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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 33

  • On est jeuuuuudi ! Sortez de vos tombes !

    On est jeuuuuudi ! Sortez de vos tombes !  Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com


    Bulletin d’alerte météo pour ce jeudi. Fortes pluies et averses de grêle exceptionnelles. Risque de chutes de neige et avis de cyclone de force 7. Soyez prudents. Evitez de sortir entre 8h et 21 heures ! Seddiki, le patron à blanc de la Commission de surveillance des locales, me donne toujours l’impression d’avoir une guerre de retard. Hier encore, il m’a confirmé cette impression bizarre en se plaignant du fait que des «morts figuraient sur le fichier électoral». Eh ! Oh ! Seddiki, faut te réveiller, mon grand ! Ce n’est pas un scoop, des morts qui figurent juste sur un fichier électoral. C’est même un truc complètement dépassé. Chez nous, les morts n’en sont plus au stade de la figuration simple. Non seulement, ils figurent sur le fichier des votants, mais en plus, tiens-toi bien mon Seddiki, ils voooooooooooooooootent ! Et je trouve quelque part ingrat que toi et toute l’opposition de ce pays ne rendiez pas assez grâce et hommage au régime de bananes qui nous gouvernent. Oui, hommage et grâce pour cette prouesse médicale, cette première scientifique. Ressusciter les morts ! Qui n’en a pas rêvé un jour ? Toute l’œuvre d’Allan Edgar-Poe tourne autour de ce fantasme divin. Le docteur Frankenstein y a consacré toute sa vie, écumant cimetières et laboratoires de fortune pour réaliser ce rêve. Des écrivains, des peintres, des plasticiens, des artistes de tous bords salivent leur trace à l’idée de devenir immortels à travers la pérennité et l’universalité de leurs œuvres. De grands criminels voulant marquer leur passage sur terre d’une empreinte indélébile se sont échinés à devenir des serial-killer, juste pour que l’on continuât à parler d’eux bien après leur mort. Piètres tentatives ! Pâlottes gesticulations à côté de l’immense exploit des gens du Palais. Nous recensons les morts, nous les ramenons de trépas sans labo ni œuvre picturale majeure, et nous les faisons revivre le temps d’une plongée dans l’urne et d’un scrutin. Va faire mieux, si tu peux ! Et quoi de meilleure que cette ambiance si particulière aujourd’hui jour de vote, dans les écoles ? Des vivants côtoyant des morts. En parfaite harmonie patriotique. Pour le bien du pays des morts-vivants ! Dans la queue pour verser son obole à l’urne, zombies et quidams palabreront à qui mieux-mieux, les premiers ne pouvant s’empêcher de faire remarquer aux seconds «qu’avant, c’était tout de même mieux». Et les seconds acquiesçant poliment, la contradiction aux morts ne faisant pas partie de notre culture post-funéraire. Non, Monsieur Seddiki ! Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas là de fraude ni de profanation des tombes. Non ! Nous sommes bien… au-delà, si j’ose dire ! Avec ces morts électeurs, nous consacrons le stade suprême de la démocratie. Nous l’étendons du règne des vivants à celui des macchabées. C’est le nirvana ! Œuvrons ensemble à mener le pays droit devant. Vers où, ne me le demandez pas. Du moins pas pour l’instant, car là, je cherche ma carte d’électeur. J’ai dû l’oublier au cimetière, ce matin en sortant de ma tombe ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.

  • Algerie un malade mental :

    DAHO OULD KABLIA AU SUJET DES DÉPASSEMENTS PENDANT LA CAMPAGNE :
    «Aucun impact sur les élections»

    Les dépassements relevés par les deux commissions chargées de la supervision et de la surveillance des élections n’entacheront pas le déroulement du scrutin. L’affirmation est du ministre de l’Intérieur.
    Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Invité de la Chaîne I, Daho Ould Kablia a donné son appréciation du déroulement de la campagne électorale, estimant, une fois de plus, que cette dernière avait timidement commencé avant d’atteindre sa vitesse de croisière. Les commissions de surveillance de supervision des élections, dit-il, ont effectué leur travail dans «de bonnes conditions» puisque, dit-il, une première expérience a déjà été tentée à l’occasion des législatives. Ces deux instances ont eu à trancher au sujet de plusieurs litiges et dans beaucoup de cas de dépassements. Des cas qui n’ont eu, ajoute-t-il, aucun impact sur la crédibilité des élections. Il assure cependant que la neutralité de l’administration est assurée pour ces élections. Interrogé au sujet de la loi sur les communes, le ministre de l’Intérieur a déploré le fait que beaucoup de partis et même des faiseurs d’opinions n’ont pas lu le texte et affirment que les prérogatives du président d’APC ont été réduites. «En donnant la prérogative de distribuer les logements aux chefs de daïra, on a protégé les présidents d’APC qui sont en première ligne dès qu’il y a contestation d’une liste de bénéficiaires », répond le ministre qui affirme que les élus jouissent de toutes les prérogatives qui leur donnent la possibilité de mener à bien les projets inscrits dans le cadre de leurs communes. Il a rappelé que durant le quinquennat dernier, une enveloppe de 65 milliards a été allouée pour réaliser les projets présentés par les APC et que 37,5 milliards de dinars du fonds commun des collectivités locales ont été utilisés pendant le dernier quinquennat pour résorber le déficit des communes. Ould Kablia est formel : aucune APC n’était déficitaire en 2011 et 2012 puisque l’Etat a pris en charge leurs dettes, rappelant que la mauvaise gestion était souvent à l’origine de cette situation et que la qualité des élus dépendait des partis politiques qui définissent les critères.
    N. I.

  • L'APC expliquée aux enfants

     

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    On l'a déjà dit, tant qu'un président n'est pas passé par le stade de maire, chef de daïra, wali, député ou même ministre avant d'accéder au trône suprême, il y aura toujours ce problème de hiérarchie faussée et de représentativité fabriquée. Comme l'a expliqué Newton il y a plusieurs siècles, un président tombe du haut vers le bas par gravité, mais dans le cas de l'Algérie en apesanteur contrôlée, un président toujours sur le haut, jamais en bas. A l'inverse aussi, un maire d'Algérie n'a jamais pu dépasser son stade, ascenseur politique sciemment bloqué, finissant généralement en prison ou ailleurs.

    Mais qu'est-ce qu'un maire ? C'est aussi un président, mais d'une assemblée populaire communale. Une APC, c'est quoi  ? C'est l'entité de base de l'Etat, un morceau de l'ensemble, forcément le plus petit et le plus fragile. L'article 46 du code communal l'explique d'ailleurs assez bien : le ministère de l'Intérieur peut dissoudre une APC «lorsque le maintien de l’assemblée est source de dysfonctionnements graves, dans la gestion communale ou de nature à porter atteinte aux intérêts et à la quiétude du citoyen». La définition est si vague que si cet article ne s'appliquait pas uniquement aux APC, l’on pourrait dissoudre beaucoup de choses. Un ministre – celui de la Santé, de l'Education ou du Logement – pour sa gestion et dysfonctionnements graves, l'ENTV pour atteinte à la quiétude du citoyen, ou encore le FLN pour continuer à pomper la rente au détriment de l'intérêt du même citoyen.

    On le voit bien, pour un maire élu, soumis à la tutelle de ceux qui sont nommés, il n'y a pas vraiment de marge de manœuvre. Que peut-il faire s'il est dissous ? Rien. Pas même acheter sa réhabilitation. Car c'est aussi prévu dans l'article 57 du même code : «Les délibérations des APC portant sur les budgets et les comptes ne sont exécutoires qu’après avoir été approuvées par le wali.» Trop forts.

     

    Chawki Amari
  • no moment

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  • ALGERIE:Zelboun et les tribus oubliées

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    C’est à propos d’un affrontement ayant eu lieu très récemment entre deux tribus-villages, les Zelboun et les Beni Mester, qui se sont opposés à l’arme blanche pour des problèmes de territorialité, occasionnant de nombreux blessés. Mais qui sont les Zelboun ? Une tribu parmi tant d’autres, tout comme les Djaâfra et des Whaiba, autres tribus qui se sont affrontées pour une récolte, les Whabia s’étant déjà battus avant contre les Krarma pour une autre histoire de terrain agricole. En l’absence de réelles règles démocratiques et de processus d’arbitrage, c’est autour de l’espace, de la terre et du territoire que les luttes se déchaînent et si ces affrontements tribaux ne sont en réalité pas très nombreux, ils permettent de découvrir l’existence de tribus oubliées.

    En décompte de presse, les Ouled Abid se sont battus contre les Nememcha à Bir El Ater et les Bouloufa ont affronté les Khalfaoui à Aïn El Hadjar. Près de M’sila, un violent litige foncier a aussi éclaté entre les Maarif et les Baniou, de même que les Goug et les Beldet Amour en sont venus aux mains à Temassine, près de Ouargla. Enfin, au mois dernier, de sanglants affrontements tribaux ont réveillé la paisible population de Boualem.

    D’Alger, ces guerres territoriales sans fin entre tribus ennemies donnent l’air d’une épopée préhistorique, alors que même dans les grandes villes, les épiques batailles entre «beni âriane», ces «nus» organisés en bandes rivales, défraient régulièrement la chronique, tout comme ces affrontements quasi permanents entre les Ouled Lala (manifestants) et les Beni Hamel (du grand ârch de la DGSN). L’Algérie ? Combien de tribus ? On ne le sait pas vraiment, mais pour 2014, la bataille s’annonce rude. Qui va gagner cette guerre de l’espace pour détrôner la tribu de Sidi Boumediène ? Les paris sont ouverts et, pour notre part, nous misons sur les Zelboun. Juste pour leur nom si romantique.

     

    Chawki Amari
  • L’histoire de l’Algérie indépendante est l’histoire de la perversion d’un peuple.

     

    Posté par Rédaction LQA

     

    Adel HERIK

    Le problème de notre pays est le problème de la totale perversion de toute une nation : peuple, intelligentsia et dirigeants. Les gens de ma génération, qui ont connu l’Algérie de 1962, le savent. 50 ans après, ce n’est plus le même peuple, ni la même intelligentsia, ni les mêmes dirigeants – je parle de ceux qui avaient mené le combat pour l’indépendance, depuis les années 1920.

    Aujourd’hui, l’Algérie n’a plus aucune volonté, plus aucune ambition. Les dirigeants volent des milliards, les intellectuels cherchent toutes sortes de combines pour arracher quelques avantages matériels et le peuple court sans cesse derrière les miettes. Plus de travail, plus d’abnégation, plus de fierté, plus d’ambition, plus de morale. Rien que la perversion et la médiocrité à perte de vue. C’est la même logique qui est à l’œuvre du sommet de l’État jusqu’à la base : comment arracher sa part de la rente. Cette part se chiffre en millions ou milliards de dollars pour les uns et en milliers de dinars pour les autres, c’est un fait, mais il y a à la base la même volonté de jouir de richesses que l’on n’a pas produites. L’État algérien, en ayant opté dès le départ pour une logique de distribution de la rente, a perverti le peuple et en a fait, au bout de 50 ans, un peuple médiocre, sans âme, sans fierté. L’histoire de l’Algérie indépendante est l’histoire de la perversion d’un peuple.

    Voilà le vrai problème.

    C’est dans ce climat de démobilisation générale et de course effrénée derrière les flots de dollars générés en abondance par les gisements pétroliers et gaziers du Sahara que quelques milliers d’idéalistes tentent vaille que vaille de faire bouger une intelligentsia et un peuple qui n’ont plus aucune ambition, ni aucun désir de sortir de la torpeur et de l’engourdissement. Le pays coule lentement mais sûrement noyé par les flots de pétrodollars. Dépenser, dépenser, dépenser. Manger, manger, manger. Voler, voler, voler. La machine qui broie l’argent de la rente broie en même temps le pays et le condamne à végéter dans la médiocrité et à s’enfoncer chaque jour un peu plus dans tous les domaines.

    Le peuple algérien a besoin d’une longue, très longue thérapie avant de retrouver son état normal, celui qui était le sien en 1962. Cette thérapie, qui peut la lui administrer? Je ne vois que les intellectuels et militants encore capables de réfléchir, de questionner le réel, de s’indigner et de refuser l’humiliation. C’est un travail de longue haleine et ceux et celles qui veulent bien s’y consacrer doivent s’armer de patience et élargir petit à petit le cercle des « éveillés ». Ils doivent diffuser en permanence leur message subversif afin de contrer la machine du système qui broie les volontés et transforme les êtres humains en véritables zombies, totalement inconscients, insensibles et soumis.

  • Les Algériens devraient exiger une commission d’enquête publique sur les scandales?

     

     

     

    Zehira Houfani Berfas

     

    Il y a un moment dans la vie d’un peuple où le sens de l’essentiel s’impose et devient une question de survie. Notre pays a connu des crises successives, des drames que peu de peuples ont vécus, aussi bien dans son histoire coloniale que dans celle de son indépendance. Nous n’avons pas réussi le pari de faire de l’Algérie cet État de droit qui aurait consolidé notre appartenance à cette nation et en faire un idéal commun à tous les Algériens.

     

    Quand le sordide envahit la normalité

     

    Tout ce que nous renvoie l’actualité de notre pays, en terme de droit, de justice, de performance et de développement, d’éducation et de citoyenneté, d’éthique et d’intégrité, bref, tous les domaines, qui renseignent la grandeur d’une nation, clignotent dans le rouge depuis des années sans que nous daignons remettre en cause nos façons d’être et de penser. J’ai peine à croire qu’il existe un autre pays au monde (indépendant et riche) dont des centaines d’ex. ministres (hommes d’État) seraient exilés chez l’ex. Puissance coloniale que leur peuple a combattue. Le message que cela renvoie dépasse l’entendement avec son lot d’effets pervers. Des paradoxes de ce genre (liés à la sphère au pouvoir) font la trame tragique de notre histoire contemporaine et dilapident du même coup les repères d’une société rendue accroc au désordre et à la rapine. C’est dire si l’aberration est entrée dans les mœurs. Il ne s’agit pas de condamner des gestes individuels, mais plutôt une mentalité du laisser-faire, cette attitude collective et autodestructrice qui déroge à la fierté d’un peuple.

     

    Un égo démesuré

     

    Il est de notoriété que l’Algérien a un égo démesuré qui fait que même s’il est convaincu qu’il a tort et que son voisin a raison, il ne fera rien pour aider ce dernier à faire avancer la cause. Quand bien même, elle serait commune. Cet état d’esprit qui emprunte au mépris nous empêche d’aller vers l’autre, de fusionner nos idées dans un projet commun, puisque chacun se pense plus investi que l’autre pour prétendre à sa paternité. Ce faisant, ils se neutralisent les uns, les autres, et la collectivité en pâtit. Il y’a eu tellement d’initiatives avortées ou restées lettres mortes pour cause d’incapacité à produire un compromis d’union (notamment pour le changement démocratique) qu’on peut imputer à ces échecs, au moins en partie, le désarroi ambiant et la démobilisation citoyenne, même s’ils n’ont pas l’exclusivité puisque le régime y contribue largement en puisant dans le trésor public pour s’acheter la paix sociale.

     

    Aujourd’hui, tous les observateurs s’accordent pour dire que notre situation sociopolitique va en s’exacerbant et que le régime n’a ni la capacité, ni la volonté d’épargner à notre pays l’explosion sociale qui pèse sur son avenir. Une explosion que tout un chacun redoute, et qui risque de nous mettre, tous autant que nous sommes, hors jeu, d’autant que le contexte international ne travaille pas à l’apaisement dans notre région, devenue un grand marché pour l’industrie militaire des grandes puissances et leur business de la guerre et des ressources naturelles.

