Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

algerie - Page 6

  • Comment avancer sur une pente descendante ?

     

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

    Qu’est-ce qu’un droit de l’homme sinon un droit, et qui concerne l’homme, ou la femme, version soft du hardware de base, ou encore l’enfant, produit bio des deux premiers ? Sauf qu’au-delà de la sémantique, il y a des droits en fonction des civilisations, évoluant avec l’avancement des sociétés et des systèmes de gouvernance. En Algérie, même si la situation est meilleure qu’en Zambie ou en Chine, le droit de manifester, d’avoir une opinion diffusable en qualité Broadcast ou de monter une compagnie d’aviation, celui de ne pas être musulman, de déposer un recours au Conseil constitutionnel ou de faire l’apologie de la liberté sexuelle, pose encore problème, pendant qu’ailleurs de nouveaux droits apparaissent, le droit à l’eau au Canada ou le droit à internet haut débit en Norvège, inscrits dans les Constitutions. C’est l’un des paradoxes de l’ère Bouteflika.

    Associé au régime Boumediène, il avait approuvé l’idée de rayer les libertés politiques, culturelles et économiques pour favoriser d’autres droits, ceux à l’emploi et au logement, inscrits dans les Constitutions des années 1970. Avec le recul et la crise mondiale, l’idée peut paraître généreuse, sauf que le même Bouteflika, revenu par une faille du continuum espace-temps, s’est retrouvé à conforter la suppression de ces acquis sociaux, emploi et logement, sans pour autant assurer les droits nouveaux liés aux libertés collectives et individuelles. En termes de civilisation, c’est un immense et double échec. Et par la distorsion du champ juridique, il n’y a plus qu’un droit, passé de celui de l’homme au gouvernant. Ce dernier a le droit de triturer les textes de loi, détourner les biens publics, commettre des injustices et de faire en gros ce qu’il veut. En bout de course, le régime se sera arrogé un droit ultime, celui de ne pas en donner. De fait, il est hors sujet, ce qui est très dommageable. Car les sujets, ce sont 37 millions d’Algériens.

     

    Chawki Amari
  • no moment

    20121129.jpg

  • no moment

     

    index.jpegimages.jpeg2.jpegimages.jpeg4.jpegimages.jpeg787.jpegimages.jpeg41.jpeg

  • Alger achète sa survie même au Mali

     


    Par Le Matin DZ 

     

    Après l’Afrique du nord, c’est par le Mali que l’impérialisme wahhabite affûte sa sous-traitance de la conquête de l’Afrique de l’Ouest, au profit de l’impérialisme occidental. Le pouvoir algérien n’aura d’autre choix que de se soumettre à ce plan diabolique contre l’émancipation des peuples d’Afrique.

     

    L'Azawad est devenu le laboratoire de l'islamisme radical. L'Azawad est devenu le laboratoire de l'islamisme radical.

     

    Avant de tomber entre les mains des hordes armées islamistes, la ville de Gao était une ville paisible où il faisait bon vivre. Les gens vaquaient à leurs affaires paisiblement. C’était une ville carrefour, la porte ouverte sur le désert à partir du fleuve Niger. C’était le passage vers le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, l’Atlantique d’un côté et la Méditerranée de l’autre. C’était aussi le passage vers l’Europe à partir de la Libye. C’était une ville cosmopolite, et malgré ses 98% de musulmans, elle accueillait des chrétiens, des animistes, des sans religions. Gao la musulmane abritait même des débits de boissons alcoolisées sans complexe aucun, ouverts à n’importe quel moment. C’était la ville qui vous invite à faire comme vous voulez, à la seule condition de ne pas contrarier la loi malienne.

     

    Jusqu’au jour du samedi 31 mars vers 8h40, où elle sera secouée par les premiers coups de feu, qui l’ont précipitée brutalement en enfer. Il semblerait que ce soient les Touaregs laïcs du MNLA qui sont entrés les premiers à Gao et ce n’est qu’après qu’ils ont été supplantés par les hordes islamo-fascistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), une branche dissidente d’Al Qaïda au Maghreb. Ils se sont distingués par leurs drapeaux noirs sur lesquels étaient écrites des références à l’islam en arabe. Deux heures après ce sont les armes lourdes venues de Libye qui sont entrées en scène, détruisant tous les bâtiments publics, parmi eux, les banques,  l’administration, etc. L’armée a essayé de résister un moment, et cela n’a pas marché, après quoi ils ont fuis, suivis des employés administratifs. Les militaires qui sont restés ont été pris un par un dans leurs maisons. Il aura fallu 72 heures pour que Gao et tout l’Azawad tombe entre les mains de ces bandes armées. A partir de 15 heures du même jour le pillage systématique de la ville avait déjà commencé. Ils pillaient systématiquement les maisons des notables de la ville et toutes celles où il y avait quelque chose à piller en violant les femmes à l’occasion. Le lendemain ils se sont adonnés au pillage de tous les bureaux. Au tribunal, ils ont détruit tous les dossiers. Ils se sont ensuite dirigés vers la prison et ils ont libéré tous les prisonniers. Même des champs privés ont été séquestrés pour établir leurs camps d’entraînement.

     

    Depuis sept mois maintenant, Gao est sous occupation des narco-salafistes du Mujao. Ils se comportent comme des gangsters, qui sont organisés en bandes armées. Ils sont puissants et riches. Ils vivent de trafic de drogue, de contrebande et de rançons d’enlèvements. Dès leur prise en main de la ville, ils imposèrent la chari’a. Les habitants de cette ville n’avaient pas le choix ou ils se soumettent ou ils sont morts. Ils essayent de survivre avec ça en attendant peut-être d’être délivrés un jour de ces hordes criminelles et barbares. Depuis sept mois il n’y a plus que la chari’a qui gouverne, plus de radio, plus de télévision, plus de musique, plus d’alcool. 

     

    Gao est tombée entre les mains de gangsters sous couvert d’un islam barbare qui donne des coups de fouets, séquestre les gens, ampute, lapide, torture et viole. Le Mujao ne veut plus entendre la voix des femmes. Si une voix de femme est entendue, on la cherche et on la fouette. A Gao il n’y a plus de liberté, ni pour les hommes, ni pour les femmes et pour les femmes c’est pire. Les femmes n’ont plus le droit de se rendre au fleuve pour leurs occupations habituelles. Ce n’est plus les femmes qui font le marché, c’est plutôt les hommes qui assument cette tâche. Celles qui n’ont pas de mari peuvent aller à condition de se voiler de la tête aux pieds et porter des gants. Si une femme n’observe pas ces recommandations elle est conduite à la place publique et elle est fouettée. Ils prennent les femmes contre l’avis des parents, pour en faire des objets sexuels où elles doivent coucher avec plusieurs hommes à la fois. La journée lorsqu’ils partent, ils les enferment pour qu’elles ne puissent pas s’enfuir. 

     

    Lorsqu’elles n’ont pas atteint la puberté, les filles doivent rester cloisonnées chez elles, et n’ont même pas le droit de s’asseoir sur le seuil de leurs portes. La prison de Gao est devenue la prison des femmes où elles sont systématiquement violées. Il s’y trouve même des femmes enceintes. Les couples qui se déplacent dans la ville sont systématiquement arrêtés et contrôlés, ils doivent prouver leurs liens de mariage. En somme des pratiques qui contredisent tout ce qui peut représenter un Etat de droit. 

     

    Depuis le 31 mars les cours ont été officiellement arrêtés. L’année scolaire 2012-2013 a tout simplement été annulée. Même s’il y a une volonté de rouvrir l’école, il n’y a plus de personnel pour le faire. Déjà avant que Gao ne bascule en enfer, le nombre des instituteurs et enseignants était insuffisant. Cette situation arrange plutôt la rébellion, car des enfants de 12 à 13 ans sont enrôlées par le Mujao. Les enfants sont appâtés par des gadgets comme les vélos, les téléphones portables, ces enfants n’ont de toute façon n’ont pas d’autre choix que de s’y soumettre. Après avoir été recrutés, ils son éloignés de leurs parents. Habillés à l’afghane ou en treillis, ils suivent des formations dans des camps, qui se résument à des entrainements physiques, des maniements d’armes et un endoctrinement religieux par un discours islamiste radical. Il n’y a plus également d’activité économique, ni de tourisme. Il n’y a plus de travail, le Mujao est devenu le seul employeur. Depuis la vie est devenue plus chère. Les loyers, la nourriture, tout est devenu excessivement cher. 

     

    Beaucoup de personnes, habituées à une relative liberté n’ont pas supporté tout cela et se sont enfuis par milliers de la région. Le peu de chrétiens qu’il y avait ont été obligés de quitter Gao dés le premier jour même de l’occupation. 

     

    Mais ces pratiques barbares ne sont pas spécifiques au Mujao dans son occupation de Gao. 

     

    C’est toutes les populations du territoire de l’Azawad, - depuis son occupation par les hordes islamo-fascistes, qui se sont partagées les grandes villes et leurs régions, tel, Ansar Eddine à Tambouctou et le Mujao à Gao – qui subissent cette situation de violation des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité, abandonnées à leur sort sans aucun moyen de défense. L’identification de leur ennemi ne présente aucun doute, il s’agit bien de l’idéologie islamo-fasciste, soutenue par le Haut conseil islamique, dominé par les wahhabites et les monarchies pétrolières du Golfe. Leur appétit ne s’arrête pas uniquement au nord Mali, car ils menacent aussi d’instaurer la chari’a au sud Mali pour l’inféoder. C’est tout le Mali qui est menacé par cette idéologie obscurantiste et fascisante. Si ce n’est pas toute la région qui est englobée dans leur projet impérialiste, avec la complicité de pouvoirs mafieux locaux.

     

    A ce sujet, l’Algérie représente une pièce principale dans leur puzzle. Les signes complices du pouvoir algérien ne cessent de transparaître à travers la main tendue aux terroristes islamistes, que ça soit en Algérie ou au Mali, la construction de l’une des plus grandes mosquées au monde et les réformes conduites par Bouteflika qui ont épargné tout ce qui se rapporte à une référence obscurantiste religieuse. Toute diversion soit-elle, avancée par les stratèges de l’impérialisme wahhabite avec la complicité des pouvoirs mafieux locaux, y compris le pouvoir algérien, pour disqualifier le Mujao et toute autre organisation terroriste en faveur de la reconnaissance du groupe Ansar Eddine, ne vise qu’à légaliser leur idéologie fascisante, pour la rendre acceptable par les populations locales.  

     

    Pendant ce temps-là à Bamako se déroulent périodiquement des marches auxquelles participent en majorité les déplacés du nord, qui se comptent par milliers, demandant aux instances internationales, les Nations unis, l’Union européenne, la Cédéao, à l’Union africaine, à l’armée malienne, celle de la Mauritanie, de l’Algérie, de venir en assistance à peuple en danger, pour libérer le peuple du Nord-Mali de la barbarie des islamistes. Peine perdue, car la jonction des impérialismes occidentaux et wahhabite n’ont aucun intérêt à délivrer le Nord-Mali de l’obscurantisme religieux. Si une intervention militaire aura lieu, c’est plutôt pour le renforcer.

     

    Youcef Benzatat

  • Le pouvoir algérien monnaye sa survie au péril de la souveraineté

    atika

    Par Le Matin DZ |

     

    Le pouvoir algérien, pris en tenaille entre les rivalités sino-américaines pour le contrôle des richesses de l’Afrique, n’a d’autres choix que de se soumettre au plus fort ou disparaître. Éclairée par l’imposture et l’opportunisme de Bouteflika, sa stratégie se réduit à monnayer la survie du système au péril de la souveraineté nationale.

     

    Bouteflika. Bouteflika.

     

    Pendant les moments chauds du "printemps arabe", lorsque l’impérialisme occidental avait réussi à monter une opération militaire pour chasser le régime tyrannique de Kadhafi et s’emparer de ses richesses, le pouvoir algérien misait tout son espoir à ce moment-là sur un mince veto anti-occidental et à sa tête la Chine pour empêcher une opération similaire contre lui. Car la similitude en tyrannie entre ces deux pays aurait justifié suffisamment aux yeux de l’opinion mondiale une telle aventure. C’était d’ailleurs sous cette pression, que le pouvoir algérien, pris de panique, avait annoncé des réformes tous azimuts, d’abord pour gagner du temps et ensuite négocier sa survie avec toutes les parties concernées, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il lui a fallu réévaluer la redistribution de la rente à l’intérieur pour acheter la paix civile et faire des concessions considérables aux puissances impérialistes américano-européennes et à leurs vassaux du conseil de coopération du Golfe principalement le Qatar et l’Arabie Saoudite. Les concessions faites aux forces impérialistes, renforcées dans leur position par la réussite de l’opération libyenne, ont encouragé ces dernières à les retourner en chantage permanent contre le pouvoir algérien, l’obligeant à des concessions de plus en plus importantes en échange de sa survie. L’évidente issue qui se profile pour la crise syrienne, - qui se dirige inévitablement en défaveur du régime de Damas, malgré le véto anti-occidental qui n’a pas empêché les forces impérialistes à soutenir la rébellion financièrement, politiquement et militairement pour inverser le rapport de forces au profit de la révolution - est venue lui rappeler que son sort est scellé et n’avait d’autres choix que de se soumettre ou disparaître. Sa soumission se traduit par un bradage intempestif des richesses de l’Algérie, aussi bien au profit des puissances impérialistes, qu’à leurs vassaux arabes en des contrats économiques très faiblement négociés et des concessions considérables à l’islam politique. Auquel il faut ajouter le récent élargissement de terroristes détenus dans ses geôles, au profit de l’idéologie wahhabite envahissante et menaçante qu’instrumentalise l’impérialisme américain.

     

    Avec l’entrée en scène de la crise malienne, qui met au grand jour les rivalités sino-américaines pour le contrôle des richesses de l’Afrique, s’ouvre un nouveau chapitre des pressions sans relâche des forces impérialistes sur le pouvoir algérien, qui sont venues cette fois se resserrer contre lui par le front sud. Le mettant en demeure de collaborer à leur stratégie sous peine de le menacer directement, par la déstabilisation du pays avec en perspective sa partition et la disqualification de son autorité.

     

    Alerté par la percée spectaculaire de la Chine en Afrique pour la convoitise de ses richesses depuis une décennie, et l’affaiblissement de l’emprise néocoloniale européenne sur le continent, l’Empire américain n’a pas attendu la crise malienne pour manifester ses visées coloniales dans cette région qui regorge de richesses. Devant la crise structurelle qui affecte son modèle libéral, entré dans une phase terminale, l’Afrique devient un continent de prédation de première importance. Son objectif principal pour assurer sa survie sera dès lors de contrer la progression de la Chine pour le contrôle des richesses de l’Afrique et généralement pour le contrôle de toutes les ressources de la planète. C’est dans la perspective de cette Grande guerre Chine-Etats Unis, dont l’enjeu est la gouvernance de la planète, que les Américains avaient pris l’initiative d’implanter l’Africom en Afrique.

     

    C’est en 2006, que les États-unis ont décidé de quadriller l’Afrique par un dispositif militaire sous l’appellation de l’Africom, afin de recoloniser le continent. Notamment, par l’implantation de bases militaires plus ou moins secrètes sur l’ensemble du continent. Le Mali est apparu dans ce cadre une cible privilégiée, où l’Africom a entamé son implantation par des programmes de formation au profit de près de 6 000 soldats de l’armée malienne. En parallèle, et sous couvert d’une opération dénommée "Creek Sand", des militaires et des entrepreneurs américains ont investi le Mali pour des missions de renseignements. En 2009, l’armée américaine avait envisagé l’intégration dans l’armée malienne de commandos américains et le survol du territoire par des avions de surveillance. Aujourd’hui, avec la crise malienne, l’intervention de la CEDEAO au Mali apparaît comme une implantation directe au grand jour d’une présence militaire américaine camouflée derrière des armées locales acquises au préalable à leur cause. Avec la présence militaire américaine au Mali, l’accès aux richesses naturelles, notamment l’uranium, devient facile à contrôler directement et de donner une profondeur stratégique à leur action colonisatrice, dans un premier temps en Afrique de l’Ouest et par la suite sur tout le continent. Par cette action, l’obstruction à la progression de la Chine dans la région devient facilement maîtrisable, en même temps que d’empêcher toute volonté des peuples africains de résister à l’ordre impérialiste américain.

     

    Par ailleurs, au nord Mali, des unités d’élite ont été investies dans des actions secrètes, officiellement sous couvert de poursuite des groupes terroristes, qui sont probablement encore présentes à ce jour. La lutte contre le terrorisme, inaugurée par Bush en tant que lutte de l’"Axe du Bien" contre l’"Axe du Mal" (représenté par le terrorisme islamiste radical), devient l’argument rhétorique pour justifier la nouvelle offensive de la guerre impérialiste américaine. C’est avec la collaboration des Saoudiens et des Qataris, que cette justification s’est matérialisée et est devenue possible. Notamment par la favorisation de l’émergence, de la consolidation et du soutien aux groupes terroristes au nord Mali pour servir les intérêts des Occidentaux et particulièrement ceux des Américains. Car, l’Islam radical, globalement confondu par le terme «terrorisme», se prête aisément à conditionner l’opinion pour mieux faire accepter une intervention militaire. L’intérêt partagé des Américains, des Saoudiens et des Qataris dans cette collaboration réside naturellement dans leur projet d’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, sur le modèle de l’islamisation du Maghreb et de l’Égypte post "printemps arabe", pour faire barrage à toute possibilité de démocratisation des sociétés africaines et de l’émancipation de leurs peuples. L'hypothèse de la poursuite d'un soutien militaire et financier par le Qatar des groupes terroristes du Mujao, Aqmi et Ansar Eddine dans l’Azawad, dans une stratégie de double jeu, est largement attestée par des témoins présents sur place. C’est ainsi que plusieurs témoignages attestent que la présence d’ONG qataries au nord Mali et au Niger (le Croissant-Rouge et Charity Qatarie) opèrent dans cette zone sans coordination et sans actions communes avec les autres ONG sur le terrain. Cette information a été confirmée, y compris par un humanitaire du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) qui coordonne pourtant l’aide d’urgence dans les zones de conflits. Le sentiment du comportement suspect des ONG qataries est largement partagé par la quasi-totalité des intervenants humanitaires dans le nord Mali, qui se plaignent du manque de concertation en amont avec les autres ONG. L’attitude du Qatar interroge y compris chez les Nigériens, qui s’étonnent aussi du fonctionnement des ONG qataries, qui travaillent dans leur coin, sans coopération et sans transparence. À noter que l’aide alimentaire rentre au nord du Mali via le Niger, par la route. Les humanitaires sont tous d’accord sur le fait, que le rôle exact des Qataris depuis qu’ils sont arrivés au nord Mali, c’est bien d’aider les groupes terroristes financièrement et logistiquement et que leur action humanitaire n’est qu’une couverture pour un soutien moins avouable à ces groupes terroristes. Au point que certains y voient une démarche plus politique qu’humanitaire. Plus flagrant encore est que certains ont constaté qu’ils plantent un drapeau dans des endroits stratégiques, ce qui pourrait être déterminant lors d’une intervention militaire. Un acteur économique nigérien avait lui aussi relevé des investissements qataris suspects au Niger, qui ne sont que de grossières manipulations par des opérations de clientélisation de personnes peu recommandables et qui sont loin de faire du développement. Des témoins rapportent que des avions affrétés par le Qatar atterrissent ces derniers mois dans le nord du Mali et la nuit seulement, avec à leurs bords des cargaisons suspectes. Il s’agit sûrement d’armement destiné aux groupes terroristes, malgré les démentis officiels du Qatar et des services secrets français, qui n’ont pas réussi à lever le doute des autorités de Bamako, tenues à l’écart des réelles intentions occidentales.

     

    Tous les "vis cachées" de cette crise sont là ! préparer une intervention militaire avec une CEDEAO moribonde, en même temps consolider l’ennemi et poursuivre les négociations avec lui. Pour d’une part, permettre l’enlisement du conflit, pour appeler en renfort l’armée américaine et justifier sa présence sur le sol malien, et, d’autre part, dans la négociation, le mettre en confiance pour revenir sur la scène politique après le conflit. Armer la partie adverse, l’armée malienne, et lui dissimuler les véritables intentions de la coalition, venue faussement la délivrer de bandes terroristes qui occupent plus que la moitié de son territoire ! De toute évidence, les gagnants ne peuvent être que ceux qui manœuvrent derrière les coulisses. Et derrière les coulisses, en plus des Occidentaux avec à leur tête les Américains et le nouvel impérialisme wahhabite, on trouve le pouvoir algérien, qui manœuvre quant à lui, pour le seul but de sauvegarder son hégémonie sur son peuple au péril de sa souveraineté nationale. Cet objectif ne pourra être atteint que par l’abandon du principe de non-ingérence dans les affaires internes d’États souverains et sa soumission au projet impérialiste américain par la caution de l’intervention militaire au Mali. Car, jusqu'à ce jour, l’Algérie a refusé toute intervention militaire hors de ses frontières. Si depuis l’indépendance, cette position était surtout liée à un principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays souverains, depuis l’avènement du "printemps arabe", elle fût surtout motivée par la crainte de se voir elle-même l’objet d’une intervention militaire coalisée, motivée par les mêmes conditions qui ont prévalu dans les pays concernés par ce "printemps arabe". Sa non-reconnaissance de la nouvelle coalition de l’opposition syrienne est stratégique comme cela s’est passé pour le CNT libyen pour ensuite le reconnaître après coup. Toutes ces manœuvres de soutien et de négociations avec les groupes terroristes, arrangent en fin de compte toutes les parties en conflit au détriment des populations locales. L’objectif consiste à recycler les groupes terroristes les plus accommodants et à éliminer les récalcitrants. Instaurer des régimes islamistes dans toute l’Afrique de l’Ouest, contrôlés par l’impérialisme américain, pour faire barrage aux véritables forces démocratiques de ces pays, pour rendre leur inféodation facile. Car, les régimes islamistes sont généralement plus maniables et plus perméables à la corruption. 

