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boutef - Page 9

  • Réformes à rebours

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Le Conseil des ministres du “nouveau” gouvernement, le second de l’année, s’est enfin tenu. Et le plan d’action de l’Exécutif a été adopté.
    Pourquoi un plan d’action et non un programme de gouvernement (.) ? Parce que cet Exécutif, dont la quasi-totalité des membres a été désignée sur des critères politiques, est réputé pour être un gouvernement de “technocrates” et d’action. Le programme du gouvernement, c’est le programme du Président.
    Dans notre contexte, il n’y a pas plus politique que la désignation d’un ministre. Mais pas politique au sens républicain du terme. Si le gouvernement est là pour l’action qui met en œuvre le programme du Président, et les ministres sont auditionnés pour rendre compte de leurs performances exécutives, à quoi sert donc l’Assemblée nationale ? Du point de vue du programme du gouvernement et des modalités de sa mise en œuvre, à rien. Ou plutôt si !  À la formalité exécutive qui consiste à voter les lois qui soutiennent l’action du gouvernement. Le programme étant celui du Président élu en 2009, il n’y a pas de raison d’attendre des “surprises” de ce côté-là. À moins que le changement ne se décline ici en termes d’efficacité, ce qui signifierait qu’il suffit de rebaptiser un gouvernement de “politique”, de “gouvernement de technocrates”, pour que l’équipe améliore son rendement exécutif.
    Que le Président soit seul responsable de l’Exécutif est, depuis 2008, constitutionnel. Mais la Constitution révisée n’a pas clairement exclu le Parlement de l’inspiration du programme de gouvernement et de son contrôle. Mais nous sommes dans une situation de fait de désarmement politique du législatif qui a le choix entre l’approbation machinale ou la crise.
    Dans le gouvernement actuel, “coordonné” par un Premier ministre “non partisan”, mais au demeurant très politique, il n’y a pas de rapport entre l’assortiment politique — au sens partisan — de l’Assemblée nationale et le mixage gouvernemental. Le message est clair : si les partis majoritaires soutiennent le Président, ils doivent soutenir son programme sans revendiquer le droit d’être aux commandes des instruments de sa mise en œuvre.
    Tout cela est concevable en tant que situation politique de fait. Mais le problème se pose lorsqu’on se rappelle que le pays est supposé avoir entamé, depuis le 15 avril 2011, un processus de réformes. Ce tacite principe qui fait de l’Exécutif l’unique pouvoir formel devient alors incompatible avec le couplet sur les réformes “approfondies”, reproduit depuis un an et demi.
    Dans le contexte actuel, les “réformes”, cela ne peut s’entendre que dans le sens d’un surplus de démocratie, c’est-à-dire d’une réhabilitation de la fonction législative et, par conséquent, de la voix du peuple. Or, une conception “technocratique”, ou plutôt une labellisation “technocratique” du gouvernement qui vise à supplanter sa nécessaire légitimité parlementaire, c’est le contraire de la démocratie, et donc le contraire de “réformes”.
    Certes, les lois dites “de réformes” ont déjà montré que les réformes en question empruntaient le sens inverse de celui qu’on prête, de nos jours, à la notion de réforme. Ce sont justement ces lois qui ont permis “l’élection” d’une APN dont le président reprenait avant-hier le fameux couplet sur la pertinence démocratique de nos “réformes”. Il saluait, en fait, du haut du  perchoir, une réforme à rebours.

  • Le cercle de feu

     

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    Que pouvait bien dire, hier, l’émissaire international de l’ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie au secrétaire général de cette organisation ? Très peu de choses certainement, si ce n’est, encore une fois, la difficulté de sa mission. Lakhdar Brahimi en est parfaitement conscient et il a tenu à partager ce sentiment dès que son nom a circulé en tant que successeur de Kofi Annan qui venait alors de renoncer à sa mission en raison, faisait-il valoir, de divisions au sein du Conseil et de la militarisation du conflit syrien. On ne sait pas si l’instance onusienne est parvenue à surmonter ses divisions, par contre, la guerre s’installe dans ce pays. A Damas, M. Brahimi a été encore plus loin en soulignant, cette fois, que ce conflit «s’aggrave et représente une menace pour le monde». Avant lui, Kofi Annan disait que non seulement la Syrie risquait d’imploser, mais que toute la région est menacée d’explosion.

    Voilà à quoi fait face l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, qui fait part d’un terrible pessimisme. Ce qui ne l’a pas pour autant forcé à jouer les perdants et ne pas s’engager dans un échec annoncé. Sauf, bien entendu, s’il s’agit d’un échec programmé, ce qui reste tout de même bien différent. Car la rébellion syrienne se montre foncièrement pessimiste sur la démarche, mais pas sur la possibilité de remporter une victoire militaire.

    Selon toute vraisemblance et si l’on ignore la teneur des entretiens de Lakhdar Brahimi avec ses différents interlocuteurs, on sait au moins qui sont ces derniers. Il s’agit en premier lieu du président Bachar Al Assad, des représentants de ce qu’on appelle communément «l’opposition de l’intérieur» et des chefs militaires de la rébellion, à l’exclusion donc – sauf bien entendu si des rencontres ont bien eu lieu mais sans être annoncées – de l’opposition qui active en dehors du pays. Un communiqué de la Ligue arabe a, quant à lui, parlé de «membres de l’opposition» sans en distinguer les interlocuteurs, les factions ou les tendances aussi nombreuses que parfois opposées, d’où certainement l’autre difficulté pour M. Brahimi de trouver le bon chemin quand bien même celui de la paix n’est pas difficile à identifier. L’emprunter est tout autre chose.

    Pourquoi donc parler d’échec à ce stade qui ne peut être qu’exploratoire même s’il y a urgence ? Un chef militaire l’a bien fait, même s’il impute ce risque au manque de volonté de la communauté internationale, et tout en refusant d’en être tenus pour responsables. En quoi par ailleurs y a-t-il manque de volonté et comment l’appréhender ? Jusqu’à présent, il est encore et toujours question de solution politique et nul doute que là, la vérité du terrain sera déterminante. Et jusqu’à présent, les autorités syriennes semblent en tenir compte tout en sachant que la marge de manœuvre dont elles disposent n’autorise plus grand-chose, sauf à se lancer dans la politique du pire. Beaucoup pensent que la Syrie y est déjà, avec des milliers de morts.

     

    Mohammed Larbi
  • Algerie:Remak,du surplace

    Exécutif et législatif : les présentations

    Par : Mustapha Hammouche

    À la veille de l’officialisation de sa nomination à la “coordination” du gouvernement, Sellal se faisait connaître à travers ses interventions opportunément improvisées. L’image qu’il semblait vouloir nous communiquer était celle d’un responsable affable, ouvert et entreprenant. Pour la première qualité, la réputation avait précédé le “show”. En voulant la confirmer, il a forcé sur la dose de termes puisés dans les débats de café du commerce. Déjà en campagne, le Premier ministre semblait vouloir faire passer l’intempérance verbale pour une preuve d’ouverture d’esprit.
    Une ouverture théâtrale donc. Et qu’en est-il de “l’entreprise” ? La composition du gouvernement, faite de quatre-vingt pour cent de ministres reconduits, de dix pour cent de ministres rappelés et de dix autres pour cent de ministres nouveaux, suffirait à désespérer les plus optimistes d’une volonté de faire évoluer l’action gouvernementale.
    Par ce “changement”, l’on a remplacé le discours dépouillé et suffisant, à l’occasion marqué d’avanies sarcastiques, par le propos improvisé où le badinage tient lieu de signe de modernité et de message de proximité. À l’approche de l’échéance 2014, le Président a installé un gouvernement de campagne.
    Hier, c’était au tour des présentations publiques du nouveau président de l’Assemblée nationale.
    Il ne nous a pas fait regretter les performances de ses plus illustres prédécesseurs en matière de langue de bois. Le coup des “cercles” de “l’outre-mer” (qui) n’ont pas le droit de se proclamer professeurs jaloux de la démocratie et des droits de l’Homme dans notre pays, parce que leur passé ne les habilite pas à le faire, Ziari nous l’a déjà fait quand il justifiait le troisième mandat par le fait que la limitation des mandats était une invention coloniale imposée à l’Afrique !
    La journée parlementaire qui devait pompeusement nous éclairer sur le rapport entre “la démocratie et le Printemps arabe” s’est transformée, dans le discours du président de l’APN, et dans le plus pur style Belkhadem, en procès de “la main de l’étranger”. Et c’est dans les élections du 10 mai et dans l’Assemblée qui en est issue, “fruits des réformes politiques initiées par le président de la République”, que Larbi Ould Khelifa puise l’expression de la démocratie algérienne aux origines séculaires  qui nous viennent des tadjmaât ou azzaba ! Nous le fûmes, donc nous le sommes.
    Pour ne rien perdre des bénéfices du populisme verbal, le président de l’APN trouve dans  “les derniers évènements dans la région”, “la démonstration de la maturité du peuple algérien ainsi que de sa capacité à distinguer entre le métal précieux, qu’il a choisi en toute liberté et qui est le nationalisme algérien renouvelé, et le métal brillant mais sans intérêt”. Après cet effort de préciosité minéralogique où il est question de métal précieux dont est fait notre système et de “printemps arabe de toc”, Ould Khelifa ne s’est pas arrêté en si bon chemin : “Le printemps s’est transformé en tempête” et il craint que la situation “ne soit pas meilleure que celle qui l’a précédée. Si ce n’est pire”.
    Entre un discours qui, ici, devait nous fait sourire et, là, nous émouvoir, il en manquait un troisième pour nous faire pleurer. Mais, maintenant que la parole n’est plus qu’un simple ustensile, qui l’écouterait ?


  • Souveraineté confisquée, liberté surveillée…

     

    Hocine MAHDI

    En Europe et en Amérique la liberté d’expression et la souveraineté citoyenne sont à l’origine du foisonnement de la production scientifique, technologique et culturelle. C’est un acquis irréversible que les gouvernants occidendaux tentent parfois de brider sans succès. Même Franco, Mussolini et Hitler ont fini par baisser les bras et mordre  la poussière. Que d’écrivains, de poètes, d’artistes, de journalistes avaient-ils liquidés sans parvenir à imposer complètement le silence à des hommes nés libres dans un pays libre où le livre et trois ou quatre journaux sont intégrés dans le budget quotidien des dépenses alimentaires.

    En Orient les hommes naissent théoriquement avec les mêmes droits et les mêmes devoirs citoyens que les occidendaux. C’est du moins ce que disent la constitution et la loi.

    En réalité ils naissent et grandissent privés du droit de jouir de leurs droits citoyens. Mais ils se taisent, se laissent faire, se soumettent, aliènent leur liberté constitutionnelle de revendiquer leurs droits.

    C’est la différence entre l’Occidental et l’Oriental.

    Cette différence vient du mode de gouvernance dans les deux sphères.

    Les gouvernants occidentaux sont choisis par les citoyens et respectent la Constitution et la loi.

    Les gouvernants orientaux s’imposent aux citoyens par les armes et ne se sentent tenus de respecter ni la constitution ni la loi.

    Mais à qui est la faute si  l’Oriental risque la prison, l’exil et la mort quand il revendique ses droits citoyens dans son propre pays prétendu indépendant ?

    Pendant des décennies nous avons constaté que les dictateurs du monde arabe qui sont imposés par l’armée et les fraudes électorales massives reçoivent immédiatement l’onction de Washington, Berlin, Londres, Paris.

    Ils ne reçoivent pas seulement l’onction.

    Ils reçoivent aussi l’argent, les armes, des conseillers militaires, des gardes du corps.

    N’est-ce pas le cas de Zinedine Ben Ali et d’El Guedhafi avec Chirac et Sarkozy ?

    N’est-ce pas le cas de Moubarak avec Bill Clinton et les Bush père et fils ?

    N’est-ce pas ce qui explique la récupération des révoltes populaires arabes par les compagnons des dictateurs déchus ?

    Voyez-vous ?

    Les choses sont vraiment compliquées pour le citoyen oriental ?

    Il ne comprend pas pourquoi les gouvernants des grandes démocraties du monde aiment-ils les dictateurs et les rois sanguinaires qui étouffent les libertés citoyennes dans le monde arabe ?

    Il ne rêve que d’une chose : jouir de ses droits citoyens sans descendre dans la rue et se faire massacrer par des gouvernants qui ne respectent ni la Constitution ni les lois.

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    Hocine Mahdi

  • El HOGRA dans toute sa laideur !

     

    Expulsé de son motel qu’il gère depuis 1989, Baâli Haribèche erre dans les rues de Laghouat

    Hassi R’mel : Quand un hôtelier se retrouve sdf

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    El watan le 15.09.12

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    Dans les allées du jardin public de Laghouat, communément appelé Jardin Beylek, une splendide oasis verte aux grands arbres plantureux nichée en plein centre-ville, les gens viennent volontiers trouver refuge à l’ombre de ses immenses feuillages.