     

    Un brin de patriotisme pour une action concertée

     

    Même si  la conjugaison de facteurs endogènes et exogènes ne semble pas en faveur d’une mobilisation conséquente pour le changement politique, il n’empêche que notre silence bonifie les actes de sabordage de l’économie nationale et renforce l’impunité de ceux qui ont fait de l’Algérie cette zone de non-droit et réduit son peuple à l’errance. Allons-nous continuer à tergiverser, ou dire, c’est assez de notre inconséquence sur ce pays, renouer avec l’humilité du travail et plus encore le respect de SOI. Ce que la presse rapporte du désastre de la gouvernance devrait amener les Algériens de bonne foi à faire abstraction de leurs divisions dans un même élan au profit de leur pays. Les graves révélations sur les scandales liés à la corruption au plus haut sommet de l’état recommandent de briser notre silence, coupable dans tous les cas. Il y a une telle somme d’écœurement général vis-à-vis du régime, que le moindre acte d’intérêt public, venant de personnalités dignes de foi (le pays en compte beaucoup), réunies dans un geste patriotique exemplaire, pourrait redonner espoir aux populations et les mobiliser.

     

     

     

    Réhabiliter la justice là où elle est interdite d’accès

     

    En effet, qu’adviendrait-il si ces personnalités algériennes décident de prendre leur responsabilités face à la dérive du régime et d’exiger la tenue d’une commission d’enquête publique indépendante avec le mandat de faire la lumière sur tous les scandales qui éclaboussent la sphère dirigeante? Une façon de réhabiliter la justice là où elle est interdite d’accès. Un précédent que les prétendants à la démocratie devraient s’approprier. Puisque le régime refuse aux Algériens, tout vrai changement démocratique, peut-être qu’une exigence massive d’une telle commission, ébranlera le statut quo érigé par le pouvoir et motivera les populations pour croire à une autre Algérie que celle des généraux et leur vitrine démocratique. Irréaliste? Pas plus que la résignation d’un peuple (connu pour sa révolution exemplaire) devant les abus hallucinants de ses gouvernants. Au moins, des Algériens auront dérogé « au chacun pour soi » « takhti rassi », renoué les fils de l’appartenance commune et fait la preuve d’une action politique concertée pour exiger d’une seule voix quelque chose de ce régime.

     

    Ne serait-ce qu’en mémoire des martyres qui ont donné leur vie pour qu’un jour nous soyons libres et « maîtres chez nous ».

     

    Ne serait-ce que pour éviter à nos enfants le fardeau de nos échecs.

     

     

     

    Zehira Houfani Berfas,

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  • Alger achète sa survie même au Mali

     


    Par Le Matin DZ 

     

    Après l’Afrique du nord, c’est par le Mali que l’impérialisme wahhabite affûte sa sous-traitance de la conquête de l’Afrique de l’Ouest, au profit de l’impérialisme occidental. Le pouvoir algérien n’aura d’autre choix que de se soumettre à ce plan diabolique contre l’émancipation des peuples d’Afrique.

     

    L'Azawad est devenu le laboratoire de l'islamisme radical. L'Azawad est devenu le laboratoire de l'islamisme radical.

     

    Avant de tomber entre les mains des hordes armées islamistes, la ville de Gao était une ville paisible où il faisait bon vivre. Les gens vaquaient à leurs affaires paisiblement. C’était une ville carrefour, la porte ouverte sur le désert à partir du fleuve Niger. C’était le passage vers le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, l’Atlantique d’un côté et la Méditerranée de l’autre. C’était aussi le passage vers l’Europe à partir de la Libye. C’était une ville cosmopolite, et malgré ses 98% de musulmans, elle accueillait des chrétiens, des animistes, des sans religions. Gao la musulmane abritait même des débits de boissons alcoolisées sans complexe aucun, ouverts à n’importe quel moment. C’était la ville qui vous invite à faire comme vous voulez, à la seule condition de ne pas contrarier la loi malienne.

     

    Jusqu’au jour du samedi 31 mars vers 8h40, où elle sera secouée par les premiers coups de feu, qui l’ont précipitée brutalement en enfer. Il semblerait que ce soient les Touaregs laïcs du MNLA qui sont entrés les premiers à Gao et ce n’est qu’après qu’ils ont été supplantés par les hordes islamo-fascistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), une branche dissidente d’Al Qaïda au Maghreb. Ils se sont distingués par leurs drapeaux noirs sur lesquels étaient écrites des références à l’islam en arabe. Deux heures après ce sont les armes lourdes venues de Libye qui sont entrées en scène, détruisant tous les bâtiments publics, parmi eux, les banques,  l’administration, etc. L’armée a essayé de résister un moment, et cela n’a pas marché, après quoi ils ont fuis, suivis des employés administratifs. Les militaires qui sont restés ont été pris un par un dans leurs maisons. Il aura fallu 72 heures pour que Gao et tout l’Azawad tombe entre les mains de ces bandes armées. A partir de 15 heures du même jour le pillage systématique de la ville avait déjà commencé. Ils pillaient systématiquement les maisons des notables de la ville et toutes celles où il y avait quelque chose à piller en violant les femmes à l’occasion. Le lendemain ils se sont adonnés au pillage de tous les bureaux. Au tribunal, ils ont détruit tous les dossiers. Ils se sont ensuite dirigés vers la prison et ils ont libéré tous les prisonniers. Même des champs privés ont été séquestrés pour établir leurs camps d’entraînement.

     

    Depuis sept mois maintenant, Gao est sous occupation des narco-salafistes du Mujao. Ils se comportent comme des gangsters, qui sont organisés en bandes armées. Ils sont puissants et riches. Ils vivent de trafic de drogue, de contrebande et de rançons d’enlèvements. Dès leur prise en main de la ville, ils imposèrent la chari’a. Les habitants de cette ville n’avaient pas le choix ou ils se soumettent ou ils sont morts. Ils essayent de survivre avec ça en attendant peut-être d’être délivrés un jour de ces hordes criminelles et barbares. Depuis sept mois il n’y a plus que la chari’a qui gouverne, plus de radio, plus de télévision, plus de musique, plus d’alcool. 

     

    Gao est tombée entre les mains de gangsters sous couvert d’un islam barbare qui donne des coups de fouets, séquestre les gens, ampute, lapide, torture et viole. Le Mujao ne veut plus entendre la voix des femmes. Si une voix de femme est entendue, on la cherche et on la fouette. A Gao il n’y a plus de liberté, ni pour les hommes, ni pour les femmes et pour les femmes c’est pire. Les femmes n’ont plus le droit de se rendre au fleuve pour leurs occupations habituelles. Ce n’est plus les femmes qui font le marché, c’est plutôt les hommes qui assument cette tâche. Celles qui n’ont pas de mari peuvent aller à condition de se voiler de la tête aux pieds et porter des gants. Si une femme n’observe pas ces recommandations elle est conduite à la place publique et elle est fouettée. Ils prennent les femmes contre l’avis des parents, pour en faire des objets sexuels où elles doivent coucher avec plusieurs hommes à la fois. La journée lorsqu’ils partent, ils les enferment pour qu’elles ne puissent pas s’enfuir. 

     

    Lorsqu’elles n’ont pas atteint la puberté, les filles doivent rester cloisonnées chez elles, et n’ont même pas le droit de s’asseoir sur le seuil de leurs portes. La prison de Gao est devenue la prison des femmes où elles sont systématiquement violées. Il s’y trouve même des femmes enceintes. Les couples qui se déplacent dans la ville sont systématiquement arrêtés et contrôlés, ils doivent prouver leurs liens de mariage. En somme des pratiques qui contredisent tout ce qui peut représenter un Etat de droit. 

     

    Depuis le 31 mars les cours ont été officiellement arrêtés. L’année scolaire 2012-2013 a tout simplement été annulée. Même s’il y a une volonté de rouvrir l’école, il n’y a plus de personnel pour le faire. Déjà avant que Gao ne bascule en enfer, le nombre des instituteurs et enseignants était insuffisant. Cette situation arrange plutôt la rébellion, car des enfants de 12 à 13 ans sont enrôlées par le Mujao. Les enfants sont appâtés par des gadgets comme les vélos, les téléphones portables, ces enfants n’ont de toute façon n’ont pas d’autre choix que de s’y soumettre. Après avoir été recrutés, ils son éloignés de leurs parents. Habillés à l’afghane ou en treillis, ils suivent des formations dans des camps, qui se résument à des entrainements physiques, des maniements d’armes et un endoctrinement religieux par un discours islamiste radical. Il n’y a plus également d’activité économique, ni de tourisme. Il n’y a plus de travail, le Mujao est devenu le seul employeur. Depuis la vie est devenue plus chère. Les loyers, la nourriture, tout est devenu excessivement cher. 

     

    Beaucoup de personnes, habituées à une relative liberté n’ont pas supporté tout cela et se sont enfuis par milliers de la région. Le peu de chrétiens qu’il y avait ont été obligés de quitter Gao dés le premier jour même de l’occupation. 

     

    Mais ces pratiques barbares ne sont pas spécifiques au Mujao dans son occupation de Gao. 

     

    C’est toutes les populations du territoire de l’Azawad, - depuis son occupation par les hordes islamo-fascistes, qui se sont partagées les grandes villes et leurs régions, tel, Ansar Eddine à Tambouctou et le Mujao à Gao – qui subissent cette situation de violation des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité, abandonnées à leur sort sans aucun moyen de défense. L’identification de leur ennemi ne présente aucun doute, il s’agit bien de l’idéologie islamo-fasciste, soutenue par le Haut conseil islamique, dominé par les wahhabites et les monarchies pétrolières du Golfe. Leur appétit ne s’arrête pas uniquement au nord Mali, car ils menacent aussi d’instaurer la chari’a au sud Mali pour l’inféoder. C’est tout le Mali qui est menacé par cette idéologie obscurantiste et fascisante. Si ce n’est pas toute la région qui est englobée dans leur projet impérialiste, avec la complicité de pouvoirs mafieux locaux.

     

    A ce sujet, l’Algérie représente une pièce principale dans leur puzzle. Les signes complices du pouvoir algérien ne cessent de transparaître à travers la main tendue aux terroristes islamistes, que ça soit en Algérie ou au Mali, la construction de l’une des plus grandes mosquées au monde et les réformes conduites par Bouteflika qui ont épargné tout ce qui se rapporte à une référence obscurantiste religieuse. Toute diversion soit-elle, avancée par les stratèges de l’impérialisme wahhabite avec la complicité des pouvoirs mafieux locaux, y compris le pouvoir algérien, pour disqualifier le Mujao et toute autre organisation terroriste en faveur de la reconnaissance du groupe Ansar Eddine, ne vise qu’à légaliser leur idéologie fascisante, pour la rendre acceptable par les populations locales.  

     

    Pendant ce temps-là à Bamako se déroulent périodiquement des marches auxquelles participent en majorité les déplacés du nord, qui se comptent par milliers, demandant aux instances internationales, les Nations unis, l’Union européenne, la Cédéao, à l’Union africaine, à l’armée malienne, celle de la Mauritanie, de l’Algérie, de venir en assistance à peuple en danger, pour libérer le peuple du Nord-Mali de la barbarie des islamistes. Peine perdue, car la jonction des impérialismes occidentaux et wahhabite n’ont aucun intérêt à délivrer le Nord-Mali de l’obscurantisme religieux. Si une intervention militaire aura lieu, c’est plutôt pour le renforcer.

     

    Youcef Benzatat

  • Le pouvoir algérien monnaye sa survie au péril de la souveraineté

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    Par Le Matin DZ |

     

    Le pouvoir algérien, pris en tenaille entre les rivalités sino-américaines pour le contrôle des richesses de l’Afrique, n’a d’autres choix que de se soumettre au plus fort ou disparaître. Éclairée par l’imposture et l’opportunisme de Bouteflika, sa stratégie se réduit à monnayer la survie du système au péril de la souveraineté nationale.

     

    Bouteflika. Bouteflika.

     

    Pendant les moments chauds du "printemps arabe", lorsque l’impérialisme occidental avait réussi à monter une opération militaire pour chasser le régime tyrannique de Kadhafi et s’emparer de ses richesses, le pouvoir algérien misait tout son espoir à ce moment-là sur un mince veto anti-occidental et à sa tête la Chine pour empêcher une opération similaire contre lui. Car la similitude en tyrannie entre ces deux pays aurait justifié suffisamment aux yeux de l’opinion mondiale une telle aventure. C’était d’ailleurs sous cette pression, que le pouvoir algérien, pris de panique, avait annoncé des réformes tous azimuts, d’abord pour gagner du temps et ensuite négocier sa survie avec toutes les parties concernées, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il lui a fallu réévaluer la redistribution de la rente à l’intérieur pour acheter la paix civile et faire des concessions considérables aux puissances impérialistes américano-européennes et à leurs vassaux du conseil de coopération du Golfe principalement le Qatar et l’Arabie Saoudite. Les concessions faites aux forces impérialistes, renforcées dans leur position par la réussite de l’opération libyenne, ont encouragé ces dernières à les retourner en chantage permanent contre le pouvoir algérien, l’obligeant à des concessions de plus en plus importantes en échange de sa survie. L’évidente issue qui se profile pour la crise syrienne, - qui se dirige inévitablement en défaveur du régime de Damas, malgré le véto anti-occidental qui n’a pas empêché les forces impérialistes à soutenir la rébellion financièrement, politiquement et militairement pour inverser le rapport de forces au profit de la révolution - est venue lui rappeler que son sort est scellé et n’avait d’autres choix que de se soumettre ou disparaître. Sa soumission se traduit par un bradage intempestif des richesses de l’Algérie, aussi bien au profit des puissances impérialistes, qu’à leurs vassaux arabes en des contrats économiques très faiblement négociés et des concessions considérables à l’islam politique. Auquel il faut ajouter le récent élargissement de terroristes détenus dans ses geôles, au profit de l’idéologie wahhabite envahissante et menaçante qu’instrumentalise l’impérialisme américain.

     

    Avec l’entrée en scène de la crise malienne, qui met au grand jour les rivalités sino-américaines pour le contrôle des richesses de l’Afrique, s’ouvre un nouveau chapitre des pressions sans relâche des forces impérialistes sur le pouvoir algérien, qui sont venues cette fois se resserrer contre lui par le front sud. Le mettant en demeure de collaborer à leur stratégie sous peine de le menacer directement, par la déstabilisation du pays avec en perspective sa partition et la disqualification de son autorité.

     

    Alerté par la percée spectaculaire de la Chine en Afrique pour la convoitise de ses richesses depuis une décennie, et l’affaiblissement de l’emprise néocoloniale européenne sur le continent, l’Empire américain n’a pas attendu la crise malienne pour manifester ses visées coloniales dans cette région qui regorge de richesses. Devant la crise structurelle qui affecte son modèle libéral, entré dans une phase terminale, l’Afrique devient un continent de prédation de première importance. Son objectif principal pour assurer sa survie sera dès lors de contrer la progression de la Chine pour le contrôle des richesses de l’Afrique et généralement pour le contrôle de toutes les ressources de la planète. C’est dans la perspective de cette Grande guerre Chine-Etats Unis, dont l’enjeu est la gouvernance de la planète, que les Américains avaient pris l’initiative d’implanter l’Africom en Afrique.