     

    C’est la mission qui a été confiée à l’Algérie. Les négociations entamées par Bouteflika avec Ansar Eddine semblent de toute évidence avoir été imposées par les Américains, pour amener les groupes terroristes à coopérer pour les associer, en échange, au nouveau pouvoir qui se dessine au Mali après la résolution de la crise. Toutefois en fixant comme objectif l’abandon formel de l’application de la Charia par les groupes terroristes, sans pour autant abandonner le projet d’instauration d’un État islamique dans une future association de ces groupes terroristes au gouvernement du Mali, maquillé sous forme de reddition. Seule condition pour faire barrage à toute émergence d’une coalition démocratique et en écartant le MNLA (laïc) d’un éventuel retour sur la scène politique. Ce qui vient d’être confirmé par le groupe Ansar Eddine, promettant d’abandonner son projet d’application stricte de la Charia et le refus du Parlement européen d’auditionner le MNLA. Pourtant, le MNLA est le seul groupe à avoir un véritable ancrage dans la population locale et dont l’idéologie est véritablement démocratique et respectueuse des droits de l’homme. L’attitude du Parlement européen s’affiche ainsi en contradiction totale avec le principe de la politique européenne de voisinage (PEV), qui repose sur la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. L’Algérie devait en prime mettre à disposition des forces américaines un pont aérien à partir des aéroports de Tamanrasset et de Reggane et un appui logistique à la future force africaine d’intervention dans le nord du Mali. En toute conscience, le pouvoir algérien cautionne de fait cette grossière manipulation de la politique impérialiste américaine en Afrique, pour sauvegarder son pouvoir au détriment de la souveraineté nationale.

     

    Entre sa grande prédisposition à l’imposture, dans la peau d’un Janus qui se joue de la crédulité de la grande masse du peuple par le mensonge et le discours populiste, et son opportunisme, à s’attirer la sympathie de forces antagoniques pour dissiper toute menace sur le système despotique qui l’emploie, les manœuvres politiciennes de Bouteflika mènent l’Algérie droit à sa perte. Le pouvoir occulte algérien, après avoir investi pendant trois mandatures sa confiance en Bouteflika, pour le sauver d’un naufrage inévitable, ne trouve toujours pas de remplaçant à lui succéder pour les présidentielles de 2014. Il est du devoir des patriotes au sein de l’armée et du DRS, s’il en existe, de mettre fin à l’imposture et à l’opportunisme de cet aventuriste narcissique qui agit pour une gloire, qu’il sait chimérique, en monnayant au profit d’une junte despotique la survie du système au péril de la souveraineté nationale. Le danger qui guette aujourd’hui l’Algérie, c’est aussi l’opportunisme qui s’étend dangereusement à la société civile et aux partis politiques. Une presse "libre et indépendante" impuissante à s’exprimer, se contentant de survivre dans ce chaos en se réservant le droit à sa part de la rente contre son silence complice. Des organisations de la nébuleuse de l’ex-FIS et des partis politiques islamistes déjà existants ou nouvellement constitués sont financées sans compter par l’impérialisme Wahhabite, représentant de l’impérialisme Occidentalo-Américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Les militants de la société civile ou de partis politiques et le peu de presse libre qui résistent et tentent tant bien que mal de motiver les consciences à agir, se comptent en nombre insignifiant devant la gravité de la menace qui guette la souveraineté nationale. Jeudi 15 novembre une poignée de manifestants ont protesté contre le soutien de l’Algérie à l’intervention militaire au Mali, qui s’est soldée par l’arrestation des manifestants sans ménagement. Ils maintiennent néanmoins la mèche de la résistance à la dictature et à l’impérialisme occidental allumée par sa faible lueur, malgré un harcèlement et une répression permanente de la part des forces de sécurité, comme unique réponse que leur réserve un pouvoir despotique et hégémonique, dans l’exercice de leur devoir de citoyens.

     

    Youcef Benzatat

  • Abdelaziz Boutef:

     super-président ou simple paravent ?


    Par Le Matin |

    Quant notre Toufik-Aladin national l’a sorti de sa lampe magique pour l’imposer à la tête de l’Etat en 1999, les observateurs de la vie politique algérienne étaient partagés.

    Bouteflika, un habitué des apparition-disparition. Bouteflika, un habitué des apparition-disparition.

    Les uns (Opinion d’une majorité travaillée par une propagande inédite jusqu’ici) le présentaient comme un chef d’Etat doté de tous les pouvoirs, un grand président, lettré, beau gosse, tribun et les autres, rares, quelques analystes isolés qui ne reconnaissaient en lui qu’une énième marionnette avec une présentation et une préparation meilleures, améliorées. Lui comme un fou, comme aucune marionnette avant lui ne l’a jamais fait (Kafi et Zeroual se contentaient de bien boire, de bien manger, de bien … et d’assurer le service minimum) galopait partout, sillonnait les 48 wilayas, multipliait les discours, les voyages à l’étranger, les déclarations, distribuait la rente, hurlait, braillait, menaçait. Je conseille au lecteur de superviser sur Internet quelques reportages sur ses discours et déplacements juste après son apparition, c’est extraordinaire !

    Petit à petit, année après année, le subterfuge est apparu et le roi s’est dénudé, rien n’avait changé, le pays restait le même, pire, tous ses maux se sont aggravés. Les vrais décideurs étaient toujours là tapis dans l’ombre et le bonhomme se révèle un comédien et un charlatan. Alors la majorité des opinions a commencé doucement à changer.

    Ceux qui voyaient en lui un grand président ont commencé à douter et les autres à être plus nombreux. Aujourd’hui, beaucoup (De moins en moins nombreux) continuent à dire de lui qu’il est un super président, qu’il détient tous les pouvoirs entre ses mains mais comment les croire ? Il suffit de le regarder à la télévision aujourd’hui, usé par l’âge et sans doute la maladie, il se déplace, parle, lit, difficilement. Et je vous prie de le croire qu’avant de le filmer, on a choisi le jour où il est dans la meilleure de ses formes et des armées de médecins, de maquilleurs se sont démenés pendant des heures pour le préparer. Ses quelques amis, Khellil, Abdelhamid Temmar, Yazid Zerhouni ont disparu après avoir fait le plein.

    Son entourage actuel était là avant lui et tout le monde connaît ses connexions avec le pouvoir de l’ombre. Le changement est de façade donc. Comment peut-on cacher le soleil avec un tamis, sans tamis ! Comment ce bonhomme d’un autre temps peut-il encore gouverner un pays comme l’Algérie ?

    Lakhdar Boukarma

  • Petite vie politique à huis clos

     

    Par : Mustapha Hammouche

    “L’APC est la cellule de base de l’État. En son sein, se prennent les décisions qui concernent la vie du citoyen sous tous ses aspects. L’enjeu est important. Je crois que les électeurs l’ont compris.” Cette démonstration faite, Ould Kablia prédit un niveau de participation de 40 à 45% aux prochaines élections locales.
    Il incombait alors au ministre d’expliquer pourquoi des électeurs qui “ont compris” l’importance des Assemblées communales ne se présenteront qu’à 40-45% aux bureaux de vote ?
    Et surtout de nous dire si les 55 à 60% des abstentionnistes annoncés “ont compris” ou “pas”.
    Il ne fait pas de doute que les électeurs comprennent l’importance de l’APC, de la commune, institution de base de la République. Mais il se trouve que ce n’est pas pour ou contre la commune que les Algériens devront se prononcer le 29 novembre prochain. Ni pour ou contre la wilaya quand, le même jour, ils auront à désigner les membres de l’APW. C’est peut-être justement l’importance bien comprise des institutions, locales et nationales, qui est à l’origine de l’abstention populaire : malgré le rôle déterminant des Assemblées nationales et locales, le pouvoir s’est méthodiquement employé à recomposer la “classe politique” sur la base des critères prioritaires de l’insuffisance politique et de l’incompétence de gestion.
    Inutile de nommer des exemples de promotions aberrantes, puisqu’il ne s’agit plus d’intrusions occasionnelles mais d’une véritable entreprise de décapitation intellectuelle de certaines institutions. Concomitamment, le potentiel de compétence est discrédité et les ambitions porteuses d’idées et de projets sont poussées hors de la scène publique. Les individus et les forces aptes à concevoir des propositions sont perçus comme subversifs et refoulés, parfois, par divers procédés, en dehors des institutions et des espaces d’expression publique.
    La médiocrité a ceci de rassurant pour un pouvoir : elle peut soutenir l’ambition du médiocre mais elle craint l’épreuve de la compétition ; elle est, par nature et par intérêt, contre la démocratie et pour le statu quo. Ce qui explique le faux paradoxe de cette pléthore de partis qui prolifèrent dans l’opposition et soutiennent le régime ! Des partis de professionnels pour petites castes sans autre ambition que celle d’une carrière à la périphérie du pouvoir et de la rente.
    Certains candidats aux élections locales en sont à leur troisième ou quatrième mandat, mais aussi à leur troisième ou quatrième étiquette. Dans certaines communes, c’est à un véritable mercato électoral qu’on assiste à chaque échéance. Les positions dans la liste électorale sont négociées, non en fonction du programme de gestion de la commune, mais en fonction de la cote locale du candidat. Pour le discours de campagne, ils pourront toujours improviser sur… la crise au Nord-Mali ou le danger que représente encore les harkis !
    Après cela, le ministre de l’Intérieur ne sait toujours pas pourquoi peu de monde vient les écouter. Ni pourquoi, au mieux de ses prédictions, il ne peut aller au-delà de 40% de votants. Cette vie politique parallèle, hors société, presque intime, du régime et de sa  “classe politique”, c’est le prix de la promotion de la médiocrité. En retour, celle-ci a l’avantage, politique, d’être, par nature, conservatrice.

  • no moment

    20121115.jpg

  • Algerie:Rupture de la chaîne de froid

     

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte 

    Comme l’expliquait un fin observateur des pratiques nationales, de grâce en grâce, de libération de délinquants en élargissement de petits voyous, c’est comme si on congelait, décongelait, recongelait et re-décongelait sans cesse, avec tous les risques toxiques liés à cette rupture permanente de la chaîne de froid. Entré pour un coup de poing et une agression, un jeune en sort rapidement pour y rentrer de nouveau, avec cette fois deux viols et trois coups de couteau, pour en sortir encore une fois et suivre l’autoroute de l’engrenage.

    Une fois de plus, au lieu de libérer l’économie, les énergies, les médias lourds ou la classe moyenne, l’Etat a libéré des milliers de délinquants pour le 1er Novembre, rebondissant sur la question de fond : pourquoi offrirait-on l’impunité à un ministre milliardaire ou à un wali corrompu et pas à un petit voyou ? C’est tout le problème des représentations, la violence n’étant pas d’origine extraterrestre mais issue des modèles politiques, des exemples hiérarchiques et de l’argent facile, des pertes programmées d’identité, de la fermeture des destins et du dialogue, du chômage, de l’école, de la télévision et de la mosquée, là où des fetwas affirment calmement qu’il est légal de voler l’Etat.

    Dans cette chaîne de froid sciemment rompue pour des raisons de gestion électrique, on ne peut pas s’attendre à du civisme. Il y a quelque temps, lorsqu’on demandait pourquoi libérer autant de détenus aussi souvent, les autorités répondaient qu’il n’y avait pas assez de prisons. Aujourd’hui que de vastes chantiers chinois ont construit d’immenses pénitenciers à même de mettre toute la population dedans, ne reste comme alibi que le 1er Novembre. De la révolte contre le colon à la violence contre le voisin. Du million et demi de martyrs dans nos cimetières au million et demi de délinquants dans nos rues. Merci Monsieur le président. Vous êtes libéré sur parole.

     

    Chawki Amari
  • La grande fumisterie des prisons algériennes

     

    • 3
       
      Share

    par Feriel. Lounici *

    Le Quotidien d’Oran, 9 août 2012

    Lorsqu’elle n’est pas une Ecole du crime, la Prison ressemble davantage à un enfer, pour certains elle pourrait jouer le rôle d’un purgatoire et pour la majorité elle n’est que l’issue d’une aventure qui a mal tourné, néanmoins et assez bizarrement, elle est devenue pour beaucoup de délinquants une sorte de caravansérail, d’auberge, un site étrange qui se trouve à mi-chemin entre le secours populaire, l’armée du salut et une maison de retraite.

    Quelles que soient les leçons et bénéfices que l’on puisse en tirer ou les stigmates des geôles qui vous marquent à tout jamais, la prison n’a jamais protégé la société. Elle demeure hélas le seul instrument approximativement moderne, civilisé et humain qui nous donne l’impression de réagir contre une fatalité humaine face à laquelle nous resterons éternellement désarmés.

    Si à certains égards l’humanisation des prisons a été une réussite totale de sorte que vos prisons sont devenues des sites de villégiature pour certains détenus récalcitrants voire des hôtels cinq étoiles (1), la Réforme pénitentiaire proprement dite telle qu’elle s’est instituée n’a pas contribué à éradiquer la récidive et encore moins à inspirer cette crainte exemplaire qui concourt à l’intimidation Collective. Tout le Droit pénal depuis plus de deux siècles repose essentiellement sur ces deux concepts : La peine doit assurer à la fois la prévention spéciale (inciter le délinquant à ne pas récidiver) et la prévention générale (dissuader les tiers d’imiter le délinquant).

    L’Article 24 de la constitution algérienne confie à l’Etat «La responsabilité de la sécurité des personnes et biens.». Ainsi, L’Etat a en permanence le devoir d’échafauder dans l’imminence toutes les formes de politique sécuritaire pour mettre fin à une délinquance terriblement exponentielle face à laquelle ni les services de l’ordre, ni la Justice avec ses fermetés, ni la prison avec son laxisme ne semblent détenir une quelconque puissance probante à même de stabiliser sinon de réduire la violence qui terrorise les populations et remettent sérieusement en cause l’autorité de l’Etat. Il est aisée pour tout citoyen lambda de déceler dans l’étiologie de cette délinquance incontrôlable l’étiolement inexorable de La violence légitime de l’Etat intrinsèquement si nécessaire pour la paix sociale. Ainsi, le manque de pugnacité des services de l’ordre, La grâce présidentielle, la complaisance des prisons algériennes en sont les signes flagrants. Depuis 2006, chaque année, à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance, dans une ambiance mêlée de solennité et de burlesque, les prisons algériennes réinjectent prématurément dans la société des centaines de détenus en défalquant de leur peine initiale des années de prison. L’origine de cette incommensurable et folle mansuétude à l’égard de nos délinquants, c’est la grâce présidentielle. Elle est devenue cet alibi légal et constitutionnel qui permet aux prisons de se délester surtout d’un nombre impressionnant de pensionnaires qui sans cette Grâce auraient rendu notre système carcéral l’un des premiers au monde à avoir un taux de remplissage astronomique dévoilant par là toutes les insuffisances manifestes de cette pathétique prison algérienne qui s’échine à figurer parmi les archétypes des prisons modèles soucieuses des droits de l’homme. Cet impossible anoblissement que visent les architectes de cette réforme pénitentiaire est antinomique avec les fonctions essentielles de la prison. La plus importante de ces fonctions restera ad vitam aeternam la protection de la société.

    La Grâce présidentielle, ce droit régalien en usage depuis des siècles et qui conférait aux monarques un attribut quasi divin n’avait hélas pas les allures d’une kermesse comme il nous est loisible de le constater en Algérie. On en usait jadis avec parcimonie et non pas à tire-larigot. Si Ponce Pilate avait été largement clément avec tous les criminels de Judée, Jésus aurait continué à déambuler tranquillement, et avec lui Barabbas et les autres. Malheureusement les graciés se comptaient sur le bout des doigts. Nous aurions pu nous dispenser de gloser sur une des prérogatives du Président de la république ou plutôt sur ce si ce rituel annuel juridico-politique si la situation n’était pas aussi tragicomique d’abord par le nombre effarant de criminels libérés et ensuive par le taux de récidive de ces mêmes énergumènes. Toute Loi ou Droit sont essentiellement au gré des conjonctures et impératifs divers soumises aux abrogations ou aux amendements par les mêmes constitutions qui les auraient institués. En France, cette même grâce collective, qui pourtant sans être aussi carnavalesque que celle que connait notre pays et dont l’usage était systématique depuis 1991, a été supprimé par la révision constitutionnelle de 2008. Depuis lors, l’article 17 de la constitution française prévoit que « Le droit de grâce ne peut plus être exercé par le président de la république qu’à titre individuel. La grâce collective lui est désormais impossible.»

    Certes, tout chef d’Etat gracie spontanément par clémence sincère, simple mimétisme politique et parfois par caprice lorsque ses jugements ou plutôt ses humeurs sont sous l’emprise de sa mégalomanie, de sa démence ou de sa sénilité, néanmoins il est éminemment davantage plus imprudent voire irresponsable et dangereux que d’autres institutions s’évertuent habilement à escamoter, à contrefaire, à falsifier la vérité , et laisser le Président relâcher indistinctement , aveuglement et démesurément chaque année des centaines de délinquants sous le fallacieux prétexte que ces derniers ont montré des gages de bonne conduite , notamment lors des diplômes qu’ils auraient prétendument obtenus après avoir suivi un enseignement et une formation professionnelle.

    Il est utile de souligner que les maisons d’arrêts, pour faciliter le processus d’intensification de ces grâces qui feront libérer des masses de détenus soit chaque année , soit progressivement ultérieurement , choisissent délibérément des cycles de formation davantage déterminés et régulés en fonction du calendrier de la grâce présidentielle , peu importe que ceux-ci soient de piètre qualité , difformes , courts ou terriblement factices. La seule priorité de l’Administration pénitentiaire est que tout ce remue ménage finisse avant le mois de juillet , période de la Grâce présidentielle qui est devenu hélas une nouvelle «Kaaba» qui régulera les circumambulations sempiternelles de la délinquance.

    Ces avatars de type d’Enseignement et de formation professionnelle bidouillés au sein des prisons s’effectuent en complète contradiction avec les impératifs pédagogiques inhérents à la législation de la Formation professionnelle en vigueur.(2) Désormais , tous les délinquants , s’agglutinent par contingent inimaginable dans des classes de fortune , dans l’unique espoir et avec préméditation de se soustraire par ces mesures de grâce(sur-institutionnalisées ) à des Sentences pénales conçues à l’origine pour correspondre de manière inflexible (sauf cas particuliers ) à une infraction et un dommage réels causés à la société toute entière.

    Tout le monde peut hélas constater que La Peine est vidée de ses sens et buts fondamentaux : Rétribution et Dissuasion La peine comme norme fondatrice et inviolable n’a plus aucune valeur dans la mesure où ses effets sont escamotés, dissous à travers ce genre de pratiques. Une duplicité tacite s’insinue entre le crime et l’institution chargée de le circonscrire. Le délinquant se met à programmer, ajuster et à anticiper son comportement délictueux en fonction de ce genre de réponse pénale complaisante, prévisible et dérisoirement dissuasive.
    La peine et ses effets dissuasifs qui sont l’ossature du système pénal perdent leur sens.

    Le détenu se met à manipuler une Administration pénitentiaire qui pense gérer l’évolution de sa peine mais qui, dans ces cas, ne pourra jamais le faire selon les principes sacro-saints de toute Pénologie bien claire et inviolable.

    Nous ne pourrons avoir dans les colonnes de ce journal l’espace nécessaire pour abonder exhaustivement dans la déconstruction des tartufferies et des mystifications ostentatoires déployées par les Prisons algériennes sous l’effet des terribles injonctions qui les somment d’obtenir des résultats dont on ne pourrait en rêver nulle part ailleurs.

    Le plus grand sacrilège c’est que ces détenus qui récidivent seront autant de fois graciés pour peu qu’ils arrivent à obtenir un diplôme de pacotille qui leur sera d’ailleurs gracieusement offert car il y va de la gloire et du prestige de l’Administration pénitentiaire qui est terriblement aveuglée par cette sur-inflation de chiffres qu’elle arbore chaque année dans son bilan. C’est un peu l’histoire du serpent qui se mord la queue.

    En instrumentalisant cette politique surmédiatisée de statistiques par le biais de pirouettes aussi pernicieuses elle ne fait que se discréditer, compromettre la magnanimité du Président de la République et nuire à la société.

