obsédés par les futilités
    D’autres ne supportent pas l’idée de l’unité
    Certains se contentent de boire, de dormir et de manger
    D’autres n’ont plus ni honneur, ni courage, ni dignité
    Certains confondent la liberté et la démocratie avec la servitude et la tyrannie
    D’autres vivent comme des pachas ou comme des zombies
    Certains sont convaincu que les langues font des pays
    D’autres affirment que celui qui ne prie pas ne doit être qu’un impie
    Certains dans leurs esprits ne respirent que l’Occident
    D’autres sont convaincus que dans leurs artères coulent l’orient
    Certains cherchent l’argent comme c’est lui qui va les sauver
    D’autres ont choisi de délirer, de détruire ou de rêver
    Certains sont disparus sans aucun espoir pour les retrouver
    D’autres les attendent sans aucun espoir de les récupérer
    Certains sont payés pour empêcher ceux qui veulent travailler, penser, créer, dessiner…
    D’autres sont obligés d’écrire pour se vêtir, manger, exister et se loger
    Certains se considèrent comme des entités indispensables à notre survie
    D’autres travaillent à nous humilier, à nous dominer et à nous pourrir nos vies
    Certains regardent les trains passés
    D’autres ne veulent pas renoncer au passé
    Certains changent de camps sans honte et sans se soucier de la moralité
    D’autres savent comment se placer là il faut quand le partage est décidé
    Certains sont morts mais plus vivants dans la réalité
    D’autres vivants sont déjà morts et enterrés
    Certains oublie au fur et à mesure leurs méfaits
    D’autres disent qu’ils ont tout fait même s’ils non rien fait

  • Gaz de schiste : un secret bien gardé

     

    Le Soir d'Algérie,

     

    La compagnie pétrolière British Petroleum va exploiter les gaz non-conventionnels au niveau du bassin d’Illizi, a-t- on appris de source bien informée. Tout est fin prêt pour entamer les forages, mais la compagnie britannique préfère attendre l’adoption du projet d’amendement de la loi sur les hydrocarbures afin de bénéficier des avantages fiscaux contenus dans ce texte pour les sociétés qui investissent dans les gaz de schiste.
    Selon nos sources, les premiers puits de gaz non-conventionnels seront exploités au niveau de Bourarhet, au sud d’In Amenas où BP opère déjà avec la Sonatrach.

     

    Un intérêt stratégique

     

    Les informations recueillies sur ce gisement font état d’une forte présence de «tight gas», assez proche d'un gaz conventionnel. On évoque la quantité de 50 tfc, soit l’équivalent des réserves actuelles de Hassi R’mel. Le tight gas est difficile à extraire en raison du fait que la roche qui le contient est très peu perméable. De même que la cimentation qui entoure les réservoirs est difficile à fracturer. Selon nos sources, des tests ont déjà été effectués sur ce gisement de Bourarhet et des difficultés énormes ont été rencontrées, non pas en raison des techniques de forage, mais plutôt à cause de la mauvaise prestation assurée alors (par une entreprise américaine) sur les services aux puits et à la nature de la fracturation. Mais, en dépit de toutes ces difficultés, le partenaire de BP, le norvégien Statoil, demeure très confiant et confirme par ailleurs dans un rapport récent les tests réalisés en Algérie : «Le nouveau flux de travail a été utilisé dans une étude sur le site de Tiguentourine dans le Sud-est algérien. Il s’agit d’un champ étanche aux gaz, exploité par une joint-venture entre Sonatrach, BP et Statoil. » Depuis 1995, BP aura été le plus grand investisseur étranger dans le secteur des hydrocarbures en Algérie avec plus de 5 milliards de dollars. La société est présente avec Sonatrach et Statoil dans le gisement d’In Salah (BP 33,15%) et In Amenas (BP 45,89%). En outre, elle est associée à hauteur de 60% dans le projet pétrolier de Rhourde El Baguel au sud de Hassi Messaoud, où elle a réalisé de belles performances. Seulement, certains investissements commencent à se rapprocher de leurs limites en raison de la baisse des produits extraits. Et BP devait penser à la reconversion de son activité en gardant pratiquement le même potentiel matériel. Dans cette démarche, la british a anticipé sur les gaz de schiste sans pour autant attirer l’attention sur cette opération. Dans le rapport d’activité de BP pour l’exercice 2011, il est clairement mentionné que la société mène des activités sur les gaz non-conventionnels en Algérie. «BP poursuit l’activité sur les gaz non-conventionnels aux États-Unis et dans d'autres pays tels que l'Algérie, à Oman et en Indonésie», a-t-on écrit dans ce rapport. BP ne donne pas de chiffres sur les volumes estimés ni encore moins sur les zones prospectées. Certaines sources expliquent que le choix de Bourarhet est judicieux à plus d’un titre. BP dispose déjà d’une infrastructure adéquate dans la région et du fait qu’il se trouve à proximité de la frontière avec la Libye, la société peut faire appel à ses experts qui opèrent au sud de Ghedames. Par ailleurs, la commercialisation des gaz ne devrait pas poser de problèmes d’investissement, car le gazoduc est déjà opérationnel. Mais cette exploitation reste aujourd’hui tributaire de la loi sur les hydrocarbures qui promet des avantages fiscaux aux sociétés étrangères qui viennent investir dans les gaz non-conventionnels. Et BP devra donc attendre l’adoption de cette loi pour pouvoir s’engager sur l’investissement en question.

     

    Schlumberger garde le secret

     

    Les recherches effectuées en Algérie sur les gaz non-conventionnels semblent relever du secret. Devant le mutisme de Sonatrach et de sa tutelle, les sociétés étrangères opérant en Algérie ne communiquent jamais sur les gaz de schiste. Et c’est un ancien cadre de Schlumberger, à travers le dépôt d’un CV au niveau d’une compagnie pétrolière, qui va révéler avoir travaillé avec Schlumberger sur les gaz non-conventionnels sur le projet de Tidikelt, au sud d’In Salah. Sonatrach a en fait dissimulé toute son activité sur les gaz non-conventionnels pour des raisons évidentes d’appréhensions liées à l’environnement. Car jusqu’à ce jour, les débats sur l’exploitation de ces gaz n’ont pas été abordés sur le fond. Et ce n’est pas un séminaire de deux jours qui est en mesure de tracer la stratégie du pays en la matière. D’ailleurs, à l’examen du programme moyen terme (PMT) 2012-2016, la Sonatrach n’a pas fait d’exposés sur le cas des gaz non-conventionnels. Dans la seule phrase évoquant le sujet de Bourarhet, il est écrit dans le document de la Sonatrach (PMT) : «L’effort d’exploration en partenariat se poursuivra pour les contrats conclus sous le régime de la loi 86-14 jusqu’en 2012, date d’arrivée à échéance de ces contrats, et concernera le forage de 2 puits en 2012 au niveau de Bourarhet Sud opéré par BP.»
    Mokhtar Benzaki

  • Le pouvoir, la Kabylie, le terrorisme et ses kidnappings

    Par Le Matin DZ |

    Le meurtre d’Aghiles à Tizi Ouzou soulève de nouveau le problème du kidnapping en Kabylie. En moins de sept ans, 71 personnes ont été enlevées. Le pouvoir algérien est accusé de laisser faire ces pratiques crapuleuses pour déstabiliser la Kabylie.

     

    Le pouvoir de Bouteflika veut régler un vieux compte qui remonte au printemps noir qui entache le règne du président.

     

    L’Algérie et ses kidnappings. Un fléau en Kabylie. En à peine sept ans, pas moins de 70 personnes ont été enlevées. Et c’est à chaque fois le même son de cloche : des dinars ou la mort. Le dernier otage en date était Aghiles Hadjou, 19 ans, fils d’un entrepreneur originaire d’Azzefoune, à 60 kilomètres de Tizi Ouzou. Enlevé le jeudi 18 octobre, le corps inerte d’Aghiles fut retrouvé mercredi dernier, enterré et enveloppé dans un sac en plastique, sur la plage du village Idjeremnan, dans la commune d’Aït Chaffaâ. D’après les médecins légistes, la victime a été assassinée le jour de son enlèvement. Une onde de choc pour la famille de la victime mais aussi pour toute la population d’Azzefoun qui s’était fortement mobilisée pour exiger la libération du jeune homme.

     

    Le commandant de compagnie de la gendarmerie de Tigzirt, Boubekeur Younes, a indiqué, ce jeudi, lors d’une conférence de presse que deux des trois ravisseurs avaient été arrêtés le 22 octobre. Le 21 octobre, l’un des trois ravisseurs est localisé grâce à un coup de fil passé depuis son propre téléphone mais avec la puce de la victime. L’arrestation du troisième suspect n’est plus qu’une question d’heures, selon le commandant Younes. Le comble du drame : l’enquête révèle que la victime n’était autre qu’un ami proche des assassins présumés.

     

    L’industrie du rapt

     

    On situe approximativement à 2005 l’apparition de cette pratique sordide en Kabylie. Malandrins de tout genre, groupes mafieux ou activistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), tout le monde trouve son compte dans cette pompe à fric. Chaque mois depuis sept ans, un kidnapping est signalé dans cette région. Un chiffre qui fait froid dans le dos quand on sait que la Kabylie est l’une des régions d’Algérie les plus militarisées. Les victimes sont, dans 99% des cas, choisies en fonction de leur situation financière. Les hommes d’affaires, diplomates et politiques, ou encore fils d’Algériens résidents à l’étranger sont des cibles privilégiées.

     

    Le sujet est tabou. Rares sont les victimes de rapt qui racontent leur mésaventure, de peur des représailles. Sous la menace, les familles de victimes ne contactent quasiment jamais les services de sécurité et s’exécutent à verser des sommes vertigineuses. Un silence qui profite aux ravisseurs puisque, à ce jour, aucune affaire de kidnapping n’a pu être élucidée. Dans ce qui est devenu une industrie du rapt, les familles n’ont d’autre choix que de payer au risque de mettre en danger la vie des otages. Quant aux négociations des sommes, les manœuvres sont étroites voire inexistantes pour les familles. Les ravisseurs d’Aghiles avaient exigé 20 millions de dinars (environ 200 000 euros).

     

    Le pouvoir remis en cause

     

    Le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie a estimé dans une déclaration que "les expériences passées ont montré que le pouvoir algérien, allié des islamistes terroristes et des bandits de tout acabit n’a jamais déployé le moindre de ses efforts pour sécuriser la région malgré la présence de plusieurs dizaines de milliers de militaires, de policiers et de gendarmes".

     

    Kabyles.com parle lui de l’indifférence totale des parlementaires algériens qui, "immunisés par la loi, aveuglés par le confort du poste de député, préfèrent regarder ailleurs." Le média en ligne pointe du doigt la précédente et nouvelle Assemblée Populaire Nationale (APN) qui n’a pas "daigné diligenter une commission d’enquête parlementaire pour s’enquérir de cette situation au moment où on assiste à la mise en place d’une véritable industrie du kidnapping."

     

    "La petite Suisse"

     

    Certains vont plus loin encore et affirment que le pouvoir algérien cherche à déstabiliser la région de la Kabylie. L’époque où le Front de libération national (FLN) perpétuait l’idée de faire de l’unité national un élément sacré est révolue ? Entre les groupes islamistes armés au Mali, des frontières avec la Libye compliquées à contrôler, des tensions récurrentes avec le Maroc et une guerre en préparation à quelques kilomètres de ses portes, le FLN a plutôt tout intérêt de continuer à faire vivre, ou de faire renaître de ses cendres, cette idée-là.

     

    Surnommée "la petite Suisse" au début des années 1990, la Kabylie, qui jadis accueillait les intellectuels, les chefs d’entreprises ou encore les opposants à l’islamisme radical, semble avoir cessé d’être un havre de paix. Ce sont de nos jours les terroristes, les ravisseurs ou les faux policiers qu’elle attire. Celle qui était élevée au premier rang lors du "printemps Berbère" pour la reconnaissance de l’identité Amazigh en Afrique du Nord, se vide désormais de ses donneurs d’ordres et de sa jeunesse. La Kabylie d’aujourd’hui est tourmentée.

     

    Fouad Harit pour afrik.com

  • "Bouteflika sera jugé par l'Histoire"

     

     

     

    Par Le Matin dz |

     

    M. Mohammed El Korso, ancien président de la Fondation 8 Mai 45 et devenu "spécialiste des relations algéro-françaises" affirme dans El-Khabar que le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika sera jugé par l’Histoire, dans le cas où les autorités refuseraient le projet de loi criminalisant le colonialisme. Il pense que l’Histoire témoignera, par ailleurs, en faveur du président Bouteflika si le colonialisme a été criminalisé pour la première fois dans son ère, dans le cas où le parlement réagira positivement à l’initiative des parlementaires.
    C'est un tournant. Même si M. Mohamed El Korso tempère : « je refuse de croire que le gouvernement refuse cette loi et que le président de la République soit responsable de son blocage étant donné qu’il est impossible pour ceux qui ont combattu le colonialisme et qui furent les premiers acteurs du recouvrement de la souveraineté nationale régiraient de cette manière. Si ces personnes tournent le dos au principe de criminalisation du colonialisme, ils feront également de même pour ce qui est des questions de la révolution et de leur lutte contre le colonialisme ».
    M. Mohammed El Korso veut encore prêter au président Bouteflika quelque scrupule politique quand il s'agit de défendre la mémoire. Par tactique, il refuse de regarder la réalité en face : la proposition de loi incriminant le colonialisme français n'était qu'un bluff politique, le pouvoir n'a jamais eu de réelle volonté politique de promulguer pareille loi et il y a bien longtemps de la mémoire ne relève plus, pour Bouteflika, du différend historique mais du cabotinage conjugal, cette pratique un peu malsaine qui consiste à rappeler au conjoint un antécédent fâcheux chaque fois qu’on éprouve le besoin de lui extorquer une nouvelle déclaration d’amour.
    La méthode est classique : Bouteflika fait provoquer, en sous-main, un début d’incendie par des pyromanes qualifiés et se donne ensuite le loisir d’intervenir en pompier, prestation qu’il monnayera alors au plus haut prix.
    Selon les réponses qu’il reçoit de la France, le président algérien peut ainsi passer de la plus grande « indignation » envers le préjudice colonial à la plus béate des indulgences.
    M. Mohammed El Korso le sait bien. Il suffit de se rappeler qu’avant de brandir le spectre d’une « loi algérienne criminalisant la colonisation" – signée, soulignons-le, par 125 députés appartenant à la majorité présidentielle - Bouteflika avait publiquement renoncé, et deux fois plutôt qu’une, à exiger de la France repentance de ses péchés coloniaux. La plus récente fut même énoncée, comble de l’ironie ou du cynisme, de la bouche du président de l’assemblée populaire nationale, celle-là même dont on redoute qu’elle adopte une loi criminalisant la colonisation ! C’était en mai 2009, à la veille de la visite d'Etat que devait effectuer en juin à Paris le président algérien et à laquelle ce dernier tenait beaucoup. Abdelaziz Ziari, un fidèle de Bouteflika, avait alors affirmé au cours d’un point de presse dans la capitale française, que la question de la repentance « n’était pas à l’ordre du jour » et « n’a jamais, depuis l’indépendance, constitué un obstacle aux relations algéro-françaises ».
    Bouteflika voulait ainsi « proposer un cadeau » aux Français pour les amadouer.
    Or, pour revenir à cette "loi" criminalisant le colonialisme, rien ne se serait produit s’il n’y avait eu, au printemps dernier, cette décision française que Bouteflika considère comme un camouflet : le report, voire l’annulation de cette visite d'Etat qu’il devait effectuer en juin à Paris et que l’Elysée a jugé embarrassante car trop « proche » du scrutin bokassien du 9 avril à l’issue duquel le chef de l’Etat algérien avait été réélu avec plus de 90 % des suffrages, réélection alors qualifiée en France de « pharaonique ». L’Elysée (si on en croit le Parisien), redoutant que cette encombrante victoire ne soit évoquée par l’opposition et par les médias, avait décidé de la repousser à la fin de l’année, ce qui a fortement froissé Bouteflika, furieux d’être assimilé à un vulgaire dictateur infréquentable.
    Voilà cinq ans que M. Mohammed El Korso se pose la même question : Bouteflika joue-t-il avec la mémoire? Il a même laissé à son successeur la même perpléxité. Le nouveau président de la Fondation 8 Mai 45, M. Kheireddine Boukherissa, dénonçant les propos du président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari,à Paris, selon lesquels la repentance “n’est pas à l’ordre du jour”, s'était demandé : " M. Ziari était-il délégué par le président de la République pour tenir ce discours? Si oui, nous sommes en mesure de demander des explications au président de la République..." Mais, plus loin, ayant réfléchi : " M.Ziari persiste à dire qu’il a parlé en France au nom de l’Algérie officielle. Sur ce point, j’ai beaucoup de doutes. Je comprend bien que le président de l’APN ait reçu des orientations de la part de M.Abdelaziz Bouteflika avant son déplacement. Je ne pense pas qu’il lui ait demandé de reléguer la question de la repentance au dernier rang. Nous suivons les discours des uns et des autres. Nous ne pensons pas que le président de la République ait changé de position."
    L'avantage de la mémoire courte, c'est qu'il vous assure une belle carrière politique!
    Mais, Mohammed El Korso, en affirmant que " Bouteflika sera jugé par l'Histoire", veut dire : "La comedia e finita"

    L.M.

  • Mascara : des peines de 6 mois à un an de prison à l’encontre des émeutiers

     

     

     

    El Watan, 24 octobre 2012

     

    Le tribunal de Mascara a rendu, hier, son verdict dans le procès des 15 émeutiers.