     

    C’est en 2006, que les États-unis ont décidé de quadriller l’Afrique par un dispositif militaire sous l’appellation de l’Africom, afin de recoloniser le continent. Notamment, par l’implantation de bases militaires plus ou moins secrètes sur l’ensemble du continent. Le Mali est apparu dans ce cadre une cible privilégiée, où l’Africom a entamé son implantation par des programmes de formation au profit de près de 6 000 soldats de l’armée malienne. En parallèle, et sous couvert d’une opération dénommée "Creek Sand", des militaires et des entrepreneurs américains ont investi le Mali pour des missions de renseignements. En 2009, l’armée américaine avait envisagé l’intégration dans l’armée malienne de commandos américains et le survol du territoire par des avions de surveillance. Aujourd’hui, avec la crise malienne, l’intervention de la CEDEAO au Mali apparaît comme une implantation directe au grand jour d’une présence militaire américaine camouflée derrière des armées locales acquises au préalable à leur cause. Avec la présence militaire américaine au Mali, l’accès aux richesses naturelles, notamment l’uranium, devient facile à contrôler directement et de donner une profondeur stratégique à leur action colonisatrice, dans un premier temps en Afrique de l’Ouest et par la suite sur tout le continent. Par cette action, l’obstruction à la progression de la Chine dans la région devient facilement maîtrisable, en même temps que d’empêcher toute volonté des peuples africains de résister à l’ordre impérialiste américain.

     

    Par ailleurs, au nord Mali, des unités d’élite ont été investies dans des actions secrètes, officiellement sous couvert de poursuite des groupes terroristes, qui sont probablement encore présentes à ce jour. La lutte contre le terrorisme, inaugurée par Bush en tant que lutte de l’"Axe du Bien" contre l’"Axe du Mal" (représenté par le terrorisme islamiste radical), devient l’argument rhétorique pour justifier la nouvelle offensive de la guerre impérialiste américaine. C’est avec la collaboration des Saoudiens et des Qataris, que cette justification s’est matérialisée et est devenue possible. Notamment par la favorisation de l’émergence, de la consolidation et du soutien aux groupes terroristes au nord Mali pour servir les intérêts des Occidentaux et particulièrement ceux des Américains. Car, l’Islam radical, globalement confondu par le terme «terrorisme», se prête aisément à conditionner l’opinion pour mieux faire accepter une intervention militaire. L’intérêt partagé des Américains, des Saoudiens et des Qataris dans cette collaboration réside naturellement dans leur projet d’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, sur le modèle de l’islamisation du Maghreb et de l’Égypte post "printemps arabe", pour faire barrage à toute possibilité de démocratisation des sociétés africaines et de l’émancipation de leurs peuples. L'hypothèse de la poursuite d'un soutien militaire et financier par le Qatar des groupes terroristes du Mujao, Aqmi et Ansar Eddine dans l’Azawad, dans une stratégie de double jeu, est largement attestée par des témoins présents sur place. C’est ainsi que plusieurs témoignages attestent que la présence d’ONG qataries au nord Mali et au Niger (le Croissant-Rouge et Charity Qatarie) opèrent dans cette zone sans coordination et sans actions communes avec les autres ONG sur le terrain. Cette information a été confirmée, y compris par un humanitaire du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) qui coordonne pourtant l’aide d’urgence dans les zones de conflits. Le sentiment du comportement suspect des ONG qataries est largement partagé par la quasi-totalité des intervenants humanitaires dans le nord Mali, qui se plaignent du manque de concertation en amont avec les autres ONG. L’attitude du Qatar interroge y compris chez les Nigériens, qui s’étonnent aussi du fonctionnement des ONG qataries, qui travaillent dans leur coin, sans coopération et sans transparence. À noter que l’aide alimentaire rentre au nord du Mali via le Niger, par la route. Les humanitaires sont tous d’accord sur le fait, que le rôle exact des Qataris depuis qu’ils sont arrivés au nord Mali, c’est bien d’aider les groupes terroristes financièrement et logistiquement et que leur action humanitaire n’est qu’une couverture pour un soutien moins avouable à ces groupes terroristes. Au point que certains y voient une démarche plus politique qu’humanitaire. Plus flagrant encore est que certains ont constaté qu’ils plantent un drapeau dans des endroits stratégiques, ce qui pourrait être déterminant lors d’une intervention militaire. Un acteur économique nigérien avait lui aussi relevé des investissements qataris suspects au Niger, qui ne sont que de grossières manipulations par des opérations de clientélisation de personnes peu recommandables et qui sont loin de faire du développement. Des témoins rapportent que des avions affrétés par le Qatar atterrissent ces derniers mois dans le nord du Mali et la nuit seulement, avec à leurs bords des cargaisons suspectes. Il s’agit sûrement d’armement destiné aux groupes terroristes, malgré les démentis officiels du Qatar et des services secrets français, qui n’ont pas réussi à lever le doute des autorités de Bamako, tenues à l’écart des réelles intentions occidentales.

     

    Tous les "vis cachées" de cette crise sont là ! préparer une intervention militaire avec une CEDEAO moribonde, en même temps consolider l’ennemi et poursuivre les négociations avec lui. Pour d’une part, permettre l’enlisement du conflit, pour appeler en renfort l’armée américaine et justifier sa présence sur le sol malien, et, d’autre part, dans la négociation, le mettre en confiance pour revenir sur la scène politique après le conflit. Armer la partie adverse, l’armée malienne, et lui dissimuler les véritables intentions de la coalition, venue faussement la délivrer de bandes terroristes qui occupent plus que la moitié de son territoire ! De toute évidence, les gagnants ne peuvent être que ceux qui manœuvrent derrière les coulisses. Et derrière les coulisses, en plus des Occidentaux avec à leur tête les Américains et le nouvel impérialisme wahhabite, on trouve le pouvoir algérien, qui manœuvre quant à lui, pour le seul but de sauvegarder son hégémonie sur son peuple au péril de sa souveraineté nationale. Cet objectif ne pourra être atteint que par l’abandon du principe de non-ingérence dans les affaires internes d’États souverains et sa soumission au projet impérialiste américain par la caution de l’intervention militaire au Mali. Car, jusqu'à ce jour, l’Algérie a refusé toute intervention militaire hors de ses frontières. Si depuis l’indépendance, cette position était surtout liée à un principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays souverains, depuis l’avènement du "printemps arabe", elle fût surtout motivée par la crainte de se voir elle-même l’objet d’une intervention militaire coalisée, motivée par les mêmes conditions qui ont prévalu dans les pays concernés par ce "printemps arabe". Sa non-reconnaissance de la nouvelle coalition de l’opposition syrienne est stratégique comme cela s’est passé pour le CNT libyen pour ensuite le reconnaître après coup. Toutes ces manœuvres de soutien et de négociations avec les groupes terroristes, arrangent en fin de compte toutes les parties en conflit au détriment des populations locales. L’objectif consiste à recycler les groupes terroristes les plus accommodants et à éliminer les récalcitrants. Instaurer des régimes islamistes dans toute l’Afrique de l’Ouest, contrôlés par l’impérialisme américain, pour faire barrage aux véritables forces démocratiques de ces pays, pour rendre leur inféodation facile. Car, les régimes islamistes sont généralement plus maniables et plus perméables à la corruption. 

     

    C’est la mission qui a été confiée à l’Algérie. Les négociations entamées par Bouteflika avec Ansar Eddine semblent de toute évidence avoir été imposées par les Américains, pour amener les groupes terroristes à coopérer pour les associer, en échange, au nouveau pouvoir qui se dessine au Mali après la résolution de la crise. Toutefois en fixant comme objectif l’abandon formel de l’application de la Charia par les groupes terroristes, sans pour autant abandonner le projet d’instauration d’un État islamique dans une future association de ces groupes terroristes au gouvernement du Mali, maquillé sous forme de reddition. Seule condition pour faire barrage à toute émergence d’une coalition démocratique et en écartant le MNLA (laïc) d’un éventuel retour sur la scène politique. Ce qui vient d’être confirmé par le groupe Ansar Eddine, promettant d’abandonner son projet d’application stricte de la Charia et le refus du Parlement européen d’auditionner le MNLA. Pourtant, le MNLA est le seul groupe à avoir un véritable ancrage dans la population locale et dont l’idéologie est véritablement démocratique et respectueuse des droits de l’homme. L’attitude du Parlement européen s’affiche ainsi en contradiction totale avec le principe de la politique européenne de voisinage (PEV), qui repose sur la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. L’Algérie devait en prime mettre à disposition des forces américaines un pont aérien à partir des aéroports de Tamanrasset et de Reggane et un appui logistique à la future force africaine d’intervention dans le nord du Mali. En toute conscience, le pouvoir algérien cautionne de fait cette grossière manipulation de la politique impérialiste américaine en Afrique, pour sauvegarder son pouvoir au détriment de la souveraineté nationale.

     

    Entre sa grande prédisposition à l’imposture, dans la peau d’un Janus qui se joue de la crédulité de la grande masse du peuple par le mensonge et le discours populiste, et son opportunisme, à s’attirer la sympathie de forces antagoniques pour dissiper toute menace sur le système despotique qui l’emploie, les manœuvres politiciennes de Bouteflika mènent l’Algérie droit à sa perte. Le pouvoir occulte algérien, après avoir investi pendant trois mandatures sa confiance en Bouteflika, pour le sauver d’un naufrage inévitable, ne trouve toujours pas de remplaçant à lui succéder pour les présidentielles de 2014. Il est du devoir des patriotes au sein de l’armée et du DRS, s’il en existe, de mettre fin à l’imposture et à l’opportunisme de cet aventuriste narcissique qui agit pour une gloire, qu’il sait chimérique, en monnayant au profit d’une junte despotique la survie du système au péril de la souveraineté nationale. Le danger qui guette aujourd’hui l’Algérie, c’est aussi l’opportunisme qui s’étend dangereusement à la société civile et aux partis politiques. Une presse "libre et indépendante" impuissante à s’exprimer, se contentant de survivre dans ce chaos en se réservant le droit à sa part de la rente contre son silence complice. Des organisations de la nébuleuse de l’ex-FIS et des partis politiques islamistes déjà existants ou nouvellement constitués sont financées sans compter par l’impérialisme Wahhabite, représentant de l’impérialisme Occidentalo-Américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Les militants de la société civile ou de partis politiques et le peu de presse libre qui résistent et tentent tant bien que mal de motiver les consciences à agir, se comptent en nombre insignifiant devant la gravité de la menace qui guette la souveraineté nationale. Jeudi 15 novembre une poignée de manifestants ont protesté contre le soutien de l’Algérie à l’intervention militaire au Mali, qui s’est soldée par l’arrestation des manifestants sans ménagement. Ils maintiennent néanmoins la mèche de la résistance à la dictature et à l’impérialisme occidental allumée par sa faible lueur, malgré un harcèlement et une répression permanente de la part des forces de sécurité, comme unique réponse que leur réserve un pouvoir despotique et hégémonique, dans l’exercice de leur devoir de citoyens.

     

    Youcef Benzatat

  • Abdelaziz Boutef:

     super-président ou simple paravent ?


    Par Le Matin |

    Quant notre Toufik-Aladin national l’a sorti de sa lampe magique pour l’imposer à la tête de l’Etat en 1999, les observateurs de la vie politique algérienne étaient partagés.

    Bouteflika, un habitué des apparition-disparition. Bouteflika, un habitué des apparition-disparition.

    Les uns (Opinion d’une majorité travaillée par une propagande inédite jusqu’ici) le présentaient comme un chef d’Etat doté de tous les pouvoirs, un grand président, lettré, beau gosse, tribun et les autres, rares, quelques analystes isolés qui ne reconnaissaient en lui qu’une énième marionnette avec une présentation et une préparation meilleures, améliorées. Lui comme un fou, comme aucune marionnette avant lui ne l’a jamais fait (Kafi et Zeroual se contentaient de bien boire, de bien manger, de bien … et d’assurer le service minimum) galopait partout, sillonnait les 48 wilayas, multipliait les discours, les voyages à l’étranger, les déclarations, distribuait la rente, hurlait, braillait, menaçait. Je conseille au lecteur de superviser sur Internet quelques reportages sur ses discours et déplacements juste après son apparition, c’est extraordinaire !

    Petit à petit, année après année, le subterfuge est apparu et le roi s’est dénudé, rien n’avait changé, le pays restait le même, pire, tous ses maux se sont aggravés. Les vrais décideurs étaient toujours là tapis dans l’ombre et le bonhomme se révèle un comédien et un charlatan. Alors la majorité des opinions a commencé doucement à changer.

    Ceux qui voyaient en lui un grand président ont commencé à douter et les autres à être plus nombreux. Aujourd’hui, beaucoup (De moins en moins nombreux) continuent à dire de lui qu’il est un super président, qu’il détient tous les pouvoirs entre ses mains mais comment les croire ? Il suffit de le regarder à la télévision aujourd’hui, usé par l’âge et sans doute la maladie, il se déplace, parle, lit, difficilement. Et je vous prie de le croire qu’avant de le filmer, on a choisi le jour où il est dans la meilleure de ses formes et des armées de médecins, de maquilleurs se sont démenés pendant des heures pour le préparer. Ses quelques amis, Khellil, Abdelhamid Temmar, Yazid Zerhouni ont disparu après avoir fait le plein.

    Son entourage actuel était là avant lui et tout le monde connaît ses connexions avec le pouvoir de l’ombre. Le changement est de façade donc. Comment peut-on cacher le soleil avec un tamis, sans tamis ! Comment ce bonhomme d’un autre temps peut-il encore gouverner un pays comme l’Algérie ?

    Lakhdar Boukarma

  • FACE AU CHAOS SYRIEN :

     

      L'EFFONDREMENT DE LA CONSCIENCE POLITIQUE ARABE

     

    Khaled Satour, 17 août 2012
    http://contredit.blogspot.fr/2012/08/face-au-chaos-syrien.html

     

    Cela fait des mois que je m'intéresse à la position prise par l'intelligentsia arabe et particulièrement syrienne à propos des événements de Syrie. Sur une vidéo mise en circulation sur Internet, j'ai entendu l'un des plus illustres opposants à Bachar El Assad, Michel Kilo, déclarer que les intellectuels syriens étaient "pour la révolution". Ce que mes propres observations tendent à confirmer car j'ai suivi avec toute la constance possible, à travers la presse arabe où ils s'expriment le plus volontiers, leurs prises de position et leurs analyses. Il m'est arrivé d'en conclure que, si la parole qu'ils exprimaient et leur conception de l'opposition au régime de Damas qu'ils préconisaient avaient la pertinence patriotique qu'ils leur attribuaient, c'est que j'étais démuni de certaines composantes du logiciel politique approprié, qu'eux-mêmes n'ont pas manqué, tous, de recevoir en partage. J'ai aussi parfois mis mon incapacité à comprendre sur le compte de la complexité des données de cette région du monde arabe où s'entremêlent tant d'intérêts et d'influences.
    Mais j'ai résolu pour finir de risquer un certain nombre d'observations. Car la situation est telle que la seule vérité indiscutable est que la Syrie, peuple, nation et Etat – et pas seulement le régime qui la gouverne de moins en moins – fait l'objet d'une agression étrangère multiforme destinée à l'anéantir. Cette agression ne diffère de l'entreprise lancée en 2003 contre l'Irak et en 2011 contre la Libye que par deux faux-semblants : la préexistence d'une prétendue révolution populaire pacifique qui aurait duré un an et l'échec fait à une intervention militaire de l'OTAN.