    Par ailleurs, combien même on s’amuserait à triturer la peine de manière à la rendre plus douce, à humaniser les prisons, pour reprendre un jargon galvaudé ça et là, La peine doit inconditionnellement conserver sa rigueur et sa dureté. La peine doit non seulement être «juste et humaine» mais aussi «utile par sa sévérité» avérée qu’il nous est loisible de vérifier à travers son pouvoir de dissuasion. Primo : La peine «Juste et humaine» a été consacrée par le droit pénal voilà plus de Deux siècles, le juriste et philosophe Beccaria l’avait évoqué dans son œuvre, «Traité des délits et des peines» (1764), l’ensemble des pénalistes avaient fait de ses travaux une panacée à suivre rigoureusement : « Punir pas plus qu’il n’est juste, pas plus qu’il n’est utile », voilà les gardes fous que le droit pénal observe méticuleusement en Europe depuis 1810.
    Secundo : La peine : «Utile et sévère», celle-ci doit l’être davantage. Pour l’ensemble des pénologies, les châtiments ne doivent avoir pour but que d’empêcher le coupable de nuire à la société et de détourner ses concitoyens de la voie du crime.

    Toute religion, philosophie, éthique, système éducatif, qui ont eu à traiter de la question de la faute, du pêché et de ses corolaires tels que le châtiment, l’absolution, le pardon, l’amendement, la pénitence, insistent énormément et préconisent invariablement des ripostes fondées sur la rigueur et l’intransigeance. Cette approche draconienne mais juste et légitime doit prédominer lors du processus de réparation ou de reconstruction entrepris au bénéfice du corps social lésé.

    Cette tâche de la rétribution/réparation incombe à l’Etat et a pour but de préserver l’ordre public et la cohésion sociale ; d’un autre côté, tout le nécessaire est entrepris afin qu’également l’assistance nécessaire et appropriée soient apportées aux détenus afin que ceux-ci puissent se réapproprier les moyens qui leur permettront de s’amender et de réintégrer le corps social. Réparer ou faire oublier les dommages causés par un crime exigent des sacrifices. Faire acte de pénitence ne consiste quant même pas à aller passer des vacances à Ibiza.

    «Pour qu’un châtiment produise l’effet voulu, écrit BECCARIA, il suffit qu’il surpasse l’avantage résultant du délit”. BENTHAM poussera ce principe à ses dernières conséquences en affirmant que “tout individu se gouverne, même à son insu, d’après un calcul bien ou mal fait des peines et des plaisirs”, pour opérer une dissuasion efficace, il suffit donc que “le mal de la peine surpasse le profit du délit». (3)

    Dans l’état actuel des choses et devant l’accroissement de toutes ces violences multiformes, notre civisme ravagé, le déploiement du crime organisé, cette délinquance galopante ; Une question cruciale taraude les esprits : Pourquoi les gens ne craignent plus l’autorité de l’Etat ainsi que son pouvoir coercitif et répressif ?
    La dogmatique de la dissuasion chère à BECCARRIA et «l’arithmétique pénale» de BENTHAM sont hélas battues en brèche ; Le célèbre mythe de dissuasion dont ils vantaient tant les mérites et qui devait selon eux spontanément s’opérer par le truchement «d’une peine qui génère chez le délinquant un mal qui surpasse le bien qu’il aurait retiré du crime»

    Tout cela n’a plus cours. Les gens ne craignent plus la prison ni de prendre des risques qui peuvent dans certains cas leur être fatals. Les prisons se trouvent aujourd’hui face à un dilemme insurmontable ; s’agit-il de satisfaire les exigences d’une Communauté internationale en matière de Réforme du système pénitentiaire en s’évertuant ostensiblement et ostentatoirement à instaurer une politique plus soucieuse des droits l’homme à fortiori que le .P.N.U.D collabore avec une générosité financière que l’on doit s’efforcer de mériter ? (4) Ou s’agit-il de durcir le traitement destiné à l’égard d’une délinquance qui ne semble reculer devant rien. Le système judiciaire algérien semble plus pragmatique, vigilant et moins intransigeant et complaisant que le système pénitentiaire qui avance chancelant, dubitatif et près à tous les compromis.

    Tout le monde sait que les grâces présidentielles font office de soupape de sécurité face à la surpopulation carcérale et les affres qu’elle engendre intra-muros, pour les détenus eux-mêmes et surtout pour l’administration pénitentiaire qui aura du mal à gérer d’énormes tensions internes parfois insurmontables et qui compromettent de facto l’individualisation de la peine. Néanmoins aucune fin ne peut justifier cette politique qui consiste à relâcher des centaines de délinquants dont la dangerosité constitue toujours une menace qui va en crescendo en prenant des proportions alarmantes dont la seule cause reste cette complaisance et cette duplicité de l’Administration pénitentiaire qui au nom de la réinsertion sociale et sous le prétexte d’activités socioéducatives (Enseignement-Formation-Examens) s’est accaparé un pouvoir énorme et sournoisement dangereux.
    Le système pénitentiaire dispose d’instruments (5)de clémence, de pardon, de réduction de peine et d’individualisation de la peine milles fois plus efficaces, légitimes et justes car consciencieusement réfléchies et rigoureusement motivées contrairement à la Grace présidentielle qui demeure trop aléatoire et arbitraire car abusive et produisant les effets contraires.

    Ce droit régalien du président, cette mansuétude tels que l’Administration Pénitentiaire les prédétermine, les manipule et en use et abuse s’avèrent trop arbitraires dans la mesure ou cet acte de bienfaisance transcende ou élude toutes les autres considérations liées au mérite de celui à qui la grâce est destinée ainsi que de sa propension à être à la hauteur de ce pardon. La situation que connait l’Algérie notamment au sujet de la criminalité, de la récidive et de l’insécurité omniprésentes semble discréditer complètement notre politique sécuritaire et notre système pénitentiaire.

    Machiavel disait : «Il y deux manières de combattre, l’une avec la loi, l’autre avec la force .La première est propre aux hommes, l’autre nous est commune avec les bêtes»(6)
    Et c’est justement au nom de la première norme (Loi-Justice-Ordre) que l’Etat doit parfois recourir à son corps défendant à la deuxième manière (Violence/Force) pour arriver à neutraliser cet état de bestialité qui resurgit dans l’homme et menace le corps social tout entier ainsi que l’l'Etat.

    En dehors des ces situations propres aux despotismes et aux tyrannies, il ne doit y avoir aucune appréhension ou réticence à plébisciter et réclamer d’urgence cette Violence légitime de l’Etat. Ce dernier doit récupérer ce «monopole de la violence» dont parlait Weber, non pas pour préserver des privilèges et intérêts particuliers mais pour être exclusivement au service du peuple, de la société.
    Weber dira : «Tu dois t’opposer au mal par la force, sinon tu es responsable de son triomphe.»(7)
    Bien évidemment l’usage de cette violence doit être motivé par des conjonctures exceptionnelles, à l’image de ce que préconisait autrefois Louis XIV dans son Ultima ratio regum, ou le dernier argument des rois, lorsque s’épuisent toutes les autres bonnes volontés. «La menace et, éventuellement, l’application de la violence, en est assurément le moyen spécifique et partout elle est, en cas de défaillance des autres moyens, l’ultima ratio» (8)
    Il est aussi utile d’ajouter que, pour rétablir l’ordre, Ces Etats quelque peu discrédités doivent non seulement recourir à davantage de violence mais surtout être particulièrement crédibles et légitimes dans cette violence qu’il mettront en œuvre pour restaurer l’autorité de l’institution qu’ils incarnent , l’ordre public et assurer la paix sociale.

    Dans l’état actuel des choses, les Etats arabes qui restent encore debout, vulnérabilisés de toutes parts estiment qu’il est plus que jamais judicieux d’agir avec énormément de circonspection et de louvoiement face à ce maelstrom de violences multiformes et de séditions hétéroclites, autant perverses pour la société que les dictatures et les régimes répressifs qui régnaient avant ce chaos dont ils sont les instigateurs inconscients.

    * Juriste-Criminologue

    Notes de Renvoi :
    (1) Voir l’Article du Journal EL-Chourouk du 24 Septembre 2011
    (2)voir le Décret N°99/77 du 11/04/1999 portant Organisation et Sanction des Formations , Décret qui traite de la classification et de la détermination des niveaux de qualification qui s’échelonnent de «1 jusqu’à 5» ( C.F.P.S / C.A.P/ C.M.P / B.T / B.T.S ) avec des durées de formation qui vont de 12 à 36 mois. Jamais une Formation diplômante efficiente ne s’est déroulée en un temps aussi record que celui qui est pratiqué au niveau de nos prisons.
    Les Conventions cadre du 17/11/1997 et celle du 08 Mai 2006-(Ministères : Justice / Formation / Emploi -
    notamment à travers les articles respectifs (Art : 06 pour la 1ère convention et Art : 10 pour la 2ème) précisent ce qui suit «La durée de ces cycles de formation professionnelle doivent être conformes à la réglementation en vigueur et celle applicable aux centres de formation professionnelle»
    (3) Voir ouvrages suivants : «Des Délits et des Peines» de Cesare Beccaria (1737-1974), juriste, philosophe, économiste et homme de lettres italien rattaché au courant des Lumières. Son ouvrage «Des délits et des Peines» fonde le droit pénal moderne et se signale notamment en développant la toute première argumentation contre la peine de mort. «Théorie des peines et des récompenses» de Jeremy Bentham (1748-1832), philosophe, jurisconsulte et réformateur britannique.
    (4) Avec un Financement de plusieurs millions d’Euros, le P.N.U.D (Programme des Nations Unies pour le Développement) est fortement impliqué dans la réforme pénitentiaire enclenchée en Algérie. Un programme de partenariat est également mis sur pied entre l’Algérie, la Grande Bretagne et d’autres pays de l’Union Européenne. Ce qui place l’Algérie dans une forme de période probatoire, sommée à rendre des comptes au sujet de sa bonne volonté et de ses assiduités en matière de réforme de la Justice et de son système pénitentiaire.
    (5) Les Etablissements pénitentiaires disposent de structures plus aptes à être in situ, par le processus de «l’individualisation de la peine», habilitées à évaluer ou juger parmi les détenus ceux qui méritent le plus ces mesures de peines aménagées et autres mesures de clémences et de récompenses.
    On peut citer : la Commission de l’Application des Peines, chargée entre autres de la mise en œuvre des « peines aménagées» telles que La semi liberté, la Libération conditionnelle, la permission de sortie…
    Le Service Spécialisé d’Orientation et d’Evaluation : chargé à travers son équipe technico-médicale d’établir un «Plan Correctionnel», autrement dit un traitement approprié et personnalisé en fonction de la personnalité du détenu.
    Services Extérieurs : chargés de faire des enquêtes sociales, assurer le suivi des personnes mises sous probation, de préparer la réinsertion et accomplir toutes les mesures d’accompagnement au profit des détenus libérés.
    (6) Machiavel, Le Prince, cap XVIII, traduction par C. Ferrari, Bureaux de la publication, Paris, 1866
    (7) WEBER, Max, Le savant et le politique, coll., 10/18, Paris, Plon, éd. n° 1003, 1973
    (8) WEBER, Max, Economie et société, Paris, Plon, 1971

  • on accuse toujours les mêmes:innocents

    URGENT : Belmouhoub condamné à une année de prison ferme et à une amende de dix millions de centimes pour « faux enlèvement »

    Le tribunal d’Alger Abane Ramdane a rendu ce matin  son verdict qui avait été mis en délibéré la semaine dernière. Belmouhoub Noureddine, militant des droits de l’homme et ancien déporté des camps de l’extrême-Sud a été condamné à une année de prison ferme et dix millions de centimes d’amende pour « faux enlèvement ».
    En effet, il avait été enlevé en octobre 2011, selon son témoignage et celui de son compagnon, par trois civils et gardé dans un endroit non identifié, durant trois jours.
    A sa libération, une enquête judiciaire  avait été ouverte  au sujet de ce kidnapping et s’est terminée par un non-lieu. Le procureur de la République a accusé alors Mr Belmouhoub d’avoir préfabriqué son enlèvement sur la base de vidéos des caméras de surveillance situées sur le lieu de l’enlèvement et des relevés téléphoniques. Un procès lui a été intenté le 28 octobre dernier et s’est terminé par cette lourde condamnation.

    Les avocats ont décidé de faire appel.

  • la tortue = internet algerienne

    Autre blague de la semaine : Internet: Le haut débit de 8 mégas pour 50% des ménages en 2015

     
    Horizons
    31 octobre 2012
     
     

    Internet aura un débit minimum de deux mégas à l’horizon 2015, a annoncé, hier, un responsable du ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication (MPTIC) lors de l’installation de la commission nationale du large bande (haut et très haut débit). 

    Cet organisme devra d’ailleurs élaborer dans ce sens un plan d’action efficient et le soumettre au gouvernement pour adoption avant la fin de l’année en cours, a fait savoir le ministre de la Poste et des TIC, Moussa Benhamadi qui a procédé à l’ouverture officielle de la première réunion de ladite commission.

    «Nous devrions progressivement nous débarrasser des câbles en cuivre et les remplacer par la fibre optique, mais nous ne pourrons pas généraliser la fibre optique en même temps.

    Nous visons d’abord, à l’installer au niveau des nouvelles cités, des zones industrielles et institutions», a déclaré le ministre lors d’un point de presse. Aussi, la commission est appelée à émettre des recommandations sur lesquelles se basera le plan d’action.

    L’objectif étant de passer à l’utilisation du haut et du très haut débit. «A l’horizon 2015, il est prévu de mettre en place des mesures pour que le débit de 2 mégas soit à la portée de tous et de mettre à la disponibilité de celui qui le souhaite un débit de 8 mégas», a expliqué le conseiller du ministre, M’hamed Dabouz. Selon lui, 50% des ménages en bénéficieront. Actuellement, la tendance est à l’utilisation du 512 Kbits par seconde, a noté M. Dabouz.

    Le très haut débit de 100 mégas sera déployé, a-t-il dit, au niveau des réseaux communautaires à savoir les secteurs de l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la santé et la formation professionnelle. Les centres universitaires et de recherche auront droit à 1 giga, selon la nécessité, a précisé le conseiller du ministre. Mais pour cela, il est nécessaire d’étendre le large bande.

    Les communes sont appelées à participer à l’installation de la canalisation en fibre optique et de tirer profit en les louant à des opérateurs qui exercent dans les services (internet et téléphonie mobile). Ce projet d’installation de câble est également ouvert au privé et aux investisseurs étrangers. Des appels d’offres sont prévus dans ce cadre.

    Wassila Ould Hamouda

  • Certains-Autres !

      par A3ami Sa3id

    Il n’y a ni Boutef ni un autre

    C’est du cinéma ! Ils jouent, ils aiment jouer, nous sommes leurs jouets.
    Il n’y a ni armée, ni Drs, ni police, ni soutiens étrangers, il y a que nous sommes divisés pour des détails, des futilités, des riens remplis de rien. Il y a que nous sommes divisés comme les figues sur une planche. Que nous sommes divisés par ce qui doit nous unir. Que nous passons notre à nous diviser pour continuer à oublier nos intérêts: l’intérêt fondamental d’un pays: ne pas devenir une proie pour le monde entier. Comment s’unir et rester soi et servir son propre pays ? Comment produire et prendre la part qui te revient dans ce que tu as produit ? Comment investir pour produire ? Comment former ceux qui vont défendre leurs intérêts en défendant leur pays ? Comment discuter sans s’entredéchirer ? Comment sortir de cette impasse où ils nous ont emmené ? Comment vivre libre et digne sans voler, tuer, violer, torturer…? Comment prendre conscience que ceux qui sont au pouvoir depuis cinquante ans n’ont plus à donner, à changer, à faire d’autres que ce qu’ils savent faire depuis toujours…?

    Certains bien payés
    D’autres totalement castrés
    Certains complètement soumis
    D’autres ne subissent que mépris
    Certains torturés d’autres poussés à s’exiler
    Certains assassinés d’autres chèrement achetés
    Certains irradiés et d’autres poussés à tout arrêter
    Certains corrompus d’autres sont utilisés
    Utilisés pour cacher leurs lâchetés
    Certains surveillés d’autres manipulés au point qu’ils sont devenus pire qu’ils l’auraient souhaités
    Certains vivent dans les trous
    D’autres sont devenus complètement fous
    Certains ont pour métier la courtisanerie
    D’autres jouissent par la masturbation de la flatterie
    Certains sont parfaitement formatés
    D’autres sont crées pour tuer sans pitié
    Certains possèdent ce que leurs imaginations ne peuvent imaginer
    D’autres vivent dans une misère qui les a gravement laminé
    Certains croient que tout leur est permis
    D’autres pour un rien ils sont sévèrement punis
    Certains disent que tout est perdu
    D’autres errent sans objectif dans les rues
    Certains confondent leurs intérêts avec l’intérêt de la majorité
    D’autres passent leurs temps à vouloir éliminer les minorités
    Certains sont obsédés par les futilités
    D’autres ne supportent pas l’idée de l’unité
    Certains se contentent de boire, de dormir et de manger
    D’autres n’ont plus ni honneur, ni courage, ni dignité
    Certains confondent la liberté et la démocratie avec la servitude et la tyrannie
    D’autres vivent comme des pachas ou comme des zombies
    Certains sont convaincu que les langues font des pays
    D’autres affirment que celui qui ne prie pas ne doit être qu’un impie
    Certains dans leurs esprits ne respirent que l’Occident
    D’autres sont convaincus que dans leurs artères coulent l’orient
    Certains cherchent l’argent comme c’est lui qui va les sauver
    D’autres ont choisi de délirer, de détruire ou de rêver
    Certains sont disparus sans aucun espoir pour les retrouver
    D’autres les attendent sans aucun espoir de les récupérer
    Certains sont payés pour empêcher ceux qui veulent travailler, penser, créer, dessiner…
    D’autres sont obligés d’écrire pour se vêtir, manger, exister et se loger
    Certains se considèrent comme des entités indispensables à notre survie
    D’autres travaillent à nous humilier, à nous dominer et à nous pourrir nos vies
    Certains regardent les trains passés
    D’autres ne veulent pas renoncer au passé
    Certains changent de camps sans honte et sans se soucier de la moralité
    D’autres savent comment se placer là il faut quand le partage est décidé
    Certains sont morts mais plus vivants dans la réalité
    D’autres vivants sont déjà morts et enterrés
    Certains oublie au fur et à mesure leurs méfaits
    D’autres disent qu’ils ont tout fait même s’ils non rien fait

  • Le pouvoir, la Kabylie, le terrorisme et ses kidnappings

    Par Le Matin DZ |

    Le meurtre d’Aghiles à Tizi Ouzou soulève de nouveau le problème du kidnapping en Kabylie. En moins de sept ans, 71 personnes ont été enlevées. Le pouvoir algérien est accusé de laisser faire ces pratiques crapuleuses pour déstabiliser la Kabylie.

     

    Le pouvoir de Bouteflika veut régler un vieux compte qui remonte au printemps noir qui entache le règne du président.

     

    L’Algérie et ses kidnappings. Un fléau en Kabylie. En à peine sept ans, pas moins de 70 personnes ont été enlevées. Et c’est à chaque fois le même son de cloche : des dinars ou la mort. Le dernier otage en date était Aghiles Hadjou, 19 ans, fils d’un entrepreneur originaire d’Azzefoune, à 60 kilomètres de Tizi Ouzou. Enlevé le jeudi 18 octobre, le corps inerte d’Aghiles fut retrouvé mercredi dernier, enterré et enveloppé dans un sac en plastique, sur la plage du village Idjeremnan, dans la commune d’Aït Chaffaâ. D’après les médecins légistes, la victime a été assassinée le jour de son enlèvement. Une onde de choc pour la famille de la victime mais aussi pour toute la population d’Azzefoun qui s’était fortement mobilisée pour exiger la libération du jeune homme.

     

    Le commandant de compagnie de la gendarmerie de Tigzirt, Boubekeur Younes, a indiqué, ce jeudi, lors d’une conférence de presse que deux des trois ravisseurs avaient été arrêtés le 22 octobre. Le 21 octobre, l’un des trois ravisseurs est localisé grâce à un coup de fil passé depuis son propre téléphone mais avec la puce de la victime. L’arrestation du troisième suspect n’est plus qu’une question d’heures, selon le commandant Younes. Le comble du drame : l’enquête révèle que la victime n’était autre qu’un ami proche des assassins présumés.

     

    L’industrie du rapt

     

    On situe approximativement à 2005 l’apparition de cette pratique sordide en Kabylie. Malandrins de tout genre, groupes mafieux ou activistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), tout le monde trouve son compte dans cette pompe à fric. Chaque mois depuis sept ans, un kidnapping est signalé dans cette région. Un chiffre qui fait froid dans le dos quand on sait que la Kabylie est l’une des régions d’Algérie les plus militarisées. Les victimes sont, dans 99% des cas, choisies en fonction de leur situation financière. Les hommes d’affaires, diplomates et politiques, ou encore fils d’Algériens résidents à l’étranger sont des cibles privilégiées.

     

    Le sujet est tabou. Rares sont les victimes de rapt qui racontent leur mésaventure, de peur des représailles. Sous la menace, les familles de victimes ne contactent quasiment jamais les services de sécurité et s’exécutent à verser des sommes vertigineuses. Un silence qui profite aux ravisseurs puisque, à ce jour, aucune affaire de kidnapping n’a pu être élucidée. Dans ce qui est devenu une industrie du rapt, les familles n’ont d’autre choix que de payer au risque de mettre en danger la vie des otages. Quant aux négociations des sommes, les manœuvres sont étroites voire inexistantes pour les familles. Les ravisseurs d’Aghiles avaient exigé 20 millions de dinars (environ 200 000 euros).