     

    Des peines allant de 6 mois de prison avec sursis à un an de prison ferme ont été prononcées par tribunal à l’encontre de 10 jeunes émeutiers. Quatre personnes ont été condamnées à un an de prison ferme, deux à six mois de prison fermes et quatre autres à six mois de prison avec sursis. Les cinq derniers ont bénéficié d’un acquittement.

     

    Des militants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) étaient, hier, à Mascara. Ils sont venus de divers horizons, notamment de Ouargla, El Oued, El Bayadh, Oran, Tiaret, Oued R’hiou (Relizane) et de Maghnia (Tlemcen). L’objectif : apporter leur soutien aux présumés émeutiers écroués par le parquet de Mascara, jeudi 11 octobre, pour les chefs d’inculpation «attroupement illégal», «trouble à l’ordre public», «destruction de biens publics» ainsi que «coups et blessures volontaires contre des agents de l’Etat».

     

    En tout, a-t-on appris, ils sont une vingtaine de jeunes qui ont comparu devant le juge au tribunal de Mascara. Seules les personnes munies de convocation ont eu droit d’accès à la salle d’audience. Même les journalistes ont été interdits d’accès. «Ce sont les ordres !», nous répondra un policier.

     

    A l’intérieur du tribunal comme à l’extérieur, un important dispositif sécuritaire a été déployé. Sous les regards des policiers, les manifestants, dont des femmes, des hommes et des jeunes, encadrés par les membres du CNDDC, pendant toute la matinée, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. Certains brandissaient également des pancartes où on pouvait lire : «Le peuple réclame l’indépendance de la justice», «Non à la répression» et «Libérez les chômeurs», entre autres ont tenu à porter la photo du défunt Sahnoune Ahmed, décédé le 9 octobre 2012, lors de son interpellation par des policiers à Mascara. Dans l’après-midi, plus précisément à 15h, les manifestants, dont les membres du CNDDC, se sont dispersés dans le calme, sans incident.
    Abdelouahab Souag

  • La bêtise du génie ou le pari perdu des généraux.

     

    Mahmoud Hamana

     

    -Ailleurs , le génie permet de réaliser des prouesses à la hauteur de leurs auteurs et est toujours au service de la performance et du progrès de l’humanité toute entière et constitue le critère selon lequel est perçu le statut social de l’individu indépendamment de toutes autres considérations. Pour l’ algérien, son penchant inné pour tout ce qui va à contresens de la morale fait qu’il se prévale de tout ce qu’il croit susceptible de le rendre prédominant ,quitte à verser consciemment dans la médiocrité et la bêtise frisant souvent l’immoralité à la recherche de la distinction dans une manifestation ostentatoire typiquement algérienne, perdant ainsi de vue l’effet inverse de sa conduite et de son comportement pervers sur sa propre réputation en raison de l’impact de plusieurs décennies de propagande qui a terriblement agit sur son esprit ;perceptible à la faveur de son incapacité de se métamorphoser et d’avoir une conception de son devenir en osmose avec les bouleversements géostratégiques régionaux et internationaux.
    -Cet esprit est sciemment entretenu par la nomenklatura comme moyen d’aliénation, relayée par une classe politique non moins perfide et sournoise ,dans le dessein macabre de faire de la vassalité du citoyen un substitut à la citoyenneté qu’il perçoit de ce fait comme une fatalité ,et qu’ils veulent dénué de raisonnement et
    prédisposé à toutes formes d’embrigadement .
    -Le succès réalisé dans le maintien du citoyen non seulement en deçà des réalités politiques mais ne manifestant que peu d’intérêt à ce qu’on veut qu’il considère comme acte de
    civisme que de voir l’exercice de la politique comme une forme d’insubordination répréhensible prélude à l’insurrection est tel qu’il se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins
    disputé entre ses aspirations de décider souverainement de son avenir et le sentiment de faillir ainsi à sa loyauté envers le pays, à l’idée que la libre pensée suscite à mettre en cause sa nature de citoyen authentique au regard de ses rapports avec le système et menacer en conséquence l’avenir politique de la mafia politico-militaire qui a beaucoup investi dans son isolement idéologique via un martelage médiatique impitoyable qui fit longtemps du système une force irrésistible et incontournable dans l’approche que fait le citoyen du processus de mutation vers la démocratie et de son émancipation en tant que credo de la légitimité.
    -Le constat de faillite qu’on peut faire de la gestion catastrophique du pays durant un demi-siècle renseigne sur les intentions de nos gouvernants qu’en voulant faire du citoyen un
    simple sujet ,ont perdu le contrôle de celui qui aurait pu être le plus sur de leurs alliés ,et fait que ces derniers se trouvent aujourd’hui pris dans leur propre piège et victimes de leurs propre stratégie ;en ce sens qu’ils sont enclins à composer avec un peuple de plus en plus sceptique, difficile à convaincre et qui redoute tout le monde y compris le système lui-même qui se trouve fustigé à longueur de journée et qui n’échappe pas au dénigrement et à la grogne de celui qu’ils croyaient définitivement acquis à leur cause. D’ou l’impasse dans laquelle ils se sont fourvoyés avec pour seule alternative, la multiplication des concessions en faveur des superpuissances en alternance avec les fausses promesses pour décongestionner un front social au bord de l’implosion ;sur fond de dilapidation des deniers publics pour l’achat de la paix sociale dont la gratification injustifiée, entre
    autres, des députés dans une tentative désespérée pour la récupération du terrain perdu corroborant ainsi les difficultés du système pour cacher son désarroi dont les vérités assénées par Sid Ahmed Ghozali et le général Yala en sont la parfaite illustration et également autant d’aveux de l’ampleur de leur implication dans les évènements ayant conduit au désastre national beaucoup plus qu’un appel se voulant réunificateur au regard des intentions non avouées de mettre,une nouvelle fois,à contribution l’attachement de l’algérien à son pays pour sauver le système d’un naufrage certain. Force est de constater que de telles voix,qui ne valent que si elles sont situées dans leur vrai contexte celui de
    1962 qui a mit le destin de la nation entre les mains des DAF, ne s’étaient jamais élevées pour dénoncer les massacres perpétrés par la police politique du régime mais mis à chaque fois sur le compte des groupes islamistes.
    -A cette sentence, nul n’échappe , pas même celui qu’on désigne sous le vocable fantaisiste « el mokh », en l’occurrence ,le général Touati qui s’est avéré être un mauvais stratège pour avoir à son actif la succession des malheurs qui se sont abattus sur le pays et l’ont conduit à l’impasse et qui se confine aujourd’hui dans un bureau à la présidence de la république sans doute convaincu qu’il n’est plus celui sur lequel on peut encore compter, en attendant de voir sur quoi vont déboucher les futurs évènements au sahel et ou il ne, peut prévenir la guerre qui devient de plus en plus imminente et aux conséquences imprévisibles sur l’avenir du régime dont il se fait le porte-parole. Etant lui à avoir tout
    manigancé , il endosse aujourd’hui seul la responsabilité des échecs de la politique éradicatrice qu’il a échafaudée s’estimant ,dans l’excès de folie du tout sécuritaire qu’il préchât , toujours capable de conjurer le jugement de l’histoire ,sans doute auréolé par la renommée sinistre de maitre des conspirations et des complots et sa réputation d’éminence grise de la nomenklatura et d’une classe politique mise au pas qui ne s’embarrasse nullement en se prostituant à l’occident au nom de la modernité et du rejet de l’obscurantisme religieux en s’érigeant obséquieusement en rempart contre l’intégrisme pour garantir la sécurité du flanc sud du vieux continent, et dont les ténors courtisent effrontément les grandes capitales à l’image de MEDELCI toujours en quête de la bénédiction du Quai d’ORSAY à qui il s’en remet et subordonne la conduite de la politique extérieure et aussi intérieur de
    l’Etat algérien aujourd’hui contraint de soutenir l’oncle SAM dans sa nouvelle croisée dans le sahel africain et s’inscrire ainsi en pion sur l’échiquier US ,fidèlement à son rôle de comparse agissant au gré des caprices occidentales dans une logique qui relève beaucoup plus de la vassalité que de la coopération et qui en dit long sur un système loin d’être au bout de ses turpitudes et qui a tendance à perdre son statut d’allié jadis privilégié dans la lutte antiterroriste et pouvant s’imposer aujourd’hui en tant que tel sur l’échiquier régional. Un rôle qu’ils ne peuvent pas contester sous peine de menaces des poursuites pénales qui pèsent sur eux comme l’épée de Damoclès. D’ou la procession interminable des concessions faites afin de ne pas tomber en disgrâce.
    -Un fiasco qui, conjugué au concept de junte militaire à la solde des grandes puissances ,confirme le pari piteusement perdu des généraux se voulant injustement ,à l’instar du chah d’Iran ,les gendarmes d’une certaine Afrique dans une approche qui rappelle l’histoire de la grenouille qui voulait se faire aussi gros qu’un bœuf ;à la différence cette fois qu’au lieu d’éclater ,ils ont terni la réputation de l’institution militaire dont ils relèvent tout comme ils ont bradé le pays sur l’autel de leurs privilèges sous l’impulsion de leur caractère inné de traitres à la nation, mis à l’index par une communauté internationale qui prend de plus en plus conscience de leur caractère scélérats sur lesquels pèsent les présomptions de culpabilité dans les massacres perpétrés contre leur propre peuple. Une responsabilité qu’ils ont réussi jusque-là à éluder et à escamoter mais qui resurgit avec force et dont le sentiment de culpabilité est perceptible à la faveur des restrictions que bon nombre de hauts responsables algériens se sont imposées quant à se rendre dans certaines capitales Européennes ou ils risqueraient de perdre leur immunité pour devenir de simples prévenus perdant ainsi l’appui d’une certaine Europe .
    -Si en Tunisie la rumeur ,encore non fondée ,de la présumée implication de l’ambassadeur de France en Tunisie dans le soutien à la grève des journalistes ;jugée comme étant une ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain , a conduit à la saisine de ce dernier à qui a été notifiée la protestation du gouvernement tunisien à ce propos ,le fait qu’un ministre des affaires étrangères d’un pays qui se dit aussi souverain aille se faire auditionné par le parlement français aurait créé un scandale politique qui imposerait la démission du gouvernement si ce n’est la chute tout court de la république. Un message que non seulement il y a ,désormais, certaines limites à ne pas franchir, mais qu’une nouvelle Tunisie est née des vestiges du système aboli préconisant une nouvelle conception des rapports entre cette ancienne métropole et son colonisateur selon l’esprit et les impératifs du nouveau contexte induit par la révolution du jasmin.
    -Néanmoins, la justice divine ne se fait pas attendre: En réduisant le peuple à une plèbe, les généraux du cabinet noir ,en grande partie terrassés par les maladies ou emportés par la mort ,se sont faits ,malgré eux, les valets d’autrui. Une insulte que ne saurait accepter le plus bas gradé d’une armée qui se respecte .Drôles de généraux!!!Déjà de leur vivant, ils menèrent une vie de chiens, aux prises avec leurs fléaux, rejetés par ceux qu’ils sont sensés gouverner, humiliés et asservis par ceux là mêmes qu’ils présument être leurs égaux .Un mauvais présage pour ceux qui se prévalent de l’immunité que leur confèrent leur rang d’officiers supérieurs ,avant de répondre ,sans pompes et sans complaisance, de leurs
    forfaits devant la justice du tout puissant. Compromettant ainsi l’avenir des siens et de leurs progénitures livrées, à leur insu, au jugement de l’histoire comme étant indirectement responsables des préjudices subis par la nation et le pays du fait de leurs ascendants.

    Hammana Mahmoud,

    Retraité-Algérie

  • Le jeune Ghiles Hadjou exécuté par ses ravisseurs

     

    Enlevé jeudi dernier par des hommes armés près d’Azzefoun, à l’est de Tizi Ouzou, Ghiles Hadjou, 19 ans, a été exécuté par ses ravisseurs, a‑t‑on appris ce mercredi 24 octobre auprès de ses proches. La victime, fils d’un entrepreneur de la région, avait été kidnappée alors qu’elle se rendait de son village vers le chef‑lieu de la ville côtière d’Azzefoun. Son véhicule de type Peugeot Partner avait été retrouvé le lendemain non loin du lieu de l’enlèvement.

    Les ravisseurs n’ont pas formulé de demande de rançon. Les habitants du village du jeune Ghiles avaient organisé une marche pour exiger sa libération et effectué des recherches pour le retrouver.

    Imene Brahimi
    TSA 24/10/2012 19:20

  • Réponse du Dr SIDHOUM – Appel du général YALA

     

    Mon absence momentanée ne m’a pas permis de participer dès le début au débat suscité par l’appel de notre compatriote MT. Yala.

    Il est clair que le constat présenté par cet officier supérieur est celui de tout Algérien sincère et conscient de la grave situation nationale. Et ce constat a déjà été fait depuis des décennies bien avant l’accélération de la déliquescence sociale et de la faillite politique. A l’époque ceux qui osaient dénoncer cette triste réalité nationale, en dehors des discours ronflants des thuriféraires larbins de l’imposture totalitaire, étaient traités de réactionnaires, contre-révolutionnaires, quand ils n’étaient pas carrément étiquetés de fils de harkis.

    Il est encourageant de voir aujourd’hui d’ex-serviteurs du système, civils et militaires tenir le même discours que ces opposants « ennemis de la Révolution » et tirer les mêmes conclusions sur la nécessité impérieuse d’un changement radical du système.

    Il est clair aussi que la faillite de ce système honni est le résultat de 50 ans d’illégitimité du pouvoir (je dis bien 50 années). Un pouvoir pris par la force des armes, entretenu par les coups d’Etats, les intrigues et « légitimé » par des mascarades électorales à la Neagelen.

    J’aurais voulu connaitre le point de vue de Mr Yala sur le devenir de la sinistre police politique, dans l’Etat de Droit de demain auquel nous aspirons tous. Cette police politique, colonne vertébrale d’un régime illégitime, responsable par sa politique de terreur, de nombreux drames depuis 62 et qui continue à « gérer » sans partage tous les espaces de la vie publique, sociale et politique.

    Sinon sur le plan des propositions, il y a beaucoup de points de convergences avec d’autres initiatives dont celles du FCN (changement radical et pacifique, respect des valeurs civilisationnelles de la Nation, démocratie, droits de l’homme, alternance véritable, Constituante….). Mr Yala avance l’idée d’un « pacte national de citoyenneté » comme creuset à toutes les forces politiques réelles et comme base d’action pour le changement. Au FCN et bien avant avec l’Appel du 19 mars 2009, nous avons déjà proposé de nous entendre sur un « compromis politique historique ».

    Je crois que le moment est venu de fédérer sérieusement toutes ces volontés sincères, loin de tout calcul politicien et de visions idéologiques ou partisanes étroites, autour de ces principes et valeurs communes clairement énoncées qui constitueront le socle de notre pacte national ou compromis politique pour pouvoir lancer ce vaste et solide mouvement populaire pacifique du changement radical.

    Il est certain que ce mouvement fédérateur en vue d’une action bien définie qu’est le changement de système politique (et non un changement dans le système) ne doit en aucun cas être un assemblage de partis et autres associations hétéroclites mais un véritable front réunissant des volontés sincères et engagées sans exclusion ni exclusive, débarrassées de leurs oripeaux idéologiques stérilisants.

    En aucun cas, ce mouvement rassembleur ne doit être l’otage d’un quelconque esprit zaïmiste. Une direction collégiale doit piloter ce projet fédérateur.

    Il est important de rappeler aux adeptes du grenouillage boulitique le fait que nul n’a le monopole du changement, de la démocratie, de la religion ou de l’identité nationale. Le changement doit être l’œuvre de toutes et tous ceux qui sont engagés sur le terrain à SERVIR et à SAUVER l’Algérie de ce chaos programmé et non l’œuvre de prétentieux qui voudraient déjà se positionner pour une quelconque prise de pouvoir alors que le bateau Algérie risque de couler.

    Tout comme nous devons insister sur le fait que dans l’Etat de Droit de demain, auquel nous aspirons tous, aucune institution de l’Etat, quelle qu’elle soit, ne peut et ne doit se prévaloir d’être au-dessus de la souveraineté du peuple, seule source de légitimité.

    Sommes-nous capables d’avancer dans ce sens et de passer des multiples initiatives à une œuvre nationale unificatrice salvatrice qui nous permettra de passer d’un régime illégitime perdurant depuis 50 ans à un véritable Etat de Droit avec ses institutions stables démocratiquement élues ?
    La question reste posée.

    Amicalement.
    Salah-Eddine SIDHOUM.
    Alger 26 10 2012

  • Général Mohand Tahar Yala: Le changement ne peut être que radical

     

    Général Mohand Tahar Yala

    Général Mohand Tahar Yala. Membre du Collectif citoyen pour la réédification de la nation algérienne.

    Le général Mohand Tahar Yala, 65 ans, ancien patron des forces navales, compte lancer, avec d’autres cadres militaires et civils, un «mouvement national pour la citoyenneté». Une initiative qu’il prépare depuis trois ans afin de poser les jalons d’un «changement radical», selon ses déclarations. El Watan Week-end l’a rencontré pour plus de détails sur sa démarche et son analyse de la situation politique actuelle.

    Pourquoi prendre la parole* presque sept ans après votre retraite des rangs de l’ANP ? Et quelle est la part de l’ancien général et celle du citoyen dans votre démarche rendue publique ?