     

    UNE VERITABLE INVASION MILITAIRE

     

    Jusqu'au tournant de l'année en cours, des manifestations civiles, dont l'ampleur a sans doute été exagérée, brouillaient le jugement en imposant, grâce à une information sélective puissamment relayée, la vision d'un soulèvement populaire généralisé réprimé violemment. Le discours de l'opposition et des intellectuels pouvait alors avoir un semblant de justification. Mais qu'en est-il aujourd'hui? La guerre s'est étendue et les données relatives à l'identité des forces qui combattent l'armée régulière ne sont plus contestées :
    - Depuis le début du mois d'août, on a appris qu'Obama avait ordonné aux services secrets américains d'apporter toute leur aide aux insurgés et des sources britanniques ont confirmé que les forces spéciales américaines et britanniques se trouvaient sur le terrain pour appuyer l'armée syrienne libre qui serait la principale force engagée dans les combats. Avec le déclenchement de la bataille d'Alep, le nord du pays est ouvert à l'infiltration massive de groupes armés encouragée par la Turquie qui multiplie les manœuvres militaires agressives à la frontière. Dans le même temps, des forces armées occidentales affichent leur présence menaçante en Jordanie depuis mai dernier lorsque les Etats-Unis ont organisé des manœuvres avec l'armée du royaume.
    - Auparavant, en juillet, alors que les pires scénarios de partition du pays étaient évoqués, deux thèmes avaient été mis en avant d'une manière concomitante qui peuvent à tout moment servir de prétexte à une intervention militaire ouverte : l'entrée massive de combattants d'Al Qaéda en Syrie et le sort des armes chimiques détenus par le régime. Le journal El Quds El Arabi du 22 juillet n'excluait pas que les Etats occidentaux et/ou Israël envisagent une action militaire pour empêcher les groupes djihadistes (ou encore le Hezbollah) de s'emparer des "armes de destruction massive".
    Ces groupes étaient présentés contre toute vraisemblance comme une tierce partie au conflit, des intrus qui se seraient librement invités à la curée. En somme des ennemis de l'Occident et d'Israël, avant tout! En mai dernier, le secrétaire américain à la Défense s'alarmait de ce que les attentats de Damas "portaient l'empreinte d'Al Qaéda", ajoutant que l'organisation tirait profit du chaos qui régnait dans le pays. Le journal El Quds précisait dans son édition des 21/22 juillet que 6000 combattants de l'organisation, de différentes nationalités arabes, étaient entrés dans le pays, par la Turquie et l'Irak, pour s'assurer le contrôle de l'"Emirat de Syrie". Des informations concordantes, validées par les experts de la désinformation occidentaux eux-mêmes et notamment français, laissaient entendre que l'armée syrienne libre, pour l'essentiel cantonnée en Turquie, n'était qu'un figurant dans les combats.
    On choisit ainsi par moments de mettre en avant la présence d'Al Qaéda qui n'est pas douteuse à condition bien sûr de comprendre qu'on étiquette sous ce label quelque peu anachronique les cohortes de djihadistes formées et commandées par les Etats du Golfe, sous la supervision des Etats occidentaux, celles-là mêmes qui ont dévasté l'Irak et le Yémen pendant des années, abattu le régime de Kadhafi, avec le concours de l'OTAN, en attendant de mettre le Sahel et peut-être le Maghreb à feu et à sang.
    - Cette infiltration de mercenaires n'a d'ailleurs pas commencé en cet été 2012. Elle remonte à l'année dernière mais les organes de la désinformation refusaient alors de reconnaître la guerre d'envergure menée contre le régime[1].
    Des affrontements sans merci avaient alors lieu, dont les populations civiles étaient massivement victimes. Ce fut le cas notamment à Homs[2].
    Avant que le journal britannique The Guardian ne confirme en janvier l’existence d’un soutien militaire extérieur, en particulier américain, à l’insurrection syrienne[3], son homologue, le Daily Telegraph, avait révélé que le chef du conseil militaire libyen à Tripoli, Abdelhakim Belhadj, avait été dépêché par le conseil national de transition en Turquie où il avait discuté avec les chefs de l’ "armée syrienne libre" de "l’envoi de combattants libyens pour entraîner ses soldats"[4].
    Cela fait à ce jour plusieurs mois que la « révolution » syrienne a opéré sa jonction militaire avec les acteurs de l’insurrection libyenne et leur encadrement arabe et occidental.

     

    UNE "REVOLUTION" PRIVEE DE DIRECTION POLITIQUE?

     

    Il faudrait donc en bonne logique requalifier les faits qui se déroulent en Syrie. Si jamais une révolution populaire a bel et bien commencé dans ce pays en mars 2011, qu'en reste-t-il à l'heure des combats menés par des djihadistes de tous poils, par les groupes qu'ont acheminés de Libye et d'ailleurs les monarchies du Golfe, par les services secrets et les forces spéciales occidentales? Et c'est de l'opposition et de l'intelligentsia syriennes que devrait venir une réponse. Peuvent-elles persister à ne se définir que comme l'opposition au régime, au mépris de leur devoir patriotique? Pour les branches qui refusaient l'ingérence militaire, la priorité n'est-elle pas aujourd'hui de dire non à l'invasion armée étrangère qui, pour n'avoir pu se matérialiser sous la forme de bombardements de l'OTAN, n'en menace pas moins l'existence souveraine et unie du pays? Force est de constater que non : l'opposition continue à conceptualiser par une démarche voulue unitaire une transition illusoire dont les données et les perspectives lui échappent totalement.
    Le Syrien Ammar Dioub, dont j'ai lu plusieurs articles publiés depuis le début de la crise, faisait le 13 juillet dernier l'observation suivante à propos des multiples rencontres organisées par l'opposition depuis plusieurs mois :

     

    Ces conférences ont manqué à leur unique justification: la détermination précise des objectifs de la révolution (…) Et de ce fait, la révolution était et demeure orpheline d'une opposition véritable qui la représente[5].

     

    Ce simple constat, qui attriste l'auteur en sa qualité d'adepte de la dite "révolution", résume l'irréductible contradiction qui fait de l'attitude de cette opposition (mais aussi de l'écrasante majorité de l'intelligentsia syrienne), plus qu'une énigme, un véritable défi à la raison. Voilà une révolution, dénommée et labellisée d'emblée comme telle qui n'aurait jamais eu de direction politique (dans le double sens de l'expression). Ce constat est fait aujourd'hui, alors que ce sont des insurgés en armes qui combattent le régime. Mais il vaut pour les longs mois durant lesquels on nous représentait la scène syrienne comme le théâtre de manifestations populaires pacifiques.
    Il suppose que soient vérifiées deux hypothèses :
    - D'une part que la mutation du conflit soit dans l'ordre des choses : depuis mars 2011, coulerait sans interruption le fleuve d'une seule et même révolution, recueillant après une période de protestations civiles les affluents de violences armées qui ont gonflé son cours démesurément mais sans jamais lui faire quitter son lit.
    - Et, d'autre part, que les groupes armées aient légitimement pris le relais du peuple pacifiquement révolté, dans une continuité révolutionnaire qui ne s'est pas démentie, sans qu'une direction politique n'ait jamais rien supervisé, sans qu'elle n'ait mis au point cette "détermination précise des objectifs" dont l'auteur déplore l'absence.
    Or, l'examen des prodromes "civils" de la confrontation armée suggère que la violence y était contenue en germe.
    Car, si l’on considère que la seule alternative à une généralisation de la violence était l’option politique, force est de constater que celle-ci était exclue du fait même de la nature de l’insurrection à son déclenchement. La contestation a été conçue de telle sorte qu'elle ne laisse aucune marge d'initiative à la politique et il n'est pas fortuit qu'on l'ait déclenchée à l’insu et à la surprise des nombreuses forces d’opposition existantes[6], même si certaines en ont revendiqué la représentation a posteriori. Le phénomène est d'autant plus édifiant qu'il est commun aux principales « révolutions » arabes. On peut le dégager de certaines des nombreuses analyses publiées par des familiers de la scène syrienne.

     

    UNE DONNEE DE BASE : L'INCONNU

     

    Mais il faut d'abord réfuter la principale explication de la genèse du soulèvement qui se fonde sur les faits déclencheurs les plus immédiats et fait l'objet d'un consensus très large. Elle évoque des événements que le journal El Quds El Arabi avait rapportés le 24 mars 2011 comme suit :

     

    L’étincelle de l’intifada syrienne est partie de la ville de Deraâ lorsque les forces de sécurité syrienne ont emprisonné un groupe d’enfants âgés d’une dizaine d’années qui avaient écrit des graffitis demandant la chute du régime et il n’est pas improbable que se déclenche une révolution qui s’étendra aux villes, aux villages et aux campagnes syriennes à cause des pratiques répressives des forces de sécurité syriennes.[7]

     

    Le problème « factuel » que pose une telle interprétation est qu’il est pratiquement impossible d’établir la date exacte de l’arrestation de ces enfants (dont le nombre varie selon les sources de 15 à 25). Dans les chronologies établies par la presse internationale, on mentionne ces faits sans en spécifier la date, certains médias s’accordant cependant à les dater du 13 mars, c’est-à-dire quelques jours avant les premières manifestations de Deraâ du 17 mars (El Qods du 24 mars 2011).
    En fait, ils n’ont pas été rapportés dans leur actualité, El Qods les ayant mentionnés la première fois le 11 mars 2011 parmi les « histoires et récits » dont les « sites regorgent » en citant le site syrian.net qui avait fait état « d’une vaste campagne d’arrestations dans la province de Deraâ qui a visé il y a quelques jours 25 enfants de la 4e Année primaire qui avaient scandé à l’école le mot d’ordre : Le peuple veut la chute du régime ». On en conclut que ces arrestations sont présumées avoir eu lieu avant le 10 mars, à une date indéterminée, alors même que les appels lancés sur Facebook pour la « révolution contre le régime d’El Assad » fixée au 15 mars étaient apparus dès le 5 mars sans référence aux écoliers de Deraâ et avec déjà pour mot d’ordre « la chute du régime » (El Qods du 7 mars 2011[8]).
    S'agissant maintenant des organisations qui ont vu le jour pour représenter la "révolution", certaines ont revendiqué un lien organique constitué avec les "coordinations" qui ont occupé le terrain à partir de mars 2011. Mais, comme le soulignait l’écrivain syrien Mohamed Dibou dans un article paru le 13 octobre, rien n'obligeait à les croire[9] :

     

    Des interrogations sérieuses sont soulevées par les coordinations (qui constituent la force qui pèse le plus dans l’opposition), la modalité de leur représentation et la question de savoir de quelle organisation elles sont proches. En effet, le comité de coordination et le conseil national annoncent, chacun pour son compte, qu’ils sont en contact avec les coordinations qui auraient adopté leur programme. Mais qui croire ? D’autant que les coordinations ne sont pas en mesure, à ce jour, de s’exprimer publiquement et qu’elles ne sont pas unifiées, à quoi il faut ajouter qu’on ne sait pas lesquelles d’entre elles représentent effectivement la rue et lesquelles ont rejoint l’action. Il y a des petits quartiers qui se trouvent avoir bien plus qu’une seule coordination !

     

    Il est clairement constaté ici que, si les forces politiques qui étaient à l’œuvre avant l’insurrection ont été prises de court, c'est parce que les initiateurs du mouvement sur le terrain étaient de nouveaux venus à l’action politique. Les formations nouvelles, créées dans le sillage des événements, se sont mises à la remorque des nouveaux venus alors même que rien ne permettait d'identifier ces derniers de façon certaine. C'est à l'irruption d'une forme d'activisme inédit que l'on assistait. Les coordinations locales paraissaient donner l'mpulsion mais c’est à la rue que le dernier mot revenait.
    Se dessinait ainsi une organisation « révolutionnaire » à trois étages, la rue, les coordinations locales et les structures politiques, dans laquelle la prééminence qui commandait la prise de décision était l’envers exact de ce qu’enseigne l’histoire des révolutions. La hiérarchie de la décision privilégiait dans cette triade le nombre et l'anonymat, de telle sorte que le dernier mot revenait à la rue. Et c’est sans doute parce que cette dernière donnée était embarrassante qu’on a proclamé que la rue était le peuple, sans autre forme de procès. De ce fait, on tenait la révolution populaire tant rêvée! Cependant, il en est qui ont relevé ce que cette situation avait pour le moins d’insolite. Ainsi une autre Syrienne, Khawla Dounia, qui notait le 22 septembre 2011 les observations suivantes :

     

    Un de mes amis a dit que la révolution exerçait une sorte de terrorisme intellectuel sur tout opposant et intellectuel car il ne peut ignorer la rue et ses demandes chaque fois qu’il désire exposer une opinion sur ce qui se passe ou sa vision d’une solution. Il se sent tenu par les slogans et les réactions de la rue, de peur d’être traité de traître[10], d’abord, et d’essuyer un refus, ensuite. Il y a une sorte de flagornerie chez certains qui reprennent les mots d’ordre de la rue tels quels sans les soumettre à l’analyse intellectuelle ou politique pour les rendre propres à l’application ou à la discussion (…) Il semble que ces opposants et intellectuels ont peur que soient tenus pour nuls et non avenus tous les sacrifices qu’ils ont consentis (de longues années de prison, l’exil, la privation des droits) du seul fait qu’ils expriment leurs convictions [11].

     

    L'adhésion des intellectuels à la révolution, telle que constatée par Michel Kilo, a-t-elle été si librement choisie? Ce qui était énoncé ici sur un mode quelque peu anecdotique confirmait la suprématie de la rue (cette fameuse "rue arabe", si longtemps traitée en ersatz d'opinion publique!) ainsi que l'invisibilité d’un encadrement opérationnel de son activisme qui renseigne sur l'identité politique (ou au moins sociale) du soulèvement. La rue, anonyme, est la révolution. Cette affirmation ne s'est jamais démentie en dépit de son invraisemblance car, si l’on considère la continuité et la cohérence des actions de protestation menées depuis mars 2011 et la parfaite logistique qui a accompagné les manifestations[12], toute cette entreprise avait forcément des cadres clandestins d’organisation et de programmation opérationnelle sur lesquels toute interrogation a aussitôt été condamnée comme hérétique. Elle avait aussi ses symboles forts, tels que le "drapeau de l'indépendance" substitué au drapeau de l'Etat et que l'on a rapidement vu exhibé à travers tout le pays comme ce fut le cas en Libye.
    Si structuré que fût l'activisme de la "rue", on s'est rapidement préoccupé de son infirmité politique et s'est posée la question de savoir si l’opposition organisée pouvait lui faire l'apport d'un programme. Dans la mesure où plusieurs formations (qui devaient vite se regrouper dans deux structures dominantes, le CNS et le CCND[13]) se sont mises en compétition pour assumer cette tâche, laquelle serait reconnue légitime pour le faire? La difficulté venait de ce que, contrairement à ce qu'ont clamé plusieurs courants marxistes de Syrie et d'ailleurs, la revendication sociale n’était plus audible parce que les mots d’ordre de la rue se sont très vite refermés sur la revendication de la chute du régime (doublée ensuite pendant des mois de celle de l’intervention étrangère). L'opposition requise pour porter le combat de la rue sur le plan politique était de ce fait aussi indifférenciée que paraissait l'être le mouvement de contestation. Libéraux, nationalistes, marxistes, frères musulmans, salafistes, toutes les tendances étaient parties prenantes.
    La légitimité ne semblait devoir se juger qu’à l’aune de la revendication centrale (abattre le régime), à l’exclusion de toute autre considération relative à un programme politique, à un projet social. La "rue" avait imposé sa loi d'airain : la fidélité à la révolution ou la trahison se mesurait, comme nous venons de le relever, à l'aune du seul rapport à l’activisme. Un autre auteur syrien écrivait à ce propos dans un article du 28 octobre 2011 :

     

    Toutes (les révolutions arabes) ont en commun deux caractères essentiels. Le premier c’est d’avoir été initiées par le peuple sans qu’aucun parti ni aucune structure ne l’ait mis en mouvement. Le peuple a pris de vitesse toutes les forces et partis quelle que soit leur appartenance idéologique, il s’est substitué à eux pour mettre la rue en mouvement et diriger son action spontanément, affirmant sa détermination à réaliser un seul but : la chute du régime. Le second caractère est que ces révolutions sont privées de toute conceptualisation préalable de ce qu’elles aspirent à réaliser après leur victoire … Il était clair pour tous que l’objectif général qui rassemble l’indépendant, l’islamiste, le communiste, le nationaliste, etc., se limitait à cet objectif principal annoncé sans précision autre (c’est-à-dire la chute du régime, NDRL)[14].