     

    Le pouvoir remis en cause

     

    Le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie a estimé dans une déclaration que "les expériences passées ont montré que le pouvoir algérien, allié des islamistes terroristes et des bandits de tout acabit n’a jamais déployé le moindre de ses efforts pour sécuriser la région malgré la présence de plusieurs dizaines de milliers de militaires, de policiers et de gendarmes".

     

    Kabyles.com parle lui de l’indifférence totale des parlementaires algériens qui, "immunisés par la loi, aveuglés par le confort du poste de député, préfèrent regarder ailleurs." Le média en ligne pointe du doigt la précédente et nouvelle Assemblée Populaire Nationale (APN) qui n’a pas "daigné diligenter une commission d’enquête parlementaire pour s’enquérir de cette situation au moment où on assiste à la mise en place d’une véritable industrie du kidnapping."

     

    "La petite Suisse"

     

    Certains vont plus loin encore et affirment que le pouvoir algérien cherche à déstabiliser la région de la Kabylie. L’époque où le Front de libération national (FLN) perpétuait l’idée de faire de l’unité national un élément sacré est révolue ? Entre les groupes islamistes armés au Mali, des frontières avec la Libye compliquées à contrôler, des tensions récurrentes avec le Maroc et une guerre en préparation à quelques kilomètres de ses portes, le FLN a plutôt tout intérêt de continuer à faire vivre, ou de faire renaître de ses cendres, cette idée-là.

     

    Surnommée "la petite Suisse" au début des années 1990, la Kabylie, qui jadis accueillait les intellectuels, les chefs d’entreprises ou encore les opposants à l’islamisme radical, semble avoir cessé d’être un havre de paix. Ce sont de nos jours les terroristes, les ravisseurs ou les faux policiers qu’elle attire. Celle qui était élevée au premier rang lors du "printemps Berbère" pour la reconnaissance de l’identité Amazigh en Afrique du Nord, se vide désormais de ses donneurs d’ordres et de sa jeunesse. La Kabylie d’aujourd’hui est tourmentée.

     

    Fouad Harit pour afrik.com

  • L'algerie :pays gouverné par des monstres

    Algérie : les yeux braqués au large de la Méditerranée

     


     

    Violence, corruption à tous les étages de la société, l'esprit tag al men tag est devenu la règle dans l'Algérie de Bouteflika.

     

    Outre le chômage et la corruption, l'Algérien subit une espèce de violence devenue ordinaire.

     

    Neufs personnes sont vitriolées à Guelma, un véhicule est volé toutes les quatre heures en Algérie, des agressions de citoyens sont commises quotidiennement sur des citoyens paisibles dans toutes les villes du pays, des harragas par barques pleines, des parents désemparés n’arrivent pas à faire face aux besoins de leurs progénitures en cette rentrée sociale, etc. Des faits comme ceux-là sont rapportés quasi-quotidiennement dans la presse. Voila ce à quoi font face des Algériens, en plus des bousculades et du mépris qu’ils subissent dans certaines administrations où ils ont affaire. Ces violences sont même devenues un sport national et sont comme dirait un jeune Algérien : Normales…

     

    En face de ces violences subies, il y a l’Etat souvent impuissant et des "redresseurs de tords" qui usent d’un langage lénifiant pour amadouer le citoyen moyen à travers des cours et des discours de caves (sans jeu de mots) et sous sols, orientés vers un certain internationalisme-salafiste, de nouveau genre, guidé par l’Orient. D’un autre côté, une étude publiée  indique que l’Algérie doit faire une croissance de plus de 7.5% pour pouvoir  s’en sortir de ce marasme, sinon c’est le chaos assuré d’ici à 2020. Peut-on arriver à ce taux sachant qu’actuellement le taux de croissance est de l’ordre de 2.5% ?

     

    Dans le contexte actuel, avec des investissements orientés vers le développement des infrastructures de base et sociales (bien nécessaires), le pari ne sera pas atteint car nous avons plus besoin d’investissements productifs de bien qui induiront une dynamique de développement que d’autre chose : Production de bien alimentaires, d’habillements, industriels pour les PME qui vont soutenir les industries d’autres  bien importés aujourd’hui. Ce sont ce genre d’industries (avec effet taches d’huile) qui guideraient le destin du pays vers l’autosuffisance et l’épanouissement.

     

    Manger par exemple, besoin vital mais basique, constitue un paradoxe aujourd’hui car on est alimenté par bateaux entiers pour qu’on s’alimente par cuillères et ce n’est pas assez. Nous avons toujours les yeux braqués vers le large de la Méditerranée, les bouches ouvertes, les yeux hagards et angoissés car s’il n’y a pas de bateaux à l’horizon, on risque de se retrouver avec une toile d’araignée sur la bouche. Le paradoxe encore c’est que l’on a perdu l’habitude de travailler et l’intelligence de transformer les choses, par exemple les toiles d’araignées en fils nécessaires à notre bien être immédiat et futur. Nous avons aussi perdu l’habitude de se comparer aux grands pour avancer. Le classement des universités de tous les pays ne nous plaisant pas, les responsables du secteur ont solennellement décidé de confectionner un système de notation qui va tenir compte de notre spécificité (encore une), de notre environnement (sclérosé) et de celui de certains pays non encore identifiés. C’est cela le géni que nous avons développé pour mieux se faire plaisir comme celui qui masse une blessure qui le ronge. Au début, le massage soulage  mais à la longue la blessure se creuse et les conséquences sont bien sûr désastreuses.

     

    Le présent immédiat peut paraître clément, avec les doses de populisme injectées quotidiennement, mais l’avenir s’avèrera catastrophique à moins qu’il n’y ait entretemps un sursaut salvateur, que l’on souhaite de tout cœur, pour mieux prendre en charge notre pays, avec raison,  sans populisme mais avec réalisme. Ce n’est qu’avec cela que toutes les violences seront éradiquées et que l’Algérie de nos rêves sera guérie de ses maux dont tout le monde a conscience et que tout le monde accepte (encore un paradoxe) par résignation ou par esprit "tag ala man Tag". C’est à ce niveau qu’il faut agir par une révolution de  l’esprit et de la conscience pour asseoir une justice qui consiste (au sens de Platon) à ce que chaque fonction remplisse le rôle qui lui est propre, que le désir soit soumis au courage et le courage et le désir à la Raison.

     

    Arezki Zerrouki

  • Quel rôle pour Chadli dans la faillite de l’État algérien ?

     


    Par Le Matin DZ |

     

    C’est, par la phrase ambivalente, chargée de pessimisme, qui suit, que Mohamed Benchicou conclut son entretien avec l’ancien président défunt Chadli Bendjedid.

     

    L'ancien président Chadli Bendjedid

     

    J’ai gardé de Chadli l’image de l’homme déchiré. Il personnifiait un trouble singulier : comment se prévaloir d’un régime qui a pris le pouvoir par la force et s’étonner qu’il fût aussi hégémonique, autoritaire et impitoyable ? J’avais l’impression d’avoir devant moi une illusion aux cheveux blancs. Chadli incarnait notre impuissance : ce pouvoir ne changera pas avec de bons sentiments. J’ai emporté de Chadli avec un malaise qui ne m’a plus jamais quitté.

     

    Le pessimisme et le malaise qu’évoque Mohamed Benchicou dans cette phrase, qui résume à elle seule tous nos malheurs et toutes les causes de la faillite de notre glorieuse révolution, représentent tout le poids de l’inconscient transporté dans nos bagages anthropologiques, notre imaginaire collectif et nos structures mentales. Faisant de nous des schizophrènes, en permanence en lutte avec une chimérique identité arabo musulmane, en permanence heurtée et mise à mal par notre fond amazigh et une modernité envahissante avec toute son évidente persuasion. Profondément aliénée dans les structures sociales patriarcales et l’imaginaire mythologique religieux, toute notre volonté, aussi bien intentionnée soit-elle, est réduite à une illusion aux cheveux blancs, un résidu culturel fantasmé, relevant d’un passé révolu et ne pouvant s’articuler avec cohérence dans la contemporanéité du monde. L’action de Chadli, aussi critique soit-elle et réduite au prisme de cette ambivalence, ne pouvait transcender les limites de cette contradiction. Elle incarne effectivement notre impuissance à changer ce pouvoir avec de bons sentiments.

     

    Aucun autre argument sérieux ne peut mieux justifier la justesse et la sincérité de l’image de l’homme déchiré, qui personnifiait ce trouble singulier : comment se prévaloir d’un régime qui a pris le pouvoir par la force et s’étonner qu’il fût aussi hégémonique, autoritaire et impitoyable ? Or, cette image était-elle celle que Chadli voulait donner de lui-même maladroitement en tant que stratégie de sortie, après coup, après son échec politique et la responsabilité qui lui incombe, ou est-ce l’image que Mohamed s’efforce de projeter en lui par un sentiment de compassion ? Le regard lucide de Mohamed ne pouvait l’empêcher de s’acquitter de la formulation de cette contradiction par le recours à l’ambivalence.

     

    Mais le jugement que l’on doit porter devant l’histoire sur les hommes qui ont fabriqué le système de pouvoir algérien, ayant pris en otage l’État après l’avoir façonné unilatéralement pour l’instrumentaliser à leurs seuls profits, ne peut s’accommoder d’affectes irrationnels, désertant les impératifs de la science historique et les postulats servant de base a ses méthodes de raisonnement. L’histoire ne peut s’échafauder sur des approximations circonstantielles. Son objet ne peut se dissocier de la problématisation de la vérité. Aussi pragmatique que l’on puisse être, cette critique doit être à l’identique du jugement que l’on doit appliquer à la religion dans sa responsabilité devant les conséquences qui affectent la conscience politique de la grande masse du peuple. Si la religion a des vertus humanistes et spirituelles, elle ne doit pas faire oublier sa responsabilité sur la désaffection de la masse populaire par la liberté de conscience, seule condition à sa désaliénation politique et à sa libération du consensus aveugle pouvant lui assurer la transition vers la citoyenneté.

     

    Quand Mohamed Benchicou attribut à Chadli le privilège d’incarner notre impuissance : ce pouvoir ne changera pas avec de bons sentiments, Chadli n’aurait-il pas eu réellement une vision contemporaine du monde, avec tout ce que cela implique comme conséquences sur la nécessité d’œuvrer pour un état de droit et qu’il a préféré le refouler, justement pour pouvoir jouir égoïstement du pouvoir ? Par cet adage populaire, l’homme en état d’ivresse finit toujours par retrouver le chemin qui mène à sa demeure, le refoulement de cette volonté politique n’est-il pas l’expression de l’excès sur le recours au bon sentiment, traduit par l’action et le discours démagogique et populiste, pour le maintien volontaire et conscient du statu quo. Ne serait-il pas par compassion ou par tout un autre mobile inavoué que Mohamed charge Chadli d’aliénation dans le bon sentiment, à être impuissant d’avoir la clairvoyance suffisante pour accomplir son intuition politique à changer le pouvoir. Entendre par changer le pouvoir, l’instauration de la démocratie, dans ce qu’elle a d’essentiel : la séparation des instances, celles du religieux et du politique, l’indépendance de la justice, les droits de l’homme et la liberté de conscience. Comment expliquer la promotion des activités des associations religieuses depuis son accession au pouvoir qui ont abouti à la reconnaissance du FIS.

     

    C’est bien lui, consciemment qui a favorisé l’émergence et la montée de l’islam politique, après lui avoir facilité l’occupation de tous les espaces publics de la rue, à la mosquée, à l’école et à l’université. C’est bien lui qui a volontairement approuvé le code de la famille, outil de régression et d’aliénation de la femme, pour amoindrir la résistance à la dictature qu’il incarnait et qu’il défendait méthodiquement. Notamment par la promulgation de l’article 120, conçut pour neutraliser tout espace d’expression politique et toute velléité d’opposition, en embrigadant à l’intérieur du FLN toute activité syndicale ou associative. Après avoir réalisé la destruction de l’ambitieux édifice économique et industriel dans sa forme capitaliste d’État mis en place par son prédécesseur, en segmentant économiquement les grandes entreprises en petites unités faciles à privatiser, au profit du sérail, et affaiblir politiquement la résistance des travailleurs en faisant éclater les concentrations ouvrières et les structures syndicales. Est-ce du bon sentiment que de recourir systématiquement à la répression, par l’arrestation et l’emprisonnement des militants des droits de l’homme, et le cautionnement de l’assassinat d'Ali Mecili à Paris et l’assassinat de centaines de jeunes en octobre 1988, suivie par la torture exercée massivement sur de longs mois par son entourage.

     

    Avoir de bons sentiments à changer le pouvoir pour le ramener à son état initial est une stratégie pour dupes. L’intention de nuire au peuple algérien est figurée sans ambiguïté dans la cruauté de la répression de tout ce qui menaçait les privilèges du sérail, qui s’est octroyé le droit, volontairement, de confisquer l’État pour ses intérêts exclusifs. Chadli Bendjedid comme tout autre gardien du système, aliéné ou non dans des valeurs archaïques, ne peut transgresser le code d’honneur, comme il l’a affirmé lors de cet entretien, qui est propre aux organisations mafieuses, et dévier de l’intérêt collectif du sérail. Ceci explique la grâce accordée à Bouteflika en tant que membre principal du premier cercle, depuis sa fondation à Oujda sous l’autorité d’Abdelhafid Boussouf.

     

    Doit-on prendre ses paroles comme argent comptant ou mesurer ses actions politiques, qui plaident toutes pour la confirmation de l’instrumentalisation consciente du bon sentiment, propre à toute légitimation de l’autorité patriarcale, qui s’appuie sur la prédisposition des structures sociales pour s’accomplir ? N’a-t-il pas seulement favorisé son égoïsme et celui du système au-delà de l’intérêt national, pour être repoussé à la sortie par la loi du rapport de force intrinsèque au système lui-même, qui lui garantit sa pérennité, par son renouvellement permanent.

     

    De la colonisation civilisatrice française à la dictature positive selon Chadli Bendjedid et le système politique qu’il a contribué à promouvoir, le peuple algérien doit subir en tant que peuple soumis, une réalité qui lui ait imposé par la loi de la force, car non civilisé pour l’un et inapte à se gouverner par lui-même pour l’autre. À moins d’affronter son destin en se jetant encore une fois les mains nues dans l’horreur du combat inégal contre un ennemi coriace par sa lâcheté, pour la conquête de sa dignité et de sa liberté.

     

    Youcef Benzatat

  • FACE AU CHAOS SYRIEN : L'EFFONDREMENT DE LA CONSCIENCE POLITIQUE ARABE

     

     

    Khaled Satour, 17 août 2012
    http://contredit.blogspot.fr/2012/08/face-au-chaos-syrien.html

     

    Cela fait des mois que je m'intéresse à la position prise par l'intelligentsia arabe et particulièrement syrienne à propos des événements de Syrie. Sur une vidéo mise en circulation sur Internet, j'ai entendu l'un des plus illustres opposants à Bachar El Assad, Michel Kilo, déclarer que les intellectuels syriens étaient "pour la révolution". Ce que mes propres observations tendent à confirmer car j'ai suivi avec toute la constance possible, à travers la presse arabe où ils s'expriment le plus volontiers, leurs prises de position et leurs analyses. Il m'est arrivé d'en conclure que, si la parole qu'ils exprimaient et leur conception de l'opposition au régime de Damas qu'ils préconisaient avaient la pertinence patriotique qu'ils leur attribuaient, c'est que j'étais démuni de certaines composantes du logiciel politique approprié, qu'eux-mêmes n'ont pas manqué, tous, de recevoir en partage. J'ai aussi parfois mis mon incapacité à comprendre sur le compte de la complexité des données de cette région du monde arabe où s'entremêlent tant d'intérêts et d'influences.
    Mais j'ai résolu pour finir de risquer un certain nombre d'observations. Car la situation est telle que la seule vérité indiscutable est que la Syrie, peuple, nation et Etat – et pas seulement le régime qui la gouverne de moins en moins – fait l'objet d'une agression étrangère multiforme destinée à l'anéantir. Cette agression ne diffère de l'entreprise lancée en 2003 contre l'Irak et en 2011 contre la Libye que par deux faux-semblants : la préexistence d'une prétendue révolution populaire pacifique qui aurait duré un an et l'échec fait à une intervention militaire de l'OTAN.

     

    UNE VERITABLE INVASION MILITAIRE

     

    Jusqu'au tournant de l'année en cours, des manifestations civiles, dont l'ampleur a sans doute été exagérée, brouillaient le jugement en imposant, grâce à une information sélective puissamment relayée, la vision d'un soulèvement populaire généralisé réprimé violemment. Le discours de l'opposition et des intellectuels pouvait alors avoir un semblant de justification. Mais qu'en est-il aujourd'hui? La guerre s'est étendue et les données relatives à l'identité des forces qui combattent l'armée régulière ne sont plus contestées :
    - Depuis le début du mois d'août, on a appris qu'Obama avait ordonné aux services secrets américains d'apporter toute leur aide aux insurgés et des sources britanniques ont confirmé que les forces spéciales américaines et britanniques se trouvaient sur le terrain pour appuyer l'armée syrienne libre qui serait la principale force engagée dans les combats. Avec le déclenchement de la bataille d'Alep, le nord du pays est ouvert à l'infiltration massive de groupes armés encouragée par la Turquie qui multiplie les manœuvres militaires agressives à la frontière. Dans le même temps, des forces armées occidentales affichent leur présence menaçante en Jordanie depuis mai dernier lorsque les Etats-Unis ont organisé des manœuvres avec l'armée du royaume.
    - Auparavant, en juillet, alors que les pires scénarios de partition du pays étaient évoqués, deux thèmes avaient été mis en avant d'une manière concomitante qui peuvent à tout moment servir de prétexte à une intervention militaire ouverte : l'entrée massive de combattants d'Al Qaéda en Syrie et le sort des armes chimiques détenus par le régime. Le journal El Quds El Arabi du 22 juillet n'excluait pas que les Etats occidentaux et/ou Israël envisagent une action militaire pour empêcher les groupes djihadistes (ou encore le Hezbollah) de s'emparer des "armes de destruction massive".
    Ces groupes étaient présentés contre toute vraisemblance comme une tierce partie au conflit, des intrus qui se seraient librement invités à la curée. En somme des ennemis de l'Occident et d'Israël, avant tout! En mai dernier, le secrétaire américain à la Défense s'alarmait de ce que les attentats de Damas "portaient l'empreinte d'Al Qaéda", ajoutant que l'organisation tirait profit du chaos qui régnait dans le pays. Le journal El Quds précisait dans son édition des 21/22 juillet que 6000 combattants de l'organisation, de différentes nationalités arabes, étaient entrés dans le pays, par la Turquie et l'Irak, pour s'assurer le contrôle de l'"Emirat de Syrie". Des informations concordantes, validées par les experts de la désinformation occidentaux eux-mêmes et notamment français, laissaient entendre que l'armée syrienne libre, pour l'essentiel cantonnée en Turquie, n'était qu'un figurant dans les combats.
    On choisit ainsi par moments de mettre en avant la présence d'Al Qaéda qui n'est pas douteuse à condition bien sûr de comprendre qu'on étiquette sous ce label quelque peu anachronique les cohortes de djihadistes formées et commandées par les Etats du Golfe, sous la supervision des Etats occidentaux, celles-là mêmes qui ont dévasté l'Irak et le Yémen pendant des années, abattu le régime de Kadhafi, avec le concours de l'OTAN, en attendant de mettre le Sahel et peut-être le Maghreb à feu et à sang.
    - Cette infiltration de mercenaires n'a d'ailleurs pas commencé en cet été 2012. Elle remonte à l'année dernière mais les organes de la désinformation refusaient alors de reconnaître la guerre d'envergure menée contre le régime[1].
    Des affrontements sans merci avaient alors lieu, dont les populations civiles étaient massivement victimes. Ce fut le cas notamment à Homs[2].
    Avant que le journal britannique The Guardian ne confirme en janvier l’existence d’un soutien militaire extérieur, en particulier américain, à l’insurrection syrienne[3], son homologue, le Daily Telegraph, avait révélé que le chef du conseil militaire libyen à Tripoli, Abdelhakim Belhadj, avait été dépêché par le conseil national de transition en Turquie où il avait discuté avec les chefs de l’ "armée syrienne libre" de "l’envoi de combattants libyens pour entraîner ses soldats"[4].
    Cela fait à ce jour plusieurs mois que la « révolution » syrienne a opéré sa jonction militaire avec les acteurs de l’insurrection libyenne et leur encadrement arabe et occidental.

     

    UNE "REVOLUTION" PRIVEE DE DIRECTION POLITIQUE?