    Parmi eux un homme de 68 ans, grand échalas au corps ascétique, la moustache fine et d’un naturel élégant. Il est là du matin au soir. Depuis le 9 juillet dernier, il y passe, oui, la majeure partie de son temps au point de se lier d’amitié avec Abdelkader, le paysagiste autodidacte qui a eu le mérite de faire de «J’nane el Baylek» assurément l’un des plus beaux jardins du pays. L’homme en question s’appelle Baali Habirèche. Et tout le monde l’appelle ammi Ali. Vêtu de la même tenue, un t-shirt bleu et un vieux jean, M. Habirèche est réduit à une condition de SDF après avoir connu un train de vie plutôt faste. Un comble pour un hébergeur de métier. Un coup il dort au pied du mausolée de Sidi Abdelkader qui trône dans la vieille Casbah de Laghouat ; un coup il crèche sur un bout de carton dans un coin de la gare routière. Sa femme et ses enfants se sont dénichés un squat dans la médina en ruine, une maison abandonnée où une pauvre femme a eu la bienveillance de les accueillir. Comment ammi Ali s’est-il retrouvé à la rue avec sa famille ? A quel diable a-t-il bien pu tirer la queue pour subir un tel sort ? Le moins que l’on puisse dire est que son histoire est édifiante à plus d’un titre tant elle concentre tous les travers de la gouvernance locale.
    «J’étais à mon 7e mois de grossesse»
    Pour faire simple et ne pas se perdre en circonvolutions narratives, disons en gros que c’est l’histoire d’un hôtelier qui a pris en gérance un motel abandonné près de Hassi R’mel, au lieudit Tilghemt. Entré en conflit avec l’APC, propriétaire du bien, un feuilleton judiciaire commencé il y a plus de dix ans finit par contraindre l’hôtelier à céder son commerce. Sauf que, comme on le verra, les choses ne sont pas aussi simples et la procédure d’expulsion n’est pas exempte de tout reproche. Il suffit de savoir que l’exécution a été effectuée alors que Mme Habirèche était enceinte et que la famille logeait dans une aile de l’hôtel. Le coup de force a provoqué dans la foulée l’expulsion du bébé. «J’étais à mon septième mois de grossesse et j’ai fait une fausse couche», nous confie Mme Habirèche en sanglots.  Mais reprenons l’affaire depuis le début. D’abord un mot sur le parcours de notre homme. Personnage haut en couleurs, cultivé, polyglotte, d’une gouaille et d’une verve exceptionnelles, Baali Habirèche est pour ainsi dire né hôtelier : «Je suis symboliquement né dans un hôtel puisque quand je suis venu au monde, mon père possédait déjà un hôtel, le Beauséjour.»C’était à Skikda, ville où ammi Ali a vu le jour un certain 5 novembre 1946. «Je suis Mozabite. Je préfère dire plutôt ibadite. Je suis originaire de Ghardaïa. Mais ma famille s’est installée très tôt à Skikda. Mon grand-père y était vers 1913», raconte-t-il. Après l’indépendance, le jeune Baali devient foreur à la Compagnie française du pétrole. A la nationalisation des hydrocarbures, il intègre naturellement Sonatrach. Après quelques années passées à forer les puits de pétrole de Hassi Messaoud et autre Gassi Touil, il finit par quitter Sonatrach. Il décide alors de revenir à ses premières amours : l’hôtellerie. «En 1979, j’ai pris en gérance l’hôtel Royal de Skikda», reprend-il. En s’engageant dans ce créneau, M. Habirèche découvre de plein fouet le monde cruel de la corruption, de la bureaucratie, des petits trafics entre amis et autres magouilles des notabilités adossées à l’administration. La pression des potentats locaux l’oblige à mettre les voiles. «Je ne pouvais plus lutter» soupire-t-il.
    Un motel fermé pour crime
    Il fonce plein sud au volant de sa 504 GL, déterminé à quitter le pays à destination de l’Afrique continentale. «J’avais un ami qui m’avait proposé de venir travailler au Congo-Brazaville. Comme je parle allemand et hollandais (en plus de l’anglais, de l’italien, entre autres, ndlr), je me suis dit que je n’aurais pas de mal à trouver du travail.» Lors de sa traversée du désert (au propre et au figuré) et en parcourant la RN1, M. Habirèche fait une halte devant un relais routier situé au PK495, en plein no man’s land saharien, quelque part entre Laghouat et Ghardaïa. Il tombe amoureux du coin. Renseignement pris, il s’avère que l’établissement en question, un motel construit en pierre de taille, était fermé depuis trois ou quatre années. «Il y avait eu un meurtre dans cet hôtel, depuis, il était fermé», indique ammi Ali. Nous avons visité le relais en question. Actuellement sous le coup d’une fermeture judiciaire, il est protégé par un simple grillage. Le motel est bordé par une école de construction récente. Quelques maisons de campagne meublent le paysage. Sur l’autre rive se dresse une caserne militaire et, au loin, on peut apercevoir la centrale hybride de Tilghemt, la première du genre. M. Habirèche montre d’emblée un vif intérêt pour ce motel saharien d’une dizaine de chambres perdu au milieu du désert, à quelques 500 km d’Alger et à 26 km de Hassi R’mel.

    Ammi Ali prend aussitôt attache avec la wilaya et lui fait part de son ardent désir de prendre l’établissement en gérance. Un avis d’adjudication est lancé dans la foulée par voie de presse. Baali Habirèche remporte l’adjudication haut la main. Notre globe-trotter prend ainsi un nouveau départ. Il se rend assez vite à l’évidence que sa nouvelle vie n’est pas aussi paisible que le paysage qui l’entoure. M. Habirèche use d’une métaphore très imagée pour résumer son calvaire : «Tu es en plein désert. Il n’y a pas âme qui vive. Tu sors une poignée de dattes, une nuée de mouches se rue aussitôt sur toi. C’est un peu cela, mon histoire.» Et d’ajouter, plus explicite : «L’emplacement de l’hôtel, au bord d’une route fréquentée, ajouté au fait que ce soit l’unique établissement hôtelier de la région, a très vite suscité toutes les convoitises.» Ce qui mine M. Habirèche, c’est que c’est lui qui a redonné vie à un lieu qui était totalement en déshérence, et voilà qu’il se voit éjecté comme un malpropre. «C’est moi qui ai régularisé la situation de cet hôtel. Avant, il n’avait ni origine de propriété, ni registre de commerce, ni même un livre d’hôtel. C’est moi qui ai tout fait», peste-t-il. «A l’origine, il a été construit par la DNC/ANP en 1973 pour héberger ses travailleurs. Quand elle a fini ses chantiers, la DNC en a fait donation à l’APC de Hassi R’mel mais sans papiers», explique-t-il.
    Un interminable bras de fer judiciaire
    Baali Habirèche réussit tant bien que mal à lancer son affaire : un hôtel, un restaurant, un café et un bar. Des activités qu’il exerce, insiste-t-il, dans la légalité la plus parfaite en exhibant une copie de son registre de commerce (référence : A/89/763 établi le 15 avril 1989). Le bail est signé avec l’APC de Hassi R’mel le 1er avril 1989. Ses premiers vrais clients sont des expat’ italiens. Quand le pays s’enlise dans la violence, la wilaya de Laghouat est l’une des plus touchées par le terrorisme. M. Habirèche aura son lot de frayeurs. D’ailleurs, il se considère comme un miraculé. Eté 1994 : l’hôtel connaît une grave détérioration de son réseau d’assainissement. Les toilettes et les douches sont bouchées. Une équipe de l’APC engage une intervention lourde qui ne fera qu’empirer les choses. «Contractuellement, c’est au bailleur de faire les travaux de gros œuvre», indique l’exploitant en ajoutant que l’APC «a abandonné les travaux faute de budget». Cette intervention ratée aura des conséquences fatales sur la bonne marche de l’établissement. C’est simple : de juillet 1994 à ce jour, la partie hébergement du relais routier est restée inopérante.

    Le 22 août 1996, Baali Habirèche ouvre les hostilités en engageant une action en justice à l’encontre de l’APC des suites du préjudice subi. Le 26 mars 1997, le tribunal de Laghouat désigne un expert pour faire un état des lieux et évaluer les dédommagements. L’APC riposte en lançant une procédure d’expulsion du gérant. La commune de Hassi R’mel estime que le bail de location a pris automatiquement fin au 31 mars 1998. Ce que nie l’exploitant : «Je n’ai jamais reçu de notification quant à l’intention de l’APC de mettre fin au bail. Donc la reconduction tacite du bail était toujours la règle.» En fin connaisseur des arcanes du droit, M. Habirèche convoque un autre argument. Document à l’appui, il cite un extrait du PV de délibération de l’APC de Hassi R’mel (document n°03/99 du 18 septembre 1999) en vertu duquel la commune s’est désistée de son bien et le soumettait à privatisation. «Moi, dès le début, ce qui m’intéressait, c’était l’acquisition de l’hôtel et c’est ce qui était annoncé dans l’avis d’adjudication où il est clairement dit : «il est possible de céder ultérieurement l’établissement conformément à la réglementation en vigueur». A partir du moment où l’établissement était devenu cessible, il avait un droit de préemption sur l’hôtel, insiste-t-il : «Les dispositions de la loi de finances 2001 (articles 40 et 41) stipulent clairement que les demandes présentées avant le 31/12/2000 étaient recevables. Or, dès le 5 juin 1989, j’avais présenté une demande d’achat du motel.»

    Le 30 juin 2002, une procédure d’expulsion est lancée avant d’être suspendue en raison d’un différend sur l’indemnité d’éviction. Le 28 mars 2005, la justice désigne un expert pour évaluer le bien et déterminer le montant de cette indemnité. L’expert l’évalue à 20 000 DA, ce qui fait sourire M. Habirèche : «Le jugement prononcé stipule que le propriétaire du fonds de commerce doit bénéficier d’une indemnité conséquente à un établissement du même type et de la même valeur. Et on me donne 20 000 DA ! Est-ce que vous connaissez un hôtel à 2 millions de centimes ?»

    Le 8 mars 2008, un autre expert est nommé. Signe particulier : l’expert en question est aveugle ! Une infirmité qui contraint la justice à diligenter une nouvelle expertise. Dans l’intervalle, la Cour suprême tranche en faveur de l’APC. La mesure d’expulsion devient exécutoire. L’hôtelier réussit encore à gagner du temps. Mais le 9 juillet 2012, un huissier de justice de Laghouat finit par exécuter la sentence en recourant à la force publique. M. Habirèche aurait pu stopper la procédure car, estime-t-il, «l’huissier aurait du tenir compte du fait qu’il y avait une nouvelle expertise en cours».
    «Les bijoux de ma femme et une somme de 2,5 milliards confisqués»
    Si l’ensemble du conflit qui oppose l’APC de Hassi R’mel à M. Habirèche prête à des appréciations diverses, la procédure d’exécution de l’expulsion appelle quelques clarifications que nous aurions souhaité entendre de la bouche de l’huissier.
    Malheureusement, nos tentatives d’entrer en contact avec lui ont été vaines. Sans doute le plus grave dans l’affaire est le maintien de l’expulsion sachant que la co-gérante de l’établissement était enceinte. Madame Habirèche se trouvait d’ailleurs dans un cabinet d’obstétrique au moment du débarquement de l’huissier, accompagné de gendarmes de Laghouat. Peu après, il y a eu la fausse couche. Pour M. Habirèche, il ne fait aucun doute que «c’est le choc émotionnel qui a provoqué la fausse couche». Selon lui, «l’huissier était au courant. Il a appelé en personne le procureur et lui a dit je ne peux pas le sortir, sa femme est enceinte. Elle m’a montré le livret de grossesse». M. Habirèche ajoute que «le chef de brigade (de Hassi R’mel) a parlé aussi au procureur et lui a dit : ‘Mme Dalila est enceinte. On ne peut pas intervenir, s’il lui arrive quelque chose, rahi t’bassina’».

    Autre fait avéré : la confusion entre l’expulsion du bien et la saisie des affaires personnelles du gérant et de sa famille qui logeaient au sein même de l’hôtel. Les Habirèche ont vu, en effet, tous leurs biens qui se trouvaient dans l’établissement séquestrés. Officiellement, ils seraient soigneusement conservés au parc communal. M. Habirèche, lui, soutient mordicus qu’elles sont toujours à l’hôtel. Ce dernier est censé être placé sous la surveillance de deux gardiens. A notre passage, ils n’y étaient pas. Aujourd’hui, M. Habirèche et sa famille n’ont pas même de quoi se changer. «Je peux comprendre qu’ils me chassent de l’hôtel. Mais pourquoi confisquer mes biens ? Nous sommes sortis une main devant une main derrière. Ces vêtements que je porte, je les ai achetés à la friperie. Je suis obligé de les laver à la fontaine publique. Nos papiers, nos meubles, nos économies, les clés de ma voiture, tout est à l’hôtel. Et on n’a pas le droit d’y accéder», se plaint M. Habirèche. Il affirme dans la foulée que des objets précieux sont au nombre des effets confisqués : «Dans le lot, il y a les bijoux de ma femme ainsi qu’une forte somme d’argent d’une valeur de 2,5 milliards de centimes destinés à financer mes projets d’investissement. Il y a aussi les affaires scolaires de nos enfants qui sont bloqués sachant que c’est la rentrée des classes.»

    Baali Habirèche ajoute que «l’expulsion aurait dû se faire en présence de témoins assermentés», précisant que «l’huissier est tenu de me restituer mes biens au bout de 48 heures». «Or, depuis le 9 juillet, nous ignorons totalement ce qu’il est advenu de nos affaires. L’huissier m’a dit qu’il n’avait pas de camion. Je lui ai répondu que j’étais prêt à louer des camions à ma charge pour les récupérer.» Et de s’écrier   «Mais bon sang, je ne suis pas propriétaire du Hilton ou d’El Aurassi ! Je gère juste un petit hôtel minable en plein désert. Alors, si j’étais Djillali Mehri qui a des projets avec la chaîne Accor, qu’est-ce qu’ils m’auraient fait ! La seule chose que je désire maintenant, c’est de récupérer mes biens et quitter cette wilaya qui ne m’a jamais accepté, moi qui suis resté un éternel ‘barrani’ !»

    L’huissier Yahia Bellakhdar, par la voix de sa secrétaire : «Je n’ai fait qu’exécuter une décision de justice»

     

    Nous nous sommes rendus par deux fois au cabinet de l’huissier Yahia Bellakhdar, à Laghouat, qui a eu à exécuter la procédure d’expulsion de l’hôtelier Baali Habirèche, afin de recueillir sa version des faits. En outre, nous avons tenté à maintes reprises de le joindre sur son portable. En vain.

    Sa secrétaire nous dira : «L’huissier a essayé de vous rappeler mais vous étiez injoignable», avant de nous faire cette réponse : «Quoi qu’il en soit, il vous dit qu’il n’a fait qu’exécuter une décision de justice, et que cette affaire concerne exclusivement M. Habirèche et l’APC de Hassi R’mel. Il n’a rien à voir là-dedans.»