     

    C'est la négation même de la révolution car aucun espace n'était dédié à l’élaboration d’un programme politique, d’un projet de société. La légitimité était d’un type nouveau qu’on pourrait désigner comme une légitimité subversive accordant la prime à l’activisme. Sur cette question, le Syrien Addi Zaâbi écrivait le 29 décembre 2011 dans El Qods :

     

    Il reste en définitive la légitimité que peut se donner l’opposition par sa capacité à influer sur la révolution. Là, le rôle de l’opposition sera secondaire. Le rôle essentiel dans le changement demeure exclusivement entre les mains des jeunes sur le terrain. Il sera peut-être difficile d’évaluer le rôle du conseil (national syrien) et du comité (de coordination) dans la conduite de la révolution. Bien sûr, la révolution a commencé en dehors de l’opposition traditionnelle. Mais, après la formation du conseil, se faire une opinion sur le rôle qu’il joue devient pratiquement impossible du fait des exigences de secret qui commandent le travail de terrain. Dans tous les cas, il apparaît que ce rôle n’est guère important (…) Quoi qu’il en soit, les choses sont claires : les coordinations de l’intérieur, dans leur diversité, accorderont la légitimité à l’une des instances … La priorité est de renforcer les actions sur le terrain. Le moteur essentiel des événements sur le terrain, ce sont les jeunes et les coordinations. Ceux-là n’ont pas besoin de légitimité. Ce sont eux qui octroient la légitimité aux entités politiques[15].

     

    Peut-on être plus clair ? L’auteur de l’article, qui paraît bien au fait des rapports de force, confirmait ce que pareille « révolution » avait d’inédit : la prééminence absolue de structures secrètes composées d’anonymes faisant leurs premières armes dans l’action ! Et le secret de l’initiative « sur le terrain » empêcherait même d’impliquer les organisations politiques (en particulier le conseil national qui semble avoir la préférence de notre auteur) dans les décisions à prendre. De toutes façons, n’est-il pas affirmé que le rôle de l’opposition sera secondaire, ce qui se confirme aujourd'hui comme l'expression euphémique de la vérité ? Surtout, il y a cette conclusion qui donne froid dans le dos : les jeunes et leurs coordinations sont la source absolue de toute légitimité. Voilà qui met en évidence la donnée de base de cette révolution, et dans une large mesure de ses devancières arabes. Cette donnée se résume en un mot : l’inconnu. Des initiateurs inconnus, des acteurs opérationnels inconnus, une destination inconnue.
    Il n’est dès lors pas étonnant que la légitimité définie selon ces canons de l’activisme sur le terrain ne puisse être déléguée qu’à l’instance politique qui en serait le simple prolongement à l’extérieur car, si le régime est déstabilisé par l’action locale, il ne peut être abattu, du fait du vide politique inhérent au mouvement, que grâce aux coups de boutoir qui lui seront portés au plan international. Cette révolution n'était pas en quête d'une direction politique mais d'un agent qui servirait à la "communauté internationale" de levier pour une intervention militaire. L'entreprise était ainsi vouée d'entrée de jeu à finir dans l'ingérence.

     

    L'AGONIE BRUYANTE DES CONSCIENCES

     

    Quelle est alors cette opposition, constamment absente de son poste comme le déplore Ammar Dioub, en retrait de sa mission historique supposée, mais qui ne doute jamais de sa qualité d'accoucheuse de l'avenir? C'est cette question qu'il faut poser et plus particulièrement aujourd'hui avec la généralisation de la violence.
    Dernièrement, sur quelle comète a-t-elle donc voulu tirer des plans lors de la conférence du Caire tenue au début de juillet? Au cours d'une rencontre préparatoire à cette conférence, l'opposition avait mis au point le 6 juin deux documents : un pacte national et un plan pour la période de transition. Mais dans le même temps, un projet intitulé "Le jour d'après" sortait des laboratoires de deux organisations occidentales, sous étroite tutelle étatique, l'institut américain pour la paix (USIP) et l'institut allemand des affaires internationales et de la sécurité (SWP), aussitôt adopté, contre la parole donnée aux autres organisations d'opposition, par le conseil national syrien (CNS).
    Ce qui soulève à deux niveaux une même interrogation sur les initiatives de l'opposition syrienne :
    - D'abord, parmi les organisations représentées, quel intérêt des organisations telles que la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), implantée sur le territoire syrien, et le comité de coordination pour le changement national et démocratique, dirigé (théoriquement) de l'intérieur, prétendant tous deux s'opposer à l'intervention étrangère (qui n'a désormais plus rien de virtuel!), trouvent-elles à rencontrer avec une telle constance le CNS qui n'a jamais été que l'outil de l'intervention militaire étrangère[16]?
    - Ensuite et surtout, comment cette opposition pourrait-elle élaborer le projet d'une république civile et démocratique, garantissant l'unité du peuple, l'égalité totale dans la citoyenneté et les libertés publiques individuelles et collectives, selon les termes du projet de pacte national, alors même qu'elle a été et demeure exclue du processus qui est en train d'abattre le régime et d'anéantir le pays, les insurgés ayant entrepris de détruire les pipe-lines, les dépôts de gaz, les stations hydrauliques, les silos à blé, de couper les lignes de communications, de faire sauter les trains[17]. A défaut d'une maîtrise organiquement établie des groupes armés qui combattent le régime, cette opposition est réduite à une impuissance que le discours incantatoire ne peut plus dissimuler.
    Toutes ces organisations n'ont jamais été en mesure, ni unies ni prises séparément, de constituer la superstructure politique de la pseudo révolution syrienne. La direction politique d'une révolution suppose la mainmise sur les forces combattantes, lorsque la révolution est violente; elle suppose le choix de la stratégie militaire pour les troupes qu'elle commande et, comme c'est toujours le cas dans une entreprise révolutionnaire qui vise une victoire politique, la latitude de négocier une issue pour la réalisation de ses objectifs, qu'elle doit avoir définis. Ce sont autant de portes que lui ferment violemment au nez les hordes de combattants étrangers, nombreuses et disparates, qui mènent la guerre sous la conduite d'Etats étrangers et conformément à leurs objectifs. Les frontières du pays sont ouvertes à tout vent, la souveraineté nationale est mise à mal tout autant que le régime : elle sera réduite à néant aussi complètement que ce dernier sera mis à bas. Restera-t-il seulement, au terme de ce processus, assez de la Syrie, de la patrie, pour que quiconque puisse rêver d'en faire une république démocratique?
    Tout indique en définitive que, nonobstant la sophistication du discours de certains de ses représentants, l'opposition n'est, à son insu pour une part de ses composantes, et, en toute conscience pour l'autre, que la complice d'une entreprise de démantèlement de son propre pays.
    Dès lors, une constatation grave mais élémentaire s'impose : il faut que se soit produit un effondrement aussi soudain que total de leur conscience morale et politique pour que des intellectuels de gauche syriens, des opposants aux convictions anti-impérialistes affirmées, à la fibre patriotique éprouvée, s'engagent dans le soutien, plus ou moins conditionné, à l'entreprise obscure lancée sur le terrain en mars 2011 par des groupes insurrectionnels quasiment non-identifiés, de toute évidence préparés et manipulés, aux fins d'abattre le régime de Bachar El Assad; pour que, la réalité du processus se dévoilant aujourd'hui dans l'attaque généralisée contre le pays et non seulement contre le régime, ils persistent dans leur position.
    Tous ces théoriciens bavards, qui n'en finissent pas de se disputer les pages de la presse arabe pour faire allégeance à la "révolution", n'ont-ils pas vu venir, à la suite de la pseudo résistance pacifique du "peuple", l'inéluctable vague qui dévaste le pays en cet été 2012 : celle des légions de combattants surarmés, débarqués des avions de l'OTAN et infiltrés de Turquie, du Liban, de Jordanie, financés ouvertement par les Etats du Golfe, coordonnés dans leur action meurtrière par les logistiques occidentales?
    N'avaient-ils pas eu le loisir de méditer le sort réservé à la Libye dont il est désormais reconnu que, outre les intenses bombardements de l'OTAN, ce sont des commandos internationaux de criminels sous les ordres des services spéciaux du Golfe et de l'Occident qui ont livré les batailles les plus décisives aux troupes de Kadhafi avant de procéder au lynchage public en mondovision de ce dernier[18]?
    Que valent les professions de foi démocratiques de ces élites face à l'évidence de la falsification? En Syrie, comme en Libye, quelle démocratie pourra bien naître, à la suite du régime dictatorial, du chaos de tant d'appétits conjugués?
    Il est sans doute vrai que la catastrophique longévité des dictatures arabes était faite pour exaspérer, pour désespérer, qu'elle a fini par nourrir une véritable obsession de la délivrance. Mais cette exaspération, cette obsession, ont tardé à provoquer, pour abattre ces régimes, une authentique entreprise de libération forgée par la volonté des peuples, et n'auront été, pour finir, que des paramètres parmi d'autres, des ingrédients de propagande, entrant dans l'élaboration à froid d'une stratégie à visée géopolitique dont l'objectif est de démembrer violemment des nations et des sociétés pour leur retirer toute influence sur leur environnement régional.
    Que la toute-puissance impériale prétende décider de la vie ou de la mort des régimes, prolongeant ou abrégeant dictatures et démocraties, au gré de ses seuls calculs, n'est pas nouveau. La preuve en a été administrée sur tous les continents. Mais c'est bien la première fois qu'elle opère dans le silence et – s'agissant des élites arabes – l'agonie bruyante des consciences.
    Telle est la force sidérante du leurre démocratique qu'il a conduit de vastes secteurs de l'intelligentsia arabe, quelles que puissent être leurs dénégations, à faire objectivement cause commune avec les monarchies du Golfe et leurs émules (dont les moins virulents ne sont pas les nouveaux régimes tunisien et libyen), les appareils politiques et médiatiques occidentaux, le fidèle vassal turc, les plus revanchards d'entre les ultras libanais, et quelques oiseaux de proie de l'acabit de Bernard-Henry Lévy.
    C'est dire que la conscience politique et morale des élites arabes se meurt dans le déshonneur.

     

    Deux illustrations en guise d'additif :

     

    1. "TOUT RESTE OUVERT …"
    Si je devais rapprocher les deux opinions qui m'ont paru, au cours de ces longs mois de "révolutions arabes", représenter la meilleure confrontation du sens et du non-sens, je choisirais d'une part une phrase lapidaire, en forme d'interjection, lancée par le poète syrien Adonis et, d'autre part, un extrait du livre publié l'an dernier par Tarik Ramadan.
    Je commence par ce dernier. Dans son ouvrage consacré aux "révolutions" arabes, il ne manque pas de s'attarder sur les éléments de fait qui attestent que les "révolutions" arabes ont été préparées et financées de l'étranger – ce genre d'éléments que la propagande a su réduire à des données incidentes, quasi anecdotiques, chaque fois qu'elle n'a pas pu les occulter. Après avoir exposé avec force détails les informations qui attestent le financement des programmes de formation et de développement des réseaux organisés de blogueurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient mis au point par les Etats-Unis et certains Etats européens, "les faits, parfois troublants, relatifs aux formations et aux ingérences politiques et militaires", sans oublier "le rôle joué par des compagnies du secteur privé telles que Google, Yahoo, Facebook ou Twitter", Ramadan limite son jugement final à la pirouette suivante, dosage savant de lucidité et de légèreté qu'on ne peut qualifier autrement que de cynique :

     

    Tout reste ouvert. Encore faut-il que les sociétés civiles et les citoyens s'engagent à penser des projets de société à partir de leur histoire, de leur mémoire, de leurs références, de leurs valeurs et de leurs espoirs. A terme, il leur appartient de reprendre possession du sens de leur révolte, quand bien même ils n'en auraient pas été les seuls instigateurs, penseurs et agents[19]".

     

    Quant à Adonis (dont je précise que je suis habituellement loin de partager les vues), il s'est contenté, voyant venir en février dernier l'intervention étrangère en Syrie, de cette exclamation (en forme d'interrogation valant l'affirmation d'une position) : « Comment peut-on poser les fondements d’un Etat avec l’aide de ceux-là mêmes qui ont colonisé ce pays[20]?
    Ce sont deux attitudes, qui, outre la différence de leurs formes d'expression, traduisent deux rapports opposés à la vérité établie des faits. Ramadan constate que les peuples arabes ne sont pas les seuls "instigateurs, penseurs et agents" de "leur" révolte mais qu'"il leur appartient d'en reprendre possession" et partant "tout reste ouvert". "A terme". Autrement dit, ils n'en ont pas encore, à l'heure où il écrit ces lignes, "repris possession" mais elle est déjà "leur" pour cette seule raison que "tout reste ouvert".
    La belle affaire! Qui peut contester que tout reste ouvert en toutes circonstances? Tout était resté ouvert pour les peuples colonisés au moment même où le colonisateur prenait possession de leurs pays, de leurs richesses et de leurs vies. A quel sophisme ne faut-il pas recourir lorsqu'on veut à tout prix considérer que l'ingérence étrangère est à terme un bienfait, une ouverture!
    Adonis, pour sa part, semble imprégné d'une toute autre sorte de perspective historique : il n'aperçoit pas d'ouverture à terme mais la fermeture tout de suite lui saute aux yeux. Pire : un retour en arrière, la reproduction régressive d'un cycle qu'il définit par un raccourci pertinent comme colonial. Pour être rudimentaire, son raisonnement sous-jacent n'en est que plus approprié à l'interprétation d'un fait aussi univoque que l'ingérence étrangère, alors que Ramadan, enferré dans son parti pris dialectique, doit faire recours, en guise d'abstractions savantes, à un jargon vide de sens (mémoire, références, valeurs, espoirs).
    Lorsque le même fait (ou comme ici deux faits matérialisant la même réalité : l'ingérence étrangère) est tenu pour vrai dans deux perspectives d'analyses aussi antagonistes, c'est-à-dire d'un côté pour en tirer les conséquences qui s'imposent et de l'autre pour tenter d'en minimiser le sens, on a toujours pour résultats un positionnement limpide et un raisonnement tortueux.
    Mais cette situation est l'exception car, en général, les divergences profondes se construisent sur des élaborations factuelles nettement différenciées. La bataille en vue d'imposer une certaine vérité des faits est en effet essentielle, sinon pourquoi la désinformation serait-elle devenue l'arme absolue dans les conflits? Cela étant, il est capital de comprendre que les protagonistes du débat les plus engagés, les plus impliqués dans la confrontation des opinions, pour ne rien dire des appareils politico-médiatiques qui sont au service des Etats et ne connaissent de vérité qu'instrumentale, élaborent une représentation des conflits assez nettement affranchie des faits. Ils sont en effet conscients que la vérité des faits est trop nuancée pour soutenir les positions tranchées, qu'elle est un handicap dans la confrontation (souvent la guerre) en cours. C'est que l’espace politique est un lieu de positionnement où se déroulent des stratégies et se défendent des intérêts. C’est un lieu d’action où les vérités affirmées sont en compétition en vue de finalités et où leur manipulation est partie intégrante du jeu.
    Hannah Arendt considérait que, pour mériter le label de "diseur de vérité", il fallait prouver son "désintéressement" politique et pour cela « prendre pied hors du domaine politique » sous peine de voir sa parole corrompue. Mais tout cela n'est plus que spéculation anachronique qui supposerait que, hors de l'espace politique, il existerait un espace public où l'échange serait désintéressé. Cela est moins vrai aujourd'hui que jamais, l'espace politique partial et unilatéral s'étendant à tout. A chaque occasion qu'une entreprise de désinformation est lancée, à une échelle mondialisée comme il se doit, elle se constitue en espace politique globalisé qui ne cède aux opinions dissidentes que les périphéries d'Internet. Ramadan n'était tombé en dissidence que par accident. Il avait eu la maladresse, dans un premier temps, de mettre l'accent sur cette formation par l'Occident des cyber-résistants, s'aventurant inconsidérément sur un terrain indigne de l'homme d'influence qu'il prétend être. Les contorsions auxquelles il a dû par la suite se livrer dans son livre (et dont je n'ai cité qu'un échantillon) étaient le prix à payer pour réintégrer l'espace politique globalisé. Il ne s'est pas dédit. A peine renié[21].