    Mon grade de général est l’aboutissement d’une carrière linéaire et de formations militaires qui m’ont permis d’acquérir le processus d’évaluation d’une situation donnée et de prise de décision dans un environnement aussi complexe et difficile que lors d’un conflit armé. Un général ne se contente pas de dresser un état des lieux, son esprit est formé pour chercher des solutions et pour agir en vue d’atteindre l’objectif final : le succès, la victoire. S’il réfléchit sans agir, c’est la défaite ! Mais le citoyen actif et patriote, pour sa part, existe avant le général et avant le militaire. Il est animé par l’amour de la patrie et est disposé à mettre toute son énergie pour contribuer à son apaisement, sa sécurité et son développement. Pourquoi ai-je attendu tout ce temps avant de parler ?

    Après la retraite, il m’a fallu des années de lectures, d’études, de recherches historiques et de contacts pour évaluer l’état des lieux et mesurer l’écart entre la situation du pays et ce que l’Algérie aurait pu devenir compte tenu de son magnifique potentiel. Et surtout, pour appréhender la solution politique et étudier sa faisabilité et son opportunité. J’en suis arrivé à la conclusion, que la citoyenneté est la seule idéologie pouvant faire de l’Algérie un pays puissant et prospère. Au début de ma retraite, je ne pouvais pas prendre la parole, tenu par mon devoir de réserve et parce que je n’avais pas encore de solution à proposer. Il est vrai qu’au cours de ma carrière, j’ai eu la chance de participer à plusieurs travaux de réflexion, de 1986 à 1992, à l’Institut des études de stratégie globale, qui m’ont permis, au contact d’éminents universitaires, d’élargir mon champ de vision sur les défis de notre nation, mais c’est surtout après mon départ à la retraite que j’ai beaucoup appris.

    -Quel a été l’élément déclencheur de votre prise de parole ?

    Plusieurs éléments, dès 2006, m’ont fait ressentir tout le mal que vivait mon pays : des jeunes candidats à l’émigration clandestine qui risquent leur vie dans des traversées périlleuses, au suicide d’une petite écolière parce que son père n’a pas les moyens de lui acheter les fournitures scolaires et préfère privilégier son jeune frère qui, lui, est un garçon ! A mes yeux, il ne s’agissait pas là de drames personnels ou familiaux, mais à chaque fois d’un drame national.

    -A partir de quel moment avez-vous senti que la situation du pays devenait périlleuse ?

    Il faut se placer dans un contexte régional et international. D’abord, il y a eu le morcellement du Soudan «un pays trop grand pour les Soudanais», selon certains états-majors politiques. Nous avons des raisons de croire que certains de nos «partenaires» pensent également que «l’Algérie est trop grande pour les Algériens» ! Ensuite, les révolutions arabes n’ont touché, comme par hasard, que des républiques (quid du Bahreïn et de l’Arabie Saoudite ?). J’ai alors fait le parallèle avec les révolutions dans les pays de l’ancien Pacte de Varsovie dans les années 1989-1990 et l’exemple de la Yougoslavie, un pays où on pensait avoir déjà fait sa propre révolution, et qui a fini morcelé après une terrible guerre civile. Tous ces éléments ont provoqué notre mobilisation intellectuelle dans le but de trouver et de proposer une solution pouvant éviter au pays un prix trop fort à payer.

    -Justement, pourriez-vous nous en apprendre plus sur le Collectif pour la réédification de la nation algérienne ? Ses objectifs à court et à moyen termes ?

    Le collectif est constitué d’un groupe de patriotes, anciens cadres de la société civile et de l’armée, et d’universitaires attentifs aux évolutions du contexte international, aux menaces qui guettent notre pays aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur. Des menaces qui peuvent mettre en cause l’intégrité et l’unité de l’Algérie. C’est un ensemble d’Algériens qui savent qu’ils n’ont pas d’autre pays de rechange. Nous avons tissé des relations avec toutes les composantes du peuple et toutes les tendances dans le but de cerner le plus grand dénominateur commun applicable à un projet de société viable pouvant mettre le pays dans la voie de l’unité et du développement. C’est un collectif citoyen ouvert à tous, toutes générations confondues, en relation avec toutes les composantes de notre société. Notre objectif à court terme est, une fois le travail de base effectué, de lancer un mouvement national de citoyenneté. Nous visons la convergence de tous ces Algériens qui aspirent au meilleur sort pour leur pays. Nous ne nous engageons pas dans un agenda imposé, ni ne voulons entrer dans de faux débats ou de combats entropiques. Il y a suffisamment, malheureusement, de divisions créées entre Algériens.

    -Quel écho a eu votre appel pour une «démarche populaire pour un Etat de citoyenneté» au sein de vos anciens collègues du commandement militaire et au sein de la société civile ?

    Tous les échos qui nous sont parvenus ont été extrêmement favorables, de la part de mes anciens collègues, mais aussi de jeunes cadres. Souvent, on nous interpelle avec la même question : votre proposition est ce à quoi nous rêvons, mais comment y aboutir ?

    -Votre collectif appelle à un «changement radical». Voulez-vous nous préciser cette idée ? Quelles en seraient les étapes ? S’agit-il de changer une personne ou tout un système ?

    Il ne s’agit pas d’une seule personne. Mais de tout un système, bien sûr. Le changement ne peut être que radical parce que la situation actuelle est si lointaine des principes mêmes de la citoyenneté, qui reste un programme ambitieux pour le pays, échelonné sur des étapes. Un pays comme le Singapour – car il faut bien se nourrir des expériences des autres – était à genoux il y a cinquante ans, divisé avec des ethnies différentes et plusieurs religions. Mais il a su rebondir pour devenir un des pays les plus prospères du monde malgré l’absence de toute ressource naturelle, grâce à l’application du concept de citoyenneté comme contrat social. Alors pourquoi l’Algérie, avec son homogénéité ethnique et religieuse, avec ses formidables ressources humaines et naturelles, reste aussi dépendante de la désastreuse économie de la rente et aussi peu attrayante pour ses propres jeunes qui préfèrent partir ailleurs, parfois au péril de leur vie ? Pourtant avec sa position géographique centrale, ses ressources et son histoire, l’Algérie peut constituer une véritable locomotive de la région nord-africaine. C’est là notre ambition en tant qu’Algériens.

    -Vous axez votre initiative d’une «IIe République» sur le concept de «citoyenneté» : concrètement, comment voyez-vous se réaliser ce concept qui reste assez vague ?

    Le concept de citoyenneté est une véritable révolution. C’est d’abord un lien juridique commun entre les citoyens, dans une parfaite égalité des droits et des devoirs, basé sur la sauvegarde de la cohésion sociale et nationale. Même notre histoire et notre culture nous aiguillent vers des modèles de citoyenneté adoptés par nos aïeux pour éviter les dissensions et pour promouvoir le vivre ensemble qui construit une société forte, un Etat fort par l’adhésion volontaire de ses citoyens. La citoyenneté se décline en deux principes : la civilité et le civisme. La civilité, c’est d’abord le respect de la dignité de tous les citoyens à tous les échelons. Du simple citoyen, au général et au juge. Tous doivent respecter la dignité du citoyen. Ensuite, il y a le respect de l’espace et du bien public (nous devons en finir avec la mentalité du baylek) et enfin et surtout, le respect du drapeau !

    Quant au civisme, il s’agit du respect de la loi et des règles, une certaine idée de la solidarité déjà très ancrée dans notre société, et la liberté, la liberté des individus dans le respect de la liberté des autres citoyens. Nous souhaitons d’abord établir un pacte de la citoyenneté qui fixe les valeurs pérennes et les grands principes de l’identité algérienne. Un pacte enrichi grâce à l’apport de toutes les composantes de la nation algérienne et qu’il faudra faire voter par le peuple souverain pour le rendre immuable. Il faudra, en parallèle, peut-être envisager de dissoudre les partis actuels et réorganiser le paysage politique sur la base du dénominateur commun qui garantit l’intégrité de la nation et sa puissance. Il y aura d’autres mécanismes à mettre en place, qui seront précisés ultérieurement. Notre objectif est un Etat fort et des contre-pouvoirs aussi forts, un vrai système judiciaire qui ne méprise pas le citoyen et des médias réellement investis du quatrième pouvoir. Il faudra aller vers une Constituante, pour élaborer un texte rassembleur et ambitieux, fondateur de la deuxième République.

    -Comment voudriez-vous «engager toutes les forces dans les meilleurs délais» pour ce projet de «réédification nationale» ? N’est-ce pas trop tard maintenant que la machine électorale (dont vous dénoncez le côté mercantiliste) a démarré ?

    Le plus tôt, dans le processus de construction de la citoyenneté, serait le mieux ! Parce que nos ambitions sont très grandes pour notre pays. Mais il n’est jamais trop tard ! Nous nous mobilisons sans limite dans le temps. Il faut au plus vite nous inscrire, en tant que nation, dans une véritable dynamique de développement et d’apaisement, pour notre propre bien et pour celui de nos voisins. On ne veut pas, je le répète, subir un agenda imposé par les législatives, parce qu’on se retrouvera ainsi dans les mêmes éléments de langage répétés tous les cinq ans. On ne s’inscrit que dans l’agenda d’une Algérie puissante et qui donne toute la place à tous les Algériens.

    -Vous évoquez une «intelligence satanique» qui a encouragé «la médiocrité» dans plusieurs instances de l’Etat ? Peut-on identifier cette entité ?

    Certains ont pensé à une personne bien identifiée. Mais le fait est que cette entité n’est pas conjoncturelle, elle émane de l’alliance que j’ai dénoncée : une alliance entre l’opportunisme et la médiocrité à tous les échelons.

    -L’Algérie semble, selon vous, à un carrefour décisif de son histoire : défis internes, mais surtout externes (Printemps arabe, vague islamiste, déstabilisation du Sahel et convoitises énergétiques, notamment). Quels seraient concrètement les risques qu’encourt le pays dans l’actuelle conjoncture régionale et mondiale ?

    Autour de la région du Hoggar, riche en matières premières, nous avons l’impression que des forces veulent vider cette zone stratégique pour nous imposer des solutions à nos dépens ! L’Algérie ne peut rester muette avec ce qui se passe à nos frontières sud. Notre pays doit avoir une réaction vigoureuse. Déjà, lors de la crise libyenne, Alger aurait dû s’imposer dès les premières manifestations armées à Benghazi comme un acteur important, qui pouvait parler à toutes les parties grâce à son capital diplomatique et symbolique, s’imposer comme une puissance régionale et pas regarder passivement se dérouler les événements. Avoir une position d’un pays fort, qui peut servir d’intermédiaire régional ou, si les belligérants outrepassent leurs engagements, imposer sa force. C’est ce qu’on doit faire au Mali avec les derniers dangereux développements. Ou nous sommes offensifs ou nous sommes perdants !

    * «Manifeste national pour la IIe République, une démarche populaire pour un Etat de citoyenneté», contribution publiée dans El Watan le 21 mars dernier.

    Bio express :

    Né en 1947, Mohand Tahar Yala obtient son bac mathématiques en 1966 avec une mention qui lui permet d’être retenu pour des études en France en mathématiques supérieures et en mathématiques spéciales. Il rejoindra la marine nationale en 1968 et suivra en parallèle une formation à l’Ecole navale de Brest (France) de 1968 à 1971. Après une formation d’état-major naval en Yougoslavie (1983-1984) et une formation en Egypte (1993-1994), le futur général Yala prend le commandement de la façade Est entre 1994 et 2000 (à Jijel) avant de prendre le commandement des forces navales entre 2002 et 2005, date de son départ à la retraite.

    Adlène Meddi
    EW 05 04 2012

  • près l’immobilier et l’import-import le marché automobile, nouveau filon pour le blanchiment d’argent…

     

    El Watan 15/10/2012
    Safia Berkouk

    Ni la suppression du crédit à la consommation, ni la hausse des prix des véhicules, ni même les délais de livraison qui dépassent parfois ceux prévus par la loi, n’ont pu empêcher la croissance effrénée du parc automobile en Algérie qui a gagné plus de 10% entre 2010 et le premier semestre 2012.

    Les achats de véhicules se font encore largement en cash et à défaut d’une obligation du paiement par chèque, c’est la porte ouverte à toutes les pratiques spéculatives ou frauduleuses. Du temps où le crédit à la consommation était encore admis, la traçabilité était assurée puisque le versement des mensualités par les acquéreurs de véhicules neufs se faisait via le circuit postal. La suppression du crédit à la consommation n’a toutefois pas freiné la vente de véhicules neufs et la culture du cash étant largement répandue en Algérie (80% des transactions commerciales se font en espèces), les importations effectuées par la concessionnaires ont même continué à augmenter.

    Le PDG d’Elsecom affirmait récemment dans la presse nationale que le concessionnaire n’encaisse pas en liquide plus de 10% du montant du véhicule qu’il vend aux clients. Pour le reste, ce dernier est prié de verser la somme sur l’un des comptes bancaires de la société. La précision n’est pas anodine, quand on connaît les informations circulant sur le blanchiment d’argent par le biais du secteur, à l’image de ce qui se fait dans l’immobilier. L’automobile est devenue un bon filon pour non seulement blanchir de l’argent, mais aussi pour spéculer et engranger quelques bénéfices.

    Des particuliers qui rentrent dans les espaces commerciaux des concessionnaires avec des sacs remplis d’argent et qui ressortent avec une commande de plusieurs véhicules de marque prestigieuse sont un exemple sur ce qui se pratique au grand jour.
    Au niveau du showroom d’un concessionnaire d’une marque européenne, un client se présente avec un montant de plusieurs milliards de centimes en espèces et repart avec une grosse commande. Selon un agent commercial sur place, «il s’agit d’un client». En d’autre termes, «c’est un habitué», et pourtant «il n’a ni entreprise, ni agence de location de voitures et n’est pas non plus un revendeur».

    Certes, une facture est établie en bonne et due forme, mais le paiement s’effectue tout de même en espèces. Se pose alors le problème pour le concessionnaire de faire rentrer cet argent dans le circuit bancaire. «Quand le montant est trop important, il est encaissé par le concessionnaire, ensuite un chèque au nom du client est déposé au niveau de la banque de la société, la facture faisant foi de la transaction», explique un responsable commercial d’un concessionnaire automobile.

    Grosses cylindrées, gros trafic !

    Pour le représentant d’un autre concessionnaire, «généralement, ceux qui veulent blanchir de l’argent dans l’automobile le font davantage dans les grosses cylindrées». Toutefois, cela ne concerne pas uniquement les concessionnaires, mais également les importateurs agréés qui font dans le multimarque.
    «Le plus gros des trafics se fait dans les grosses cylindrées de type 4×4, car c’est là qu’il y a le plus d’argent. Les véhicules se vendent à coups de milliards de centimes. Et pourtant, au niveau de ces revendeurs, une voiture exposée le matin est liquidée avant la fin de la journée», témoigne un commercial au niveau d’un concessionnaire automobile. Pointés du doigt, les concessionnaires se défendent et à leur décharge on peut citer la pratique généralisée du cash en Algérie, le souci de rentabilité comme toute entreprise commerciale et l’absence d’une obligation réglementaire relative au payement par chèque (bien que la loi existe).

    «Si demain il y a une note qui interdit les transactions en cash, les choses changeront, mais de toute manière au niveau des concessionnaires on encourage davantage le chèque, surtout pour les véhicules les plus chers, même si au final le client fait ce qu’il veut, car on ne peut pas le contraindre», explique une source de l’Association des concessionnaires algériens d’automobiles (AC2A).
    Parades !

    Mais le problème ne concerne pas uniquement le cash, car une partie du marché des véhicules neufs s’est déplacée aujourd’hui en-dehors du circuit officiel des concessionnaires. Des véhicules neufs sont frappés d’un écriteau «A vendre», alors que leur matricule est encore  «00» et des annonces pour la vente de plusieurs véhicules avec carte jaune et un numéro de téléphone renvoyant à une seule et même personne sont publiés dans les journaux ou sur des sites web commerciaux. Il est devenu plus facile d’acquérir un véhicule neuf au marché noir que dans le réseau des distributeurs officiels, où souvent les délais de livraison dépassent largement les 45 jours réglementaires. Le problème est tel que certains consommateurs mécontents d’attendre la réception de leur véhicule n’hésitent pas accuser les concessionnaires «qui préféreraient liquider leur stock en vendant à quelqu’un qui a de grosses liquidités», dit-on. Faux, rétorquent ces derniers.

    «Le concessionnaire ne peut pas faire exprès de provoquer des ruptures de stocks. C’est mauvais pour eux, car c’est une perte de parts de marché et il est très difficile de se repositionner par la suite pour une marque donnée», affirme le responsable commercial au niveau d’un concessionnaire.  Une source à l’AC2A abonde dans le même sens : «Les concessionnaires ne peuvent en aucun cas être complices, car cela tue leurs réseaux dans la mesure où les acheteurs potentiels préféreraient s’approvisionner hors de ce circuit étant donné qu’il y a un problème de disponibilité». Pourtant, la pratique existe bel et bien et aucune loi ne l’interdit. Mais, pour en limiter la propagation, «une note a été élaborée il y a environ une année au niveau de l’AC2A en direction de ses adhérents, les appelant à ne pas vendre plus d’un véhicule à un client», nous dit la même source.

    Certains concessionnaires «ont même licencié certains de leurs agents commerciaux accusés de connivence avec les clients», précise-t-on encore. Toutefois, déplore-t-on «les gens trouvent des parades puisqu’ils contournent cette mesure en utilisant des personnes de leur famille ou de leur entourage». Ils trouvent également des astuces pour revendre des véhicules dont la carte grise n’a pas encore été délivrée, ce qui est théoriquement interdit. «Pour 4000 à 5000 dinars, certains notaires établissent des procurations à travers lesquelles les propriétaires de véhicule neuf cèdent à l’acheteur le droit de disposer de leur véhicule, en attendant que la carte grise soit prête. Il peut même lui céder le droit de récupérer cette dernière à sa place et encaisse en contrepartie le montant de la vente avec une plus-value évidemment», explique-t-on dans le milieu notarial.