    Mustapha Benfodil
  • Algérie-qatar une relation d'amouret interet entre l' emir et boutef mais pas le peuple

     

    Une relation et des interrogations

    Par : Farid Belgacem

    Le Qatar, un petit pays du Machrek, se déploie sur tous les fronts. Le Printemps arabe et les révolutions chaotiques qui s’ensuivent semblent conforter la position des Qataris qui multiplient sorties, démarches, présence, voire même interventionnisme dans les pays arabes sans exclusive. La visite éclair, voire l’escale  du Premier ministre du Qatar, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al-Thani, en Algérie remet au goût du jour cette question : quelle relation voudrait développer le Qatar avec l’Algérie à l’ombre de ce qui se trame, au quotidien, en Libye, en Syrie, en Égypte, en Tunisie et autres foyers de tension, comme le Mali et le Niger où Al-Qaïda frappe, kidnappe et menace la sécurité et la stabilité de toute la région ? Reçu par Bouteflika à la résidence Djenane El-Mufti, le Cheikh, porteur d’un message, dont on ignore le contenu, s’est limité à dire que cette visite concerne “les relations bilatérales et les moyens de les consolider ainsi que les préparatifs d’une visite au cours de laquelle seront annoncés plusieurs projets entre les deux pays frères”. Seul sujet inhérent au monde arabe et évoqué par l’hôte du chef de l’État, la Syrie constitue, selon lui, “une des questions les plus importantes pour les deux pays et pour le monde arabe et dans le cadre des décisions de la Ligue arabe”. Les observateurs diront qu’il y aurait un semblant de tentative du Qatar de domestiquer l’Algérie. Ce qui n’est pas le cas, dans la mesure où l’Algérie a exprimé ses positions diplomatiques concernant le Printemps arabe et la place que voudrait occuper le Qatar qui a misé sur le démantèlement des régimes des Ben Ali, Kadhafi et autre Moubarak. D’autres pensent qu’il y aurait un pacte de non-agression entre les deux pays “amis” et “frères” et que Bouteflika jouirait de privilèges chez les monarchies du Golfe. Aujourd’hui, le Qatar semble limiter ses démarches au seul plan de la coopération économique, l’investissement et les échanges d’avis sur l’avenir du monde arabe. La nomination de Brahimi en qualité de médiateur dans la crise syrienne semble échapper au Qatar, un pays qui soutient la logique des Occidentaux et qui exprime clairement la vision des monarchies du Golfe. Du reste, l’Algérie demeure un pays qui a toujours basé sa stratégie sur la non-ingérence dans les affaires internes d’autres pays. En somme, un pays consultant et consulté. C’est selon… HB

  • on vous le dit:l'algerie est une dictature

     

    Disparitions forcées

    Nouvelle condamnation de l’Algérie par le Comité des droits de l’Homme de l’ONU



    L’ONG Trial, à l’origine notamment des poursuites contre Khaled Nezzar en Suisse, a annoncé, ce mercredi 12 septembre, avoir obtenu la condamnation de l’Algérie par le Comité des droits de l’Homme, dans l’affaire de la disparition forcée de Kamel Rakik en 1996. L’association, qui représente dans cette affaire la mère de Kamel Rakik, Yamina Guezout et les deux frères Abdelrahim et Bachir Rakik, avait saisi le Comité au mois de novembre 2007. Les auteurs de la "communication" auprès de cette instance demandaient « au Comité de reconnaître que Kamel Rakik a été victime de disparition forcée, un crime qui porte atteinte aux droits les plus fondamentaux garantis dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ».

     

    La demande portait aussi sur des faits de violences et tortures lors de sa détention. La famille de l’Algérien disparu demandait enfin que  « soit reconnue une violation envers eux pour les souffrances psychologiques endurées depuis tant d’années d’incertitude sur le sort de leur fils et frère »

     

     

     

    Tous les faits reconnus par le comité

     

     

     

    Dans sa décision rendue le 4 septembre dernier, le Comité des droits de l'Homme a retenu l’essentiel des demandes formulées par l’intermédiaire de Trial. Le Comité a notamment enjoint à l'Algérie de « mener une enquête approfondie et rigoureuse sur la disparition de Kamel Rakik », de fournir à sa famille « des informations détaillées quant aux résultats de son enquête », de le libérer immédiatement s'il est toujours détenu au secret ou de restituer sa dépouille à sa famille en cas de décès.

     

     

     

    Le Comité insiste par ailleurs sur l'obligation qu'a l'Algérie de « poursuivre, juger et punir les responsables des violations commises ». Il est également demandé à l'Algérie  d’indemniser de « manière appropriée » la mère et les frères de la victime pour les violations subies

     

     

    L’affaire n’est pas close

     

     

    Que peut-on attendre d’une telle décision ? Juridiquement, cette condamnation n’est pas contraignante pour l’État algérien. C’est la huitième fois que l’Algérie est condamnée pour des faits similaires d’enlèvement et de disparition.

     

     

    Cependant, l’entrée en vigueur, le 23 décembre 2011, de la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées a changé la donne. Les auteurs de ces crimes, qui entrent dans la catégorie des crimes contre l’humanité, restés impunis, peuvent théoriquement être interpellés sur le sol de l’un des États qui ont ratifié la convention.
  • algerie livre le pays pieds et mains liés aux qataris

    Le groupe Qatari Qtel en voie d’acquérir totalement Wataniya Telecom

    Les avertissements de l’Algérie

    Par : Nabila SAIDOUN

    Djoudi, ministre des Finances a déclaré clairement que l’Algérie ferait valoir son droit de préemption.

    On n’en a pas encore fini avec l’imbroglio appelé “Djezzy”, qui n’a pas manqué de mettre à mal tout le gouvernement algérien, que nous voilà embarqués dans une nouvelle histoire avec le second opérateur de téléphonie mobile privé opérant en l’Algérie. Et c’est, bien sûr, Karim Djoudi, ministre des Finances, reconduit dans le nouveau gouvernement, qui ouvre le bal avec une déclaration “sans nuance” en guise de message d’avertissement à l’encontre de Wataniya Telecom Algérie-Nedjma.  “L'Algérie ferait valoir son droit de préemption sur la filiale algérienne Nedjma du groupe koweitien Watania Telecom si elle vendait la totalité de ses actions à l'opérateur de téléphonie mobile qatari Qtel, qui détient déjà depuis 2007 51% de son capital”, a-t-il affirmé, hier, alors qu’il est interpellé par un journaliste sur la question en marge de la septième commission algéro-qatarie qui se tient actuellement à Alger et d’insister “si Qtel rachète totalement Wataniya, donc il y a changement d'actionnariat, et s'il y a un changement d'actionnariat, il y a une règle qui s'applique, c'est le 51/49”. À rappeler que la marque commerciale  Nedjma, introduite en Algérie en 2004 sous la bannière Koweitienne Wataniya Telecom, est devenue qatarie à partir de 2007 à hauteur de 51%, soit 80% des actions de Nedjma sans que cela ne fasse réagir les autorités algériennes d’aucune manière. La présidence du Conseil d’administration (CA) de Qtel est, alors, assurée par le puissant Cheikh Abdullah Bin Mohamed Bin Saud Al-Thani qui, dit-on, dirige le groupe d’une main de fer dans un gant de velours, en plus de son aura en tant que personnage influent dans l’Émirat. En fait, le groupe spécialisé dans les télécoms n’a jamais caché ses ambitions de se hisser dans “le Top des 20 meilleures compagnies de télécoms dans le monde à l’horizon 2020” et  annonce la couleur avec l’acquisition de Tunisiana. Il est même dit que “le CA de Qtel approuve toutes les propositions de nouvelles et importantes affaires, y compris l'acquisition de filiales, de grands projets d'immobilisation et de l'acquisition ou la cession d'actifs significatifs”. Il était donc prévisible, voire une logique d’affaire tout à fait dans l’air du temps, d’apprendre aujourd’hui la ferme intention des Qataris de vouloir étendre leur actionnariat. Les autorités de régulation du Koweït auraient même donné leur feu vert à cette opération de rachat, dont le montant est estimé par les marchés boursiers à 1,8 milliards d'euros, soit 622 millions de dinars koweitiens. Pour autant, M. Djoudi a estimé qu'il est encore trop tôt pour se prononcer sur une telle acquisition. Mais le plus curieux réside dans sa démarcation. “Cette question ne se pose pas pour mon secteur, il faut voir avec les ministères des Télécommunications et de l'Investissement”, a-t-il ajouté, alors que sur le dossier Djezzy, Djoudi était le seul habilité à se prononcer sur le sujet. Ce changement serait-il lié à la nouvelle composition du gouvernement avec pour rappel que Benhamadi est reconduit dans son poste de ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication et c’est Cherif Rahmani  qui a été désigné à la tête de l’Industrie, des PME et de la Promotion de l’Investissement. Autre détail de taille qui peut peser dans l’échiquier demeure au niveau de la gestion même de ce type de problèmes dont les “maladresses” peuvent ternir les relations avec un autre pays et ça pourrait être le cas avec les Qataris. L’Algérie a dû tirer des leçons avec le dossier Djezzy, toujours en suspens d’ailleurs. Les spécialistes vont jusqu’à se poser des questions sur la pertinence de  bloquer, ainsi, des partenaires étrangers dans la gestion de leur patrimoine. “La règle du 51/49% a été instaurée pour mieux réguler le transfert des dividendes” nous explique un spécialiste du domaine soutenant que “du reste, ça ne peut avoir aucun autre impact” et d’insister que “c’est très naïf, voire irréaliste, de la part de nos dirigeants de croire qu’ils peuvent contrôler ou dicter la conduite (même indirectement) des filiales qui appartiennent à des groupes cotés en Bourse”. “Cela va même à contre-courant de toutes les règles de finances”, précise-t-il, et de conclure : “En continuant à évoluer dans une bulle, l’Algérie va perdre toute crédibilité.”

  • Pourquoi les AE ?

    C’est le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui a répondu à la rumeur sur le décès du président.
    Une sortie pour le moins énigmatique puisque en quoi les questions relatives au président de la République relèveraient-elles des AE ?

  • algerie:justice équitable commence par une injustice corrumpue

    ELLE A ÉTÉ PROGRAMMÉE POUR MERCREDI PROCHAIN À LA COUR D’ALGER
    L’affaire Sonatrach de nouveau devant la chambre d’accusation

    C’est mercredi prochain que la chambre d’accusation près la cour d’Alger va statuer dans l’affaire Sonatrach. L’instance judiciaire, saisie par ordonnance, aura à trancher sur la suite à donner aux qualifications du juge instructeur concernant cette affaire.
    Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Dernière ligne droite dans l’affaire Sonatrach avant que la justice ne décide de trancher définitivement. En effet, la chambre d’accusation près la cour d’Alger est appelée à examiner pour la énième fois une affaire, dont l’instruction dure depuis près de deux années. Ainsi, conformément au code de procédure pénale, la chambre d’accusation doit donner suite aux qualifications des actes «fixées» par le juge instructeur. En d’autres termes, ladite instance judiciaire aura à statuer sur les nouvelles révélations contenues dans les réponses des commissions rogatoires, qu'elle avait ordonnées au juge d'instruction pour enquêter sur les biens détenus à l'étranger par les 15 prévenus. La chambre d'accusation se trouve désormais, et ce, à la lumière de ces nouvelles conclusions face à trois options. La première est de faire l'impasse sur tout et de suivre le juge d'instruction dans la criminalisation des faits. La seconde est de rejeter les conclusions du juge et de correctionnaliser l'affaire. La dernière option est de faire en sorte d'exiger un complément d'enquête pour entendre toutes les personnes citées et non auditionnées par la juge. Parmi celles-ci, il y a Réda Hamech, l'ancien chef de cabinet de Mohamed Meziane et proche collaborateur de Chakib Khelil, ex-ministre de l'Energie et des Mines, ainsi que ce dernier. On apprend que le magistrat instructeur a réservé une fin de non-recevoir à la requête introduite par les avocats de la défense qui, indique-t-on, ont saisi le juge pour l’audition de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, en tant que témoin à décharge. La requête de la défense s’inscrit conformément aux articles 69 bis de la loi 06-22 du code de procédure pénal qui stipule que «l’inculpé ou son conseil et/ou la partie civile ou son conseil peuvent, à tout moment de l’instruction, demander au magistrat instructeur de recueillir ses déclarations, auditionner un témoin ou procéder à un constat, pour la manifestation de la vérité». Si le magistrat instructeur ne croit pas devoir procéder aux actes demandés, il doit rendre, dans les vingt jours suivant la demande des parties ou de leur conseil, une ordonnance motivée. A l’expiration de ce délai et à défaut d’ordonnance du juge d’instruction, la partie ou son conseil peut dans les dix jours saisir directement la chambre d’accusation qui statue dans les trente jours à partir de la saisine. Sa décision n’est susceptible d’aucune voie de recours. En somme, le juge d’instruction instruit à charge et à décharge. Il doit donc procéder à tous les actes d’information utiles, que ceux-ci soient de nature à démontrer la culpabilité ou l’innocence d’une personne. Selon des sources citées par le journal El Watan, Mohamed Meziane, sous contrôle judiciaire, et ses deux fils, en détention provisoire depuis plus d’une année, sont concernés par un nouveau chef d’inculpation lié au blanchiment d’argent. Pour cette raison, ajoutent les mêmes sources, le juge les a interrogés en mai dernier sur leurs biens immobiliers et leurs comptes ainsi que ceux de leurs épouses. Cela dit, les premières auditions des quatorze prévenus et celles d’une quinzaine de témoins sont achevées sur une lourde interrogation quant à la responsabilité politique et administrative de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, dans ce scandale. En effet, que ce soit l’ancien Pdg Mohamed Meziane, ses deux enfants ou les vice-présidents, Benamar Zenasni, chargé de l’activité transport par canalisation — sous mandat de dépôt —, Belkacem Boumedienne, chargé de l’activité amont — en détention provisoire — et Chawki Rahal, chargé de l’activité commercialisation — placé sous contrôle judiciaire —, il est clair que tous les actes de leur gestion étaient soumis à l’appréciation du ministre de l’Energie, expliquent nos sources, qui révèlent que Mohamed Meziane, l’ex-P-dg, «ne faisait rien sans en référer à Chakib Khelil». Même pour le cas de ses deux fils, l’un travaillant pour Saipem et l’autre pour Contel, les deux sociétés étrangères détentrices des marchés, objet de ce scandale, il en avait fait part à son ministre. Les marchés de télésurveillance pour les bases du sud du pays ne sont, en général, jamais traités uniquement par le P-dg ou ses vice-présidents. «Ils sont tous soumis à l’appréciation de Khelil, dont certains par écrit.» Le scandale Sonatrach avait éclaté en janvier 2010 et concerne des contrats de gré à gré accordés au groupe Funkwerk Plettac Contel pour des équipements de contrôle et de sécurité, et à l’italienne Saipem, où exerçaient les deux fils de l’ex-P-dg.
    A. B.