     

    Il faudrait donc en bonne logique requalifier les faits qui se déroulent en Syrie. Si jamais une révolution populaire a bel et bien commencé dans ce pays en mars 2011, qu'en reste-t-il à l'heure des combats menés par des djihadistes de tous poils, par les groupes qu'ont acheminés de Libye et d'ailleurs les monarchies du Golfe, par les services secrets et les forces spéciales occidentales? Et c'est de l'opposition et de l'intelligentsia syriennes que devrait venir une réponse. Peuvent-elles persister à ne se définir que comme l'opposition au régime, au mépris de leur devoir patriotique? Pour les branches qui refusaient l'ingérence militaire, la priorité n'est-elle pas aujourd'hui de dire non à l'invasion armée étrangère qui, pour n'avoir pu se matérialiser sous la forme de bombardements de l'OTAN, n'en menace pas moins l'existence souveraine et unie du pays? Force est de constater que non : l'opposition continue à conceptualiser par une démarche voulue unitaire une transition illusoire dont les données et les perspectives lui échappent totalement.
    Le Syrien Ammar Dioub, dont j'ai lu plusieurs articles publiés depuis le début de la crise, faisait le 13 juillet dernier l'observation suivante à propos des multiples rencontres organisées par l'opposition depuis plusieurs mois :

     

    Ces conférences ont manqué à leur unique justification: la détermination précise des objectifs de la révolution (…) Et de ce fait, la révolution était et demeure orpheline d'une opposition véritable qui la représente[5].

     

    Ce simple constat, qui attriste l'auteur en sa qualité d'adepte de la dite "révolution", résume l'irréductible contradiction qui fait de l'attitude de cette opposition (mais aussi de l'écrasante majorité de l'intelligentsia syrienne), plus qu'une énigme, un véritable défi à la raison. Voilà une révolution, dénommée et labellisée d'emblée comme telle qui n'aurait jamais eu de direction politique (dans le double sens de l'expression). Ce constat est fait aujourd'hui, alors que ce sont des insurgés en armes qui combattent le régime. Mais il vaut pour les longs mois durant lesquels on nous représentait la scène syrienne comme le théâtre de manifestations populaires pacifiques.
    Il suppose que soient vérifiées deux hypothèses :
    - D'une part que la mutation du conflit soit dans l'ordre des choses : depuis mars 2011, coulerait sans interruption le fleuve d'une seule et même révolution, recueillant après une période de protestations civiles les affluents de violences armées qui ont gonflé son cours démesurément mais sans jamais lui faire quitter son lit.
    - Et, d'autre part, que les groupes armées aient légitimement pris le relais du peuple pacifiquement révolté, dans une continuité révolutionnaire qui ne s'est pas démentie, sans qu'une direction politique n'ait jamais rien supervisé, sans qu'elle n'ait mis au point cette "détermination précise des objectifs" dont l'auteur déplore l'absence.
    Or, l'examen des prodromes "civils" de la confrontation armée suggère que la violence y était contenue en germe.
    Car, si l’on considère que la seule alternative à une généralisation de la violence était l’option politique, force est de constater que celle-ci était exclue du fait même de la nature de l’insurrection à son déclenchement. La contestation a été conçue de telle sorte qu'elle ne laisse aucune marge d'initiative à la politique et il n'est pas fortuit qu'on l'ait déclenchée à l’insu et à la surprise des nombreuses forces d’opposition existantes[6], même si certaines en ont revendiqué la représentation a posteriori. Le phénomène est d'autant plus édifiant qu'il est commun aux principales « révolutions » arabes. On peut le dégager de certaines des nombreuses analyses publiées par des familiers de la scène syrienne.

     

    UNE DONNEE DE BASE : L'INCONNU

     

    Mais il faut d'abord réfuter la principale explication de la genèse du soulèvement qui se fonde sur les faits déclencheurs les plus immédiats et fait l'objet d'un consensus très large. Elle évoque des événements que le journal El Quds El Arabi avait rapportés le 24 mars 2011 comme suit :

     

    L’étincelle de l’intifada syrienne est partie de la ville de Deraâ lorsque les forces de sécurité syrienne ont emprisonné un groupe d’enfants âgés d’une dizaine d’années qui avaient écrit des graffitis demandant la chute du régime et il n’est pas improbable que se déclenche une révolution qui s’étendra aux villes, aux villages et aux campagnes syriennes à cause des pratiques répressives des forces de sécurité syriennes.[7]

     

    Le problème « factuel » que pose une telle interprétation est qu’il est pratiquement impossible d’établir la date exacte de l’arrestation de ces enfants (dont le nombre varie selon les sources de 15 à 25). Dans les chronologies établies par la presse internationale, on mentionne ces faits sans en spécifier la date, certains médias s’accordant cependant à les dater du 13 mars, c’est-à-dire quelques jours avant les premières manifestations de Deraâ du 17 mars (El Qods du 24 mars 2011).
    En fait, ils n’ont pas été rapportés dans leur actualité, El Qods les ayant mentionnés la première fois le 11 mars 2011 parmi les « histoires et récits » dont les « sites regorgent » en citant le site syrian.net qui avait fait état « d’une vaste campagne d’arrestations dans la province de Deraâ qui a visé il y a quelques jours 25 enfants de la 4e Année primaire qui avaient scandé à l’école le mot d’ordre : Le peuple veut la chute du régime ». On en conclut que ces arrestations sont présumées avoir eu lieu avant le 10 mars, à une date indéterminée, alors même que les appels lancés sur Facebook pour la « révolution contre le régime d’El Assad » fixée au 15 mars étaient apparus dès le 5 mars sans référence aux écoliers de Deraâ et avec déjà pour mot d’ordre « la chute du régime » (El Qods du 7 mars 2011[8]).
    S'agissant maintenant des organisations qui ont vu le jour pour représenter la "révolution", certaines ont revendiqué un lien organique constitué avec les "coordinations" qui ont occupé le terrain à partir de mars 2011. Mais, comme le soulignait l’écrivain syrien Mohamed Dibou dans un article paru le 13 octobre, rien n'obligeait à les croire[9] :

     

    Des interrogations sérieuses sont soulevées par les coordinations (qui constituent la force qui pèse le plus dans l’opposition), la modalité de leur représentation et la question de savoir de quelle organisation elles sont proches. En effet, le comité de coordination et le conseil national annoncent, chacun pour son compte, qu’ils sont en contact avec les coordinations qui auraient adopté leur programme. Mais qui croire ? D’autant que les coordinations ne sont pas en mesure, à ce jour, de s’exprimer publiquement et qu’elles ne sont pas unifiées, à quoi il faut ajouter qu’on ne sait pas lesquelles d’entre elles représentent effectivement la rue et lesquelles ont rejoint l’action. Il y a des petits quartiers qui se trouvent avoir bien plus qu’une seule coordination !

     

    Il est clairement constaté ici que, si les forces politiques qui étaient à l’œuvre avant l’insurrection ont été prises de court, c'est parce que les initiateurs du mouvement sur le terrain étaient de nouveaux venus à l’action politique. Les formations nouvelles, créées dans le sillage des événements, se sont mises à la remorque des nouveaux venus alors même que rien ne permettait d'identifier ces derniers de façon certaine. C'est à l'irruption d'une forme d'activisme inédit que l'on assistait. Les coordinations locales paraissaient donner l'mpulsion mais c’est à la rue que le dernier mot revenait.
    Se dessinait ainsi une organisation « révolutionnaire » à trois étages, la rue, les coordinations locales et les structures politiques, dans laquelle la prééminence qui commandait la prise de décision était l’envers exact de ce qu’enseigne l’histoire des révolutions. La hiérarchie de la décision privilégiait dans cette triade le nombre et l'anonymat, de telle sorte que le dernier mot revenait à la rue. Et c’est sans doute parce que cette dernière donnée était embarrassante qu’on a proclamé que la rue était le peuple, sans autre forme de procès. De ce fait, on tenait la révolution populaire tant rêvée! Cependant, il en est qui ont relevé ce que cette situation avait pour le moins d’insolite. Ainsi une autre Syrienne, Khawla Dounia, qui notait le 22 septembre 2011 les observations suivantes :

     

    Un de mes amis a dit que la révolution exerçait une sorte de terrorisme intellectuel sur tout opposant et intellectuel car il ne peut ignorer la rue et ses demandes chaque fois qu’il désire exposer une opinion sur ce qui se passe ou sa vision d’une solution. Il se sent tenu par les slogans et les réactions de la rue, de peur d’être traité de traître[10], d’abord, et d’essuyer un refus, ensuite. Il y a une sorte de flagornerie chez certains qui reprennent les mots d’ordre de la rue tels quels sans les soumettre à l’analyse intellectuelle ou politique pour les rendre propres à l’application ou à la discussion (…) Il semble que ces opposants et intellectuels ont peur que soient tenus pour nuls et non avenus tous les sacrifices qu’ils ont consentis (de longues années de prison, l’exil, la privation des droits) du seul fait qu’ils expriment leurs convictions [11].

     

    L'adhésion des intellectuels à la révolution, telle que constatée par Michel Kilo, a-t-elle été si librement choisie? Ce qui était énoncé ici sur un mode quelque peu anecdotique confirmait la suprématie de la rue (cette fameuse "rue arabe", si longtemps traitée en ersatz d'opinion publique!) ainsi que l'invisibilité d’un encadrement opérationnel de son activisme qui renseigne sur l'identité politique (ou au moins sociale) du soulèvement. La rue, anonyme, est la révolution. Cette affirmation ne s'est jamais démentie en dépit de son invraisemblance car, si l’on considère la continuité et la cohérence des actions de protestation menées depuis mars 2011 et la parfaite logistique qui a accompagné les manifestations[12], toute cette entreprise avait forcément des cadres clandestins d’organisation et de programmation opérationnelle sur lesquels toute interrogation a aussitôt été condamnée comme hérétique. Elle avait aussi ses symboles forts, tels que le "drapeau de l'indépendance" substitué au drapeau de l'Etat et que l'on a rapidement vu exhibé à travers tout le pays comme ce fut le cas en Libye.
    Si structuré que fût l'activisme de la "rue", on s'est rapidement préoccupé de son infirmité politique et s'est posée la question de savoir si l’opposition organisée pouvait lui faire l'apport d'un programme. Dans la mesure où plusieurs formations (qui devaient vite se regrouper dans deux structures dominantes, le CNS et le CCND[13]) se sont mises en compétition pour assumer cette tâche, laquelle serait reconnue légitime pour le faire? La difficulté venait de ce que, contrairement à ce qu'ont clamé plusieurs courants marxistes de Syrie et d'ailleurs, la revendication sociale n’était plus audible parce que les mots d’ordre de la rue se sont très vite refermés sur la revendication de la chute du régime (doublée ensuite pendant des mois de celle de l’intervention étrangère). L'opposition requise pour porter le combat de la rue sur le plan politique était de ce fait aussi indifférenciée que paraissait l'être le mouvement de contestation. Libéraux, nationalistes, marxistes, frères musulmans, salafistes, toutes les tendances étaient parties prenantes.
    La légitimité ne semblait devoir se juger qu’à l’aune de la revendication centrale (abattre le régime), à l’exclusion de toute autre considération relative à un programme politique, à un projet social. La "rue" avait imposé sa loi d'airain : la fidélité à la révolution ou la trahison se mesurait, comme nous venons de le relever, à l'aune du seul rapport à l’activisme. Un autre auteur syrien écrivait à ce propos dans un article du 28 octobre 2011 :

     

    Toutes (les révolutions arabes) ont en commun deux caractères essentiels. Le premier c’est d’avoir été initiées par le peuple sans qu’aucun parti ni aucune structure ne l’ait mis en mouvement. Le peuple a pris de vitesse toutes les forces et partis quelle que soit leur appartenance idéologique, il s’est substitué à eux pour mettre la rue en mouvement et diriger son action spontanément, affirmant sa détermination à réaliser un seul but : la chute du régime. Le second caractère est que ces révolutions sont privées de toute conceptualisation préalable de ce qu’elles aspirent à réaliser après leur victoire … Il était clair pour tous que l’objectif général qui rassemble l’indépendant, l’islamiste, le communiste, le nationaliste, etc., se limitait à cet objectif principal annoncé sans précision autre (c’est-à-dire la chute du régime, NDRL)[14].

     

    C'est la négation même de la révolution car aucun espace n'était dédié à l’élaboration d’un programme politique, d’un projet de société. La légitimité était d’un type nouveau qu’on pourrait désigner comme une légitimité subversive accordant la prime à l’activisme. Sur cette question, le Syrien Addi Zaâbi écrivait le 29 décembre 2011 dans El Qods :

     

    Il reste en définitive la légitimité que peut se donner l’opposition par sa capacité à influer sur la révolution. Là, le rôle de l’opposition sera secondaire. Le rôle essentiel dans le changement demeure exclusivement entre les mains des jeunes sur le terrain. Il sera peut-être difficile d’évaluer le rôle du conseil (national syrien) et du comité (de coordination) dans la conduite de la révolution. Bien sûr, la révolution a commencé en dehors de l’opposition traditionnelle. Mais, après la formation du conseil, se faire une opinion sur le rôle qu’il joue devient pratiquement impossible du fait des exigences de secret qui commandent le travail de terrain. Dans tous les cas, il apparaît que ce rôle n’est guère important (…) Quoi qu’il en soit, les choses sont claires : les coordinations de l’intérieur, dans leur diversité, accorderont la légitimité à l’une des instances … La priorité est de renforcer les actions sur le terrain. Le moteur essentiel des événements sur le terrain, ce sont les jeunes et les coordinations. Ceux-là n’ont pas besoin de légitimité. Ce sont eux qui octroient la légitimité aux entités politiques[15].

     

    Peut-on être plus clair ? L’auteur de l’article, qui paraît bien au fait des rapports de force, confirmait ce que pareille « révolution » avait d’inédit : la prééminence absolue de structures secrètes composées d’anonymes faisant leurs premières armes dans l’action ! Et le secret de l’initiative « sur le terrain » empêcherait même d’impliquer les organisations politiques (en particulier le conseil national qui semble avoir la préférence de notre auteur) dans les décisions à prendre. De toutes façons, n’est-il pas affirmé que le rôle de l’opposition sera secondaire, ce qui se confirme aujourd'hui comme l'expression euphémique de la vérité ? Surtout, il y a cette conclusion qui donne froid dans le dos : les jeunes et leurs coordinations sont la source absolue de toute légitimité. Voilà qui met en évidence la donnée de base de cette révolution, et dans une large mesure de ses devancières arabes. Cette donnée se résume en un mot : l’inconnu. Des initiateurs inconnus, des acteurs opérationnels inconnus, une destination inconnue.
    Il n’est dès lors pas étonnant que la légitimité définie selon ces canons de l’activisme sur le terrain ne puisse être déléguée qu’à l’instance politique qui en serait le simple prolongement à l’extérieur car, si le régime est déstabilisé par l’action locale, il ne peut être abattu, du fait du vide politique inhérent au mouvement, que grâce aux coups de boutoir qui lui seront portés au plan international. Cette révolution n'était pas en quête d'une direction politique mais d'un agent qui servirait à la "communauté internationale" de levier pour une intervention militaire. L'entreprise était ainsi vouée d'entrée de jeu à finir dans l'ingérence.

     

    L'AGONIE BRUYANTE DES CONSCIENCES

     

    Quelle est alors cette opposition, constamment absente de son poste comme le déplore Ammar Dioub, en retrait de sa mission historique supposée, mais qui ne doute jamais de sa qualité d'accoucheuse de l'avenir? C'est cette question qu'il faut poser et plus particulièrement aujourd'hui avec la généralisation de la violence.
    Dernièrement, sur quelle comète a-t-elle donc voulu tirer des plans lors de la conférence du Caire tenue au début de juillet? Au cours d'une rencontre préparatoire à cette conférence, l'opposition avait mis au point le 6 juin deux documents : un pacte national et un plan pour la période de transition. Mais dans le même temps, un projet intitulé "Le jour d'après" sortait des laboratoires de deux organisations occidentales, sous étroite tutelle étatique, l'institut américain pour la paix (USIP) et l'institut allemand des affaires internationales et de la sécurité (SWP), aussitôt adopté, contre la parole donnée aux autres organisations d'opposition, par le conseil national syrien (CNS).
    Ce qui soulève à deux niveaux une même interrogation sur les initiatives de l'opposition syrienne :
    - D'abord, parmi les organisations représentées, quel intérêt des organisations telles que la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), implantée sur le territoire syrien, et le comité de coordination pour le changement national et démocratique, dirigé (théoriquement) de l'intérieur, prétendant tous deux s'opposer à l'intervention étrangère (qui n'a désormais plus rien de virtuel!), trouvent-elles à rencontrer avec une telle constance le CNS qui n'a jamais été que l'outil de l'intervention militaire étrangère[16]?
    - Ensuite et surtout, comment cette opposition pourrait-elle élaborer le projet d'une république civile et démocratique, garantissant l'unité du peuple, l'égalité totale dans la citoyenneté et les libertés publiques individuelles et collectives, selon les termes du projet de pacte national, alors même qu'elle a été et demeure exclue du processus qui est en train d'abattre le régime et d'anéantir le pays, les insurgés ayant entrepris de détruire les pipe-lines, les dépôts de gaz, les stations hydrauliques, les silos à blé, de couper les lignes de communications, de faire sauter les trains[17]. A défaut d'une maîtrise organiquement établie des groupes armés qui combattent le régime, cette opposition est réduite à une impuissance que le discours incantatoire ne peut plus dissimuler.
    Toutes ces organisations n'ont jamais été en mesure, ni unies ni prises séparément, de constituer la superstructure politique de la pseudo révolution syrienne. La direction politique d'une révolution suppose la mainmise sur les forces combattantes, lorsque la révolution est violente; elle suppose le choix de la stratégie militaire pour les troupes qu'elle commande et, comme c'est toujours le cas dans une entreprise révolutionnaire qui vise une victoire politique, la latitude de négocier une issue pour la réalisation de ses objectifs, qu'elle doit avoir définis. Ce sont autant de portes que lui ferment violemment au nez les hordes de combattants étrangers, nombreuses et disparates, qui mènent la guerre sous la conduite d'Etats étrangers et conformément à leurs objectifs. Les frontières du pays sont ouvertes à tout vent, la souveraineté nationale est mise à mal tout autant que le régime : elle sera réduite à néant aussi complètement que ce dernier sera mis à bas. Restera-t-il seulement, au terme de ce processus, assez de la Syrie, de la patrie, pour que quiconque puisse rêver d'en faire une république démocratique?
    Tout indique en définitive que, nonobstant la sophistication du discours de certains de ses représentants, l'opposition n'est, à son insu pour une part de ses composantes, et, en toute conscience pour l'autre, que la complice d'une entreprise de démantèlement de son propre pays.
    Dès lors, une constatation grave mais élémentaire s'impose : il faut que se soit produit un effondrement aussi soudain que total de leur conscience morale et politique pour que des intellectuels de gauche syriens, des opposants aux convictions anti-impérialistes affirmées, à la fibre patriotique éprouvée, s'engagent dans le soutien, plus ou moins conditionné, à l'entreprise obscure lancée sur le terrain en mars 2011 par des groupes insurrectionnels quasiment non-identifiés, de toute évidence préparés et manipulés, aux fins d'abattre le régime de Bachar El Assad; pour que, la réalité du processus se dévoilant aujourd'hui dans l'attaque généralisée contre le pays et non seulement contre le régime, ils persistent dans leur position.
    Tous ces théoriciens bavards, qui n'en finissent pas de se disputer les pages de la presse arabe pour faire allégeance à la "révolution", n'ont-ils pas vu venir, à la suite de la pseudo résistance pacifique du "peuple", l'inéluctable vague qui dévaste le pays en cet été 2012 : celle des légions de combattants surarmés, débarqués des avions de l'OTAN et infiltrés de Turquie, du Liban, de Jordanie, financés ouvertement par les Etats du Golfe, coordonnés dans leur action meurtrière par les logistiques occidentales?
    N'avaient-ils pas eu le loisir de méditer le sort réservé à la Libye dont il est désormais reconnu que, outre les intenses bombardements de l'OTAN, ce sont des commandos internationaux de criminels sous les ordres des services spéciaux du Golfe et de l'Occident qui ont livré les batailles les plus décisives aux troupes de Kadhafi avant de procéder au lynchage public en mondovision de ce dernier[18]?
    Que valent les professions de foi démocratiques de ces élites face à l'évidence de la falsification? En Syrie, comme en Libye, quelle démocratie pourra bien naître, à la suite du régime dictatorial, du chaos de tant d'appétits conjugués?
    Il est sans doute vrai que la catastrophique longévité des dictatures arabes était faite pour exaspérer, pour désespérer, qu'elle a fini par nourrir une véritable obsession de la délivrance. Mais cette exaspération, cette obsession, ont tardé à provoquer, pour abattre ces régimes, une authentique entreprise de libération forgée par la volonté des peuples, et n'auront été, pour finir, que des paramètres parmi d'autres, des ingrédients de propagande, entrant dans l'élaboration à froid d'une stratégie à visée géopolitique dont l'objectif est de démembrer violemment des nations et des sociétés pour leur retirer toute influence sur leur environnement régional.
    Que la toute-puissance impériale prétende décider de la vie ou de la mort des régimes, prolongeant ou abrégeant dictatures et démocraties, au gré de ses seuls calculs, n'est pas nouveau. La preuve en a été administrée sur tous les continents. Mais c'est bien la première fois qu'elle opère dans le silence et – s'agissant des élites arabes – l'agonie bruyante des consciences.
    Telle est la force sidérante du leurre démocratique qu'il a conduit de vastes secteurs de l'intelligentsia arabe, quelles que puissent être leurs dénégations, à faire objectivement cause commune avec les monarchies du Golfe et leurs émules (dont les moins virulents ne sont pas les nouveaux régimes tunisien et libyen), les appareils politiques et médiatiques occidentaux, le fidèle vassal turc, les plus revanchards d'entre les ultras libanais, et quelques oiseaux de proie de l'acabit de Bernard-Henry Lévy.
    C'est dire que la conscience politique et morale des élites arabes se meurt dans le déshonneur.