    En attendant, la levée de la suspension sur la mesure instaurant comme obligation le paiement des transactions par chèque à partir de 500 000 DA, le blanchiment d’argent a encore de beaux jours devant lui.

    La loi non appliquée

    Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent, un décret exécutif (10-181 du 13 juillet 2010 fixant le seuil applicable aux opérations de paiement devant être effectuées par les moyens de paiement à travers les circuits bancaires et financiers) qui fixe à plus de 500 000 DA, la somme à partir de laquelle toutes les opérations de paiement doivent se faire par chèque, virement, carte de paiement, prélèvement, lettre de change, billet à ordre et tout autre moyen de paiement scriptural.

    L’obligation devait entrer en vigueur le 31 mars 2011, mais son application a été reportée à une date inconnue dans la foulée des émeutes de janvier de la même année. Le ministre du Commerce,  Mustapha Benbada, avait fait savoir récemment que cette mesure «n’a pas été abandonnée», mais «différée pour mieux préparer le terrain». Il avait précisé que l’application de cette décision a été reportée «sur orientation du président de la République pour préparer l’opération».

    Safia Berkouk
  • L'algerie :pays gouverné par des monstres

    Algérie : les yeux braqués au large de la Méditerranée

     


     

    Violence, corruption à tous les étages de la société, l'esprit tag al men tag est devenu la règle dans l'Algérie de Bouteflika.

     

    Outre le chômage et la corruption, l'Algérien subit une espèce de violence devenue ordinaire.

     

    Neufs personnes sont vitriolées à Guelma, un véhicule est volé toutes les quatre heures en Algérie, des agressions de citoyens sont commises quotidiennement sur des citoyens paisibles dans toutes les villes du pays, des harragas par barques pleines, des parents désemparés n’arrivent pas à faire face aux besoins de leurs progénitures en cette rentrée sociale, etc. Des faits comme ceux-là sont rapportés quasi-quotidiennement dans la presse. Voila ce à quoi font face des Algériens, en plus des bousculades et du mépris qu’ils subissent dans certaines administrations où ils ont affaire. Ces violences sont même devenues un sport national et sont comme dirait un jeune Algérien : Normales…

     

    En face de ces violences subies, il y a l’Etat souvent impuissant et des "redresseurs de tords" qui usent d’un langage lénifiant pour amadouer le citoyen moyen à travers des cours et des discours de caves (sans jeu de mots) et sous sols, orientés vers un certain internationalisme-salafiste, de nouveau genre, guidé par l’Orient. D’un autre côté, une étude publiée  indique que l’Algérie doit faire une croissance de plus de 7.5% pour pouvoir  s’en sortir de ce marasme, sinon c’est le chaos assuré d’ici à 2020. Peut-on arriver à ce taux sachant qu’actuellement le taux de croissance est de l’ordre de 2.5% ?

     

    Dans le contexte actuel, avec des investissements orientés vers le développement des infrastructures de base et sociales (bien nécessaires), le pari ne sera pas atteint car nous avons plus besoin d’investissements productifs de bien qui induiront une dynamique de développement que d’autre chose : Production de bien alimentaires, d’habillements, industriels pour les PME qui vont soutenir les industries d’autres  bien importés aujourd’hui. Ce sont ce genre d’industries (avec effet taches d’huile) qui guideraient le destin du pays vers l’autosuffisance et l’épanouissement.

     

    Manger par exemple, besoin vital mais basique, constitue un paradoxe aujourd’hui car on est alimenté par bateaux entiers pour qu’on s’alimente par cuillères et ce n’est pas assez. Nous avons toujours les yeux braqués vers le large de la Méditerranée, les bouches ouvertes, les yeux hagards et angoissés car s’il n’y a pas de bateaux à l’horizon, on risque de se retrouver avec une toile d’araignée sur la bouche. Le paradoxe encore c’est que l’on a perdu l’habitude de travailler et l’intelligence de transformer les choses, par exemple les toiles d’araignées en fils nécessaires à notre bien être immédiat et futur. Nous avons aussi perdu l’habitude de se comparer aux grands pour avancer. Le classement des universités de tous les pays ne nous plaisant pas, les responsables du secteur ont solennellement décidé de confectionner un système de notation qui va tenir compte de notre spécificité (encore une), de notre environnement (sclérosé) et de celui de certains pays non encore identifiés. C’est cela le géni que nous avons développé pour mieux se faire plaisir comme celui qui masse une blessure qui le ronge. Au début, le massage soulage  mais à la longue la blessure se creuse et les conséquences sont bien sûr désastreuses.

     

    Le présent immédiat peut paraître clément, avec les doses de populisme injectées quotidiennement, mais l’avenir s’avèrera catastrophique à moins qu’il n’y ait entretemps un sursaut salvateur, que l’on souhaite de tout cœur, pour mieux prendre en charge notre pays, avec raison,  sans populisme mais avec réalisme. Ce n’est qu’avec cela que toutes les violences seront éradiquées et que l’Algérie de nos rêves sera guérie de ses maux dont tout le monde a conscience et que tout le monde accepte (encore un paradoxe) par résignation ou par esprit "tag ala man Tag". C’est à ce niveau qu’il faut agir par une révolution de  l’esprit et de la conscience pour asseoir une justice qui consiste (au sens de Platon) à ce que chaque fonction remplisse le rôle qui lui est propre, que le désir soit soumis au courage et le courage et le désir à la Raison.

     

    Arezki Zerrouki

  • Quel rôle pour Chadli dans la faillite de l’État algérien ?

     


    Par Le Matin DZ |

     

    C’est, par la phrase ambivalente, chargée de pessimisme, qui suit, que Mohamed Benchicou conclut son entretien avec l’ancien président défunt Chadli Bendjedid.

     

    L'ancien président Chadli Bendjedid

     

    J’ai gardé de Chadli l’image de l’homme déchiré. Il personnifiait un trouble singulier : comment se prévaloir d’un régime qui a pris le pouvoir par la force et s’étonner qu’il fût aussi hégémonique, autoritaire et impitoyable ? J’avais l’impression d’avoir devant moi une illusion aux cheveux blancs. Chadli incarnait notre impuissance : ce pouvoir ne changera pas avec de bons sentiments. J’ai emporté de Chadli avec un malaise qui ne m’a plus jamais quitté.

     

    Le pessimisme et le malaise qu’évoque Mohamed Benchicou dans cette phrase, qui résume à elle seule tous nos malheurs et toutes les causes de la faillite de notre glorieuse révolution, représentent tout le poids de l’inconscient transporté dans nos bagages anthropologiques, notre imaginaire collectif et nos structures mentales. Faisant de nous des schizophrènes, en permanence en lutte avec une chimérique identité arabo musulmane, en permanence heurtée et mise à mal par notre fond amazigh et une modernité envahissante avec toute son évidente persuasion. Profondément aliénée dans les structures sociales patriarcales et l’imaginaire mythologique religieux, toute notre volonté, aussi bien intentionnée soit-elle, est réduite à une illusion aux cheveux blancs, un résidu culturel fantasmé, relevant d’un passé révolu et ne pouvant s’articuler avec cohérence dans la contemporanéité du monde. L’action de Chadli, aussi critique soit-elle et réduite au prisme de cette ambivalence, ne pouvait transcender les limites de cette contradiction. Elle incarne effectivement notre impuissance à changer ce pouvoir avec de bons sentiments.

     

    Aucun autre argument sérieux ne peut mieux justifier la justesse et la sincérité de l’image de l’homme déchiré, qui personnifiait ce trouble singulier : comment se prévaloir d’un régime qui a pris le pouvoir par la force et s’étonner qu’il fût aussi hégémonique, autoritaire et impitoyable ? Or, cette image était-elle celle que Chadli voulait donner de lui-même maladroitement en tant que stratégie de sortie, après coup, après son échec politique et la responsabilité qui lui incombe, ou est-ce l’image que Mohamed s’efforce de projeter en lui par un sentiment de compassion ? Le regard lucide de Mohamed ne pouvait l’empêcher de s’acquitter de la formulation de cette contradiction par le recours à l’ambivalence.

     

    Mais le jugement que l’on doit porter devant l’histoire sur les hommes qui ont fabriqué le système de pouvoir algérien, ayant pris en otage l’État après l’avoir façonné unilatéralement pour l’instrumentaliser à leurs seuls profits, ne peut s’accommoder d’affectes irrationnels, désertant les impératifs de la science historique et les postulats servant de base a ses méthodes de raisonnement. L’histoire ne peut s’échafauder sur des approximations circonstantielles. Son objet ne peut se dissocier de la problématisation de la vérité. Aussi pragmatique que l’on puisse être, cette critique doit être à l’identique du jugement que l’on doit appliquer à la religion dans sa responsabilité devant les conséquences qui affectent la conscience politique de la grande masse du peuple. Si la religion a des vertus humanistes et spirituelles, elle ne doit pas faire oublier sa responsabilité sur la désaffection de la masse populaire par la liberté de conscience, seule condition à sa désaliénation politique et à sa libération du consensus aveugle pouvant lui assurer la transition vers la citoyenneté.

     

    Quand Mohamed Benchicou attribut à Chadli le privilège d’incarner notre impuissance : ce pouvoir ne changera pas avec de bons sentiments, Chadli n’aurait-il pas eu réellement une vision contemporaine du monde, avec tout ce que cela implique comme conséquences sur la nécessité d’œuvrer pour un état de droit et qu’il a préféré le refouler, justement pour pouvoir jouir égoïstement du pouvoir ? Par cet adage populaire, l’homme en état d’ivresse finit toujours par retrouver le chemin qui mène à sa demeure, le refoulement de cette volonté politique n’est-il pas l’expression de l’excès sur le recours au bon sentiment, traduit par l’action et le discours démagogique et populiste, pour le maintien volontaire et conscient du statu quo. Ne serait-il pas par compassion ou par tout un autre mobile inavoué que Mohamed charge Chadli d’aliénation dans le bon sentiment, à être impuissant d’avoir la clairvoyance suffisante pour accomplir son intuition politique à changer le pouvoir. Entendre par changer le pouvoir, l’instauration de la démocratie, dans ce qu’elle a d’essentiel : la séparation des instances, celles du religieux et du politique, l’indépendance de la justice, les droits de l’homme et la liberté de conscience. Comment expliquer la promotion des activités des associations religieuses depuis son accession au pouvoir qui ont abouti à la reconnaissance du FIS.

     

    C’est bien lui, consciemment qui a favorisé l’émergence et la montée de l’islam politique, après lui avoir facilité l’occupation de tous les espaces publics de la rue, à la mosquée, à l’école et à l’université. C’est bien lui qui a volontairement approuvé le code de la famille, outil de régression et d’aliénation de la femme, pour amoindrir la résistance à la dictature qu’il incarnait et qu’il défendait méthodiquement. Notamment par la promulgation de l’article 120, conçut pour neutraliser tout espace d’expression politique et toute velléité d’opposition, en embrigadant à l’intérieur du FLN toute activité syndicale ou associative. Après avoir réalisé la destruction de l’ambitieux édifice économique et industriel dans sa forme capitaliste d’État mis en place par son prédécesseur, en segmentant économiquement les grandes entreprises en petites unités faciles à privatiser, au profit du sérail, et affaiblir politiquement la résistance des travailleurs en faisant éclater les concentrations ouvrières et les structures syndicales. Est-ce du bon sentiment que de recourir systématiquement à la répression, par l’arrestation et l’emprisonnement des militants des droits de l’homme, et le cautionnement de l’assassinat d'Ali Mecili à Paris et l’assassinat de centaines de jeunes en octobre 1988, suivie par la torture exercée massivement sur de longs mois par son entourage.

     

    Avoir de bons sentiments à changer le pouvoir pour le ramener à son état initial est une stratégie pour dupes. L’intention de nuire au peuple algérien est figurée sans ambiguïté dans la cruauté de la répression de tout ce qui menaçait les privilèges du sérail, qui s’est octroyé le droit, volontairement, de confisquer l’État pour ses intérêts exclusifs. Chadli Bendjedid comme tout autre gardien du système, aliéné ou non dans des valeurs archaïques, ne peut transgresser le code d’honneur, comme il l’a affirmé lors de cet entretien, qui est propre aux organisations mafieuses, et dévier de l’intérêt collectif du sérail. Ceci explique la grâce accordée à Bouteflika en tant que membre principal du premier cercle, depuis sa fondation à Oujda sous l’autorité d’Abdelhafid Boussouf.

     

    Doit-on prendre ses paroles comme argent comptant ou mesurer ses actions politiques, qui plaident toutes pour la confirmation de l’instrumentalisation consciente du bon sentiment, propre à toute légitimation de l’autorité patriarcale, qui s’appuie sur la prédisposition des structures sociales pour s’accomplir ? N’a-t-il pas seulement favorisé son égoïsme et celui du système au-delà de l’intérêt national, pour être repoussé à la sortie par la loi du rapport de force intrinsèque au système lui-même, qui lui garantit sa pérennité, par son renouvellement permanent.

     

    De la colonisation civilisatrice française à la dictature positive selon Chadli Bendjedid et le système politique qu’il a contribué à promouvoir, le peuple algérien doit subir en tant que peuple soumis, une réalité qui lui ait imposé par la loi de la force, car non civilisé pour l’un et inapte à se gouverner par lui-même pour l’autre. À moins d’affronter son destin en se jetant encore une fois les mains nues dans l’horreur du combat inégal contre un ennemi coriace par sa lâcheté, pour la conquête de sa dignité et de sa liberté.

     

    Youcef Benzatat

  • La Commission africaine accable l'Algérie

    Droits de l'homme :

     

    Par Le Matin DZ

     

    L' Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) qui se tient à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, du 9 au 22 octobre 2012 ont vivement condamné la répression des militants des droits de l'homme en Algérie.

     

    L'arrestation du militant Abdelkader Kherba a déclenché un vaste mouvement de solidarité.

     

    La 52è cession de L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) qui se tient à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, du 9 au 22 octobre 2012 a brossé un tableau sombre de la situation des droits de l’homme dans le continent africain et particuloièrement de la répression dont sont victimes les défenseurs des droits de l’homme.

     

    La FIDH et l’OMCT, dans le cadre de l’Observatoire, ont exprimé une nouvelle fois leurs graves préoccupations concernant la situation des défenseurs en Afrique.

     

    Les ONG ont relevé que, depuis la dernière session de cette Commission en mai 2012, la situation des défenseurs des droits de l’homme sur le continent ne s’est guère améliorée. Bien au contraire, les violations des droits de l’Homme à leur encontre se sont poursuivies, notamment le harcèlement judiciaire, les menaces, les intimidations, les détentions arbitraires et les condamnations injustifiées. "Le déni de justice pour les victimes des violations des droits des défenseurs se poursuit dans de nombreux pays où l’impunité continue de prévaloir sur le continent africain, citant particulièrement le Congo et l’Algérie."

     

    L’Observatoire des deux ONG internationales a particulièrement dénoncé "le harcèlement généralisé des défenseurs dans un grand nombre de pays". Citant le cas d’Algérie, la commission qualifie de "systématique" le harcèlement policier visant les militants au sein des associations et ligues des droits de l’homme en Algérie : "Ce harcèlement vise tant de défenseurs qu’il peut être incontestablement qualifié de systématique. La simple participation de défenseurs d’ONGs réputées telles que la LADDH, le MJIC, le RDLD et du SNAPAP à un sit-in pacifique en avril 2012 pour dénoncer le harcèlement judiciaire de Abdelkader Kherba, membre du CNDDC et de la LADDH, leur vaut d’être poursuivis pour « incitation à attroupement non armé » et les expose à une peine d’un an d’emprisonnement. Le 25 septembre 2012, le Tribunal de Bab el Oued s’est déclaré incompétent et a renvoyé cette affaire au Parquet."

     

    Les intervenants de la Commission ont condamné la cabale judiciaire dont a fait l’objet le militant syndicaliste, Yacine Zaïd, membre de la LADDH ( Ligue algérienne pour le défense des droits de l’homme) : "Yacine Zaid, syndicaliste, membre de la LADDH et bloggeur, fait l’objet depuis plus de deux ans de multiples tracasseries policières et judiciaires en raison de son militantisme. Le 1er octobre, il a de nouveau été arrêté par la police, insulté, tabassé et maintenu en détention jusqu’à sa condamnation le 8 octobre par le Tribunal de Ouargla à six de prison avec sursis et 10 000 dinars d’amende pour +outrage à un agent de police dans l’exercice de ses fonctions+".

     

    Citant également le procès toujpours en cours du militant et sysndicaliste, Abdelkader Kherba, dont la comparution devant le tribunal de Sétif, la semaine écoulée, a vu la présence musclée des forces de police qui ont violemment empêché un rassemblement de solidarité avec leur camarade, la commission y voit des mesures coercitives d’intimidations visant à bâillonner toute protestation de la société civile qui s’exprime pourtant dans un cadre légal : "Abdelkader Kherba avait, lui aussi, été condamné le 3 mai à un an de prison avec sursis et à 20.000 dinars d’amende après avoir été arrêté en avril lors d’une manifestation de greffiers devant le palais de justice à Alger. Il doit être jugé en appel le 4 novembre. La condamnation à des peines assorties de sursis en Algérie semble ainsi viser à intimider les défenseurs des droits de l’Homme."