     

  • Vous avez (1) message

     

    Mort ou pas ? En réalité, l’univers n’en a que faire, les restes chimiques de tout corps étant remodelés pour en faire d’autres composés chimiques. Mais l’homme, poussière d’étoiles et dérivé cosmique, aime à se rappeler qu’entre un remaniement ministériel et un malaise cardiaque, le Président a eu le temps de convoquer le corps électoral, c’est-à-dire appeler 20 millions de personnes à venir se présenter le 29 novembre prochain, debout si possible, seules ou en famille, pour mettre une feuille dans une boîte derrière un rideau dans une salle de classe. De fait, c’est la première fois depuis le discours de Sétif de mai dernier que le Président s’adresse, même indirectement, à une partie de son peuple.

    Comme disait Mac Luhan, le message et le contenu sont le média et le contenant, ou comme l’explique Mac Donald à chaque minute dans le monde, une feuille de salade, c’est bon quand il y a de la viande dedans. Mais le Président a parlé, même s’il n’a rien dit, a convoqué, même si vous n’avez rien reçu. Mais pour dire quoi ? Que dans trois mois, il va falloir se rapprocher de ses institutions, aller au hammam, faire encore confiance à DOK, reconnaître la légitimité de ses organisateurs, jouer au jeu de cartes électorales, donner à son maire la prérogative de pouvoir ramasser les ordures et élire ses représentants locaux, pour embêter BHL, ne pas que l’OTAN bombarde la Casbah, que Khalida Toumi la retape, dans un avenir prochain, après le dépouillement. On le sait grâce au calendrier, le 30 novembre sera un vendredi. Et le vendredi en Algérie, il ne se passe pas grand-chose. Si, les gens se rassemblent et prient un seul candidat, puis ils vont manger chez le chouay pour finir par noyer le tout, la journée, la prière, la mayonnaise, les brochettes et le scrutin dans deux grands verres de Hamoud. A défaut de changer d’hommes et de régime politique, devrait-on changer de régime alimentaire ?

     

    Chawki Amari
  • Un passeport diplomatique pour les brigands et les criminels afin d’échapper aux poursuites judiciaires à l’étranger!!!!

     

    El Watan 06 septembre 2012

     

    Une parade vient d’être trouvée
    Passeport rouge pour les cadres

    Face au phénomène des poursuites judiciaires à l’étranger à l’encontre des cadres de l’Etat, une parade vient d’être trouvée.

    Les enfants, les épouses des anciens présidents de la République et des officiers supérieurs de l’armée bénéficieront du nouveau décret qui octroie des passeports diplomatiques à cette catégorie de personnes.
    De même que les secrétaires généraux des ministères et les parents des anciens présidents, leurs enfants, leurs épouses, leurs frères et sœurs, les anciens Premiers ministres, les ministres d’Etat, les cadres jouissant du titre de ministre, le directeur de cabinet du président de la République, le secrétaire général du gouvernement, son homologue de la présidence, les conseillers du président retraités et ceux qui ont occupé ce poste pendant sept ans.

    Cette mesure touche également le chef d’état-major de l’armée, le chef du renseignement et de la sécurité et les officiers supérieurs de l’armée. Ce passeport diplomatique garantit à son possesseur l’immunité, notamment lors des voyages effectués à l’étranger par cette catégorie de personnes.
    Plusieurs plaintes ont été déposées dernièrement à l’étranger contre des responsables algériens, la dernière en date concernant le général à la retraite, Khaled Nezzar, poursuivi par un tribunal suisse.

  • Finitude des cercles


    Fin de règne, le départ se prépare. D’abord, en écartant les ministres amis, comme cela avait été fait pour Chakib Khelil, éloigné pour échapper à la justice. En relevant les retraites des hauts fonctionnaires ensuite, puis enfin, par ce décret signé dans la discrétion, en octroyant le passeport diplomatique et donc l’immunité aux anciens présidents, M. Bouteflika compris, leurs frères et sœurs, leurs conseillers, les ministres et officiers supérieurs, ainsi qu’à leurs épouses et enfants. On aura reconnu dans cette liste l’oligarchie au pouvoir, la famille, le régime, celui-là même qui dirige, se partage la rente, organise les contrats et marchés en s’octroyant le monopole de la violence, autant malveillant envers les droits de l’homme et libertés que bienveillant envers la corruption, les surfacturations et les délits d’initié. A l’abri de futures poursuites, le cercle se prépare donc à une belle retraite, ayant mis suffisamment d’argent de côté.

     


    Avec ce chiffre, non confirmé, mais que la presse a relayé : 500 des 700 ministres qu’a comptés l’Algérie se sont établis à l’étranger après leur fin de fonction. Reste à organiser le changement de personnel, et il est significatif à ce sujet que personne ne puisse débattre du bilan de M. Ouyahia à l’occasion de ce changement du gouvernement. Pourtant, il y aurait de quoi ; descente dans tous les classements internationaux, corruption institutionnalisée, augmentation de la dépendance extérieure, crise de logement, chômage, violence et insécurité. Si le cercle est à l’abri, on ne peut pas en dire autant des Algériens qui devront se préparer à payer rapidement les fruits de la mauvaise gestion et la dilapidation des ressources, humaines, financières et naturelles. Un cercle est fini, il possède un centre et une circonférence où tous les points sont équidistants, connectés au centre par des rayons. Au-delà du cercle, c’est le néant.

     

    Chawki Amari

  • Réactions corrosives sur les réseaux sociaux

    REMANIEMENT DU GOUVERNEMENT

     

    Les réseaux sociaux, plus spécialement Facebook, ont collé à l’actualité encore une fois, en commentant largement la désignation d’un nouveau Premier ministre en la personne de Abdelmalek Sellal et la nomination d’un nouveau gouvernement. Insultes, commentaires acerbes, caricatures et blagues, visant aussi bien l’ancienne que la nouvelle équipe, alimentent ainsi la toile depuis deux jours. 
    F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - «Bon débarras», «dégagez», «enfin débarrassés de vous» et autres commentaires corrosifs alimentent la toile depuis deux jours après le changement du gouvernement. Nouveau moyen de s’exprimer et de commenter les événements pour les internautes et plus spécialement les jeunes, les réseaux sociaux. Ainsi et juste après l’annonce de la nomination de Abdelmalek Sellal comme Premier ministre, la toile a explosé de commentaires de tous bords. Ce fut par la suite au tour des spéculations et de l’annonce de «rumeurs» ou d’informations «bien tuyautées», pour annoncer que tel ou tel personnalité allait être nommée à la tête de tel ou tel département. Certains, suivant en direct les chaînes nationales privées «briefaient» en direct leurs amis sur les nouvelles nominations avant d’être corrigés tout de suite après ou bien confirmés dans leurs suppositions. Ce sont toutefois Khalida Toumi, Boubekeur Benbouzid et Djamel Ould Abbès qui ont été les vedettes sur Facebook puisqu’ils ont monopolisé la plupart des statuts et des commentaires. Ces membres de l’équipe Ouyahia ont récolté les pires réactions des internautes qui ont multiplié les commentaires hostiles à leur égard à l’annonce de leur départ de l’équipe gouvernementale. «Les facebookistes» ont toutefois déchanté en apprenant que Khalida Toumi était maintenue à son poste de ministre de la Culture. Sur internet, le nom de sa remplaçante a même circulé pendant toute la journée de mardi. Benbouzid, désormais ex-ministre de l’Education, n’a pas été épargné par les commentaires dont le plus utilisé hier était «bon débarras». «Benbouzid quitte le gouvernement combien j’ai aimé cela ?», dira un groupe sur Facebook. L’on a aussi affublé le désormais ex-ministre de la Santé du même commentaire. Au premier, aussi bien les jeunes que les moins jeunes et les parents d’élèves lui imputent le malaise de l’école algérienne. Certains jeunes ont même expliqué leur échec au bac par l’incompétence des responsables. Insultes, commentaires acerbes, caricatures et blagues de toutes sortes, les amateurs de réseaux sociaux ont redoublé d’imagination pour exprimer un ras-le-bol et un malaise social par rapport à une équipe qu’ils considèrent comme perdante. Ils n’y sont pas allés de main morte pour critiquer les nouveaux membres du gouvernement puisqu’ils parlent déjà de reconduction des mêmes responsables et commentent en évoquant le «statut quo». D’autres parodient la nouvelle équipe gouvernementale en assurant qu’elle «promet plus de coupures d’électricité et d’eau, une nouvelle crise alimentaire et un autre fiasco diplomatique». 
    F.-Z. B.

  • on prend les memes et recommence:rien à changer

    Le reste sans changement ?

    Par : Mustapha Hammouche

    Des confrères plus qualifiés ont trouvé et trouveront encore des raisons à la pertinence du choix du nouveau Premier ministre. Il est vrai que, dans le contexte d’une tendance générale à la prévarication dans les secteurs à hauts investissements, celui qui sort indemne de scandales de corruption mérite d’être signalé. Mais ni cela, ni les réels progrès dans l’approvisionnement en eau potable, ni la bonhomie de la personne ne suffisent à résumer le sens politique d’une nomination.
    Sur ce plan, on observe d’emblée que le “raz-de-marée” organisé du FLN aux dernières législatives n’a pas influencé la décision du Président. Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le pouvoir est organisé de sorte que l’Exécutif soit totalement “indépendant” du législatif, dont le rôle est de parapher les décisions du premier. Dans ce mécanisme, le gouvernement, à son tour, ne constitue une entité institutionnelle que lorsqu’il est réuni en Conseil des ministres et le Premier ministre servant de coordinateur pour les seules opérations interministérielles.
    Le ministre de la Santé a eu à le rappeler à Ouyahia quand, en octobre 2011, celui-ci l’interpellait très officiellement sur ses responsabilités dans le marasme du secteur : “Je suis le premier et l’unique responsable du secteur de la Santé. Il n’y a aucun différend entre le Premier ministre et moi. Il est désigné par le président de la République et moi aussi. Lui est chargé de la coordination entre les différents ministères. Et chaque ministre travaille selon une feuille de route définie par le président de la République”, répliquait Ould-Abbès.
    Tout le système, formellement finalisé avec la révision constitutionnelle de 2008, est basé sur ce faisceau d’obédience directe des institutions envers le Président. Il n’y a plus de fonctions politiques à prérogatives propres. Ni même de commis de l’État, puisque les instances d’arbitrage constitutionnel, monétaire, etc. sont réduites à un rôle d’exécution. Les organes-relais n’ont plus de prérogatives d’interprétation ou d’adaptation du “programme du Président” et, eux comme leurs subdivisions opérationnelles, attendent les instructions détaillées sur leurs tâches. Qui ne viennent pas toujours. Ce qui peut expliquer  la paralysie de la machine État et ce que le tout nouveau président de l’Assemblée nationale, lui-même, appelle un “état d’hibernation”.
    Peut-être que son efficacité exécutive servira à Sellal pour “mettre du mouvement dans le statu quo”, comme dirait l’autre, mais ce n’est pas là qu’il faut chercher les raisons de sa promotion. Pas plus que dans la configuration politique de la nouvelle Assemblée, dont la composante est, indépendamment des appartenances partisanes, formatée dans le moule qui fait des élus des exécutants. Elles se trouveraient plutôt dans sa pratique de la relation directe au Président, à l’occasion des campagnes électorales qu’il a dirigées.
    Comme un message d’un autoritarisme résolu, la première APN de “la réforme” doit cohabiter avec un Premier ministre qui n’a eu, ni à dévoiler ses convictions politiques ni à se soumettre au vote populaire. “L’objectif principal” de Sellal est, dit-il, “de poursuivre l’application du programme du président de la République sur le terrain”. Ce que faisait son prédécesseur. Un nouveau gouvernement donc, et le reste… sans changement ?

  • La fin d’un clan et naissance d'un autre!!!!!

     

     

    Arrivés aux premières heures de l’élection de Abdelaziz Bouteflika en 1999, ceux qui furent désignés sous de multiples appellations quittent un à un le navire. 
    Le départ du gouvernement de Noureddine Yazid Zerhouni, Abdelhamid Temmar et à un autre degré de Abdelaziz Belkhadem semble signifier la fin d’une époque. Souvent désignés comme membres du «clan présidentiel», ils ont, avec Chakib Khelil, constitué l’ossature du système Bouteflika. C’est en effet à travers des membres du premier cercle que Bouteflika a posé les bases de son pouvoir. En verrouillant l’un des plus importants corps de sécurité (la police) et l’administration locale à travers Yazid Zerhouni, le président s’est immédiatement mis en situation de construire un maillage efficace lui permettant d’accéder à l’Algérie profonde qui le lui rendra bien lors de ses différentes réélections. La bonne parole économique sera, quant à elle, portée par Abdelhamid Temmar dont les décisions à l’emporte-pièce dans les secteurs industriels et des services auront finalement eu raison de sa carrière. Relégué à un poste de «chef prospectiviste», il quitte le gouvernement sans gloire. C’est à Chakib Khelil que sera dévolu le rôle de patron du pipe à pétrole et ce qui en découle. Celui qui avait fini par mettre en place un système de prédation à grande échelle, et sur lequel Bouteflika s’appuyait, dans ses rapports avec les Américains, sera le premier à affaiblir le clan présidentiel à travers un limogeage précipité, consécutif à des scandales sur des affaires de corruption touchant l’énergie, unique ressource du pays. L’absence de Belkhadem dans le gouvernement Sellal relève, quant à elle, d’une autre problématique. Réputé proche de Bouteflika, il fait probablement les frais d’une volonté de donner au nouveau gouvernement une dimension plus technique que politique. C’est aussi, peut-être, une manière de lui délier les mains et de lui permettre d’être plus critique à l’égard d’un Exécutif dans lequel le FLN n’est partie prenante que dans de très faibles proportions. En quittant l’Exécutif les uns après les autres, les fidèles de Bouteflika ont-ils terminé leur mission ? Le clan présidentiel qui a été dans ses meilleurs jours un instrument politique, économique et électoral redoutable ne paraît plus avoir une feuille de route conséquente. Le Président lui-même, ne donnant pas l’impression de se donner de nouvelles ambitions, a fini par mettre fin à l’existence d’un groupe devenu, sous nombre d’aspects, particulièrement encombrant. 
    Mokhtar Benzaki

  • les rentiers moissonnent les fruits de la prébende de l’indépendance

     

    El Watan le 27.08.12

    «Quand un peuple ne défend plus ses libertés et ses droits, il devient mûr pour l’esclavage.»     J. J. Rousseau

    La force motrice et réformatrice d’un pays est d’essence spirituelle, les idées produisent très bien leurs effets dans les pays dits «civilisés» et demeurent sans effet et sans impact réel dans les pays dits  «sous-développés». Il y a ceux qui ont les idées et ceux qui ont le pétrole. Les matérialistes auront beau soutenir le contraire, c’est la pensée qui représente le train du monde. L’histoire nous dévoile la valeur de l’éthique et de la culture de chaque nation, et la pérennité d’une nation ne peut se mesurer à sa capacité intellectuelle et son respect des valeurs morales, religieuses et  universelles, avec comme mode d’existence l’amour pour principe, l’ordre pour base, le bien-être pour l’humain, et le progrès pour but.