     

    2. "MON TEMOIGNAGE POUR L'HISTOIRE"

     

    Abdelbari Atwane, directeur de la rédaction d'El Qods El Arabi, est un équilibriste d'une toute autre envergure que Tarik Ramadan. J'ai déjà analysé plusieurs de ses contributions sur les révolutions arabes dans un article précédent[22], Son éditorial de l'édition des 4-5 août 2012, intitulé "Parlez-nous de la Syrie d'après El Assad"[23], se conclut par une prise à témoins de la postérité qui confine au testament politique (c'est dire si le personnage prend sa parole au sérieux!) :

     

    Je soulève ces questions pour dégager ma responsabilité afin qu'un jeune chercheur puisse dire dans le futur que quelqu'un a écrit, averti et sonné l'alarme, que tous les Arabes n'étaient pas dans l'égarement, abusés les yeux ouverts par des plans conçus pour les diviser et les éparpiller. C'est mon témoignage pour l'histoire.

     

    Ce qui nous vaut cette solennité de ton, c'est l'analyse qu'il fait de la situation de la Syrie et du monde arabe en butte aux plans occidentaux, étayée de retours en arrière jusqu'à l'époque du démantèlement de l'empire ottoman et la trahison de la Grande- Bretagne manquant aux promesses faites aux Arabes, avec retour aux conspirations du présent dont l'inspirateur serait l'orientaliste Bernard Lewis qui a préconisé en 1979 un plan de "balkanisation" des Etats arabes actuellement en cours de réalisation. Rien donc que nous ne puissions entendre dans sa généralité. S'ensuit cette longue tirade qu'il est utile de rapporter avec toutes ses boursouflures :

     

    Je vis en Occident depuis 35 ans. J'ai étudié, enseigné et fait des conférences dans la plupart de ses universités. J'ai écrit dans ses journaux des articles sur le Proche-Orient. J'ai participé à des entretiens sur la plupart sinon la totalité de ses chaînes de télévision, sans parler des centaines de congrès et séminaires politiques. J'en ai retiré la conviction absolue qu'il n'y a pas de politiques improvisées, que les politiques et les guerres stratégiques sont conçues sur la base de l'action et de la planification maîtrisées et non sur la base de la réaction aux événements, que les experts occidentaux considèrent comme une vérité établie qu'il est facile de tromper les Arabes, d'exploiter leurs points faibles et de semer entre eux la division sur la base de l'appartenance religieuse et ethnique. Il suffit de relever que la principale faculté de l'université de Londres est l'école des études orientales et africaines, fondée dans le but d'étudier les tribus et ethnies arabes et préparer les gouvernants anglais aux colonies arabes (Souligné par nous).

     

    Je laisse à Atwane la responsabilité de cette rationalité infaillible qu'il attribue à l'Occident. Mais pour le reste, sous réserve de l'emphase du propos et de la nécessité qu'il y aurait à avoir vécu 35 ans en Europe pour être conscient de ces réalités (surtout lorsqu'on est Palestinien), je n'ai pas grand-chose à redire de ces affirmations. Le problème est que M. Atwane, nous ayant à peine fait vivre ce grand moment de vérité, s'empresse, à la manière de Tarik Ramadan, de réintégrer le giron de l'espace politique consensuel puisqu'il écrit :

     

    Les révolutions des peuples qui se sont soulevés contre la dictature et l'oppression étaient spontanées et légitimes pour la plupart mais l'Occident a tenté et tente de récupérer ces révolutions et de les exploiter dans son intérêt pour s'accaparer les richesses pétrolières, pour affaiblir les Arabes en général et (amoindrir) le danger qu'ils représentent pour Israël (Souligné par nous).

     

    Que veut laisser entendre Atwane quand il écrit que la plupart des révolutions arabes sont spontanées et légitimes? Laquelle ou lesquelles excepte-t-il, lui dont le journal les a toutes soutenues?
    Mais surtout comment peut-il concilier l'affirmation que l'Occident agit toujours par la préméditation et la planification sans jamais avoir à "réagir aux événements", d'une part, et son diagnostic sur les révolutions arabes, spontanées mais exploitées par l'Occident, d'autre part?
    Seule une troisième question mérite réponse et c'est la suivante : Faut-il chercher une réponse à ces deux premières questions? Et la réponse est non : M. Atwane témoigne pour l'histoire, faisons-lui grâce des vérités contingentes du présent.

     

    NOTES :

     

    [1] Jusqu'à la fin 2011, alors que des groupes d’insurgés livraient à l’armée de véritables batailles, lui disputant le contrôle de villes comme Zabadana et Douma ainsi que plusieurs quartiers de Homs, de Hama et d’autres villes, les médias occidentaux et du Golfe parlaient d'une guerre faite par le régime aux civils. Puis les violences se sont généralisées : on a annoncé des massacres inter-confessionnels et des enlèvements, dans un climat de terreur entretenu depuis le 23 décembre dernier par des attentats à la bombe à Damas et dans d’autres villes, en particulier Alep où l’explosion de deux voitures piégées le 10 février 2012 a été revendiquée par l’armée syrienne libre (Selon une dépêche de l’AFP rapportée le 10 février par El Qods El Arabi sur son site http://www.alquds.co.uk/).

     

    [2] Alors que l’armée régulière encerclait et bombardait des quartiers de la ville, les milices du régime combattaient les forces insurgées dont le journaliste britannique Paul Wood, témoin des combats, écrivait que, « en dépit de l’existence d’un conseil militaire en Turquie et d’un porte-parole de l’armée syrienne libre », « ce ne sont que des groupes de combattants qu’on peut qualifier de milices » recourant sans état d’âme, comme il en a rapporté des témoignages des intéressés eux-mêmes, à l’exécution de leurs prisonniers (Rapporté par El Qods dans son édition du 13 février 2012). Ajoutons que ce 22 juillet 2012, les médias ont fait état de pareilles exécutions sommaires de soldats syriens par des groupes armés aux postes frontières contrôlés par ces derniers. Depuis lors, en ce mois d'août 2012, les insurgés multiplient les exécutions sommaires .

     

    [3] Le journal rapportait en janvier que « des avions militaires de l’OTAN dont les marques d’identification ont été retirées se sont posés à Iskenderun (en Turquie) près de la frontière syrienne pour débarquer des volontaires libyens et des armes saisies dans l’arsenal de feu Mouammar Kadhafi », ajoutant que « des formateurs appartenant aux forces spéciales françaises et britanniques sont sur place, prêtant assistance aux rebelles tandis que la CIA et les Special Ops US fournissent du matériel de télécommunications et des informations (…) permettant d’éviter les concentrations de troupes syriennes"(L’article était signé par Jonathan Steele dans l’édition du 17 janvier 2012).

     

    [4] Rapporté par Al-Akhbar dans son édition du 1e décembre 2011. Pour documenter encore ce point, on peut citer l’article publié le 17 décembre 2011 par le quotidien espagnol ABC. Son journaliste, Daniel Iriarte, infiltré en Syrie par les insurgés relate sa rencontre avec trois « révolutionnaires » libyens dont le premier avait commandé la brigade de Tripoli et le second être un homme de Abdelhakim Belhadj. Ils lui ont déclaré être là de leur propre initiative « à titre personnel, pas sur ordre de qui que ce soit » et qu’ils étaient là avec « d’autres Libyens, «quelques dizaines», qui sont venus en Libye de leur propre chef pour aider les insurgés ».

     

    [5] Dans un article publié par le journal Al Akhbar sous le titre Quand les conférences de l'opposition syrienne serviront-elles effectivement la révolution?
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    [6] Depuis que le gouvernement syrien a opté en 2002 pour la libéralisation, le parti Baâth se donnant en 2005 le mot d’ordre de l’« économie sociale de marché » avec ce qu’il impliquait de privatisations, de dérégulation et de retrait de l’Etat du champ économique et social, des forces politiques se sont regroupées autour de l’aspiration démocratique. A droite, fut lancée en 2006 la Déclaration de Damas-Beyrouth, (prolongeant la Déclaration de Damas de 2001) qui, regroupant la bourgeoisie, des partis kurdes, des partis de gauche reconvertis au réformisme et les Frères musulmans, a soutenu la libéralisation, limitant ses revendications au domaine politique (exclusivement sur le plan intérieur). A gauche, le comité national de l’union des communistes syriens s’est constitué contre la dérive libérale mais aussi contre les projets américano-israéliens dans la région. Mais ce qu'on a appelé le printemps de Damas a rapidement été interrompu par la répression du régime.

     

    [7] L’insurrection syrienne de Deraâ (??????? ???? ???????), article non signé. Dans l’édition du 22 novembre 2011, le chroniqueur Elyas Khouri devait revenir sur ces événements initiaux qu’il considère (avec les précédentes tentatives d’opposition au régime et le mépris du pouvoir pour les revendications populaires) comme l’une des « trois raisons factuelles » qui excluent l’idée d’un complot international contre la Syrie :
    Au lieu de s’excuser d’avoir torturé des enfants et de punir les auteurs de cet acte horrible, le régime a prolongé leur détention, humiliant les parents dans leur honneur et leur dignité. Ce qui a allumé dans le Houran l’étincelle de la révolution qui s’est étendue à toute la Syrie (…) L’analyse doit partir de ces trois réalités pour chercher à comprendre la révolution syrienne comme une révolution spontanée …

     

    [8] Ce qui indique que, contrairement à l’appréciation d’El Qods et de son chroniqueur Elyas Khouri, l’activisme des « cyber-opposants » a certainement davantage déterminé le soulèvement que l’arrestation des enfants de Deraâ. La révolution ne peut donc être considérée comme spontanée qu’autant que l’action des cyber-opposants (qui avaient appelé sur Facebook avant même les premiers événements de Benghazi à une mobilisation les 4 et 5 février devant le siège du parlement à Damas) peut l’être.

     

    [9] Article publié dans El Akhbar sous le titre "Syrie: A propos du point le plus critique ".
    (?????: ?????? ?? ?????? ??????)

     

    [10] Le verbe arabe utilisé pour exprimer le fait de « déclarer comme traître » a pour substantif takhwîn (?????) qui est sur le même schème que le fameux takfîr (????? « déclarer comme mécréant ») et revêt, en la circonstance, un caractère aussi menaçant.(Souligné par nous).
    [11] Article publié par El Quds sous le titre L'opposition syrienne entre la phobie de la rue et la manipulation de ses sentiments (???????? ??????? ??? ???? ?????? ?????? ??? ??????).

     

    [12] Voir en particulier sur ce point l'article publié par le Nouvel Observateur le 20 mai 2011 sur les réseaux secrets des cybernautes syriens vivant ou ayant été formés en Occident. Selon l'article, des dizaines de cybernautes ont suivi, au cours des années ayant précédé la "révolution syrienne" des stages de protection informatique à l'étranger et des fondations occidentales les ont conviés à des séminaires dans des pays voisins. En Jordanie, par exemple, l'ONG irlandaise Frontline leur a expliqué comment effacer des données à distance, échanger secrètement des e-mails ou stocker des fichiers sensibles, notamment des vidéos. L'un 'entre eux, vivant à Beyrouth, a déclaré au journaliste avoir suivi un séminaire de ce type aux Etats-Unis en février 2010. Un autre, vivant à Londres, fut l'un des premiers à avoir organisé l'entrée clandestine de matériels de communication en Syrie, avant même le début des contestations et a été formé aux tactiques de la "lutte pacifique". Dans les mois qui ont précédé le soulèvement, il avait, comme d'autres, organisé des séminaires sur ce thème pour quelques dizaines de Syriens de l'intérieur. Ces stages se sont tenus discrètement dans des pays où ses compatriotes n'ont pas besoin de visa - notamment la Turquie et la Jordanie. Beaucoup d’entre eux ont reçu des équipements de communication très tôt.

     

    [13] Le comité de coordination des forces du changement démocratique (CNCD) s'est créé le 11 juin 2011 dans un hôtel de Damas où il a tenu son congrès le 18 septembre, affirmant agir en coordination avec les comités locaux animateurs du mouvement. La constitution du conseil national syrien a été annoncée le 15 septembre 2011 à Istanbul après une première annonce faite par un "jeune" à Ankara de la création par "des jeunes révolutionnaires de l'intérieur" d'un conseil national de transition. Les Turcs, pressés d'engager un processus à la Libyenne, ont dû vite être rappelés à la patience par leurs mentors occidentaux!

     

    [14] Ammar El-Baradaï, Le printemps arabe, des révolutions populaires sans programmes politiques (?????? ??????: ????? ????? ??? ????? ??????), publié dans El Qods.

     

    [15] A propos de la légitimité du conseil national syrien (??? ????? ?????? ?????? ??????). C’est nous qui soulignons.

     

    [16] Et dont les Etats-Unis viennent de décréter la disgrâce dès lors que les événements semblent aller dans le sens d'une déstabilisation du régime par le moyen d'une ingérence militaire rampante. Voir le billet publié dans El Quds du 15 août 2012 sous le titre Le conseil national syrien rend-il son dernier souffle?(?????? ?????? ?????? ???? ???????) : "Les groupes djihadistes armés qui ont renforcé leur présence en Syrie grâce à leur financement et leur approvisionnement en armes de ces derniers mois et agissent indépendamment du conseil national syrien et de l'opposition traditionnelle y compris des frères musulmans, représentent désormais le troisième courant puissant et l'épine dorsale de l'opposition combattante".

     

    [17] Rachad Abou Chaour, Syrie : L'option du dialogue (?????: ?????? ?? ??????), El Quds du 15 août 2012.

     

    [18] Voir à ce sujet le documentaire d'Antoine Vitkine, diffusé le 8 mai 2012 par la cinquième chaîne française sous le titre "Kadhafi mort ou vif" qui retrace en particulier les circonstances dans lesquelles les forces spéciales de plusieurs pays dont la France, la Grande-Bretagne et le Qatar ont pris d'assaut et "libéré" Tripoli en août 2011, avec la participation des groupes armés entraînés au Qatar et dirigés par le djihadiste Abdelhakim Belhadj.
    Précisons que ce genre de révélations a posteriori participe paradoxalement et pleinement de l'entreprise de désinformation principale qui consiste, à chaud, à occulter des vérités, aussi longtemps que la manipulation des esprits requiert d'accréditer sans réserve la propagande de guerre.

     

    [19] Tarik Ramadan, L'islam et le réveil arabe, Presses du Châtelet, Paris, novembre 2011, citations extraites des pages 54 et 55.

     

    [20] Rapporté par une dépêche de l'AFP datée du 11 février 2012 reprise par différents organes de presse.