     

    Les deux ONG attirent également l’attention sur la mascarade de la grâce présidentielle dont a récemment bénéficié le militant Mohamed Smaïn après de longues années de détention arabitraire, comdamné pour "diffamation" et "dénonciation de crimes imaginaires" pour avoir révélé à la presse l’ampleur du massacre terroriste de Had Chekala (Relizane) en 1997 qui a fait 1000 morts alors que le bilan officiel ne faisait état que d’une dizaine et que les médias d’Etat ont été sommés de ne pas en parler : "La grâce présidentielle qui a permis la libération du défenseur Mohamed Smaïn, ne doit pas faire oublier qu’il avait été condamné pour «diffamation », «outrage» et «dénonciation de crimes imaginaires» alors qu’il s’est inlassablement battu pour que la lumière soit faite sur les victimes du conflit civil en Algérie dans les années 90."

    Les rapporteurs de la Commission des droits de l’homme en Afrique ne cachent pas que, très souvent, "l’intimidation et les tentatives des autorités de réduire au silence les défenseurs prennent très souvent la forme de tortures et mauvais traitements, en violation flagrante non seulement du droit à l’intégrité physique et psychologique de tout être humain, mais de la responsabilité spécifique des Etats de protéger les défenseurs, comme la Déclaration sur les défenseurs le leur prescrit instamment dans son article 12.»

     

    Dans son rapport sur les droits de l’homme (2011-2012) que l’Algérie vient de remettre à la Ligue arabe des droits de l’homme, au Caire, il est fait mention, entre autres, du dossier des disparus, de la liberté de l’information, de l’accès aux sources de l’information et de l’indépendance de la justice algérienne. Ledit rapport exprime un satisfécit dans ce qu’il considère de "nette amélioration" de la situation des droits de l’homme en Algérie.

     

    R.N

  • déstruktor alias :*boutef *est le seul responsable

    Le gouvernement Sellal blanchit le marché noir

    Par Le Matin DZ

    Les marchés informels sont trop juteux pour être "nettoyés". Leur traque de quelques jours se transforme en une reconversion légale assortie d’avantages fiscaux que n’ont pas les marchés légaux.

    Quand le Plan d'action blanchit le marché noir.

    "Nous avons recensé 1 520 marchés informels à travers le territoire national regroupant en tout 70 000 intervenants. Tout le monde sera pris en charge dans le cadre du programme de réalisation de nouveaux marchés", a déclaré, samedi, Aït Abderrahmane, directeur de la régulation et de l’organisation des activités commerciales auprès du ministère du Commerce, lors d’une conférence de presse à la Safex, en marge de la Foire de la production nationale. Autrement dit, les marchés informels contre lesquels le Plan d’action du gouvernement d'Abdelmalek Sellal a mobilisé les forces de l’ordre seront tout bonnement légalisés et les concernés bénéficieront de grandes faveurs.

    Selon le responsable au Ministère du commerce, ces marchés dits "informels" ont une rallonge de trois années à ce titre avec seulement une autorisation délivrée par l’APC ; autorisation qui vaudra certainement de l’or tant elle sera soumise elle aussi à un marché informel de grande ampleur. D’autres détails ont été également fournis par le même responsable quant aux autres facilités accordées à ces "marchés noirs" ainsi "blanchis" trop juteux pour être "nettoyés" dans le cadre de la vaste campagne d’assainissement revendiquée à cor et à cri par le Plan d'action du gouvernement. "A la fin de ce délai, ils (les barons de l'informel) seront contraints de s’inscrire au registre du commerce. Ensuite, ils bénéficieront d’une exonération fiscale durant deux années d’exercice dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2011. De ce fait, ils seront soumis à une imposition à raison de 25% durant la première année de l’exercice, puis 50% durant la deuxième année." ajoutant que "les wilayas où ont été recensés le plus de marchés informels seront prioritaires".

    Les puissants cercles maffieux des barons de la mercuriale ont eu ainsi leur dernier mot, tant les mesures annoncées par le gouvernement Sellal paraissent si peu convaincantes devant un système politico-financier rodé par une corruption systémique.

    Avec APS

  • Système politique et vérité historique

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Le film Zabana est poursuivi de reproches concernant des inexactitudes factuelles contenues dans son scénario. Il est heureux que des acteurs et témoins de la guerre de Libération exercent parfois leur vigilance sur les récits faits d’une période cruciale de notre Histoire.
    Mais il eut été plus heureux de les voir appliquer, dès l’Indépendance, ce devoir de vigilance à tout ce qui concerne la mémoire de la Révolution. Malheureusement, la lutte pour le pouvoir, entamée en pleine guerre de Libération mais jamais finie, a trop occupé l’esprit et l’énergie du plus grand nombre.
    Ceux-ci ont généralement préféré choisir leur camp dans ce qui ressemble à une dispute de butin qu’à une confrontation de projets pour l’Algérie indépendante. D’emblée, le camp de l’Algérie perdit la bataille au profit du camp des clans. Le discours partial ne pouvait porter qu’une vérité partielle. Ceux qui ont voulu s’opposer au détournement clanique et forcé de la Révolution l’ont payé de leur liberté et de leur vie, pour certains. Pendant que ces voix gênantes étaient réduites au silence, d’anciens compagnons regardaient la pointe de leurs chaussures.
    La force, ayant longtemps constitué un moyen efficace de prise de pouvoir, n’a jamais constitué une source de légitimité. Ceux qui accaparent le pouvoir et souhaitent maintenir leur emprise en lui donnant un bien-fondé historique n’ont d’autre choix que celui de refaire l’histoire à leur avantage.
    En 1962 et pour les décennies qui suivirent, les moudjahidine constituaient l’unique force dotée de la légitimité nécessaire pour influer sur le cours de l’histoire de l’Algérie indépendante. Elle en avait aussi la vocation. Or, la période postindépendance, faite d’“années de plomb, de décennies noires”, de “démocratie rentière” et autres “spécificités” nationales, n’est pas jalonnée d’objections contre les infidélités faites au projet révolutionnaire et aux sacrifices qu’il a coûtés. La falsification de l’Histoire est inhérente à la dérive putschiste du mouvement de libération.
    Le silence de compromis et de confort en a tenté plus d’un. Or, en matière de mémoire, le silence est aussi coupable que le mensonge, parce que le premier permet au second de prétendre au statut de vérité, faute de contradiction.
    L’État postcolonial, organisé sur la répression et autour de l’allocation autoritaire de la rente, ne souffre aucune concurrence à son discours. Le pouvoir y est total et a besoin d’un discours unique qui soutient l’imposture politique ; celle-ci est ainsi préservée de toute remise en cause. Beaucoup de forces “mémorielles”, loin de s’opposer à la stratégie totalitaire, préférèrent, au mieux, s’adapter, ou, au pire, s’intégrer au système rentier et répressif. Ce qui équivaut, mécaniquement, à un consentement pour une production clanique de “la vérité”.
    Ce faisant, elles se réfugièrent, sous le couvert d’organisation “mémorielle”, dans des fonctions de “défense d’intérêts” aussi corporatiste du terme. Si la question des faux moudjahidine est posée, l’ONM, au lieu de la traiter, se solidarise automatiquement avec elle-même et proclame cette question, comme d’autres, taboue.
    Avec tout le temps que la rente a fait perdre à la vérité, faut-il encore s’étonner que les tardifs récits qui en seront faits courent malheureusement le risque d’être souvent approximatifs ?

  • baghaloun kabiroun

    Daho Ould Kablia l’a déclaré hier

     

    “Le marché noir de la devise ne nous dérange pas”

    Par : Souhila HAMMADI

    Le ministre de l’Intérieur a reconnu que les prochaines élections locales ne captent pas l’intérêt des électeurs ni de la classe politique. Selon lui, un taux de participation de l’ordre de 40 à 45% serait correct.

    Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a animé, hier au Palais des nations, à l’issue de la rencontre avec les cadres de l’administration locale, sa deuxième conférence de presse en moins d’une semaine. S’il n’a éludé, cette fois-ci, aucune question, le débat a porté naturellement sur l’actualité dont la volonté de l’État de venir à bout du commerce au noir avant le mois du Ramadhan 2013. Il s’agissait alors de savoir si cette guerre contre l’informel sera élargie au marché parallèle de la devise étrangère. “Il est facile d’éradiquer le marché noir de la devise en une seule journée. Mais le citoyen y trouve son compte tant qu’il n’existe pas de bureaux de change”, a répondu Daho Ould Kablia. “C’est une activité illégale, certes, mais je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’elle soit éradiquée ou qu’elle soit maintenue. C’est un problème mineur”, a-t-il poursuivi, assurant que ceux qui activent dans cette filière “sont identifiés et peuvent prémunir contre la fausse monnaie”.
    Au chapitre des élections locales du 29 novembre prochain, le ministre de l’Intérieur a reconnu que ce rendez-vous ne capte pas l’intérêt des électeurs ni de la classe politique. Selon lui, un taux de participation de l’ordre de 40 à 45% serait correct.
    Il a révélé aussi que plus de la moitié des formations politiques en lice pour des sièges dans les Assemblées communales, a déposé moins de 50 listes électorales. “Certains partis politiques participent avec deux ou trois listes. C’est symbolique”, a-t-il commenté. “On dit que Ould Kablia est un producteur industriel de partis politiques. Je ne produis rien. J’applique la loi”, s’est-il défendu. Sur la fiabilité du fichier électoral, le ministre a indiqué que les services de son département font, chaque année, un toilettage des listes. “C’est extrêmement difficile car qui dit 20 millions d’électeurs dit nécessité de mener 20 millions d’enquêtes. Nous règlerons ce problème quand nous aurons un fichier électoral uniforme, établi sur la base de supports électroniques”. Interpellé sur les inscriptions collectives des militaires sur les listes électorales, il a invoqué la loi organique portant régime électoral qui autorise cette démarche pour tous les corps constitués. “Ceux qui sont contre les inscriptions collectives sont les partis politiques pour lesquels les militaires ne votent pas pour leurs accointances avec des groupes qu’ils ont combattus”, a-t-il déclaré tout de go.
    M. Ould Kablia a expliqué que la délivrance de passeports biométriques, qui sera généralisée au plus tard le 25 novembre 2015, est “liée à la mise en place des plates-formes techniques et des équipements appropriés. Jusqu’à présent, les circonscriptions administratives de la capitale en sont dotées, ainsi que deux daïras par wilaya”. Il a indiqué que sur 221 108 demandes de passeport biométrique introduites, 2 800 ont reçu un avis défavorable et 205 288 ont été agréées. Plus de 189 200 documents de voyage normalisés ont été déjà délivrés tandis que 13 017 sont en cours de traitement.

     


    S H

     

  • FACE AU CHAOS SYRIEN : L'EFFONDREMENT DE LA CONSCIENCE POLITIQUE ARABE

     

     

    Khaled Satour, 17 août 2012
    http://contredit.blogspot.fr/2012/08/face-au-chaos-syrien.html

     

    Cela fait des mois que je m'intéresse à la position prise par l'intelligentsia arabe et particulièrement syrienne à propos des événements de Syrie. Sur une vidéo mise en circulation sur Internet, j'ai entendu l'un des plus illustres opposants à Bachar El Assad, Michel Kilo, déclarer que les intellectuels syriens étaient "pour la révolution". Ce que mes propres observations tendent à confirmer car j'ai suivi avec toute la constance possible, à travers la presse arabe où ils s'expriment le plus volontiers, leurs prises de position et leurs analyses. Il m'est arrivé d'en conclure que, si la parole qu'ils exprimaient et leur conception de l'opposition au régime de Damas qu'ils préconisaient avaient la pertinence patriotique qu'ils leur attribuaient, c'est que j'étais démuni de certaines composantes du logiciel politique approprié, qu'eux-mêmes n'ont pas manqué, tous, de recevoir en partage. J'ai aussi parfois mis mon incapacité à comprendre sur le compte de la complexité des données de cette région du monde arabe où s'entremêlent tant d'intérêts et d'influences.
    Mais j'ai résolu pour finir de risquer un certain nombre d'observations. Car la situation est telle que la seule vérité indiscutable est que la Syrie, peuple, nation et Etat – et pas seulement le régime qui la gouverne de moins en moins – fait l'objet d'une agression étrangère multiforme destinée à l'anéantir. Cette agression ne diffère de l'entreprise lancée en 2003 contre l'Irak et en 2011 contre la Libye que par deux faux-semblants : la préexistence d'une prétendue révolution populaire pacifique qui aurait duré un an et l'échec fait à une intervention militaire de l'OTAN.

     

    UNE VERITABLE INVASION MILITAIRE

     

    Jusqu'au tournant de l'année en cours, des manifestations civiles, dont l'ampleur a sans doute été exagérée, brouillaient le jugement en imposant, grâce à une information sélective puissamment relayée, la vision d'un soulèvement populaire généralisé réprimé violemment. Le discours de l'opposition et des intellectuels pouvait alors avoir un semblant de justification. Mais qu'en est-il aujourd'hui? La guerre s'est étendue et les données relatives à l'identité des forces qui combattent l'armée régulière ne sont plus contestées :
    - Depuis le début du mois d'août, on a appris qu'Obama avait ordonné aux services secrets américains d'apporter toute leur aide aux insurgés et des sources britanniques ont confirmé que les forces spéciales américaines et britanniques se trouvaient sur le terrain pour appuyer l'armée syrienne libre qui serait la principale force engagée dans les combats. Avec le déclenchement de la bataille d'Alep, le nord du pays est ouvert à l'infiltration massive de groupes armés encouragée par la Turquie qui multiplie les manœuvres militaires agressives à la frontière. Dans le même temps, des forces armées occidentales affichent leur présence menaçante en Jordanie depuis mai dernier lorsque les Etats-Unis ont organisé des manœuvres avec l'armée du royaume.
    - Auparavant, en juillet, alors que les pires scénarios de partition du pays étaient évoqués, deux thèmes avaient été mis en avant d'une manière concomitante qui peuvent à tout moment servir de prétexte à une intervention militaire ouverte : l'entrée massive de combattants d'Al Qaéda en Syrie et le sort des armes chimiques détenus par le régime. Le journal El Quds El Arabi du 22 juillet n'excluait pas que les Etats occidentaux et/ou Israël envisagent une action militaire pour empêcher les groupes djihadistes (ou encore le Hezbollah) de s'emparer des "armes de destruction massive".
    Ces groupes étaient présentés contre toute vraisemblance comme une tierce partie au conflit, des intrus qui se seraient librement invités à la curée. En somme des ennemis de l'Occident et d'Israël, avant tout! En mai dernier, le secrétaire américain à la Défense s'alarmait de ce que les attentats de Damas "portaient l'empreinte d'Al Qaéda", ajoutant que l'organisation tirait profit du chaos qui régnait dans le pays. Le journal El Quds précisait dans son édition des 21/22 juillet que 6000 combattants de l'organisation, de différentes nationalités arabes, étaient entrés dans le pays, par la Turquie et l'Irak, pour s'assurer le contrôle de l'"Emirat de Syrie". Des informations concordantes, validées par les experts de la désinformation occidentaux eux-mêmes et notamment français, laissaient entendre que l'armée syrienne libre, pour l'essentiel cantonnée en Turquie, n'était qu'un figurant dans les combats.
    On choisit ainsi par moments de mettre en avant la présence d'Al Qaéda qui n'est pas douteuse à condition bien sûr de comprendre qu'on étiquette sous ce label quelque peu anachronique les cohortes de djihadistes formées et commandées par les Etats du Golfe, sous la supervision des Etats occidentaux, celles-là mêmes qui ont dévasté l'Irak et le Yémen pendant des années, abattu le régime de Kadhafi, avec le concours de l'OTAN, en attendant de mettre le Sahel et peut-être le Maghreb à feu et à sang.
    - Cette infiltration de mercenaires n'a d'ailleurs pas commencé en cet été 2012. Elle remonte à l'année dernière mais les organes de la désinformation refusaient alors de reconnaître la guerre d'envergure menée contre le régime[1].
    Des affrontements sans merci avaient alors lieu, dont les populations civiles étaient massivement victimes. Ce fut le cas notamment à Homs[2].
    Avant que le journal britannique The Guardian ne confirme en janvier l’existence d’un soutien militaire extérieur, en particulier américain, à l’insurrection syrienne[3], son homologue, le Daily Telegraph, avait révélé que le chef du conseil militaire libyen à Tripoli, Abdelhakim Belhadj, avait été dépêché par le conseil national de transition en Turquie où il avait discuté avec les chefs de l’ "armée syrienne libre" de "l’envoi de combattants libyens pour entraîner ses soldats"[4].
    Cela fait à ce jour plusieurs mois que la « révolution » syrienne a opéré sa jonction militaire avec les acteurs de l’insurrection libyenne et leur encadrement arabe et occidental.

     

    UNE "REVOLUTION" PRIVEE DE DIRECTION POLITIQUE?

     

    Il faudrait donc en bonne logique requalifier les faits qui se déroulent en Syrie. Si jamais une révolution populaire a bel et bien commencé dans ce pays en mars 2011, qu'en reste-t-il à l'heure des combats menés par des djihadistes de tous poils, par les groupes qu'ont acheminés de Libye et d'ailleurs les monarchies du Golfe, par les services secrets et les forces spéciales occidentales? Et c'est de l'opposition et de l'intelligentsia syriennes que devrait venir une réponse. Peuvent-elles persister à ne se définir que comme l'opposition au régime, au mépris de leur devoir patriotique? Pour les branches qui refusaient l'ingérence militaire, la priorité n'est-elle pas aujourd'hui de dire non à l'invasion armée étrangère qui, pour n'avoir pu se matérialiser sous la forme de bombardements de l'OTAN, n'en menace pas moins l'existence souveraine et unie du pays? Force est de constater que non : l'opposition continue à conceptualiser par une démarche voulue unitaire une transition illusoire dont les données et les perspectives lui échappent totalement.
    Le Syrien Ammar Dioub, dont j'ai lu plusieurs articles publiés depuis le début de la crise, faisait le 13 juillet dernier l'observation suivante à propos des multiples rencontres organisées par l'opposition depuis plusieurs mois :

     

    Ces conférences ont manqué à leur unique justification: la détermination précise des objectifs de la révolution (…) Et de ce fait, la révolution était et demeure orpheline d'une opposition véritable qui la représente[5].