     

    Deux illustrations en guise d'additif :

     

    1. "TOUT RESTE OUVERT …"
    Si je devais rapprocher les deux opinions qui m'ont paru, au cours de ces longs mois de "révolutions arabes", représenter la meilleure confrontation du sens et du non-sens, je choisirais d'une part une phrase lapidaire, en forme d'interjection, lancée par le poète syrien Adonis et, d'autre part, un extrait du livre publié l'an dernier par Tarik Ramadan.
    Je commence par ce dernier. Dans son ouvrage consacré aux "révolutions" arabes, il ne manque pas de s'attarder sur les éléments de fait qui attestent que les "révolutions" arabes ont été préparées et financées de l'étranger – ce genre d'éléments que la propagande a su réduire à des données incidentes, quasi anecdotiques, chaque fois qu'elle n'a pas pu les occulter. Après avoir exposé avec force détails les informations qui attestent le financement des programmes de formation et de développement des réseaux organisés de blogueurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient mis au point par les Etats-Unis et certains Etats européens, "les faits, parfois troublants, relatifs aux formations et aux ingérences politiques et militaires", sans oublier "le rôle joué par des compagnies du secteur privé telles que Google, Yahoo, Facebook ou Twitter", Ramadan limite son jugement final à la pirouette suivante, dosage savant de lucidité et de légèreté qu'on ne peut qualifier autrement que de cynique :

     

    Tout reste ouvert. Encore faut-il que les sociétés civiles et les citoyens s'engagent à penser des projets de société à partir de leur histoire, de leur mémoire, de leurs références, de leurs valeurs et de leurs espoirs. A terme, il leur appartient de reprendre possession du sens de leur révolte, quand bien même ils n'en auraient pas été les seuls instigateurs, penseurs et agents[19]".

     

    Quant à Adonis (dont je précise que je suis habituellement loin de partager les vues), il s'est contenté, voyant venir en février dernier l'intervention étrangère en Syrie, de cette exclamation (en forme d'interrogation valant l'affirmation d'une position) : « Comment peut-on poser les fondements d’un Etat avec l’aide de ceux-là mêmes qui ont colonisé ce pays[20]?
    Ce sont deux attitudes, qui, outre la différence de leurs formes d'expression, traduisent deux rapports opposés à la vérité établie des faits. Ramadan constate que les peuples arabes ne sont pas les seuls "instigateurs, penseurs et agents" de "leur" révolte mais qu'"il leur appartient d'en reprendre possession" et partant "tout reste ouvert". "A terme". Autrement dit, ils n'en ont pas encore, à l'heure où il écrit ces lignes, "repris possession" mais elle est déjà "leur" pour cette seule raison que "tout reste ouvert".
    La belle affaire! Qui peut contester que tout reste ouvert en toutes circonstances? Tout était resté ouvert pour les peuples colonisés au moment même où le colonisateur prenait possession de leurs pays, de leurs richesses et de leurs vies. A quel sophisme ne faut-il pas recourir lorsqu'on veut à tout prix considérer que l'ingérence étrangère est à terme un bienfait, une ouverture!
    Adonis, pour sa part, semble imprégné d'une toute autre sorte de perspective historique : il n'aperçoit pas d'ouverture à terme mais la fermeture tout de suite lui saute aux yeux. Pire : un retour en arrière, la reproduction régressive d'un cycle qu'il définit par un raccourci pertinent comme colonial. Pour être rudimentaire, son raisonnement sous-jacent n'en est que plus approprié à l'interprétation d'un fait aussi univoque que l'ingérence étrangère, alors que Ramadan, enferré dans son parti pris dialectique, doit faire recours, en guise d'abstractions savantes, à un jargon vide de sens (mémoire, références, valeurs, espoirs).
    Lorsque le même fait (ou comme ici deux faits matérialisant la même réalité : l'ingérence étrangère) est tenu pour vrai dans deux perspectives d'analyses aussi antagonistes, c'est-à-dire d'un côté pour en tirer les conséquences qui s'imposent et de l'autre pour tenter d'en minimiser le sens, on a toujours pour résultats un positionnement limpide et un raisonnement tortueux.
    Mais cette situation est l'exception car, en général, les divergences profondes se construisent sur des élaborations factuelles nettement différenciées. La bataille en vue d'imposer une certaine vérité des faits est en effet essentielle, sinon pourquoi la désinformation serait-elle devenue l'arme absolue dans les conflits? Cela étant, il est capital de comprendre que les protagonistes du débat les plus engagés, les plus impliqués dans la confrontation des opinions, pour ne rien dire des appareils politico-médiatiques qui sont au service des Etats et ne connaissent de vérité qu'instrumentale, élaborent une représentation des conflits assez nettement affranchie des faits. Ils sont en effet conscients que la vérité des faits est trop nuancée pour soutenir les positions tranchées, qu'elle est un handicap dans la confrontation (souvent la guerre) en cours. C'est que l’espace politique est un lieu de positionnement où se déroulent des stratégies et se défendent des intérêts. C’est un lieu d’action où les vérités affirmées sont en compétition en vue de finalités et où leur manipulation est partie intégrante du jeu.
    Hannah Arendt considérait que, pour mériter le label de "diseur de vérité", il fallait prouver son "désintéressement" politique et pour cela « prendre pied hors du domaine politique » sous peine de voir sa parole corrompue. Mais tout cela n'est plus que spéculation anachronique qui supposerait que, hors de l'espace politique, il existerait un espace public où l'échange serait désintéressé. Cela est moins vrai aujourd'hui que jamais, l'espace politique partial et unilatéral s'étendant à tout. A chaque occasion qu'une entreprise de désinformation est lancée, à une échelle mondialisée comme il se doit, elle se constitue en espace politique globalisé qui ne cède aux opinions dissidentes que les périphéries d'Internet. Ramadan n'était tombé en dissidence que par accident. Il avait eu la maladresse, dans un premier temps, de mettre l'accent sur cette formation par l'Occident des cyber-résistants, s'aventurant inconsidérément sur un terrain indigne de l'homme d'influence qu'il prétend être. Les contorsions auxquelles il a dû par la suite se livrer dans son livre (et dont je n'ai cité qu'un échantillon) étaient le prix à payer pour réintégrer l'espace politique globalisé. Il ne s'est pas dédit. A peine renié[21].

     

    2. "MON TEMOIGNAGE POUR L'HISTOIRE"

     

    Abdelbari Atwane, directeur de la rédaction d'El Qods El Arabi, est un équilibriste d'une toute autre envergure que Tarik Ramadan. J'ai déjà analysé plusieurs de ses contributions sur les révolutions arabes dans un article précédent[22], Son éditorial de l'édition des 4-5 août 2012, intitulé "Parlez-nous de la Syrie d'après El Assad"[23], se conclut par une prise à témoins de la postérité qui confine au testament politique (c'est dire si le personnage prend sa parole au sérieux!) :

     

    Je soulève ces questions pour dégager ma responsabilité afin qu'un jeune chercheur puisse dire dans le futur que quelqu'un a écrit, averti et sonné l'alarme, que tous les Arabes n'étaient pas dans l'égarement, abusés les yeux ouverts par des plans conçus pour les diviser et les éparpiller. C'est mon témoignage pour l'histoire.

     

    Ce qui nous vaut cette solennité de ton, c'est l'analyse qu'il fait de la situation de la Syrie et du monde arabe en butte aux plans occidentaux, étayée de retours en arrière jusqu'à l'époque du démantèlement de l'empire ottoman et la trahison de la Grande- Bretagne manquant aux promesses faites aux Arabes, avec retour aux conspirations du présent dont l'inspirateur serait l'orientaliste Bernard Lewis qui a préconisé en 1979 un plan de "balkanisation" des Etats arabes actuellement en cours de réalisation. Rien donc que nous ne puissions entendre dans sa généralité. S'ensuit cette longue tirade qu'il est utile de rapporter avec toutes ses boursouflures :

     

    Je vis en Occident depuis 35 ans. J'ai étudié, enseigné et fait des conférences dans la plupart de ses universités. J'ai écrit dans ses journaux des articles sur le Proche-Orient. J'ai participé à des entretiens sur la plupart sinon la totalité de ses chaînes de télévision, sans parler des centaines de congrès et séminaires politiques. J'en ai retiré la conviction absolue qu'il n'y a pas de politiques improvisées, que les politiques et les guerres stratégiques sont conçues sur la base de l'action et de la planification maîtrisées et non sur la base de la réaction aux événements, que les experts occidentaux considèrent comme une vérité établie qu'il est facile de tromper les Arabes, d'exploiter leurs points faibles et de semer entre eux la division sur la base de l'appartenance religieuse et ethnique. Il suffit de relever que la principale faculté de l'université de Londres est l'école des études orientales et africaines, fondée dans le but d'étudier les tribus et ethnies arabes et préparer les gouvernants anglais aux colonies arabes (Souligné par nous).

     

    Je laisse à Atwane la responsabilité de cette rationalité infaillible qu'il attribue à l'Occident. Mais pour le reste, sous réserve de l'emphase du propos et de la nécessité qu'il y aurait à avoir vécu 35 ans en Europe pour être conscient de ces réalités (surtout lorsqu'on est Palestinien), je n'ai pas grand-chose à redire de ces affirmations. Le problème est que M. Atwane, nous ayant à peine fait vivre ce grand moment de vérité, s'empresse, à la manière de Tarik Ramadan, de réintégrer le giron de l'espace politique consensuel puisqu'il écrit :

     

    Les révolutions des peuples qui se sont soulevés contre la dictature et l'oppression étaient spontanées et légitimes pour la plupart mais l'Occident a tenté et tente de récupérer ces révolutions et de les exploiter dans son intérêt pour s'accaparer les richesses pétrolières, pour affaiblir les Arabes en général et (amoindrir) le danger qu'ils représentent pour Israël (Souligné par nous).

     

    Que veut laisser entendre Atwane quand il écrit que la plupart des révolutions arabes sont spontanées et légitimes? Laquelle ou lesquelles excepte-t-il, lui dont le journal les a toutes soutenues?
    Mais surtout comment peut-il concilier l'affirmation que l'Occident agit toujours par la préméditation et la planification sans jamais avoir à "réagir aux événements", d'une part, et son diagnostic sur les révolutions arabes, spontanées mais exploitées par l'Occident, d'autre part?
    Seule une troisième question mérite réponse et c'est la suivante : Faut-il chercher une réponse à ces deux premières questions? Et la réponse est non : M. Atwane témoigne pour l'histoire, faisons-lui grâce des vérités contingentes du présent.

     

    NOTES :

     

    [1] Jusqu'à la fin 2011, alors que des groupes d’insurgés livraient à l’armée de véritables batailles, lui disputant le contrôle de villes comme Zabadana et Douma ainsi que plusieurs quartiers de Homs, de Hama et d’autres villes, les médias occidentaux et du Golfe parlaient d'une guerre faite par le régime aux civils. Puis les violences se sont généralisées : on a annoncé des massacres inter-confessionnels et des enlèvements, dans un climat de terreur entretenu depuis le 23 décembre dernier par des attentats à la bombe à Damas et dans d’autres villes, en particulier Alep où l’explosion de deux voitures piégées le 10 février 2012 a été revendiquée par l’armée syrienne libre (Selon une dépêche de l’AFP rapportée le 10 février par El Qods El Arabi sur son site http://www.alquds.co.uk/).

     

    [2] Alors que l’armée régulière encerclait et bombardait des quartiers de la ville, les milices du régime combattaient les forces insurgées dont le journaliste britannique Paul Wood, témoin des combats, écrivait que, « en dépit de l’existence d’un conseil militaire en Turquie et d’un porte-parole de l’armée syrienne libre », « ce ne sont que des groupes de combattants qu’on peut qualifier de milices » recourant sans état d’âme, comme il en a rapporté des témoignages des intéressés eux-mêmes, à l’exécution de leurs prisonniers (Rapporté par El Qods dans son édition du 13 février 2012). Ajoutons que ce 22 juillet 2012, les médias ont fait état de pareilles exécutions sommaires de soldats syriens par des groupes armés aux postes frontières contrôlés par ces derniers. Depuis lors, en ce mois d'août 2012, les insurgés multiplient les exécutions sommaires .

     

    [3] Le journal rapportait en janvier que « des avions militaires de l’OTAN dont les marques d’identification ont été retirées se sont posés à Iskenderun (en Turquie) près de la frontière syrienne pour débarquer des volontaires libyens et des armes saisies dans l’arsenal de feu Mouammar Kadhafi », ajoutant que « des formateurs appartenant aux forces spéciales françaises et britanniques sont sur place, prêtant assistance aux rebelles tandis que la CIA et les Special Ops US fournissent du matériel de télécommunications et des informations (…) permettant d’éviter les concentrations de troupes syriennes"(L’article était signé par Jonathan Steele dans l’édition du 17 janvier 2012).

     

    [4] Rapporté par Al-Akhbar dans son édition du 1e décembre 2011. Pour documenter encore ce point, on peut citer l’article publié le 17 décembre 2011 par le quotidien espagnol ABC. Son journaliste, Daniel Iriarte, infiltré en Syrie par les insurgés relate sa rencontre avec trois « révolutionnaires » libyens dont le premier avait commandé la brigade de Tripoli et le second être un homme de Abdelhakim Belhadj. Ils lui ont déclaré être là de leur propre initiative « à titre personnel, pas sur ordre de qui que ce soit » et qu’ils étaient là avec « d’autres Libyens, «quelques dizaines», qui sont venus en Libye de leur propre chef pour aider les insurgés ».

     

    [5] Dans un article publié par le journal Al Akhbar sous le titre Quand les conférences de l'opposition syrienne serviront-elles effectivement la révolution?
    (??????? ???????? ??????? ??? ???? ?????? ?????)

     

    [6] Depuis que le gouvernement syrien a opté en 2002 pour la libéralisation, le parti Baâth se donnant en 2005 le mot d’ordre de l’« économie sociale de marché » avec ce qu’il impliquait de privatisations, de dérégulation et de retrait de l’Etat du champ économique et social, des forces politiques se sont regroupées autour de l’aspiration démocratique. A droite, fut lancée en 2006 la Déclaration de Damas-Beyrouth, (prolongeant la Déclaration de Damas de 2001) qui, regroupant la bourgeoisie, des partis kurdes, des partis de gauche reconvertis au réformisme et les Frères musulmans, a soutenu la libéralisation, limitant ses revendications au domaine politique (exclusivement sur le plan intérieur). A gauche, le comité national de l’union des communistes syriens s’est constitué contre la dérive libérale mais aussi contre les projets américano-israéliens dans la région. Mais ce qu'on a appelé le printemps de Damas a rapidement été interrompu par la répression du régime.

     

    [7] L’insurrection syrienne de Deraâ (??????? ???? ???????), article non signé. Dans l’édition du 22 novembre 2011, le chroniqueur Elyas Khouri devait revenir sur ces événements initiaux qu’il considère (avec les précédentes tentatives d’opposition au régime et le mépris du pouvoir pour les revendications populaires) comme l’une des « trois raisons factuelles » qui excluent l’idée d’un complot international contre la Syrie :
    Au lieu de s’excuser d’avoir torturé des enfants et de punir les auteurs de cet acte horrible, le régime a prolongé leur détention, humiliant les parents dans leur honneur et leur dignité. Ce qui a allumé dans le Houran l’étincelle de la révolution qui s’est étendue à toute la Syrie (…) L’analyse doit partir de ces trois réalités pour chercher à comprendre la révolution syrienne comme une révolution spontanée …

     

    [8] Ce qui indique que, contrairement à l’appréciation d’El Qods et de son chroniqueur Elyas Khouri, l’activisme des « cyber-opposants » a certainement davantage déterminé le soulèvement que l’arrestation des enfants de Deraâ. La révolution ne peut donc être considérée comme spontanée qu’autant que l’action des cyber-opposants (qui avaient appelé sur Facebook avant même les premiers événements de Benghazi à une mobilisation les 4 et 5 février devant le siège du parlement à Damas) peut l’être.

     

    [9] Article publié dans El Akhbar sous le titre "Syrie: A propos du point le plus critique ".
    (?????: ?????? ?? ?????? ??????)

     

    [10] Le verbe arabe utilisé pour exprimer le fait de « déclarer comme traître » a pour substantif takhwîn (?????) qui est sur le même schème que le fameux takfîr (????? « déclarer comme mécréant ») et revêt, en la circonstance, un caractère aussi menaçant.(Souligné par nous).
    [11] Article publié par El Quds sous le titre L'opposition syrienne entre la phobie de la rue et la manipulation de ses sentiments (???????? ??????? ??? ???? ?????? ?????? ??? ??????).

     

    [12] Voir en particulier sur ce point l'article publié par le Nouvel Observateur le 20 mai 2011 sur les réseaux secrets des cybernautes syriens vivant ou ayant été formés en Occident. Selon l'article, des dizaines de cybernautes ont suivi, au cours des années ayant précédé la "révolution syrienne" des stages de protection informatique à l'étranger et des fondations occidentales les ont conviés à des séminaires dans des pays voisins. En Jordanie, par exemple, l'ONG irlandaise Frontline leur a expliqué comment effacer des données à distance, échanger secrètement des e-mails ou stocker des fichiers sensibles, notamment des vidéos. L'un 'entre eux, vivant à Beyrouth, a déclaré au journaliste avoir suivi un séminaire de ce type aux Etats-Unis en février 2010. Un autre, vivant à Londres, fut l'un des premiers à avoir organisé l'entrée clandestine de matériels de communication en Syrie, avant même le début des contestations et a été formé aux tactiques de la "lutte pacifique". Dans les mois qui ont précédé le soulèvement, il avait, comme d'autres, organisé des séminaires sur ce thème pour quelques dizaines de Syriens de l'intérieur. Ces stages se sont tenus discrètement dans des pays où ses compatriotes n'ont pas besoin de visa - notamment la Turquie et la Jordanie. Beaucoup d’entre eux ont reçu des équipements de communication très tôt.

     

    [13] Le comité de coordination des forces du changement démocratique (CNCD) s'est créé le 11 juin 2011 dans un hôtel de Damas où il a tenu son congrès le 18 septembre, affirmant agir en coordination avec les comités locaux animateurs du mouvement. La constitution du conseil national syrien a été annoncée le 15 septembre 2011 à Istanbul après une première annonce faite par un "jeune" à Ankara de la création par "des jeunes révolutionnaires de l'intérieur" d'un conseil national de transition. Les Turcs, pressés d'engager un processus à la Libyenne, ont dû vite être rappelés à la patience par leurs mentors occidentaux!

     

    [14] Ammar El-Baradaï, Le printemps arabe, des révolutions populaires sans programmes politiques (?????? ??????: ????? ????? ??? ????? ??????), publié dans El Qods.

     

    [15] A propos de la légitimité du conseil national syrien (??? ????? ?????? ?????? ??????). C’est nous qui soulignons.

     

    [16] Et dont les Etats-Unis viennent de décréter la disgrâce dès lors que les événements semblent aller dans le sens d'une déstabilisation du régime par le moyen d'une ingérence militaire rampante. Voir le billet publié dans El Quds du 15 août 2012 sous le titre Le conseil national syrien rend-il son dernier souffle?(?????? ?????? ?????? ???? ???????) : "Les groupes djihadistes armés qui ont renforcé leur présence en Syrie grâce à leur financement et leur approvisionnement en armes de ces derniers mois et agissent indépendamment du conseil national syrien et de l'opposition traditionnelle y compris des frères musulmans, représentent désormais le troisième courant puissant et l'épine dorsale de l'opposition combattante".

     

    [17] Rachad Abou Chaour, Syrie : L'option du dialogue (?????: ?????? ?? ??????), El Quds du 15 août 2012.

     

    [18] Voir à ce sujet le documentaire d'Antoine Vitkine, diffusé le 8 mai 2012 par la cinquième chaîne française sous le titre "Kadhafi mort ou vif" qui retrace en particulier les circonstances dans lesquelles les forces spéciales de plusieurs pays dont la France, la Grande-Bretagne et le Qatar ont pris d'assaut et "libéré" Tripoli en août 2011, avec la participation des groupes armés entraînés au Qatar et dirigés par le djihadiste Abdelhakim Belhadj.
    Précisons que ce genre de révélations a posteriori participe paradoxalement et pleinement de l'entreprise de désinformation principale qui consiste, à chaud, à occulter des vérités, aussi longtemps que la manipulation des esprits requiert d'accréditer sans réserve la propagande de guerre.

     

    [19] Tarik Ramadan, L'islam et le réveil arabe, Presses du Châtelet, Paris, novembre 2011, citations extraites des pages 54 et 55.

     

    [20] Rapporté par une dépêche de l'AFP datée du 11 février 2012 reprise par différents organes de presse.