    Deux types de sociétés existent dans ce monde. Un premier : une société dans les pays développés où l’on constate que les idées l’emportent sur le concret (la nourriture spirituelle passe avant) et un deuxième : se situant  dans les pays sous-développés, où les choses l’emportent sur les idées (la pomme de terre chez nous passe avant le livre). Beaucoup d’exemples, à travers l’histoire, peuvent nous enseigner et nous renseigner aussi sur la longévité d’une nation. Pour ce qui est de ma contribution analytique, je me limiterais à certains pays : la France, un pays sensible, mais c’est quand même une nation qui mérite et qui aurait dû servir d’exemple ou de modèle à suivre, pas plus que le Japon, un pays géographiquement petit, alors qu’il est la 3e puissance industrielle du monde et son économie s’est essaimée sur tout le globe terrestre, sa force réside dans son développement, son rayonnement culturel et sa participation au progrès universel, sans omettre de signaler le facteur intellectuel avec cet avantage qu’il a sur les autres pays dits développés, d’avoir conservé jalousement et avec fierté sa tradition ancestrale.

    Pour les Japonais, qu’ importent la forme, la couleur ou la danse du gouvernement, pourvu qu’il respecte le peuple (valeur abolie en Algérie) et qu’importe la doctrine politique, dans la mesure où les intérêts du peuple sont mieux sauvegardés. Pour les Nippons, il n’existe pas de petits ou de grands pays dans leur lexique, mais de petits cerveaux et de grands cerveaux. L’homme de Java a le sens du minutieux, de l’organisation, de l’ordre, de l’amour du tout petit détail, il est l’homme du concret, du positif, de la pratique, de la  technique et de l’art… Il représente le moteur de l’histoire, car il est porteur de ces valeurs qui font la civilisation. L’Algérien doit retrouver cette logique pragmatique qui mettrait de l’ordre dans son esprit dont le but envisagé, en premier, est l’adaptation de la parole à l’acte, ou plutôt l’acte devrait devancer la parole pour mieux éclairer le chemin du bien-être et cesser de se faire valoir. La France, tout en étant algérien et de surcroît «fils de chahid», je ne connais d’elle que le colonialisme qui tue la pensée, l’effort intellectuel, la tentative de redressement moral, infériorise l’être, l’impérialisme, la xénophobie, l’islamophobie, les ismes et les phobies… si l’ on fait abstraction de ces sentiers battus et qu’on examine la France intellectuelle et technique, on s’apercevrait que cette nation dure depuis Clovis (premier roi des Francs, 466-511) en passant par Charlemagne (l’éducation), la France et son histoire profonde de monarchie, de République, et d’empire.

    La France garde son rôle et est partie prenante (force morale + économique + culturelle) de l’Europe et Les serments de Strasbourg, considérés comme le premier texte de la langue française datant du 14 février 842. La France  a façonné le progrès universel par la richesse de sa culture. «L’ennui avec les révolutions, c’est qu’à peine l’une terminée, il faut vite préparer la suivante, afin de chasser du pouvoir ceux qui s’en sont emparés pour le bien de tous et en ont fait leur profit exclusif.» G. Wolinski. L’Algérie de Novembre 1954 était une Algérie où les idées avaient un impact et des effets révolutionnaires, de véritables combattants dans le sens le plus large possible, le fusil n’était qu’un instrument. L’Algérie de 1962, le matériel, les affaires, le pouvoir et l’argent faisaient son lot et l’emportaient sur les idées, les rentiers moissonnent les fruits de la prébende. Les hommes de la Révolution de 1954 étaient engagés envers Allah, la patrie et d’autres purs idéaux (déclaration du 1er Novembre), ceux de 1962 étaient engagés pour le matériel et tous les nouveaux vices de ce bas monde.

    La prise d’Alger, le 5 juillet 1830 par les troupes françaises, sera le début  du calvaire, de l’enfer, du supplice, de  la torture, du martyre et de  tourments pour l’Algérien ou l’indigène de l’époque. Le 1er Juillet 1962, la parole revient par la force de l’emblème à l’Algérien qui s’est manifesté par l’unique scrutin authentique, juste, légal et équitable. Il en sort vainqueur le 5 Juillet 1962, la pensée algérienne «liberté» l’emporte sur la pensée de l’Algérie française «territoire français», après une immense liesse populaire, les intérêts claniques, les maffieux, les matérialistes l’emportent de plus belle sur les intérêts nationaux. Un duel conceptuel et inégal naît entre ce qui reste des «Novembristes» (révolutionnaires)  engagés et la masse des «Marsiens» (gens du cessez-le-feu de 1962 ). Ces Marsiens ont accaparé les leviers du nouvel Etat et y ont imposé des responsables véreux sans conscience, ni culture, ni science, ni morale, aucun principe, des ploutocrates devenus les  nouveaux maîtres ne rendant de comptes à personne et se permettant de tout faire. Le pouvoir est devenu pour eux une chasse gardée et le pays une propriété privée, où ils se permettent tout et s’en servent sans mesure, ni sobriété, ni discrétion. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : budget faramineux  des anciens moudjahidine ; licences de toutes natures ; priorité matérielle ; carte blanche, etc. Les ploutocrates ont écrasé la pensée, l’effort intellectuel, la tentative de redressement moral et sont en train d’inférioriser l’Algérien pour le rendre miteux et piteux et le pays est devenu aujourd’hui incapable de tout effort social, économique et culturel…

    «Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience.»  J. Jaurès

    Les «Novembristes» sont les véritables artisans  de la Révolution, de l’indépendance et du mot suprême : «liberté». Les Marsiens, les nouveaux ordonnateurs de la déliquescence,  ne savent point ce qu’est un projet de société, encore moins un modèle de développement économique, social et culturel. Ils ont, par contre, tout fait pour détruire  manifestement  l’intelligentsia des «Novembristes» et ont édifié et structuré une nomenklatura qui a détruit et anéanti la société civile, tout en faisant prévaloir dans un premier temps (1962-1988) l’égalité populaire (socialisme à l’algérienne), c’est-à-dire l’égalité matérielle au détriment de la liberté de conscience, tout en muselant, bien entendu, la liberté, sachant pertinemment que l’existence indéniable d’une hiérarchie mentale, intellectuelle, technique, artistique, culturelle et ethnique empêche l’égalité absolue entre tous les membres d’une société. Ce qu’ils ont omis intentionnellement de faire, parce que cela n’arrange pas leurs affaires, est que l’on soit égaux devant la loi (absence de l’Etat de droit). Dans un second temps (1988, après les événements du 5 Octobre) la libéralisation à outrance du pays se met en marche avec comme appui l’école de Chicago et la conception économique à la Friedeman, avec comme maître le FMI, par une liquidation forcée et péremptoire d’entreprises publiques, en l’absence de la liberté et de la conscience  du citoyen, alors qu’il aurait été préférable que la liberté l’emportât sur l’égalité. Aujourd’hui, ni l’une ni l’autre n’est mise sur rail, on baigne plus dans la platitude où le côté sécuritaire fait taire toute conscience mouvante. Depuis 50 ans, le pays était et est livré en paissance, où la maffia, le clanisme, l’incompétence, la nomenklatura  capable de faire une production extraordinaire ou record de la platitude pour mieux rester inefficace dans notre état de sous-développement.

    Certes, les «Novembristes» ont réussi leur Révolution  en 1954, c’était un exploit et un peuple en état de Révolution est invincible, mais ils ont manifestement échoué en 1962, début du fiasco, le triomphe et l’aura enfantés par l’indépendance et les espoirs du peuple et des chouhada se sont vite métamorphosés par des tiraillements et des difficultés de la vie : chômage, analphabétisme, violence, saleté, destruction des échelles de valeur, phénomènes des maux et fléaux sociaux, malaise, amertume, déception, désenchantement, désespérance, rancœur, alors que le système politique n’est pas compensé, corrigé, égalé, équilibré ou neutralisé par un contrepouvoir, ce qui a favorisé la corruption, le clientélisme, l’informel, l’enrichissement illicite.

    Les nations n’évoluent que par l’utilisation de leurs élites, de leur éducation, du respect des citoyens et les citoyens sont égaux devant la loi, et cette même loi est au-dessus de tous. Notre pays agonise et souffre dans la  misère et l’analphabétisme. L’élite n’est pas formée et les intellectuels sont trop méfiants, car le pays est dirigé au moyen de doctrines externes et est téléguidé par le FMI, la Banque mondiale, l’OMC (nos ministres qui font leurs comptes rendus devant l’Assemblée française)… De 1962 à ce jour, 50 ans se sont déjà écoulés, un demi-siècle… et on n’arrête pas d’être ridicules, de préparer à coups de milions de dollars les fêtes de l’indépendance et de la jeunesse. Généralement, une fête n’est que l’aboutissement d’un résultat positif, (entassement de biens et d’idées), un anniversaire  (croissance positive), qui se fête dans la joie et se résume sur certains faits positifs (matériels ou  immatériels), il en est de même pour ce qui concerne un pays qui va en avant, pas en arrière. Si l’on n’arrive pas à construire une Algérie de création et de partage des richesses, c’est une Algérie de conflits multiples qui nous attend.

    Depuis 1962, l’Algérie vit un lourd handicap qui s’impose (sous-développement matériel et intellectuel, suivi d’une politique déficiente, nous avons de l’argent mais pas de perspectives pour l’avenir et absence d’insertion). On n’a pas su jusqu’à aujourd’hui faire l’apprentissage de notre existence, un pays sans esprit et nous n’avons point conservé l’unité de notre âme, on s’est acheminés vers le mal tout en réalisant le médiocre et l’inacceptable. Le pays n’a pas su émanciper l’Algérien en tant qu’homme et citoyen dans son esprit, n’a pas su donner également de l’ardeur à sa force créatrice et son essor, c’est pourquoi on arrive à dire et à souligner que le pays n’a pas accompli son devoir, car le caractère du régime est négatif et nage dans la négation. Quand on néglige la vérité, la punition, le travail productif, la propreté dans son sens le plus large possible, le bien… on récolte manifestement le mensonge, la spéculation, la platitude, la corruption, la violence, l’infécondité et la saleté dans son sens le plus large qui sont parrainés par la nomenklatura, la maffia, les barons. Cette nouvelle saleté déshumanisée…

    Depuis longtemps, l’histoire n’a cessé de nous prouver qu’un pays ne peut évoluer que par l’emploi de son élite, par son éducation, par sa culture du bien et son respect des lois, au droit, à l’ordre, aux normes, aux valeurs et à la justice de toute nature. Depuis l’indépendance, les dirigeants de ce bled ne font que se méfier des intellectuels, on fait peu cas de leur valeur, on nous a toujours dirigés au moyen de doctrines venues d’ailleurs. Nos dirigeants se comportent comme des propriétaires de la terre et le peuple ressemble à un troupeau, oubliant que le peuple a une conscience et sa volonté est bien plus importante et supérieure à la raison et à l’observation, elle est capable de se transformer le jour de vérité en… Ce qu’il y a de pire dans notre pays, c’est que le pétrole (rente) reste le seul moyen pour exister misérablement. Tous les minerais (ressources) sont en train de s’épuiser.

    Nous n’avons même pas su ni appris à les extraire, alors pour les exploiter, c’est une autre chanson, car nous pensons décadence au lieu de penser créativité ou bien nouveauté. La crise, ou plutôt la dégénérescence, sinon la déliquescence  qui frappe de plein fouet l’Algérie, est différente de celle qui menace le monde de façon générale, car force est de reconnaître que le mal que nous nous sommes fait est bien pire que celui qui nous a été impliqué par les autres, qui n’ont fait que l’aggraver en profitant de notre inattention. On ne peut pas corriger le passé maintenant, il fait partie de notre histoire, on n’a pas su corriger le présent pour mieux vivre le futur. Cette Algérie est ce que les incompétents et arrivistes en ont fait. Si elle est sans ardeur, sans dynamisme, sans force aujourd’hui, c’est parce que ces incompétents l’ont rendue impitoyable par leurs comportements. Tel est mon point de vue formulé par  un  constat amer, que le commun des mortels puisse présenter.