     

    Ce simple constat, qui attriste l'auteur en sa qualité d'adepte de la dite "révolution", résume l'irréductible contradiction qui fait de l'attitude de cette opposition (mais aussi de l'écrasante majorité de l'intelligentsia syrienne), plus qu'une énigme, un véritable défi à la raison. Voilà une révolution, dénommée et labellisée d'emblée comme telle qui n'aurait jamais eu de direction politique (dans le double sens de l'expression). Ce constat est fait aujourd'hui, alors que ce sont des insurgés en armes qui combattent le régime. Mais il vaut pour les longs mois durant lesquels on nous représentait la scène syrienne comme le théâtre de manifestations populaires pacifiques.
    Il suppose que soient vérifiées deux hypothèses :
    - D'une part que la mutation du conflit soit dans l'ordre des choses : depuis mars 2011, coulerait sans interruption le fleuve d'une seule et même révolution, recueillant après une période de protestations civiles les affluents de violences armées qui ont gonflé son cours démesurément mais sans jamais lui faire quitter son lit.
    - Et, d'autre part, que les groupes armées aient légitimement pris le relais du peuple pacifiquement révolté, dans une continuité révolutionnaire qui ne s'est pas démentie, sans qu'une direction politique n'ait jamais rien supervisé, sans qu'elle n'ait mis au point cette "détermination précise des objectifs" dont l'auteur déplore l'absence.
    Or, l'examen des prodromes "civils" de la confrontation armée suggère que la violence y était contenue en germe.
    Car, si l’on considère que la seule alternative à une généralisation de la violence était l’option politique, force est de constater que celle-ci était exclue du fait même de la nature de l’insurrection à son déclenchement. La contestation a été conçue de telle sorte qu'elle ne laisse aucune marge d'initiative à la politique et il n'est pas fortuit qu'on l'ait déclenchée à l’insu et à la surprise des nombreuses forces d’opposition existantes[6], même si certaines en ont revendiqué la représentation a posteriori. Le phénomène est d'autant plus édifiant qu'il est commun aux principales « révolutions » arabes. On peut le dégager de certaines des nombreuses analyses publiées par des familiers de la scène syrienne.

     

    UNE DONNEE DE BASE : L'INCONNU

     

    Mais il faut d'abord réfuter la principale explication de la genèse du soulèvement qui se fonde sur les faits déclencheurs les plus immédiats et fait l'objet d'un consensus très large. Elle évoque des événements que le journal El Quds El Arabi avait rapportés le 24 mars 2011 comme suit :

     

    L’étincelle de l’intifada syrienne est partie de la ville de Deraâ lorsque les forces de sécurité syrienne ont emprisonné un groupe d’enfants âgés d’une dizaine d’années qui avaient écrit des graffitis demandant la chute du régime et il n’est pas improbable que se déclenche une révolution qui s’étendra aux villes, aux villages et aux campagnes syriennes à cause des pratiques répressives des forces de sécurité syriennes.[7]

     

    Le problème « factuel » que pose une telle interprétation est qu’il est pratiquement impossible d’établir la date exacte de l’arrestation de ces enfants (dont le nombre varie selon les sources de 15 à 25). Dans les chronologies établies par la presse internationale, on mentionne ces faits sans en spécifier la date, certains médias s’accordant cependant à les dater du 13 mars, c’est-à-dire quelques jours avant les premières manifestations de Deraâ du 17 mars (El Qods du 24 mars 2011).
    En fait, ils n’ont pas été rapportés dans leur actualité, El Qods les ayant mentionnés la première fois le 11 mars 2011 parmi les « histoires et récits » dont les « sites regorgent » en citant le site syrian.net qui avait fait état « d’une vaste campagne d’arrestations dans la province de Deraâ qui a visé il y a quelques jours 25 enfants de la 4e Année primaire qui avaient scandé à l’école le mot d’ordre : Le peuple veut la chute du régime ». On en conclut que ces arrestations sont présumées avoir eu lieu avant le 10 mars, à une date indéterminée, alors même que les appels lancés sur Facebook pour la « révolution contre le régime d’El Assad » fixée au 15 mars étaient apparus dès le 5 mars sans référence aux écoliers de Deraâ et avec déjà pour mot d’ordre « la chute du régime » (El Qods du 7 mars 2011[8]).
    S'agissant maintenant des organisations qui ont vu le jour pour représenter la "révolution", certaines ont revendiqué un lien organique constitué avec les "coordinations" qui ont occupé le terrain à partir de mars 2011. Mais, comme le soulignait l’écrivain syrien Mohamed Dibou dans un article paru le 13 octobre, rien n'obligeait à les croire[9] :

     

    Des interrogations sérieuses sont soulevées par les coordinations (qui constituent la force qui pèse le plus dans l’opposition), la modalité de leur représentation et la question de savoir de quelle organisation elles sont proches. En effet, le comité de coordination et le conseil national annoncent, chacun pour son compte, qu’ils sont en contact avec les coordinations qui auraient adopté leur programme. Mais qui croire ? D’autant que les coordinations ne sont pas en mesure, à ce jour, de s’exprimer publiquement et qu’elles ne sont pas unifiées, à quoi il faut ajouter qu’on ne sait pas lesquelles d’entre elles représentent effectivement la rue et lesquelles ont rejoint l’action. Il y a des petits quartiers qui se trouvent avoir bien plus qu’une seule coordination !

     

    Il est clairement constaté ici que, si les forces politiques qui étaient à l’œuvre avant l’insurrection ont été prises de court, c'est parce que les initiateurs du mouvement sur le terrain étaient de nouveaux venus à l’action politique. Les formations nouvelles, créées dans le sillage des événements, se sont mises à la remorque des nouveaux venus alors même que rien ne permettait d'identifier ces derniers de façon certaine. C'est à l'irruption d'une forme d'activisme inédit que l'on assistait. Les coordinations locales paraissaient donner l'mpulsion mais c’est à la rue que le dernier mot revenait.
    Se dessinait ainsi une organisation « révolutionnaire » à trois étages, la rue, les coordinations locales et les structures politiques, dans laquelle la prééminence qui commandait la prise de décision était l’envers exact de ce qu’enseigne l’histoire des révolutions. La hiérarchie de la décision privilégiait dans cette triade le nombre et l'anonymat, de telle sorte que le dernier mot revenait à la rue. Et c’est sans doute parce que cette dernière donnée était embarrassante qu’on a proclamé que la rue était le peuple, sans autre forme de procès. De ce fait, on tenait la révolution populaire tant rêvée! Cependant, il en est qui ont relevé ce que cette situation avait pour le moins d’insolite. Ainsi une autre Syrienne, Khawla Dounia, qui notait le 22 septembre 2011 les observations suivantes :

     

    Un de mes amis a dit que la révolution exerçait une sorte de terrorisme intellectuel sur tout opposant et intellectuel car il ne peut ignorer la rue et ses demandes chaque fois qu’il désire exposer une opinion sur ce qui se passe ou sa vision d’une solution. Il se sent tenu par les slogans et les réactions de la rue, de peur d’être traité de traître[10], d’abord, et d’essuyer un refus, ensuite. Il y a une sorte de flagornerie chez certains qui reprennent les mots d’ordre de la rue tels quels sans les soumettre à l’analyse intellectuelle ou politique pour les rendre propres à l’application ou à la discussion (…) Il semble que ces opposants et intellectuels ont peur que soient tenus pour nuls et non avenus tous les sacrifices qu’ils ont consentis (de longues années de prison, l’exil, la privation des droits) du seul fait qu’ils expriment leurs convictions [11].

     

    L'adhésion des intellectuels à la révolution, telle que constatée par Michel Kilo, a-t-elle été si librement choisie? Ce qui était énoncé ici sur un mode quelque peu anecdotique confirmait la suprématie de la rue (cette fameuse "rue arabe", si longtemps traitée en ersatz d'opinion publique!) ainsi que l'invisibilité d’un encadrement opérationnel de son activisme qui renseigne sur l'identité politique (ou au moins sociale) du soulèvement. La rue, anonyme, est la révolution. Cette affirmation ne s'est jamais démentie en dépit de son invraisemblance car, si l’on considère la continuité et la cohérence des actions de protestation menées depuis mars 2011 et la parfaite logistique qui a accompagné les manifestations[12], toute cette entreprise avait forcément des cadres clandestins d’organisation et de programmation opérationnelle sur lesquels toute interrogation a aussitôt été condamnée comme hérétique. Elle avait aussi ses symboles forts, tels que le "drapeau de l'indépendance" substitué au drapeau de l'Etat et que l'on a rapidement vu exhibé à travers tout le pays comme ce fut le cas en Libye.
    Si structuré que fût l'activisme de la "rue", on s'est rapidement préoccupé de son infirmité politique et s'est posée la question de savoir si l’opposition organisée pouvait lui faire l'apport d'un programme. Dans la mesure où plusieurs formations (qui devaient vite se regrouper dans deux structures dominantes, le CNS et le CCND[13]) se sont mises en compétition pour assumer cette tâche, laquelle serait reconnue légitime pour le faire? La difficulté venait de ce que, contrairement à ce qu'ont clamé plusieurs courants marxistes de Syrie et d'ailleurs, la revendication sociale n’était plus audible parce que les mots d’ordre de la rue se sont très vite refermés sur la revendication de la chute du régime (doublée ensuite pendant des mois de celle de l’intervention étrangère). L'opposition requise pour porter le combat de la rue sur le plan politique était de ce fait aussi indifférenciée que paraissait l'être le mouvement de contestation. Libéraux, nationalistes, marxistes, frères musulmans, salafistes, toutes les tendances étaient parties prenantes.
    La légitimité ne semblait devoir se juger qu’à l’aune de la revendication centrale (abattre le régime), à l’exclusion de toute autre considération relative à un programme politique, à un projet social. La "rue" avait imposé sa loi d'airain : la fidélité à la révolution ou la trahison se mesurait, comme nous venons de le relever, à l'aune du seul rapport à l’activisme. Un autre auteur syrien écrivait à ce propos dans un article du 28 octobre 2011 :

     

    Toutes (les révolutions arabes) ont en commun deux caractères essentiels. Le premier c’est d’avoir été initiées par le peuple sans qu’aucun parti ni aucune structure ne l’ait mis en mouvement. Le peuple a pris de vitesse toutes les forces et partis quelle que soit leur appartenance idéologique, il s’est substitué à eux pour mettre la rue en mouvement et diriger son action spontanément, affirmant sa détermination à réaliser un seul but : la chute du régime. Le second caractère est que ces révolutions sont privées de toute conceptualisation préalable de ce qu’elles aspirent à réaliser après leur victoire … Il était clair pour tous que l’objectif général qui rassemble l’indépendant, l’islamiste, le communiste, le nationaliste, etc., se limitait à cet objectif principal annoncé sans précision autre (c’est-à-dire la chute du régime, NDRL)[14].

     

    C'est la négation même de la révolution car aucun espace n'était dédié à l’élaboration d’un programme politique, d’un projet de société. La légitimité était d’un type nouveau qu’on pourrait désigner comme une légitimité subversive accordant la prime à l’activisme. Sur cette question, le Syrien Addi Zaâbi écrivait le 29 décembre 2011 dans El Qods :

     

    Il reste en définitive la légitimité que peut se donner l’opposition par sa capacité à influer sur la révolution. Là, le rôle de l’opposition sera secondaire. Le rôle essentiel dans le changement demeure exclusivement entre les mains des jeunes sur le terrain. Il sera peut-être difficile d’évaluer le rôle du conseil (national syrien) et du comité (de coordination) dans la conduite de la révolution. Bien sûr, la révolution a commencé en dehors de l’opposition traditionnelle. Mais, après la formation du conseil, se faire une opinion sur le rôle qu’il joue devient pratiquement impossible du fait des exigences de secret qui commandent le travail de terrain. Dans tous les cas, il apparaît que ce rôle n’est guère important (…) Quoi qu’il en soit, les choses sont claires : les coordinations de l’intérieur, dans leur diversité, accorderont la légitimité à l’une des instances … La priorité est de renforcer les actions sur le terrain. Le moteur essentiel des événements sur le terrain, ce sont les jeunes et les coordinations. Ceux-là n’ont pas besoin de légitimité. Ce sont eux qui octroient la légitimité aux entités politiques[15].

     

    Peut-on être plus clair ? L’auteur de l’article, qui paraît bien au fait des rapports de force, confirmait ce que pareille « révolution » avait d’inédit : la prééminence absolue de structures secrètes composées d’anonymes faisant leurs premières armes dans l’action ! Et le secret de l’initiative « sur le terrain » empêcherait même d’impliquer les organisations politiques (en particulier le conseil national qui semble avoir la préférence de notre auteur) dans les décisions à prendre. De toutes façons, n’est-il pas affirmé que le rôle de l’opposition sera secondaire, ce qui se confirme aujourd'hui comme l'expression euphémique de la vérité ? Surtout, il y a cette conclusion qui donne froid dans le dos : les jeunes et leurs coordinations sont la source absolue de toute légitimité. Voilà qui met en évidence la donnée de base de cette révolution, et dans une large mesure de ses devancières arabes. Cette donnée se résume en un mot : l’inconnu. Des initiateurs inconnus, des acteurs opérationnels inconnus, une destination inconnue.
    Il n’est dès lors pas étonnant que la légitimité définie selon ces canons de l’activisme sur le terrain ne puisse être déléguée qu’à l’instance politique qui en serait le simple prolongement à l’extérieur car, si le régime est déstabilisé par l’action locale, il ne peut être abattu, du fait du vide politique inhérent au mouvement, que grâce aux coups de boutoir qui lui seront portés au plan international. Cette révolution n'était pas en quête d'une direction politique mais d'un agent qui servirait à la "communauté internationale" de levier pour une intervention militaire. L'entreprise était ainsi vouée d'entrée de jeu à finir dans l'ingérence.

     

    L'AGONIE BRUYANTE DES CONSCIENCES

     