     

    [21] Adonis s'est finalement montré moins calculateur et moins soucieux de plaire qu'on aurait pu le supposer. Depuis le début des événements en Syrie, on lui a reproché l'ambiguïté de ses positions. En fait, l'intelligentsia "révolutionnaire" n'a pas pardonné à celui qu'on considère comme le plus grand poète arabe vivant sa position décalée par rapport au consensus qui s'était très vite construit à coups de pétitions au printemps 2011. Après qu'il ait dénié au soulèvement la qualité de révolution et marqué sa désapprobation pour l'utilisation de la mosquée (donc de l'islam) par les manifestants, il a fait l'objet d'une campagne de dénigrement violente et orchestrée et il est devenu "le cas Adonis". En fait, sa critique de la "révolte" (dans un texte intitulé Dix thèses sur les révoltes arabes actuelles) était plutôt mesurée. Il déclarait ainsi en mai 2011 : "Je ne peux absolument pas me joindre à une manifestation politique qui sortirait d'une mosquée mais je ne peux accepter de même que la violence et le meurtre soient utilisés contre cette manifestation". C'était avant que la perspective d'une intervention étrangère ne lui arrache l'exclamation que j'ai mentionnée.

     

    [22] Intitulé Entre la "révolution" et l'ingérence étrangère : Le malaise arabe. (Sur ce blog)

    [23] ?????? ?? ????? ?? ??? ?????

  • Affaire Nezzar :

     Le tribunal fédéral suisse rejette de manière «définitive» son recours

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    El Watan le 20.11.12 

    «Les parties dans l’affaire Nezzar ont reçu ce matin (hier, ndlr) une décision du Tribunal pénal fédéral, la Cour suprême suisse, qui refuse à M. Nezzar, de façon définitive, l’immunité qu’il invoquait pour échapper aux poursuites en Suisse.

     Il s’agit d’une décision de nature procédurale, puisque la voie de retour au Tribunal fédéral que les conseils de M. Nezzar tentaient d’emprunter leur était en fait fermée. La procédure n’est pas classée. Elle va se poursuivre. Des témoins seront prochainement entendus et de nouvelles plaintes pénales pourraient être déposées», nous a indiqué l’ONG Trial.  «Le recours est irrecevable», peut-on lire en dernière page d’un document du Tribunal fédéral suisse dont nous détenons une copie. La décision, qui date du 8 novembre 2012, a été rendue publique hier.

    L’affaire commence le 19 octobre 2011, lorsque l’ONG suisse basée à Genève Trial dépose une dénonciation pénale contre le général-major à la retraite Khaled Nezzar. Ce dernier était, selon lui, en voyage pour «une consultation médicale pour arrêter de fumer». Deux ressortissants algériens, ex-militants du Front islamiques du salut (FIS) avaient chargé Trial de déposer plainte contre l’ex-ministre de la Défense pour «suspicion de crimes de guerre». Le ministère public de la confédération a auditionné Khaled Nezzar les 20 et 21 octobre 2011. Dans le PV d’audition (diffusé par El Watan quelques jours après), M. Nezzar a été interrogé par la procureure fédérale sur son passé et sur son rôle depuis le commencement de la décennie noire. Il sera libéré puisqu’il avait promis de répondre positivement en cas de nouvelle convocation.

    Mehdi Bsikri
  • Marcel Bigeard, le militaire tortionnaire vu comme un résistant

     

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    In SlateAfrique

    21 novembre 2012

    A gauche comme à droite, l’histoire va dans le même sens. Le militaire Marcel Bigeard, honoré et glorifié, est passé de colonel colonisateur en Indochine et d’officier tortionnaire en Algérie au statut de résistant, d’après les propos du ministre français de la Défense.

    Près de deux ans après sa mort, le général 4 étoiles Bigeard, «héros» des guerres coloniales, a été entreposé au mémorial des guerres d’Indochine de Fréjus en grandes pompes par Jean Yves Le Drian, ministre socialiste de la Défense.

    Initialement annoncé au Panthéon de Paris, le général controversé aura fini dans le Midi, là où tout est possible. Dans un entretien donné au journal Corse-matin (mais pourquoi la Corse?), le ministre, accessoirement agrégé d’histoire contemporaine, y décrit  le général comme «une figure emblématique de notre histoire militaire (…), il s’est particulièrement illustré comme résistant et comme soldat en Indochine.»

    Bigeard, un résistant?

    Mais qu’est-ce qu’un résistant, en français? Il y a plusieurs définitions, au delà du sens basique de «participe présent du verbe résister.» Il y a «solide, robuste», ce qui est probablement le sens choisi par le ministre de la Défense, mais aussi, lié au sens historique français, «qui s’oppose à l’action d’un agent extérieur», ou mieux, «qui s’oppose à l’occupation d’un territoire par l’ennemi.»

    Quand le ministre dit «résistant et soldat en Indochine», on pourrait comprendre que l’Indochine avait envahi la France et qu’il fallait la sortir de là. A moins qu’il ne parle du résistant Bigeard contre l’Allemagne, et du soldat Bigeard, contre l’Indochine.

    La France aurait-elle fait trop de guerres au point de tout mélanger?

  • Libérer les Palestiniens des mensonges de Bernard-Henri Lévy (II)

     

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    In http://blog.mondediplo.net

    mardi 20 novembre 2012, par Alain Gresh

    L’homme est entré à Gaza sur les tourelles d’un char israélien début 2009, lors de l’opération « Plomb durci ». Il n’a rien vu à Gaza, aucun crime, aucune violation du droit international. Pour justifier une opération qui a fait plus de 1 400 morts du côté palestinien (en majorité des civils), il a utilisé les mêmes arguments, les mêmes mensonges qu’invoquait l’armée française durant la guerre d’Algérie — ces arguments que défendaient le général Bigeard, à qui le gouvernement de gauche rend hommage ce 20 novembre, et certains intellectuels de l’époque (oui, il existait des intellectuels affirmant que la torture n’était pas pratiquée en Algérie).

    J’avais, dans un précédent papier, appelé à libérer les Palestiniens des mensonges de Bernard-Henri Lévy. Il remet cela aujourd’hui, dans une de ses chroniques du Point (22 novembre), intitulée « Obscénités ».

    « Remettons les choses en place. Tsahal a évacué Gaza, unilatéralement, sans conditions, en 2005, à l’initiative d’Ariel Sharon. Il n’y a plus, depuis cette date, de présence militaire israélienne sur ce territoire qui est, pour la première fois, sous contrôle palestinien. »

    Premier mensonge. Gaza reste, pour les Nations unies, un territoire occupé. La seule différence, c’est que les geôliers sont hors de la prison, pas à l’intérieur. Mais ils ne soumettent pas seulement le territoire à un blocus, ils empêchent Gaza d’exporter ses productions agricoles et, comme le rappellel’ONU, 35 % des terres cultivables et 85 % des eaux pour la pêche sont partiellement ou totalement inaccessibles aux Gazaouis en raison des restrictions israéliennes.

    « Les gens qui l’administrent et qui, par parenthèse, ne sont pas arrivés par les urnes mais par la violence et au terme — juin 2007 — de plusieurs mois d’un affrontement sanglant avec d’autres Palestiniens, n’ont plus avec l’ancien occupant l’ombre d’un contentieux territorial du type de celui qu’avait, mettons, l’OLP de Yasser Arafat. »

    S’il y a eu une guerre civile interpalestinienne, le Hamas a gagné des élections démocratiques en 2006, en Cisjordanie et à Gaza. Et que veut dire : les gens qui administrent (Gaza) n’ont pas de contentieux territorial avec Israël ? C’est à peu près le langage que tenaient les Américains pendant la guerre du Vietnam, lorsqu’ils disaient que le Nord-Vietnam n’avait aucun contentieux territorial.

    L’enjeu, rappelons-le, est l’édification d’un Etat palestinien indépendant que le gouvernement israélien rejette.

    « Des revendications d’un Arafat comme de celles, aujourd’hui, de Mahmoud Abbas, on pouvait estimer qu’elles étaient excessives, ou mal formulées, ou inacceptables  : au moins existaient-elles et laissaient-elles la possibilité d’un accord politique, d’un compromis, alors que, là, avec le Hamas, prévaut une haine nue, sans mots ni enjeux négociables — juste une pluie de roquettes et de missiles tirés selon une stratégie qui, parce qu’elle n’a plus d’autre but que la destruction de l’“entité sioniste”, est une stratégie de guerre totale. »

    Excessives, les revendications d’un Mahmoud Abbas qui réclame 22 % de la Palestine historique ? Et, contrairement à ce que prétend notre « philosophe », il n’y aura aucun accord politique possible tant que les gouvernements israéliens rejetteront l’application du droit international et le retrait d’Israël de tous les territoires occupés. Quant à la position du Hamas, BHL la déforme totalement. S’agissant de la recherche d’une solution politique, le Hamas est bien plus modéré qu’Avigdor Lieberman, ministre des affaires étrangères israélien et militant d’extrême droite notoire. Paradoxalement, si Lieberman avait été élu dans un pays européen, BHL serait le premier à demander son boycott par les autorités françaises.

    « Et quand Israël, enfin, s’avise de cela, quand ses dirigeants décident de rompre avec des mois de retenue où ils ont accepté ce qu’aucuns autres dirigeants au monde n’ont jamais eu à accepter, quand, constatant, de surcroît, dans l’effroi, que le rythme des bombardements est passé d’une moyenne de 700 tirs par an à presque 200 en quelques jours et que l’Iran a, par ailleurs, commencé de livrer à ses protégés des FAJR-5 pouvant frapper, non plus seulement le sud, mais le cœur même du pays, et jusqu’aux faubourgs de Tel-Aviv et Jérusalem, ils se résolvent à réagir — que croit-on qu’il se passe  ? »

    Encore un mensonge. Comme en 2008, c’est le gouvernement israélien qui a rompu la trêve. Entre juin 2008 et novembre 2008, le cessez-le-feu régnait, et c’est l’assassinat par l’armée israélienne de militants palestiniens à l’intérieur de Gaza qui déboucha sur une escalade. La simple consultation des rapports hebdomadaires des Nations unies sur la situation à la frontière, en octobre-novembre 2012, montre que, à chaque fois, ce sont des assassinats ciblés israéliens qui ont entraîné l’engrenage de la violence.

    « Le Conseil de sécurité des Nations unies, que l’on a rarement vu, ces derniers mois, si prompt à la détente, se réunit dans l’urgence pour débattre, non de l’éventuelle disproportion, mais du principe même de la légitime défense israélienne. Le ministre des Affaires étrangères britannique, à qui l’on ne souhaite pas de voir la partie sud de son pays sous le feu d’une organisation reprenant le sentier de la guerre terroriste, menace l’Etat hébreu de perdre, en faisant son travail de protection de ses citoyens, les maigres derniers soutiens qu’il a la bonté de lui reconnaître sur la scène internationale. »

    « La responsable de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, commence par dédouaner le Hamas d’attaques fomentées pour partie, selon elle, par d’“autres groupes armés” et ne trouve à déplorer, dans le plus pur style tartufe du renvoi dos à dos des extrémistes-des-deux-bords, qu’une “escalade de la violence” où, comme dans la nuit hegelienne, toutes les vaches sont devenues grises »

    Ces déclarations européennes ne doivent tromper personne. Tout le monde sait que, depuis des années, l’Union européenne développe des relations bilatérales avec Israël, indépendamment de l’action de ce pays dans les territoires occupés, indépendamment de la construction quotidienne de colonies, indépendamment de la violation régulière des droits humains.

    « Le Parti communiste, en France, exige des “sanctions”. Les Verts, que l’on n’a guère entendus, ni sur la Syrie, ni sur la Libye, ni sur les centaines de milliers de morts des guerres oubliées d’Afrique ou du Caucase, clament que “l’impunité d’Israël doit cesser”. Des manifestants “pacifistes”, qui ne daignent pas, eux non plus, sortir de chez eux quand c’est Kadhafi ou Assad qui tuent, descendent soudain dans la rue — mais c’est pour dire leur solidarité avec le seul parti qui, en Palestine, refuse la solution des deux Etats, donc la paix. »

    « Et je ne parle pas de ces experts ès conspiration qui, confortablement installés dans leur fauteuil d’éditorialiste ou de stratège en chambre, ne veulent voir dans cette histoire que la main démoniaque d’un Netanyahou trop heureux d’une nouvelle guerre qui va faciliter sa réélection. Je n’entrerai pas dans des comptes d’apothicaire remontrant à ces ignorants que tous les sondages, avant la crise, donnaient Netanyahou déjà largement gagnant. Je ne m’abaisserai pas à confier à des gens pour qui, de toute façon, quoi qu’il fasse, Israël est l’éternel coupable, ce qui, si j’étais israélien, me dissuaderait, moi, de voter pour la coalition sortante. »

    Vous l’avez compris, BHL n’est pas confortablement installé dans son fauteuil, et si l’armée israélienne envahit Gaza, nul doute qu’on le verra sur un char israélien. Quant à la dimension électorale de l’action, elle est évidente, même si elle n’est pas la seule dimension de cette intervention. Car, contrairement à ce qu’écrit notre « philosophe », l’avance de Nétanyahou ne l’assurait pas du tout de la victoire. Quant au vote de BHL, il irait sans doute à l’opposition, celle qu’incarnent M. Olmert et Mme Livni, ceux-là mêmes qui ont mené la guerre de 2006 contre le Liban et de 2008-2009 contre Gaza, avec l’appui, rappelons-le, du mouvement La Paix maintenant.

    « Et quant à rappeler à ces petits malins que, s’il y a une manœuvre, une seule, aux sources de cette nouvelle tragédie, c’est celle d’un establishment Hamas qui est prêt à toutes les surenchères et toutes les fuites en avant, et qui est décidé, en réalité, à lutter jusqu’à la dernière goutte de sang du dernier Palestinien plutôt que d’avoir à rendre le pouvoir, ainsi que les avantages qui vont avec, à ses ennemis jurés du Fatah — à quoi bon  ? »

    Le plus étonnant, c’est que, comme le reconnaissent divers journalistes israéliens bien plus courageux que BHL, le Hamas tente, depuis cinq ans, de faire appliquer le cessez-le-feu, mais il fait face à des groupes radicaux qui se nourrissent du désespoir palestinien (et qui sont armés, entre autres, avec du matériel issu des arsenaux libyens que plus personne ne contrôle).

    « Face à ce concert de cynisme et de mauvaise foi, face à ce deux poids deux mesures qui fait qu’un mort arabe n’est digne d’intérêt que si l’on peut incriminer Israël, face à cette inversion des valeurs qui transforme l’agresseur en agressé et le terroriste en résistant, face à ce tour de passe-passe qui voit les Indignés de tous pays héroïser une nomenklatura brutale et corrompue, impitoyable avec les faibles, les femmes, les minorités et enrôlant ses propres enfants dans des bataillons de petits esclaves envoyés creuser les tunnels par où transiteront les douteux trafics qui vont les enrichir encore, face à cette méconnaissance crasse, en un mot, de la nature réelle d’un mouvement dont “Les protocoles des sages de Sion” sont un des textes constitutifs et que son chef, Khaled Mechaal, dirigeait jusque récemment depuis une confortable résidence à Damas, il n’y a qu’un mot  : obscénité. »

    « Obscénité » : BHL fait sans doute référence à ses propres « arguments » pour justifier l’injustifiable.

    Sur BHL, lire notre dossier en ligne « L’imposture Bernard-Henri Lévy ».