    Benallal Mohamed. Ancien magistrat à la Cour des comptes
  • Une fondation qui dérange

    L’idée de la création d’une fondation dédiée à la Garde communale ne serait pas bien vue par bien des cercles.
    Ces derniers y voient la «main» du camp éradicateur qui voudrait, selon eux, saborder la politique de réconciliation nationale. Remarque dont ne veulent pas entendre les agents de ce corps qui, à travers cette initiative, veulent pérenniser leur combat noble pour la sauvegarde de la République du péril islamiste. Et ce, à plus forte raison, disent-ils, que ledit corps est appelé à être dissous ou tout au moins ses éléments «dispersés» à travers les entités économiques et autres administrations.

    souce;le soir dz

  • ALGERIE FRONT SOCIAL: Vers une rentrée explosive

    source:le soir dz

    Le front social, qui n’a pas eu à observer de répit, comme de coutume, durant la présente période estivale tirant à sa fin, avec ses émeutes de l’eau et de l’électricité, ses commodités de vie de base dont les récurrentes pénuries ont suscité bien des soulèvements tout aussi réguliers, risque tout bonnement de s’embraser davantage à la toute prochaine rentrée sociale.
    M. Kebci - Alger (Le Soir) - Et c’est tout le «tableau de bord» de cette rentrée qui clignote au rouge avec ces préavis et ces menaces de grève qui émanent de bon nombre de secteurs de l’activité nationale, et pas des moindres. D’abord, celui de l’éducation nationale qui risque tout bonnement de connaître une reprise avortée car s’annonçant fortement mouvementée. Et pour cause, plusieurs intervenants de ce secteur névralgique annoncent d’ores et déjà la couleur en brandissant et sérieusement, la menace de débrayer. Les corps communs et ouvriers professionnels du secteur ont tout récemment interpellé le président de la République quant à la non-prise en charge par la tutelle de leurs revendications socioprofessionnelles. Pour le SNCCOPEN, «les laborantins, les agents de l'administration, les ouvriers professionnels et les agents de sécurité et de prévention, ont fait l'objet d'une injustice, car privés de leur intégration dans le secteur de l'Education nationale, selon le décret officiel 315/08». Menaçant d’une grève à la toute prochaine rentrée, tout ce beau monde réclame la promulgation des lois concernant les nouveaux régimes indemnitaires, signés par le Conseil des ministres, le 7 février dernier, dans le cadre du projet de la loi de finances complémentaire. Il exprime aussi sa désapprobation à l’égard du nouveau statut particulier des travailleurs de l'éducation qui marginalise les laborantins, en les excluant de l'intégration, eux qui assurent des missions purement pédagogiques au même titre que les enseignants. Les adjoints de l’éducation, le parent pauvre du secteur, ne sont pas en reste puisqu’ils envisagent de débrayer en plus d’observer des sit-in par-devant les Directions de wilayas de l’éducation. A l’appui de ce débrayage entériné samedi dernier, le coordinateur national du SNTE, avance la problématique de la classification de cette catégorie de fonctionnaires que le nouveau statut particulier du secteur met à l’échelon 8 au moment où les concernés revendiquent l’échelon 10. Ceci en sus du fait, poursuit Mourad Fertaki, que l'expérience professionnelle n’est pas comptabilisée pour une éventuelle promotion, déplorant l’absence de tout stage de formation ou de perfectionnement. Autre raison de la grogne des adjoints de l’éducation, le classement des nouveaux conseillers de l’éducation à l’échelon 10 au moment où eux, ayant, pourtant une grande expérience, n’ont eu droit à aucune promotion. Et il n’y a pas que ces acteurs de l’éducation qui brandissent la menace de débrayer puisque les «carburants» du mécontentement ne manquent pas. D’autres syndicats du secteur n’excluent pas le recours à la grève à l’image du Cnapest et du SNTE dont les toutes prochaines réunions auront à examiner le degré d’engagement de la tutelle à honorer sa promesse de verser la deuxième tranche des rappels liés aux récentes augmentations concédées aux enseignants, avant le 15 du prochain mois. Et en dehors de l’éducation, la grogne sera aussi au rendez-vous dans d’autres secteurs tout aussi névralgiques. Comme la grève de 8 jours que les communaux comptent observer dès le 4 septembre prochain. En fait, ces travailleurs ne font que renouer avec la contestation au bout d’une courte trêve d’un mois tant ils se disent avoir été bernés. Et dans son préavis de grève qu’elle vient de déposer auprès du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale et celui de l’Intérieur et des Collectivités locales, la Fédération nationale du secteur des communes relevant du Snapap, remet sur la table et au goût du jour les 14 points constituant leur plate-forme de revendications dont le bafouement de la liberté syndicale avec le refus opposé aux travailleurs désireux d’adhérer à d’autres syndicats autonomes, la révision du statut particulier et du régime indemnitaire des travailleurs du secteur, le respect des libertés syndicales et le droit de grève, l’abrogation de l’article 87 bis du code du travail dont le gouvernement a promis la révision, la révision de la gestion du FNPOS et la généralisation de la médecine du travail entre autres. Les communaux revendiquent également la réintégration de tous les syndicalistes licenciés et suspendus arbitrairement, l'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs communaux et le maintien du régime de retraite sans condition d'âge, tout comme la révision du statut particulier des corps communs des ouvriers professionnels, des chauffeurs et des gardiens et l'intégration en priorité de tous les contractuels et vacataires en poste. Il y a aussi les gardes communaux qui «risquent» de reprendre leur mouvement de contestation tant les dernières «concessions» du département d’Ould Kablia ne semblent pas les agréer. Et le conseil national consultatif de la corporation qui se réunit demain jeudi à Blida aura à discuter de la nature de ces «acquis» et d’entériner une nouvelle feuille de route dont le recours à la rue n’est pas exclu. Un recours auquel d’autres acteurs de la vie nationale ne manqueront pas d’«épouser», la mort dans l’âme, ce qui ne fera que pimenter davantage le front social. Et ce n’est pas faute d’alertes de la classe politique dont plusieurs acteurs ont tiré la sonnette d’alarme quant à une rentrée sociale qui risque d’être explosive, plaidant pour des mesures sociales d’apaisement à même de conférer aux toutes prochaines élections locales la sérénité requise. Des demandes et des interpellations qui risquent de rester lettre morte tant le pouvoir, via le gouvernement, a déjà annoncé la couleur en faisant de la politique d’austérité la base de la loi de finances 2013.
    M. K.

  • Amnesty installe sa section à Tizi Ouzou

    Défense des droits de l’homme

    Par : Rubrique Radar

    C’était hier, lundi, qu’a été installée la section locale d’Amnesty International dans la wilaya de Tizi Ouzou, à sa tête Mohamed-Ameziane Bachtarzi. Ce rendez-vous s’est déroulé en présence de quelque 230 personnes notamment des adhérents de la maison des droits de l’Homme de Tizi Ouzou où s’est déroulée la cérémonie, de la section d’Amnesty International à Alger et des représentants du mouvement associatif. Selon Mohamed-Ameziane Bachtarzi : “Cette section a pour mission d’intervenir dans le cadre de la défense des droits de l’Homme et de sa dignité partout dans le monde, avant de divulguer certaines lignes entrant dans son programme d’action, déjà en vue, comme la défense et la protection des civils syriens, sachant bien que cette section ouvre le droit, ce qui caractérise d’ailleurs sa vocation, d’intervenir hors de nos frontières”.

    source:liberté dz

  • Le syndrome maya

     

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    C’est à cause du réchauffement climatique et non pas des climatiseurs. La glace du détroit de Behring, reliant la Sibérie à l’Alaska, ayant fondu il y a 10 000 ans, le passage entre l’Asie et l’Amérique du Nord fut rendu impossible. Conséquence désastreuse pour les Amérindiens : des inventions nées en Asie n’ont pu être transmises. Les Mayas, par exemple, n’ont jamais connu la roue, pas même le cercle. La base de leurs pyramides était carrée, ils avaient des têtes carrées, circulaient dans des bus à roues carrées et faisaient leur couscous dans des couscoussiers carrés. Tout un monde carré, sans aucune courbe. Les Mayas ne tournaient pas, pas même en rond, et pour aller d’un point à un autre, étaient obligés de faire des angles droits. Même dans leur carte du monde, la Terre était non seulement plate, mais carrée.

    Ce qui rappelle un autre groupe, en Afrique du Nord centrale, qui pense encore que le monde est plat, carré et sans relief, et que le Soleil tourne autour d’El Mouradia et El Mouradia autour d’un seul homme, dieu-Soleil qui allume l’univers et organise les délestages, donne la vie et la retire comme un permis et sacrifie de jeunes vierges politiques sur des autels de luxe.
    Ce groupe est atteint du syndrome maya, voit son pays comme un carré dont il faut tenir les angles, ne tourne pas non plus, ou alors juste pour intervertir ministres et dirigeants d’entreprises.

    Avec la chaleur actuelle, les rares passages entre la société et les sommets de la pyramide institutionnelle vont fondre, des terres fermes, comme le Club des Pins ou le Sénat, vont finir par être isolées du reste du monde, si ce n’est déjà fait. Les Mayas ont disparu, à l’écart des grands changements du monde et des inventions importantes. Comme les Mayas, le groupe qui dirige l’Algérie va très mal finir. Pire que les Mayas, des mois après les élections de mai, ils n’ont même pas inventé le calendrier.

     

    Chawki Amari
  • Algérie: Les islamistes, les nationalistes, et autres lampistes...

     

     

                                                  
                    
     
                   Je crois qu'il serait ardu de faire un état des lieux de la scène politique en Algérie. Parce que dans la réalité, il n'y a pas de scène politique,  si ce n'est une certaine agitation, dont les ressorts sont tout ce qu'on voudra, sauf politiques, dans l'acception noble du terme. 
    Grosso mode, et pour faire simple, l'Etat algérien est une mafiocratie, très bien organisée, et qui a mis à son service tous les mécanismes institutionnels, et toute la société dite civile du pays.
    Les pouvoirs, quels pouvoirs ?
      
               Le législatif, dont on sait de quelle façon sont élus ses députés et ses sénateurs, comment il fonctionne, et les lois scélérates qui sont à son actif, ne peut en aucun cas être qualifié de pouvoir. C'est le trompe-l'oeil le plus caricatural qu'on puisse imaginer. 
      
                     Le judiciaire n'est pas mieux loti. Totalement inféodé à l'oligarchie qui dirige le pays, il se distingue par son extrême docilité, et pire encore, par la corruption débridée qui le ravage. 
      
                     L’exécutif est peut-être le seul pouvoir qui mérite son nom,  non pas parce qu'il exécute les lois votées par le législatif, mais les oukases que lui transmettent les vrais décideurs de ce pays. 
      Il est la façade la plus visible du pouvoir, mais la façade seulement. Il est chargé aussi, parce qu'il faut bien que ce pays fonctionne, un tant soit peu, du côté technocratique des choses, puisqu'il faut bien qu'il y ait de l'eau lorsqu'on ouvre le robinet, du courant électrique quand on appuie sur l’interrupteur, des routes, des trains, une administration qui fonctionne tant bien que mal. 
    Derrière lui se tiennent les vrais maîtres du pays, qui lui font faire ce qu'ils veulent. Parmi ses missions, la plus importante est de gérer la paix sociale, ou plutôt de l'acheter. C'est ainsi qu'une part de la prodigieuse manne financière lui est confiée, pour colmater les fissures qui se font jour dans l'apathie des masses populaires. Il est donc chargé de distribuer des crédits à une partie de la jeunesse, d'augmenter les salaires des membres des services de sécurité, de faire construire des logements, de gérer le Big Bazar qui se tient sur les trottoirs, d'injecter des devises étrangères dans les circuits de l'import-import, et d'une manière générale d'entretenir l’anesthésie générale qui maintient la jeunesse dans l'hébétude. Pour permettre aux maîtres de ce pays, de vaquer en toute quiétude au pillage.

    Mais qui sont ces maîtres ?  
      En fait, et depuis que les prix du baril ont flambé, et que l'Algérie s'est mise à engranger des sommes colossales d'argent, plus de mille milliards de dollars en une douzaine d'années, la structure du pouvoir s'est beaucoup transformée. Ce n'est plus cette junte, constituée d'une douzaine de généraux, qui a tout le monopole de la décision. Il s'est aggloméré autour d'elle une foule d'acteurs de premier plan. Nous pouvons affirmer, je crois, que le noyau de ce régime est désormais constitué de plusieurs chefs de l'armée, dont ceux du DRS continuent d'être les principaux décideurs, du chef de l'Etat, dont la gestion de la caisse commune lui a permis de devenir le pater-familias, de membres de sa famille, particulièrement l'un de ses frères, et de nouveaux riches connectés à des puissances supranationales. Le fait nouveau est que cette nouvelle conformation, d'un même régime, a mis fin à une certaine dualité qui a fait fureur, pendant le premier mandat du Président, et la première partie du second, entre le clan présidentiel et les chefs du DRS. Il y a toujours quelques frictions, entre les uns et les autres, entre les différents clans, mais elles ne sont plus structurelles, si je puis dire. Elles ne sont plus dictées par une lutte au leadership, mais juste par des différends sur le partage de la rente. Aujourd'hui, il semble que le clan présidentiel ait pris un certain ascendant, mais les forces sont très équilibrées. La suprématie du Président Bouteflika ne s'est imposée que pour des considérations pratiques, et très vénales. Parce que c'est lui qui tient les cordons de la bourse. Il est devenu une sorte de parrain, qui distribue les parts du butin aux uns et aux autres. Il délimite notamment les brisées, les monopoles non dits, les grosses commissions sur l'armement, les nominations aux représentations étrangères, l'attributions des grandes lignes de crédit, et autres gros privilèges du genre. Il semble que ce soit son frère Saïd qui gère, sur le plan pratique, ces attributions que le régime a consenti aux Bouteflika. Sinon, hormis donc quelques petits accrochages, communs à toutes les familles, il n'y ait pas entre les uns et les autres de conflit majeur.
      L'intrusion des lobbies financiers est le seul facteur réellement important dans cette nouvelle reconfiguration. Jusqu'à ces dernières années, ces nouveaux milliardaires étaient le plus souvent des prête-nom, au mieux des associés, des généraux et de leurs parentèles. Mais leurs fortunes, qui se chiffrent en milliards de dollars, les services qu'ils peuvent rendre, et leur proximité avec des partenaires étrangers très importants, ont fini par les propulser à un rang de membres à part entière dans la prise de décision. Quoique ! Puisque certaines attributions continuent d'être la chasse gardée de certains généraux et du clan présidentiel, comme la désignation des Ambassadeurs, par exemple. 
    C'est cela, d'une façon lapidaire, la scène politique algérienne.

    Les partis politiques, quels partis ?

                  Les autres vitrines politiques, comme les partis et la société civile, d'une manière générale, sont confinées dans un rôle de simples figurants. Tout ce qui est demandé à tout ce beau monde est de faire du vent. Et ils  le font très bien. Puisqu'ils réussissent à donner le change, à faire croire qu'il y a une vie politique dans ce pays. Le récent feuilleton du FLN, autour de Belkhadem en est l'illustration la plus tonitruante. Celle du MSP, des remises en cause du leadership dans les autres partis, et des scandales qui éclatent par-ci, par là, sont de la même veine.

      L'islamisme peut sembler échapper à ce vaste consensus. Mais ce n'est qu'un leurre. Une fausse impression. 