    Quelle est alors cette opposition, constamment absente de son poste comme le déplore Ammar Dioub, en retrait de sa mission historique supposée, mais qui ne doute jamais de sa qualité d'accoucheuse de l'avenir? C'est cette question qu'il faut poser et plus particulièrement aujourd'hui avec la généralisation de la violence.
    Dernièrement, sur quelle comète a-t-elle donc voulu tirer des plans lors de la conférence du Caire tenue au début de juillet? Au cours d'une rencontre préparatoire à cette conférence, l'opposition avait mis au point le 6 juin deux documents : un pacte national et un plan pour la période de transition. Mais dans le même temps, un projet intitulé "Le jour d'après" sortait des laboratoires de deux organisations occidentales, sous étroite tutelle étatique, l'institut américain pour la paix (USIP) et l'institut allemand des affaires internationales et de la sécurité (SWP), aussitôt adopté, contre la parole donnée aux autres organisations d'opposition, par le conseil national syrien (CNS).
    Ce qui soulève à deux niveaux une même interrogation sur les initiatives de l'opposition syrienne :
    - D'abord, parmi les organisations représentées, quel intérêt des organisations telles que la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), implantée sur le territoire syrien, et le comité de coordination pour le changement national et démocratique, dirigé (théoriquement) de l'intérieur, prétendant tous deux s'opposer à l'intervention étrangère (qui n'a désormais plus rien de virtuel!), trouvent-elles à rencontrer avec une telle constance le CNS qui n'a jamais été que l'outil de l'intervention militaire étrangère[16]?
    - Ensuite et surtout, comment cette opposition pourrait-elle élaborer le projet d'une république civile et démocratique, garantissant l'unité du peuple, l'égalité totale dans la citoyenneté et les libertés publiques individuelles et collectives, selon les termes du projet de pacte national, alors même qu'elle a été et demeure exclue du processus qui est en train d'abattre le régime et d'anéantir le pays, les insurgés ayant entrepris de détruire les pipe-lines, les dépôts de gaz, les stations hydrauliques, les silos à blé, de couper les lignes de communications, de faire sauter les trains[17]. A défaut d'une maîtrise organiquement établie des groupes armés qui combattent le régime, cette opposition est réduite à une impuissance que le discours incantatoire ne peut plus dissimuler.
    Toutes ces organisations n'ont jamais été en mesure, ni unies ni prises séparément, de constituer la superstructure politique de la pseudo révolution syrienne. La direction politique d'une révolution suppose la mainmise sur les forces combattantes, lorsque la révolution est violente; elle suppose le choix de la stratégie militaire pour les troupes qu'elle commande et, comme c'est toujours le cas dans une entreprise révolutionnaire qui vise une victoire politique, la latitude de négocier une issue pour la réalisation de ses objectifs, qu'elle doit avoir définis. Ce sont autant de portes que lui ferment violemment au nez les hordes de combattants étrangers, nombreuses et disparates, qui mènent la guerre sous la conduite d'Etats étrangers et conformément à leurs objectifs. Les frontières du pays sont ouvertes à tout vent, la souveraineté nationale est mise à mal tout autant que le régime : elle sera réduite à néant aussi complètement que ce dernier sera mis à bas. Restera-t-il seulement, au terme de ce processus, assez de la Syrie, de la patrie, pour que quiconque puisse rêver d'en faire une république démocratique?
    Tout indique en définitive que, nonobstant la sophistication du discours de certains de ses représentants, l'opposition n'est, à son insu pour une part de ses composantes, et, en toute conscience pour l'autre, que la complice d'une entreprise de démantèlement de son propre pays.
    Dès lors, une constatation grave mais élémentaire s'impose : il faut que se soit produit un effondrement aussi soudain que total de leur conscience morale et politique pour que des intellectuels de gauche syriens, des opposants aux convictions anti-impérialistes affirmées, à la fibre patriotique éprouvée, s'engagent dans le soutien, plus ou moins conditionné, à l'entreprise obscure lancée sur le terrain en mars 2011 par des groupes insurrectionnels quasiment non-identifiés, de toute évidence préparés et manipulés, aux fins d'abattre le régime de Bachar El Assad; pour que, la réalité du processus se dévoilant aujourd'hui dans l'attaque généralisée contre le pays et non seulement contre le régime, ils persistent dans leur position.
    Tous ces théoriciens bavards, qui n'en finissent pas de se disputer les pages de la presse arabe pour faire allégeance à la "révolution", n'ont-ils pas vu venir, à la suite de la pseudo résistance pacifique du "peuple", l'inéluctable vague qui dévaste le pays en cet été 2012 : celle des légions de combattants surarmés, débarqués des avions de l'OTAN et infiltrés de Turquie, du Liban, de Jordanie, financés ouvertement par les Etats du Golfe, coordonnés dans leur action meurtrière par les logistiques occidentales?
    N'avaient-ils pas eu le loisir de méditer le sort réservé à la Libye dont il est désormais reconnu que, outre les intenses bombardements de l'OTAN, ce sont des commandos internationaux de criminels sous les ordres des services spéciaux du Golfe et de l'Occident qui ont livré les batailles les plus décisives aux troupes de Kadhafi avant de procéder au lynchage public en mondovision de ce dernier[18]?
    Que valent les professions de foi démocratiques de ces élites face à l'évidence de la falsification? En Syrie, comme en Libye, quelle démocratie pourra bien naître, à la suite du régime dictatorial, du chaos de tant d'appétits conjugués?
    Il est sans doute vrai que la catastrophique longévité des dictatures arabes était faite pour exaspérer, pour désespérer, qu'elle a fini par nourrir une véritable obsession de la délivrance. Mais cette exaspération, cette obsession, ont tardé à provoquer, pour abattre ces régimes, une authentique entreprise de libération forgée par la volonté des peuples, et n'auront été, pour finir, que des paramètres parmi d'autres, des ingrédients de propagande, entrant dans l'élaboration à froid d'une stratégie à visée géopolitique dont l'objectif est de démembrer violemment des nations et des sociétés pour leur retirer toute influence sur leur environnement régional.
    Que la toute-puissance impériale prétende décider de la vie ou de la mort des régimes, prolongeant ou abrégeant dictatures et démocraties, au gré de ses seuls calculs, n'est pas nouveau. La preuve en a été administrée sur tous les continents. Mais c'est bien la première fois qu'elle opère dans le silence et – s'agissant des élites arabes – l'agonie bruyante des consciences.
    Telle est la force sidérante du leurre démocratique qu'il a conduit de vastes secteurs de l'intelligentsia arabe, quelles que puissent être leurs dénégations, à faire objectivement cause commune avec les monarchies du Golfe et leurs émules (dont les moins virulents ne sont pas les nouveaux régimes tunisien et libyen), les appareils politiques et médiatiques occidentaux, le fidèle vassal turc, les plus revanchards d'entre les ultras libanais, et quelques oiseaux de proie de l'acabit de Bernard-Henry Lévy.
    C'est dire que la conscience politique et morale des élites arabes se meurt dans le déshonneur.

     

    Deux illustrations en guise d'additif :

     

    1. "TOUT RESTE OUVERT …"
    Si je devais rapprocher les deux opinions qui m'ont paru, au cours de ces longs mois de "révolutions arabes", représenter la meilleure confrontation du sens et du non-sens, je choisirais d'une part une phrase lapidaire, en forme d'interjection, lancée par le poète syrien Adonis et, d'autre part, un extrait du livre publié l'an dernier par Tarik Ramadan.
    Je commence par ce dernier. Dans son ouvrage consacré aux "révolutions" arabes, il ne manque pas de s'attarder sur les éléments de fait qui attestent que les "révolutions" arabes ont été préparées et financées de l'étranger – ce genre d'éléments que la propagande a su réduire à des données incidentes, quasi anecdotiques, chaque fois qu'elle n'a pas pu les occulter. Après avoir exposé avec force détails les informations qui attestent le financement des programmes de formation et de développement des réseaux organisés de blogueurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient mis au point par les Etats-Unis et certains Etats européens, "les faits, parfois troublants, relatifs aux formations et aux ingérences politiques et militaires", sans oublier "le rôle joué par des compagnies du secteur privé telles que Google, Yahoo, Facebook ou Twitter", Ramadan limite son jugement final à la pirouette suivante, dosage savant de lucidité et de légèreté qu'on ne peut qualifier autrement que de cynique :

     

    Tout reste ouvert. Encore faut-il que les sociétés civiles et les citoyens s'engagent à penser des projets de société à partir de leur histoire, de leur mémoire, de leurs références, de leurs valeurs et de leurs espoirs. A terme, il leur appartient de reprendre possession du sens de leur révolte, quand bien même ils n'en auraient pas été les seuls instigateurs, penseurs et agents[19]".

     

    Quant à Adonis (dont je précise que je suis habituellement loin de partager les vues), il s'est contenté, voyant venir en février dernier l'intervention étrangère en Syrie, de cette exclamation (en forme d'interrogation valant l'affirmation d'une position) : « Comment peut-on poser les fondements d’un Etat avec l’aide de ceux-là mêmes qui ont colonisé ce pays[20]?
    Ce sont deux attitudes, qui, outre la différence de leurs formes d'expression, traduisent deux rapports opposés à la vérité établie des faits. Ramadan constate que les peuples arabes ne sont pas les seuls "instigateurs, penseurs et agents" de "leur" révolte mais qu'"il leur appartient d'en reprendre possession" et partant "tout reste ouvert". "A terme". Autrement dit, ils n'en ont pas encore, à l'heure où il écrit ces lignes, "repris possession" mais elle est déjà "leur" pour cette seule raison que "tout reste ouvert".
    La belle affaire! Qui peut contester que tout reste ouvert en toutes circonstances? Tout était resté ouvert pour les peuples colonisés au moment même où le colonisateur prenait possession de leurs pays, de leurs richesses et de leurs vies. A quel sophisme ne faut-il pas recourir lorsqu'on veut à tout prix considérer que l'ingérence étrangère est à terme un bienfait, une ouverture!
    Adonis, pour sa part, semble imprégné d'une toute autre sorte de perspective historique : il n'aperçoit pas d'ouverture à terme mais la fermeture tout de suite lui saute aux yeux. Pire : un retour en arrière, la reproduction régressive d'un cycle qu'il définit par un raccourci pertinent comme colonial. Pour être rudimentaire, son raisonnement sous-jacent n'en est que plus approprié à l'interprétation d'un fait aussi univoque que l'ingérence étrangère, alors que Ramadan, enferré dans son parti pris dialectique, doit faire recours, en guise d'abstractions savantes, à un jargon vide de sens (mémoire, références, valeurs, espoirs).
    Lorsque le même fait (ou comme ici deux faits matérialisant la même réalité : l'ingérence étrangère) est tenu pour vrai dans deux perspectives d'analyses aussi antagonistes, c'est-à-dire d'un côté pour en tirer les conséquences qui s'imposent et de l'autre pour tenter d'en minimiser le sens, on a toujours pour résultats un positionnement limpide et un raisonnement tortueux.
    Mais cette situation est l'exception car, en général, les divergences profondes se construisent sur des élaborations factuelles nettement différenciées. La bataille en vue d'imposer une certaine vérité des faits est en effet essentielle, sinon pourquoi la désinformation serait-elle devenue l'arme absolue dans les conflits? Cela étant, il est capital de comprendre que les protagonistes du débat les plus engagés, les plus impliqués dans la confrontation des opinions, pour ne rien dire des appareils politico-médiatiques qui sont au service des Etats et ne connaissent de vérité qu'instrumentale, élaborent une représentation des conflits assez nettement affranchie des faits. Ils sont en effet conscients que la vérité des faits est trop nuancée pour soutenir les positions tranchées, qu'elle est un handicap dans la confrontation (souvent la guerre) en cours. C'est que l’espace politique est un lieu de positionnement où se déroulent des stratégies et se défendent des intérêts. C’est un lieu d’action où les vérités affirmées sont en compétition en vue de finalités et où leur manipulation est partie intégrante du jeu.
    Hannah Arendt considérait que, pour mériter le label de "diseur de vérité", il fallait prouver son "désintéressement" politique et pour cela « prendre pied hors du domaine politique » sous peine de voir sa parole corrompue. Mais tout cela n'est plus que spéculation anachronique qui supposerait que, hors de l'espace politique, il existerait un espace public où l'échange serait désintéressé. Cela est moins vrai aujourd'hui que jamais, l'espace politique partial et unilatéral s'étendant à tout. A chaque occasion qu'une entreprise de désinformation est lancée, à une échelle mondialisée comme il se doit, elle se constitue en espace politique globalisé qui ne cède aux opinions dissidentes que les périphéries d'Internet. Ramadan n'était tombé en dissidence que par accident. Il avait eu la maladresse, dans un premier temps, de mettre l'accent sur cette formation par l'Occident des cyber-résistants, s'aventurant inconsidérément sur un terrain indigne de l'homme d'influence qu'il prétend être. Les contorsions auxquelles il a dû par la suite se livrer dans son livre (et dont je n'ai cité qu'un échantillon) étaient le prix à payer pour réintégrer l'espace politique globalisé. Il ne s'est pas dédit. A peine renié[21].

     

    2. "MON TEMOIGNAGE POUR L'HISTOIRE"

     

    Abdelbari Atwane, directeur de la rédaction d'El Qods El Arabi, est un équilibriste d'une toute autre envergure que Tarik Ramadan. J'ai déjà analysé plusieurs de ses contributions sur les révolutions arabes dans un article précédent[22], Son éditorial de l'édition des 4-5 août 2012, intitulé "Parlez-nous de la Syrie d'après El Assad"[23], se conclut par une prise à témoins de la postérité qui confine au testament politique (c'est dire si le personnage prend sa parole au sérieux!) :

     

    Je soulève ces questions pour dégager ma responsabilité afin qu'un jeune chercheur puisse dire dans le futur que quelqu'un a écrit, averti et sonné l'alarme, que tous les Arabes n'étaient pas dans l'égarement, abusés les yeux ouverts par des plans conçus pour les diviser et les éparpiller. C'est mon témoignage pour l'histoire.

     

    Ce qui nous vaut cette solennité de ton, c'est l'analyse qu'il fait de la situation de la Syrie et du monde arabe en butte aux plans occidentaux, étayée de retours en arrière jusqu'à l'époque du démantèlement de l'empire ottoman et la trahison de la Grande- Bretagne manquant aux promesses faites aux Arabes, avec retour aux conspirations du présent dont l'inspirateur serait l'orientaliste Bernard Lewis qui a préconisé en 1979 un plan de "balkanisation" des Etats arabes actuellement en cours de réalisation. Rien donc que nous ne puissions entendre dans sa généralité. S'ensuit cette longue tirade qu'il est utile de rapporter avec toutes ses boursouflures :

     

    Je vis en Occident depuis 35 ans. J'ai étudié, enseigné et fait des conférences dans la plupart de ses universités. J'ai écrit dans ses journaux des articles sur le Proche-Orient. J'ai participé à des entretiens sur la plupart sinon la totalité de ses chaînes de télévision, sans parler des centaines de congrès et séminaires politiques. J'en ai retiré la conviction absolue qu'il n'y a pas de politiques improvisées, que les politiques et les guerres stratégiques sont conçues sur la base de l'action et de la planification maîtrisées et non sur la base de la réaction aux événements, que les experts occidentaux considèrent comme une vérité établie qu'il est facile de tromper les Arabes, d'exploiter leurs points faibles et de semer entre eux la division sur la base de l'appartenance religieuse et ethnique. Il suffit de relever que la principale faculté de l'université de Londres est l'école des études orientales et africaines, fondée dans le but d'étudier les tribus et ethnies arabes et préparer les gouvernants anglais aux colonies arabes (Souligné par nous).

     

    Je laisse à Atwane la responsabilité de cette rationalité infaillible qu'il attribue à l'Occident. Mais pour le reste, sous réserve de l'emphase du propos et de la nécessité qu'il y aurait à avoir vécu 35 ans en Europe pour être conscient de ces réalités (surtout lorsqu'on est Palestinien), je n'ai pas grand-chose à redire de ces affirmations. Le problème est que M. Atwane, nous ayant à peine fait vivre ce grand moment de vérité, s'empresse, à la manière de Tarik Ramadan, de réintégrer le giron de l'espace politique consensuel puisqu'il écrit :

     

    Les révolutions des peuples qui se sont soulevés contre la dictature et l'oppression étaient spontanées et légitimes pour la plupart mais l'Occident a tenté et tente de récupérer ces révolutions et de les exploiter dans son intérêt pour s'accaparer les richesses pétrolières, pour affaiblir les Arabes en général et (amoindrir) le danger qu'ils représentent pour Israël (Souligné par nous).

     

    Que veut laisser entendre Atwane quand il écrit que la plupart des révolutions arabes sont spontanées et légitimes? Laquelle ou lesquelles excepte-t-il, lui dont le journal les a toutes soutenues?
    Mais surtout comment peut-il concilier l'affirmation que l'Occident agit toujours par la préméditation et la planification sans jamais avoir à "réagir aux événements", d'une part, et son diagnostic sur les révolutions arabes, spontanées mais exploitées par l'Occident, d'autre part?
    Seule une troisième question mérite réponse et c'est la suivante : Faut-il chercher une réponse à ces deux premières questions? Et la réponse est non : M. Atwane témoigne pour l'histoire, faisons-lui grâce des vérités contingentes du présent.

     

    NOTES :

     

    [1] Jusqu'à la fin 2011, alors que des groupes d’insurgés livraient à l’armée de véritables batailles, lui disputant le contrôle de villes comme Zabadana et Douma ainsi que plusieurs quartiers de Homs, de Hama et d’autres villes, les médias occidentaux et du Golfe parlaient d'une guerre faite par le régime aux civils. Puis les violences se sont généralisées : on a annoncé des massacres inter-confessionnels et des enlèvements, dans un climat de terreur entretenu depuis le 23 décembre dernier par des attentats à la bombe à Damas et dans d’autres villes, en particulier Alep où l’explosion de deux voitures piégées le 10 février 2012 a été revendiquée par l’armée syrienne libre (Selon une dépêche de l’AFP rapportée le 10 février par El Qods El Arabi sur son site http://www.alquds.co.uk/).

     

    [2] Alors que l’armée régulière encerclait et bombardait des quartiers de la ville, les milices du régime combattaient les forces insurgées dont le journaliste britannique Paul Wood, témoin des combats, écrivait que, « en dépit de l’existence d’un conseil militaire en Turquie et d’un porte-parole de l’armée syrienne libre », « ce ne sont que des groupes de combattants qu’on peut qualifier de milices » recourant sans état d’âme, comme il en a rapporté des témoignages des intéressés eux-mêmes, à l’exécution de leurs prisonniers (Rapporté par El Qods dans son édition du 13 février 2012). Ajoutons que ce 22 juillet 2012, les médias ont fait état de pareilles exécutions sommaires de soldats syriens par des groupes armés aux postes frontières contrôlés par ces derniers. Depuis lors, en ce mois d'août 2012, les insurgés multiplient les exécutions sommaires .

     

    [3] Le journal rapportait en janvier que « des avions militaires de l’OTAN dont les marques d’identification ont été retirées se sont posés à Iskenderun (en Turquie) près de la frontière syrienne pour débarquer des volontaires libyens et des armes saisies dans l’arsenal de feu Mouammar Kadhafi », ajoutant que « des formateurs appartenant aux forces spéciales françaises et britanniques sont sur place, prêtant assistance aux rebelles tandis que la CIA et les Special Ops US fournissent du matériel de télécommunications et des informations (…) permettant d’éviter les concentrations de troupes syriennes"(L’article était signé par Jonathan Steele dans l’édition du 17 janvier 2012).

     

    [4] Rapporté par Al-Akhbar dans son édition du 1e décembre 2011. Pour documenter encore ce point, on peut citer l’article publié le 17 décembre 2011 par le quotidien espagnol ABC. Son journaliste, Daniel Iriarte, infiltré en Syrie par les insurgés relate sa rencontre avec trois « révolutionnaires » libyens dont le premier avait commandé la brigade de Tripoli et le second être un homme de Abdelhakim Belhadj. Ils lui ont déclaré être là de leur propre initiative « à titre personnel, pas sur ordre de qui que ce soit » et qu’ils étaient là avec « d’autres Libyens, «quelques dizaines», qui sont venus en Libye de leur propre chef pour aider les insurgés ».

     

    [5] Dans un article publié par le journal Al Akhbar sous le titre Quand les conférences de l'opposition syrienne serviront-elles effectivement la révolution?
    (??????? ???????? ??????? ??? ???? ?????? ?????)