  • Petite vie politique à huis clos

     

    Par : Mustapha Hammouche

    “L’APC est la cellule de base de l’État. En son sein, se prennent les décisions qui concernent la vie du citoyen sous tous ses aspects. L’enjeu est important. Je crois que les électeurs l’ont compris.” Cette démonstration faite, Ould Kablia prédit un niveau de participation de 40 à 45% aux prochaines élections locales.
    Il incombait alors au ministre d’expliquer pourquoi des électeurs qui “ont compris” l’importance des Assemblées communales ne se présenteront qu’à 40-45% aux bureaux de vote ?
    Et surtout de nous dire si les 55 à 60% des abstentionnistes annoncés “ont compris” ou “pas”.
    Il ne fait pas de doute que les électeurs comprennent l’importance de l’APC, de la commune, institution de base de la République. Mais il se trouve que ce n’est pas pour ou contre la commune que les Algériens devront se prononcer le 29 novembre prochain. Ni pour ou contre la wilaya quand, le même jour, ils auront à désigner les membres de l’APW. C’est peut-être justement l’importance bien comprise des institutions, locales et nationales, qui est à l’origine de l’abstention populaire : malgré le rôle déterminant des Assemblées nationales et locales, le pouvoir s’est méthodiquement employé à recomposer la “classe politique” sur la base des critères prioritaires de l’insuffisance politique et de l’incompétence de gestion.
    Inutile de nommer des exemples de promotions aberrantes, puisqu’il ne s’agit plus d’intrusions occasionnelles mais d’une véritable entreprise de décapitation intellectuelle de certaines institutions. Concomitamment, le potentiel de compétence est discrédité et les ambitions porteuses d’idées et de projets sont poussées hors de la scène publique. Les individus et les forces aptes à concevoir des propositions sont perçus comme subversifs et refoulés, parfois, par divers procédés, en dehors des institutions et des espaces d’expression publique.
    La médiocrité a ceci de rassurant pour un pouvoir : elle peut soutenir l’ambition du médiocre mais elle craint l’épreuve de la compétition ; elle est, par nature et par intérêt, contre la démocratie et pour le statu quo. Ce qui explique le faux paradoxe de cette pléthore de partis qui prolifèrent dans l’opposition et soutiennent le régime ! Des partis de professionnels pour petites castes sans autre ambition que celle d’une carrière à la périphérie du pouvoir et de la rente.
    Certains candidats aux élections locales en sont à leur troisième ou quatrième mandat, mais aussi à leur troisième ou quatrième étiquette. Dans certaines communes, c’est à un véritable mercato électoral qu’on assiste à chaque échéance. Les positions dans la liste électorale sont négociées, non en fonction du programme de gestion de la commune, mais en fonction de la cote locale du candidat. Pour le discours de campagne, ils pourront toujours improviser sur… la crise au Nord-Mali ou le danger que représente encore les harkis !
    Après cela, le ministre de l’Intérieur ne sait toujours pas pourquoi peu de monde vient les écouter. Ni pourquoi, au mieux de ses prédictions, il ne peut aller au-delà de 40% de votants. Cette vie politique parallèle, hors société, presque intime, du régime et de sa  “classe politique”, c’est le prix de la promotion de la médiocrité. En retour, celle-ci a l’avantage, politique, d’être, par nature, conservatrice.

  • La droite française à l’épreuve du populisme

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Navrant tableau que celui de l’élection du président de l’UMP en France. Navrant, mais édifiant. La droite “décomplexée” a viré à la droite “dévergondée”.  Cela tombe mal pour l’exemplarité de la démocratie française : le vote d’investiture du candidat républicain aux États-Unis vient de passer par là. Toutefois, on ne fera pas de comparaison avec l’élection présidentielle américaine, parce qu’il ne s’agit pas d’une élection nationale. Cette consultation interne, qui se prolonge en confusions et contestations, est expressive de la régression morale de la droite française. Donné favori, François Fillon s’est fait rattraper par Jean-François Copé. L’effet “petit pain au chocolat” a dû jouer en sa faveur. Avant d’être relayé par la fraude et la chicane pour donner ce spectacle d’une formation politique qui a fini par remettre en cause son unité pour avoir voulu ratisser trop large.
    La droite est enfin en situation de devoir se définir. Harcelée à sa droite par le Front national, l’UMP n’en finissait pas de lui emprunter ses positions xénophobes et alarmistes. De ce point de vue aussi, ce scrutin interne est mal tombé : voici l’UMP écartelée entre sa dérive droitiste et son identité républicaine. Le résultat de Copé, même contestable pour son concurrent, et réciproquement d’ailleurs, le confirme : il y a réellement une avancée des idées d’extrême droite en France, quand bien même beaucoup de voix acquises n’ont pas encore fait le pas de rejoindre le FN. Ce qui, probablement, ne saurait durer, puisqu’il paraît que le flux d’adhésion au parti de Marine Le Pen a doublé depuis hier.
    Le parti est piégé par son lourd héritage sarkosyste. Il est sommé de décider de ce qu’il doit en faire. Ce qu’il se refuse à faire, pour l’heure, s’il n’y était pas contraint par l’épreuve du choix de son président. Les suppliques sous forme de “Sarkozy reviens !” constituent l’expression de ce désarroi devant la nécessité de clarification.
    Quel que soit son nouveau président, l’UMP d’après-Sarkozy ne sera plus ce qu’il a été. Aux yeux du “peuple de droite”, en ce que ce déchirement au sommet réhabilite les initiatives en marge de l’UMP, plus franches, notamment celle de Borloo. Mais aussi et surtout, aux yeux de ses adhérents, forcément déçus par les candidats et leurs entourages respectifs qui ont trahi l’élan démocratique, réel celui-ci, de militants venus voter en grand nombre.
    En cela, il ne faut pas se réjouir en pensant que les vieilles démocraties peuvent nous ressembler parfois : l’indélicatesse des dirigeants politiques n’affecte pas la morale démocratique quand elle est culturellement intégrée par les citoyens d’une nation. Elle ne peut pas affecter le fond démocratique d’un système politique : on remarquera, en effet, qu’il ne s’agit pas là d’une élection nationale dont le résultat aurait été affecté par le comportement de l’administration, de l’État, mais qu’il n’est question que d’un dérèglement organique, privé.
    Enfin, il ne s’agit point de manœuvres téléguidées par des forces extra-partisanes, et dont l’issue dépend de l’attitude d’un pouvoir tenté de manœuvrer les collectifs politiques et sociaux jusque dans leurs choix internes.
    Si l’épreuve confirme l’effet déstabilisant, voire structurant, des idées extrêmes et populistes sur la droite en France, c’est bien l’UMP qui est menacée, pas la démocratie française.

  • Ould Abbès reprend du service

     

    L’ex-ministre de la Santé et actuel président de l’Union des médecins algériens, Djamel Ould Abbès, a chargé une équipe médico-chirurgicale de se rendre à Gaza.
    Il s’agit de la même équipe de sept médecins qui avait accompli la même mission, lors de l’agression israélienne de fin 2008, début 2009.

  • Areu ! Areu !

     

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Seddiki, le patron de la Commission de surveillance des
    élections, menace une nouvelle fois de geler les travaux
    de son groupe.

    Le mec devrait travailler à la météo, qu’on en finisse
    une bonne fois pour toutes !

    L’information, parue en entrefilets, aurait pu passer inaperçue ou presque. Pourtant, il fallait que ça se sache, ce genre de choses. A Bouzeguène, en Kabylie, des écoliers n’ont pas hésité à… fermer leur mairie et à en squatter un long moment la cour ! Mon Dieu ! Des primaires à la mairie de Bouzeguène ! Une première ! Un vrai chahut de gamins, cette expression étant à prendre ici au premier degré, car selon le compte-rendu du correspondant du Soir d’Algérie sur place, l’ambiance était très «biberonesque» en cette mairie envahie par des enfants pas plus hauts que deux pommes. Vu le prix de la pomme, j’ai volontairement adapté un p’tit chouïa l’expression consacrée, la réduisant à deux au lieu de trois ! Je suis sûr que vous aurez compris la nécessité d’une telle entorse à la formule. Qu’importe le nombre de pommes, des bambins en culottes courtes, morve au nez et cartables en bataille, ont fait comme leurs parents, leurs aînés : ils ont réussi à fermer une mairie. Quelque part, ça me rassure ! Ça veut dire que l’école n’est pas complètement sinistrée, puisqu’elle assure l’essentiel dans notre pays, la relève de la colère ! Non, tout n’est pas foutu chez nous ! Une nouvelle fournée, une génération future de «fermeurs» d’APC et de bloqueurs de routes est déjà là qui piaffe d’impatience de remplacer les anciens sur les barricades. Cette perspective est réjouissante en ce qu’elle augure de nouvelles pistes de réflexion et de travail pour la contestation nationale. Par exemple, parce qu’il faut toujours donner des exemples en pareil cas : demain, devant la déliquescence terrible du secteur de la santé, il n’est plus interdit d’espérer voir des nouveau-nés, à peine sortis du ventre de leurs mères, pour certains pas encore totalement libérés du cordon ombilical, encercler les directions des hôpitaux, fermer les admissions et tenir en otage les dirlos. D’accord, bâillonner les administratifs avec des couches premier âge, ce n’est pas très hygiénique, je vous l’accorde, mais à la guerre comme à la guerre ! Bouzeguène et sa mairie fermée par des écoliers, c’est déjà la révolution en marche. Hardis les mioches ! Lancez vos biberons- Molotov à l’assaut de ce régime. Areu ! Areu ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

     

  • no moment

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  • Gazer Gaza

     

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    Faut-il encore parler de Palestine et de ce énième épisode meurtrier ? Pour dire quoi ? Qu’entre les causes et les conséquences, il y a plus qu’un lien factuel de missiles croisés de croisière et que tout découle de l’occupation illégitime d’une terre ? C’est dit et redit jusqu’à la nausée, écrit et décrit jusqu’à l’acceptation. Le sommet de l’inefficacité a été plusieurs fois atteint, et récemment encore, par des pétitions en ligne. Peut-on imaginer que tous les intérêts géostratégiques en mouvement pourraient être stoppés par une pétition ? La naïveté, voire l’ironie de ces entreprises morales est de même nature que ce qui se fait sur le plan médiatique, opération de déréalisation où les images sont volontairement absentes, à l’inverse des commentaires relatant un «conflit» israélo-palestinien là où il n’y a que politique d’élimination physique.

    La Palestine est une affaire complexe et personne ne peut comprendre la position israélienne. Tout comme personne ne comprend comment les Israéliens, si petits et aveugles, arrivent à acheter le soutien des grandes puissances sans l’argent des monarchies voisines.
    Si la Palestine est la dernière injustice sur Terre, la force des alliés du sionisme sera le dernier mystère de la planète. Dans l’impuissance, on peut toujours se pencher sur le fond. Contrairement aux Arabes, les Occidentaux ont bien tenté de gazer tous les juifs de la Terre. Pour se venger, les Israéliens ont décidé de gazer tous les Gazaouis de leur terre. Il n’y a bien sûr pas de morale dans l’histoire, mais il y a beaucoup de lâcheté. A Tel-Aviv, Bruxelles et Washington, et dans ces liaisons perverses entre monarchistes arabes, islamistes stupides, chrétiens dévoyés et Israéliens machiavéliques. Vivement la fin du monde. La résurrection de Jésus, Moïse et Mohammed, enfin seuls, dans le combat final à trois. Retransmis en direct, devant des téléspectateurs morts.

     

    Chawki Amari
  • no moment

     

    Dilem du 18 Novembre 2012
  • les maires voyous

    Système et délinquance

    Par : Mustapha Hammouche

    On assiste à une médiatisation soutenue des chiffres de la criminalité. Cette publicité, censée mettre en exergue l’efficacité de la fonction de répression de la criminalité, renseigne d’abord sur l’ahurissante vitesse d’expansion du crime et du banditisme. En gros, la violence, le vol et la drogue tiennent le haut du pavé. En quelques années, ces activités délictuelles ont connu une évolution qui témoigne d’une véritable transformation sociologique : il y a vingt ans, aucun Algérien n’aurait pu concevoir que des dizaines de tonnes de drogue circulaient dans son pays !
    Le rapide processus de dépravation chiffrée de notre société illustre un mouvement de décadence morale et civique de fond. Et celui-ci ne s’explique point par un appauvrissement : jamais un aussi abondant flux d’argent n’a ainsi irrigué notre société. ça peut être même un des éléments qui auront favorisé le bond criminel. Il est vrai que les responsables ne donnent pas le bon exemple aux laissés-pour-compte de leur système. Pendant que s’exhibent sous leurs yeux ce que l’on appelle “les signes extérieurs de richesse”, le caractère illicite de la plupart de ces cas d’enrichissement n’échappe pas au regard désabusé des rebutés du système. Devant le provoquant étalage de fastes, les plus fragiles s’inventent une hiérarchie des valeurs qui justifie les délits qu’ils commettront à leur tour.
    Il faut bien noter que ce n’est point l’inégalité sociale qui est à l’origine de cette remise en cause de l’échelle sociale des valeurs mais la manière dont est produite et reproduite cette inégalité sociale. C’est ce système qui organise l’enrichissement illicite de simple commis de l’État qui aide les délinquants à légitimer “moralement” leurs actes d’appropriation délictueuse de biens d’autrui et autres délits.
    Si ce qui semble être une démarche psychologique à l’origine de la dégradation civique de la société est confirmé, cela signifie que l’Algérie souffre d’une criminalité d’origine “systémique”, politique, et qu’elle est victime de la pédagogie sociale de son système.
    Mieux, il faut aussi observer que la hausse de la criminalité et de la délinquance correspond à un mouvement de regain de religiosité. Du moins dans les signes apparents de dévotion. Un véritable code régissant les attitudes, les tenues et le discours a fini par s’imposer aux citoyens, à l’effet de détecter les éléments susceptibles de déficit de moralité ; la moralité étant, au vu de la pensée dominante, d’essence forcément religieuse. Le résultat en est que le jeu consiste à cacher les vices qu’on peut cacher et à exhiber les vertus qu’on peut exhiber. Celles-ci sont de l’ordre de la tenue et du discours. Tout le reste est licite tant qu’on ne se fait pas attraper.
    Et quand on se fait attraper, la loi sévit contre l’individu seul. Pas contre une école d’hypocrisie. Ainsi, alors que la drogue tend à se démocratiser jusque dans les milieux scolaires, l’État, au service de la religion, continue à courir derrière les quelques bars encore ouverts.
    C’est à se demander s’il ne s’agit pas de rabattre les buveurs résiduels vers le marché de la drogue, plus conforme à la morale prioritairement antialcoolique contemporaine.
    Là, l’aveuglement politique fait jonction avec l’hypocrisie intégriste. La question est de savoir si la jonction est accidentelle ou programmée.

  • L'exemple de Zéroual...

    Par Maamar Farah
    La prochaine visite de François Hollande excite les rédactions. Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'un chef d'Etat d'en face se rend à Alger. On se souvient de la visite historique de Giscard d'Estaing et de la sensationnelle apparition de Boumediène à la réception organisée pour la communauté française.
    Une sortie très peu protocolaire et un signal fort pour un nouveau départ... Chadli avait tout fait pour la réussite du voyage de Mitterrand et Bouteflika n'a pas lésiné sur les moyens pour offrir à Chirac, puis à Sarkozy, le meilleur accueil. Seul Zéroual avait refusé de rencontrer Chirac à l'ONU sous «conditions»... Les Français pensaient que l'Algérie, fauchée, en proie à la violence et isolée, allait sauter sur l'occasion pour «redorer son blason». Erreur ! Les Algériens n'ont pas besoin de repentance, ni de promesses pour accroître le nombre de visas ou de projets communs. Ils n'attendent rien de ceux qui viennent. Ils attendent, par contre, beaucoup de leurs dirigeants : ils leur demandent d'être dignes. Simplement.
    maamarfarah20@yahoo.fr
    «Je suis capable du meilleur comme du pire, mais pour le pire, c'est moi le meilleur.»