      D’abord parce qu’il n’y a pas un islamisme, mais des islamismes. Trois, principalement.
     Les salafistes...
                     Celui des Salafistes, qui croient pouvoir restaurer le Califat universel, maître du monde, et Ombre de Dieu sur terre, est un courant d’idées qui ne repose que sur des chimères, dont tout un chacun sait qu'elles n'ont aucune chance de pouvoir se réaliser.
    Cette mouvance, la seule  qui dispose d’une vraie base militante, même si celle-ci fluctue en fonction de ses succès, est cependant redoutée d’une partie importante de la société, qui craint de devoir abdiquer sa vision d’une société moderne, et de sa liberté de conscience. Les leaders de ces mouvements savent que leur succès relatif est conditionné par l’extrémisme qu’ils affichent. C'est leur seul fond de commerce. Ils sont, toutes proportions gardées, comme les extrêmes-droites occidentales.    
      Pour garder leur charisme, ils sont contraints de puiser dans les réserves de rejet de l'autre, de le stigmatiser, de multiplier les harangues puritaines et outrancières qui leur rallient le plus gros de leurs troupes.
      Ce projet est techniquement irréalisable. Il ne pourra jamais, à mon sens, se cristalliser en un véritable modèle de société, autrement que par la manière forte. S’ils prennent le pouvoir, ces Salafistes se trouveront face à une levée des boucliers qu’ils ne pourraient réduire que par la force brutale. Et il est objectivement plus facile à un régime comme le nôtre, plutôt qu’à un éventuel régime salafiste, de se maintenir à la tête de la société par la violence. Parce que, dans le cas algérien, le régime alterne la corruption des masses avec la répression. La répression seule ne pourrait tenir qu’un temps. Or, si le salafisme recourt à la corruption de masse, en supposant qu'il prenne le pouvoir, et qu’il ait les moyens de corrompre les foules, il serait  en contradiction flagrante avec ses postulats les plus essentiels. Et ce sera sans compter avec l’environnement international qui agira sur lui, pour le pousser à des extrêmes qui lui seraient fatals.  
    L'islamisme qui bouffe...                     
                   Le second est l’islamisme-maison, ou l’islamisme domestiqué, comme c'est le cas du MSP, par exemple.  Dont Boudjera a dit que Dieu a recommandé de se faire de l'argent, et de ne pas craindre de l'étaler. Verset à l'appui. Contrairement aux Salafistes, ses adeptes s’habillent en complet veston, et ils revendiquent un islam qu’ils disent adapté à la modernité. Sous le prétexte d’entrisme, ils disent vouloir changer le système de l’intérieur, en s’y ménageant une petite place, et en jouant du facteur temps pour prendre la totalité du pouvoir. A ce moment seulement, disent-ils, pour faire patienter leurs électeurs, ils pourraient envisager une application graduelle de la Charia. C’est un courant qui a été totalement assimilé, et dont le régime   a corrompu les leaders. Il faut dire qu’ils ne demandaient pas mieux. Sa seule base militante est constituée de gros, moyens et petits trabendistes. C’est l’archétype même de l’hypocrisie, érigée en théorie sociale. L’islam est pour ce courant opportuniste un juteux fond de commerce. Ses leaders savent qu’ils ne pourront gouverner que s’ils font acte d’allégeance au régime dominant, et qu’ils s’en font la vitrine, quitte à y perdre toute crédibilité. C’est ce qu’ils firent, sans se faire prier, et c’est ce qu’ils continuent de faire. La mangeoire est leur Mecque.
    Le Néo-islamisme...
                  Le troisième courant islamiste, le plus intéressant, et le seul viable à mon avis, est celui de l’islamisme qui se revendique de la démocratie. Mouvement élitiste, composé majoritairement d’universitaires, il est le pendant des démocraties chrétiennes. L’idéal politique qu’il prône est d’adopter sans réserve tout ce qui est positif dans les démocraties occidentales.  Ce courant est le plus craint du régime. L'affaire Dhina procède de cette logique.
     
      Il préconise, mais avec beaucoup de prudence, d’adopter les grands principes démocratiques occidentaux, tels que la séparation des pouvoirs, le suffrage universel comme seule source de légitimité, le respect des Droits de l’Homme, hormis ceux liés à l’homosexualité et aux droits d’héritage de la femme, et surtout de susciter un large débat autour des grandes questions relatives à l’application de la charia, tels que les châtiments corporels, la polygamie, la liberté de conscience, et autres sujets du genre. Elitiste par excellence, il n’a pas de base militante importante. Ce qui le contraint à ne pas couper le cordon ombilical avec la mouvance salafiste. Il rejette la laïcité en des termes très plausibles, en affirmant que c’est un concept né d’une conjoncture donnée, dans une société donnée, dont le parcours historique l’a amenée naturellement à séparer la religion de l’Etat, et que ce concept n’est pas applicable en l’état pour les pays musulmans. Les théoriciens de ce courant soulignent que dans l’histoire occidentale c’est l’Etat, l’empire romain, qui a installé le rôle de l’Eglise dans la société, pour pouvoir mieux s’en servir, alors que dans celle des musulmans, c’est la religion qui a installé l’Etat, le Califat, pour en faire un outil autant politique qu’éthique de la gestion sociale.     
      Ils affirment que le modèle occidental peut-être partiellement transposé dans les sociétés musulmanes, tant que son contenu ne soit pas  susceptible d’aller à contre-courant du parcours historique propre à la nation, ni d’entrer en conflit avec l’identité musulmane. Cette approche repose principalement sur des considérations civilisationnelles. Elle est d’autant plus intéressante qu’elle ne recoure pas au clivage systématique, à la théorie de l’affrontement, chère aux salafistes, mais au contraire, à une étroite collaboration entre les civilisations, pour l’avènement d’une nouvelle société mondiale, où l’humanité apaisée, pourra vivre en harmonie, sans ethnocentrisme mais sans mimétisme. 
      Le discours de cette mouvance insiste sur le fait que le système démocratique occidental, même s’il est le moins mauvais de ce qui existe, ne peut donc être importé dans sa globalité, et il considère, que par bien des égards, le système occidental est une démocratie vidée de sa substance initiale, que c’est une démocratie dégénérée, dont les adeptes ont oublié le sens premier, celui qui est censé permettre à tous les hommes de vivre en harmonie, sans qu’une minorité parmi eux n’opprime tous les autres, par des moyens de plus en plus sournois. Les leaders de ce courant de l’islamisme politique se servent de la déliquescence des mœurs en occident pour stigmatiser ceux parmi les démocrates les plus radicaux, si je peux dire, qui tissent eux-mêmes les liens qui vont servir à les ligoter, dans des systèmes complexes où le modèle devient l’antithèse de leur propre idéal, où la valeur absolue consiste à ne pas se laisser régenter par une quelconque valeur ; et où les valeurs qui avaient cours pendant les générations précédentes sont perçues comme autant de carcans qu’il faut desserrer.
      Cette mouvance, une sorte de néo-islamisme, qui se cherche encore, tente de bâtir une doctrine fondée sur les grands principes démocratiques, qui ne soient pas en contradiction avec le Coran. Une vsion islamiste qu'ils voudraient délestée délicatement des commandements les plus anachroniques de l’islam. Et c’est précisément là que les idéologues de ce courant butent. Ils craignent de divulguer leur pensée à la multitude, parce qu’ils savent qu’ils pourraient provoquer une levée des boucliers chez des fidèles qui continuent de croire que la Charia est valable en tout lieu et à toute époque, et qu’elle doit être appliquée dans ses moindres dispositions.     
      Autant dire qu’il sera très difficile à cet islamisme là de s’imposer sur la scène politique sans ruser, et sans procéder par étapes. Ce qui serait source de déviation, d'accommodements,  où la  politique politicienne prendrait le dessus. Ce Néo-islamisme, parmi les autres mouvements islamistes, demeure, à mon sens, le seul conforme à une vision d’une société libérée de ses lourdeurs et de ses mythes réducteurs, tout en restant attaché aux valeurs qu’il souhaite ériger en principes fondateurs. Mais il ne s’assume pas, et louvoie.  
      Il s’obstine à ne pas couper les liens ambigus qui le lient au mouvement salafiste intégriste, et il prône un système économique ultralibéral, c'est-à-dire ancré au système financier dominant. Ce qui sera rédhibitoire, dans les prochaines années, pour des populations qui chercheront à se libérer d’un système économique en fin de ressources. L’avenir sera aux courants de gauche, et même d’extrême-gauche, profondément humanisés néanmoins, qui ne rejetteront ni les valeurs de démocratie vraie, ni celles spirituelles et religieuses.
                 
    Les autres...                    
                  Je ne m’étendrai pas sur les mouvances laïques algériennes, qu’elles soient de gauche ou de droite. Elles ne peuvent pas, de toute façon, se déployer en l’état des choses. Elles n'ont pas de véritable ancrage dans la société. Leurs adeptes, même s’ils sont dans une logique qui se défend, ont une vision importée en kit, qu’ils croient pouvoir transposer sur une société qui attend juste qu’on lui greffe un concept dont elle ne comprend rien, puisqu’elle n’en a vécu aucune des vicissitudes qui ont amené des pays comme la France à adopter la laïcité. 
            La laïcité, en Algérie, pourrait devenir envisageable si les Algériens avaient vécu une phase théocratique, foncièrement, et institutionnellement théocratique. C’est cela je crois, qu’à voulu expliquer le sociologue  Addi Lahouari, quand il parlait de régression féconde. Si les élections  qui avaient donné la victoire aux islamistes du FIS n’avait pas été annulées, les Algériens auraient vécu un processus politique qui les aurait peut-être convaincu de la nécessité de séparer la Mosquée et l’Etat. La laïcité se serait imposée en tant qu’impératif démocratique, et non pas comme une coquetterie intellectuelle.
                                           
         Je ne m’attarderais pas davantage sur les projets d’autonomie, ou de fédéralisme, sur la base des appartenances ethniques, parce qu’en l’occurrence ce serait contre-productif et tout à fait inadapté aux exigences vitales que nécessite la situation du pays.  Contre-productif, parce que cela ne ferait qu’aggraver les dissensions ethniques qui ont été envenimées par le régime, et cela ne règlerait rien, parce que la crise est autrement plus profonde, et complexe, pour que l’on prétende la régler par un tel découpage.  
                                      
        Les autres partis politiques en Algérie ne représentent rien. Ce sont des coquilles vides. Ou plutôt des tonneaux vides. Partis dits nationalistes et qui ne sont rien d’autre que des ramassis de profiteurs, pendus aux lèvres de leurs maîtres, ils continuent à exploiter le filon de la révolution algérienne, et ils tournent comme girouettes au vent. Ils sont les seuls à ne pas savoir qu'ils sont exécrés de la population. La fraude électorale est le seul recours qui leur permet de continuer à faire du vent.
     
       La foule des autres petits partis que le régime a laissé émerger, et qui se résument souvent à leurs propres dirigeants, sont des boites à fric, qui permettent à ces derniers de se faire de petites situations. Ce sont de vulgaires pique-assiettes. Il y a même un parti qui se dit Trotskyste, qui a réussi la gageure de se comporter à l’exact contraire de son discours, et dont les leaders passent leur temps à grappiller ce qu’ils peuvent, pour les camarades, pour la famille, pour les vieux jours.
      
               Dans cette grosse bouillabaisse, qui n’a de politique que le nom, il y a un parti de gauche, qui aurait pu s’imposer sur la scène, et rallier à lui un grand nombre d'Algériens. Le régime a réussi à le circonscrire, et même à en faire un parti-maison. L’attrait de la mangeoire a été le plus fort. 
     
                Sinon, c'est le vide ! Il y a bien quelques vagues initiatives, ici et là, qui tentent d'exister, mais elles se perdent dans un océan d'indifférence. L'heure est à la grande bouffe. Et tout le monde se marche dessus, pour tenter de grailler quelques restes. Et cela durera tant qu'il y aura de l'argent. Le jour où il n'y en aura plus, il faudra se planquer. Parce que c'est toujours le plus petit qui se mouille.

    D.Benchenouf

  • Algerie :industrie ou trust de la corruption

    La CNCPPDH et la corruption

    Par : Mustapha Hammouche

    Il a fallu cinq ou six mois pour que la CNCPPDH se résolve à rendre public le rapport 2011 sur les droits de l’Homme remis au président de la République à la fin du premier trimestre 2012. À moins que l’on ait attendu cette fin d’été caniculaire, éloquente quant au déficit de gestion politique du pays, pour autoriser la commission à diffuser son procès-verbal. Mais s’il ne révèle rien qui ne soit connu d’une gestion ruineuse, le rapport est accablant quant à une faillite politique, économique et sociale que la rente n’arrive plus à masquer.
    Il faut croire que Farouk Ksentini a fini par renoncer à toute ambition politique pour assumer enfin un rapport qui renferme des vérités établissant le fondement politique des fléaux qui sanctionnent l’économie du pays et hypothèquent ses chances d’amorce de développement.
    Il est, ainsi, significatif que la CNCPPDH appelle à une lutte “effective et sans relâche” contre la corruption, posant, pour la première fois dans un document, la présomption que la lutte contre la corruption n’est pas effective et qu’elle n’est donc que fictive.
    Mieux, la commission précise les modalités d’encouragement et de protection des castes autorisées à l’enrichissement par la corruption : elle consiste en ce que la sanction ne menace que des personnes “secondaires”. Si l’État venait à se résoudre à une lutte “effective” contre ce fléau, celle-ci devrait toucher, aux termes du rapport de la CNCPPDH, même les hauts fonctionnaires exerçant dans les hautes institutions étatiques.
    Pour l’heure, “la volonté politique” ne suffit pas face à “une administration dirigée, aux différents échelons et dans une large mesure, par des personnes pistonnées, imposées ou cooptées qui sont au service de leurs propres intérêts et de ceux de leurs ‘’bienfaiteurs’’ et non au service exclusif du peuple”.
    En d’autres termes, la commission établit que la hiérarchie administrative a fait de l’État un instrument au service des intérêts de ses dirigeants “pistonnés, imposés et cooptés” et de leurs “bienfaiteurs” qui ont le pouvoir — politique — de nommer de hauts cadres. Même si le document concède que “la volonté politique pour ancrer les droits de l'Homme dans la vie quotidienne des citoyens existe”, il bat, ici, en brèche cette concession. Le système est conçu pour servir les intérêts des castes avant l’intérêt du peuple.
    Pire, “les fonctions au service des institutions de l’État sont devenues une source d’enrichissement et un moyen de servir des intérêts privés”. Ainsi, le détournement politique des prérogatives fonctionnelles au profit de l’enrichissement personnel et clanique a fini par diffuser cette culture prédatrice à l’ensemble de la société ; celle-ci a “miné le tissu social” et “essaimé dans l’ensemble du territoire national” et a fini par détruire les valeurs fondamentales du travail, de la compétence, du savoir, de la crédibilité et de la citoyenneté en Algérie, explique le document.
    Qu’importe que ce document préserve “la volonté politique”, réduite d’ailleurs à “un discours politique” et “de bonnes intentions” (qui) à eux seuls ne suffisent pas.
    Le rapport confirme l’origine politique de la pratique de la corruption en Algérie et confirme que nous sommes bien dans le cas d’un État soumis, dans son fonctionnement, à la production de la corruption.