     

    [6] Depuis que le gouvernement syrien a opté en 2002 pour la libéralisation, le parti Baâth se donnant en 2005 le mot d’ordre de l’« économie sociale de marché » avec ce qu’il impliquait de privatisations, de dérégulation et de retrait de l’Etat du champ économique et social, des forces politiques se sont regroupées autour de l’aspiration démocratique. A droite, fut lancée en 2006 la Déclaration de Damas-Beyrouth, (prolongeant la Déclaration de Damas de 2001) qui, regroupant la bourgeoisie, des partis kurdes, des partis de gauche reconvertis au réformisme et les Frères musulmans, a soutenu la libéralisation, limitant ses revendications au domaine politique (exclusivement sur le plan intérieur). A gauche, le comité national de l’union des communistes syriens s’est constitué contre la dérive libérale mais aussi contre les projets américano-israéliens dans la région. Mais ce qu'on a appelé le printemps de Damas a rapidement été interrompu par la répression du régime.

     

    [7] L’insurrection syrienne de Deraâ (??????? ???? ???????), article non signé. Dans l’édition du 22 novembre 2011, le chroniqueur Elyas Khouri devait revenir sur ces événements initiaux qu’il considère (avec les précédentes tentatives d’opposition au régime et le mépris du pouvoir pour les revendications populaires) comme l’une des « trois raisons factuelles » qui excluent l’idée d’un complot international contre la Syrie :
    Au lieu de s’excuser d’avoir torturé des enfants et de punir les auteurs de cet acte horrible, le régime a prolongé leur détention, humiliant les parents dans leur honneur et leur dignité. Ce qui a allumé dans le Houran l’étincelle de la révolution qui s’est étendue à toute la Syrie (…) L’analyse doit partir de ces trois réalités pour chercher à comprendre la révolution syrienne comme une révolution spontanée …

     

    [8] Ce qui indique que, contrairement à l’appréciation d’El Qods et de son chroniqueur Elyas Khouri, l’activisme des « cyber-opposants » a certainement davantage déterminé le soulèvement que l’arrestation des enfants de Deraâ. La révolution ne peut donc être considérée comme spontanée qu’autant que l’action des cyber-opposants (qui avaient appelé sur Facebook avant même les premiers événements de Benghazi à une mobilisation les 4 et 5 février devant le siège du parlement à Damas) peut l’être.

     

    [9] Article publié dans El Akhbar sous le titre "Syrie: A propos du point le plus critique ".
    (?????: ?????? ?? ?????? ??????)

     

    [10] Le verbe arabe utilisé pour exprimer le fait de « déclarer comme traître » a pour substantif takhwîn (?????) qui est sur le même schème que le fameux takfîr (????? « déclarer comme mécréant ») et revêt, en la circonstance, un caractère aussi menaçant.(Souligné par nous).
    [11] Article publié par El Quds sous le titre L'opposition syrienne entre la phobie de la rue et la manipulation de ses sentiments (???????? ??????? ??? ???? ?????? ?????? ??? ??????).

     

    [12] Voir en particulier sur ce point l'article publié par le Nouvel Observateur le 20 mai 2011 sur les réseaux secrets des cybernautes syriens vivant ou ayant été formés en Occident. Selon l'article, des dizaines de cybernautes ont suivi, au cours des années ayant précédé la "révolution syrienne" des stages de protection informatique à l'étranger et des fondations occidentales les ont conviés à des séminaires dans des pays voisins. En Jordanie, par exemple, l'ONG irlandaise Frontline leur a expliqué comment effacer des données à distance, échanger secrètement des e-mails ou stocker des fichiers sensibles, notamment des vidéos. L'un 'entre eux, vivant à Beyrouth, a déclaré au journaliste avoir suivi un séminaire de ce type aux Etats-Unis en février 2010. Un autre, vivant à Londres, fut l'un des premiers à avoir organisé l'entrée clandestine de matériels de communication en Syrie, avant même le début des contestations et a été formé aux tactiques de la "lutte pacifique". Dans les mois qui ont précédé le soulèvement, il avait, comme d'autres, organisé des séminaires sur ce thème pour quelques dizaines de Syriens de l'intérieur. Ces stages se sont tenus discrètement dans des pays où ses compatriotes n'ont pas besoin de visa - notamment la Turquie et la Jordanie. Beaucoup d’entre eux ont reçu des équipements de communication très tôt.

     

    [13] Le comité de coordination des forces du changement démocratique (CNCD) s'est créé le 11 juin 2011 dans un hôtel de Damas où il a tenu son congrès le 18 septembre, affirmant agir en coordination avec les comités locaux animateurs du mouvement. La constitution du conseil national syrien a été annoncée le 15 septembre 2011 à Istanbul après une première annonce faite par un "jeune" à Ankara de la création par "des jeunes révolutionnaires de l'intérieur" d'un conseil national de transition. Les Turcs, pressés d'engager un processus à la Libyenne, ont dû vite être rappelés à la patience par leurs mentors occidentaux!

     

    [14] Ammar El-Baradaï, Le printemps arabe, des révolutions populaires sans programmes politiques (?????? ??????: ????? ????? ??? ????? ??????), publié dans El Qods.

     

    [15] A propos de la légitimité du conseil national syrien (??? ????? ?????? ?????? ??????). C’est nous qui soulignons.

     

    [16] Et dont les Etats-Unis viennent de décréter la disgrâce dès lors que les événements semblent aller dans le sens d'une déstabilisation du régime par le moyen d'une ingérence militaire rampante. Voir le billet publié dans El Quds du 15 août 2012 sous le titre Le conseil national syrien rend-il son dernier souffle?(?????? ?????? ?????? ???? ???????) : "Les groupes djihadistes armés qui ont renforcé leur présence en Syrie grâce à leur financement et leur approvisionnement en armes de ces derniers mois et agissent indépendamment du conseil national syrien et de l'opposition traditionnelle y compris des frères musulmans, représentent désormais le troisième courant puissant et l'épine dorsale de l'opposition combattante".

     

    [17] Rachad Abou Chaour, Syrie : L'option du dialogue (?????: ?????? ?? ??????), El Quds du 15 août 2012.

     

    [18] Voir à ce sujet le documentaire d'Antoine Vitkine, diffusé le 8 mai 2012 par la cinquième chaîne française sous le titre "Kadhafi mort ou vif" qui retrace en particulier les circonstances dans lesquelles les forces spéciales de plusieurs pays dont la France, la Grande-Bretagne et le Qatar ont pris d'assaut et "libéré" Tripoli en août 2011, avec la participation des groupes armés entraînés au Qatar et dirigés par le djihadiste Abdelhakim Belhadj.
    Précisons que ce genre de révélations a posteriori participe paradoxalement et pleinement de l'entreprise de désinformation principale qui consiste, à chaud, à occulter des vérités, aussi longtemps que la manipulation des esprits requiert d'accréditer sans réserve la propagande de guerre.

     

    [19] Tarik Ramadan, L'islam et le réveil arabe, Presses du Châtelet, Paris, novembre 2011, citations extraites des pages 54 et 55.

     

    [20] Rapporté par une dépêche de l'AFP datée du 11 février 2012 reprise par différents organes de presse.

     

    [21] Adonis s'est finalement montré moins calculateur et moins soucieux de plaire qu'on aurait pu le supposer. Depuis le début des événements en Syrie, on lui a reproché l'ambiguïté de ses positions. En fait, l'intelligentsia "révolutionnaire" n'a pas pardonné à celui qu'on considère comme le plus grand poète arabe vivant sa position décalée par rapport au consensus qui s'était très vite construit à coups de pétitions au printemps 2011. Après qu'il ait dénié au soulèvement la qualité de révolution et marqué sa désapprobation pour l'utilisation de la mosquée (donc de l'islam) par les manifestants, il a fait l'objet d'une campagne de dénigrement violente et orchestrée et il est devenu "le cas Adonis". En fait, sa critique de la "révolte" (dans un texte intitulé Dix thèses sur les révoltes arabes actuelles) était plutôt mesurée. Il déclarait ainsi en mai 2011 : "Je ne peux absolument pas me joindre à une manifestation politique qui sortirait d'une mosquée mais je ne peux accepter de même que la violence et le meurtre soient utilisés contre cette manifestation". C'était avant que la perspective d'une intervention étrangère ne lui arrache l'exclamation que j'ai mentionnée.

     

    [22] Intitulé Entre la "révolution" et l'ingérence étrangère : Le malaise arabe. (Sur ce blog)

    [23] ?????? ?? ????? ?? ??? ?????

  • Les syndicats de la santé donnent six mois au nouveau ministre

     

     

    par Salah-Eddine K., Le Quotidien d'Oran, 17 octobre 2012

     

    En trêve pour quelques mois encore, les syndicats de la santé publique, estiment néanmoins que l'amélioration du secteur de la santé est une priorité.

     

    Si le nouveau ministre de la santé s'est déclaré ouvert au dialogue avec les syndicats de la santé se disant disposé pour la prise en charge des problèmes que vit le secteur, « il n'en demeure pas moins que ce secteur a besoin d'une volonté politique affichée par tous». Pour l'intersyndicale de la santé, le ministère de la santé ne peut à lui seul « redonner au secteur l'image qui lui échoie », ont fait remarquer, hier, lors d'une conférence de presse à Alger, les représentants des syndicats des praticiens spécialistes (SNPSSP), des praticiens de la santé publique (SNPSP), de ceux des psychologues (SNAPSY) et des enseignants des paramédicaux (SNPEPM). Accordant un crédit mais mesuré au nouveau ministre de la santé, Abdelaziz Ziari, l'intersyndicale de la santé n'envisage pas, du moins pour le moment, d'entrer en conflit ouvert avec la tutelle. Par la voix de son porte parole Khaled Keddad (SNAPSY), qui signale au passage que son syndicat est le seul à n'avoir pas été convié à une rencontre avec le ministre de la santé), l'intersyndicale a indiqué qu'il est urgent de se pencher sur les problèmes du secteur et qu'elle apportera tout son soutien à la démarche du ministre dont les intentions sont claires « travailler avec les partenaires (syndicats) pour améliorer les conditions socioprofessionnelles du personnel et du coup, du secteur afin de prendre en charge le malade ». Ces syndicats disent « avoir pris acte des intentions du ministre, mais attendent des concrétisations dans un temps raisonnable… n'excédant pas les six mois». Faisant le bilan du secteur pour les deux dernières années, ils estiment qu'un immense retard à été enregistré. Pourtant, les moyens matériels et humains existent pour avoir un secteur « plus performant » en vue d'une prise en charge du malade. Un bilan des plus « catastrophiques » ajoutent ces syndicats. Rupture et manque de médicaments, de vaccins, grèves, absence de dialogue constituent l'essentiel du bilan, estime l'intersyndicale. Les syndicats de la santé ont réitéré, lors de cette conférence, leurs revendications. Statut clair pour les 5 ex-écoles devenues instituts de formation pour les paramédicaux que se disputent le ministère de l'enseignement supérieur et celui de la santé, telle est la principale revendication du représentant du SNPEPM M. Decchiri qui a salué lors de son intervention le règlement des salaires des enseignants des paramédicaux, intervenu récemment.

    Pour Lyes Mérabet (SNPSP), l'essentiel des revendications des praticiens de la santé publique se résume dans la révision du statut et du régime indemnitaire, actuellement devant la direction de la fonction publique. Il indiquera qu'il est nécessaire de procéder à une telle révision qui doit être en rapport avec le pouvoir d'achat. Même revendication pour le syndicat des spécialistes de la santé publique en ce qui concerne le statut et régime indemnitaire avec en plus la revendication de mettre fin au service civil en accordant aux spécialistes des mesures incitatives dans le but d'une réelle couverture de toutes les zones du pays.

  • A la frontière de la viande :xfiles

     

     

     

    Un mouton désœuvré demande à un autre mouton au chômage ce qu’il va faire pendant les deux longs jours de congé de l’Aïd. Probablement manger de l’herbe comme le reste de l’année, lui répond-il. Le premier lui demande alors s’il a entendu parler de ce groupe sanguinaire qui égorge des moutons à la pleine lune, serial killers de masse qui s’attaquent aux créatures sans défense. Le second mouton lui avoue que oui, il a eu vent de cette triste série de meurtres gratuits et inhumains. Les deux moutons, bien que totalement apolitiques comme la plupart des moutons, ont sombré dans une vague inquiétude et se sont demandés ce que faisait l’Etat pour mettre hors d’état de nuire cette bande d’assassins. On a quand même voté en masse pour Bouteflika, conclut l’un des moutons, aujourd’hui, l’on ne peut rien dire. Oui, le Président sait sûrement ce qu’il fait, confirme l’autre. Bien qu’imperméable au doute comme la plupart des moutons, la question s’est quand même posée : et si ça nous arrivait à nous  ?

    Après quelques minutes de terreur, l’un des moutons a dit avoir entendu parler d’une autre organisation établie aux frontières et qui passait son temps à exfiltrer vers les pays voisins des troupeaux entiers de moutons. Des gens bien, qui pensent à nous, s’est dit l’autre. Faut pas croire tout ce que l’on dit, a-t-il renchéri, il n’y a pas que des sanguinaires dans le pays. Qu’est-ce qu’on attend alors ? C’est ainsi que les deux moutons sont partis aux frontières. Le premier a été égorgé en Tunisie, le premier jour de l’Aïd. Le second a été attrapé lors de sa tentative illégale de passage de la frontière avec de nombreux autres moutons et un groupe d’humains généreux qui les guidaient. Il a été égorgé par la brigade des Douanes d’Oum Tboul, le premier jour de l’Aïd. Moralité pour harraga, ici ou ailleurs, on finit en côtelettes, autant rester à la maison à manger des côtelettes.

     

    Chawki Amari
  • algerie:gouvernement absences irreguliere: motif destruction de l'agerie

    Sadomasochisme par consentement mutuel !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Finance mondiale. Si ça continue comme ça, l’Algérie
    va devoir imposer un…

    … rééchelonnement au FMI !

    Juste une question : le Mohamed Seddiki élu à la tête de la Commission de surveillance des élections locales, c’est le même que le Seddiki Mohamed élu à la tête de la commission de surveillance des législatives du 10 mai dernier ? On me murmure à l’oreille que oui ! En même temps, un parfait homonyme, Mohamed Seddiki, et membre lui aussi de Ahd 54, doit pas y en avoir des masses. Donc, c’est bien lui. Le monsieur qui n’a pas arrêté de jouer le poil à gratter lors du scrutin pour l’Assemblée. Le mec qui a crié à la fraude sur tous les toits surveillés et fliqués de la République. Le gus qui a affirmé sur tous les balcons barreaudés du système que le scrutin n’avait pas été crédible. Et si je comprends bien, c’est ce «prototype» qui est reconduit à la tête d’une autre surveillance électorale, celle-là communale. Marquis ! Hou ! Houuuu ! Marquis de Sade où êtes-vous ? Si vous êtes parmi nous, faites-moi signe, signalez votre présence par un geste. Je ne sais pas moi… par un coup de fouet, par exemple. Je promets de faire «aïe» tout de suite après. Les proprios du Palais et de ses douves savent que le Seddiki va gueuler sa race à la fraude, ne va en rater aucune pour signaler des dépassements, et c’est pourtant lui qu’ils font élire par leurs 52 partis. Et lui, Mohamed le valeureux, sait par avance que l’élection sera bidouillée, qu’il aura beau s’égosiller dans le désert, ça n’effrayera que les dernières outardes non encore tirées, et malgré tout cela, il a rempilé ! Et ensemble donc, régime et surveillant en chef du vote, ILS L’ONT FAIT ! Ils se sont reconduits dans un épisode d’un rare sadomasochisme mutuellement consenti. Mon Dieu, quelles mœurs ! On aurait voulu nous dire que ces locales seront une mascarade, on ne s’y serait pas pris autrement ! Le Palais aurait souhaité nous faire comprendre qu’il se paie une nouvelle fois nos têtes ahuries, qu’il n’aurait pas procédé d’une autre manière. C’est même plus du simple foutage de gueule. Non ! C’est carrément, je me paie ta tronche, et en même temps, je prends un mégaphone pour te le dire, te l’hurler à l’oreille au cas où, triple buse, tu n’aurais pas compris ! Marquis ? Eh ! Oh ! Marquis, vous êtes là ? Si oui, fouettez-moi ! Remettez-en une couche Marquis de Sade ! Mmmmm ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

  • Destruktor (5)

    Par Maamar Farah
    Nous venons d’apprendre que les délégués de wilaya à la destruction nationale veulent marcher sur Alger pour soumettre leurs revendications aux autorités supérieures et rencontrer enfin leur idole : Destruktor lui-même, ministre de la destruction nationale !
    Selon des indiscrétions parvenues à notre rédaction, ces agents trouvent qu’ils ne sont pas assez payés pour tous les efforts qu’ils fournissent dans la grande tâche de destruction du pays ! Destruktor a certes dépêché quelques conseillers portant des sacs de plastique noir remplis de dinars, mais les délégués veulent des devises ! Ils disent que certains pays, ayant remarqué leurs compétences, veulent les utiliser pour détruire les nations ennemies. Dans les coulisses internationales, on dit que les agents locaux de la destruction ont le plus fort taux de rendement au monde et qu’ils peuvent abattre un million de moutons en une seule journée !
    maamarfarah20@yahoo.fr
    P. S. : Levée de boucliers de certaines associations suite à la publication d’un article sur le harcèlement dans la page «Vox Populi». La publication de ce texte ne signifie pas que la rédaction partage ce point de vue misogyne et sectaire. Mais nous évitons de censurer automatiquement les idées qui ne nous plaisent pas. A vous de réagir !