     

    [21] Adonis s'est finalement montré moins calculateur et moins soucieux de plaire qu'on aurait pu le supposer. Depuis le début des événements en Syrie, on lui a reproché l'ambiguïté de ses positions. En fait, l'intelligentsia "révolutionnaire" n'a pas pardonné à celui qu'on considère comme le plus grand poète arabe vivant sa position décalée par rapport au consensus qui s'était très vite construit à coups de pétitions au printemps 2011. Après qu'il ait dénié au soulèvement la qualité de révolution et marqué sa désapprobation pour l'utilisation de la mosquée (donc de l'islam) par les manifestants, il a fait l'objet d'une campagne de dénigrement violente et orchestrée et il est devenu "le cas Adonis". En fait, sa critique de la "révolte" (dans un texte intitulé Dix thèses sur les révoltes arabes actuelles) était plutôt mesurée. Il déclarait ainsi en mai 2011 : "Je ne peux absolument pas me joindre à une manifestation politique qui sortirait d'une mosquée mais je ne peux accepter de même que la violence et le meurtre soient utilisés contre cette manifestation". C'était avant que la perspective d'une intervention étrangère ne lui arrache l'exclamation que j'ai mentionnée.

     

    [22] Intitulé Entre la "révolution" et l'ingérence étrangère : Le malaise arabe. (Sur ce blog)

    [23] ?????? ?? ????? ?? ??? ?????

  • Algerie:Questions autour d’un livre

     

    Quel est le seul livre à avoir écrit un président algérien ? Non, pardon, quel est le seul président algérien à avoir écrit un livre ? C’est le défunt Chadli Bendjedid, même s’il ne l’a pas vraiment écrit mais dicté. C’est quand même un livre émanant de sa pensée, profonde ou pas. Quel est le président algérien qui lit ou lisait le plus de livres ? Grande question. Combien de présidents algériens lisent-ils des livres ? Grosse interrogation. Combien de présidents algériens vont-ils lire le seul livre d’un Président algérien ? Là c’est déjà plus facile, comme il n’en reste qu’un, tous étant morts de vieillesse, de maladie ou d’assassinat, c’est lui qui va le lire.

    Mais il l’aura probablement déjà lu, avant tout le monde, avant peut-être même son auteur, ne serait-ce que pour voir s’il est dedans, en tout cas pour voir ce qu’il y a dedans. Quand il était vivant, le défunt Président auteur avait-il pensé à dédicacer un exemplaire de son livre au seul Président encore vivant et donc seul Président potentiellement lecteur ? Grande question. Mais il aura certainement pensé à ne pas égratigner l’actuel Président pour la simple raison qu’il est Président et bien vivant.

    Un livre peut-il mourir ? En théorie non, ou alors par l’usure du temps, par le jaunissement et pourrissement des feuilles qui peuvent mourir comme des feuilles mortes, des vraies. Mais en pratique, on peut interdire un livre, ce qui équivaut à une mort. Sauf que ce livre n’est pas interdit et ne le sera pas, parce qu’il n’y a rien d’interdit dedans, tout le monde le sait, même ceux qui ne l’ont pas lu. D’ailleurs, au dernier Salon du livre d’Alger où le livre de Chadli devait sortir, l’actuel Président a demandé si les jeunes lisaient. On aurait pu lui demander si les vieux écrivaient. Non. Lire ? Quoi ? Des livres de Présidents ? Il n’y en a qu’un, tout le monde l’a lu et il n’est même pas encore sorti.

     

    Chawki Amari
  • prêt du FMI Algerie VS rapport FMI contre l'algerie ????

    Economie algérienne : un rapport contradictoire et alarmant du FMI

    Par Le Matin DZ |
     

    Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié à l’occasion de la tenue de son assemblée annuelle prévue du 9 au 12 octobre à Tokyo (Japon), le Fonds monétaire international estime que l’Algérie a réalisé un taux de croissance de 2,5% en 2011, réaliserait, pour l’année 2012, "environ 2,6%", un taux révisé à la baisse puisque cette même institution, dans un rapport d’avril dernier, tablait sur une croissance du PIB de 3,1%, ces taux étant largement inférieurs aux données gouvernementales, couvrant à peine le taux de croissance de la population active.

    L'institution présidée par Christine Lagarde (ici avec K. Djoudi) a rendu un rapport contradictoire sur l'Algérie.

    Quant à l’inflation, le FMI estime qu’elle devrait passer de 8,4% en 2012 à 5% en 2013, contre 4,5% en 2011 et le taux de chômage de 10 % Tout en soulignant que tous els rapports du FMI se fondent sur les donnée officielles des gouvernants, corrigées parfois par des tests de cohérence, je voudrai mettre en relief les limites de ce rapport se rapportant au calcul du taux de croissance, du taux de chômage et du taux d’inflation.

    Le taux de chômage réel est-il de 10% ?

    Selon les documents officiels, entre 1999/2009 la création d’emplois a été de 3,5 millions d’emplois durant dont 54.8% dans le secteur de l’agriculture, le commerce, les services et le BTPH, le reste dans le secteur de l’administration, de l’industrie de l’artisanat et dans d’autres secteurs. Pour le Ministère du travail, le taux de chômageserait passé de 29% en 2000 à 23,7% en 2003, de 17,7% en 2004, de 15,3% en 2005 à 12% en 2008, 11% moyenne 2009-2010 et à moins de 10 pour cent en 2012, taux repris par le FMI. Qu’en est-il de la réalité. Au 1er janvier 2012 selon l’ONS, la population résidente totale de l’Algérie a franchi les 37 millions d’habitants (37,1).Le bilan démographique de l’année 2011 révèle que le volume de naissances vivantes a dépassé la barre des 900 000, seuil jamais atteint auparavant, et selon le FMI, la population active est passée de 11.203.000 en 2010 contre 10.911.000 en 2009 soit une augmentation annuelle de 292.000. Il faut donc créer environ 300 000 emplois par an, ce chiffre sous estimant d’ailleurs la population active féminine. Il est utile d’analyser le rapport sur le chômage en Algérie mené par Kangni Kpodar, responsable du département Afrique au sein de l'administration du FMI publié fin 2008 toujours d’actualité qui a tenté de diagnostiquer le "cas algérien". M. Kpodar émet des doutes sur l'efficience des différents mécanismes de création d'emploi (Ansej, contrat pré-emploi, les emplois salariés d'initiative locale…) mis en place par le gouvernement algérien. Selon cet économiste, ces programmes ont créé certes des millions d’emplois mais la majorité était des postes provisoires et souvent non rentables et que l'informel alimente de façon soutenue le marché du travail algérien.

    Cette analyse est corroborée par le rapport officiel de l’ONS 2012, pour qui 50% de la population active algérienne active l’informel surtout le petit commerce et les services qui d’ailleurs toujours selon cette enquête représente 83% du tissu économique algérien démontrant la tertiairisation de l’économie alimentée par la rente des hydrocarbures. En plus il faut compter les sureffectifs des administrations et des entreprises publiques et sans cette dépense publique fonction du prix du pétrole, qui demeure le moteur principal de la création d ‘emplois, le taux de chômage serait supérieur à 30% touchant paradoxalement les plus diplômés sachant que dans cinq ans l’université accueillera 2 millions d’étudiants contre 1,3 million d’étudiants aujourd’hui. Donc toute étude sur l’emploi doit élucider des facteurs fondamentaux : est-ce les emplois rentes fictifs, ou est ce qu’ils contribuent à la création de valeur ? Est ce que les emplois précaires dominants (3 à 6 mois pour un jeune parfois universitaire à 6000 dinars par mois) et sont-ils un signe d’amélioration de la situation sociale ? Or, fait contradictoire, le FMI annonce des taux de croissance de 2,5 et 2,6% entre 2011 et 2012 à peine de quoi couvrir la croissance de la population active mais annonce une baisse du taux de chômage. Or, un taux de croissance, tiré par les secteurs productifs, selon l’avis unanime des organismes internationaux, entre 7/8% sur plusieurs années cumulées, est une condition sine qua non pour atténuer à terme les tensions sociales, la pression sur le marché du travail le fait des jeunes qui représentent 50% de la population active. Il existe une loi économique universelle : le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Et comment avec un si faible taux de croissance pourra-t-on créer 3 millions d’emplois entre 2010/2014 et améliorer le pouvoir d’achat des Algériens. D’autant plus, que l’on assiste au dépérissement du tissu productif, en raison des contraintes de l’environnement des affaires (bureaucratie et corruption notamment) produit de la logique rentière, l’industrie représente à peine selon l’officiel 5% du produit intérieur brut (PIB).

    Pas de corrélation entre la dépense publique et le taux de croissance

    Un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente, un taux de croissance élevé à la période T1, en référence à un taux de croissance faible en référence à la période TO donne globalement un taux de croissance faible. Selon les institutions, le rapport du FMI 2011, le produit intérieur brut l'Algérie est de 158,97 milliards en 2010, 183,4 milliards de dollars en 2011 avec une prévision de 188,6 milliards de dollars en 2012. Or, il y a lieu de souligner la faiblesse de la production et de la productivité du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l’état brut et semi brut, les 2.3% hors hydrocarbures fluctuant depuis plus de 20 ans pour un montant dérisoire entre 900 millions de dollars et 1,5 milliard de dollars. Ces 2/3% sont constitués en majorité de produits semi finis, issus eux-mêmes des hydrocarbures et déchets ferreux et non ferreux. C’est que plus de 90% du tissu économique sont constitués de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale. Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu’il ne reste pour les entreprises véritablement autonomes créatrices de richesses, pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel mondial, moins de 20% du produit intérieur brut. Mais fait important, le PIB peut cacher d’importantes disparités et l’indice du développement humain combinant 1/3 du taux de croissance, 1/3 les systèmes socio-éducatifs et 1/3 le système de santé élaboré par le PNUD est beaucoup plus fiable. Cela explique les erreurs d’appréciation des indicateurs globaux de la Banque mondiale et du FMI vis-à-vis de certains pays arabes qui ont connu les révoltes sociales dites printemps démocratique où ces institutions ont omis d’analyser tant le déséquilibre spatial que la concentration des revenus socio professionnelles au profit d’une minorité ans compter les fuites de capitaux hors des frontières de certains dirigeants.

    Le PNUD dans son rapport du 2 novembre 2011 intitulé "Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous", classe l’Algérie à la 96e place sur 187 pays, soit un recul de 12 places par rapport à 2010. C’est que le taux de croissance entre 2011 et 2012 selon le FMI pour l’Algérie est extrêmement faible comparé à la dépense publique. La vraie richesse ne peut apparaitre que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. La dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars, mais faute de bilan on ne sait pas si l’intégralité de ce montant a été dépensé. Dans un Conseil des ministres le dernier trimestre 2011, le président de la République a affirmé qu’entre 2004/2013 plus de 500 milliards de dollars seront mobilisés. Pour un programme d’investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l’ordre de 286 milliards de dollars et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l’équivalent de 130 milliards de dollars (46%) et l’engagement de projets nouveaux pour un montant de près de 156 milliards de dollars. Qu’en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31 décembre 2004 à la fois faute de capacités d’absorption et d’une gestion défectueuses aggravant le déficit budgétaire que l’on essaie d réduire par des manipulations du taux de change. Le jeu à la baisse du taux de change du dinar non prise en compte dans le rapport du FMI, voile le déficit budgétaire réel, gonflant artificiellement la fiscalité pétrolière et donc l’inefficience de la dépense publique. Elle gonfle également artificiellement le fonds de régulation des recettes : une dévaluation de 20% donne une valeur de 20% de plus en dinars algériens calculé par le trésor et la Banque d’Algérie dans leurs bilans annuels. Pour plus de transparence, je préconise que les lois de finances se fonde sur le cours réel du marché des hydrocarbures, que toutes les subventions soient budgétarisées par le parlement lors de l’élaboration de la loi des finances quitte à ce que l‘excédent soit versé dans un fonds pour les générations futures.

    D’une manière générale selon un rapport pour la région MENA 2010, l’Algérie, en comparaison de pays similaires dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats, démontrant une mauvaise gestion pour ne pas dire une corruption socialisée. En fait avec une croissance si faible, alors que le taux aurait du être, supérieur à 10% entre 2004-2012, montrant un gaspille important des ressources financières, les entreprises véritablement productives représentant à peine 20% du PIB, avec le taux annoncé par le FMI on peut en déduire que la création d’emplois productifs couvre environ 25% de la croissance de la population active, les autres créations étant des emplois rentes de segments irrigué par la rente des hydrocarbures,reflétant une économie artificielle. Et l’Etat algérien continue de dépenser sans compter en lançant des projets non fiables à terme économiquement souvent pour des raisons de prestige. Tant qu’il y a la rente. Mais l’Algérie peut-elle continuer de vivre de l’illusion de la renter sur la base d’un cours de 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40/50 dollars pour le budget d’équipement si le cours des hydrocarbures baisse au risque d’une hyperinflation ? Peut-elle continuer dans cette voie suicidaire des assainissement répétées des entreprises publiques de plus de 50 milliards de dollars entre 1971 et 2011, avec des recapitalisations répétées des banques publiques contrôlant 90% du crédit global, malades de leurs clients souvent non bancables, dont plus de 70% des entreprises publiques sont revenues à la case de départ. Cette masse monétaire sans contreparties productives alimente le processus inflationniste.

    Une lecture biaisée du taux d’inflation

    Je doute que le taux d’inflation en 2011 ait été de 4,5% comme l’estime le FMI. Les prix à la consommation ont augmenté de 8,7% au mois de juin 2012 par rapport à la même période de l’année écoulée, situant le rythme d’inflation en glissement annuel en Algérie à 7,3% contre 6,9% en mai dernier selon l’Office national des statistiques (ONS). L’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 8,67% en juin 2012 par rapport à la même période de l’année dernière. Cette hausse est tirée essentiellement par l’augmentation de 10,76% des produits alimentaires, auquel 70% de la population algérienne consacre ses revenus. Une analyse pertinente de l’inflation doit lier le processus d’accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Certes, le SNMG a plus que doublé en passant de 6.000 à 20.000 dinars, (200 euros au cours officiel, environ 150 euros par mois au cours du marché parallèle) la dernière augmentation ayant lieu en septembre 2011, mais devant déflater par le taux d’inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d’achat. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (200 euros par mois, soit 6,6 euros par jour alors que le kilo de viande est de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui ont atteint plus de 1.200 milliards DA en 2011, plus de 14OO milliards de dinars en 2O12 (14 milliards d’euros) soit 18% du budget général de l'Etat et plus de 10% du PIB jouent temporairement comme tampon social. Cela renvoie à la situation sociale. Une enquête réalisée par l’Office national des statistiques en 2009, précise que 77,1% des sondés ont reconnu qu’ils n’étaient pas couverts par le régime de la sécurité sociale et plus de la moitié de la population en activité était dépourvue de couverture sociale, soit 50,4% de l’ensemble des travailleurs qui n’étaient pas déclarés à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas). Et sur le plan humain, elles font apparaître que près de cinq millions d’Algériens sont en situation de précarité car ne pouvant ni se faire rembourser leurs frais médicaux et encore moins de pouvoir bénéficier d’une retraite décente puisque les entreprises qui les emploient ne s’acquittent pas de leurs frais de cotisations. D’une manière générale, le processus inflationniste que l’on comprime artificiellement par des subventions montre l’absence de régulation ne s’attaquant aux fondamentaux renvoyant au manque de cohérence et de visibilité de la politique socioéconomique pour préparer l’après hydrocarbures, l’épuisement étant dans au maximum dans 16 ans pour le pétrole, dans 25 ans pour le gaz conventionnel, avec une population de 50 millions. Comme les réserves de change estimées à 193 milliards de dollars au 1er septembre 2012, richesse virtuelle provenant des hydrocarbures dont la facilité est de les placer pour 83% à l’étranger, en partie en bons de trésor américains et en obligations européennes, à des rendements presque négatifs pondéré par l’inflation mondiale, alors qu’il s’agit de les transformer en richesse réelle.

    Force est de constater que depuis 1986, l’Algérie est dans une interminable transition n’étant ni une économie étatisée, ni une véritable économie de marché concurrentielle, dans le cadre de l’interdépendance mondiale à l’instar des pays émergents, expliquant le peu d’efficacité tant de la régulation politique, sociale et économique. Il y a donc risque de tensions sociales croissantes en cas de chute durable en dessous de 80 dollars à prix constants posant la problématique de l’urgence de la diversification de l’économie algérienne, dans le cadre de l’intégration du Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique et des nouvelles mutations mondiales. Cela implique de dépasser l’actuel syndrome hollandais d’une économie totalement rentière, importer étant plus facile que de produire localement. Car existent des possibilités pour augmenter le taux de croissance en Algérie qui recèlent d’importantes potentialités, supposant une nouvelle gouvernance stratégique des institutions et des entreprises. Cela suppose une profonde mutation systémique loin des intérêts de la rente.

    Abderrahmane Mebtoul, professeur d'universités

  • Les hôpitaux français réclament 20 millions d’euros à l'Algérie

     

    On peut construire 5 hopitaux moderne en Algérie avec les 20 millions d’euros !!

    Par Le Matin DZ |

     

     

     

    Des hôpitaux algériens mal gérés, pour ne pas dire moribonds, des dirigeants qui préfèrent se soigner à l'étranger, particulièrement en France. Ce qui fait exploser les coûts. Et susciter des colères, certes contenues, sur ce deux poids deux mesures.

     

    Bouteflika s'est plusieurs fois soigné à l'étranger.

     

    Dans la médecine comme dans la géographie politique : il y a les Algériens utiles pour lesquels on dépense sans compter, et les autres, le lumpen proletariat, sommé de se contenter de ce qu'on daigner lui concéder.

     

    Au moment où les malades de cancer pour ne citer que cet exemple, ont tout le mal du monde pour être suivi et soigné dans nos hopitaux, nos responsables au sommet de l'Etat, n'hésitent pas à aller se faire soigner dans les cliniques suisses, ou françaises. La pratique n'est pas nouvelle, elle date des lendemaine d'indépendance. Au lieu de doter l'Algérie de cliniques et d'hôpitaux, dignes de ce nom - pourtant l'argent ne manque pas -, tous les responsables choisissent de se faire soigner ailleurs, car ne faisant pas confiance à ces hôpitaux pour lesquels ils tressent desl auriers dans leurs discours politiques. Seulement tous séjours ont un coût. Des millions en devises. Peut-être plus, car la Cnas ne communique jamais sur les prises en charge à l'étranger accordées à la nomenklatura.

     

    Premier débiteur, l’Algérie accuse une dette d’environ 20 millions d’euros. Viennent ensuite le Maroc (plus de 10 millions d’euros) et les pays du Golfe (10 millions d’euros), la Tunisie (environ un million d’euros). C’est ce qu’a révélé aujourd’hui, 15 octobre, le journal français Le journal du dimanche (JDD).

     

    Ces révélations arrivent en un moment où la Caisse nationale d’assurance sociale algérienne (CNAS) a démenti l’information faisant état de l’existence de dette algérienne auprès des hôpitaux étrangers. A contrario, du côté de l'Hexagone, cette affaire est révélée dans un moment de crise aiguë dans la Zone euro. Cette dette concerne spécialement les séjours effectués par des responsables algériens dans des unités hospitalières européennes. Abdelaziz Bouteflika a séjourné plusieurs fois à Paris, notamment à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, où il a été admis. Selon d’autres informations, le chef de l’Etat algérien, fréquente ces établissements plusieurs fois par mois. Il serait atteint d’une maladie incurable.

     

    Tous les frais médicaux générés par les soins des responsables algériens devaient être honorés par l’argent du contribuable. Un contribuable, lui, bien entendu sommé de se soigner en Algérie. Car n'ayant ni les moyens ni les entrées au sommet de l'Etat pour décrocher le sésame lui permettrant une prise en charge à l'étranger.

     

    "C’est une vieille histoire, l’AP-HP est un outil diplomatique pour la France. Des dirigeants étrangers viennent se faire opérer chez nous. On va les chercher à l’aéroport en ambulance toutes sirènes hurlantes, on leur dispense des soins de qualité et on ferme les yeux sur les factures qu’ils n’acquittent jamais", se plaint Patrick Pelloux, le célèbre urgentiste syndicaliste, rapporte le journal. Après les soins prodigués au président malien par intérim, c'est le président mauritanien qui séjourne actuellement dans un hôpital parisien après le coup de feu qu'il a reçu dimanche à Nouakchott.

     

    "Il y a dix ans que nous essayons de mettre cette ardoise sur la table. En vain. Mais ce qui était toléré devient moins supportable en période de course aux euros, pointe Loïc Capron, médecin syndiqué et président de la commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, le parlement des blouses blanches. On fait payer par les assurés sociaux pas toujours fortunés les créances de gens aisés", appuie Patrick Pelloux, selon la même source. Il est vrai que les hôpitaux français sont pour la plupart endettés et de fait soumis à une rigueur économique draconienne.

     

    A propos du cumul de cette dette, la réponse de l’un des responsables de ces hôpitaux est significative. Pour lui, des intérêts s’entrecroisent. A comprendre que les soins de Bouteflika en France nous ont coûté probablement "des milliards de dollars de pots-de-vin", a souligné un médecin algérien. "Des intérêts croisés sont en jeu. Le gouvernement ferme les yeux au nom du prestige de la France", a annoncé un chef de service aux Hospices civils de Lyon à JDD. Cela expliquerait les positions algériennes notamment sur des questions diplomatiques. Depuis l'arrivée de Bouteflika aux commandes, les entreprises françaises ont raflé plusieurs marchés dans divers domaines.Et depuis quelques semaines, il y a un semblant de frémissement entre Alger et Paris, notamment avec la perspective de la visite du président français en Algérie.