  • Amar Ghoul, symbole de l’impasse politique en Algérie



    Il symbolise à lui seul toutes les tares de la politique. Ministre des Travaux publics, Amar Ghoul a géré de manière désastreuse le projet de l’autoroute Est‑Ouest. Le dossier est aujourd’hui symbole de la corruption en Algérie. Le projet symbolise aussi le travail mal fait. À peine ouvertes à la circulation, certaines parties de l’autoroute sont déjà partiellement fermées pour travaux. À plusieurs reprises, Amar Ghoul n’a pas hésité à mentir aux Algériens sur les délais de livraison, repoussant à chaque fois l’échéance de réalisation du projet, sans justification ni excuses. Il n’a en outre jamais voulu s’expliquer, ni devant la justice, ni devant l’opinion publique, sur les accusations de corruption dont il fait l’objet.

    Homme politique, il symbolise l’engagement intéressé puis la trahison. Membre durant plusieurs années du MSP qui l’a envoyé au gouvernement, il quitte son parti sans états d’âme. Là encore, aucun mot. Aucune explication pour ses "frères" militants du parti islamiste. Il fonde un nouveau parti, le Taj, une formation qu’il présente aujourd’hui comme « nationaliste » et « non islamiste ». Son projet ? Avoir un parti pour crédibiliser son retour prochain au gouvernement. Face aux hésitations du MSP à participer au prochain gouvernement, le pouvoir a trouvé la solution : encourager Amar Ghoul – sur lequel pèse une forte menace de poursuites judiciaires dans l’affaire de l’autoroute Est‑Ouest – à créer son propre parti, avec l’espoir de crédibiliser sa participation à l’exécutif. Un précédent qui rappelle celui de la création du RND en 1997.
    Vouloir s’appuyer sur un homme comme Amar Ghoul pour crédibiliser le prochain gouvernement illustre l’ampleur de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays. Le pouvoir sait qu’il ne peut plus compter sur l’ancienne génération de dirigeants, usée par des années d’échec. Il refuse de s’ouvrir sérieusement sur la société pour capter de nouvelles compétences intègres mais exigeantes. Il veut miser sur une catégorie intermédiaire d’hommes politiques, comme Amar Ghoul. Des hommes qui ne font partie ni de la première catégorie ni de la seconde. Après avoir bien pris le soin de les fragiliser pour mieux les contrôler.
  • Disparition forcée du citoyen Zoubir Kaf, 70 ans à Laghouat depuis…..le 17 juillet 2011.

     

     

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     Al Karama.org23 août 2012M. Zoubir Kaf, âgé de 70 ans et père de 4 enfants, est sorti du domicile familial à Laghouat, le 17 juillet 2011 à six heures trente du matin et n’a plus donné signe de vie depuis.

    Dans le courant de la même journée, plusieurs de ses amis avec lesquels il avait rendez- vous ce jour là, ont cherché à le joindre au domicile familial, précisant à son épouse qu’il n’était pas venu à leur rendez-vous. Dès le lendemain 18 juillet, ne le voyant pas revenir son épouse a entamé des recherches au niveau du commissariat de police local ainsi qu’auprès de la brigade de la gendarmerie du quartier de Benaceur-Benchohra (Laghouat).

     

    Quelques jours après la disparition, celle-ci a reçu la visite d’un militaire qui l’a informée que son époux était détenu dans les locaux de la caserne de la Direction de la Sécurité et du Renseignement (DRS) et qu’il avait subi des mauvais traitements. Cette personne lui a également demandé de ne pas révéler son identité en raison des risques de représailles qu’elle encourait en lui révélant cette information.

    Après plusieurs mois de démarches, l’épouse de la victime s’est rendue auprès du Procureur de la République du Tribunal de Laghouat pour déposer plainte pour disparition et informer le magistrat qu’en dépit de ses nombreuses démarches il semblait que les services de sécurité n’avaient effectué aucune recherche sérieuse pour retrouver son mari.

    Ce dernier lui a alors déclaré qu’elle n’avait pas à s’inquiéter et que son mari était toujours vivant, semblant connaitre avec précision sa situation. C’est la raison pour laquelle l’épouse de la victime a cessé ses démarches espérant une libération de son mari, ou pour le moins, qu’il soit présenté devant un juge si des faits répréhensibles lui étaient imputés.

    A la fin du mois de juillet 2012, Mme Kaf a de nouveau reçu la visite d’un militaire affirmant travailler à la caserne d’Ouargla et agir  à titre humanitaire  pour l’informer que son époux se trouvait toujours détenu au secret dans les locaux  de la caserne locale du DRS.

    Alkarama se joint aux vives inquiétudes exprimées par Mme Kaf pour la vie de son époux, âgé de 70 ans et détenu au secret depuis plus d’une année dans les locaux du DRS dans le quartier de Tazegrart, à Ouargla.

    Il est à rappeler que les services locaux du DRS  avaient arrêté la même année M. Boukhalfa un citoyen d’Ouargla pour tenter de le racketter après l’avoir sauvagement torturé dans cette même caserne.

    Notre organisation a saisi, aujourd’hui, le Groupe de travail sur les disparitions forcées des Nations Unies d’une action urgente lui demandant d’intervenir sans délai auprès des autorités algériennes pour leur enjoindre de faire libérer M. Zoubir Kaf et de garantir son intégrité physique.

  • La Algerie:faillite de la houkouma coûtera cher aux algériens : un pays à l’abandon

     

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    El Watan le 24.08.12

    Pas de réunion des ministres, ni d’audition présidentielle. Nos dirigeants sont aux abonnés absents. Si l’on en croit l’ENTV, «Djazaïr el injazat» n’a rien à craindre. Alors que la rentrée parlementaire approche, les députés n’ont pas de textes sur lesquels se pencher. Pendant ce temps, le pays continue de s’enfoncer.

    Le Conseil des ministres ne se réunit plus en Algérie. Réalité que tout le monde connaît mais qui ne suscite aucune réaction ni de l’opposition ni des «milieux» éclairés d’Alger ou d’ailleurs. Fatalité ? Non Indifférence ? Possible. Le président Abdelaziz Bouteflika, qui termine dans une année et demie son troisième mandat, ne voit visiblement plus «l’utilité» de réunir les ministres pour étudier les projets de loi et prendre des décisions qui impliquent tous les Algériens. Sans la réunion de ce conseil, aucune loi ne peut atterrir sur le bureau de l’APN. Et, indirectement, le conseil du gouvernement, déjà largement limité dans ses prérogatives, est ligoté. Ses réunions, qui ne sont pas annoncées officiellement, ressemblent presque à une forme protocolaire, une tentative de meubler le vide.

    Durant le mois de Ramadhan, Bouteflika a disparu, parti en Suisse, paraît-il. Il en est de même pour Ahmed Ouyahia, «son» Premier ministre. Une dizaine de ministres n’ont pas donné signe de vie, eux non plus. Le ministre de la Solidarité nationale, Saïd Barkat, par exemple, a abandonné son poste le mois où théoriquement il devait le plus travailler. Idem pour le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Tout ce que ce ministre a «raconté» sur la régulation du marché s’est avéré faux, complètement faux. Le résultat de cette faillite généralisée de la gouvernance était clair : un pays livré à lui-même.

    Des coupures d’électricité partout, un patrimoine forestier détruit à large échelle, une anarchie totale sur le circuit commercial, violence et agressions multiples dans les villes, pénurie de médicaments, désorganisation dans les hôpitaux, forte inflation… Tout cela coûte cher, très cher à l’Algérie. Le fisc ne pourra jamais rattraper la perte d’argent du marché informel. Et il faudra deux à trois siècles pour remplacer les milliers d’arbres fruitiers (154 000 arbres ont été détruits par le feu depuis le début de l’été) perdus dans les incendies provoqués et programmés par des mains criminelles.

    Sanctions

    Un chef d’Etat préoccupé par la défense des intérêts du pays qu’il gère aurait demandé à la justice d’ouvrir une enquête sur les pyromanes téléguidés qui brûlent les forêts et les maquis. Un chef d’Etat qui gère réellement les affaires du pays aurait pris des sanctions après les coupures d’électricité qui «pourrissent» la vie des Algériens. Un chef d’Etat qui n’est pas «un trois quart» de président se serait intéressé à «la mafia» qui tire les ficelles au marché parallèle et qui profite de la pénurie voulue des produits pharmaceutiques.

    Tout cela ne semble pas attitrer l’attention de Abdelaziz Bouteflika au point de susciter plusieurs interrogations dont celle-ci : le locataire du palais d’El Mouradia est-il capable de suivre ce qui se passe en Algérie ? Sinon, comment expliquer qu’aucune mesure ne soit prise pour rassurer les Algériens sur l’existence d’un président de la République qui décide et qui contrôle l’action des institutions ? L’efficacité avec laquelle le président égyptien Mohamed Morsi a entamé son mandat en tant que chef d’Etat élu a brusquement ouvert les yeux sur la dure réalité algérienne : quelque chose ne va pas dans le pays ! Mais quoi au juste ?

    La fragile santé de Bouteflika qui l’oblige à s’éloigner durablement de la scène nationale ? De graves différends entre la hiérarchie militaire et la présidence de la République ? L’absence de perspective ou de «plan B» après la fin du troisième mandat de Bouteflika en 2014 ? Les Algériens ont bien l’impression que le chef de l’Etat a abandonné le pays. En d’autres termes, cela porte un nom : vacance du pouvoir. C’est presque inévitable.

    Vacance

    En faisant éteindre son «signal» du radar, Ahmed Ouyahia a renforcé ce sentiment. Il a fallu attendre la veille du 27e jour du Ramadhan, proclamée «nuit du destin» en Algérie, pour que Bouteflika réapparaisse sur les écrans. L’image ? Un homme fatigué assis dans une mosquée. La religiosité tactique dans toute sa splendeur. Trois jours plus tard, Bouteflika, pour une fois vêtu de blanc, réapparaît une deuxième fois assis, tout aussi fatigué, assis dans la même mosquée. C’est le jour de l’Aïd El Fitr. Ce jour-là, il fallait bien écouter le prêche politique de l’imam officiel. «Ce qui se passe dans le monde arabe est le résultat d’un complot de l’Occident. Son objectif est déstabiliser la ouma islamique et créer la fitna (…).

    N’écoutez pas ceux qui vous parlent de conflit de générations. Ce conflit n’existe pas. C’est une invention de l’Occident», a-t-il lancé. A ce moment-là, Bouteflika admirait le tapis de la mosquée. Ouyahia, à quelques mètres de là, en faisait de même. C’est pourtant ce même Ouyahia, alors ministre de la Justice, qui avait introduit en 2001 des amendements au code pénal interdisant… l’utilisation de la mosquée à des fins politiques. Durant le Ramadhan, Bouteflika n’a pas «auditionné» les ministres. L’opinion publique n’a eu droit à aucune explication à ce brusque changement dans «la façon» de faire du locataire du palais d’El Mouradia. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999 à l’appel des généraux, Bouteflika s’est habitué à la pratique, héritée du parti unique, de n’écouter de ses collaborateurs que tout ce «qui va bien».

    Aveuglement

    Les bilans présentés par les ministres durant «les auditions» ramadhanesques des années précédentes étaient tous, sans exception aucune, positifs. L’ENTV, qui a oublié qu’un vent souffle toujours sur le monde arabe arrachant les dictatures l’une après l’autre, a repris sa mauvaise habitude d’ignorer tout ce qui préoccupe les Algériens et présenter «une image» faussement parfaite de l’Algérie, «Djazaïr el injazat» (l’Algérie des réalisations). Ce n’est là qu’un petit exemple de l’aveuglement ambiant. Trois mois et demi après les législatives, les ministres «élus» députés n’ont toujours pas été remplacés. Six secteurs importants sont livrés aux quatre vents. Mais il ne se passe rien ? On fait comme si cela était normal, naturel, dans l’ordre des choses. Alors, l’Algérie terre des miracles ? Il y a tout lieu de le croire. Les partis sont devenus complices par leur silence. La chaleur de l’été a-t-elle «assommé» tout le monde ?

    Début septembre, la saison parlementaire sera ouverte. Mais de quoi débattront les députés ? A peine «désignés» représentants du peuple, ils se sont offerts, eux aussi, trois mois de vacances pleins et entiers. Un Parlement réel aurait imposé une session extraordinaire pour se prononcer sur les dossiers importants, obliger le gouvernement à rendre des comptes. La nouvelle APN, mal élue comme celle qui l’a précédée, attendra que le gouvernement lui envoie des lois pour les adopter à défaut de les examiner ou de les rejeter. Il n’y a pratiquement aucune chance que les nouveaux députés décident d’engager une commission d’enquête sur les feux de forêt ou sur les coupures électriques.

    A moins d’un sursaut d’orgueil. Sans contre-pouvoirs, sans projet politique clair, sans perspectives et sans vision économique, le pays se dirige droit dans le mur. La fragilité interne va compliquer toute entreprise stratégique de prévention de la principale menace extérieure : la situation d’instabilité au Sahel. L’explosion sociale n’est pas loin aussi en raison de la situation actuelle de flottement. Que l’imam officiel de l’Aïd l’accepte ou pas : la politique de la fuite en avant ne peut plus durer. «Complot» ou pas !

    Fayçal Métaoui