     

    Yacine K./Siwel

  • Elections en Algérie : mascarade par excellence

     

    Par Le Matin DZ |
     

    Ça y est, c’est parti pour une énième mascarade électorale. Les élections locales du 29 novembre prochain se préparent comme les précédentes : dans le bricolage caractérisé des partis, dans l’opportunisme démesuré des candidats et dans l’indifférence totale de la population.

    Daho Ould Kablia, le ministre de l'Intérieur

    En effet les listes de la honte, dont le délai imparti à leur dépôt a expiré le 11 octobre dernier, sont confectionnées dans une ambiance de mécontentement, de contestation et de cacophonie. A ce désordre s’ajoute évidemment la contrainte de la représentation féminine qui doit être au moins de 30% sur chaque liste. Et depuis que le militantisme féminin se décrète, la femme se trouve au centre des sollicitations. Car, sans ce sésame féminin, la liste est systématiquement rejetée par l’administration.

    Une administration zélée qui représente un gouvernement renégat qui lui, dans sa version Sellal, n’a pas respecté cette loi de la représentation féminine. Pourtant cet intérêt porté à la présence de la femme dans les institutions de l’Etat, est annoncé tambours battants dans le cadre des soit disant réformes présidentielles déclenchées suite aux événements de janvier 2011. A moins que le gouvernement n’est pas considéré comme une institution d’Etat mais comme un club privé. En effet, l’actuelle équipe gouvernementale ne compte que 2 femmes, bien que la chambre basse du parlement en compte 146 députées.

    Mais il s’avère que cette mesure vise plus à pervertir l’acte politique qu’à se soucier de la participation de la femme dans la gestion des affaires publiques. D’ailleurs, plusieurs femmes sans le vouloir ni le désirer se retrouvent à la présente APN avec un parcours et une formations politiques nuls. Pis, sans militantisme ni conviction, elle devient la façade d’un acte pervers dont les concepteurs visent plus à la ridiculiser. En guise de reconnaissance pour ce 30% empoisonné, les femmes députées auront toujours la main levée pour faire passer toutes les lois.

    Le militantisme ne se décrète pas et pour la femme et pour l’homme. L’acte de militer est porté par la force de la conviction. Aussi prétendre représenter le peuple en étant son élu, c’est devenir de fait, un homme politique. Mais, La chkara, la cooptation, l’allégeance ne font pas l’homme politique. Elles façonnent uniquement un servile qui court derrière ses intérêts et ceux de ses maitres. Un flatteur qui caresse dans le sens des poils, quitte à vendre principes et convictions. Il est encore un transfuge qui change de partis et de positions à chaque échéance ou occasion. Il est la veille de droite, la matinée de gauche. Il est islamiste pour les législatives et devient nationaliste ou démocrate pour les locales. Il est trotskiste ou socialiste lors d’un scrutin et devient libérale ou capitaliste lors du prochain vote. Il est opposant et souteneur au même temps.

    Pis, il est un opportuniste qui marchande sa candidature, un escroc qui implique des aliénés et des malades mentaux, un trabendiste qui vend des accréditations ou des détachements et dernièrement, un pervers qui embarque la femme dans la chose qu’elle maitrise le moins. La politique, la vraie bien évidemment, lui importe peu. C’est l’argent derrière lequel il court, qui le motive, l’incite et le pousse. Quant à la gestion de la cité, c’est son dernier souci. Il s’affiche le temps que dure une échéance électorale, prend ce qu’il gagne et s’éclipse pour revenir au prochain rendez-vous avec les mêmes armes et les mêmes bagages pour remporter le même butin.

    Il pullule les partis, qu’ils soient de grosse pointures ou de petites tailles, qu’ils soient de tendances "pouvoiriste", islamiste ou démocrate. Les partis acceptent alors et encouragent l’acte caricatural de la politique. Le chiffre compte pour s’imaginer implanter partout, même s’il est gonflé par la présence de ces opportunistes sans loi ni foi. Pourtant, ce n’est pas une honte de bien se regarder dans la glace. Les partis politiques sont ainsi manipulés par le pouvoir qui les fait participer à des mascarades électorales qu’il organise suivant les règles qu’il fixe. Ils sont là, ces partis, pour cautionner et donner une façade démocratique à la caste la plus autocratique qu’a connu le pays. La caste, elle, ne reconnait aucune loi, y compris celle de la représentation féminine.

    Zoubir Zerarga

  • L’école algérienne, des listes et des chiffres

    benbouzid


    Par Le Matin DZ | | Réactions (17)
     

    "Le cerveau des enfants est comme une bougie allumée dans un lieu exposé au vent : sa lumière vacille toujours."

    Le système éducatif algérien a atteint un niveau de déliquescence inquiétant.

    Une collégienne ayant obtenu 20/20 en maths avec une moyenne générale de 19,83/20 au BEM normalement sélectionnée au lycée d’excellence de Kouba, se retrouve refoulée en cette rentrée 2012. Et le père de conclure fataliste : "Je sais que notre cas n’est pas unique." (1) On ne cesse de la donner sinistrée avec paroles d’experts et classements internationaux à l’appui et voilà que l’école algérienne sort de son chapeau de magicienne de petits génies et des établissements d’excellence pour récolter pourquoi pas des pépites nobélisables. Ça console quand on pense à ces milliers d’élèves qui se serrent comme des sardines sur leur banc rêvant à une lampe d’Aladin qui fera jaillir de terre un modeste lycée loin de toute mention.

    Un ancien prof avait l’habitude de dire à ses élèves : "Le 20 c’est pour Dieu le 19 pour moi et le 18 pour vous." A son époque même le 18/20 se comptait sur les doigts d’une seule main au niveau national. Mais heureusement, notre généreuse école Fondamentale nous a gâtés avec ces chiffres "subliminaux" et le nouveau moyen les a bien adoptés. Ah les maths, cette reine des disciplines détrônée par des politiciens qui s’en méfient au point de faire dire à un ex-Le sysministre de l’enseignement français : "Les mathématiques sont en train de se dévaluer de façon quasi inéluctable : désormais, il y a des machines pour faire les calculs, idem pour les constructions de courbes."(2) Sauf que ceux qui ont inventé les machines les calculatrices l’informatique ne l’ont pas fait avec de la prose politicienne.  Grosso-modo, une école sans maths fera bien son affaire, on y est presque à voir le programme qui exige de moins en moins de l’élève un esprit d’analyse de rationalité et avec la marginalisation de la géométrie on a réduit les sujets de cette matière à de simples opérations de calcul. "Les mathématiques sont devenues une liste de resultats et de techniques que les élèves mémorisent comme des perroquets." (3) Devant son recul technico-scientifique et le classement tout juste moyen de son école par l’OCDE avec son test Pisa 2010, la France est en train de revoir sa copie. 1/3 de ses chercheurs sont d’origine étrangère, en pénurie, elle les importe et l’Algérie est un excellent réservoir avec un nombre de scientifiques expatriés dépassant celui des victimes du terrorisme.

    En Corée du Sud, le redoublement est interdit et l’Etat dépense dans ce domaine moins que l’Hexagone mais les petits Coréens parviennent à être premiers en maths (Pisa 2010). Dommage, nos gosses ne participent pas à ce genre d’épreuves  ni avec les étrangers ni avec les frères arabes. On doit se contenter des chiffres qui émanent de l’unique source officielle comme ceux du vote. La seule certitude qu’on a c’est que nos jeunes diplômés qui émigrent sont obligés de se recycler, de remettre le compteur à zéro avec de fortes chances de dépasser la quarantaine pour entrer dans la vie active. Exemple, ces trois Algériens, un aide-soignant un toubib et un journaliste obligés de suivre la même formation au Canada pour devenir  infirmiers.

    En 2000 l’Allemagne a eu un mauvais classement qui entraina un véritable traumatisme national. Elle a revu tout son cycle primaire s’est inspirée des méthodes étrangères et a devancé rapidement la France. Les experts de l’OCDE affirment que tout se joue avant 12 ans et que les facteurs de la réussite scolaire sont variés mais une seule constante : la formation de l’enseignant. En Algérie on est allé plus loin, on a fait l’élève avant de faire le maître avec l’algérianisation à tout prix. Mais à présent, c’est fini, on a des licenciés à ne plus savoir quoi en faire, des anciens élèves qui ont eu avant et après 12 ans des enseignants qui pour la plupart sans bac. Or si la dépréciation de la valeur des diplômes n’est pas spécifique à notre pays, on a d’autres grains de sable dans la machine.

    Aujourd’hui, pour le master, les LMD protestent, ils préfèrent le risque des listes imposées à celui des concours truqués. Ils sont bien placés pour le savoir, de l’école primaire à l’université, le piston règne en maitre. Personne n’est épargné ni le personnel ni les élèves. Inimaginable pour les experts de l’OCDE, non que la corruption n’existe pas chez eux mais jamais au péril de leurs institutions surtout scolaire. Autant livrer le ministère de l’Education et de l’Enseignement à la maffia et se libérer de tous les tracas. Depuis la chute de l’empire ottoman et la deuxième guerre mondiale, on sait que la force d’une nation réside dans le QI  de ses citoyens pas dans le nombre de ses soldats. Les USA ont beau tendre la main aux Chinois pour avoir de l’argent, c’est eux qui détiennent le plus grand nombre d’inventeurs. On sait simplement que sur 50 bébés qui naissent 1 est doué et ça peut être n’importe qui comme une loterie. Aucun scientifique n’a réussi à faire le lien entre la matière grise et l’ADN d’une famille ou d’un groupe. Chez nous à tous les niveaux, ce lien est omniprésent, c’est notre constante nationale prioritaire. Combien de compétences ont été écartés combien d’enfants prédisposés  ont été dégoûtés avant d’atterrir dans l’enfer de la rue à cause de cet "handicap". Tout chef est nommé par son chef jusqu’au sommet et à chaque étape le roitelet constitue sa cour pour préserver le "pédigrée" de la lignée. Ce tri incestueux génèrent d’autres injustices au-delà de l’incompétence il y a l’immunité. Une plainte contre n’importe quel petit caïd et nous voilà face au pote au parent au complice qui nous rira au nez et nous devrions remercier Dieu d’avoir sauvé notre peau de ses griffes. On se souvient de ce directeur accusé par trois enseignantes de harcèlement sexuel. Sujet ultra sensible chez nous, les autorités concernées se sont montrées pleine de compassion : les victimes ont été simplement mutées.Tous les jours, les journaux nous révèlent la malédiction de ces preux chevaliers qui se retrouventderrière les barreaux ou candidat s à l’exil au suicide. Le piston est devenu le seul papier qui compte dans un dossier à remplir, la seule compétence exigée partout où on va. D’où ce cercle vicieux qui gangrène toute l’institution et qui fait dire à ce parent que son cas n’est pas unique. Dans cette mélasse empoisonnée, aucune réforme ne peut aboutir si on ne nettoie pas d’abord pour semer ensuite.  Pour le moment la question ne se pose même pas tant la réponse fait peur. Il ne reste aux enseignants mécontents que les grèves pour des causes zen comme les salaires les primes les logements les œuvres sociales la surcharge des classes des programmes etc. Avec en plus de la baraka puisque leur débrayage semble booster les résultats des examens nationaux au lieu de les saboter. Il ne reste aux parents qu’à continuer à se sacrifier pour les cours privés, les écoles privées même si leur programme fait du collé-copie avec l’officiel. Et pour les autres, au mieux pour leurs rejetons, la débrouille dans le commerce formel ou informel, au pire, le spectre de la délinquance.

    Cette saignée qui nous a enfanté le terrorisme, calmé depuis, mais qui est en mesure de nous certifier qu’il est bien mort ? On ne voit de l’espoir que dans une collaboration d’associations de parents d’élèves indépendantes soucieuses de l’avenir de leur progéniture et les enseignants qui continuent à résister à ce système explosé pourri jusqu’à la moelle. Le proverbe dit que si on veut on peut. "Les leçons de l’Histoire paraissent claires. Les sociétés en pleine ascension sont simples, sans fard, intransigeantes."

    Mimi Massiva

    (1) Fénelon (De l’Education des filles)

    (2) El Watan 24/9/2012 

    (3) Claude Allègre (France-Soir 23/11/1999)

    (4) Science et Vie (Jean-Pierre Demailly mathématicien académicien)

    (5) John Saul(Les bâtards de Voltaire)

  • Un président ça sait, ou ça se tait

     

    Par Le Matin DZ

     

     

     

    La dernière crasse d’un homme sans envergure. C’est la qualification qui sied le mieux aux propos de Bendjedid qui font les choux gras de la presse depuis hier. Cette "révélation", à elle seule renseigne sur l’idée que l’homme se faisait des mémoires qu’il consignait.

     

    Les mémoires du défunt Chadli révéleront-ils les dessous du système ?

     

    Larbi Belkheïr, son imminence grise depuis qu’il était à la tête de la II région militaire, lui aurait fait deux partis dans le dos ?!! Le FIS et le RCD. Cette affirmation qui a longtemps animé les discussions de cafés, normal elle est de ce niveau-là, va assurer la vente de mémoires posthumes qui, je peux l’affirmer sans risque de me tromper, ne révèleront rien des secrets du système, et ne contribueront en rien à en expliquer les mécanismes occultes qui commandent à son fonctionnement. Même un pied dans la tombe, l’omerta est de mise. Ces hommes taisent les secrets de leur système.

     

    Ces mémoires nous permettront-ils de savoir qui de Belkheir ou de Chadli a fait l’autre ? Autant espérer qu’ils nous disent qui de l’œuf ou de la poule est venu le premier. Mais pour qui veux avoir quelques renseignements, le témoignage de Hocine Malti, dans l’histoire secrète du pétrole, est un bon aperçu de la communauté de destin de ces deux hommes.

     

    Lardi Belkheir aurait créé le FIS et le RCD ? Sur le double plan historique et politique l’affirmation est absolument fausse. Si elle a pour sens de suggère une préfabrication de ces deux forces. Il faut revenir à la genèse de ces deux partis.

     

    Le FIS conglomérat de noyaux islamistes préexistants aux évènements d’octobre. A sa constitution il a aggloméré, sans distinction, les groupuscules djihadistes – que Chadli avait gracié auparavant-, les Afghans de retour en Algérie, et les différentes phalanges prosélytes dites de la da’wa. Pour ce qui concerne le RCD, c’est bien avant Octobre 1988 qu’il s’était cristallisé au sein du Mouvement culturel berbère (MCB). Sa création, a été amorcée probablement à partir de 1985, avec la très forte dissidence au sein du FFS provoqué par l’"entente" de Londres. Elle s’accélère à partir de fin 1986, avec la constitution d’une coalition entre l’aile libérale du MCB – autour de Saïd Sadi - et une partie de la gauche du mouvement issue de l’ORT, menée par  Bacha  Mustapha. L’apparition publique de cette coalition sous le sigle RCD pouvait surprendre et paraître comme une improvisation, mais elle était loin de l’être.

     

    Par contre, si la signification de la révélation de Chadli est d’accréditer de sa part un certain attachement à une application stricte de l’article 40 de la Constitution de 1989, force est de s’en référer aux délibérations publiques du tribunal militaire de Blida, lors du procès du FIS, pour relever la grande entente qui régnait entre Chadli Bendjedid et les chefs du Front islamiste du salut. Il est aussi difficile de ne pas convoquer içi, les coups de pousse que Chadli a apportés, avec constance, aux islamistes. C’est sous son règne que l’Egyptien El Ghazali avait fait un fort mauvais sort à l'islamologue Mohammed Arkoune. C’est lui qui, devant la montée du Mouvement culturel – résurgence du mouvement national, à l’image de la crise algérianiste de 1949 – avait aménagé de grands espaces aux islamistes : Forum de Tlemcen, université islamique (iste) de Constantine, Imama cathodique d’El Ghazali. Et, pour finir, c’est lui qui assurera la promotion des intégristes en [indus] représentants des évènements fomentés d’Octobre 1988. Alors d’où pourrait sortir cette "l’opposition" de Chadli à la création du FIS ?

     

    Pour ce qui est de l’autonomie politique des deux mouvements, il faut juste en revenir à leurs programmes politiques, et à leurs mots d’ordre. L’attaque est insidieuse, et elle semble viser exclusivement le RCD. A l’évidence, un président qui insinue, c'est un président qui ne sait pas grand-chose, ou à défaut un président qui pour assouvir une vengeance sème le doute et la rumeur. Et probablement que le ralliement du RCD, quelques jours après le 26 décembre 1991, à l’exigence de l’arrêt du processus électoral aura coûté chère à Chadli Bendjedid.

     

    Pour paraphraser un ministre français disons qu'un président ça sait, ou ça se tait ! Mais au-delà, il faut souligner qu’il est temps pour l’opposition démocratique d’écrire l’histoire de ses luttes et de ses combats. Il lui faut s’extraire de la gangue du pseudo-multipartisme actuel, pour jeter les bases et les fondements de la véritable démocratisation du pays.

     

    Mohand Bakir

  • la blague du jour :le colonisé reproche au colonisateur organisé une ghaita fête au mali

    Alger reproche à Paris de se servir de la crise malienne pour protéger ses intérêts et rebondir sur la scène internationale



    La volonté française d'encourager une intervention militaire au Nord Mali irrite Alger. Dans une déclaration à TSA, une source diplomatique algérienne dit « comprendre les motivations françaises » dictées par deux facteurs. « D'une part, par le souci de protéger les intérêts économiques et autres de la France dans la région et d'autre part, par des considérations franco‑françaises de politique intérieure dans le sillage du débat hexagonal sur le leadership du nouvel exécutif français sur la scène internationale », a indiqué la même source.

    Ce jeudi 11 octobre, le président français Français Hollande a catégoriquement rejeté toutes négociations préalables à une intervention militaire africaine au Nord Mali, une proposition avancée la veille par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki‑moon. « Discuter avec qui ? Avec Aqmi ? Qui peut imaginer qu'il puisse y avoir là des conversations qui puissent être utiles ? » a déclaré M. Hollande à des médias français à la veille de son premier déplacement en Afrique depuis son élection (lire).

    Alger est également irritée par les accusations portées « par certaines sources françaises bien anonymes » de bienveillance à l’égard des terroristes, selon la même source diplomatique. « La position de l'Algérie n'a rien d'ambigu et nous n'avons jamais exclu le recours à la force contre les groupes terroristes d'Aqmi et de leurs affiliés du Mujao », ajoute la même source qui rappelle que l’Algérie a aussi des intérêts dans la région. « Que les choses soient bien claires, l'Algérie a ses propres intérêts de sécurité et il ne faut pas faire l'erreur de vouloir la préempter comme simple maillon d'un schéma de sécurité collective conclu ailleurs et selon un agenda qui n'est pas forcément le sien », explique notre source.
    Outre ses intérêts de sécurité, l’Algérie est soucieuse des conséquences de l’éclatement d’une crise humanitaire à ses frontières sud en cas d’attaque militaire aveugle au Nord Mali. « Nous sommes, plus que d'autres peut‑être, conscients des conséquences lourdes, y compris sur le plan humanitaire, d'une option militaire aléatoire qui ciblerait sans distinction aucune et les populations du nord du mali et les groupes terroristes », prévient la même source diplomatique.

    Au président français qui refuse de dialoguer avec les islamistes, même touareg, la source diplomatique algérienne rappelle les préalables d’Alger pour une intervention militaire étrangère au Nord Mali. « Pour nous, il s'agit au préalable, d'intégrer les groupes touareg d'Ag Ghaly et du MNLA dans un dialogue politique pour la recherche d'une solution politique négociée avec les autorités centrales de Bamako sur la base de schémas de power sharing et de gouvernance locale qui excluent toute atteinte à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale de ce pays frère », explique notre source.
    L’Algérie, qui connaît mieux que la France la région du Sahel, explique ainsi sa stratégie qui consiste à isoler les groupes armés affiliés à Aqmi pour les affaiblir militairement. « L'intégration des groupes touareg et des autres groupes ethniques du nord du Mali qui, faut‑il le souligner, sont constitués de Maliens ayant des revendications légitimes, dans une dynamique politique avec les autorités de Bamako isolera davantage les groupes terroristes d'Aqmi et du Mujao en les vidant de leurs éléments autochtones, permettra de renforcer les capacités nationales du Mali et d'engager les groupes touareg et autres populations du nord du pays aux côtés de l'armée malienne dans la lutte et le traitement sécuritaire des groupes terroristes et leurs affiliés », détaille notre source qui plaide pour un dialogue, sans exclusion, avec toutes les composantes touareg. 
    « Nous estimons, par ailleurs, que le fait de vouloir disqualifier, à tout prix, les Iforas regroupés autour d’Ag Ghaly au bénéfice d'un seul interlocuteur choisi à dessein, le MNLA, ne peut constituer la base d'un dialogue réellement inclusif et porteur de solution durable pour la sécurité et la stabilité du nord du Mali », met en garde la même source. Alger préconise donc le dialogue avec les groupes armés non affiliés à Aqmi, avant l’intervention militaire. « Le recours à la force contre les groupes terroristes et les narcotrafiquants trouvera également toute son expression dans le recours aux cadres opérationnels réaménagés par les pays du champ ».